Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-03-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 mars 1913 23 mars 1913
Description : 1913/03/23 (A4,T11,N74). 1913/03/23 (A4,T11,N74).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6248059w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
17')
comblé une brèche dans la politique protectionniste 1
russe qui admettait la possibilité d'une libre impor-
tation des marchandises étrangères. C'est que la
Russie demeure, comme elle a été, un état partisan
du protectionnisme, c'est-à-dire du système de pro-
tection accordée à l'industrie nationale au moyen de
taxes assez élevées sur les marchandises importées
pour permettre aux marchandises russes de résister
à la concurrence des produits étrangers. Il est vrai
qu'il y a, en Europe, des partisans du système
de la porte ouverte, attachés à l'idée que la libre
concurrence stimule et crée l'industrie. Mais, au fond,
les partisans du libre échange n'existent qu'en
théorie, et pratiquement tous les Etats s'orientent
vers le protectionnisme, somme toute, la seule voie
véritable.
Nous rappelons ici les réformes qui sont plus
au moins familières à tout le monde et qui ne de-
mandent pas d'explications spéciales. Mais, en de-
hors de ces mesures, bien d'autres encore ont été
prises, comme, par exemple, les améliorations apportées
à l'exploitation des usines métallurgiques de l'Etat, les
mesures contre la tendance des syndicats sur le sel
à élever artificiellement les prix sur ce produit, les
projets de loi sur l'amélioration des conditions de
fermage des terrains naphtifères, un nouveau règle-
ment du régime des entreprises minières privées, de
vastes travaux d'enquêtes hydrotechniques en Russie.
De grands efforts ont été encore accomplis pour
assurer le développement et la protection de la
flotte marchande russe ainsi que pour l'extension
et l'outillage de nos ports. Au point de vue mari-
time, le gouvernement s'est rattaché: au principe
fondamental que la marine de commerce russe, en
tant qu'organisation relativement jeune, a besoin, au
moins provisoirement, d'une protection efficace contre
la concurrence des marines étrangères. Les marines
des autres pays, en effet, ont, sur la marine russe,
des avantages considérables, tant au point de vue
technique qu'au point de vue commercial, et, en par-
ticulier, au point de vue du prix du revient du
transport. Ce prix de revient des frets est toujours
plus bas chez les étrangers que chez nous, vu qu'ils
disposent de capitaux à meilleur compte et d'un
travail plus productif de leurs équipages. Sans doute,
à refouler les étrangers, nous risquons, dans cer-
tains cas, de hausser, pour une période de temps
plus au moins longue, les prix de nos transports
maritimes, ce qui, évidemment, est susceptible d'exer-
cer une influence préjudiciable sur notre commerce,
mais c'est un des effets de la nature même du système
protectionniste, et des deux maux il faut se résoudre
à choisir le moindre.
P. Poléjaelî
(à sui vre)
----Mqcb-
La question de Scutari
Elle domine incontestablement dans son inten-
sité tragique le problème balkanique.
J'ai eu l'occasion d'exposer ici en détail l'effort
vraiment surhumain développé depuis plus d'un
siècle par l'héroïque petit peuple monténégrin,
non pour rassembler toutes les terres où domine sa
race (puisque l'immense majorité de ces terres est
sous le sceptre des Habsbourg), mais pour obtenir du
moins les moyens d'existence que l'Europe s'obstine
à lui refuser en toute occasion. C'est un spectacle
vraiment pénible que celui de ce petit Etat encerclé
de toute part par le germanisme, sacrifié par le con-
cert des grandes puissances et qui, malgré tout, s'a-
charne à lutter et consent à périr, mais non pas à
se rendre.
Je ne reviendrai pas sur la question de Scutari
en elle-même. L'Autriche a besoin de maintenir coûte
que coûte ouverte la question balkanique parce que
le jour où elle se résoudrait définitivement et à ja-
mais, l'heure aurait sonné pour la monarchie des
Habsbourg de la dislocation de l'empire slave qu'elle
veut maintenir rivé à son trône germanique.
Cette heure évidemment sonnera, car l'histoire
n'est qu'un enchaînement ininterrompu et logique de
faits qui se déroulent suivant des lois immuables.
La violence peut fausser momentanément les
évolutions historiques; elle est impuissante à les
anéantir. La haine que l'Autriche témoigne actuelle-
ment contre la race serbe est un aveu éclatant du
danger qu'elle sent planer sur ses frontières.
Les instructeurs et les canons allemands n'ont
pas sauvé la Turquie; les audaces de la Ballplatz
sauveront-elles l'Autriche. Le résultat final est cer-
tain; nul ne pourra l'empêcher et tous les calculs
diplomatiques viendront se briser contre lui.
A cet égard, par conséquent, la question de Scutari
ne se pose pas plus que celle de l'accession de la
Serbie à la mer, que celle du rassemblement des ter-
res slaves.
La partie qui se joue en ce moment ne peut
avoir, si elle contrarie les lois historiques, qu'un ré-
sultat tout à fait éphémère. Elle n'en reste pas moins
très regrettable et infiniment dangereuse. L'intérêt de
l'Europe était d'arriver dès maintenant à la paix
halkalliqlle. En ne trouvant pas en elle-même l'éner-
gie de le proclamer, la diplomatie européenne a
commis une erreur qui pourra faire couler un jour des
flots de sang.
En tout cas, quoiqu'il advienne, je me permets
de rendre à l'héroïque peuple monténégrin et à son
vaillant roi l'hommage de respectueuse admiration
qu'ils ont bien mérité; même si le Monténégro doit
une fois de plus demeurer dans l'histoire l'éternel
sacrifié, il a courageusement combattu pour la cause
sacrée de la liberté, à l'avant garde de la généreuse
civilisation slave.
comblé une brèche dans la politique protectionniste 1
russe qui admettait la possibilité d'une libre impor-
tation des marchandises étrangères. C'est que la
Russie demeure, comme elle a été, un état partisan
du protectionnisme, c'est-à-dire du système de pro-
tection accordée à l'industrie nationale au moyen de
taxes assez élevées sur les marchandises importées
pour permettre aux marchandises russes de résister
à la concurrence des produits étrangers. Il est vrai
qu'il y a, en Europe, des partisans du système
de la porte ouverte, attachés à l'idée que la libre
concurrence stimule et crée l'industrie. Mais, au fond,
les partisans du libre échange n'existent qu'en
théorie, et pratiquement tous les Etats s'orientent
vers le protectionnisme, somme toute, la seule voie
véritable.
Nous rappelons ici les réformes qui sont plus
au moins familières à tout le monde et qui ne de-
mandent pas d'explications spéciales. Mais, en de-
hors de ces mesures, bien d'autres encore ont été
prises, comme, par exemple, les améliorations apportées
à l'exploitation des usines métallurgiques de l'Etat, les
mesures contre la tendance des syndicats sur le sel
à élever artificiellement les prix sur ce produit, les
projets de loi sur l'amélioration des conditions de
fermage des terrains naphtifères, un nouveau règle-
ment du régime des entreprises minières privées, de
vastes travaux d'enquêtes hydrotechniques en Russie.
De grands efforts ont été encore accomplis pour
assurer le développement et la protection de la
flotte marchande russe ainsi que pour l'extension
et l'outillage de nos ports. Au point de vue mari-
time, le gouvernement s'est rattaché: au principe
fondamental que la marine de commerce russe, en
tant qu'organisation relativement jeune, a besoin, au
moins provisoirement, d'une protection efficace contre
la concurrence des marines étrangères. Les marines
des autres pays, en effet, ont, sur la marine russe,
des avantages considérables, tant au point de vue
technique qu'au point de vue commercial, et, en par-
ticulier, au point de vue du prix du revient du
transport. Ce prix de revient des frets est toujours
plus bas chez les étrangers que chez nous, vu qu'ils
disposent de capitaux à meilleur compte et d'un
travail plus productif de leurs équipages. Sans doute,
à refouler les étrangers, nous risquons, dans cer-
tains cas, de hausser, pour une période de temps
plus au moins longue, les prix de nos transports
maritimes, ce qui, évidemment, est susceptible d'exer-
cer une influence préjudiciable sur notre commerce,
mais c'est un des effets de la nature même du système
protectionniste, et des deux maux il faut se résoudre
à choisir le moindre.
P. Poléjaelî
(à sui vre)
----Mqcb-
La question de Scutari
Elle domine incontestablement dans son inten-
sité tragique le problème balkanique.
J'ai eu l'occasion d'exposer ici en détail l'effort
vraiment surhumain développé depuis plus d'un
siècle par l'héroïque petit peuple monténégrin,
non pour rassembler toutes les terres où domine sa
race (puisque l'immense majorité de ces terres est
sous le sceptre des Habsbourg), mais pour obtenir du
moins les moyens d'existence que l'Europe s'obstine
à lui refuser en toute occasion. C'est un spectacle
vraiment pénible que celui de ce petit Etat encerclé
de toute part par le germanisme, sacrifié par le con-
cert des grandes puissances et qui, malgré tout, s'a-
charne à lutter et consent à périr, mais non pas à
se rendre.
Je ne reviendrai pas sur la question de Scutari
en elle-même. L'Autriche a besoin de maintenir coûte
que coûte ouverte la question balkanique parce que
le jour où elle se résoudrait définitivement et à ja-
mais, l'heure aurait sonné pour la monarchie des
Habsbourg de la dislocation de l'empire slave qu'elle
veut maintenir rivé à son trône germanique.
Cette heure évidemment sonnera, car l'histoire
n'est qu'un enchaînement ininterrompu et logique de
faits qui se déroulent suivant des lois immuables.
La violence peut fausser momentanément les
évolutions historiques; elle est impuissante à les
anéantir. La haine que l'Autriche témoigne actuelle-
ment contre la race serbe est un aveu éclatant du
danger qu'elle sent planer sur ses frontières.
Les instructeurs et les canons allemands n'ont
pas sauvé la Turquie; les audaces de la Ballplatz
sauveront-elles l'Autriche. Le résultat final est cer-
tain; nul ne pourra l'empêcher et tous les calculs
diplomatiques viendront se briser contre lui.
A cet égard, par conséquent, la question de Scutari
ne se pose pas plus que celle de l'accession de la
Serbie à la mer, que celle du rassemblement des ter-
res slaves.
La partie qui se joue en ce moment ne peut
avoir, si elle contrarie les lois historiques, qu'un ré-
sultat tout à fait éphémère. Elle n'en reste pas moins
très regrettable et infiniment dangereuse. L'intérêt de
l'Europe était d'arriver dès maintenant à la paix
halkalliqlle. En ne trouvant pas en elle-même l'éner-
gie de le proclamer, la diplomatie européenne a
commis une erreur qui pourra faire couler un jour des
flots de sang.
En tout cas, quoiqu'il advienne, je me permets
de rendre à l'héroïque peuple monténégrin et à son
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qu'ils ont bien mérité; même si le Monténégro doit
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