Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-03-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 10050 Nombre total de vues : 10050
Description : 16 mars 1913 16 mars 1913
Description : 1913/03/16 (A4,T11,N73). 1913/03/16 (A4,T11,N73).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6248058g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
163
ont été repoussées par nous avec des pertes sérieu-
ses pour l'ennemi.
Je vous le déclare catégoriquement: l'armée tur-
que n'existe plus; les formations qui nous sont oppo-
sées aujourd'hui n'ont plus rien de commun avec
les belles troupes que nous avons dispersées dans
les plaines de Thrace.
Je vous ai parlé des qualités d'endurance du
soldat bulgare et je vous ai dit combien elles s'ins-
piraient de celles du soldat russe. Je vous ai rap-
pelé en un mot tout ce dont nous étions redevables à
la Russie, c'est-à-dire notre existence même et notre
individualité slave. Je ne voudrais pas oublier de
vous dire maintenant ce que nous devons à un autre
pays, cher à la Russie, et vers lequel sont toujours
allées nos sympathies et notre plus sincère admira-
tion: je veux dire la France. Sa culture et ses exem-
ples nous ont toujours été familiers; il était naturel
que ses belles vertus militaires inspirassent nos sol-
dats qui eux aussi, comme jadis les hommes de Du-
mouriez, luttaient pour la liberté de leur sol natal.
Il était naturel que les principes de tactique des
grands capitaines fournis par la France fussent pré-
sents à la mémoire de nos jeunes officiers.
C'était d'autant plus naturel que nous ma-
nœuvrions par grandes masses, suivant la théorie des
Langlois, des Bonnal et des Négrier, et que depuis
près de six ans nos artilleurs maniaient des ca-
nons français.
Je tiens à rendre à cette merveilleuse artillerie
l'hommage éclatant qu'elle mérite. Elle a donné des
résultats infiniment supérieurs à toutes nos espéran-
ces. Son tir a littéralement fauché les champs de
bataille. Les canons ennemis ont été absolument im-
puissants sous ses obus. C'est elle qui en toute cir-
constance a brisé les dernières résistances de l'ennemi,
le contraignant à la déroute.
C'est pour nous une très grande satisfaction que
d'avoir pu montrer ce que valait à l'œuvre l'artil-
lerie française et affirmé son incontestable su-
prématie.
C'est pour nous une joie et une fierté d'avoir
affirmé que nous avions mérité la confiance et la
chaleureuse sympathie des deux grandes nations amies
et alliées auxquelles la Bulgarie doit tout ce qu'elle
est et tout ce qu'elle sera".
René Marchand
La chute d'Andrinople
Ce numéro était presque achevé au moment où
la nouvelle de la chute d'Andrinople a jeté son écla-
tante fusée de victoire. Ceux qui, sur la foi des
éternels écrans interposés entre l'opinion étrangère et
les sentiments véritables de la Russie, ont pu douter
de la vivacité des sympathies slaves ou même affir-
mer comme une fatigue, une défaillance survenues
dans un grand pays après avoir donné sa pleine
mesure en l'histoire, ont eu l'occasion, au cours de
ces deux derniers jours, de détromper leurs erreurs
de rejeter les calomnies, et de sentir, partout, pal-
piter fiévreusement l'âme nationale au renouveau
balkanique.
A la Douma, la séance est interrompue. La
technique législative paraît affreusement morne à
côté des clairons qui sonnent, sur des ruines tur-
ques, le triomphe d'une fraternelle nation. Les polé-
miques, les divergences de parti, les intérêts des
coteries, sont oubliés. On ne sent que l'immense
souffle, venu de là-bas, qui balaye tout, qui enfle 1
les poitrines. Les enthousiasmes s'enflamment. La
Douma entière n'est qu'une clameur de joie déli-
rante. Des députés amènent le ministre de Bulgarie,
M. Bobtcheff, M. Daneff, le président du Sobranié:
on les porte en triomphe. Un service d'action de
grâces est célébré. Des discours déploient des phrases
hachées par l'émotion. On rit, on pleure, on s'em-
brasse. Un sentiment commun s'empare de tous, com-
me un frisson d'histoire, frisson rare, ressenti seule-
ment quand il se passe quelque chose de très grand,
de très beau, de très pur, la commotion électrique
du Serment du Jeu de Paume ou d'un spectacle de
troupes victorieuses après une campagne triom-
phale.
Dans les rues, c'est la même impression. Auprès
des rédactions, la foule se presse. On s'arrache les
éditions de soir. Il est possible d'observer, dans des
yeux inconnus, une lueur de joie identique. Apathi-
que d'ordinaire, désœuvrée, ou fouettée par d'anony-
mes besoins dans ses courses journalières, la foule
de la grande ville paraît ragaillardie, rajeunie. Et,
illusion ou non, mais il semble que le cliquetis des
éperons et des sabres, sur l'asphalte pacifique, jette
une note guerrière. On devine un élan confus dans
les démarches, une exaltation de tous les nerfs sous
la grisaille des passants, un sursiim corda unanime,
un frémissement des êtres prêt à éclater en un chant
de victoire.
Et, de fait, un infaillible et sourd instinct pousse
la foule à comprendre que la victoire bulgare est
aussi une victoire russe, et que, si c'est l'héroïque
valeur de la Bulgarie et de la Serbie qui
ont eu raison d'Andrinople, moralement c'est Alex-
andre II, c'est Skobeleff, leurs souvenirs, leurs tra-
ditions, qui ont planté sur une nouvelle Plevna un
drapeau qu'ils avaient libéré. La chute d'Andrinople
a continué une tâche historique interrompue. Elle
marque une étape décisive dans la grande œuvre de
libération slave. Et le seul deuil populaire de ces
journées lumineuses, c'est que le Monténégro soit
encore sevré de communier à la victoire des Bal-
kans.
Serge de Chessin
- .-----
ont été repoussées par nous avec des pertes sérieu-
ses pour l'ennemi.
Je vous le déclare catégoriquement: l'armée tur-
que n'existe plus; les formations qui nous sont oppo-
sées aujourd'hui n'ont plus rien de commun avec
les belles troupes que nous avons dispersées dans
les plaines de Thrace.
Je vous ai parlé des qualités d'endurance du
soldat bulgare et je vous ai dit combien elles s'ins-
piraient de celles du soldat russe. Je vous ai rap-
pelé en un mot tout ce dont nous étions redevables à
la Russie, c'est-à-dire notre existence même et notre
individualité slave. Je ne voudrais pas oublier de
vous dire maintenant ce que nous devons à un autre
pays, cher à la Russie, et vers lequel sont toujours
allées nos sympathies et notre plus sincère admira-
tion: je veux dire la France. Sa culture et ses exem-
ples nous ont toujours été familiers; il était naturel
que ses belles vertus militaires inspirassent nos sol-
dats qui eux aussi, comme jadis les hommes de Du-
mouriez, luttaient pour la liberté de leur sol natal.
Il était naturel que les principes de tactique des
grands capitaines fournis par la France fussent pré-
sents à la mémoire de nos jeunes officiers.
C'était d'autant plus naturel que nous ma-
nœuvrions par grandes masses, suivant la théorie des
Langlois, des Bonnal et des Négrier, et que depuis
près de six ans nos artilleurs maniaient des ca-
nons français.
Je tiens à rendre à cette merveilleuse artillerie
l'hommage éclatant qu'elle mérite. Elle a donné des
résultats infiniment supérieurs à toutes nos espéran-
ces. Son tir a littéralement fauché les champs de
bataille. Les canons ennemis ont été absolument im-
puissants sous ses obus. C'est elle qui en toute cir-
constance a brisé les dernières résistances de l'ennemi,
le contraignant à la déroute.
C'est pour nous une très grande satisfaction que
d'avoir pu montrer ce que valait à l'œuvre l'artil-
lerie française et affirmé son incontestable su-
prématie.
C'est pour nous une joie et une fierté d'avoir
affirmé que nous avions mérité la confiance et la
chaleureuse sympathie des deux grandes nations amies
et alliées auxquelles la Bulgarie doit tout ce qu'elle
est et tout ce qu'elle sera".
René Marchand
La chute d'Andrinople
Ce numéro était presque achevé au moment où
la nouvelle de la chute d'Andrinople a jeté son écla-
tante fusée de victoire. Ceux qui, sur la foi des
éternels écrans interposés entre l'opinion étrangère et
les sentiments véritables de la Russie, ont pu douter
de la vivacité des sympathies slaves ou même affir-
mer comme une fatigue, une défaillance survenues
dans un grand pays après avoir donné sa pleine
mesure en l'histoire, ont eu l'occasion, au cours de
ces deux derniers jours, de détromper leurs erreurs
de rejeter les calomnies, et de sentir, partout, pal-
piter fiévreusement l'âme nationale au renouveau
balkanique.
A la Douma, la séance est interrompue. La
technique législative paraît affreusement morne à
côté des clairons qui sonnent, sur des ruines tur-
ques, le triomphe d'une fraternelle nation. Les polé-
miques, les divergences de parti, les intérêts des
coteries, sont oubliés. On ne sent que l'immense
souffle, venu de là-bas, qui balaye tout, qui enfle 1
les poitrines. Les enthousiasmes s'enflamment. La
Douma entière n'est qu'une clameur de joie déli-
rante. Des députés amènent le ministre de Bulgarie,
M. Bobtcheff, M. Daneff, le président du Sobranié:
on les porte en triomphe. Un service d'action de
grâces est célébré. Des discours déploient des phrases
hachées par l'émotion. On rit, on pleure, on s'em-
brasse. Un sentiment commun s'empare de tous, com-
me un frisson d'histoire, frisson rare, ressenti seule-
ment quand il se passe quelque chose de très grand,
de très beau, de très pur, la commotion électrique
du Serment du Jeu de Paume ou d'un spectacle de
troupes victorieuses après une campagne triom-
phale.
Dans les rues, c'est la même impression. Auprès
des rédactions, la foule se presse. On s'arrache les
éditions de soir. Il est possible d'observer, dans des
yeux inconnus, une lueur de joie identique. Apathi-
que d'ordinaire, désœuvrée, ou fouettée par d'anony-
mes besoins dans ses courses journalières, la foule
de la grande ville paraît ragaillardie, rajeunie. Et,
illusion ou non, mais il semble que le cliquetis des
éperons et des sabres, sur l'asphalte pacifique, jette
une note guerrière. On devine un élan confus dans
les démarches, une exaltation de tous les nerfs sous
la grisaille des passants, un sursiim corda unanime,
un frémissement des êtres prêt à éclater en un chant
de victoire.
Et, de fait, un infaillible et sourd instinct pousse
la foule à comprendre que la victoire bulgare est
aussi une victoire russe, et que, si c'est l'héroïque
valeur de la Bulgarie et de la Serbie qui
ont eu raison d'Andrinople, moralement c'est Alex-
andre II, c'est Skobeleff, leurs souvenirs, leurs tra-
ditions, qui ont planté sur une nouvelle Plevna un
drapeau qu'ils avaient libéré. La chute d'Andrinople
a continué une tâche historique interrompue. Elle
marque une étape décisive dans la grande œuvre de
libération slave. Et le seul deuil populaire de ces
journées lumineuses, c'est que le Monténégro soit
encore sevré de communier à la victoire des Bal-
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