Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-02-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 février 1913 09 février 1913
Description : 1913/02/09 (A4,T11,N67). 1913/02/09 (A4,T11,N67).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6248053d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
(i 8
donné aux émigrants la possibilité de ne pas perdre
irrémédiablement, en quittant leurs villages, les lots
de terre qu'ils cultivaient, en demandant que ces lots
fussent mis hors la possession collective et en payant
à cet effet une indemnité à la commune. Ce système
ingénieux permit dès lors non seulement au prolé-
tariat rural, mais encore aux paysans détenteurs de
terres, de songer à l'émigration.
De 1907 à 1911, 64", des familles émigrées ont
vendu définitivement les terres d'Europe sur les-
quelles elles avaient des droits (soit 704.000 décia-
tines) et 36% les ont affermées ou en ont ajourné
la liquidation définitive (soit 486.000 déciatines).
D'une façon ou d'une autre, l'émigration en
Russie d'Asie a, pendant les cinq dernières années,
abouti à rendre libres en Russie d'Europe 1.200.000
déciatines de terres. C'est là déjà un résultat qui
s'est fait sentir de la façon la plus appréciable en
empêchant dans nombre de régions de la Russie
d'Europe une augmentation excessive de la popula-
tion rurale (augmentation dont la conséquence
forcée eût été une insuffisance de terres) et en
permettant dans certains gouvernements, où la po-
pulation devenait particulièrement dense, d'augmen-
ter la superficie moyenne des lots de terre pour
le plus grand bien des exploitations agricoles.
Loin d'affaiblir la commune rurale de la Russie
d'Europe au profit de la Russie d Asie, 1 émigration
a donc jusqu'à présent servi les intérêts européens
autant que les intérêts asiatiques et, par conséquent,
elle est apparue, au cours de ces dernières années,
comme un puissant levier de ce développement éco-
nomique et moral d'où sortira le Russie de de-
main.
Cependant, si la grande œuvre de colonisa-
tion de l'Empire d'Asie, entreprise par le Ministère
de l'Agriculture, s'est poursuivie au cours de ces
dernières années avec un succès si marqué, elle est
encore loin d'être terminée et il reste beaucoup à
faire pour son achèvement.
A l'heure actuelle, on peut dire qu'elle pose de-
vant le Gouvernement russe deux problèmes particu-
lièrement urgents: l'établissement de la propriété in-
dividuelle sur le sol et la création de nouvelle voies
ferrées à travers les immenses territoires qui lente-
ment, mais sûrement commencent à se peupler.
Jusqu'à ce jour la colonisation au delà de
l'Oural est demeurée fondée sur le principe de la
tutelle foncière de la couronne, c'est-à-dire que juri
diquement les terres d'Asie sont propriété de l'Etat
et que les émigrés (comme du reste les habitants
fixés dans ces régions antérieurement à l'émigration)
n'en ont que la possession. Il résulte de cette situa-
tion un état de fait aussi embrouillé que possible et
qui paralyse considérablement le développement de
l'initiative individuelle en Asie et empêche les colons
et les possesseurs antérieurs à leur venue de procé-
der entre eux à des échanges de parcelles de terrain
dans le but de rectifier suivant leurs désirs la déli-
mitation de leurs lots de terres et de grouper ceux-
ci en exploitations d'un seul tenant, au moyen de
concessions mutuellement avantageuses.
Le Ministère de l'Agriculture a fort bien compris
le vice de ce système et, avec une prévoyance et une
fermeté qui lui font le plus grand honneur, il s'est
appliqué constamment depuis ces dernières années à
corriger sur les terres Asie les abus et les lacunes
de la possession du sol, auxquels il s'était si vigou-
reusement et si heureusement attaqué en Russie
d'Europe.
C'est ainsi que, dès la fin de 1910, M. Krivo-
chéine, continuant l'œuvre de M. Stolypine, saisis-
sait la Douma de deux projets de loi qui devaient
en quelque sorte étendre à l'Asie le bénéfice de la
loi agraire du 14 Juin.
S'inspirant des principes fondamentaux de la
grande réforme stolypinienne, M. Krivochéine sou-
mettait au Parlement un projet de statut d'organisa-
tion agraire pour les terres des gouvernements et
provinces de Sibérie. Ce projet donnait le droit à
tout possesseur de terres en Sibérie de faire con-
vertir sa possession en propriété, dans des condi-
tions que je ne peux pas ici étudier en détail, de
demander le groupement de ses terres en lots d'un
seul tenant en enfin le droit d'en disposer par voie
de vente.
En ce qui concerne les possesseurs antérieurs
à la venue des colons, le projet disposait que ceux-
ci se verraient attribuer en propriété 50" o des terri-
toires sur lesquels s'exerçait en dernier lieu leur
droit de possession et que le reste ferait retour à
la Couronne qui s'en servirait pour constituer un
nouveau fond de colonisation.
Ce projet était complété par un second qui orga-
nisait et réglementait la vente aux colons de lots
de colonisation, avec conditions de paiement particu-
lièrement avantageuses, dans certaines régions de la
Russie d'Asie plus spécialement recherchées en raison
de leur proximité de voies de communication, de
marchés, etc. Le but du Ministère de l'Agriculture
était d'empêcher un afflux trop considérable de po-
pulation dans ces régions (afflux qui n'aurait pas
manqué de se produire sous l'empire du système
de la distribution gratuite des lots de colonisation)
et d'attirer les émigrants vers d'autres régions, no-
tamment vers les régions frontières de l'Empire où
l'établissement rapide d'une population russe stable
et assez dense était infiniment utile et urgent, à
beaucoup d'égards.
Ces projets malheureusement n'ont pu être en-
core votés jusqu'à présent, mais le Ministère de
l'Agriculture ne les a nullement perdus de vue et
même il est disposé à insister autant qu'il est en
son pouvoir pour en hâter la discussion par la nou-
velle Douma.
donné aux émigrants la possibilité de ne pas perdre
irrémédiablement, en quittant leurs villages, les lots
de terre qu'ils cultivaient, en demandant que ces lots
fussent mis hors la possession collective et en payant
à cet effet une indemnité à la commune. Ce système
ingénieux permit dès lors non seulement au prolé-
tariat rural, mais encore aux paysans détenteurs de
terres, de songer à l'émigration.
De 1907 à 1911, 64", des familles émigrées ont
vendu définitivement les terres d'Europe sur les-
quelles elles avaient des droits (soit 704.000 décia-
tines) et 36% les ont affermées ou en ont ajourné
la liquidation définitive (soit 486.000 déciatines).
D'une façon ou d'une autre, l'émigration en
Russie d'Asie a, pendant les cinq dernières années,
abouti à rendre libres en Russie d'Europe 1.200.000
déciatines de terres. C'est là déjà un résultat qui
s'est fait sentir de la façon la plus appréciable en
empêchant dans nombre de régions de la Russie
d'Europe une augmentation excessive de la popula-
tion rurale (augmentation dont la conséquence
forcée eût été une insuffisance de terres) et en
permettant dans certains gouvernements, où la po-
pulation devenait particulièrement dense, d'augmen-
ter la superficie moyenne des lots de terre pour
le plus grand bien des exploitations agricoles.
Loin d'affaiblir la commune rurale de la Russie
d'Europe au profit de la Russie d Asie, 1 émigration
a donc jusqu'à présent servi les intérêts européens
autant que les intérêts asiatiques et, par conséquent,
elle est apparue, au cours de ces dernières années,
comme un puissant levier de ce développement éco-
nomique et moral d'où sortira le Russie de de-
main.
Cependant, si la grande œuvre de colonisa-
tion de l'Empire d'Asie, entreprise par le Ministère
de l'Agriculture, s'est poursuivie au cours de ces
dernières années avec un succès si marqué, elle est
encore loin d'être terminée et il reste beaucoup à
faire pour son achèvement.
A l'heure actuelle, on peut dire qu'elle pose de-
vant le Gouvernement russe deux problèmes particu-
lièrement urgents: l'établissement de la propriété in-
dividuelle sur le sol et la création de nouvelle voies
ferrées à travers les immenses territoires qui lente-
ment, mais sûrement commencent à se peupler.
Jusqu'à ce jour la colonisation au delà de
l'Oural est demeurée fondée sur le principe de la
tutelle foncière de la couronne, c'est-à-dire que juri
diquement les terres d'Asie sont propriété de l'Etat
et que les émigrés (comme du reste les habitants
fixés dans ces régions antérieurement à l'émigration)
n'en ont que la possession. Il résulte de cette situa-
tion un état de fait aussi embrouillé que possible et
qui paralyse considérablement le développement de
l'initiative individuelle en Asie et empêche les colons
et les possesseurs antérieurs à leur venue de procé-
der entre eux à des échanges de parcelles de terrain
dans le but de rectifier suivant leurs désirs la déli-
mitation de leurs lots de terres et de grouper ceux-
ci en exploitations d'un seul tenant, au moyen de
concessions mutuellement avantageuses.
Le Ministère de l'Agriculture a fort bien compris
le vice de ce système et, avec une prévoyance et une
fermeté qui lui font le plus grand honneur, il s'est
appliqué constamment depuis ces dernières années à
corriger sur les terres Asie les abus et les lacunes
de la possession du sol, auxquels il s'était si vigou-
reusement et si heureusement attaqué en Russie
d'Europe.
C'est ainsi que, dès la fin de 1910, M. Krivo-
chéine, continuant l'œuvre de M. Stolypine, saisis-
sait la Douma de deux projets de loi qui devaient
en quelque sorte étendre à l'Asie le bénéfice de la
loi agraire du 14 Juin.
S'inspirant des principes fondamentaux de la
grande réforme stolypinienne, M. Krivochéine sou-
mettait au Parlement un projet de statut d'organisa-
tion agraire pour les terres des gouvernements et
provinces de Sibérie. Ce projet donnait le droit à
tout possesseur de terres en Sibérie de faire con-
vertir sa possession en propriété, dans des condi-
tions que je ne peux pas ici étudier en détail, de
demander le groupement de ses terres en lots d'un
seul tenant en enfin le droit d'en disposer par voie
de vente.
En ce qui concerne les possesseurs antérieurs
à la venue des colons, le projet disposait que ceux-
ci se verraient attribuer en propriété 50" o des terri-
toires sur lesquels s'exerçait en dernier lieu leur
droit de possession et que le reste ferait retour à
la Couronne qui s'en servirait pour constituer un
nouveau fond de colonisation.
Ce projet était complété par un second qui orga-
nisait et réglementait la vente aux colons de lots
de colonisation, avec conditions de paiement particu-
lièrement avantageuses, dans certaines régions de la
Russie d'Asie plus spécialement recherchées en raison
de leur proximité de voies de communication, de
marchés, etc. Le but du Ministère de l'Agriculture
était d'empêcher un afflux trop considérable de po-
pulation dans ces régions (afflux qui n'aurait pas
manqué de se produire sous l'empire du système
de la distribution gratuite des lots de colonisation)
et d'attirer les émigrants vers d'autres régions, no-
tamment vers les régions frontières de l'Empire où
l'établissement rapide d'une population russe stable
et assez dense était infiniment utile et urgent, à
beaucoup d'égards.
Ces projets malheureusement n'ont pu être en-
core votés jusqu'à présent, mais le Ministère de
l'Agriculture ne les a nullement perdus de vue et
même il est disposé à insister autant qu'il est en
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