Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-02-02
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 02 février 1913 02 février 1913
Description : 1913/02/02 (A4,T11,N66). 1913/02/02 (A4,T11,N66).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62480520
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
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se vendre en Angleterre, les agents de la compagnie
reçurent en 1565 l'ordre de ne plus en acheter.
Après avoir pris connaissance des conditions de
la vie et du commerce en Russie, la compagnie re-
connut qu'il lui serait plus avantageux, au lieu
d'exporter des matières premières, d'en travailler une
partie sur place, en employant des artisans anglais.
C'est ainsi que furent organisées des fabriques de
câbles à Kholmogory et à Vologda. Les câbles russes
furent reconnus comme les meilleurs de ceux qu'on
importait en Angleterre, et la compagnie en fournit
à la flotte anglaise; ainsi, en 1588, le gouvernement lui
commanda des câbles pour la somme de 3.000
livres, soit 4.500 roubles (333.000 roubles en valeur
actuelle) et en 1.594 pour 13.500 livres, soit
20.250 roubles (1.498.500 roubles en valeur ac-
tuelle ).
Le trajet d Angleterre jusqu'à une petite île à
l'embouchure de la Dwina, le Rose Island, prenait
de un mois et demi jusqu'à trois mois et demi.
Les bateaux arrivaient au Rose Island à la fin
Mai.
De là les marchandises étaient transportées gé-
néralement par les fleuves jusqu'à Vologda en qua-
torze jours, de là en deux jours jusqu'à Yaroslaw;
pour descendre ensuite le Volga jusqu'à Astra-
khan il fallait compter trente jours. Tout le trajet de
la mer Blanche à la mer Caspienne pouvait se faire
par eau en 46 jours.
Ces voyages si lointains n'étaient pas exempts
de dangers; les agents anglais furent souvent pillés
en route, ce qui causa de grandes pertes à la com-
pagnie. Celle-ci apprit à connaître les marchands
russes qu'il fallait observer de très près, de peur
d'être trompés par eux dans la qualité et la quan-
tité de la marchandise. Ainsi, le manque de bonne
foi dans les transactions était un défaut du trafi-
quant russe qui malheureusement l'empêcha d'étendre
ses opérations.
Nous avons vu plus haut que, pour la première
expédition en Russie, la compagnie avait rassemblé,
en 1553, 6.000 livres, en 1564 le capital de la com-
pagnie s'accrut jusqu'à40.000 livres, soit 60.000 rou-
bles ou 4.440.000 roubles en monnaie actuelle, en
1583 il doubla.
Il est difficile d'établir les profits de la com-
pagnie. Dans les premières années elle vendait ses
marchandises en Russie à des prix très élevés, par
exemple des marchandises valant 6.808 livres furent
vendues à Moscou pour 13.644 livres. Mais il ne
faut pas oublier les dépenses que la compagnie dut
faire pour organiser les premières expéditions, ainsi
que la perte de plusieurs bateaux avec leurs mar-
chandises, les premiers frais d'installation et de ca-
deaux aux Russes. On peut admettre même que les
premières traversées en Russie ne causèrent que des
pertes, qui furent couvertes, mais aussi amplement,
par les expéditions en Perse. Ainsi, celle de 1578—
1581 rapporta aux associés 106°/o de revenu. A
la fin du XVIe siècle les affaires de la compagnie dé-
clinèrent visiblement et il est probable que, tous les
calculs faits, les Anglais ne retirèrent que bien peu
d'avantages de cette périlleuse entreprise.
Le bénéfice que le Russie retira de ces expédi-
tions anglaises fut son rapprochement avec le monde
occidental, dont la tenaient éloignée ses voisins, la
Suède, la Pologne et l'Empire germanique. Les An-
glais apportèrent aux Russes des armes, des muni-
tions de guerre, mais outre des marchandises ils
amenèrent des gens de toute profession, artisans,
médecins, apothicaires, ingénieurs, architectes, qui en-
trèrent au service des tsars.
Tel est le résumé du livre de Mille Lubimenko,
ajoutez-y une vingtaine de documents originaux tirés
de différentes collections et archives russes et an-
glaises, qui servent d'appui et d'illustration au récit
de l'auteur.
Nous souhaitons à Mmc Lubimenko la continua-
tion de ses travaux et leur publication dans le plus
bref délai.
Serge Goriaïnow
Ivan Porphyrevitch Filiévitch
C'est un homme d'une rare valeur intellectuelle
que vient de perdre, en la personne d'I. P. Filiévitch,
la science historique russe; mais, plus encore peut-
être, c'est l'œuvre nationale, qui se trouve privée par
sa mort d'un de ses plus stoïques travailleurs. I. P.
Filiévitch, ancien professeur de l'Université de Var-
sovie, incarnait dans ses origines, dans sa pensée
personnelle et le vaste labeur de sa vie, l'idée de
l'unité russe dans sa réalisation présente et future
encore inachevée. Fils de prêtre, né en 1856 dans
la vieille terre russe de Kholm et issu d'une famille
originaire de la Galicie, toute son éducation pre-
mière avait dû lui inculquer le culte de l'unité na-
tionale, l'instinct de la lutte contre les ennemis im-
médiats de celle-ci. Comment aurait-il pu oublier le
martyre du peuple russe dans cette Galicie qui est,
selon l'expression qu'on croirait ironique du publi-
ciste polonais Dmovski, "le seul coin où les Polo-
nais se sentent librement?" Il avait assisté, en 1875-
1876, au grand mouvement de réunion des Uniates
encore non-polonisés de Kholm à l'Eglise et à la cul-
ture russes; et, en 1905, il avait vu toutes ces re-
présailles polonaises, senti de près le frémissement
des ailes de l'aigle blanc se jetant à nouveau sur sa
proie. Toutes ces luttes et ces souffrances de la Rus-
sie Occidentale pour l'unité nationale avaient dominé
et orienté sa pensée et sa vie.
Le souvenir de ses origines galiciennes avait
dicté à I. P. Filiévitch sa thèse de licence sur "La
lutte de la Pologne et de la Lithuanie en Russie, pour la
succession de Galicie et de Wladimiru, soutenue en
se vendre en Angleterre, les agents de la compagnie
reçurent en 1565 l'ordre de ne plus en acheter.
Après avoir pris connaissance des conditions de
la vie et du commerce en Russie, la compagnie re-
connut qu'il lui serait plus avantageux, au lieu
d'exporter des matières premières, d'en travailler une
partie sur place, en employant des artisans anglais.
C'est ainsi que furent organisées des fabriques de
câbles à Kholmogory et à Vologda. Les câbles russes
furent reconnus comme les meilleurs de ceux qu'on
importait en Angleterre, et la compagnie en fournit
à la flotte anglaise; ainsi, en 1588, le gouvernement lui
commanda des câbles pour la somme de 3.000
livres, soit 4.500 roubles (333.000 roubles en valeur
actuelle) et en 1.594 pour 13.500 livres, soit
20.250 roubles (1.498.500 roubles en valeur ac-
tuelle ).
Le trajet d Angleterre jusqu'à une petite île à
l'embouchure de la Dwina, le Rose Island, prenait
de un mois et demi jusqu'à trois mois et demi.
Les bateaux arrivaient au Rose Island à la fin
Mai.
De là les marchandises étaient transportées gé-
néralement par les fleuves jusqu'à Vologda en qua-
torze jours, de là en deux jours jusqu'à Yaroslaw;
pour descendre ensuite le Volga jusqu'à Astra-
khan il fallait compter trente jours. Tout le trajet de
la mer Blanche à la mer Caspienne pouvait se faire
par eau en 46 jours.
Ces voyages si lointains n'étaient pas exempts
de dangers; les agents anglais furent souvent pillés
en route, ce qui causa de grandes pertes à la com-
pagnie. Celle-ci apprit à connaître les marchands
russes qu'il fallait observer de très près, de peur
d'être trompés par eux dans la qualité et la quan-
tité de la marchandise. Ainsi, le manque de bonne
foi dans les transactions était un défaut du trafi-
quant russe qui malheureusement l'empêcha d'étendre
ses opérations.
Nous avons vu plus haut que, pour la première
expédition en Russie, la compagnie avait rassemblé,
en 1553, 6.000 livres, en 1564 le capital de la com-
pagnie s'accrut jusqu'à40.000 livres, soit 60.000 rou-
bles ou 4.440.000 roubles en monnaie actuelle, en
1583 il doubla.
Il est difficile d'établir les profits de la com-
pagnie. Dans les premières années elle vendait ses
marchandises en Russie à des prix très élevés, par
exemple des marchandises valant 6.808 livres furent
vendues à Moscou pour 13.644 livres. Mais il ne
faut pas oublier les dépenses que la compagnie dut
faire pour organiser les premières expéditions, ainsi
que la perte de plusieurs bateaux avec leurs mar-
chandises, les premiers frais d'installation et de ca-
deaux aux Russes. On peut admettre même que les
premières traversées en Russie ne causèrent que des
pertes, qui furent couvertes, mais aussi amplement,
par les expéditions en Perse. Ainsi, celle de 1578—
1581 rapporta aux associés 106°/o de revenu. A
la fin du XVIe siècle les affaires de la compagnie dé-
clinèrent visiblement et il est probable que, tous les
calculs faits, les Anglais ne retirèrent que bien peu
d'avantages de cette périlleuse entreprise.
Le bénéfice que le Russie retira de ces expédi-
tions anglaises fut son rapprochement avec le monde
occidental, dont la tenaient éloignée ses voisins, la
Suède, la Pologne et l'Empire germanique. Les An-
glais apportèrent aux Russes des armes, des muni-
tions de guerre, mais outre des marchandises ils
amenèrent des gens de toute profession, artisans,
médecins, apothicaires, ingénieurs, architectes, qui en-
trèrent au service des tsars.
Tel est le résumé du livre de Mille Lubimenko,
ajoutez-y une vingtaine de documents originaux tirés
de différentes collections et archives russes et an-
glaises, qui servent d'appui et d'illustration au récit
de l'auteur.
Nous souhaitons à Mmc Lubimenko la continua-
tion de ses travaux et leur publication dans le plus
bref délai.
Serge Goriaïnow
Ivan Porphyrevitch Filiévitch
C'est un homme d'une rare valeur intellectuelle
que vient de perdre, en la personne d'I. P. Filiévitch,
la science historique russe; mais, plus encore peut-
être, c'est l'œuvre nationale, qui se trouve privée par
sa mort d'un de ses plus stoïques travailleurs. I. P.
Filiévitch, ancien professeur de l'Université de Var-
sovie, incarnait dans ses origines, dans sa pensée
personnelle et le vaste labeur de sa vie, l'idée de
l'unité russe dans sa réalisation présente et future
encore inachevée. Fils de prêtre, né en 1856 dans
la vieille terre russe de Kholm et issu d'une famille
originaire de la Galicie, toute son éducation pre-
mière avait dû lui inculquer le culte de l'unité na-
tionale, l'instinct de la lutte contre les ennemis im-
médiats de celle-ci. Comment aurait-il pu oublier le
martyre du peuple russe dans cette Galicie qui est,
selon l'expression qu'on croirait ironique du publi-
ciste polonais Dmovski, "le seul coin où les Polo-
nais se sentent librement?" Il avait assisté, en 1875-
1876, au grand mouvement de réunion des Uniates
encore non-polonisés de Kholm à l'Eglise et à la cul-
ture russes; et, en 1905, il avait vu toutes ces re-
présailles polonaises, senti de près le frémissement
des ailes de l'aigle blanc se jetant à nouveau sur sa
proie. Toutes ces luttes et ces souffrances de la Rus-
sie Occidentale pour l'unité nationale avaient dominé
et orienté sa pensée et sa vie.
Le souvenir de ses origines galiciennes avait
dicté à I. P. Filiévitch sa thèse de licence sur "La
lutte de la Pologne et de la Lithuanie en Russie, pour la
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