Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1909-05-29
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 mai 1909 29 mai 1909
Description : 1909/05/29 (Numéro 16955). 1909/05/29 (Numéro 16955).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/10/2008
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SAMEDI M MAI 1909
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QUARANTE-SEPTI EME AK' NEE MÉPO 18,955;
' l ,e» manuscrits ne, sont é ias< tenîàui .
Leçon d'Histoire
Lorsqu'on considère l'état révolution»
naire par lequel le pays vient de passer,
dont à vrai dire il n'est pas encore sorti
et dont il ne sortira que lorsque sera, dis
soute la Confédération Générale du
Travail, on €st tenté de jeter un coup
d'œil en arrière, de comparer les épo
ques, et l'on se demande si le^.régime
sous lequel nous vivons aujourd'hui res
semble en quelque chose aux institu
tions républicaines que la France s é-
tait définitivement données par^la loi
constitutionnelle" du 25 février 1875.
On peut-dire que ces institutions li
bérales à,'l'origine sont, actuellement,
dénaturées, menacées par le pouvoir
grandissant du socialisme qui est le
contraire du régime républicain, puis
qu'il est la fin de toute initiative indivi
duelle. l'anéantissement de la propriété
privée, la.clissoluUon des forces défehr
sives du pays et, par conséquent, la
négation de l'idée' de patrie. .
Les politiciens qui, depuis quelques
années, se sont succédé au pouvoir ont
donc laissé péricliter entre leurs mains
le patrimoine politique qui nous a été
légué par les générations précédentes.
Les pouvoirs publics ne considèrent
plus la direction des affaires du . pays
que comme le moyen de jouir de préro
gatives et d'y faire participer une clien
tèle d'électeurs fidèles. Aussi la stabilité
ministérielle assurée depuis cette trans
formation des mœurs politiques n'a-t-
elle plus la signification bienfaisante
pour le pays qu'on y attachait autrefois.
• ■ ***
Si, les Gambetta, les Jules Ferry et
tant d'autres bons républicains n'ont pu
se maintenir autrefois au pouvoir aussi
longtemps qu'il eût fallu pour l'intérêt
du pays, c'est qu'ils placèrent bien au-
dessus de la possession de ce pouvoir la
fermeté de leurs convictions et le dédain
dès capitulations.
Lôrsqu'en 1880, Jules Ferry faisait la
déclaration suivante, il était bien résolu
•à y conformer ses actes :
« Nous pe pensons pas, disait-il à proi.
pos de la loi sur les réunions et cLe la nou
velle loi sur la presse, que le Parlement
s'accommode plus que nous d'un système
qui laisserait le pouvoir désarmé!» ou in
différent eu. présence de la provocation au
crime ou de l'appel à la guerre civile.
» Nos mœurs publiques se*révoltent con-
Ire cette impunité paradoxale et l'opinion
se détache aisément des gouvernements
qui ne se défendent pas-».
Définissant le programme qu'il se
proposait en 188i, de soumettre au Par
lement, comme premier ministre,
Gambetta donnait par avance une
leçon d'ordre et d'opportunité politique
et économique aux politiciens de l'aver
tir qui, prétendant faire tout en même
temps- pour corser leurs professions de
foi et pratiquer les surenchères électo
rales, mettent tout à bas et n'édifien
rien.
ils ne les. ont tout au plus comprises
que pour s'en adjuger personnellement
le bénéfice/ Lés affaires, les intérêts ma
tériels, les questions financières se 1
sument pour eux dans l'augmentation
de l'indemnité parlementaire. Voilà' la
vraie solution du problème social, telle
est la meilleure application de l'initia
tive parlementaire.
Que si l'on rapproche encore de $es
fâcheux errements le mâle langage que
Jules Ferry tenait à la Chambre le
22 février 1883, on constate avec tris
tesse combien le personnel gouverne
mental a dégénéré depuis un quart de
siècle :
« La France a réclamé, comme l'instru
ment par excellence d'une politique gra
duellement mais forcément réformatrice,
la constitution d'un gouvernement uni, dé
gagé de toutes les conditions subalternes
de division et de faiblesse, toujours prêt
à déhattre les intérêts de la nation devant
ses élus et à leur rendre compte de ses
actes, sachant imposer à tous les degrés
de la hiérarchie des services publics, le
respect, l'obéissance et le travail».
A ces considérations si sages, nos
gouvernants du jour ont substitué le
bouleversement fiscal, l'incohérence, la
désunion, l'hostilité réciproque des
membres d'un même cabinet qui s'af
firment par de basses attaques dans des
journaux, inféodés aux uns, ou aux au
très, l'indifférence à l'égard de la ri
chesse publique et la - faiblesse dans
l 'exercice de l'autorité.
Le mal.dont souffre aujourd'hui notre
pays, c'est l'ignorance ou l'indifférence
que les pouvoirs publics professent, af
fectent même pour les questions écono
miques de l'étude et de la solution des
quelles dépend cependant de plus en
plus la fortune des nations.
« Les nations ne vivenl pas seulement
de politique, disait M. Freycinet dans
sa déclaration ministériels du 31 janvier
1882, elles vivent aussi d'affaires et d'in
térêts matériels. Les questions financières
ont pris, depuis quelque temps, une large
place dans les préoccupations publiques »
Sans- doute, nos députés ont entendu
vaguement parler de ces choses, mais
« Messieurs, disait-il, ce sont les enne
mis des gouvernements libres qui vou
draient les réduire au rôle de gouverne
ments sans défense ; mais les. populations
françaises qui .téïribigjient ch,aqae->
"par ieurs voix,' de leur attachement aè
plus en plus profond à nos > institutions \
républicaines, ne l'entendent pas ainsi et,
loin de vouloir abandonner la République
un périlleux laissez faire, elles seraient
plutôt tentées de croire que la République
n'est pas assez idéfendue.
)> Aussi, sans toucher à des libertés es
sentielles dont la générosité même est
l'honneur du gouvernement républicain,
nous vous demanderons dies mesures sur
les cris publics et sur l'affichage ayant
pour but de soustraire tout au moins la
iberté de la voie publique aux manifes
tations factieuses. T
Messieurs, on l'a dit depuis longtemps,
c'est surtout par la bonne conduite deç af
faires publiques, par le souci incessant
des vœux et dès sentiments du pays, que
les gouvernements libres se défendent et
se fortifient.
La Chambre des députés l'a bien com
pris, elle qui a mis, dès le premier jour,
son ambition à mériter le titre de Cham
bre réformatrice, le plus beau nom qui
soit au monde.
Oui, nous avons reçu du pays le man
dat de réformer et nous l'accomplirons ;
mais ce pays nous demande à cette heure;
avec non moins d'énergie, d'administrer,
de gouverner , d'enraciner la République.
» Ce peuple sage et résolu, le plus labo
rieux, le plus ordonné des peuples qui a
poursuivi à travers t.ant_d'ûbsta.c] es, ^ foj-j
ce de patience et de /couràge, l'établisse- '
ment de la République démocratique, a
cherché et aimé le gouvernement définitif
et'nécessaire ; mais ses élus manqueraient
gravement à ses volontés formelles, s'il
donnait à la République une fausse ap
parence d'un gouvernement agité et pro
visoire.
.. Messieurs, deux chosesi sont néces
saires à un gouvernement réformateur : il
lui faut un terrain quelque peu solide et
une bonne méthode : un terrain solide, à
l'abri des crises incessantes qui paralysent
l'action des pouvoirs publics, affaiblissent
l'autorité républicaine, engendrent des
gouvernements sans esprit de suite et sans
crédit ; (me méthode politique et parle
mentaire qui consiste à ne pas aborder
toutes les questions à la fois, à limiter avec
soin le champ des réformes pour le par
courir plus sûrement ; à écarter les ques
tions irritantes et les débats stériles, à
modérer enfin l'initiative individuelle, de
façon à laisser au gouvernement l'initiati
ve qui lui appartient de droit ».
Tel est le programme que Jules Ferry,
ce ferme républicain, développait il y a
plus de vingt-cinq ans, devant le Parle
ment : Se contenter de réformes lentes
et progressives qui, tout en donnant sa
tisfaction aux exigences de la démocra
tie laborieuse, ne bouleversent pas du
four au lendemain les situations acqui
ses, ne déconcertent pas les bonnes vo
lontés et les longues entreprises.' Tel
devrait être l'objectif d'un gouverne
ment et d'un Parlement soucieux de
la prospérité du pays.
PROPOS D'ACTUALITÉ
B ien juge 1 ;
ï'ai le-plus profond respect pour les. préroga- «
tives de 'la Faculté. J 'estime que le médecin
qui a étudié, passé des examens, conquis des
brevets, a le dro^t d'exiger que ses intérêts
professionnels soient sauvegardés. Le mono
pole accordé aux médecins-est justifié par de
longs travaux et aussi -par la raison que toute
découverte faite par eux d'un traitement nou
veau est immédiatement répandue et vulgari
sée. On leur.doit bieçi quelque avantage en re.-
tour de l'abandon qu'ils font, au profit de tous,
de remèdes qui. leur rapporteraient gros s'ils
les .gardaient secrets.
Oui,, mais sous prétexte de-défendre un mo
nopole fort légitime, il ne faudrait pas pour-
tet ^partir en guerre contre des moulins à
v ^nt... Et c'est là ce qu'a fait ces jours der
niers le Syndicat des médecins de la Seiûe en
traînant en correctionnelle le vieux thauma
turge connu sous le nom de Zouave Jacob.
'Le-tribunal, en cette affaire, me paraît avoir
fort sainement jugé. Comme vous l'avez pu
Silhouettes Marocaines
*v
lofais la République, je le répète,
n'ét pas de pires ennemis que ces ambi
tieux et ces candidats réclamistes qui
prétendent faire de la représentation po
litique une carrière lucrative et' pour
donner au pays l'illusion du mouve
ment et du progrès, entendent tout bou-
léverser : finances, services publics, or
ganisation sociale, jettent comme défi à
la face de leurs concurrents, qui ripos
tent par les mêmes sottises, des projets
de réformes de plus en plus cahotiques
et coûteuses, pratiquent en un mot cette
méthode absurde et coupable de suren
chères qui a conduit aujourd'hui la
République à la limite au delà de la
quelle il n'y a plus qu'anarchie et réac
tion.
Georges MANCHEZ.
LE 20UAVÊ JACOB
voirTHms le Petit Joiirnai d'ïiter, ira débouté
te» mM'fiWtis. Et. vrauftent. c'est ce qtt'if àvfiït
les médecins. Et, vrairiient, c'est cé qtt'
de mie.ix à faire.
Voyons ? En quoi consiste le privilège que
la loi accorde à ces Messieurs de la Faculté ?...
Ont-il seuls le droit de « guérir » ?... Non !...
ils ont seuls Je droit de « soigner » par les
procédés médicaux... Or, que fait le Zouave
Jacob ? Ii n'ordonne point de médicaments...
Au contraire, il les proscrit ; et il se contente
de .regarder et de toucher légèrement ses ma
lades du bout des doigts en invoquant les es
prits... C'est du spiritisme, du magnétisme, de
la suggestion, appelez ça comme vous vou
drez, mais sapristi, ça n'est pas de la médeci
ne. Je ne sais pas si ça fait grand bien aux
malades, mais, à coup sûr, ça ne peut pas leur
faire grand mal... Alors quoi ?... Où est la con
currence ?
Vous allez me dire que je prêche pour la- sor
cellerie.;. Pas du tout I Je prêche pour la li
berté. Nous avons bien le droit, que diable 1
de chercher où bon nous semble un remède à
nos maux. Il y a, par là-bas, dans /un lointain
faubourg, deux ou trois douzaines de pauvres
gens candides qui ont plus de confiance dans
les passes magnétiques d'un vieux zouave que
dans les plus graves préceptes d'Hippocrate.
C'est leur affaire. Mais, ce n'est pais oeia, je
crois, qui arrêtera la marche de là science.
Que les tribunaux soient impitoyables pour
les escrocs qui vendent fort cher de prétendus
remèdes, sans valeur en réalité, toujours .inef- j
ficaces et souvent dangereux... Rien -de
mieux... Contre ces gens-là, les médecins fe
ront toujours bien venus d'affirmer leurs
droits... Mais qu'on laisse donc, en paix Ces
bons vieux thaumaturges populaires qui", ne
faisant de tort à personne, lont du bien à quel
ques-uns, et ont du moins l'excuse de semer
au fond des âmes naïves un brin de ce spiri
tualisme, peut-être trompeur, mais si doux
parfois et si-réconfortant pour les pauvres
gens.
Jean kecoq.
L'ambassade, marocaine, arrivée depuis
lundi' parmi nous, accapare déjà l'ac
tualité parisienne. Sans doute, les' ques
tions qu'elle a à régler avec le gouverne
ment de la République française sont d'une
très .grande importance, mais' il nous suffit
de constater que le sultan Mbuley-Hafid,
en faisant amende honorable envers la
France, manifeste clairement, par l'envoi
de cette mission extraordinaire, qu'il a
conscience de- ce qu'une entente avec notre
paya peut assurer à la sécurité de son règne
au double point de vue intérieur et exté
rieur.
. N'étant pas dans le secret des.dieux, ou
pour mieux dire d'Allah, je-n'ai pour but
que de présenter aux lecteurs du Petit Jour
nal deux membres éminente' de l'ambassa
de marocaine.
A tout seigneur tout honneur.
Le choix du personnage que Mouley-Ha-
fid a placé à la tête de la-mission-est inté
ressant à plusieurs titres. D'abord El-Hadj-
Mohamed-El-Mokri -.-connaît, notre' pays
qu'il, avait visité il y a quelques années,
alors 90e le pauvre Abd-el-Aziz régnaitSurj
ifempire chérifien. JËl-Mokri est donc une-
reproduction, en petit, il est vrai, du fa
meux Talleyrand. Son dernier succès date
de la conférence d'Aigésiras où il eut à dé
fendre les intérêts... de son pays sous l'é
gide lourdement protectrice de l'Allema
gne.
Tout cela est connu, mais ce qu'on sait
moins, c'est que Si El-Mokri est d'origine
algérienne. Il porte en effet un nom illus
tre. Son aïeul, le célèbre historien El-
Mokri ou El-Maggari (1591-1632) a laissé un
ouvrage d'une importance capitale sur
l'histonre politique de l'Espagne musulma
ne. Or notre auteur était de Tltemcen, dont
la population musulmane est représentée
à Fez par une colonie considérable. Si El-
Mokri aime à rappeler son origine, et de
fait il accueille les Algériens avec une
affaibilité dont les Marocains ne sont pas
coutumiers à l'égard de leurs coreligion
naires.
x>
Il n'est pas de visiteur de marque à' qui
| le sympathique ministre n'ait fait l'hon
neur d'une réception dans la plus fastueu
se sialle qui existe non seulement à Fez,
mais encore au Maroc.
On a dit avec raison de ce diplomate, qui
approche de La cinquantaine, qu'il ressem
ble à s f y méprendre à M. Maurice Doranay. ,
A côté de Si El-HçudjrEl-Mokri, une autre {
figure extrêmement distinguée représente la
diplomatie marocaine. J'ai nommé Si Kad-
dorf ben "Ghabrit: "
Né à tlemceii, d'une vieillie famille mau
re qui se fixa à Sidi-Bel-Abbès, il fut atta
ché, il y a environ vingt ans, à la légation
de France à Tanger, en qualité d'interprète
auxiliaire et d'instituteur. Là, il sut dé
ployer une activité aussi intelligente que
tenace, dont le succès se traduisit par la
création de l'école arabe française, qui re
fuse maimteraaiyt des élèves. Le résultat
n'est pas mintce", comme on -pourrait le
croire, car pour venir à bout des préven
tions des familles marocaines à l'égard de
l'instruction profane française, il faut dis
poser d'une force de pensu&sion peu com
mune. . . .
En même temps, Si Kaddour acquérait
une, influence considérable dans les milieux
marocains si défiants, surtout envers les
musulmans algériens, qu'ils considèrent gé
néralement comme des renégats. Bien des
ministres ont passé à Tanger, voire même
des-sultans. Seul, Si Kaddour est demeuré
fidèle à. son poste.
Un des familiers de Mouley-H-afid m'a
affirmé que le nouveau Sultan avait une
antipathie marquée pour notre compa
triote et que maintenant c'est un de ses in
times.
Si vous nae demandez son âge, je vous di
rai seulement qu'il a été nommé officier dë
la Légion d'honneur en 1907, n'ayant pas
atteint la quarantième année.
Les services que Si Kaddour a rendus à
ila France-ne. sont pas seulement « excep
tionnels » parce qu'ils sont affirmés par
son dossier, mais on peut les.qualifier d'é-
EL MOKfil
t Marseille.)
minents: On' p'fiut aussi dire de lui que c'est
certainement l'homme qui connaît le mieux,
à l'heure qu'il est, l'empire du Magreb-el-
Aqça (Maroc), de l'aveu même dé tous les
hommes compétents.
N'y a-t-il pas là un exemple particulière
ment éloquent du parti que nous pourrions
tirer -d'une population où il suffit de ré
pandre un peu de notre génie français pour
obtenir des résultats inespérés, quoi qu'en
pensent certains coloniaux attardés dans
leurs conceptions rétrogrades des races in
férieures.: . . .
line protestation de M. Taft
Le Président des Etats-Unis a brusquement
quitté sa loge au théâtre au moment où
l'on dansait la matchiche.
* Washington, 28 Mai.
Le président Taft assistait, hier, à la pre
mière d'une pièce en quatre actes d'un, na
turalisme assez brutal. Au' premier acte,
on voit défiler tout un (monde d'escarpes du
district de Tenderloin et des femmes de
mauvaise vie.
Ce tableau des bas-fonds avait déjà déplu
au chef de l'Etait ; njais, lorsqu'à la fin du
premier acte, une jeune artiste, connue par
son amitié avec Evelyn Thaw, la femme de.
l'assassin millionnaire, se mit à danser la
maAchiche, le président, en guise de protes
tation, quitta brusquement sa loge. Il par
tit et, malgré toutes les instances, il ne
voulut p%s attendre la,fin d'une pièce qui
l'écœurait profondément ». . v
DANS LA FLOTTE
Le laacement du " Danton "
(Dépêche de. notre correspondant)
Brest, 28 Mai.
On continue toujours à préparer le nou
veau lancement du Danton ; toutefois au
cune date ne peut encore être fixée et on
ne sait pas encore si tout sera prêt pour le
4 juin, date de la prochaine grande marée.
■ Le croiseur cuirassé Amiral-Aube; qui se
trouvait dans le bassin de radoub pour vi
site, va subir plusieurs réparations urgen
tes qui demanderont un certain temps. Les
arbres porte-hélices ont besoin de répara
tions ; ses presse-étoupes et les coussinets
de la partie arrière du navire ont beau
coup souffert et plusieurs tôles de la ca
rène sont disjointes. Le gouvernail est éga
lèrent œ&uvalîs.
UNE CONFRONTATION
A VERSAILLES
**
Mlle Briard, en présence de son agresseur
l'ordonnance Friol, a raconté le crime
dont elle a été victime.
Les lecteurs du Petit Journal n'ont pas
oublié la tentative de meurtre commise à
Versailles par Désiré Priol, ordonnance du
capitaine Briard, sur la fille de l'officier»
Mlle Suzanne Briard.
Désiré Priol, arrivé hier- matin de la
prison du .Cherche-Midi en voiture cellu
laire, accompagné d'un sergent surveillant,
a été, en présence du capitaine rapporteur
Jullien, confronté avec sa victime, Mlle
Siîzanne Briard, au domicile de cette .der
nière, 41, rue Borgnls-Desbordes.
Mlle Briard a .raconté que l'ordonnance,
après l'avoir, sous un prétexte, appelée au
troisième étage, avait ^ré sur . elle sept ou
huit coups de revolver sans un mot d'ex
plication.
Désiré Priol n'a opposé aucun mot de
dénégation au récit de la jeune fille.
Il a dit qu'il était devenu fou-et qu'il
s'adonnait' à la boisson. De plus, il prétend
qu'à la suite d'une chute de cheval, il était
devenu irritable à l'excès.
Mlle Briard, a-t-il déclaré, avait eu le tort
de.ne.pas lui témoigne^-assez d'indulgence.
Elle lui Darlait trop sèchement et lui avait
fait avoir huit jouirs de prison ; il avait
voulu se venger. .
De Son côté, Mlle Briard a . déclaré. au
capitaine rapporteur qu'elle Dardonnait à
son meurtrier pat ce que c 'était au service
ota son; pèfé que Praàï avait été blessé.
L'eiisw légale fle la C.G.ï.
EN QUESTION
Nous avons dit hier que le groupe séna
torial de l'Union républicaine avait chargé
son président, M. Antoine Pe-rrier, et trois
de ses membres, d'examiner la situation
de la Confédération générale du travail au J
point de vue légal. !
M. A. Perrier a déclaré, à ce sujet, à un
rédacteur de l'Agence Fournier, que la
C. G. T. est un danger parce que, non sa
tisfaite d'inquiéter l'opinion publique,
« elle jette le désordre dans les rangs des
vrais ouvriers », par l'intervention de quel
ques personnalités violentes. Les délégués
du groupe sénatorial, après avoir examiné
la question qui leur est soumise, feront un
rapport ; les membres de l'Union républi
caine prendront ensuite une décision en
vue d'inviter le gouvernement à faire ces
ser cet état de choses.
- Nous sommes, a dit M. Antoine Perrier,
en présence de dieux solutions :
; « Si la C. G. T. est constituée légalement,
nous ne reclamerons pas moins des pouvoirs
publics les mesures tendant à empêcher le
renouvellement des faits regrettables repro
chés. • *
« Si la C. G. T. n'est pas constituée légale
ment, nous examinerons si le Sénat ne doit
pas demander au gouvernement sa dissolution
dans des conditions à déterminer, mais je vous
le répète, tout ce que je viens de vous dire est
subordonné à l'examen que nous ferons d'une
question dont nous ne -nous dissimulons pas
la gravité.
« En présence de l'émotion causée dans le
public par les derniers événements qu'occa
sionnèrent les grèves et dans lesquels la C,
G. T. a eu une action directe, nous avons con
sidéré qu'il était air devoir du groupe de
l'Union républicaine du Sénat de provoquer
l'examen des mesures à prendre pour rassu
rer l'opinion publique, et empêcher, si possi
ble, le retour de fâçheux événements. »
Le groupe de l'Union républicaine veut
ainsi témoigner de la sérieuse attention
qu'il porte aux intérêts généraux du pays.
3^ :
AUTOUR DU PROCES RENARD
L'AFFAIRE STEINHEIL
**—•— .
Aliaire va être examiné par un médecin
aliéniste.
Ni Aliaire ni celui qu'il accuse d'avoir
trempé dans, le crime de l'impasse Ronsin,
Ange Tardive!, n'ont quitté, hier, 1% prison
de la Santé.
A la suite des interrogatoires de là veille
où il est apparu au juge, M". André, que
paut-être Alla.iire ne jouissait pas de toutes
ses facultés, le magistrat a décidé de faire
examiner l'inculpé.
Hier, le docteur Vallon, médecin aliénis
te, a été chargé de rechercher jusqu'à quel
point Alîaire possédait de dispositions à
ï'affabuTlation et k l'esprit d'inVeètiD'fi éi de
mensongés.
Voir en 3 e page ho's âêpêchës sur TdtdîièL
à son lit de mort
DÉCLARATIONS SE M' USASSE
■ 'Au moment où va s'ouvrir le nouveau
procès Renard devant les assises de Seine-
et-Oise,. un incident nouveau vient de se
produire qui jette un jouir inquiétant sur
l'état d'esprit de Courtois à ses derniers
moments et, d'une manière générale, sur
les allégations de cette nature maladive et
fourbe.
Quelque temps avant de mourir, Cour
tois aurait lancé contre un prêtre, l'auniô-
niier du pénitencier de Saint-Ma:rtAn-de-Ré,
des accusations particulièrement odieuses
et — il est à peine besoin, de le dire —abo
minablement mensongères.
Nous avons vu, hier, M" Lagasse, défen
seur de Renard, et nous lui avons deman
dé ce qu'il fallait penser de ce récit et.s'il
comptait tirer parti de ce nouvel incident,
. — .Les faits auxquels vous faites allusion,
nous a-t-il dit, sont exacts, rigoureusement
exacts, je m'en porte garant.
C'est — je n'ai. aucune raiàon de ne pas le
révéler — le directeur même de l'administra
tion pénitentiaire, M. Schrameck, nui m'en a
avisé. En outre, une des personnalités mêlées
à l'incident est venue me, voir à Paris, pour
libérer sa conscience, tant la duplicité de
Courtois en cette dernière circonstance a fait
•une profonde et pénible impression sur son
esprit.
Ce nouveau fait ne peut que renforcer ce
que j'îfi déjà eu l'occasion de vous dire. Vous
pouvez déclarer que je suis décidé à vider à
fond cet incident, comme les autres, devant
la cour d'assises, persuadé que je suis, plus
que jamais, de l'innocence de mon client.
En somme, ]e le répéterai sans me lasser,
le procès de Renard, c'est le procès de la sin
cerité de Courtois, puisque, encore une fois,
il n'y a, en dehors des accusations de Cour
tois, rien contre Renard. Or, ces accusations,
Renard les a toujours repoussées avec force.
Ce dernier incident donne la mesure de la
sincérité de Courtois. Et si je rapproche ce
mensonge avéré des déclarations de l'oncle de
Courtois qui l'avait élevé, disant que son ne
veu était un menteur et qu'il était tires capable
d'avoir accusé un autre pour se disculper lui
anC«ne du crime qu'on lui reprochait, je sou
tiens que- toutes ses accusations n'ont plus au
cune valeur.
Ces mensonges n'ont, du reste, rien de bien
sunnrenant de la part d'un malade tel que
Courtois. Des médecins me- l'ont souvent af
firmé, l'hystérie de l'accusation n'est pas rare
chez les tuberculeux. Rappelez-vous.: avant
d'accuser Tormellement Renard du crime,
Courtois-, on ne l';t pas assez dit, avait fait
porter ses soupçons sur plusieurs des habi
tants de l'hôtel Remy, à l'heure où c'était lui
qui dirigeait la police ' dans* ses investiga
tions...
Et, 1© geste énergique, M" Lapasse, satis
fait de la tournure des événements, nous
dit encore, en, nous reconduisant, son in
tention de donner, à l'audience prochaine,
■ toute leur, aïripleur aux fai,ts qi^i se sont dê-
rôulês* dérfmis le ■prémier procès.
L'ENQUÊTE
sur la Marine
1 4Les officiers enquêteurs du 1 er Conseil de
guerre Maritime ont été mis, hier, eo
possession des pièces saisies chez
M. Dupont.
. Ce Parquet du premier conseil de guerre
maritime a commencé, hier, à s'occuper
de l'affaire des dossiers saisis sur la de
mande de la commission d'enquête, chez
M. Dupont, ancien chef du cabinet techni
que au ministère de la Marine.
Dès que l'ordre du ministre fut parvenu
à Cherbourg, le capitaine de vaisseau de
réserve Archimbaud, commissaire du gou
vernement, le lieutenant de vaisseau Ri-
gant, rapporteur ,et le maréchal des logis),
-chef d§- gendarmerie eo retraite Bondét,
'greffier près ïel" «CMïsîeil de guerre .œar.i^
time, étaient partis pour Paris, afin de pro
céder sans tarder à l'examen des papiers
saisis dans le bureau de l'ancien chef du-
cabinet de M. Tlhomson.
A son arrivée, M. Archimbaud s'était
rendu au ministère de la Marine, mais il
ne put être reçu par M. Alfred Picard, à ce
moment -retenu à la Chambre. Le capitaine
de vaisseau dut revenir, hier matin, à dix
heures et demie, pour se présenter au 'mi
nistre. •
Le capitaine de vaisseau Archimbaud fut
aussitôt mis en rapport avec M. Mangon de
Oa Lande, sous-chef de bureau de la justice
maritime, qui mit à la disposition du cpm-
missaire et du rapporteur le salon affecté
ordinairement à la commission d'examen
des comptes de travaux de la Marin».
Néanmoins, l'examen du dossier n'a pas
commencé da,m la matinée, ainsi qu'on s'y
attendait, et M. Archimbaud s'est retiré
vers midi, laissant les scellés intacts.
Les membres du Parquet maritime sont
revenus à trois heures de l'après-midi au
ministère et se sont installés dans la salle
réservée à leurs travaux.
Depuis trois jours, le dossier volumineux
saisi chez M. Dupont était resté enfermé
dans une armoire, scellée elle aussi et fer
mée 4 clef, dans une petite pièce attenante
au bureau du chef de cabinet du ministre.
Pendant le jour, M. Cœuir, chef surveillant
technique des constructions navales, atta
ché au-cabinet de M. Alfred Picard, était
chargé de veiller sur les scellés; et, la nuit,
les clefs de l'armoire et de la pièce où elle
se trouvait étaient confiées à l'officier de
service, et des marins montaient la garde,
tour de rôle, aux -aiiords.
Dana la matinée d'hier, uirae -équipe de
marins avait été employée à transporter
dans la salle d'examen des comptes, les
treize cartons verts et le grand carton jau
ne contentant les documets.
Tout était donc en place lorsqu'à trois
heures le Parquet ouvrit sa première séan
ce. Elle se prolongea jusqu'à six heures.
Nous avons pu nous entretenir avec le
commandant Archimbaud au moment où
il en sortait.
Le commissaire du gouvernement, un.
homme de haute taille, bien pris dans une
jaquette noire décorée de la rosette de la
Légion d'honneur, et dont la figure ouverte
est encadrée d'une barbe presque blanche,
nous accueille aimablement.
— J'ai été reçu ce matin par le ministre,
nous dit-il, et il m'a mis succinctement au
courant de l'affaire. Nous avons tout à l'heure
entendu M. Dupont, mais ceci uniquement à
titre d'indication, car c'est seulement demain
qu'il fera sa déposition officielle, en présence
-
de son avocat.
Nous n'avons nas encore commencé l'exa
men des pièces saisies- et leur étude deman
dera probablement plusieurs jours.
Sur le s'ens môme des déclarations de M. •
Dupont, le commandant, s© retranchant
derrière le secret professionnel, refuse de
donner des détails.
Au cabinet du ministre, on se montre
encore plus sobre de renseignements et on
affirme même ne chercher aucunement à
connaître la marche de l'instruction, afin
de ne pas paraître infiuenceir les membres
du Parquet.
Notons toutefois qu'un ancien collabora
teur de M. Dupont avi cabinet de M. Thom
son et qui a continué ses fonctions auprès
de M. Alfred Picard, nous a affirmé, hier,
qu'aucune pièce n'avait été enlevée du mi
nistère, postérieurement au départ de M.
Thomson, de la rue Royale, contrairement,
aux bruits qui avaient couru dans les cou
loirs de la Ghambre.
D'autre part, au ministère de la Justice,
on affirmait, hier matin, que la nouvelle, .
d'après laquelle le parquet de Lyon aurait
été saisi de la plainte déposée par le garde
des sceaux contre les aciéries d'Uni eux, à
la suite de la lettre de M. Delcassé, prési
dent de 'la commission d'enquête, était au
moins' prématurée. M. Briand attend les
documents pour les envoyer au Parquet
général de Lyon.
HORRIBLE CHUTE
dais u flot i'wr en fusion
lDépêche de noire correspondant)
Lille, 28 Mai.
A Lesquin, on préparait la coulée d'une
énorme pièce, dans laquelle devaient entrer
14.000 kilos d'acier, lorsqu'on s'aperçut que
j 1'acier en fusion formait une croûte super
ficielle, qui futipercée immédiatement, puis
le bassin fut penché pour procéder à la cou
lée. Mais la croûte se reforma, alors un des
ouvriers s'empara d'un marteau et la brisa
d'un eou.p sec.
Un bruit formidable retentit, comparable
,à la détonation d'un coup de canon, et la
coulée s'épandit sur 1e sol comme une lave.
L'homme au marteau fit un bond en ar
rière et fut indemne, mais un de ses cama
rades de travail, nommé Gustave Décatil-
Ionv âgé dfe 38 ans, fut atteint paT le flot çt
resta figé au sol, ayant de l'acier en fusion
jusqu'aux chevilles.
0,n s'élança; ; ii vivait encore.
L'.amputatiom des dieux pieds, qui ski ,
carbonisés jusqu'aux ôs, devra être faite.
61, rué Lafayette , à Paris (9 m H
tÉLÉPEDNBS J Rédaction
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Le Supplément illustré..".. 5 cent
Le Petit Journal agricole. S .toîï:
Directeur
Lo Petit Joufflsi illustré de la Jmt&ss 10 cent.
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12n>„_.... SIX MOIS45 ni.
2éœ TJN AN_._„_ 30 ra.
L es Àèi3Duejiteftis
jp tzriejttics fZetlSde dtot^Jtc mois
Cj
SAMEDI M MAI 1909
149 S Aiyr maxim iw —■ 216
QUARANTE-SEPTI EME AK' NEE MÉPO 18,955;
' l ,e» manuscrits ne, sont é ias< tenîàui .
Leçon d'Histoire
Lorsqu'on considère l'état révolution»
naire par lequel le pays vient de passer,
dont à vrai dire il n'est pas encore sorti
et dont il ne sortira que lorsque sera, dis
soute la Confédération Générale du
Travail, on €st tenté de jeter un coup
d'œil en arrière, de comparer les épo
ques, et l'on se demande si le^.régime
sous lequel nous vivons aujourd'hui res
semble en quelque chose aux institu
tions républicaines que la France s é-
tait définitivement données par^la loi
constitutionnelle" du 25 février 1875.
On peut-dire que ces institutions li
bérales à,'l'origine sont, actuellement,
dénaturées, menacées par le pouvoir
grandissant du socialisme qui est le
contraire du régime républicain, puis
qu'il est la fin de toute initiative indivi
duelle. l'anéantissement de la propriété
privée, la.clissoluUon des forces défehr
sives du pays et, par conséquent, la
négation de l'idée' de patrie. .
Les politiciens qui, depuis quelques
années, se sont succédé au pouvoir ont
donc laissé péricliter entre leurs mains
le patrimoine politique qui nous a été
légué par les générations précédentes.
Les pouvoirs publics ne considèrent
plus la direction des affaires du . pays
que comme le moyen de jouir de préro
gatives et d'y faire participer une clien
tèle d'électeurs fidèles. Aussi la stabilité
ministérielle assurée depuis cette trans
formation des mœurs politiques n'a-t-
elle plus la signification bienfaisante
pour le pays qu'on y attachait autrefois.
• ■ ***
Si, les Gambetta, les Jules Ferry et
tant d'autres bons républicains n'ont pu
se maintenir autrefois au pouvoir aussi
longtemps qu'il eût fallu pour l'intérêt
du pays, c'est qu'ils placèrent bien au-
dessus de la possession de ce pouvoir la
fermeté de leurs convictions et le dédain
dès capitulations.
Lôrsqu'en 1880, Jules Ferry faisait la
déclaration suivante, il était bien résolu
•à y conformer ses actes :
« Nous pe pensons pas, disait-il à proi.
pos de la loi sur les réunions et cLe la nou
velle loi sur la presse, que le Parlement
s'accommode plus que nous d'un système
qui laisserait le pouvoir désarmé!» ou in
différent eu. présence de la provocation au
crime ou de l'appel à la guerre civile.
» Nos mœurs publiques se*révoltent con-
Ire cette impunité paradoxale et l'opinion
se détache aisément des gouvernements
qui ne se défendent pas-».
Définissant le programme qu'il se
proposait en 188i, de soumettre au Par
lement, comme premier ministre,
Gambetta donnait par avance une
leçon d'ordre et d'opportunité politique
et économique aux politiciens de l'aver
tir qui, prétendant faire tout en même
temps- pour corser leurs professions de
foi et pratiquer les surenchères électo
rales, mettent tout à bas et n'édifien
rien.
ils ne les. ont tout au plus comprises
que pour s'en adjuger personnellement
le bénéfice/ Lés affaires, les intérêts ma
tériels, les questions financières se 1
sument pour eux dans l'augmentation
de l'indemnité parlementaire. Voilà' la
vraie solution du problème social, telle
est la meilleure application de l'initia
tive parlementaire.
Que si l'on rapproche encore de $es
fâcheux errements le mâle langage que
Jules Ferry tenait à la Chambre le
22 février 1883, on constate avec tris
tesse combien le personnel gouverne
mental a dégénéré depuis un quart de
siècle :
« La France a réclamé, comme l'instru
ment par excellence d'une politique gra
duellement mais forcément réformatrice,
la constitution d'un gouvernement uni, dé
gagé de toutes les conditions subalternes
de division et de faiblesse, toujours prêt
à déhattre les intérêts de la nation devant
ses élus et à leur rendre compte de ses
actes, sachant imposer à tous les degrés
de la hiérarchie des services publics, le
respect, l'obéissance et le travail».
A ces considérations si sages, nos
gouvernants du jour ont substitué le
bouleversement fiscal, l'incohérence, la
désunion, l'hostilité réciproque des
membres d'un même cabinet qui s'af
firment par de basses attaques dans des
journaux, inféodés aux uns, ou aux au
très, l'indifférence à l'égard de la ri
chesse publique et la - faiblesse dans
l 'exercice de l'autorité.
Le mal.dont souffre aujourd'hui notre
pays, c'est l'ignorance ou l'indifférence
que les pouvoirs publics professent, af
fectent même pour les questions écono
miques de l'étude et de la solution des
quelles dépend cependant de plus en
plus la fortune des nations.
« Les nations ne vivenl pas seulement
de politique, disait M. Freycinet dans
sa déclaration ministériels du 31 janvier
1882, elles vivent aussi d'affaires et d'in
térêts matériels. Les questions financières
ont pris, depuis quelque temps, une large
place dans les préoccupations publiques »
Sans- doute, nos députés ont entendu
vaguement parler de ces choses, mais
« Messieurs, disait-il, ce sont les enne
mis des gouvernements libres qui vou
draient les réduire au rôle de gouverne
ments sans défense ; mais les. populations
françaises qui .téïribigjient ch,aqae->
"par ieurs voix,' de leur attachement aè
plus en plus profond à nos > institutions \
républicaines, ne l'entendent pas ainsi et,
loin de vouloir abandonner la République
un périlleux laissez faire, elles seraient
plutôt tentées de croire que la République
n'est pas assez idéfendue.
)> Aussi, sans toucher à des libertés es
sentielles dont la générosité même est
l'honneur du gouvernement républicain,
nous vous demanderons dies mesures sur
les cris publics et sur l'affichage ayant
pour but de soustraire tout au moins la
iberté de la voie publique aux manifes
tations factieuses. T
Messieurs, on l'a dit depuis longtemps,
c'est surtout par la bonne conduite deç af
faires publiques, par le souci incessant
des vœux et dès sentiments du pays, que
les gouvernements libres se défendent et
se fortifient.
La Chambre des députés l'a bien com
pris, elle qui a mis, dès le premier jour,
son ambition à mériter le titre de Cham
bre réformatrice, le plus beau nom qui
soit au monde.
Oui, nous avons reçu du pays le man
dat de réformer et nous l'accomplirons ;
mais ce pays nous demande à cette heure;
avec non moins d'énergie, d'administrer,
de gouverner , d'enraciner la République.
» Ce peuple sage et résolu, le plus labo
rieux, le plus ordonné des peuples qui a
poursuivi à travers t.ant_d'ûbsta.c] es, ^ foj-j
ce de patience et de /couràge, l'établisse- '
ment de la République démocratique, a
cherché et aimé le gouvernement définitif
et'nécessaire ; mais ses élus manqueraient
gravement à ses volontés formelles, s'il
donnait à la République une fausse ap
parence d'un gouvernement agité et pro
visoire.
.. Messieurs, deux chosesi sont néces
saires à un gouvernement réformateur : il
lui faut un terrain quelque peu solide et
une bonne méthode : un terrain solide, à
l'abri des crises incessantes qui paralysent
l'action des pouvoirs publics, affaiblissent
l'autorité républicaine, engendrent des
gouvernements sans esprit de suite et sans
crédit ; (me méthode politique et parle
mentaire qui consiste à ne pas aborder
toutes les questions à la fois, à limiter avec
soin le champ des réformes pour le par
courir plus sûrement ; à écarter les ques
tions irritantes et les débats stériles, à
modérer enfin l'initiative individuelle, de
façon à laisser au gouvernement l'initiati
ve qui lui appartient de droit ».
Tel est le programme que Jules Ferry,
ce ferme républicain, développait il y a
plus de vingt-cinq ans, devant le Parle
ment : Se contenter de réformes lentes
et progressives qui, tout en donnant sa
tisfaction aux exigences de la démocra
tie laborieuse, ne bouleversent pas du
four au lendemain les situations acqui
ses, ne déconcertent pas les bonnes vo
lontés et les longues entreprises.' Tel
devrait être l'objectif d'un gouverne
ment et d'un Parlement soucieux de
la prospérité du pays.
PROPOS D'ACTUALITÉ
B ien juge 1 ;
ï'ai le-plus profond respect pour les. préroga- «
tives de 'la Faculté. J 'estime que le médecin
qui a étudié, passé des examens, conquis des
brevets, a le dro^t d'exiger que ses intérêts
professionnels soient sauvegardés. Le mono
pole accordé aux médecins-est justifié par de
longs travaux et aussi -par la raison que toute
découverte faite par eux d'un traitement nou
veau est immédiatement répandue et vulgari
sée. On leur.doit bieçi quelque avantage en re.-
tour de l'abandon qu'ils font, au profit de tous,
de remèdes qui. leur rapporteraient gros s'ils
les .gardaient secrets.
Oui,, mais sous prétexte de-défendre un mo
nopole fort légitime, il ne faudrait pas pour-
tet ^partir en guerre contre des moulins à
v ^nt... Et c'est là ce qu'a fait ces jours der
niers le Syndicat des médecins de la Seiûe en
traînant en correctionnelle le vieux thauma
turge connu sous le nom de Zouave Jacob.
'Le-tribunal, en cette affaire, me paraît avoir
fort sainement jugé. Comme vous l'avez pu
Silhouettes Marocaines
*v
lofais la République, je le répète,
n'ét pas de pires ennemis que ces ambi
tieux et ces candidats réclamistes qui
prétendent faire de la représentation po
litique une carrière lucrative et' pour
donner au pays l'illusion du mouve
ment et du progrès, entendent tout bou-
léverser : finances, services publics, or
ganisation sociale, jettent comme défi à
la face de leurs concurrents, qui ripos
tent par les mêmes sottises, des projets
de réformes de plus en plus cahotiques
et coûteuses, pratiquent en un mot cette
méthode absurde et coupable de suren
chères qui a conduit aujourd'hui la
République à la limite au delà de la
quelle il n'y a plus qu'anarchie et réac
tion.
Georges MANCHEZ.
LE 20UAVÊ JACOB
voirTHms le Petit Joiirnai d'ïiter, ira débouté
te» mM'fiWtis. Et. vrauftent. c'est ce qtt'if àvfiït
les médecins. Et, vrairiient, c'est cé qtt'
de mie.ix à faire.
Voyons ? En quoi consiste le privilège que
la loi accorde à ces Messieurs de la Faculté ?...
Ont-il seuls le droit de « guérir » ?... Non !...
ils ont seuls Je droit de « soigner » par les
procédés médicaux... Or, que fait le Zouave
Jacob ? Ii n'ordonne point de médicaments...
Au contraire, il les proscrit ; et il se contente
de .regarder et de toucher légèrement ses ma
lades du bout des doigts en invoquant les es
prits... C'est du spiritisme, du magnétisme, de
la suggestion, appelez ça comme vous vou
drez, mais sapristi, ça n'est pas de la médeci
ne. Je ne sais pas si ça fait grand bien aux
malades, mais, à coup sûr, ça ne peut pas leur
faire grand mal... Alors quoi ?... Où est la con
currence ?
Vous allez me dire que je prêche pour la- sor
cellerie.;. Pas du tout I Je prêche pour la li
berté. Nous avons bien le droit, que diable 1
de chercher où bon nous semble un remède à
nos maux. Il y a, par là-bas, dans /un lointain
faubourg, deux ou trois douzaines de pauvres
gens candides qui ont plus de confiance dans
les passes magnétiques d'un vieux zouave que
dans les plus graves préceptes d'Hippocrate.
C'est leur affaire. Mais, ce n'est pais oeia, je
crois, qui arrêtera la marche de là science.
Que les tribunaux soient impitoyables pour
les escrocs qui vendent fort cher de prétendus
remèdes, sans valeur en réalité, toujours .inef- j
ficaces et souvent dangereux... Rien -de
mieux... Contre ces gens-là, les médecins fe
ront toujours bien venus d'affirmer leurs
droits... Mais qu'on laisse donc, en paix Ces
bons vieux thaumaturges populaires qui", ne
faisant de tort à personne, lont du bien à quel
ques-uns, et ont du moins l'excuse de semer
au fond des âmes naïves un brin de ce spiri
tualisme, peut-être trompeur, mais si doux
parfois et si-réconfortant pour les pauvres
gens.
Jean kecoq.
L'ambassade, marocaine, arrivée depuis
lundi' parmi nous, accapare déjà l'ac
tualité parisienne. Sans doute, les' ques
tions qu'elle a à régler avec le gouverne
ment de la République française sont d'une
très .grande importance, mais' il nous suffit
de constater que le sultan Mbuley-Hafid,
en faisant amende honorable envers la
France, manifeste clairement, par l'envoi
de cette mission extraordinaire, qu'il a
conscience de- ce qu'une entente avec notre
paya peut assurer à la sécurité de son règne
au double point de vue intérieur et exté
rieur.
. N'étant pas dans le secret des.dieux, ou
pour mieux dire d'Allah, je-n'ai pour but
que de présenter aux lecteurs du Petit Jour
nal deux membres éminente' de l'ambassa
de marocaine.
A tout seigneur tout honneur.
Le choix du personnage que Mouley-Ha-
fid a placé à la tête de la-mission-est inté
ressant à plusieurs titres. D'abord El-Hadj-
Mohamed-El-Mokri -.-connaît, notre' pays
qu'il, avait visité il y a quelques années,
alors 90e le pauvre Abd-el-Aziz régnaitSurj
ifempire chérifien. JËl-Mokri est donc une-
reproduction, en petit, il est vrai, du fa
meux Talleyrand. Son dernier succès date
de la conférence d'Aigésiras où il eut à dé
fendre les intérêts... de son pays sous l'é
gide lourdement protectrice de l'Allema
gne.
Tout cela est connu, mais ce qu'on sait
moins, c'est que Si El-Mokri est d'origine
algérienne. Il porte en effet un nom illus
tre. Son aïeul, le célèbre historien El-
Mokri ou El-Maggari (1591-1632) a laissé un
ouvrage d'une importance capitale sur
l'histonre politique de l'Espagne musulma
ne. Or notre auteur était de Tltemcen, dont
la population musulmane est représentée
à Fez par une colonie considérable. Si El-
Mokri aime à rappeler son origine, et de
fait il accueille les Algériens avec une
affaibilité dont les Marocains ne sont pas
coutumiers à l'égard de leurs coreligion
naires.
x>
Il n'est pas de visiteur de marque à' qui
| le sympathique ministre n'ait fait l'hon
neur d'une réception dans la plus fastueu
se sialle qui existe non seulement à Fez,
mais encore au Maroc.
On a dit avec raison de ce diplomate, qui
approche de La cinquantaine, qu'il ressem
ble à s f y méprendre à M. Maurice Doranay. ,
A côté de Si El-HçudjrEl-Mokri, une autre {
figure extrêmement distinguée représente la
diplomatie marocaine. J'ai nommé Si Kad-
dorf ben "Ghabrit: "
Né à tlemceii, d'une vieillie famille mau
re qui se fixa à Sidi-Bel-Abbès, il fut atta
ché, il y a environ vingt ans, à la légation
de France à Tanger, en qualité d'interprète
auxiliaire et d'instituteur. Là, il sut dé
ployer une activité aussi intelligente que
tenace, dont le succès se traduisit par la
création de l'école arabe française, qui re
fuse maimteraaiyt des élèves. Le résultat
n'est pas mintce", comme on -pourrait le
croire, car pour venir à bout des préven
tions des familles marocaines à l'égard de
l'instruction profane française, il faut dis
poser d'une force de pensu&sion peu com
mune. . . .
En même temps, Si Kaddour acquérait
une, influence considérable dans les milieux
marocains si défiants, surtout envers les
musulmans algériens, qu'ils considèrent gé
néralement comme des renégats. Bien des
ministres ont passé à Tanger, voire même
des-sultans. Seul, Si Kaddour est demeuré
fidèle à. son poste.
Un des familiers de Mouley-H-afid m'a
affirmé que le nouveau Sultan avait une
antipathie marquée pour notre compa
triote et que maintenant c'est un de ses in
times.
Si vous nae demandez son âge, je vous di
rai seulement qu'il a été nommé officier dë
la Légion d'honneur en 1907, n'ayant pas
atteint la quarantième année.
Les services que Si Kaddour a rendus à
ila France-ne. sont pas seulement « excep
tionnels » parce qu'ils sont affirmés par
son dossier, mais on peut les.qualifier d'é-
EL MOKfil
t Marseille.)
minents: On' p'fiut aussi dire de lui que c'est
certainement l'homme qui connaît le mieux,
à l'heure qu'il est, l'empire du Magreb-el-
Aqça (Maroc), de l'aveu même dé tous les
hommes compétents.
N'y a-t-il pas là un exemple particulière
ment éloquent du parti que nous pourrions
tirer -d'une population où il suffit de ré
pandre un peu de notre génie français pour
obtenir des résultats inespérés, quoi qu'en
pensent certains coloniaux attardés dans
leurs conceptions rétrogrades des races in
férieures.: . . .
line protestation de M. Taft
Le Président des Etats-Unis a brusquement
quitté sa loge au théâtre au moment où
l'on dansait la matchiche.
* Washington, 28 Mai.
Le président Taft assistait, hier, à la pre
mière d'une pièce en quatre actes d'un, na
turalisme assez brutal. Au' premier acte,
on voit défiler tout un (monde d'escarpes du
district de Tenderloin et des femmes de
mauvaise vie.
Ce tableau des bas-fonds avait déjà déplu
au chef de l'Etait ; njais, lorsqu'à la fin du
premier acte, une jeune artiste, connue par
son amitié avec Evelyn Thaw, la femme de.
l'assassin millionnaire, se mit à danser la
maAchiche, le président, en guise de protes
tation, quitta brusquement sa loge. Il par
tit et, malgré toutes les instances, il ne
voulut p%s attendre la,fin d'une pièce qui
l'écœurait profondément ». . v
DANS LA FLOTTE
Le laacement du " Danton "
(Dépêche de. notre correspondant)
Brest, 28 Mai.
On continue toujours à préparer le nou
veau lancement du Danton ; toutefois au
cune date ne peut encore être fixée et on
ne sait pas encore si tout sera prêt pour le
4 juin, date de la prochaine grande marée.
■ Le croiseur cuirassé Amiral-Aube; qui se
trouvait dans le bassin de radoub pour vi
site, va subir plusieurs réparations urgen
tes qui demanderont un certain temps. Les
arbres porte-hélices ont besoin de répara
tions ; ses presse-étoupes et les coussinets
de la partie arrière du navire ont beau
coup souffert et plusieurs tôles de la ca
rène sont disjointes. Le gouvernail est éga
lèrent œ&uvalîs.
UNE CONFRONTATION
A VERSAILLES
**
Mlle Briard, en présence de son agresseur
l'ordonnance Friol, a raconté le crime
dont elle a été victime.
Les lecteurs du Petit Journal n'ont pas
oublié la tentative de meurtre commise à
Versailles par Désiré Priol, ordonnance du
capitaine Briard, sur la fille de l'officier»
Mlle Suzanne Briard.
Désiré Priol, arrivé hier- matin de la
prison du .Cherche-Midi en voiture cellu
laire, accompagné d'un sergent surveillant,
a été, en présence du capitaine rapporteur
Jullien, confronté avec sa victime, Mlle
Siîzanne Briard, au domicile de cette .der
nière, 41, rue Borgnls-Desbordes.
Mlle Briard a .raconté que l'ordonnance,
après l'avoir, sous un prétexte, appelée au
troisième étage, avait ^ré sur . elle sept ou
huit coups de revolver sans un mot d'ex
plication.
Désiré Priol n'a opposé aucun mot de
dénégation au récit de la jeune fille.
Il a dit qu'il était devenu fou-et qu'il
s'adonnait' à la boisson. De plus, il prétend
qu'à la suite d'une chute de cheval, il était
devenu irritable à l'excès.
Mlle Briard, a-t-il déclaré, avait eu le tort
de.ne.pas lui témoigne^-assez d'indulgence.
Elle lui Darlait trop sèchement et lui avait
fait avoir huit jouirs de prison ; il avait
voulu se venger. .
De Son côté, Mlle Briard a . déclaré. au
capitaine rapporteur qu'elle Dardonnait à
son meurtrier pat ce que c 'était au service
ota son; pèfé que Praàï avait été blessé.
L'eiisw légale fle la C.G.ï.
EN QUESTION
Nous avons dit hier que le groupe séna
torial de l'Union républicaine avait chargé
son président, M. Antoine Pe-rrier, et trois
de ses membres, d'examiner la situation
de la Confédération générale du travail au J
point de vue légal. !
M. A. Perrier a déclaré, à ce sujet, à un
rédacteur de l'Agence Fournier, que la
C. G. T. est un danger parce que, non sa
tisfaite d'inquiéter l'opinion publique,
« elle jette le désordre dans les rangs des
vrais ouvriers », par l'intervention de quel
ques personnalités violentes. Les délégués
du groupe sénatorial, après avoir examiné
la question qui leur est soumise, feront un
rapport ; les membres de l'Union républi
caine prendront ensuite une décision en
vue d'inviter le gouvernement à faire ces
ser cet état de choses.
- Nous sommes, a dit M. Antoine Perrier,
en présence de dieux solutions :
; « Si la C. G. T. est constituée légalement,
nous ne reclamerons pas moins des pouvoirs
publics les mesures tendant à empêcher le
renouvellement des faits regrettables repro
chés. • *
« Si la C. G. T. n'est pas constituée légale
ment, nous examinerons si le Sénat ne doit
pas demander au gouvernement sa dissolution
dans des conditions à déterminer, mais je vous
le répète, tout ce que je viens de vous dire est
subordonné à l'examen que nous ferons d'une
question dont nous ne -nous dissimulons pas
la gravité.
« En présence de l'émotion causée dans le
public par les derniers événements qu'occa
sionnèrent les grèves et dans lesquels la C,
G. T. a eu une action directe, nous avons con
sidéré qu'il était air devoir du groupe de
l'Union républicaine du Sénat de provoquer
l'examen des mesures à prendre pour rassu
rer l'opinion publique, et empêcher, si possi
ble, le retour de fâçheux événements. »
Le groupe de l'Union républicaine veut
ainsi témoigner de la sérieuse attention
qu'il porte aux intérêts généraux du pays.
3^ :
AUTOUR DU PROCES RENARD
L'AFFAIRE STEINHEIL
**—•— .
Aliaire va être examiné par un médecin
aliéniste.
Ni Aliaire ni celui qu'il accuse d'avoir
trempé dans, le crime de l'impasse Ronsin,
Ange Tardive!, n'ont quitté, hier, 1% prison
de la Santé.
A la suite des interrogatoires de là veille
où il est apparu au juge, M". André, que
paut-être Alla.iire ne jouissait pas de toutes
ses facultés, le magistrat a décidé de faire
examiner l'inculpé.
Hier, le docteur Vallon, médecin aliénis
te, a été chargé de rechercher jusqu'à quel
point Alîaire possédait de dispositions à
ï'affabuTlation et k l'esprit d'inVeètiD'fi éi de
mensongés.
Voir en 3 e page ho's âêpêchës sur TdtdîièL
à son lit de mort
DÉCLARATIONS SE M' USASSE
■ 'Au moment où va s'ouvrir le nouveau
procès Renard devant les assises de Seine-
et-Oise,. un incident nouveau vient de se
produire qui jette un jouir inquiétant sur
l'état d'esprit de Courtois à ses derniers
moments et, d'une manière générale, sur
les allégations de cette nature maladive et
fourbe.
Quelque temps avant de mourir, Cour
tois aurait lancé contre un prêtre, l'auniô-
niier du pénitencier de Saint-Ma:rtAn-de-Ré,
des accusations particulièrement odieuses
et — il est à peine besoin, de le dire —abo
minablement mensongères.
Nous avons vu, hier, M" Lagasse, défen
seur de Renard, et nous lui avons deman
dé ce qu'il fallait penser de ce récit et.s'il
comptait tirer parti de ce nouvel incident,
. — .Les faits auxquels vous faites allusion,
nous a-t-il dit, sont exacts, rigoureusement
exacts, je m'en porte garant.
C'est — je n'ai. aucune raiàon de ne pas le
révéler — le directeur même de l'administra
tion pénitentiaire, M. Schrameck, nui m'en a
avisé. En outre, une des personnalités mêlées
à l'incident est venue me, voir à Paris, pour
libérer sa conscience, tant la duplicité de
Courtois en cette dernière circonstance a fait
•une profonde et pénible impression sur son
esprit.
Ce nouveau fait ne peut que renforcer ce
que j'îfi déjà eu l'occasion de vous dire. Vous
pouvez déclarer que je suis décidé à vider à
fond cet incident, comme les autres, devant
la cour d'assises, persuadé que je suis, plus
que jamais, de l'innocence de mon client.
En somme, ]e le répéterai sans me lasser,
le procès de Renard, c'est le procès de la sin
cerité de Courtois, puisque, encore une fois,
il n'y a, en dehors des accusations de Cour
tois, rien contre Renard. Or, ces accusations,
Renard les a toujours repoussées avec force.
Ce dernier incident donne la mesure de la
sincérité de Courtois. Et si je rapproche ce
mensonge avéré des déclarations de l'oncle de
Courtois qui l'avait élevé, disant que son ne
veu était un menteur et qu'il était tires capable
d'avoir accusé un autre pour se disculper lui
anC«ne du crime qu'on lui reprochait, je sou
tiens que- toutes ses accusations n'ont plus au
cune valeur.
Ces mensonges n'ont, du reste, rien de bien
sunnrenant de la part d'un malade tel que
Courtois. Des médecins me- l'ont souvent af
firmé, l'hystérie de l'accusation n'est pas rare
chez les tuberculeux. Rappelez-vous.: avant
d'accuser Tormellement Renard du crime,
Courtois-, on ne l';t pas assez dit, avait fait
porter ses soupçons sur plusieurs des habi
tants de l'hôtel Remy, à l'heure où c'était lui
qui dirigeait la police ' dans* ses investiga
tions...
Et, 1© geste énergique, M" Lapasse, satis
fait de la tournure des événements, nous
dit encore, en, nous reconduisant, son in
tention de donner, à l'audience prochaine,
■ toute leur, aïripleur aux fai,ts qi^i se sont dê-
rôulês* dérfmis le ■prémier procès.
L'ENQUÊTE
sur la Marine
1 4Les officiers enquêteurs du 1 er Conseil de
guerre Maritime ont été mis, hier, eo
possession des pièces saisies chez
M. Dupont.
. Ce Parquet du premier conseil de guerre
maritime a commencé, hier, à s'occuper
de l'affaire des dossiers saisis sur la de
mande de la commission d'enquête, chez
M. Dupont, ancien chef du cabinet techni
que au ministère de la Marine.
Dès que l'ordre du ministre fut parvenu
à Cherbourg, le capitaine de vaisseau de
réserve Archimbaud, commissaire du gou
vernement, le lieutenant de vaisseau Ri-
gant, rapporteur ,et le maréchal des logis),
-chef d§- gendarmerie eo retraite Bondét,
'greffier près ïel" «CMïsîeil de guerre .œar.i^
time, étaient partis pour Paris, afin de pro
céder sans tarder à l'examen des papiers
saisis dans le bureau de l'ancien chef du-
cabinet de M. Tlhomson.
A son arrivée, M. Archimbaud s'était
rendu au ministère de la Marine, mais il
ne put être reçu par M. Alfred Picard, à ce
moment -retenu à la Chambre. Le capitaine
de vaisseau dut revenir, hier matin, à dix
heures et demie, pour se présenter au 'mi
nistre. •
Le capitaine de vaisseau Archimbaud fut
aussitôt mis en rapport avec M. Mangon de
Oa Lande, sous-chef de bureau de la justice
maritime, qui mit à la disposition du cpm-
missaire et du rapporteur le salon affecté
ordinairement à la commission d'examen
des comptes de travaux de la Marin».
Néanmoins, l'examen du dossier n'a pas
commencé da,m la matinée, ainsi qu'on s'y
attendait, et M. Archimbaud s'est retiré
vers midi, laissant les scellés intacts.
Les membres du Parquet maritime sont
revenus à trois heures de l'après-midi au
ministère et se sont installés dans la salle
réservée à leurs travaux.
Depuis trois jours, le dossier volumineux
saisi chez M. Dupont était resté enfermé
dans une armoire, scellée elle aussi et fer
mée 4 clef, dans une petite pièce attenante
au bureau du chef de cabinet du ministre.
Pendant le jour, M. Cœuir, chef surveillant
technique des constructions navales, atta
ché au-cabinet de M. Alfred Picard, était
chargé de veiller sur les scellés; et, la nuit,
les clefs de l'armoire et de la pièce où elle
se trouvait étaient confiées à l'officier de
service, et des marins montaient la garde,
tour de rôle, aux -aiiords.
Dana la matinée d'hier, uirae -équipe de
marins avait été employée à transporter
dans la salle d'examen des comptes, les
treize cartons verts et le grand carton jau
ne contentant les documets.
Tout était donc en place lorsqu'à trois
heures le Parquet ouvrit sa première séan
ce. Elle se prolongea jusqu'à six heures.
Nous avons pu nous entretenir avec le
commandant Archimbaud au moment où
il en sortait.
Le commissaire du gouvernement, un.
homme de haute taille, bien pris dans une
jaquette noire décorée de la rosette de la
Légion d'honneur, et dont la figure ouverte
est encadrée d'une barbe presque blanche,
nous accueille aimablement.
— J'ai été reçu ce matin par le ministre,
nous dit-il, et il m'a mis succinctement au
courant de l'affaire. Nous avons tout à l'heure
entendu M. Dupont, mais ceci uniquement à
titre d'indication, car c'est seulement demain
qu'il fera sa déposition officielle, en présence
-
de son avocat.
Nous n'avons nas encore commencé l'exa
men des pièces saisies- et leur étude deman
dera probablement plusieurs jours.
Sur le s'ens môme des déclarations de M. •
Dupont, le commandant, s© retranchant
derrière le secret professionnel, refuse de
donner des détails.
Au cabinet du ministre, on se montre
encore plus sobre de renseignements et on
affirme même ne chercher aucunement à
connaître la marche de l'instruction, afin
de ne pas paraître infiuenceir les membres
du Parquet.
Notons toutefois qu'un ancien collabora
teur de M. Dupont avi cabinet de M. Thom
son et qui a continué ses fonctions auprès
de M. Alfred Picard, nous a affirmé, hier,
qu'aucune pièce n'avait été enlevée du mi
nistère, postérieurement au départ de M.
Thomson, de la rue Royale, contrairement,
aux bruits qui avaient couru dans les cou
loirs de la Ghambre.
D'autre part, au ministère de la Justice,
on affirmait, hier matin, que la nouvelle, .
d'après laquelle le parquet de Lyon aurait
été saisi de la plainte déposée par le garde
des sceaux contre les aciéries d'Uni eux, à
la suite de la lettre de M. Delcassé, prési
dent de 'la commission d'enquête, était au
moins' prématurée. M. Briand attend les
documents pour les envoyer au Parquet
général de Lyon.
HORRIBLE CHUTE
dais u flot i'wr en fusion
lDépêche de noire correspondant)
Lille, 28 Mai.
A Lesquin, on préparait la coulée d'une
énorme pièce, dans laquelle devaient entrer
14.000 kilos d'acier, lorsqu'on s'aperçut que
j 1'acier en fusion formait une croûte super
ficielle, qui futipercée immédiatement, puis
le bassin fut penché pour procéder à la cou
lée. Mais la croûte se reforma, alors un des
ouvriers s'empara d'un marteau et la brisa
d'un eou.p sec.
Un bruit formidable retentit, comparable
,à la détonation d'un coup de canon, et la
coulée s'épandit sur 1e sol comme une lave.
L'homme au marteau fit un bond en ar
rière et fut indemne, mais un de ses cama
rades de travail, nommé Gustave Décatil-
Ionv âgé dfe 38 ans, fut atteint paT le flot çt
resta figé au sol, ayant de l'acier en fusion
jusqu'aux chevilles.
0,n s'élança; ; ii vivait encore.
L'.amputatiom des dieux pieds, qui ski ,
carbonisés jusqu'aux ôs, devra être faite.
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