Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1909-05-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 mai 1909 30 mai 1909
Description : 1909/05/30 (Numéro 16956). 1909/05/30 (Numéro 16956).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
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Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k618639z
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/10/2008
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les Abemievnjrnta
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Le Supplément illustré, ... 5 cent.
Le Petit Journal agricole. 5 cent.
Le Petit Journal illustré de la Jeunesse fl O cent.
La Mode ... 10 cent-
Directeur s CHARLES PREVET
"«S 5 ABONNEMENTS étranger
« TRÇIS MOIS......: a m..
■tn PT » ■, . SIX MOIS 45 m.
24 fp UN AN 30 Fa.
t'i. Les Abonnements
; pariext.iesl'TetlSdc cnefoemois
DIMANCHE 30 MAI 1909
. 150 PENTECOTE 215'
QUARANTE-SEPTI ÈME AN NÉE ( N uméro 16,956,
tes manuscrits ne sont pas rendus
he commandant Paul Renard, ancien di
recteur des établissements' aérostatiques de
Chalais-Meudon, a {ait il y a> . vingt-cinq
■'ans,' de remarquables expériences de bal
lons dirigeables avec - son frère. Ecri
vain'scientifique apprécié en même temps
fa'inventtur - distingué, le commandant
Wicl Renard ■est Qualifié narltentièrement
' LE COMMANDANT PAUL. RENAUD
pour donner un avis autorisé sur le grand
problème de l'aviation. ,
i Voici l'intéressant article, qu'il a écrit
sur du -Petit' Journal' : , : -, . .
Les mois qui viennent de s r écouler ont été
pour les aéroplanes une saison, morte.
Après Jeurs brillants exploits de 1908, les
a"viçtteurs semblent s'être retirés sous leurs
tpntps, ou plutôt dans leurs ateliers, afin
de Iperfectionner leurs appareils et d'es
sayer de réaliser en 1909 de nouvelles per
formances, plus brillantes encore que les
précédentes. Il faut nous attendre à les
voir-réapparaître à l'horizon et à appren
dre que de nouvelles tentatives ont été fai-
;es peup^it^afi/iter JLa.Jcturée jles vals^ Jj
distance parcourue; la hauteur atteinte.
Indépendamment de ces résultats faciles à
chiffrer, an recherchera également des amé-
liouations-à la stabilité des appareils dans
ions le»" ; sens, à leur facilité de départ,
d'atterrissage : et d'évolution au sein de'
l 'atmosphère. Le moment semble donc venu
3e jeter un coup d'oeil sur l'état actuel-de
^'aviation. " ~ .
Ce qui ressort d'un examen- sommaire
des aéroplanes, c'est qu'ils se partagent en
deux catégories : ceux qui ont une queue
stabilisatrice et ceux qui n'en ont point.
C'est, à mon avis, la classification fonda
mentale on pourrait en faire beaucoup
d'autres, et notamment distinguer les aé
roplanes en monoplans, bip.lans.et poly-
plan-s, mais c'est là une question d'ordre
secondaire ; les différences que présentent
ces divers systèmes sont plus intéressantes
pour les constructeurs que pour le puibJic.
Admettons donc la classification .fondée
pur la présence ou. l'absence de queué.
*»*
i Dans la première catégorie, celle- dès
aéroplanes à queue, se rangent tous les
appa-reils sauf ceux d'un type déterminé.
iLa queue-aurait donc nour elle la grande
rmajorité' si on consultait le suffrage uni
versel des aviateurs.
i Dans l'autre catégorie figure, un type
"unique d'appareil. Il est vrai que c'est ce
lui de Wright, c'e^t-à-dire celui.qui a don
né,-tant au point de vue de. la distance et
de la durée que de la réitération des ex-,
périences et de l'élégance di.es évolutions,
les résultats incomparablement-les -plus"
remarquables. La valeur de'c>e ''modèle
Unique en son genre compenserait,^ donc
l'infériorité du nombre de -ses partisans.
Pourquoi'! seul entre'tous;',Wright a-t -il
>upprimé la queue, et pourquoi .son exem
ple ii 'a -t-il été suivi par aupun .de ses con
currents ? C'est qu'il y a deux .écoles en
EH AVIATION
présence : l'une-celle du grand nombre,
que nous appellerons l'école française, et
l'autre, celle de Wright, que nous nomme
rons l'école américaine. ,
A quoi-sert la queue dans un'aéroplane?,
A assurer automatiquement la stabilité,
longitudinale, c'est-à-dire à combattre le?
mouvements de. tangage sans que l'avia
teur ait à intervenir. ■>.■.-
Il est facile de s'en rendre compte. Lors
que l'aéroplane donne du nez, pour em
ployer l'expression. usuelle, sa . queue se
relève et la face supérieure de celle-ci est
frappée par un courant d'air qui tend à
rabaisser et, par conséquent, à ramener
l'axe de l'a.ppareil dans une position hori
zontale. Si, au contraire, l'aéroplane se
cabre, l'avant est plus haut que l'arrière;
la queue se trouve de nouveau exposée à
un courant d'air, mais cette fois, c'est sa,
face, inférieure qui est frappée et la queue
tend à se relever gt, par conséquent, à
ramener encore l'axe de • l'appareil dans,
la bonne -position. Avec une queue bien
placée et - de , dimensions convenables-, on
•pieiiit atriver à uw-éq^iilibiy» • automatique
parfait dans le sens longitudinal et ac?
quérir la stabilité sans avoir à s'en préoc
cuper le moins du monde.
Avec un appareil sans queue, la stabili
té est, au. contraire, obtenue grâce à des
manœuvres permanentes imposées à l'avia
teur. Si l'aéroplane se cabre ou si son avant
s'abaisse, rien ne tend à le redresser au
tomatiquement. Il faut, que l'aviateur, dès
qu il a conscience du mouvement, manœu
vre son gouvernail horizontal d'avant, ap
pelé gouvernail de profondeur, dans le
sens voulu pour faire abaisser ou" remonter
1 avant et combattre ainsi le mouvement de
tangage qui tendrait à se produire sponta
nément. C'est pour l'aviateur une question
de doigté extrêmement délicat et exigeant
son intervention continuelle : la moindre
absence de sa part peut amener une catas
trophe. C est probablement ce qui est arri-
lieutenant italien Calderara, qui en
pilotant un appareil Wright a eu un mo
ment d'oubli, quelques-uns disent de syn
cope ; l'appareil abandonné à lui-même n'a
pu conserver son équilibre. Sous ce rap
port, l'aéroplane Wright est aussi instable
que le serait une bicyclette abandonnée à
elle-même ; l'intervention du cycliste est
tout à fait, indispensable pour iui garder
son équilibre. C'est là une infériorité pra
tique de l'appareil des Wright, mais on se
rait tenté de ne pas la considérer comme
lème qukm grand no
H?" & 'Traf^ira.^oîïi
•• .v -,.-ï u A,.y.?, u , 1 ,?, I ?t ; , s'en, dopper la, .peinç.,—,
arrivent a monter à bicyclette, et. au bout
de quelque,temps.à .faire instinctivement
les mouvements de guidon nécessaires, un
aviateur arrivera à manœuvrer instinctive
ment le gouvernail de l'aéroplane Wright
Mais la comparaison n'est pas exacte :
le cycliste n'a à s'occuper que de son gui
don, tandis que Wright, outre son gouver
nail de profondeur,- doit manœuvrer son
gouvernail de direction et, de plus la
commande du gauchissement de ses a'iles
qui est également nécessaire soit pour ré
tablir l'équilibre transversal compromis
soit pour effectuer des virages. Au point
de. vue de la fatigue intellectuelle, il se
trouve donc dans les conditions d'un cy
cliste qui aurait à manœuvrer simultané
ment trois guidons et à faire pour chacun
d'eux instinctivement les mouvetnents né
cessaires. C'est certainement possible puis
que Wright le fait; ce n'est certainement
pas facile car il a fallu longtemps poui- for
mer de .rares pilotes qui, jusqu'à Dré sont loin d'égaler leur maître. '
A côté des inconvénients il faut indiquer
les avantages, car la préférence de Wright
resterait inexplicable.
Si la queue favorise la stabilité elle
rend moins faciles les évolutions dans le
sens vertical. Celles-ci nécessitent une in
clinaison déterminée de l'axe longitudinal
de l'appareil ; or le rôle de la queue est
précisément de s'opposer à de telles incli
naisons, voulues ou non. Elle gêne donc
la manœuvre verticale : il faut pour la
produire que le gouvernail de profondeur
soit assez fort pour vaipere la résistance
de la .queue, et, malgré tout, les aéropla
nes de l'école'française'ne peuvent arri
ver'à la souplesse et à l'élégance de mou
vements qui ont fait l'admiration de tous
ceux qui ont vu évoluer Wright. Ce sont'
donc des montures plus sûres,mais moins
élégantes ; il y a entre les aéroplanes-des
deux écoles une différence analogue à cel
les qui existent entre de bons chenaux
d'ômnihus et des pur-sang. Ces derniers
ont certainement une allure, beaucoup plus
élégante et bien .digne d'exciter, l'admira
tion "des spectateurs ; les .autres^rendent,
plus die services pratiques,. et -sont d'ail
leurs, plus faciles à conduire. ,
Il en se»a de même des aéroplanes des
deux' écoles. A ceux die l'école. américaine
appartiendront les brillants exploits , et - la
virtuosité des concours select ; mais, .quand
t>n voudra faire du transport aérien prati
que, l'avantage reviendra probablement
-aux aéroplanes de- l'écolé -française, c'est-
à-dire à ceux doflt la stabilité s'obtient au
tomatiquement.. ; • ; , ••
j - Au surplus,, no'us conseillerions aux avia
teurs de commencer leur apprentissage
aVec deis appareils' de aë type et de ne se
risquer sur un Wright qu'une fois "devenus
de sûrs pilotes d'aéroplanes ordinaires : ce
n'est pas sur des pur-sang qu'un cavalier
novice prend desleçons d® manège, eit on
ne peut faire de virtuosité dans un genre
quelconque qu'après avoir appris'pa.r des
exercices simples les .principaux secrets. de
son art. - : '
Commandant Paul RENARD^
PROPOS D'ACTUALITÉ
La %osière de ïNan terre
sera couronnée aujourd'hui
——**
Un survivant des "SeaQs PQmpiers" de la chanson
. ->,assisieraJ: Ia -fiêrêmcniE.. .
M»" HÉLÈNE P1LLIET
Rosière .
"Naiiterre, célèbre par ses rosières et ses
'pompiers, va fêter aujourd'hui dans une
même cérémonie ces 1 deux gloires, car au
çouronnement de. la rosière assistera l'uni
que survivant des-pompiers fameux immor
talisés par la chanson. ■
Figure originale, qui ne sera pas moins
remarquée ; que-celle de l'héroïne, le père
Pliélizon, ■ âgé de 75 ans, doyen des pom
piers de Nanterre et du département de la.
Seine, est ehtré le 20 mars 1802 : dans la
compagnie,des beaux militaires. Il a assisté
à 36- incendies, dont le plus terrible fut ce-
ilui de l'Hippodrome de Paris, le 29 septem
bre 1869. '
En plus, pendant la campagne de 1870, il
fit partie des troupes défendant la capitale
et prit part à la bataille de Buzenval. !
Combien de jeunes filles a-t -il pu Voir
couronner, depuis 46 ans qu 'il assiste régu-
LE n PERE » PHE'LIZON
(Cl. Billiotte'AsMomhd (Nauterre).
lierement-aux fêtes traditionnelles. Aujour
d'hui encore, portant fièrement le vieil uni-
fonme d'un corps dont il est le seul repré
sentant depuis 1870, la figure souriante
sous le casque surmonté de l'énorme plu
met, ' le vieux brave sera là, contemplant
d'un œil attendri la nouvelle rosière de son
pays.
La jeune fille qui, cette année, a mérité la
couronne, est Mlle Hélène Pilliet, âgée dé
.19 ans. Orpheline' de père et de mère,; ayant
deux frères, elle est employée comme cou-
peuse dans une maison de confection à Pa-
,ris, et demeure 59, rue de Saint-Germain,
a Nanterre, avec sa gra.nd'mère mater
nelle. .-
Ce sera, réunies dans une même cérémo
nie touchante, la fête du souvenir et celle
de la jeunesse. Le père Phélizon servira de
trait d'union entre le passé et le présent.
-ȕȕ*
Londres a 14 % d'espaces litores, et Paris,- où'
la- population est infiniment plus dense, n'en
a que 4 1/2 %. ;
Et, cependant, à Londres, on ne laisse ëcliap~-
per. aucune occasion d'augmenter le nombre
des jardins, die créer de nouveaux paires, de
"faire de nouvelles réserves d'air...' Il semble
qu-'à Paris, au contraire, on s'ingénie à dimi
nuer encore les espaces "libres, sans souci de 1$
santé et die la-beauté de la ville. On lotit, on
bdtit... Voilà tout l'idéal de notre jSdilité : faire
de hautes maisons ,de sept étages... En 1855,
Paris, qui ne comptait qu'un ipeu plus d'un
miliion d'habitants, avait 2.000 hectares de
parcs ; il en a aujourd'hui 2.005 hectares pour
trois millions d'habitants. L'augmentation est
de deux millions d'êtres d'une part ; de cinq
hectares de l'autre. Avouez que la proportion
est plutôt inégale:..
Il n'importe à nos édiles... Etouffez Pari
siens !... L'essentiel est die favoriser l'indus
trie des « marchands de biens. »
Or, on la favorise, cette industrie. On a loti
la,moitié du Champ-de-Mars... Ça ne suffit pas,
On détruit en ce moment les derniers jardins
de. Paris, on -anéantit ôes tparcs merveilleux
d-es^maisons' mngféganlsjôs, efiii 'étalent/ipolw-
les habitants de la rive gauche, des i réserves
d'air pur.Tour à tour disparaissent les jardins
des Oiseaux, de Picpus, des Carmélites, des
Dames de Saint-Michel, de l'Abbaye-aux-Bois.
C'est mainteai.ant le tour du plus beau de tous,
le parc du Sacré-Cœur, un parc seigneurial de
plus de cinq hectares; pian-té d'arbres magni
fiques... Bientôt tout cela sera rasé... et .rasé
aussi l'adinirable logis qui s'élève dans ce
parc, le célèbre hôtel de. Biron, l'un dies plus
somptueux vestiges de l'architecture du .XVIII"
siècle.
Oui, rasé..-.- rasé tout cela, en dépit, des pro
testations dies artistes, en dépit des supplica
tions des amis de Pans, malgré les cris d'alar
me des hygiénistes... L'inteirêt de quelques
spéculateurs sans vergogne passe avant tout,
avant le respect des chefs-d'œuvre, avaiit la
beauté de la ville, avant la santé des Pari
siens.
Les affiches sont posées ; le parc et l'hôtel
seront vendus. Bien mieux, le plan de lotisse
ment est déjà fait. Des rues et de grandies ba
raques modernes (ascenseur, électricité, télé
phone, eau "et gaz à tous les étages), voilà ce
qu'on verra d'ici peu à la place des arbres cen
tenaires et du merveilleux hôtel... Paris aura
perdu encore un peu de sa beauté, un peu de
sa santé... Mais qu'importe !... Un nouvel élé
ment de spéculation aura été offert à de gros
brasseurs d'affaires... £'est. l'essentiel.
Jean Lecoq.
a été assassiné, à Brest,
par un de ses camarades, croit-or
" . ** i . ■
LA VICTIME EST UN GARÇON DE CAFÉ
QUI HABITAIT LA RUE S'-JÀCQUES
(Dépêche de notre correspondant)
Brest, 1 29 MâL
Ce matin, à six heures, un gardien de
nuit de l'octroi qui cruittait son service, ; a
ûm*. .. •;
IMUillI
mmmàêêmm•
~r
Suicide d'un tommantfant se papeâot
(Dépêche de notre correspondant) . ■.
\ . Marseille, 29 Mai.
La traversée du paquebot Dumbea, des
Messageries maritimes, courrier d'Austra
lie, .entré ce matin dans le port, a été mar
quée par un tragique événement.
En sortant des bouches de Bonifacio hier
matin, vers 8 heures,.- on a constaté la dis
parition.de M. Boyer, commandant du pa
quebot. Après des recherches faites dans
sa oabine, on a constaté que son revolver
avait disparu. On suppose que le comman
dant, atteint de neurasthénie depuis quel
ques jours 1 ,- à la suite d'un abordage que
le Dumbea eut dans le port de Bombay
avec le mrruebot Egypte, s'est donné la
mort en se tirant un coup de revolver au
moment même où il se jetait à la mer.
L'INCIDENT
des déserteurs de Casablanca
(Dépêche de l'Agence Havas)
Berlin, 29 Mai.
Le baron de Berckheim, chargé d'affaires
de France à Berlin, et M.- de Schœn, mi
nistre des affaires étrangères d'Allemagne,
ont signé, cet après-midi, à quatre heures,
le procès-verbal par lequel, conformément
à leur .accord de novembre* dernier, les'
deux gouvernements s'expriment mutuelle
ment leurs regrets des faits relevés à la'
charge de leurs agents respectifs par les
juges arbitraux de La Haye.
■Voir en 3° page : L'AFFAIRE MARIX :
un incident à la Cour d'appel.
LES MARINS DE L'ETAT
Dont assurer les services
, Les ministres se sont réutnis, à 2 h. 30,
en conseil de cabinet, au ministère de l'In
térieur, sous la présidence de M. Clemen
ceau, pour examiner la situation créée par
la grève des inscrits.
Il a été arrêté, conformément à des déci
sions antérieures, prises par le Conseil des
ministres, notamment en décembre 1902,
que le gouvernemieint, en vue d'assurer le
service entre la France, l'Algérie, là Corse
et la Tunisie, pour la transport des colis
postaux, des passagers avec leurs bagages
et des denrées périssables,' fournirait, à ti-'
tre provisoire, aux armateurs, pour la con
duite d'un certain nombre de bâtiments et
en vue de la, sauvegarde des intérêts pu
blies en souffrance, le concours des effec
tifs des marins de l'Etat.
A Marseille
LE PRIX DES DENRÉES AUGMENTE
Marseille, 29 Mai.'
Le travail commence à diminuer considé
rablement sur les quais par suite du désar
mement -presque complet de la flotte mar
seillaise. Un grand mécontentement se ma
nifeste parmi les ouvriers de, diverses caté
gories qui travaillent aux manipulations
des, marchandises ;- d'autre part, une cer
taine hausse s'est déjà produite sur les
vivres, les primeurs d'Algérie n'alimentant
plus nos marchés.
FRANÇOIS (ILLIAC
la victime
trouvé, sur le cours d'Ajof, le" corps"'d'ur .
individu étendu la face contre terre : li
crâne était ensanglanté, la figure tuméfiée
et couverte die boue, l'œil droit obstrué ;■ les
vêtements en grand désordre faisaient voi;
qu'il ,y avait eu lutte ,; . le cadavre aval
été traîné sur quelques mètres et,,à cet en<
droit, dans le caniveau, il y avait une fia*
que de sang..
A côté du mort, on trouvait un couteau,
un billet de chemin de fer de Brest à Pa
ris, pris en gare le 28 mai, et une lettre por
tant la suscription suivante, ; datée de Pa
ris : « François Ulliac. caporal réserviste
à, la 4 e compagnie du 2 e colonial, tirs die
guerre, Saint-Nic. (Finistère). »
Les deux régiments coloniaux ont effec
tué, en effet,, ces temps-cï, leurs tirs dans
la région de Menez-Hum et sont rentrés
• avant-hier.
% Lç médecin-légiste a conclu à' un crime;
il y a eu strangulation, deux coups de cou
teau .au-dessous 1 du. menton et des contu
sions graves au. crâne.
La victime est bien François Ulliac,30 ans.
célibataire, garçon de café, demeurant, 275,
faubourg Saint-Jacques, à Paris, hôtel du
Mont-Blanc.
Il paraît avoir 'été la victime d'un guet-
apens de plusieurs soldats coloniaux qui,
croyant qu'il avait encore de l'argent,
avaient formé le projet de le dévaliser.
Ces soldats sont connus et le dernier^qui
se trouvait, cette nuit avec Ulliac vient d'ê
tre arrêté ; c'est Eugène Guillie'n, vingt-neuf
ans, de Gourdon (Lot).Il nie, mais ses'anté
cédents sont mauvais : il sort des compa
gnies de discipline d'Oléron.
-■■■■
A Paris, à l'hôtel du ESont-Blanc
Nous nous sommes rendu, hier soir, à
l'hôtel du Mont-Blanc, 275, rue Saint-
Jacques.
Là propriétaire, Mme Revil, ne connais
sait pas la fin tragique, de son locataire
qui habitait chez elle depuis sept ans et
sut- le compte duquel elle nous a fourni les
renseignements les plus favorables. '
Un peu émue malgré tout, de la nouvelle
que nous lui apportions, Mme Revil nous
a dit qu'elle avait reçu,, la semaine der
nière, une lettre de François Ulliac dans
laquelle il la priait de lui envoyer vingt
francs à titre de prêt qu'il lui rembourse
rait à son retour, ' spécifiant, .qu'il avait "
besoin de cette somme-pour dimanche; ma
tin. Mme Revil .avertie par une sorte de
pressentiment, retarda, jusqu'au lundi l'en
voi dé cette somme pour que le réserviste
ne pût en faire un mauvais usage .le di
manche, pensant que' cette somme lui
Feuilleton du PETIT JOURNAL du 30 Mal 1909
-i- - • ~ n
nous commençons
Lfl DOULEUR D'AIME
GRAND ROMAN INÉDIT
pan ely jvioNtcI a ERG
PREMIÈRE PARTIE '
1 -
Ûevant le grand portail de l'église Saint-
Philippe du Roule, une double haie de
curieux stationne. ■
Des plantes vertes, une marquise de toi
le, un tapis rouge qui descend jusqu'au
bord du trottoir... Un mariage : riche se
célèhre, et c'est pour contempler le cor
tège à l'issue de la cérémonie que s'assem
blent les badauds, friands de ce genre de
spectacles. "■ .
Ils trompent les ennuis de l'attente en
échangeant des plaisanteries. Plaisanteries
que l'on devine.
Mais voici le coupé fleuri précédant les
landaus du cortège. Le portail de l'église
s'ouvre à deux battants, l'orgue joue la fa
meuse marche nuptiale de Lohengrin.
C'est dans, la pénombre du sanctuaire un
flot de 1 blancheurs neigeuses qui s'avance...
■ ïraduetton et reproduction interdites.
Du coup, le silence se fait immédiate
ment. Les têtes se tendent avides et cu
rieuses.
Derrière les mariés, la foule des invi
tés forme un défilé imposant et magni
fique. Les femmes sont empanachées, mou
lées dans des robes splendides, les hom
mes sont impeccables- sous la redingote
aux lignes sobres.
Saisie par. le grand jour de la ru'e, la
mariée baisse le* yeux derrière son voile
de dentelles que.surmonte une légère cou
ronne de myrte et de fleurs d'oranger mê
lés. La petite main se crispe un peu ner
veusement sur le • bras de l'époux.
Toute cette foule qui la dévisage l'inti
mide -;-'elle rougit jusqu'à- la racine des
cheveux et baisse la tête, comme honteuse
de se voir ainsi offerte en spectacle.
Heureusement sa confusion ne sera pas
de longue durée. La, portière du coupé est
ouverte, l'épouse s'engouffre à l'intérieur,
le valet de pied'ramène sa traîne, les' mille
' plis du voile... A ses côtés, son mari s'ins
talle, puis la voiture file, rapide, dans la
direction des Champs-Elysées'.
— Cristi 1 s'exclame un patronnet, si
qu'on verrait tous les jours des mariées
aussi chouettes, « j'y aurais du goût ».
— Dis donc, loupiot ! rétorque une com
mère, y a . pas qu'elle, vu que le marié est
assez joli garçon pour qu'on le reluque !
Certes, oui, fort joli garçon.
Grand, élancé, blond, le teint clair, de
beaux yeux gris très caressants, la pious-
tache mousseuse et dorée, recouvrant en
partie une bouche saine aux lèvres ppur-,
près qui, lorsqu'elle riait, laissait voir de"
solides dents blanches...
La délicieuse créature qui se tenait près
de lui, rougissante, était fort excusable de
le regarder avec une sorte d'extase. Il va*
lait la paine qu'on s'éprit de lui. Mais elle,
toute menue, toute charmante, n'était'pas-
moins désirable.
On eût dit une vierge de vitrail, une ap
parition, une fée.
Autour de sa tête fine, s'enroulaient en
torsades savantes d'invraisemblables che
veux d'un de ces blonds du Nord, si soyeux,
si pâles, si rares : une merveille.
Front candide, bouche mutine, sourire
exquis, prunelles aussi bleues que le ciel
pur de ce beau jour d'avril.
Corps d'enfant, cœur de femme, âme ar
dente sous des dehors paisibles et calmes,
âme d'amoureuse éprise jusqu'à, la folie,
qui n'avait point osé se révéler encore,
qui s'ignorait peut-être...- ,
Muets, car le bonheur, le grand bonheur
n'incite guère à l'éloquence, ils se pres
saient les mains, ils demeuraient pensifs
et graves, tandis que le coupé roulait vers
l'Etoile. Peut-être en avaient-ils trop à- se
dire...
Aux environs de la porte Dauphine, à
l'extrémité de l'avenue Bois, les che-
' vaux stoppèrent devant un de ces immeu
bles tout blancs, immenses, récemment
construits, qui ouvrent sur le bois de Bou
logne leurs multiples baies.
Le vestibule était orné de verdures et
de fleurs, l'escalier de même, jusqu'au pre
mier étage.
Là, une porte ouverte à deux battants
permettait de voir une longue galerie, l'en
filade des salons vides, la salle à manger,
où deux maîtres d'hôtel à faces de diplo
mates, achevaient de dresser le buffet.
.Comme les mariés précédaient de plu
sieurs minutes le reste du cortège, ils pas
sèrent dans une petite pièce retirée pour
que la jeune femme pût ôter son voile et
rajuster sa coiffure. '
Quand la camériste eut emporté les
blanches dentelles et que, pour la première
fois, l'épouse se trouva seule avec le maî
tre de sa vie, elle ne put s'empêcher de
Tougir et de détourner les yeux.
— Josette 1 ma chérie ! appela tendre
ment le mari en lui prenant les mains.
—■ José ! balbutia-t-elle en rougissant
plus fort.
— Etes-vous heureuse vraiment ?
—- Si je suis heureuse ? Est-ce qUfe cela
se demande ? Je vous aime, nous voici
mariés, tous les obstacles aplanis... Oui,
José, je suis heureuse, divinement heu
reuse... Mon beau rêve est devenu une
réalité.
Il l'attira contre sa poitrine sur" laquelle
Josette se blottit.
— Va... ne crains rien, lui dit-il à l'o
reille. Je suis à toi, je t'adore et je veux
te faire une existence de reine. Tes parents
ne se repentiront jamais d'avoir enfin cédé
à nos instances. Ët toi 1 toi !-mon amour
chéri... tu...
L'entretien fut interrompu brusquement,
car le cortège arrivait.
Dans la galerie voisine, ce fut un brou
haha caractéristique, des rires discrets,
des échanges de compliments. '
— Où sont donc les mariés ? demanda
Quelqu'un à haute voix.
Chose bizarre, le son de cette voix fit
tressaillir José. Il ■ devint pâle, repoussa
nerveusement sa compagne et s'écria :
— Qui. parle ?
— Je l'ignore, répondit Josette que ce
brusque changement stupéfiait.
Quelque curieux de mauvais goût, sans
doute, puisqu'il est d'usage, hélas ! que
nous soyons en ce jour le point de mire
de tous les regards.
Ah ! si j'avais été la maîtresse, mon cher
mari... Nous nous serions mariés simple
ment, discrètement ; cela c'en eût que
mieux valu, n'est-ce pas ?
—. Certes ! Mqis... permettez !
Il entre-bâilla la poirte du petit salon.
Juste à ce moment, la même voix, métal
lique et stridente prononçait cette phrase :
— Oui... il y a des gens qui ont de la
chance, des gens à qui tout sourit...-Le ma
riage du docteur José Brizeux avec Mlle
Josette d'Aprevasl c'est un de ces coups heu
reux de la destinée. Je souhaite pour lui
que cela continue.
En entendant ces v mots, José frémit. Il
dut s'appuyer contre le chambranle de la,
porte ; une sueur glacée inonda ses tem
pes. v , •
— Qu'avez-vous ? interrogea la jeune
femme, déjà inquiète.
Rien, ma chérie, un. étourdissement...
cela passe... voyez !
Tout en s'essuyant le front, il fouillait
d'un œil aigu parmi la houle humaine
emplissant la galerie. Il ne trouva pas ce
qu'il cherchait, car il murmura avec une.
expression de soulagement indicible en ra
battant le vantai'
■— Je me serai trompé-
Josette, quelle trouble de .son mari pré
occupait beaucoup plus qu'elle ne voulait
le laisser voir, demanda :
— Trompé ? en quoi, s'il vous plaît' ?
— Ôh ! une illusion de l'ouïe... illusion
stupide. J'ai cru reconnaître l'accent d'un
homme qui est en ce moment à des mil
liers de lieues... s'il vit encore toutefois.
Quelle folie 1
N'y pensons plus et allons rejoindre tous
ces gens, puisqu'il faut accomplir la cor
vée jusqu'au bout. ;
Elle-le regarda-au fond des yeux.
— Est-il vrai que vous m'aimez, mon
cher mari. ? Dites, oh ! dites-le-moi ! J'ai
tant besoin de: le croire. Si vous saviez...
mon enfance n'eut aucune douceur, aucune
tendresse... Avant vous, personne n'eut
d'affection vraie pour Josette d'Apreval.
Et vous êtes toute' ,sa vie, désormais...
acheva la nouvelle mariée d'un accent
ému.
— Comme vous êtes toute la mienne;..
Oh ! ma chérie, te conquérir, t'emporter...
te garder sur mon cœur, quelle ivresse -!
Une fois encore, ces effusions devaient
être interrompues.
Mme d'Apreval, la mère de Josette, en
trait en coup de vent dans le petit salon
et protestait contre l'isolement des jeunes
époux. .
— Allons ! faites votre devoir, montrez-
vous. On vous réclame de toutes parts.
Josettè, tés .amies se désolent de ton absen- .
ce. Va les retrouver,, dépêche-toi...
Tout en parlant, Mme d'Apreval pous
sait sa fille hors du petit salon, sur 1(
seuil duquel trois ou quatre jeunes fillet
la happaient pour ainsi dire au passage.
Le docteur Brizeux et sa belle-mère se
trouvèrent seuls. Aussitôt, pris d'une hâte
Ai?
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IjHs plus KEP^asrDXJ, le mieux rensbig-nb
ADMINISTRATION, RÉDACTION ET ANNONCES'
, 61, rue Lafayette, à Paris (9 ae )
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Rédaction......:
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UN AU.
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18 FR.
les Abemievnjrnta
partait issl""et US de chaque mais
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SIX PAGES
cent.
Le Supplément illustré, ... 5 cent.
Le Petit Journal agricole. 5 cent.
Le Petit Journal illustré de la Jeunesse fl O cent.
La Mode ... 10 cent-
Directeur s CHARLES PREVET
"«S 5 ABONNEMENTS étranger
« TRÇIS MOIS......: a m..
■tn PT » ■, . SIX MOIS 45 m.
24 fp UN AN 30 Fa.
t'i. Les Abonnements
; pariext.iesl'TetlSdc cnefoemois
DIMANCHE 30 MAI 1909
. 150 PENTECOTE 215'
QUARANTE-SEPTI ÈME AN NÉE ( N uméro 16,956,
tes manuscrits ne sont pas rendus
he commandant Paul Renard, ancien di
recteur des établissements' aérostatiques de
Chalais-Meudon, a {ait il y a> . vingt-cinq
■'ans,' de remarquables expériences de bal
lons dirigeables avec - son frère. Ecri
vain'scientifique apprécié en même temps
fa'inventtur - distingué, le commandant
Wicl Renard ■est Qualifié narltentièrement
' LE COMMANDANT PAUL. RENAUD
pour donner un avis autorisé sur le grand
problème de l'aviation. ,
i Voici l'intéressant article, qu'il a écrit
sur
Les mois qui viennent de s r écouler ont été
pour les aéroplanes une saison, morte.
Après Jeurs brillants exploits de 1908, les
a"viçtteurs semblent s'être retirés sous leurs
tpntps, ou plutôt dans leurs ateliers, afin
de Iperfectionner leurs appareils et d'es
sayer de réaliser en 1909 de nouvelles per
formances, plus brillantes encore que les
précédentes. Il faut nous attendre à les
voir-réapparaître à l'horizon et à appren
dre que de nouvelles tentatives ont été fai-
;es peup^it^afi/iter JLa.Jcturée jles vals^ Jj
distance parcourue; la hauteur atteinte.
Indépendamment de ces résultats faciles à
chiffrer, an recherchera également des amé-
liouations-à la stabilité des appareils dans
ions le»" ; sens, à leur facilité de départ,
d'atterrissage : et d'évolution au sein de'
l 'atmosphère. Le moment semble donc venu
3e jeter un coup d'oeil sur l'état actuel-de
^'aviation. " ~ .
Ce qui ressort d'un examen- sommaire
des aéroplanes, c'est qu'ils se partagent en
deux catégories : ceux qui ont une queue
stabilisatrice et ceux qui n'en ont point.
C'est, à mon avis, la classification fonda
mentale on pourrait en faire beaucoup
d'autres, et notamment distinguer les aé
roplanes en monoplans, bip.lans.et poly-
plan-s, mais c'est là une question d'ordre
secondaire ; les différences que présentent
ces divers systèmes sont plus intéressantes
pour les constructeurs que pour le puibJic.
Admettons donc la classification .fondée
pur la présence ou. l'absence de queué.
*»*
i Dans la première catégorie, celle- dès
aéroplanes à queue, se rangent tous les
appa-reils sauf ceux d'un type déterminé.
iLa queue-aurait donc nour elle la grande
rmajorité' si on consultait le suffrage uni
versel des aviateurs.
i Dans l'autre catégorie figure, un type
"unique d'appareil. Il est vrai que c'est ce
lui de Wright, c'e^t-à-dire celui.qui a don
né,-tant au point de vue de. la distance et
de la durée que de la réitération des ex-,
périences et de l'élégance di.es évolutions,
les résultats incomparablement-les -plus"
remarquables. La valeur de'c>e ''modèle
Unique en son genre compenserait,^ donc
l'infériorité du nombre de -ses partisans.
Pourquoi'! seul entre'tous;',Wright a-t -il
>upprimé la queue, et pourquoi .son exem
ple ii 'a -t-il été suivi par aupun .de ses con
currents ? C'est qu'il y a deux .écoles en
EH AVIATION
présence : l'une-celle du grand nombre,
que nous appellerons l'école française, et
l'autre, celle de Wright, que nous nomme
rons l'école américaine. ,
A quoi-sert la queue dans un'aéroplane?,
A assurer automatiquement la stabilité,
longitudinale, c'est-à-dire à combattre le?
mouvements de. tangage sans que l'avia
teur ait à intervenir. ■>.■.-
Il est facile de s'en rendre compte. Lors
que l'aéroplane donne du nez, pour em
ployer l'expression. usuelle, sa . queue se
relève et la face supérieure de celle-ci est
frappée par un courant d'air qui tend à
rabaisser et, par conséquent, à ramener
l'axe de l'a.ppareil dans une position hori
zontale. Si, au contraire, l'aéroplane se
cabre, l'avant est plus haut que l'arrière;
la queue se trouve de nouveau exposée à
un courant d'air, mais cette fois, c'est sa,
face, inférieure qui est frappée et la queue
tend à se relever gt, par conséquent, à
ramener encore l'axe de • l'appareil dans,
la bonne -position. Avec une queue bien
placée et - de , dimensions convenables-, on
•pieiiit atriver à uw-éq^iilibiy» • automatique
parfait dans le sens longitudinal et ac?
quérir la stabilité sans avoir à s'en préoc
cuper le moins du monde.
Avec un appareil sans queue, la stabili
té est, au. contraire, obtenue grâce à des
manœuvres permanentes imposées à l'avia
teur. Si l'aéroplane se cabre ou si son avant
s'abaisse, rien ne tend à le redresser au
tomatiquement. Il faut, que l'aviateur, dès
qu il a conscience du mouvement, manœu
vre son gouvernail horizontal d'avant, ap
pelé gouvernail de profondeur, dans le
sens voulu pour faire abaisser ou" remonter
1 avant et combattre ainsi le mouvement de
tangage qui tendrait à se produire sponta
nément. C'est pour l'aviateur une question
de doigté extrêmement délicat et exigeant
son intervention continuelle : la moindre
absence de sa part peut amener une catas
trophe. C est probablement ce qui est arri-
lieutenant italien Calderara, qui en
pilotant un appareil Wright a eu un mo
ment d'oubli, quelques-uns disent de syn
cope ; l'appareil abandonné à lui-même n'a
pu conserver son équilibre. Sous ce rap
port, l'aéroplane Wright est aussi instable
que le serait une bicyclette abandonnée à
elle-même ; l'intervention du cycliste est
tout à fait, indispensable pour iui garder
son équilibre. C'est là une infériorité pra
tique de l'appareil des Wright, mais on se
rait tenté de ne pas la considérer comme
lème qukm grand no
H?" & 'Traf^ira.^oîïi
•• .v -,.-ï u A,.y.?, u , 1 ,?, I ?t ; , s'en, dopper la, .peinç.,—,
arrivent a monter à bicyclette, et. au bout
de quelque,temps.à .faire instinctivement
les mouvements de guidon nécessaires, un
aviateur arrivera à manœuvrer instinctive
ment le gouvernail de l'aéroplane Wright
Mais la comparaison n'est pas exacte :
le cycliste n'a à s'occuper que de son gui
don, tandis que Wright, outre son gouver
nail de profondeur,- doit manœuvrer son
gouvernail de direction et, de plus la
commande du gauchissement de ses a'iles
qui est également nécessaire soit pour ré
tablir l'équilibre transversal compromis
soit pour effectuer des virages. Au point
de. vue de la fatigue intellectuelle, il se
trouve donc dans les conditions d'un cy
cliste qui aurait à manœuvrer simultané
ment trois guidons et à faire pour chacun
d'eux instinctivement les mouvetnents né
cessaires. C'est certainement possible puis
que Wright le fait; ce n'est certainement
pas facile car il a fallu longtemps poui- for
mer de .rares pilotes qui, jusqu'à Dré
A côté des inconvénients il faut indiquer
les avantages, car la préférence de Wright
resterait inexplicable.
Si la queue favorise la stabilité elle
rend moins faciles les évolutions dans le
sens vertical. Celles-ci nécessitent une in
clinaison déterminée de l'axe longitudinal
de l'appareil ; or le rôle de la queue est
précisément de s'opposer à de telles incli
naisons, voulues ou non. Elle gêne donc
la manœuvre verticale : il faut pour la
produire que le gouvernail de profondeur
soit assez fort pour vaipere la résistance
de la .queue, et, malgré tout, les aéropla
nes de l'école'française'ne peuvent arri
ver'à la souplesse et à l'élégance de mou
vements qui ont fait l'admiration de tous
ceux qui ont vu évoluer Wright. Ce sont'
donc des montures plus sûres,mais moins
élégantes ; il y a entre les aéroplanes-des
deux écoles une différence analogue à cel
les qui existent entre de bons chenaux
d'ômnihus et des pur-sang. Ces derniers
ont certainement une allure, beaucoup plus
élégante et bien .digne d'exciter, l'admira
tion "des spectateurs ; les .autres^rendent,
plus die services pratiques,. et -sont d'ail
leurs, plus faciles à conduire. ,
Il en se»a de même des aéroplanes des
deux' écoles. A ceux die l'école. américaine
appartiendront les brillants exploits , et - la
virtuosité des concours select ; mais, .quand
t>n voudra faire du transport aérien prati
que, l'avantage reviendra probablement
-aux aéroplanes de- l'écolé -française, c'est-
à-dire à ceux doflt la stabilité s'obtient au
tomatiquement.. ; • ; , ••
j - Au surplus,, no'us conseillerions aux avia
teurs de commencer leur apprentissage
aVec deis appareils' de aë type et de ne se
risquer sur un Wright qu'une fois "devenus
de sûrs pilotes d'aéroplanes ordinaires : ce
n'est pas sur des pur-sang qu'un cavalier
novice prend desleçons d® manège, eit on
ne peut faire de virtuosité dans un genre
quelconque qu'après avoir appris'pa.r des
exercices simples les .principaux secrets. de
son art. - : '
Commandant Paul RENARD^
PROPOS D'ACTUALITÉ
La %osière de ïNan terre
sera couronnée aujourd'hui
——**
Un survivant des "SeaQs PQmpiers" de la chanson
. ->,assisieraJ: Ia -fiêrêmcniE.. .
M»" HÉLÈNE P1LLIET
Rosière .
"Naiiterre, célèbre par ses rosières et ses
'pompiers, va fêter aujourd'hui dans une
même cérémonie ces 1 deux gloires, car au
çouronnement de. la rosière assistera l'uni
que survivant des-pompiers fameux immor
talisés par la chanson. ■
Figure originale, qui ne sera pas moins
remarquée ; que-celle de l'héroïne, le père
Pliélizon, ■ âgé de 75 ans, doyen des pom
piers de Nanterre et du département de la.
Seine, est ehtré le 20 mars 1802 : dans la
compagnie,des beaux militaires. Il a assisté
à 36- incendies, dont le plus terrible fut ce-
ilui de l'Hippodrome de Paris, le 29 septem
bre 1869. '
En plus, pendant la campagne de 1870, il
fit partie des troupes défendant la capitale
et prit part à la bataille de Buzenval. !
Combien de jeunes filles a-t -il pu Voir
couronner, depuis 46 ans qu 'il assiste régu-
LE n PERE » PHE'LIZON
(Cl. Billiotte'AsMomhd (Nauterre).
lierement-aux fêtes traditionnelles. Aujour
d'hui encore, portant fièrement le vieil uni-
fonme d'un corps dont il est le seul repré
sentant depuis 1870, la figure souriante
sous le casque surmonté de l'énorme plu
met, ' le vieux brave sera là, contemplant
d'un œil attendri la nouvelle rosière de son
pays.
La jeune fille qui, cette année, a mérité la
couronne, est Mlle Hélène Pilliet, âgée dé
.19 ans. Orpheline' de père et de mère,; ayant
deux frères, elle est employée comme cou-
peuse dans une maison de confection à Pa-
,ris, et demeure 59, rue de Saint-Germain,
a Nanterre, avec sa gra.nd'mère mater
nelle. .-
Ce sera, réunies dans une même cérémo
nie touchante, la fête du souvenir et celle
de la jeunesse. Le père Phélizon servira de
trait d'union entre le passé et le présent.
-ȕȕ*
Londres a 14 % d'espaces litores, et Paris,- où'
la- population est infiniment plus dense, n'en
a que 4 1/2 %. ;
Et, cependant, à Londres, on ne laisse ëcliap~-
per. aucune occasion d'augmenter le nombre
des jardins, die créer de nouveaux paires, de
"faire de nouvelles réserves d'air...' Il semble
qu-'à Paris, au contraire, on s'ingénie à dimi
nuer encore les espaces "libres, sans souci de 1$
santé et die la-beauté de la ville. On lotit, on
bdtit... Voilà tout l'idéal de notre jSdilité : faire
de hautes maisons ,de sept étages... En 1855,
Paris, qui ne comptait qu'un ipeu plus d'un
miliion d'habitants, avait 2.000 hectares de
parcs ; il en a aujourd'hui 2.005 hectares pour
trois millions d'habitants. L'augmentation est
de deux millions d'êtres d'une part ; de cinq
hectares de l'autre. Avouez que la proportion
est plutôt inégale:..
Il n'importe à nos édiles... Etouffez Pari
siens !... L'essentiel est die favoriser l'indus
trie des « marchands de biens. »
Or, on la favorise, cette industrie. On a loti
la,moitié du Champ-de-Mars... Ça ne suffit pas,
On détruit en ce moment les derniers jardins
de. Paris, on -anéantit ôes tparcs merveilleux
d-es^maisons' mngféganlsjôs, efiii 'étalent/ipolw-
les habitants de la rive gauche, des i réserves
d'air pur.Tour à tour disparaissent les jardins
des Oiseaux, de Picpus, des Carmélites, des
Dames de Saint-Michel, de l'Abbaye-aux-Bois.
C'est mainteai.ant le tour du plus beau de tous,
le parc du Sacré-Cœur, un parc seigneurial de
plus de cinq hectares; pian-té d'arbres magni
fiques... Bientôt tout cela sera rasé... et .rasé
aussi l'adinirable logis qui s'élève dans ce
parc, le célèbre hôtel de. Biron, l'un dies plus
somptueux vestiges de l'architecture du .XVIII"
siècle.
Oui, rasé..-.- rasé tout cela, en dépit, des pro
testations dies artistes, en dépit des supplica
tions des amis de Pans, malgré les cris d'alar
me des hygiénistes... L'inteirêt de quelques
spéculateurs sans vergogne passe avant tout,
avant le respect des chefs-d'œuvre, avaiit la
beauté de la ville, avant la santé des Pari
siens.
Les affiches sont posées ; le parc et l'hôtel
seront vendus. Bien mieux, le plan de lotisse
ment est déjà fait. Des rues et de grandies ba
raques modernes (ascenseur, électricité, télé
phone, eau "et gaz à tous les étages), voilà ce
qu'on verra d'ici peu à la place des arbres cen
tenaires et du merveilleux hôtel... Paris aura
perdu encore un peu de sa beauté, un peu de
sa santé... Mais qu'importe !... Un nouvel élé
ment de spéculation aura été offert à de gros
brasseurs d'affaires... £'est. l'essentiel.
Jean Lecoq.
a été assassiné, à Brest,
par un de ses camarades, croit-or
" . ** i . ■
LA VICTIME EST UN GARÇON DE CAFÉ
QUI HABITAIT LA RUE S'-JÀCQUES
(Dépêche de notre correspondant)
Brest, 1 29 MâL
Ce matin, à six heures, un gardien de
nuit de l'octroi qui cruittait son service, ; a
ûm*. .. •;
IMUillI
mmmàêêmm•
~r
Suicide d'un tommantfant se papeâot
(Dépêche de notre correspondant) . ■.
\ . Marseille, 29 Mai.
La traversée du paquebot Dumbea, des
Messageries maritimes, courrier d'Austra
lie, .entré ce matin dans le port, a été mar
quée par un tragique événement.
En sortant des bouches de Bonifacio hier
matin, vers 8 heures,.- on a constaté la dis
parition.de M. Boyer, commandant du pa
quebot. Après des recherches faites dans
sa oabine, on a constaté que son revolver
avait disparu. On suppose que le comman
dant, atteint de neurasthénie depuis quel
ques jours 1 ,- à la suite d'un abordage que
le Dumbea eut dans le port de Bombay
avec le mrruebot Egypte, s'est donné la
mort en se tirant un coup de revolver au
moment même où il se jetait à la mer.
L'INCIDENT
des déserteurs de Casablanca
(Dépêche de l'Agence Havas)
Berlin, 29 Mai.
Le baron de Berckheim, chargé d'affaires
de France à Berlin, et M.- de Schœn, mi
nistre des affaires étrangères d'Allemagne,
ont signé, cet après-midi, à quatre heures,
le procès-verbal par lequel, conformément
à leur .accord de novembre* dernier, les'
deux gouvernements s'expriment mutuelle
ment leurs regrets des faits relevés à la'
charge de leurs agents respectifs par les
juges arbitraux de La Haye.
■Voir en 3° page : L'AFFAIRE MARIX :
un incident à la Cour d'appel.
LES MARINS DE L'ETAT
Dont assurer les services
, Les ministres se sont réutnis, à 2 h. 30,
en conseil de cabinet, au ministère de l'In
térieur, sous la présidence de M. Clemen
ceau, pour examiner la situation créée par
la grève des inscrits.
Il a été arrêté, conformément à des déci
sions antérieures, prises par le Conseil des
ministres, notamment en décembre 1902,
que le gouvernemieint, en vue d'assurer le
service entre la France, l'Algérie, là Corse
et la Tunisie, pour la transport des colis
postaux, des passagers avec leurs bagages
et des denrées périssables,' fournirait, à ti-'
tre provisoire, aux armateurs, pour la con
duite d'un certain nombre de bâtiments et
en vue de la, sauvegarde des intérêts pu
blies en souffrance, le concours des effec
tifs des marins de l'Etat.
A Marseille
LE PRIX DES DENRÉES AUGMENTE
Marseille, 29 Mai.'
Le travail commence à diminuer considé
rablement sur les quais par suite du désar
mement -presque complet de la flotte mar
seillaise. Un grand mécontentement se ma
nifeste parmi les ouvriers de, diverses caté
gories qui travaillent aux manipulations
des, marchandises ;- d'autre part, une cer
taine hausse s'est déjà produite sur les
vivres, les primeurs d'Algérie n'alimentant
plus nos marchés.
FRANÇOIS (ILLIAC
la victime
trouvé, sur le cours d'Ajof, le" corps"'d'ur .
individu étendu la face contre terre : li
crâne était ensanglanté, la figure tuméfiée
et couverte die boue, l'œil droit obstrué ;■ les
vêtements en grand désordre faisaient voi;
qu'il ,y avait eu lutte ,; . le cadavre aval
été traîné sur quelques mètres et,,à cet en<
droit, dans le caniveau, il y avait une fia*
que de sang..
A côté du mort, on trouvait un couteau,
un billet de chemin de fer de Brest à Pa
ris, pris en gare le 28 mai, et une lettre por
tant la suscription suivante, ; datée de Pa
ris : « François Ulliac. caporal réserviste
à, la 4 e compagnie du 2 e colonial, tirs die
guerre, Saint-Nic. (Finistère). »
Les deux régiments coloniaux ont effec
tué, en effet,, ces temps-cï, leurs tirs dans
la région de Menez-Hum et sont rentrés
• avant-hier.
% Lç médecin-légiste a conclu à' un crime;
il y a eu strangulation, deux coups de cou
teau .au-dessous 1 du. menton et des contu
sions graves au. crâne.
La victime est bien François Ulliac,30 ans.
célibataire, garçon de café, demeurant, 275,
faubourg Saint-Jacques, à Paris, hôtel du
Mont-Blanc.
Il paraît avoir 'été la victime d'un guet-
apens de plusieurs soldats coloniaux qui,
croyant qu'il avait encore de l'argent,
avaient formé le projet de le dévaliser.
Ces soldats sont connus et le dernier^qui
se trouvait, cette nuit avec Ulliac vient d'ê
tre arrêté ; c'est Eugène Guillie'n, vingt-neuf
ans, de Gourdon (Lot).Il nie, mais ses'anté
cédents sont mauvais : il sort des compa
gnies de discipline d'Oléron.
-■■■■
A Paris, à l'hôtel du ESont-Blanc
Nous nous sommes rendu, hier soir, à
l'hôtel du Mont-Blanc, 275, rue Saint-
Jacques.
Là propriétaire, Mme Revil, ne connais
sait pas la fin tragique, de son locataire
qui habitait chez elle depuis sept ans et
sut- le compte duquel elle nous a fourni les
renseignements les plus favorables. '
Un peu émue malgré tout, de la nouvelle
que nous lui apportions, Mme Revil nous
a dit qu'elle avait reçu,, la semaine der
nière, une lettre de François Ulliac dans
laquelle il la priait de lui envoyer vingt
francs à titre de prêt qu'il lui rembourse
rait à son retour, ' spécifiant, .qu'il avait "
besoin de cette somme-pour dimanche; ma
tin. Mme Revil .avertie par une sorte de
pressentiment, retarda, jusqu'au lundi l'en
voi dé cette somme pour que le réserviste
ne pût en faire un mauvais usage .le di
manche, pensant que' cette somme lui
Feuilleton du PETIT JOURNAL du 30 Mal 1909
-i- - • ~ n
nous commençons
Lfl DOULEUR D'AIME
GRAND ROMAN INÉDIT
pan ely jvioNtcI a ERG
PREMIÈRE PARTIE '
1 -
Ûevant le grand portail de l'église Saint-
Philippe du Roule, une double haie de
curieux stationne. ■
Des plantes vertes, une marquise de toi
le, un tapis rouge qui descend jusqu'au
bord du trottoir... Un mariage : riche se
célèhre, et c'est pour contempler le cor
tège à l'issue de la cérémonie que s'assem
blent les badauds, friands de ce genre de
spectacles. "■ .
Ils trompent les ennuis de l'attente en
échangeant des plaisanteries. Plaisanteries
que l'on devine.
Mais voici le coupé fleuri précédant les
landaus du cortège. Le portail de l'église
s'ouvre à deux battants, l'orgue joue la fa
meuse marche nuptiale de Lohengrin.
C'est dans, la pénombre du sanctuaire un
flot de 1 blancheurs neigeuses qui s'avance...
■ ïraduetton et reproduction interdites.
Du coup, le silence se fait immédiate
ment. Les têtes se tendent avides et cu
rieuses.
Derrière les mariés, la foule des invi
tés forme un défilé imposant et magni
fique. Les femmes sont empanachées, mou
lées dans des robes splendides, les hom
mes sont impeccables- sous la redingote
aux lignes sobres.
Saisie par. le grand jour de la ru'e, la
mariée baisse le* yeux derrière son voile
de dentelles que.surmonte une légère cou
ronne de myrte et de fleurs d'oranger mê
lés. La petite main se crispe un peu ner
veusement sur le • bras de l'époux.
Toute cette foule qui la dévisage l'inti
mide -;-'elle rougit jusqu'à- la racine des
cheveux et baisse la tête, comme honteuse
de se voir ainsi offerte en spectacle.
Heureusement sa confusion ne sera pas
de longue durée. La, portière du coupé est
ouverte, l'épouse s'engouffre à l'intérieur,
le valet de pied'ramène sa traîne, les' mille
' plis du voile... A ses côtés, son mari s'ins
talle, puis la voiture file, rapide, dans la
direction des Champs-Elysées'.
— Cristi 1 s'exclame un patronnet, si
qu'on verrait tous les jours des mariées
aussi chouettes, « j'y aurais du goût ».
— Dis donc, loupiot ! rétorque une com
mère, y a . pas qu'elle, vu que le marié est
assez joli garçon pour qu'on le reluque !
Certes, oui, fort joli garçon.
Grand, élancé, blond, le teint clair, de
beaux yeux gris très caressants, la pious-
tache mousseuse et dorée, recouvrant en
partie une bouche saine aux lèvres ppur-,
près qui, lorsqu'elle riait, laissait voir de"
solides dents blanches...
La délicieuse créature qui se tenait près
de lui, rougissante, était fort excusable de
le regarder avec une sorte d'extase. Il va*
lait la paine qu'on s'éprit de lui. Mais elle,
toute menue, toute charmante, n'était'pas-
moins désirable.
On eût dit une vierge de vitrail, une ap
parition, une fée.
Autour de sa tête fine, s'enroulaient en
torsades savantes d'invraisemblables che
veux d'un de ces blonds du Nord, si soyeux,
si pâles, si rares : une merveille.
Front candide, bouche mutine, sourire
exquis, prunelles aussi bleues que le ciel
pur de ce beau jour d'avril.
Corps d'enfant, cœur de femme, âme ar
dente sous des dehors paisibles et calmes,
âme d'amoureuse éprise jusqu'à, la folie,
qui n'avait point osé se révéler encore,
qui s'ignorait peut-être...- ,
Muets, car le bonheur, le grand bonheur
n'incite guère à l'éloquence, ils se pres
saient les mains, ils demeuraient pensifs
et graves, tandis que le coupé roulait vers
l'Etoile. Peut-être en avaient-ils trop à- se
dire...
Aux environs de la porte Dauphine, à
l'extrémité de l'avenue Bois, les che-
' vaux stoppèrent devant un de ces immeu
bles tout blancs, immenses, récemment
construits, qui ouvrent sur le bois de Bou
logne leurs multiples baies.
Le vestibule était orné de verdures et
de fleurs, l'escalier de même, jusqu'au pre
mier étage.
Là, une porte ouverte à deux battants
permettait de voir une longue galerie, l'en
filade des salons vides, la salle à manger,
où deux maîtres d'hôtel à faces de diplo
mates, achevaient de dresser le buffet.
.Comme les mariés précédaient de plu
sieurs minutes le reste du cortège, ils pas
sèrent dans une petite pièce retirée pour
que la jeune femme pût ôter son voile et
rajuster sa coiffure. '
Quand la camériste eut emporté les
blanches dentelles et que, pour la première
fois, l'épouse se trouva seule avec le maî
tre de sa vie, elle ne put s'empêcher de
Tougir et de détourner les yeux.
— Josette 1 ma chérie ! appela tendre
ment le mari en lui prenant les mains.
—■ José ! balbutia-t-elle en rougissant
plus fort.
— Etes-vous heureuse vraiment ?
—- Si je suis heureuse ? Est-ce qUfe cela
se demande ? Je vous aime, nous voici
mariés, tous les obstacles aplanis... Oui,
José, je suis heureuse, divinement heu
reuse... Mon beau rêve est devenu une
réalité.
Il l'attira contre sa poitrine sur" laquelle
Josette se blottit.
— Va... ne crains rien, lui dit-il à l'o
reille. Je suis à toi, je t'adore et je veux
te faire une existence de reine. Tes parents
ne se repentiront jamais d'avoir enfin cédé
à nos instances. Ët toi 1 toi !-mon amour
chéri... tu...
L'entretien fut interrompu brusquement,
car le cortège arrivait.
Dans la galerie voisine, ce fut un brou
haha caractéristique, des rires discrets,
des échanges de compliments. '
— Où sont donc les mariés ? demanda
Quelqu'un à haute voix.
Chose bizarre, le son de cette voix fit
tressaillir José. Il ■ devint pâle, repoussa
nerveusement sa compagne et s'écria :
— Qui. parle ?
— Je l'ignore, répondit Josette que ce
brusque changement stupéfiait.
Quelque curieux de mauvais goût, sans
doute, puisqu'il est d'usage, hélas ! que
nous soyons en ce jour le point de mire
de tous les regards.
Ah ! si j'avais été la maîtresse, mon cher
mari... Nous nous serions mariés simple
ment, discrètement ; cela c'en eût que
mieux valu, n'est-ce pas ?
—. Certes ! Mqis... permettez !
Il entre-bâilla la poirte du petit salon.
Juste à ce moment, la même voix, métal
lique et stridente prononçait cette phrase :
— Oui... il y a des gens qui ont de la
chance, des gens à qui tout sourit...-Le ma
riage du docteur José Brizeux avec Mlle
Josette d'Aprevasl c'est un de ces coups heu
reux de la destinée. Je souhaite pour lui
que cela continue.
En entendant ces v mots, José frémit. Il
dut s'appuyer contre le chambranle de la,
porte ; une sueur glacée inonda ses tem
pes. v , •
— Qu'avez-vous ? interrogea la jeune
femme, déjà inquiète.
Rien, ma chérie, un. étourdissement...
cela passe... voyez !
Tout en s'essuyant le front, il fouillait
d'un œil aigu parmi la houle humaine
emplissant la galerie. Il ne trouva pas ce
qu'il cherchait, car il murmura avec une.
expression de soulagement indicible en ra
battant le vantai'
■— Je me serai trompé-
Josette, quelle trouble de .son mari pré
occupait beaucoup plus qu'elle ne voulait
le laisser voir, demanda :
— Trompé ? en quoi, s'il vous plaît' ?
— Ôh ! une illusion de l'ouïe... illusion
stupide. J'ai cru reconnaître l'accent d'un
homme qui est en ce moment à des mil
liers de lieues... s'il vit encore toutefois.
Quelle folie 1
N'y pensons plus et allons rejoindre tous
ces gens, puisqu'il faut accomplir la cor
vée jusqu'au bout. ;
Elle-le regarda-au fond des yeux.
— Est-il vrai que vous m'aimez, mon
cher mari. ? Dites, oh ! dites-le-moi ! J'ai
tant besoin de: le croire. Si vous saviez...
mon enfance n'eut aucune douceur, aucune
tendresse... Avant vous, personne n'eut
d'affection vraie pour Josette d'Apreval.
Et vous êtes toute' ,sa vie, désormais...
acheva la nouvelle mariée d'un accent
ému.
— Comme vous êtes toute la mienne;..
Oh ! ma chérie, te conquérir, t'emporter...
te garder sur mon cœur, quelle ivresse -!
Une fois encore, ces effusions devaient
être interrompues.
Mme d'Apreval, la mère de Josette, en
trait en coup de vent dans le petit salon
et protestait contre l'isolement des jeunes
époux. .
— Allons ! faites votre devoir, montrez-
vous. On vous réclame de toutes parts.
Josettè, tés .amies se désolent de ton absen- .
ce. Va les retrouver,, dépêche-toi...
Tout en parlant, Mme d'Apreval pous
sait sa fille hors du petit salon, sur 1(
seuil duquel trois ou quatre jeunes fillet
la happaient pour ainsi dire au passage.
Le docteur Brizeux et sa belle-mère se
trouvèrent seuls. Aussitôt, pris d'une hâte
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