Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1909-05-27
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 mai 1909 27 mai 1909
Description : 1909/05/27 (Numéro 16953). 1909/05/27 (Numéro 16953).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k618636t
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/10/2008
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JEUDI 27 MAI 1909
147 SA INT ILDEVE HT 218
QUARANTE-SEPTI feME AN NÉE (N UMÉRO 16,953)
Les manuscrits ne sont pa9 rendus
Les Retraites ouvrières
PROJET DE LA COMMISSION SÉNATORIALE
Le rapport de la Commission sénato
riale des retraites ouvrières a été dis
tribué hier aux membres du Sénat, ren
voyé pour avis à la Commission des Fi-
. nances et la discussion :en pourra vrai
semblablement commencer avant une
quinzaine de jours.
Tout donne donc le droit de penser
qu'avant la fin de la présente année cette
Tjuestt 'Ott tfite des retraites ouvrières, ca
pitale et. de premier ordre dans une dé
mocratie républicaine comme la nôtre,
aura reçu sa solution.
Avec là loi d'assistance de 1905, le
Parlement était allé au plus pressé. On
avait voulu qu'une bouchée de pain
fût au moins assurée comme un droit à
tout Français ou Française, âgés de 70
ans, qui, pour un motif ou pour un au
tre, . étaient arrivés à cet âge sans avoir
par devers eux de quoi ne pas mourir de
faim. Mais ce n'était ét ce ne pouvait
être là qu'une mesure transitoire et un
expédient.
Le véritable but à atteindre et ce à
quoi il fallait viser, c'était la recherche
d'un organisme. de prévoyance ou d'un
ensemble de procédés divers, grâce aux
quels avec leurs moyens propres, joints
lu concours de l'Etat et de leurs patrons,
les travailleurs des. deux sexes fussent
mis à même de se constituer une pen-
sion ou. une rente pour le jour où l'heu
re du repos aurait sonné pour eux. Il
B'agissait en un mot, de réaliser au pro
fit de toute la classe ouvrière, ce qui
• avait été fait par la loi de 1853 pour les
fonctionnaires, et ce qu'un grand nom
bre de prévoyants s'efforçaient de réali
ser à leur propre bénéfice par l'inter
médiaire de cette admirable Caisse na
tionale dé la retraite pour la vieillesse,
fondée par le second Empire sur les
idées, les projets, et les conceptions du
vieux parti républicain de 1848.
Le problème n!était pas simple, il
était" au contraire complexe et formida
ble puisqu'il devait s'appliquer à plus
de 12 millions d'intéressés.
La Ghairïbre:-y a ."travaillé • pendant -16
années, car le premier projet qui liii fiit
soumis,date de 1891 et c'est seulement en
février 1906 qu'elle donna son approba
tion finale au projet qui devait être en
voyé au Sénat. Et durant ce long espa
ce, soit par elle-même, soit par ses com
missions spéciales, elle n'eut pas moins
de cinquante propositions ou projets à
examiner.
On a violemment reproché à la Com
mission du Sénat d'avoir gardé le pro-
, jet de la Chambre pendant trois /an
nées avant de statuer, d'avoir par con
séquent, consacré,trois ans à un travail
qui en avait demandé quinze à la Cham
bre.
Mais on oublie qu'à l'analyse ce pro
jet constituait une œuvre- où l'esprit de
chimère tenait une place plus grande
que de raison, et qu'il était d'une ap
plication réellement impossible. La pre
mière condition à remplir pour un pro
jet de ce genre, c'est d'être viable, et
j'entends par là d'avoir à côté de lui
les ressources financières indispensa
bles à son fonctionnement : or, alors
que le pays était littéralement écrasé
d 'impôts, que notre budget était en dé
ficit et que de grosses dépenses néces
saires à la défense nationale s'impo
saient, il réclamait, pour être mis en
mouvement, des centaines de millions
dont il n'y avait pas le premier sou en
caisse.
.*** #"
Une autre condition non moins es
sentielle, . c'était de répondre aux vœux
de ceux-là mêmes pour qui il était fait
et de ne choquer ni leurs sentiments ni
leurs intérêts. Or, la portion la plus mi
litante et la plus active des travailleurs,
s'y montrait résolument hostile. Il suf
fisait,. pour s'en convaincre; de consulter
l'enquête faite par la Chambre, et dont
les résultats furent largemènt corrobo
rés par celle que la Commission séna
toriale jugea elle-même à propos d'ou
vrir.
Et comme au total, le projet n'était
qu'une reproduction de la législation al
lemande sur la matière, et qu'à l'instar
de toutes les lois ouvrières de l'autre côté
du Rhin, il avait pour base la contrain
te, l'enrégimentement et la subordina
tion administrative, toutes choses abso
lument contraires au tempérament fran
çais, il était visible que son applica
tion, si elle avait jamais lieu, aurait' eu
immanquablement pour effet de provo
quer de toutes parts des résistances et
des révoltes, et qu'au lieu d'une loi d'a
paisement et de progrès social, on n'au
rait fait qu'une loi de division et de mé
contentement. On avait alors la loi sur
Je i^pos hebdomadaire sous les yeux.
Il serait trop long et d'ailleurs inutile
"d 'énumérer toutes les critiques auxquel
les le. projet pouvait prêter. Bornons-
nous à dire pour justifier la Commis
sion sénatoriale des attaques dont elle
a été l'objet, qu'elle se trouvait devant
lin travail presque entièrement à refon
dre, et que, pour le rendre réalisable,
elle était dans l'obligation de le refaire
afin de l'adapter à la fois à l'état de nos
ressources budgétaires, aux forces con
tributives de notre industrie, et 3° au
fond, d 'indépendance et d'individualis
me qui" est la caractéristique de notre
race. Elle, avait en outre à se préoccu
per dè. né pas , trop exiger des travail
leurs pour la caisse de retraite, afin
que l'usage d'autres formes d'épargne
et d'assurance, susceptibles de les ten
ter pût encore leur demeurer possible.
. Pour employer une formule qui rend
bien notre pensée, la commission séna
toriale avait eu à mettre en français ce
qui lui avait été envoyé en allemand.
: Il faudrait plusieurs articles pour
donner une idée complète de toutes les
dispositions du projet tel qu'il vient de
sortir du métier de la Commission.
Mais, comme le problème à résoudre
regarde le travailleur, nous nous conten
terons d'indiquer sommairement et en
quelques traits les avantages que de
simples ouvriers, entrant dans la vie
avec leurs seuls bras comme capital, se
ront appelés à en retirer.
On-jugera par là si .la Commission a
réussi dans son œuvre.
Partant de ce principe, que l'ouvrier
ou l'ouvrière commencent à gagner à
partir de leur quinzième année, la Com
mission a décidé que de 15 à 18 ans, ils
•devront verser .3 francs par an et que
de 18 à 65 ans, — sauf pour l'homme
pendant ses deux ans de service mili
taire, leur versement devra être porté
à 6 francs.
Ce versement de 3 francs et de 6 francs
sont obligatoires, mais rien n'interdit
aux intéressés d'en faire de" plus forts,
s'ils le jugent à propos, en vue d'aug
menter le taux de leur pension.
Or, en échange de ce versement obli
gatoire, quand il sera âgé de 85 ans,
qu'aura à recevoir l'ouvrier ? Il recevra
1° une rente viagère de .120 francs ; 2°
une pension calculée d'après ses verse
ments, avec une majoration du tiers jus
qu'à concurrence de 60 francs.
Cette pension ainsi majorée, ajoutée à
la rente viagère de 120 francs, s'élèvera
à 267 francs, si l'ouvf-ier a versé 0 fr. 50
par mois, c'est-à-dire 6 francs par an; à
340 francs, si au lieu de 0 fr. 50, il a ver
sé 0 fr. 75 par mois; à 400 francs, s'il a
versé mensuellement 1 franc ou 12 fr.
par an.
Et ce v ne -seront .pas. ses- seuls- avanta
ges, car l'art. 9 du projet conserve à
l'ouvrier le bénéfice de l'art. 20 de la
loi d'assistance quand il atteint 70 ans
Avec le jeu, en effet, de cet article, ii
jouira d'avantages supplémentaires re
lativement considérables.
Dans les communes ou l'allocation
d assistance est par exemple de 15 francs
par mois, la pension de l'ouvrier ou de
l'ouvrière n'ayant'vereé qye 6 francs par
an, pourra aller jusqu'à 283 fr. 50, jus
qu'à 343 fr. 50 dans celles où cette al
location est de 20 francs, et à Paris et
dans les autres villes, où cette dernière
est de 30 francs, jusqu'à-463 fr. 50.
Ajoutons que cette pension sera mê
me encore majorée si l'intéressé a élevé
trois enfants jusqu'à l'âge de 16 ans.
Ici, "se présentait une objection ; il
se peut que de 15 ans à 65, l'ouvrier soit
parfois dans l'impossibilité de verser
quoi que ce soit ; il peut lui survenir des
maladies, des périodes de chômage lon
gues et répétées, pendant lesquelles ne
gagnant rien, il se trouvera dans la né
cessité d'interrompre ses . Versements,
quelle sera alors sa situation vis-à-vis
de la loi ?
Le cas a été prévu. L'art. 6 spécifie
que pour profiter du bénéfice de la loi,
les versements prescrits devront être ef
fectués par les intéressés dans la pro-
)ortion d'au moins trois cinquièmes,c'est
à-dire par exemple, que pour cinquante
années de versements à faire, l'ouvrier
pourra n'avoir versé que pendant trente
ans. On voit que la marge est large.
L'ouvrier n'aura à y perdre qu'une chose,
c'est que ses versements n'ayint pas at
teint leur plein, la pension qui devra
lui être attribuée sera moindre. ""
Restait maintenant une autre hypo
thèse, celle où l'ouvrier viendrait à mou
rir en cours de route, c'est-à-dire avant
d'avoir obtenu sa retraite. Qu'advien
drait-il en ce cas ? Ses versements
seraient-ils entièrement perdus pour ses
héritiers ? De ce côté le projet de loi s'est
montré des plus généreux. D'abord,
s'il a plu à l'intéressé de faire ses verse
ments à capital réservé, comme il en a
le droit, tout ce qu'il aura versé revien
dra à sa famille. C'est là un point es
sentiel.
Mais il y a encore plus : en vertu de
l'art. 7, sa veuve s'il décède sans enfant,
touchera une mensualité de 30 francs
pendant deux mois, soit le produit de
dix cotisations annuelles de 6 francs. Et,
s'il décède laissant un ou plusieurs en
fants, l'indemnité pour sa veuve sera
de 30 francs pendant six mois, soit une
première somme de 180 francs représen
tant le versement de 6 francs par an
pendant trente ans, et en outre, une al
location de 5 francs par mois et par tête
d'enfant, pendant 6 mois.
. ,
Après les indications et les chiffres
qui précèdent, si le projet de la commis
sion sénatoriale est approuvé par le Sé
nat et ratifié par la Chambre, il n'est
pas téméraire de dire que la question
des retraites ouvrières aura reçu sa so
lution, et une solution qui méritera au
Parlement la reconnaissance de tous les
travailleurs français.
PAULIAT,
sénateur du Cher.
L'AFFAIRE STEINHEIL
Tardivel a été Interrogé hier à Versailles
Le modèle, qu'Alla ire continue à accuser,
est pressé de se disculper du crime de l'impasse Ronsin.
M. Côme, juge d'instruction à Versailles,
a- interrogé, hier, fort longuement, en pré
sence de leurs défenseurs, M CB Albert Sal-
mon et Périnard, Ange Tardivel, Allaire et
la femme Batifolier.
Si cet interrogatoire n'a pas donné lies
résultats qu'on en attendait, oa/r Tardivel
s'est dérobé fort 1 adroitement à une con
frontation qui pouvait tourner à son désa
vantage en le montrant sur vingt points
différents en flagrant délit de mensonge, il
semble qu'il va provoquer une reprise
complète de l'instruction du crime de l'im
passe Ronsin. ,
Tous les personnages dénoncés, hier, par
AU aire jet la femme BatifoMer comme ayant
pris part au double assassinat du peintre
imposture, dont les repris de justice sont cou-
tumiers. -Non, s'il en était ainsi, Tardivel se
serait vanté à la « Bohémienne » et » mot d'a
voir joué le premier rôle, tandis qu'en réalité,
il n'a guère fait que le guet.
J'avais connu Ange à l'asile Saint-Méem,
près de Rennes, où je simulais la folie pour
éviter les assises et où il faisait * la bête »
comme moi, car on le soupçonnait de cam
briolages dans les environs.
Je le revis le 2 juillet dernier à Versailles,
à la fête du quartier des Chantiers.
En prenant un verre, il me dit : « Tu sais
que je suis cordonnier de mon métier, mais
cela ne nourrit pas son homme ; j'ai été mo
dèle également, mais ça ne va pas en ce mo
ment. Si tu veux, on s'associera. Je sais qu'il
y a de beaux coups à faire, à Versailles, à
la cathédrale Saint-Louis, à Notre-Dame/ j >
Je me laissai tenter, et mon amie, la veuve
Batifolier, proposa de commencer par l'église
du village de Ghâteaufort, car elle avait ha
bité ce pays.
Et Allaire se mit à raconter lès détails de
l'expédition, détails que les lecteurs du
Petit Journal connaissent déjà, comment
la « Bohémienne »-fit la courte échelle,com
ment ALlaire et Tardivel se coupèrent pro
fondément aux mains en traversant un vi
trail.
— Voyez donc la main droite d'Ange, la
cicatrice est encore visible.
De fait, Tardivel porte bien une cicatri
ce à l'endroit indiqué, mais il l'explique
d'une façon plausible par un coup de tran-
ohet maladroit.
Dépité d'uni butin très maigre, Tardivel
i écrivit alors sur le registre des mariages
dians la sacristie, quelques phrases inju
rieuses pour les paroissiens de Ghâteaufort,
au bas desquelles Allaire ajouta ;
« Signé : Cherche-Après ».
Tardivel quitta bientôt Versailles pour y
revenir trois fois et proposer de nouvelles'
expâditionis à son complice, et aussi 'l'émis
sion de fausse-monnaie.
L'assassinat
\
DifMCHE PBOGHJUN 30 MAI
Le "Petit Journal" commencera la publication di
u Ma m
CJrancl Roman inédit
par Ely MONTCLERC
. Le gardien du Seuil des Épouvantes
le héros mystérieux du nouveau roman d'a
ventures et d'amour, écrit par E ly M ontclehc
pour le Petit Journal, et dont les péripéties
terribles transporteront nos lecteurs de Paris
au Mexique.
EM TURQUIE
Les piinisires ('MH-HamM exilés
{Dépêche de notre correspondant)
Constantinople, 26 Mai.
Tous les hauts fonctionnaires die l'ancien
entourage d'Abdul-Hamid qui, depuis le
mois de juillet dernier, étaient déitenus
dans l'île des Princes, dans la mer de Mar
mara, ont été envoyés en exil, hier matin,
vers une destination inconnue.
Parmi eux, se trouvent Tahsin Pacha,
premier secrétaire d'Abduil-Hamid ; Ra-
ghed Pacha, chambellan ; Ali Riza Pacha,
ministre de la- Guerre ; Memdouih Pacha,
ministre de l 'Intérieur ; Zeici Pacha, grand-
maître. de- l'artillerie, et l'amiral Rami Pa
cha, ministre lie la Marine.
PROPOS D'ACTUALITÉ
Les Dangers de l'apostille
. **
Nos parlementaires éprouvent en ce moment
le fâcheux effet des abus de l'apostille. On a
trouvé dans le dossier du capitaine Marix la
signature de quelques-uns de ces messieurs au
bas de lettres de recommandation ; un jour
nal a donné les noms... Et voilà nos hono
rables fort marris...
Le capitaine !... La plupart d'entre eux ne
le connaissaient môme pas... Ils l'affirment...
Et ça doit être vrai... « Jamais je ne l'ai ap
proché ni ne l'ai vu, dit l'un d'eux... . Seule
ment, je suis dans le cas de nombre de mes
collègues. J'ai signé dans ma vie politique
beaucoup de lettres de recommandation en
faveur de gens que je ne connaissais même
pas... »
Comment trouvez-vous laveu et que pensez-<
vous de l'excuse ?... Estimez-vous celle-ci ac
ceptable et celui-là honorable ?... Moi pas !...
Signer une recommandation en faveur de quel
qu'un, c'est donner a oe quelqu'un un bre--
vet de confiance et d-estime, tenez-vous cela
pour une personne que vous ne connaîtriez
pas ?... Non, n'est-ce pas ?... Moi non plus—
.Vous attendriez au moins d'avoir mis cette
personne à l'épreuve, dé l'avoir étudiée, de
vous être fait sur son compte une opinion...
Vous agiriez sagement. C'est prendre une res
ponsabilité grave que de patronner quelqu'un :
on est un peu solidaire de toutes les actions,
bonnes ou mauvaises, qu'accomplira la per
sonne recommandée dans la fonction qu'on lui
aura fait obtenir... S'il m'était jamais arrive de
recommander pour une place un homme qui fût
une canaille, je me sentirais, au fond de ma
conscience, un peu complice de ses canaille-
ries... .
Nos honorables n'ont point de ces scrupu
les de sentiment. Par l'abus, ils ont tranifor
mé l'exercice de leur mandat en une sorte de
machine automatique à recommandation...
Ils recommandent comme d'autres font des
petits pâtés ou des chaussons de lisiere : leur
fonction est de recommander. Ils font même
de leurs' signatures un petit trafic amical...
Pistonne mon protégé, je pistonnerai le tien...
Passe-moi l'apostille, je te passerai la referan
ce... Ces mœurs sont tout à fait dépourvues de
moralité... Il est vrai que nos honorables s'en
moquent. Mais elles sont aussi dépourvues de
prudence, et il Arrive qu'elles attirent force en
nuis à ceux qui les pratiquent; Alors, nos hor
norables ne s'en moquent plus... Ils s'indi
gnent, ils protestant;., a Marix, mais je ne le
connaissais pas !... Jè ne l'ai jamais vu l... »
Et le public de goguenarder :
— Ah ! vous ne le connaissiez pas ? . Ah !
vous ne l'avez jamais vu ?... Et vous l'avez
recommandé... Eh bien, vous n'en êtes que
plus coupable... Tant pis pour vous ' . Je ne
vous plains pas I
Jean Leooq.
Un lialloa militaire cmê par la grêle
Metz, 26 Mai.
Hier après-midi, au cours d'un violent
orage,-un ballon militaire qui-ipanœwrait
darjs lep environs d'Antilly a été crevé par
la grêlfr
TARDIVEL, A COTÉ DE SON AVOCAT
■hier, dans les couloirs
du Palais de Justice de Versailles .
Steinheil et de Mme Japy ont, en effet, été
mêlés plus ou moins directement à 1 en
tourage, du peintre; ce sont des comparses,
pourrait-on dire, qui ont été un instant
soupçonnée d'être les mystérieux inconnus
dépeints par Mme Steinheil; ils répondent
au signalement qu'.elie donna à la première
heure, mais grâce à des aMhis adroitertont
présentés, à des'témoignages produits très
à propos, l'homme brun, son complice et
la Rouquine s'en tirèrent à l'époque. .
Tous, s'il faut en croire Allaire, dont, les
déclarations qu'on a pu jusqu'à présent
contrôler sont, d'une rare précision, furent
interrogés. Plus tard, au mois de juillet
dernier, une lettre anonyme dénonça^mê-
m© Ange Tardivel et Allaire comme deux
dés assassins. : ' .
A ce moment, ces .deux personnages
avaient quitté Paris et on perdit leurs ^ra
ces, tandis qu'ils étaient à Versailles-en
train de préméditer, c'est Allaire qui le dit,
divers cambriolages. _ „
^ La compagne d'Allaire, la veuve Batifo
lier, a comparu la première.
-Très brune, très maigre, 1 inculpée, que
l'on surnommait dans le milieu où elle vi
vait « la Bohémienne », ou encore la
Sourde », en raison de l'infirmité dont elle
est-atteinte, eslt arrivée afcsez surexcitée
dans le cabinet du juge d'instruction.
La Veuve Batifolier
Elle venait de croiser Tardrvel dams les
couloirs de l'instruction.
— Dire que c'est pour lui, par amour, que
ie me suis laissé entraîner a devenir ce que
ie suis • jusque-là, j'étais honnete. Je me con
duisais 'bien, jamais je n'aOTaispei^ a voler !
C'est un tentateur, c'est un .démon oui a en
triîn/» n.nssi' \llaire. Ali oui, il 3» fâ-it
ces coups • le cambriolage de Chateaufort avec
nous • il a voulu nous taire dévaliser l'église
4aint-Louis l'église Notre-Dame, a Versailles ;
U fa^aHe guet dans l'affaire SteioUeil, c'est
lui qui nous l'a répété maintes fois, c'est ta
oui a commis tous les cambriolages faits
l'année dermere, impasse Ronsin et rue de
Vmi£?irard- îuscrue dans la maison qu il habi
St ® Shez donc aussi autour de Saint-Lô,
où il a plus de vingt vols' à son actif et à Ren
nes, où il a pris des mille francs dans un
château.
Tout en criant... comme une sourde, la
malheureuse devoyée a donné des rensei
gnements fort précis sur le rôle de Tardi
vel dans le cambriolage de Châteaufort,
détails- qu'Allaire répéta sans la moin
dre divergence de détail, quelques instants
plus tard.
Le cambriolage de Chateaufort
' Allaire qui a succédé à la veuve Batifo
lier dans'le cabinet de M. Côme, s'est éten
du, deux heures durant, sur ses propres
méfaits comme sur ceux de Tardivel.
« Je vous préviens, lui avait cependant dit
le luge d'instruction, au début de l'mterroga
toiré, que je n'ai a m'occuper que des cam
briolages commis en Seme-et-Oise. L affaire
Steinheil ne regarde que M. André, mon col
lègue de Paris ; je vous prierai donc de ré-
server pour célui-ci toutes vos rcvalations sur
le crime. »
Allaire, quoiqu'il fût fort défait et qu'il
pût se traîner à peine, car, au cours d'une
crise (Tépilepsie, il s'est déboîté la hanche
gauche, opposa au juge une ténacité extrê
me et, pendant toute la durée de son inter
rogatoire, ne cessa de mélanger les deux
affaires.
Vous verrez, monsieur le juge, repetait-il,
croire lorscrue -j . „ „
complices du crime de l'impasse Ronsin. Ne
dos dites pas. qu'il 6'est vanté, qua e'esî une '
de l'impasse Ronsin
En veine de confidences, après avoir ra
conté à Allaire qu'il avait commis nombre
de cambriolages à Saint-Lô,* ià Rennes, à
Paris dans la maison même où il dieaneu-
rnit, 169,-rue de Vaygiraind.et l 'impas-
se Ronsin, il -lui fit le récit d©'sa partici
pation au crime.'
Voici, d'après Allaire; ce qu'aurait été ce
récit.
Ange, de complicité avec deux autres in
dividus, Pierre Robert, dit « le Belge », et
Pierre Ollivier, dit « Pierre de la Ëastille »,
et Amélie la Rouquine, devait cambrioler
la villa ide M. Steinheil dès le départ de ce
lui-ci pour Bellevue.
Un des complices s'était procuré une clef
de la porte de la villa et s'était chargé de
reconnaître si les locataires étaient bien-
partis.
Si la villa était inhabitée, il devait avi
ser ses complices en plaçant une lumière
devant une fenêtre du premier étage.
Ange et ses camarades guettaient le si
gnal d© la fenêtre de la ohamibrette qu'oc
cupait le modèle, 169, rue de Vaugirard.
Vers minuit la lumière apparut. Tous se>
précipitèrent alors impasse Ronsin et péné
trèrent dans la villa, seul, Ange resta à
la porte pour faire le guet.
Ses camarades lui dirent, plus tard, qu'en
pénétrant dans la première chambre, Us
trouvèrent .Mme Steinheil endormie; mais
le bruit la; réveilla et eliei voulut se levier.
•La Rouquine, Pierre de- la Bastille et Ro
bert se précipitèrent sur la femime du pein
tre, lui mirent sur les narines un tampon
d'ouate, imbibé de chloroforme et la ligo
tèrent.
. Ce serait Roibert qui aurait étouffé, « d'un
coup d© pouce comme. un pigeon » Mme
Japy, parce que celle-ci criait, il fallut aussi
« faire son affaire » au peintre, qui accou
rait.
Mais le crime n'avait ip'as été prémédité ;
la bande n'avait voulu que cambrioler.
Et Ange — c'est touj'ours Allaire qui
raconte — aurait expliqué que c'était par
suite d'une méprise que l'a bandle lavait opé
ré ce eoir là. Ge n'était pas leur complice
qui avait allumé la lainipei, qu'ils ptrirent
pour le signal convenu, niais bien Mme
■Steinheil, elle-même, qui usait quelque
fois de oe procédé, pour avertir un de ses
amis qu'il pouvait venir la rejoindre sans
danger.
Ange aurait ajouté que l'assassin de
M. Steinheil habitait en dleraier lieu, rue
du Château, à Paris, où on l'appelait « la
Belge ».
(( Vous allez voir tout à l'heure à la con
frontation, dit en terminant Allaire, si An
ge osera nier ein notre présence ».
Tardivel refuse de répondre
Allaire devait être déçu.-
Tardivel, amené séparément U son lour,-
entra tout souriant chez le juge, en com
pagnie de son défenseur.
Après avoir décliné son état civil et
ajouté qu'il n'avait jamais subi dé con
damnation, Tardivel fit d'un ton dégagé,:
très net, cette déclaration :
Pairdon, monsieur le juge, il paraît que -je
suis, en dehors du vol de Châteaufort, ac-i
cusé d'avoir été mêlé à l'affaire Steinheil.
Eh bien, je ne répondrai pas sur le vol de
Ghâteaufort avant d'être disculpé de toute par
ticipation à l'affaire Steiniheil. Inutile d'insis
ter, un point c'est tout, termina-t-il plus sèche
ment. Commencez donc par le crime de'l'im
passe Ronsin.
M. Côme, ne voulant pas abonder dans
•le Sens de son prévenu et aborder l'affaira
Steinheil, renonça à une confrontation gé
nérale au cours de laquelle la veuve Bati
folier et Allaire n'auraient pas mainqué da
rappeler à Ange ses confidences.
Tardivel fut donc reconduit, sans plua
tarder, à la maison d'arrêt.
Une heure plus tard, M. : Côme, après
avoir avisé par télégramme son collègue,
M. André, faisait extraire Ange et Allaire
entre quatre gendarmes.
. Les deux prévenus, conduits à', la gare
de l'avenue Thiers, y prenaient le train
électrique de 7 heures 17 du soir pour la
gare jde^ invalides, à Paris, où dis.arri
vaient a 8 tieiirés; •
Voir la suite en iS e page.
L'INCIDENT
des Déserteurs de Casablanca
ILes gouvernementsi. de France et. d'Alle
magne préparent le règlement définitif de
d'incident, qui fut un moment si aigu,, de®
légionnaires déserteurs de Casâblaaica.
Après le jugement rendu par le tribunal
arbitral de La Haye, il reste aux deux
gouvernements à échanger dies exclus es pour
les torts qui ont été mis à la charge de cha
cun d'eux. , ,
On négocie, en ce moment, au 1 sujet de
la formule de ces regrets. Dès que l'accord!
sera complet, l'échange des documents aura
lieu ; ce sera, pense-t-on, chose faite avajnt
la fin die la semaine.
La Grève oes Inscrits Maritimes de Marseille
Des navires da guerre assurent le transport des courriers en souffrance.
(Dépêches de nos correspondants)
Marseille, 26 Mai.
La grève des inscrits- maritimes continue.
Les capitaines au long-cours et les offi
ciers de la marine marchande, réunis hier
soir en assemblée générale au siège de leur
pêches en souffrance "depuis deux 'jours,-
dans notre ville à destination de l'Algérie^
Un autre contre-torpilleur attendu inces
samment partira demain en service postal
pour Bône.
>Le paquebot anglais Schleswig, qui est
GROUPE D'INSCRITS MARITIMES EN GRÈVE, SUR LES QUAIS DE MARSEILLE
syndicat, s ont ■voté un ordre du jour assu
rant leurs équipages de leurs sympathies
mais blâmant leur grève.
A la -Bourse du Travail, les inscrits ont
voté un ordre du jour faisant un pressant
appel à-la solidarité des états-majors. _
Le contre-torpilleur Sarbacane, arrivé
ce matin de Toulon, est parti cet après-
midi, à une heure, pour Alger en service
postal.
Lfi navire emportait tous les sacs de dé
parti aujourd'hui pour Alexandrie, a eai«
porté tout le courrier d'Egypte. Voici d'ail
leurs îles mesures qui ont été prises par le
gouverneimient, pour assurer les service^
maritimes postaux pour l'Algérie, la Tuni
sie et la Corse : Trois départs par semaine
pour Alger, deux pour Tunis, un pour
Bône et Phihppeville alternativement et
enfin un départ pour Ajaccio tous les deux
jours. C'est le contre-toçpilleur Pertmsane,
qui fera demain le service postal de Bône.
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JEUDI 27 MAI 1909
147 SA INT ILDEVE HT 218
QUARANTE-SEPTI feME AN NÉE (N UMÉRO 16,953)
Les manuscrits ne sont pa9 rendus
Les Retraites ouvrières
PROJET DE LA COMMISSION SÉNATORIALE
Le rapport de la Commission sénato
riale des retraites ouvrières a été dis
tribué hier aux membres du Sénat, ren
voyé pour avis à la Commission des Fi-
. nances et la discussion :en pourra vrai
semblablement commencer avant une
quinzaine de jours.
Tout donne donc le droit de penser
qu'avant la fin de la présente année cette
Tjuestt 'Ott tfite des retraites ouvrières, ca
pitale et. de premier ordre dans une dé
mocratie républicaine comme la nôtre,
aura reçu sa solution.
Avec là loi d'assistance de 1905, le
Parlement était allé au plus pressé. On
avait voulu qu'une bouchée de pain
fût au moins assurée comme un droit à
tout Français ou Française, âgés de 70
ans, qui, pour un motif ou pour un au
tre, . étaient arrivés à cet âge sans avoir
par devers eux de quoi ne pas mourir de
faim. Mais ce n'était ét ce ne pouvait
être là qu'une mesure transitoire et un
expédient.
Le véritable but à atteindre et ce à
quoi il fallait viser, c'était la recherche
d'un organisme. de prévoyance ou d'un
ensemble de procédés divers, grâce aux
quels avec leurs moyens propres, joints
lu concours de l'Etat et de leurs patrons,
les travailleurs des. deux sexes fussent
mis à même de se constituer une pen-
sion ou. une rente pour le jour où l'heu
re du repos aurait sonné pour eux. Il
B'agissait en un mot, de réaliser au pro
fit de toute la classe ouvrière, ce qui
• avait été fait par la loi de 1853 pour les
fonctionnaires, et ce qu'un grand nom
bre de prévoyants s'efforçaient de réali
ser à leur propre bénéfice par l'inter
médiaire de cette admirable Caisse na
tionale dé la retraite pour la vieillesse,
fondée par le second Empire sur les
idées, les projets, et les conceptions du
vieux parti républicain de 1848.
Le problème n!était pas simple, il
était" au contraire complexe et formida
ble puisqu'il devait s'appliquer à plus
de 12 millions d'intéressés.
La Ghairïbre:-y a ."travaillé • pendant -16
années, car le premier projet qui liii fiit
soumis,date de 1891 et c'est seulement en
février 1906 qu'elle donna son approba
tion finale au projet qui devait être en
voyé au Sénat. Et durant ce long espa
ce, soit par elle-même, soit par ses com
missions spéciales, elle n'eut pas moins
de cinquante propositions ou projets à
examiner.
On a violemment reproché à la Com
mission du Sénat d'avoir gardé le pro-
, jet de la Chambre pendant trois /an
nées avant de statuer, d'avoir par con
séquent, consacré,trois ans à un travail
qui en avait demandé quinze à la Cham
bre.
Mais on oublie qu'à l'analyse ce pro
jet constituait une œuvre- où l'esprit de
chimère tenait une place plus grande
que de raison, et qu'il était d'une ap
plication réellement impossible. La pre
mière condition à remplir pour un pro
jet de ce genre, c'est d'être viable, et
j'entends par là d'avoir à côté de lui
les ressources financières indispensa
bles à son fonctionnement : or, alors
que le pays était littéralement écrasé
d 'impôts, que notre budget était en dé
ficit et que de grosses dépenses néces
saires à la défense nationale s'impo
saient, il réclamait, pour être mis en
mouvement, des centaines de millions
dont il n'y avait pas le premier sou en
caisse.
.*** #"
Une autre condition non moins es
sentielle, . c'était de répondre aux vœux
de ceux-là mêmes pour qui il était fait
et de ne choquer ni leurs sentiments ni
leurs intérêts. Or, la portion la plus mi
litante et la plus active des travailleurs,
s'y montrait résolument hostile. Il suf
fisait,. pour s'en convaincre; de consulter
l'enquête faite par la Chambre, et dont
les résultats furent largemènt corrobo
rés par celle que la Commission séna
toriale jugea elle-même à propos d'ou
vrir.
Et comme au total, le projet n'était
qu'une reproduction de la législation al
lemande sur la matière, et qu'à l'instar
de toutes les lois ouvrières de l'autre côté
du Rhin, il avait pour base la contrain
te, l'enrégimentement et la subordina
tion administrative, toutes choses abso
lument contraires au tempérament fran
çais, il était visible que son applica
tion, si elle avait jamais lieu, aurait' eu
immanquablement pour effet de provo
quer de toutes parts des résistances et
des révoltes, et qu'au lieu d'une loi d'a
paisement et de progrès social, on n'au
rait fait qu'une loi de division et de mé
contentement. On avait alors la loi sur
Je i^pos hebdomadaire sous les yeux.
Il serait trop long et d'ailleurs inutile
"d 'énumérer toutes les critiques auxquel
les le. projet pouvait prêter. Bornons-
nous à dire pour justifier la Commis
sion sénatoriale des attaques dont elle
a été l'objet, qu'elle se trouvait devant
lin travail presque entièrement à refon
dre, et que, pour le rendre réalisable,
elle était dans l'obligation de le refaire
afin de l'adapter à la fois à l'état de nos
ressources budgétaires, aux forces con
tributives de notre industrie, et 3° au
fond, d 'indépendance et d'individualis
me qui" est la caractéristique de notre
race. Elle, avait en outre à se préoccu
per dè. né pas , trop exiger des travail
leurs pour la caisse de retraite, afin
que l'usage d'autres formes d'épargne
et d'assurance, susceptibles de les ten
ter pût encore leur demeurer possible.
. Pour employer une formule qui rend
bien notre pensée, la commission séna
toriale avait eu à mettre en français ce
qui lui avait été envoyé en allemand.
: Il faudrait plusieurs articles pour
donner une idée complète de toutes les
dispositions du projet tel qu'il vient de
sortir du métier de la Commission.
Mais, comme le problème à résoudre
regarde le travailleur, nous nous conten
terons d'indiquer sommairement et en
quelques traits les avantages que de
simples ouvriers, entrant dans la vie
avec leurs seuls bras comme capital, se
ront appelés à en retirer.
On-jugera par là si .la Commission a
réussi dans son œuvre.
Partant de ce principe, que l'ouvrier
ou l'ouvrière commencent à gagner à
partir de leur quinzième année, la Com
mission a décidé que de 15 à 18 ans, ils
•devront verser .3 francs par an et que
de 18 à 65 ans, — sauf pour l'homme
pendant ses deux ans de service mili
taire, leur versement devra être porté
à 6 francs.
Ce versement de 3 francs et de 6 francs
sont obligatoires, mais rien n'interdit
aux intéressés d'en faire de" plus forts,
s'ils le jugent à propos, en vue d'aug
menter le taux de leur pension.
Or, en échange de ce versement obli
gatoire, quand il sera âgé de 85 ans,
qu'aura à recevoir l'ouvrier ? Il recevra
1° une rente viagère de .120 francs ; 2°
une pension calculée d'après ses verse
ments, avec une majoration du tiers jus
qu'à concurrence de 60 francs.
Cette pension ainsi majorée, ajoutée à
la rente viagère de 120 francs, s'élèvera
à 267 francs, si l'ouvf-ier a versé 0 fr. 50
par mois, c'est-à-dire 6 francs par an; à
340 francs, si au lieu de 0 fr. 50, il a ver
sé 0 fr. 75 par mois; à 400 francs, s'il a
versé mensuellement 1 franc ou 12 fr.
par an.
Et ce v ne -seront .pas. ses- seuls- avanta
ges, car l'art. 9 du projet conserve à
l'ouvrier le bénéfice de l'art. 20 de la
loi d'assistance quand il atteint 70 ans
Avec le jeu, en effet, de cet article, ii
jouira d'avantages supplémentaires re
lativement considérables.
Dans les communes ou l'allocation
d assistance est par exemple de 15 francs
par mois, la pension de l'ouvrier ou de
l'ouvrière n'ayant'vereé qye 6 francs par
an, pourra aller jusqu'à 283 fr. 50, jus
qu'à 343 fr. 50 dans celles où cette al
location est de 20 francs, et à Paris et
dans les autres villes, où cette dernière
est de 30 francs, jusqu'à-463 fr. 50.
Ajoutons que cette pension sera mê
me encore majorée si l'intéressé a élevé
trois enfants jusqu'à l'âge de 16 ans.
Ici, "se présentait une objection ; il
se peut que de 15 ans à 65, l'ouvrier soit
parfois dans l'impossibilité de verser
quoi que ce soit ; il peut lui survenir des
maladies, des périodes de chômage lon
gues et répétées, pendant lesquelles ne
gagnant rien, il se trouvera dans la né
cessité d'interrompre ses . Versements,
quelle sera alors sa situation vis-à-vis
de la loi ?
Le cas a été prévu. L'art. 6 spécifie
que pour profiter du bénéfice de la loi,
les versements prescrits devront être ef
fectués par les intéressés dans la pro-
)ortion d'au moins trois cinquièmes,c'est
à-dire par exemple, que pour cinquante
années de versements à faire, l'ouvrier
pourra n'avoir versé que pendant trente
ans. On voit que la marge est large.
L'ouvrier n'aura à y perdre qu'une chose,
c'est que ses versements n'ayint pas at
teint leur plein, la pension qui devra
lui être attribuée sera moindre. ""
Restait maintenant une autre hypo
thèse, celle où l'ouvrier viendrait à mou
rir en cours de route, c'est-à-dire avant
d'avoir obtenu sa retraite. Qu'advien
drait-il en ce cas ? Ses versements
seraient-ils entièrement perdus pour ses
héritiers ? De ce côté le projet de loi s'est
montré des plus généreux. D'abord,
s'il a plu à l'intéressé de faire ses verse
ments à capital réservé, comme il en a
le droit, tout ce qu'il aura versé revien
dra à sa famille. C'est là un point es
sentiel.
Mais il y a encore plus : en vertu de
l'art. 7, sa veuve s'il décède sans enfant,
touchera une mensualité de 30 francs
pendant deux mois, soit le produit de
dix cotisations annuelles de 6 francs. Et,
s'il décède laissant un ou plusieurs en
fants, l'indemnité pour sa veuve sera
de 30 francs pendant six mois, soit une
première somme de 180 francs représen
tant le versement de 6 francs par an
pendant trente ans, et en outre, une al
location de 5 francs par mois et par tête
d'enfant, pendant 6 mois.
. ,
Après les indications et les chiffres
qui précèdent, si le projet de la commis
sion sénatoriale est approuvé par le Sé
nat et ratifié par la Chambre, il n'est
pas téméraire de dire que la question
des retraites ouvrières aura reçu sa so
lution, et une solution qui méritera au
Parlement la reconnaissance de tous les
travailleurs français.
PAULIAT,
sénateur du Cher.
L'AFFAIRE STEINHEIL
Tardivel a été Interrogé hier à Versailles
Le modèle, qu'Alla ire continue à accuser,
est pressé de se disculper du crime de l'impasse Ronsin.
M. Côme, juge d'instruction à Versailles,
a- interrogé, hier, fort longuement, en pré
sence de leurs défenseurs, M CB Albert Sal-
mon et Périnard, Ange Tardivel, Allaire et
la femme Batifolier.
Si cet interrogatoire n'a pas donné lies
résultats qu'on en attendait, oa/r Tardivel
s'est dérobé fort 1 adroitement à une con
frontation qui pouvait tourner à son désa
vantage en le montrant sur vingt points
différents en flagrant délit de mensonge, il
semble qu'il va provoquer une reprise
complète de l'instruction du crime de l'im
passe Ronsin. ,
Tous les personnages dénoncés, hier, par
AU aire jet la femme BatifoMer comme ayant
pris part au double assassinat du peintre
imposture, dont les repris de justice sont cou-
tumiers. -Non, s'il en était ainsi, Tardivel se
serait vanté à la « Bohémienne » et » mot d'a
voir joué le premier rôle, tandis qu'en réalité,
il n'a guère fait que le guet.
J'avais connu Ange à l'asile Saint-Méem,
près de Rennes, où je simulais la folie pour
éviter les assises et où il faisait * la bête »
comme moi, car on le soupçonnait de cam
briolages dans les environs.
Je le revis le 2 juillet dernier à Versailles,
à la fête du quartier des Chantiers.
En prenant un verre, il me dit : « Tu sais
que je suis cordonnier de mon métier, mais
cela ne nourrit pas son homme ; j'ai été mo
dèle également, mais ça ne va pas en ce mo
ment. Si tu veux, on s'associera. Je sais qu'il
y a de beaux coups à faire, à Versailles, à
la cathédrale Saint-Louis, à Notre-Dame/ j >
Je me laissai tenter, et mon amie, la veuve
Batifolier, proposa de commencer par l'église
du village de Ghâteaufort, car elle avait ha
bité ce pays.
Et Allaire se mit à raconter lès détails de
l'expédition, détails que les lecteurs du
Petit Journal connaissent déjà, comment
la « Bohémienne »-fit la courte échelle,com
ment ALlaire et Tardivel se coupèrent pro
fondément aux mains en traversant un vi
trail.
— Voyez donc la main droite d'Ange, la
cicatrice est encore visible.
De fait, Tardivel porte bien une cicatri
ce à l'endroit indiqué, mais il l'explique
d'une façon plausible par un coup de tran-
ohet maladroit.
Dépité d'uni butin très maigre, Tardivel
i écrivit alors sur le registre des mariages
dians la sacristie, quelques phrases inju
rieuses pour les paroissiens de Ghâteaufort,
au bas desquelles Allaire ajouta ;
« Signé : Cherche-Après ».
Tardivel quitta bientôt Versailles pour y
revenir trois fois et proposer de nouvelles'
expâditionis à son complice, et aussi 'l'émis
sion de fausse-monnaie.
L'assassinat
\
DifMCHE PBOGHJUN 30 MAI
Le "Petit Journal" commencera la publication di
u Ma m
CJrancl Roman inédit
par Ely MONTCLERC
. Le gardien du Seuil des Épouvantes
le héros mystérieux du nouveau roman d'a
ventures et d'amour, écrit par E ly M ontclehc
pour le Petit Journal, et dont les péripéties
terribles transporteront nos lecteurs de Paris
au Mexique.
EM TURQUIE
Les piinisires ('MH-HamM exilés
{Dépêche de notre correspondant)
Constantinople, 26 Mai.
Tous les hauts fonctionnaires die l'ancien
entourage d'Abdul-Hamid qui, depuis le
mois de juillet dernier, étaient déitenus
dans l'île des Princes, dans la mer de Mar
mara, ont été envoyés en exil, hier matin,
vers une destination inconnue.
Parmi eux, se trouvent Tahsin Pacha,
premier secrétaire d'Abduil-Hamid ; Ra-
ghed Pacha, chambellan ; Ali Riza Pacha,
ministre de la- Guerre ; Memdouih Pacha,
ministre de l 'Intérieur ; Zeici Pacha, grand-
maître. de- l'artillerie, et l'amiral Rami Pa
cha, ministre lie la Marine.
PROPOS D'ACTUALITÉ
Les Dangers de l'apostille
. **
Nos parlementaires éprouvent en ce moment
le fâcheux effet des abus de l'apostille. On a
trouvé dans le dossier du capitaine Marix la
signature de quelques-uns de ces messieurs au
bas de lettres de recommandation ; un jour
nal a donné les noms... Et voilà nos hono
rables fort marris...
Le capitaine !... La plupart d'entre eux ne
le connaissaient môme pas... Ils l'affirment...
Et ça doit être vrai... « Jamais je ne l'ai ap
proché ni ne l'ai vu, dit l'un d'eux... . Seule
ment, je suis dans le cas de nombre de mes
collègues. J'ai signé dans ma vie politique
beaucoup de lettres de recommandation en
faveur de gens que je ne connaissais même
pas... »
Comment trouvez-vous laveu et que pensez-<
vous de l'excuse ?... Estimez-vous celle-ci ac
ceptable et celui-là honorable ?... Moi pas !...
Signer une recommandation en faveur de quel
qu'un, c'est donner a oe quelqu'un un bre--
vet de confiance et d-estime, tenez-vous cela
pour une personne que vous ne connaîtriez
pas ?... Non, n'est-ce pas ?... Moi non plus—
.Vous attendriez au moins d'avoir mis cette
personne à l'épreuve, dé l'avoir étudiée, de
vous être fait sur son compte une opinion...
Vous agiriez sagement. C'est prendre une res
ponsabilité grave que de patronner quelqu'un :
on est un peu solidaire de toutes les actions,
bonnes ou mauvaises, qu'accomplira la per
sonne recommandée dans la fonction qu'on lui
aura fait obtenir... S'il m'était jamais arrive de
recommander pour une place un homme qui fût
une canaille, je me sentirais, au fond de ma
conscience, un peu complice de ses canaille-
ries... .
Nos honorables n'ont point de ces scrupu
les de sentiment. Par l'abus, ils ont tranifor
mé l'exercice de leur mandat en une sorte de
machine automatique à recommandation...
Ils recommandent comme d'autres font des
petits pâtés ou des chaussons de lisiere : leur
fonction est de recommander. Ils font même
de leurs' signatures un petit trafic amical...
Pistonne mon protégé, je pistonnerai le tien...
Passe-moi l'apostille, je te passerai la referan
ce... Ces mœurs sont tout à fait dépourvues de
moralité... Il est vrai que nos honorables s'en
moquent. Mais elles sont aussi dépourvues de
prudence, et il Arrive qu'elles attirent force en
nuis à ceux qui les pratiquent; Alors, nos hor
norables ne s'en moquent plus... Ils s'indi
gnent, ils protestant;., a Marix, mais je ne le
connaissais pas !... Jè ne l'ai jamais vu l... »
Et le public de goguenarder :
— Ah ! vous ne le connaissiez pas ? . Ah !
vous ne l'avez jamais vu ?... Et vous l'avez
recommandé... Eh bien, vous n'en êtes que
plus coupable... Tant pis pour vous ' . Je ne
vous plains pas I
Jean Leooq.
Un lialloa militaire cmê par la grêle
Metz, 26 Mai.
Hier après-midi, au cours d'un violent
orage,-un ballon militaire qui-ipanœwrait
darjs lep environs d'Antilly a été crevé par
la grêlfr
TARDIVEL, A COTÉ DE SON AVOCAT
■hier, dans les couloirs
du Palais de Justice de Versailles .
Steinheil et de Mme Japy ont, en effet, été
mêlés plus ou moins directement à 1 en
tourage, du peintre; ce sont des comparses,
pourrait-on dire, qui ont été un instant
soupçonnée d'être les mystérieux inconnus
dépeints par Mme Steinheil; ils répondent
au signalement qu'.elie donna à la première
heure, mais grâce à des aMhis adroitertont
présentés, à des'témoignages produits très
à propos, l'homme brun, son complice et
la Rouquine s'en tirèrent à l'époque. .
Tous, s'il faut en croire Allaire, dont, les
déclarations qu'on a pu jusqu'à présent
contrôler sont, d'une rare précision, furent
interrogés. Plus tard, au mois de juillet
dernier, une lettre anonyme dénonça^mê-
m© Ange Tardivel et Allaire comme deux
dés assassins. : ' .
A ce moment, ces .deux personnages
avaient quitté Paris et on perdit leurs ^ra
ces, tandis qu'ils étaient à Versailles-en
train de préméditer, c'est Allaire qui le dit,
divers cambriolages. _ „
^ La compagne d'Allaire, la veuve Batifo
lier, a comparu la première.
-Très brune, très maigre, 1 inculpée, que
l'on surnommait dans le milieu où elle vi
vait « la Bohémienne », ou encore la
Sourde », en raison de l'infirmité dont elle
est-atteinte, eslt arrivée afcsez surexcitée
dans le cabinet du juge d'instruction.
La Veuve Batifolier
Elle venait de croiser Tardrvel dams les
couloirs de l'instruction.
— Dire que c'est pour lui, par amour, que
ie me suis laissé entraîner a devenir ce que
ie suis • jusque-là, j'étais honnete. Je me con
duisais 'bien, jamais je n'aOTaispei^ a voler !
C'est un tentateur, c'est un .démon oui a en
triîn/» n.nssi' \llaire. Ali oui, il 3» fâ-it
ces coups • le cambriolage de Chateaufort avec
nous • il a voulu nous taire dévaliser l'église
4aint-Louis l'église Notre-Dame, a Versailles ;
U fa^aHe guet dans l'affaire SteioUeil, c'est
lui qui nous l'a répété maintes fois, c'est ta
oui a commis tous les cambriolages faits
l'année dermere, impasse Ronsin et rue de
Vmi£?irard- îuscrue dans la maison qu il habi
St ® Shez donc aussi autour de Saint-Lô,
où il a plus de vingt vols' à son actif et à Ren
nes, où il a pris des mille francs dans un
château.
Tout en criant... comme une sourde, la
malheureuse devoyée a donné des rensei
gnements fort précis sur le rôle de Tardi
vel dans le cambriolage de Châteaufort,
détails- qu'Allaire répéta sans la moin
dre divergence de détail, quelques instants
plus tard.
Le cambriolage de Chateaufort
' Allaire qui a succédé à la veuve Batifo
lier dans'le cabinet de M. Côme, s'est éten
du, deux heures durant, sur ses propres
méfaits comme sur ceux de Tardivel.
« Je vous préviens, lui avait cependant dit
le luge d'instruction, au début de l'mterroga
toiré, que je n'ai a m'occuper que des cam
briolages commis en Seme-et-Oise. L affaire
Steinheil ne regarde que M. André, mon col
lègue de Paris ; je vous prierai donc de ré-
server pour célui-ci toutes vos rcvalations sur
le crime. »
Allaire, quoiqu'il fût fort défait et qu'il
pût se traîner à peine, car, au cours d'une
crise (Tépilepsie, il s'est déboîté la hanche
gauche, opposa au juge une ténacité extrê
me et, pendant toute la durée de son inter
rogatoire, ne cessa de mélanger les deux
affaires.
Vous verrez, monsieur le juge, repetait-il,
croire lorscrue -j . „ „
complices du crime de l'impasse Ronsin. Ne
dos dites pas. qu'il 6'est vanté, qua e'esî une '
de l'impasse Ronsin
En veine de confidences, après avoir ra
conté à Allaire qu'il avait commis nombre
de cambriolages à Saint-Lô,* ià Rennes, à
Paris dans la maison même où il dieaneu-
rnit, 169,-rue de Vaygiraind.et l 'impas-
se Ronsin, il -lui fit le récit d©'sa partici
pation au crime.'
Voici, d'après Allaire; ce qu'aurait été ce
récit.
Ange, de complicité avec deux autres in
dividus, Pierre Robert, dit « le Belge », et
Pierre Ollivier, dit « Pierre de la Ëastille »,
et Amélie la Rouquine, devait cambrioler
la villa ide M. Steinheil dès le départ de ce
lui-ci pour Bellevue.
Un des complices s'était procuré une clef
de la porte de la villa et s'était chargé de
reconnaître si les locataires étaient bien-
partis.
Si la villa était inhabitée, il devait avi
ser ses complices en plaçant une lumière
devant une fenêtre du premier étage.
Ange et ses camarades guettaient le si
gnal d© la fenêtre de la ohamibrette qu'oc
cupait le modèle, 169, rue de Vaugirard.
Vers minuit la lumière apparut. Tous se>
précipitèrent alors impasse Ronsin et péné
trèrent dans la villa, seul, Ange resta à
la porte pour faire le guet.
Ses camarades lui dirent, plus tard, qu'en
pénétrant dans la première chambre, Us
trouvèrent .Mme Steinheil endormie; mais
le bruit la; réveilla et eliei voulut se levier.
•La Rouquine, Pierre de- la Bastille et Ro
bert se précipitèrent sur la femime du pein
tre, lui mirent sur les narines un tampon
d'ouate, imbibé de chloroforme et la ligo
tèrent.
. Ce serait Roibert qui aurait étouffé, « d'un
coup d© pouce comme. un pigeon » Mme
Japy, parce que celle-ci criait, il fallut aussi
« faire son affaire » au peintre, qui accou
rait.
Mais le crime n'avait ip'as été prémédité ;
la bande n'avait voulu que cambrioler.
Et Ange — c'est touj'ours Allaire qui
raconte — aurait expliqué que c'était par
suite d'une méprise que l'a bandle lavait opé
ré ce eoir là. Ge n'était pas leur complice
qui avait allumé la lainipei, qu'ils ptrirent
pour le signal convenu, niais bien Mme
■Steinheil, elle-même, qui usait quelque
fois de oe procédé, pour avertir un de ses
amis qu'il pouvait venir la rejoindre sans
danger.
Ange aurait ajouté que l'assassin de
M. Steinheil habitait en dleraier lieu, rue
du Château, à Paris, où on l'appelait « la
Belge ».
(( Vous allez voir tout à l'heure à la con
frontation, dit en terminant Allaire, si An
ge osera nier ein notre présence ».
Tardivel refuse de répondre
Allaire devait être déçu.-
Tardivel, amené séparément U son lour,-
entra tout souriant chez le juge, en com
pagnie de son défenseur.
Après avoir décliné son état civil et
ajouté qu'il n'avait jamais subi dé con
damnation, Tardivel fit d'un ton dégagé,:
très net, cette déclaration :
Pairdon, monsieur le juge, il paraît que -je
suis, en dehors du vol de Châteaufort, ac-i
cusé d'avoir été mêlé à l'affaire Steinheil.
Eh bien, je ne répondrai pas sur le vol de
Ghâteaufort avant d'être disculpé de toute par
ticipation à l'affaire Steiniheil. Inutile d'insis
ter, un point c'est tout, termina-t-il plus sèche
ment. Commencez donc par le crime de'l'im
passe Ronsin.
M. Côme, ne voulant pas abonder dans
•le Sens de son prévenu et aborder l'affaira
Steinheil, renonça à une confrontation gé
nérale au cours de laquelle la veuve Bati
folier et Allaire n'auraient pas mainqué da
rappeler à Ange ses confidences.
Tardivel fut donc reconduit, sans plua
tarder, à la maison d'arrêt.
Une heure plus tard, M. : Côme, après
avoir avisé par télégramme son collègue,
M. André, faisait extraire Ange et Allaire
entre quatre gendarmes.
. Les deux prévenus, conduits à', la gare
de l'avenue Thiers, y prenaient le train
électrique de 7 heures 17 du soir pour la
gare jde^ invalides, à Paris, où dis.arri
vaient a 8 tieiirés; •
Voir la suite en iS e page.
L'INCIDENT
des Déserteurs de Casablanca
ILes gouvernementsi. de France et. d'Alle
magne préparent le règlement définitif de
d'incident, qui fut un moment si aigu,, de®
légionnaires déserteurs de Casâblaaica.
Après le jugement rendu par le tribunal
arbitral de La Haye, il reste aux deux
gouvernements à échanger dies exclus es pour
les torts qui ont été mis à la charge de cha
cun d'eux. , ,
On négocie, en ce moment, au 1 sujet de
la formule de ces regrets. Dès que l'accord!
sera complet, l'échange des documents aura
lieu ; ce sera, pense-t-on, chose faite avajnt
la fin die la semaine.
La Grève oes Inscrits Maritimes de Marseille
Des navires da guerre assurent le transport des courriers en souffrance.
(Dépêches de nos correspondants)
Marseille, 26 Mai.
La grève des inscrits- maritimes continue.
Les capitaines au long-cours et les offi
ciers de la marine marchande, réunis hier
soir en assemblée générale au siège de leur
pêches en souffrance "depuis deux 'jours,-
dans notre ville à destination de l'Algérie^
Un autre contre-torpilleur attendu inces
samment partira demain en service postal
pour Bône.
>Le paquebot anglais Schleswig, qui est
GROUPE D'INSCRITS MARITIMES EN GRÈVE, SUR LES QUAIS DE MARSEILLE
syndicat, s ont ■voté un ordre du jour assu
rant leurs équipages de leurs sympathies
mais blâmant leur grève.
A la -Bourse du Travail, les inscrits ont
voté un ordre du jour faisant un pressant
appel à-la solidarité des états-majors. _
Le contre-torpilleur Sarbacane, arrivé
ce matin de Toulon, est parti cet après-
midi, à une heure, pour Alger en service
postal.
Lfi navire emportait tous les sacs de dé
parti aujourd'hui pour Alexandrie, a eai«
porté tout le courrier d'Egypte. Voici d'ail
leurs îles mesures qui ont été prises par le
gouverneimient, pour assurer les service^
maritimes postaux pour l'Algérie, la Tuni
sie et la Corse : Trois départs par semaine
pour Alger, deux pour Tunis, un pour
Bône et Phihppeville alternativement et
enfin un départ pour Ajaccio tous les deux
jours. C'est le contre-toçpilleur Pertmsane,
qui fera demain le service postal de Bône.
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