Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1909-05-26
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 mai 1909 26 mai 1909
Description : 1909/05/26 (Numéro 16952). 1909/05/26 (Numéro 16952).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k618635f
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/10/2008
LE IPXXTS
. ADMINISTRATION, RÉDACTION ET ANNONCES
61, riie Lafa ^ette, à Paris (9 me )
tffrtfpiîrrapç 5 Rédaction......; , 10î-'/6~-tf01-73i—
TELEriluSES ^ Administration ; /0/-625-~^i2/-2S-r-W/.-75
ABONNEMENTS SEINE ET SE1HE-ET-0ISE
'TROIS MOIS.
SIX MOIS
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LesAbemtemeebt
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LE MIEUX RETsTSEIG-TCTE
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Jcanî.
LÉ SUPFIÊHEHT OIESIBÊ.... 6 CEUX.
XaB Petit Joanral agricole. 6 ceot.
£a SoSJiBimliDiisbeâshlaDSBsa 10 CESTi
F^oâd .• ÎO C3ES&
Directeur : farAnyER PEEVET
ABONNEMENTS étranger
TROIS MOIS...... 8 pn.
SIX MOIS 45 fr.
. UN AN_._ 30 FIL.'
Les Abortnemmis
pttrteaiies i?eti& 4e chaque mois
MERCREDI 26 MAI 1909
146 SAINT PHnJPPEJDE NÉHI 219
QUARANTE.SEPT1 ËME AN NÉE TN umëro 16,852)
Les manuscrits rie sont pas rendus
Edition de Paris
Il y eut en tout temps des trafiquants
d'influences et des ' escrocs q;ui se_ vantaient
d'influences imaginaires. Le capitaine Ma
rix, entremetteur, pilier de'tripots,briseur
d'affaires véreuses, dont la physionomie est
si dissemblable de. celle, des officiers fran
çais dont il portait, on. ne sait'pourquoi,,
l'uniforme ; ce meroanti n'est donc pas un
nouveau type d'humanité qui vient de
se, révéler s 'il fait pins scandale, s'il excite
-plus d'indignation que tjint de.faiseurs que
nous cô'udtoyons, c'est à cause de'la profes-
.eion respectée entre toutes où il s'était four
voyé et à cause des fonctions de magistra-
'ture 'dont il s'était fait charger.
Qu'un capitaine fasse de l'argent avec des
sursis et -un juge d'instruction avec des non-
lieu, c'est ce que nous n'avons jamais vu.
Dans le une ■vieille connaissance ; les. accessoires
seails sont neufs et ces accessoires sont con-
iti*ë le délinquant 'autant de circonstances
aggravantes qui ne lui vaudront pas l'in».
dulgance du jury. Ah !non!
Ce qu'il y a de plus choquant dans le cas
de Marix, 'c'est qu'il exerçait son. commerce
aux dépens des. petites* .gens. C'étaient de
pauvres diables sans argent ou presque
sans argent qu'il mettait dans l'alternative
de payer ou de s'en ajjer en prison ou au
régimenttdans le moment où une affaire im-
porbdiute exigeait leur .présence chez eux.
Quand on-a su par les révélations de son
.propre ,.cousin que cet étrange capitaine,
qui-se -dégradait lui-même par le métier
qu'il faisait, avait demandé 50.000 francs
à un commerçant pour ie faire décorer,on a
souri, car on sait bien que si les décora
tions ne. sont pas vendues* sous un régime
qui'se fonde-sur la vertu, elles excitent sou
vent chez ceux qui les reçoivent une recon
naissance qui se traduit par des dons d'ar
gent non pas certes à des particuliers,
mais à des caisses politiques. Marix et un
de ses acolytes cherchant à se mettre en
tre un solliciteur de croix eî une de ces
caisses,- on a trouvé la friponnerie certai
nement coupable' mais tout de même dro
latique. '
Mais ce qui est impardonnable,ce sont les
petites sommes extorquées aux réservistes
et aux prévenus devant la justice militaire.
Dans ces. petits méfaits vils; il y a de la
corruption orientale, de la corruption ad
ministrative et non pas de la corruption
d/Mat a laquelle nous trouvons assez faci
lement des excuses — car elle en a.'
proposition pouvant voua scanda-"
liser, il importe que je l'explique au plus
\ite» *. %
La "corruption à l'orientale, à la turque,
c est celle qui s'exerce contre les individus
pour ne lés laisser user de leurs droits que
contre argent comptant, gi vous voulez
n'importe qtoi en Turquie, 6 une chose pré
vue par la.loi, une chose qu'on ne peut pas
vous refuser, il faut cependant pour l'ob
tenir, verser un pourboire 'ou plusieurs
pourboires à l'employé ou aux employés
dont dépend l'expédition de' la chose.
Marix avait importé dans la justice mi
litaire cette pratique orientale du bakchi-
che (c'est le nom turc de pourboire).
La mise hors de cause d'un innocent est
pour lui un droit, Marix le vendait"; l'ob-
tentiofl, d'un sursis, dont un assujetti à la
loi a. réellement besoin, ' est encore ■ un
droit : -Marix,- qui tenait, boutique de tout,
lé vendait encore. Cette, corruption, qui se
fait sentir aux humbles, qui lève tribut sur
euXj est' aussi iiaïssaMe que méprisable.
Mais." de l'autre corruption on peut parler
sans colère;',.car les r victimes qu'elife fait
sont (peu intéressantes et souvent elle peut
être utile à l'Etat. Sous l'ancien régime,
quand les impôts étaient ooncédés à des
fermiers généraux, le ministre concédant-,
et quelquefois même le roi, exigeait du con
cessionnaire qu'il accordât'une part d'inté
rêts dans ses bénéfices à une' personne ou
à plusieurs personnes. Gela s'appelait
« donner une croupe », l'intéressé que l'on
imposait au fermier général étant com
paré, à un compagnon de voyage «monté
en croupe » derrière un cavalier.
Quand le ministre disait : « Je ne signe
le hail de votre ferme. que si vous donnez
une croupe de tant à M. Untel », il faisait
de la corruption, car il lui arrivait d'être
de compte à demi avec le « Untel », qu'il
mettait en avant. Mais il la faisait aux dé
pens d'un traitant qui lui-même aillait dé
mesurément s'enrichir en quelques années.
Par « la Groupe » imposée, le ministre re
prenait à ce spéculateur une faible part de
son profit. Ce n'était pas d'une haute mo
ralité, mais comme personne ne s'intéres
sait aux fermiers généraux, on ne trouvait
rien à redire au système des croupes. Le
peuple n'aurait rien gagné si ce système
n'avait pas été pratiqué.
"Il y avait encore corruption d'Etat, c'est-
à-dire utilisation de la corruption au profit' «sous les yeux de ses camarades terrifiés,
de l'Etat, dans le cas des maisons de jeu. h avait laissé sui
On ne les tolérait qu'autant qu'elles ver
raient au lieutenant de police d'abord, et
plus tard à son successeur le ministre ou
le préfet de police, une certaine redevance
journalière qui était employée aux services
de la Sûreté de Paris. Obtenir de l'argent
des industriels qui exploitent le jeu ; les
placer entre l'obligation de payer ou l'em
pêchement d'exercer leur industrie, tout
d'abord cela vous a des airs assez déplai
sants. Mais aujourd'hui qu'arrive-t-il ?
C'est que les maisons de jeu de Paris ne
. paient aucun impôt sur le produit de leur
cagnotte, mais qu'elles sont à la merci des
maîtres chanteurs.
Ce qu'elles ne donnent plus ouvertement
auix autorités ou à l'Assistance publique,
pour acquérir'sous la surveillance àdmi-
nistrative le droit de vjvle, elles le distri
buent, sous la menace, à des aigrefins qui,
de même que Marix, ont de belles rela
tions ou se targuent d'en avoir.
C'est l'abandon qu'a fait l'autorité cen
trale de beaucoup de ses droits qhi a ren
du possible la diffusion, mettons même la
démocratisation de la cotrruption. '
Jadis, tout se réglait en haut ; mainte
nant, la- solution d'une quantité d'affaires
se fait en bas, ou aux échelons intermé
diaires de la hiérarchie. Et sur cette hié
rarchie la surveillance est intermittente ;
on n'y respecte guère la discipline. Qu'ar
rivait-il autrefois et ,qu'arrive-t-il mainte
nant ?
- Il awivajt que-peu - tte personnages:
étaient' assez 'considérables- pour 'aller'fai
re de la corruption en haut, où tout se dé
cidait. La santé morale de la nation n'é
tait pas atteinte par les trafics dès fer
miers généraux et des ministres.
Il arrive maintenant que l'autorité s'est
dispersée. Ceux qui en détiennent une par
celle sont donc devenus l'objet de sollici
tations» de tentations que n'éprouvaient
pas leurs prédécesseurs, les~ commis d'an
cien régime.
Pour conclure, la corruption dans l'ad
ministration est un mal qui découle na
turellement de la décentralisation de l'au
torité. Pour y obvier, il faudrait que les
ministres,, dans le choix des fonctionnai
res appelés à prononcer sur des intérêts
individuels, comme le sont les magistrats,
apportassent la plus grande prudence,
s'entourassent de tous les renseignements
que n'a certainement pas demandés le mi
nistre qui nomma Marix rapporteur au
Conseil de guerre. T
Mermeix.
SCÈNE NAVRANTE A CLERMONT-FERRAKD
U1TLYCÉEN
qui s© suicide
EN PLEINE CLASSE
une composition
tragiquement interrompue
(Dépêche de notre correspondant)
• Cleirmont-Ferrand, 25 Mai.
Un suicide navrant a profondément ému
ce soit toute la ville de Glermont et en par
ticulier le monde de l'enseignement.
A 3 heures 20 la classe de troisième A, du
lycée Biaise-Pascal, comppsp.it un thème
latin, sous la surveillance de M. Petiot,
professeur de lettres, lorsqu'un des élèves,
le jeune Armand Neny, âgé de: quatorze
ans, fils de l'instituteur' de Martres-de-
Veyre, quitta son pupitre, alla s'appuyer
contre le mur et se tira «in coup . de 'revol
ver à la temipe droite.
Le malheureux garçon, tomba foudroyé
sur son pupitre un billet
ainsi conçu. -,
« Ave, amici, moriturus vos salutat ».
<( Bonsoir, mes amis, celui qui va mourir
vous salue / » . ..
Triste parodie du mot des' gladiateurs ro
mains descendus dans l'arène pour le su
prême combat.
Son acte de désespoir était, paraît-il, pré
médité depuis longtemps.. En .commençant
la composition il avait dit â son voisin :
— C'eist pas la peine de t'appliquier pour
la composition-, tu ne la finiras pas ».
Et, en effet, aiprès ce tragique incident,
la classe fut interrompue et la composition
ajournée.
On ne sait à quiels mobiles a obéi le jeune
désespéré.
LE NOUVEAU PALAIS
6t TBmlassaJe Je France a Vienne
(Dépêche de notre correspondant)
Vienne, 25 Mai. 1
■ M. Philippe Crozier,- ambassadeur de
France en Autriche-Hongrie,' a pris posses
sion du nouvel hôtel de l'ambassade, place
Schwartzehberg.
Le Petit Palais,. ainsi qu'^n appelle $
PROPOS
D'ACTUALITÉ
** ■-—
La statue d'Orsini.
M. CROZIER
'Ambassadeur, &e & gienhi
Vienne le nouveau siège de l'ambassade de
France, a été construit par uipi architecte
parisien, M. Chédame, en style Louis XK
un peu modernisé» '>■.■■■ :>■ '
-, Au plafond du grand escalier, on re
marque une superbe fresque de Besnard 4
La France envoyant ses enfants en Au
triche-Hongrie. L'Autriche ayant à sea
côtés un génie jouant du violoncelle et un
aigle reçoit la France,qui s'approche d'elle,
suivie du coq gaulois porteur de guirlan
des;
Le plafond de la grande salle à . man
ger est orné d'une peinture de Picard ;
La joie de vivre.
Un grand couloir tapissé de superbes
Gobelins mène dans la salle de gala où
l'on voit des sculptures de Boutry et des
médaillons de Picard., ■
Les salons de réception se trouvent au
premier. Les appartements de l'ambassa
deur sont au second étage et les bureaux
occupent le rez-de-chaussée.' : t - v
Nos révolutionnaires se laissent damier le
pion par leurs émules italiens.
Depuis quelques années, ils nous menacent
dft statues à Robespierre et à Marat, mais ce
sont des projets qu'ils n'ont pas encore osé
réaliser, par crainte, j'imagine, d'une légiti
me révolte de l'opinion publique.
Eh bien, en Italie, les révolutionnaires n'ont
point de ces scrupules, lis viennent de dresser
a Melaola, près de Ravenne, une statue à Fé
lix Orsini, le régicide, l'auteur de l'attentat
commis en 1858, à Paris, contre Napo
léon III, et qui, sans atteindre l'empereur,
fit néanmoins cent trente victimes.
Cette belle initiative va évidemment donner
une impulsion nouvelle aux comités-qui veil
lent nous doter de monuments à là mémoire
des grands massacreurs de la Terreur.
Et voilà pour l'art sculptural de merveil
leuses ressources....« Ah ! quel malheur d'être
sculpteur .! » disait ce pauvre, Coquelin Cadet
dans la conijplainte célèbre de Cabotins...
«>Ah ! quel bonheur d'être sculpteur » fau-
dra-t-il diife dorénavant. Messieurs les statuai
res ne vont plus savoir où donner de la masse
et de l'ébauchoir, si l'on se met à. élever des
statues aux assassins politiques.
Mais ne se déçidera-t-on pas quelque îour,
ici et à l'étranger, à prendre quelques mesu
res nécessaires contre les excès de la statuo-
manie ?... Est-il admissible que, par la seule
volonté d'un comité de quelques membres et
le consentement d'une municipalité, on puisse
élever dans une ville un monument à un scélé
rat tel qu'Orsini. Ce monument, en somme, ne
■déshonore pas seulement' la ville • die Meldola
aux yeux des étrangers : il diéshonore tout le
pays. Et c'est pourquoi il nie • semble qu'il
ne devrait .pas être permis de dresser aussi ta
citement de teilles statues, qui sont des défis
portés au bon sens et à l'toonnêtieité publics.
Evidemment, lef Italiens sont libres, si ça
leur plaît, de laisser se produire chez eux de
pareilles manifestations, bien qu'en résumé,
nous ayons le droit de protester contre de tels
hommages peu flatteurs pour notre pays qui
eut à. souffrir du crime d'Orsini, et bien que
nous ne sachions pas où s'arrêteront ces glori-
cations de. l'anarchie — . pourquoi n'élève
rait-on pas aussi la statue de Caserio ? — je
ne me permettrai donc pas de les censurer.
Mais si j'en parle ainsi, c'est que l'exemple
est pernicieux et que pareils scandales nous
menacent. ' ... ;
On devrait bien prendre chez nous les me
sures nécessaires pour les éyiter. v
: i : Jean Le'ooq.
U SÂBTÉ DE L i REB E D WIE
(Dépêche de notre correspondant)
Madrid, 25 Mai.
La Gaceta, journal officiel, annonce que
l'heureux événement qui est attendu dans
la maison royale ne se produira que vers
la fin de juin.
Jusqu'ici, on avait cru que la délivrance
de la reine aurait lieu dans la première
quinzaine, du même mois.
Le Lancement du " Danton
Brest, 25 .Mai: *
'Après avoir éliminé tour &"tour"leS*difféi'
rentes causes qui auraient provoqué l'é*
ohec du lancement du Danton, les ingé
nieurs paraissent s'airrêter à iutn suiffage
insuffisant des coulisseaux.
APRES LE PEOCES SAEGENT
4"i»-
M me Maréchal veuf ravoir sa fille
Le Petit Journal racontait, hier, l'inci
dent douloureux qui s'était produit, la veilr
le, à la huitième chambre correctionnelle
du tribunal de la Seine, avant la condamna
tion des époux Sargent, les deux bourreaux
d'enfants. , -, i
La pauvre femme, qui était venue de Brm
xelles avec son mari pour réclamer celle
qu'elle croit être sa fille, n'a pas varié dans
sa conviction.. Pour Mme Maréchal, la peti
te Steptoany est sa fille qu'elle avait confiée
en juin 1904 à Mme Sargent. La malheur
reuse mère est venue au Petit Journal pouç
nous dire qu'elle ne veut pas croire que l'en
fant soit la fille de Mme Dumur, de Versail
les.
— Grâce à l'autorisation du procureur de la
République,, nous a dit Mme Maréchal, j'ai pu
voir aujourd'hui, mon enfant ! Car personne
ne m'empêchera de prétendre que c'est ma
fille ! Elle a mes yeux ! Elle a ma Bouche !
Et, comme moi, elle a le pied gauche un peu
retourné 1 Les avocats qui me conseillent en
ont convenu et ils ont, d'ailleurs, obtenu qu'on
fasse la comparaison de sa photographie avec
celle dé Mme Dumur et la mienne.
On m'a déjà fait passer au service anthro-:
"pométrique où j'ai été photographiée et où
Mme Dumur le sera prochainement. On verra
alors de quel côté esc la ressemblance !
Tout d'abord, lorsque j;ai demandé à voir
mon enfant, on m a repondu que. .par sruite
du jugement rendu hier. Stephany avait été
confiée à l'Assistance publique, et que la
justice n'avait pas qualité pour intervenir.
Mais, en me voyant si aesoiee. mes avocats
sont allés trouver le procureur qui m'a donné
l'autorisation que je sollicitais.
Quand j'ai vu ma petite chêne, je n'ai pu
çontenir ma joie, et. en la couvrant de bai
sers, je Jui ai dit quelle me serait bientôt
rendue 1 II le faut, d'ailleurs, car la mignonne
a l'air bien malade, et les soins d une mère,
de sa vraie mère, peuvent seuls la guérir 1
Rien né semble pouvoir faire revenir
Mme Maréchal'sur sa décision d aller jus
qu 'au bout de-l'action civile qu elle a in
tentée pour établir que la petite Stephany
est bien, sa fille. Tant qu elle n'aura pas
olbtenu satisfaction, la pauvne femme est
décidée 'à ne pas retourner «n Belgique et
à rester là Paris, où elle croit pouvoir ga
gner sa vie en travaillant comme Mngère.
Comme elle, son mari, qui était plongeur
dans un restaurant 'bruxellois, va chercher
un emiploi, car il partage absolument les
sentiments de sa femme, qu'il console et
réconforte de soii mieux. /
Les Morts se suivent
(Dépêche de notre correspondant)
Sainit-Dié, 25 Mai.
Hier, avaient li<ïu au Ban-deSapt, les
obsèques d'un conseiller municipal,- M. Bar.
lier. Au premier rang du cortège', on remar
quait • ùm individu inconnu dans le pays,
dont là tenue négligée et ies gestes désor
donnés ne laissaient pas d'intriguer les
assistants.
" Au cimetière, le bizarre personnage s'in-
de prononcer W discours, tissu de
mots sans suite? 5® "n'en pais douter l'indi
vidu était ivre. Le maire ordonna au garde
champêtre de l'arrêter, mais ce ne fut pas
besogne facile, les parents diu défunt du-
'reairt, être requis de prêter main-forte à l'au
torité et le récalcitrant fut conduit au .vio
lon. .
Vers cinq heures,- le garde champêtre se
dit que la punition avait suffisamment du
ré ,et il s'en fut ouvrir la porte du cachot.
Le prisonnier était suspendu contre le mur,
inanimé, la tête prise entre les barreaux de
la lucarne.
Soit dans l'intention de s'évader, soit
simplement pour prendre l'air, le détenu
avait passé la tête deihors et, n'ayant pu la
retirer; était mort dans cette position.
' Les papiers qu'on trouvai sur lui établi
rent qu'il se nommait Charles Barlier et
était originaire de Saales (Alsa.ce).
En Russie
coutre Tes raumis
£ . ■£>£ —.
Une dépêche vient d'annoncer que le Con
seil de l'Empire russe a adopté un projet
da:loi modifiant le sïatut électoral de. fa
çon défavorable aux Polonais. II. ne s'agit
.pas ici, comme on pourrait le croire, des
éleV.Jons à la Douma, mais seulement du
recrutement des membres du Conseil de
l'Empire. Ce dernier correspond, comme
on sait, à notre Sénat. La majorité de ses
membres n'est pas élue, mais nommée di
rectement par le tsar, qui a l'habitude d'y
appeler, de préférence, de hauts fonction
naires en retraite. Les autres membreis
sont élus par certains corps^constitués sur
lesquels la masse du peuple n'a _pas d'in
fluence, par les assemblées nobiliaires des
provinces, certaines chambres de commer
ce, les corps de. prpfesseurs de certaines
universités, etc. On peut dire que seuls, les
quelques délégués des corps savants sont
des partisans déterminés du régime cons
titutionnel. .
La loi d'exception que le conseil vient de
voter ne vise cependant pas ces derniers,
mais exclusivement les délégués de la no
blesse polonaise des provinces de l'Ouest
et du Sud-Ouest de l'empire. Elle ne s'ap
plique qu'à certains districts nettement dé
terminés,- représentés par des aristocrates
polonais qui -ne sont nullement suspects
de tendances par trop démocratiques, mais
qui ne cessent de (défendre les traditions
de leur race, c'est-à-dire le libre usage de
leur -langue maternelle, le polonais, et le
libre exercice de leur religion, le cathoii-
cisme. Pour le reste, ils sont de fidèles sou-
tiens du régime actuel.
■ -On ne peut donc malheureusement pas,
nier que *le votfe 'de ttrtte'ïOi marqué' le 're
tour à une politique de russification qui,
par les innombrables vexations quelle
comporte, a puissamment contribué à créer
dans l'Ouest de l'empire russe les grands
mouvements révolutionnaires d'il y a trois
ans Ce qui doit cependant nous intéresser
en France bien davantage encore que ces
faits de politique intérieure, c est leur ré
percussion sur l'attitude du gouvernement
russe en général. La loi antipolonaise a été
soumise au Conseil de l'Empire en dehors
du Président diu Conseil, M. Stolypine.
Pour tous ceux qui ont eu l'occasion d ap
procher l'éminemt homme d'Etat, il est hors
de doute que cette loi ne correspond nulle
ment à ses convictions personnelles. Aussi
s'est-il borné, lors de la discussion, à une
très courte intervention, déclarant que le
gouvernement ne tient pas à s'opposer au
vote de la loi, ce vote, étant donnée la com
position de d'assemblée, étant d'ailleurs
inévitable. ...
On veut voir ein Russie, dans cette atti
tude résignée de M. Stoflypdne, la preuve
que là récente intrigue menée contre lui
par le parti réactionnaire, — qui poursuit
le rapprochement avec l'AMemagne — a
gravement entamé son autorité et qu'il ne
reste le chef responsable du gouvernement
qu'en acceptant lies mises en demeure de
l'Extrème-Droite.
"Or, cette dernière a déjà réussi à' faire
' adopter par la cour impériale ides mesures
quelque peu singulières, démontrant bien
son désir de se montrer aimable vis-à-.vis
des puissances de la Tnplice. Elle n'a pas
seulement insinué que la Pologne russe ne
mérite pas d'être protégée et traitée en
partie intégrante ce l'empire ; elle a obte
nu du ministère de la Guerre un décrét ap
prouvé par le tsar qui, sous prétexte d'éco
nomies indispensables, arrête lés travaux
de réfection des places fortes' de Pologne
et prévoit leur démantèlement complet. Par
conséquent, la frontière Ouest de l'empire
sera privée de forteresses capables d'arrê
ter une invasion allemande ou autrichien
ne ! Il est vrai que le ministère de la Guer
re russe affirme qu une bonne armée a une
valeur défensive bien plus grande,que de
mauvaises forteresses, mais il n'en reste
pas .moins que 1 opinion publique, rappro
chant ce décret des autres mesures antipo
lonaises, est convaincue que . seul un rap
prochement très sérieux, sinon un arran
gement spécial avec 1 Allemagne, a pu
justifier l'abandon des ouvrages défensifs
sur la frontière.
En ce qui concerne les Polonais, il n'est
ihalheureusement pas douteux que leurs
dispositions antirusses s'accentuent et que
toutes leurs sympathies vont maintenant à,
l'Autriehe où ils jouent un rôle presque
prépondérant.:
Alexandre Darier.
LES MYSTÈRES OU BOSPHORE
' Constantinople, 25 Mai.
Le capitaine du paquebot anglais Saint-
Zine a eu, l'autre jour, l'occasion d'entre
voir lies terribles mystères que cachent les
flots du Bosphore. Deux scaphandriers qu'il
avait fait descendre dans la mer, remontè
rent en déclarant qu'ils avaient trouvé au
fond' de nombreux squelettes humains.
Ce spectacle affreux aivait si violemment
ému l'iun d'eux qu'il en est mort quelques
minutes après en avoir rendu compte. Son
camarade, hanté par l'effroyable hécatom
be, est devenu fou. Au moment où' l'on en-
feiima le pauvre homme dans une cabine,
l'ancre d'un yacht voisin du paquebot
Saint-Line, ramena du fond des eaux ûe'utx
cadavres humains em putréfaction et eu-
chaînést i'tta à.Tautr*. - - >
. L'ENQUÊTE SCR LA MARINE
Une lÉ rmalion iuiieiaira est iimerte
Au cours d'une perquisition effectuée nier chez M. Dupont,
ancien chef du Cabinet technique de M. Thomson, une
malle pleine de documents a été saisie..— La commission
demande qu'un Établissement industrie/ soit poursuivi.
Nous avons dit, hier, qu'à lai suite d'une
long la commission parlementaire d'enquête
sjuir la Marine avait demandé l 'ouverture,
d'une information judiciaire, qui lui per
mettrait de faire rechercher et saisir tous
documents nécessaires.
. Dans les milieux officiels, on expliquait
ainsi la raison de cette démarche.
« Il y a deux ou trois ans, le contrôleur de
la marine, .chargé de surveiller l'exécution
des commandes faites par le ministère aux
usines d'Unieux dans la Loire, s'était vu offrir
par cet établissement une ' enveloppe fermée
dans laquelle devait se trouver un ou peut-
être plusieurs billets de banque.' '
— Tenez, lui dit-on, vous avez eu du travail
supplémentaire à, faire, ce sera la compen
sation. »
hs contrôleur refusa l'enveloppe et fit un
rapport à ses chefs. Le général jGossot le
transmit au cabinet du ministre.
M. Thomson, ministre de la marine, manda
lalors M. Miénand-Dorian, ancien député, qui
M. PICARD
'Ministre de la Marine.
. (Cl., Bkht.)
était à' la tête de la société, et lui fit reprocha
du procédé.
Cet incident prié céda de peu de temps la
mort de M. Ménard-Dorian. «La catastrophe de
l'Iéna qui arriva, à la même époque fit- ou
blier l'affaire.
La commission fut mise au courant par une
copie du .rapport du contrôleur, trouvée dans
ls dossiers du ministère, et comme elle ne
trouvait pas trace des suites qui en avaient
pii résulter, elle convoqua, lundi après-midi,
M. Dupont qui fut chef du cabinet technique
de M. Thomson et qui est aujourd'hui direc
teur de l'Ecole du Génie maritime.
M. Dupont déclara que lorsqu'il avait aban
donné ses fonctions die chef-du cabinet,, il avait
emporté chez lui des papiers qui se trouvaient
dans son cabinet se réservant d'en faire le tri
et de rendre plus'tard au ministère les docu
ments officiels. Peut-être la plainte du,con
trôleur s'y trouverait-elâe.
C'est là-dessus que les délégués de la com
mission d'enquête se rendirent lundi soir chez
M. Briand, et qii'ils retournèrent auprès de
lui à minuit, apportant cette fois la demande
d'ouverture d'une information en sue de la
saisie des papiers ».
Au conseil des ministres d'hier matin,
M. Briand, garde des Sceaux, a mis ses col
lègues au courant de la démarche faite au
près de lui, ïa veille, par M. Delcassé, pré
sident, et plusieurs membres de la commis
sion d'enquête.
Il a fait remarquer que M. Dupont, ap
partenant aux cadres militaires de la ma
rine, c'était au ministre de la Marine seul
qu'incombait la responsabilité de la suite
à donner à l'intervention de la commis
sion d'enquête.
M. Picajd a, aussitôt après, quitté le
conseil pour aller au ministère, donner '
les ordres nécessaires, et, à midi et demi,
des perquisitions étaient opérées chez M.
Dupont, par les soins de la justice mari
time.
x
. Dai;s une (première séance tenue au couira
de l'après-midi, M. Delcastsé a mis les mem
bres de la commission parlementaire d'en
quête au courant de ses démarches auprès
du garde des Sceaux et il leur a annoncé
qu'une instruction était ouverte contre M. :
Dupont, «en vertu de l'article 254 du code pé
nal qui vnse le détournement de papiers pu
blics par un fonctionnaire.
La commission a tenu une deuxième réu,
nion aussitôt après la sôanice (die la Chlami
bre, pour entendre le ministre de la Marine/
au sujet du résultat des perquisitions.
L'audition du ministre die la Marine a
été très brève : il a expliqué que, saisi,
dansila matinée, à dix heures, de la plain
te dé la commission d'enquête, il avait
chargé un .officier de gendarmerie, le capi
taine de vaisseau Barthes et un commissai
re de police, id'opérer des perquisitions chez
M. Dupont.
— Une maflle pleine de documents a été sai
sie, a déclané M. Picard ; comme vous le sa
vez, j'ai passé l'après-midi à la séance de la
Chambra. J'ignore donc à cette heure que les
documents ont été recueillis ; je fais recher
cher ceux que la commission a demandés, à'
savoir la lettre du général gïossot et la plainte
de l'agent tectonique.
La commission a 'décidé 'de Se réunir de
main jeudi à quatre heures dans l'attente
de ces documents.
Le procès-verbal suivant' a 'été communi
qué, à l'issue ide la réunion de l'après-midi :
« La commission d'enquête sur la Marine
ayant déjà relevé dans le6 différents services
un nombre de faits suffisants pour se rendre
compte de la situation générale de la marine,
a décidé de les exposer dans un rapport qui
sera soumis à la Chambre pour être discuté
dans le courant du mois prochain.
» La commission cependant continuera ses
investigations ». -
Ajoutons que, outre lai plainte contre M.
Dupont, la commission a décidé, sur la pro-
positioni de M. Dauzon au ministre de la'
Marine, ' de donner suite à la plainte qui
fut portée pair l'agent du contrôle contre les
établissements d'Unieux pour tentative de
. corruption.
C'est seulement lorsque les documenta
•saisis auront été dépouillés, que cette plain
te pourra avoir son effet.
D'autre part, M. Thomsori assurait, hier
soir, que le dossier idiemandé à M. Dupont
serait certainement retrouvé parmi ces do
cuments.
r A sept heures fâer soir,après le départ des
«employés die l'Administration Centrale,
deux voitutes automobiles ont transporté au
ministère die la Marine les dooumenta
recueillis au cours des perquisitions effec
tuées au domicile de M. Dupont. Ces docu
ments, placés seuls scellés, étaient assez
•nombreux puisqu'il ne fallut pas moins .de
quatorwe cartons pour les contenir.
M. Picard en a fait commencer 11» dtëpoiuil-
Ieimeht dans son cabinet eni présence du car
pitainet de vaisseau*^ arthes, changé die l'ins
truction, d'un commandant de gmdanme-.
rie, des amiraux Auiber et Bia'vi|dlry-!Dacanti^
nerie et du commandant Morin. ;
U Mtïï MS mus SUSITim
êl Marseille
AUCUN COURRIER POSTAL N'EST
PARTI HIER
'(Dépêche de notre correspondant)
Marseille, 25 Ma!. ;
Lia grève est à 1 peu près complète au
jourd'hui dans le port de Marseille. Aucun
courrier postal ne partira, les services ma
ritimes commerciaux sont en grande par
tie paralysés et les équipages des remor
queurs viennent à leur tour d'adhérer au
mouvement de grève des équipages des com
pagnies de navigation marseillaises.
Cette dernière décision, si elle devient ef
fective, va avoir sa répercussion dans les
compagnies de navigation étrangères qui
ne sont point touchées par la grève, mais
dont les opérations d'escale vont s'effectue?
dans'des conditions fort précaires, faute de
remorquage pour les entrées et les sorties
de navires.
La Compagnie des Messageries mariti
mes espérait pouvoir faire partir ce matin
VOxus, courrier de Madagascar et de la
Réunion, qui avait à bord une centaine de
passagers, avec l'équipage indigène, et le
personnel du restaurant, mais, au dernier
moment, une délégation du comité de la
grève s'est rendue à bord et a fait débar
quer tous les garçons de salles.
Dans ces conditions, VOxus a été immé
diatement désarmé. La Compagnie des Mes
sageries maritimes a d'ailleurs déposé aus
si les rôles des équipages de La Charente,
du service commercial- de Londres ; de 10-
rénoque, courrier de Syrie, et de VHimalaya
du service commercial de l'Indo-Chine, dont
les équipages ont déserté le boncL
LA SITUATION CHEZ LES ARMATEURS
D'autres Compagnies de navigation ont
également commeacé i* désarmement 4»
leurs navires et aujourd'hui, la menace
d'un lock-out maritime prend une fornw
véritablement inquiétante.
Je sais d'ailleurs, ainsi que je l'ai déj?
indiqué hier,que la proposition d'un désar
mement général aura des partisans con
vaincus, ce soir, à l'assemblée générale des
armateurs marseillais.
La Compagnie transatlantique a décidé
de déposer une plainte en désertion contre
l'équipage du Maréchal-Bugeg.ud, courrier
de Tunis, qui a débarqué, hier, à midi,'
au moment même du départ du navire,
alors que tous les passagers et tout le ser
vice postal étaient à bord. _ D'autres plain
tes, visant des situations identiques, sont
également annoncées t#.ux bureaux die la
Marine.
La Compagnie transatlantique a rem
boursé le prix du passage à tous les pas
sagers du Maréchal-Bugeaud, qui, de ce
fait, se trouvent en panne dans notre ville,
et, d'autre part, l'administration des Pos
tes a fait débarquer les sacs de dépêches.
CONCILIATION DIFFICILE
M. Pénissat, administrateur en chef dO
la marine, avait convoqué, ce matin, - le
bureau de l'Union syndicale des marins du
commerce, pour s'entretenir avec eux de
la situation et leur faire entendre des pa
roles d'apaisement et de conciliation. Une
délégation du comité de la grève s'est
immédiatement rendue au bureau de la
Marine, croyant être reçue par M. Pot-
tier, administrateur, mais lorsqu'elle a ap
pris que c'est M. Pénissat lui-même qui
allait la recevoir, la délégation s'est reti
rée, refusant d'entrer en pourparlers avec
ce haut fonctionnaire, qui est ici le véri
table représentant du ministre de la Ma
rine, mais qui est fort mal vu du bureau
. ADMINISTRATION, RÉDACTION ET ANNONCES
61, riie Lafa ^ette, à Paris (9 me )
tffrtfpiîrrapç 5 Rédaction......; , 10î-'/6~-tf01-73i—
TELEriluSES ^ Administration ; /0/-625-~^i2/-2S-r-W/.-75
ABONNEMENTS SEINE ET SE1HE-ET-0ISE
'TROIS MOIS.
SIX MOIS
UII AN.
_»5 FIL.
e fh«
.13 FB-
LesAbemtemeebt
partestdas1 a '»it8d*ehat[unm>ix
'cent
LE MIEUX RETsTSEIG-TCTE
si:
Jcanî.
LÉ SUPFIÊHEHT OIESIBÊ.... 6 CEUX.
XaB Petit Joanral agricole. 6 ceot.
£a SoSJiBimliDiisbeâshlaDSBsa 10 CESTi
F^oâd .• ÎO C3ES&
Directeur : farAnyER PEEVET
ABONNEMENTS étranger
TROIS MOIS...... 8 pn.
SIX MOIS 45 fr.
. UN AN_._ 30 FIL.'
Les Abortnemmis
pttrteaiies i?eti& 4e chaque mois
MERCREDI 26 MAI 1909
146 SAINT PHnJPPEJDE NÉHI 219
QUARANTE.SEPT1 ËME AN NÉE TN umëro 16,852)
Les manuscrits rie sont pas rendus
Edition de Paris
Il y eut en tout temps des trafiquants
d'influences et des ' escrocs q;ui se_ vantaient
d'influences imaginaires. Le capitaine Ma
rix, entremetteur, pilier de'tripots,briseur
d'affaires véreuses, dont la physionomie est
si dissemblable de. celle, des officiers fran
çais dont il portait, on. ne sait'pourquoi,,
l'uniforme ; ce meroanti n'est donc pas un
nouveau type d'humanité qui vient de
se, révéler s 'il fait pins scandale, s'il excite
-plus d'indignation que tjint de.faiseurs que
nous cô'udtoyons, c'est à cause de'la profes-
.eion respectée entre toutes où il s'était four
voyé et à cause des fonctions de magistra-
'ture 'dont il s'était fait charger.
Qu'un capitaine fasse de l'argent avec des
sursis et -un juge d'instruction avec des non-
lieu, c'est ce que nous n'avons jamais vu.
Dans le
seails sont neufs et ces accessoires sont con-
iti*ë le délinquant 'autant de circonstances
aggravantes qui ne lui vaudront pas l'in».
dulgance du jury. Ah !non!
Ce qu'il y a de plus choquant dans le cas
de Marix, 'c'est qu'il exerçait son. commerce
aux dépens des. petites* .gens. C'étaient de
pauvres diables sans argent ou presque
sans argent qu'il mettait dans l'alternative
de payer ou de s'en ajjer en prison ou au
régimenttdans le moment où une affaire im-
porbdiute exigeait leur .présence chez eux.
Quand on-a su par les révélations de son
.propre ,.cousin que cet étrange capitaine,
qui-se -dégradait lui-même par le métier
qu'il faisait, avait demandé 50.000 francs
à un commerçant pour ie faire décorer,on a
souri, car on sait bien que si les décora
tions ne. sont pas vendues* sous un régime
qui'se fonde-sur la vertu, elles excitent sou
vent chez ceux qui les reçoivent une recon
naissance qui se traduit par des dons d'ar
gent non pas certes à des particuliers,
mais à des caisses politiques. Marix et un
de ses acolytes cherchant à se mettre en
tre un solliciteur de croix eî une de ces
caisses,- on a trouvé la friponnerie certai
nement coupable' mais tout de même dro
latique. '
Mais ce qui est impardonnable,ce sont les
petites sommes extorquées aux réservistes
et aux prévenus devant la justice militaire.
Dans ces. petits méfaits vils; il y a de la
corruption orientale, de la corruption ad
ministrative et non pas de la corruption
d/Mat a laquelle nous trouvons assez faci
lement des excuses — car elle en a.'
proposition pouvant voua scanda-"
liser, il importe que je l'explique au plus
\ite» *. %
La "corruption à l'orientale, à la turque,
c est celle qui s'exerce contre les individus
pour ne lés laisser user de leurs droits que
contre argent comptant, gi vous voulez
n'importe qtoi en Turquie, 6 une chose pré
vue par la.loi, une chose qu'on ne peut pas
vous refuser, il faut cependant pour l'ob
tenir, verser un pourboire 'ou plusieurs
pourboires à l'employé ou aux employés
dont dépend l'expédition de' la chose.
Marix avait importé dans la justice mi
litaire cette pratique orientale du bakchi-
che (c'est le nom turc de pourboire).
La mise hors de cause d'un innocent est
pour lui un droit, Marix le vendait"; l'ob-
tentiofl, d'un sursis, dont un assujetti à la
loi a. réellement besoin, ' est encore ■ un
droit : -Marix,- qui tenait, boutique de tout,
lé vendait encore. Cette, corruption, qui se
fait sentir aux humbles, qui lève tribut sur
euXj est' aussi iiaïssaMe que méprisable.
Mais." de l'autre corruption on peut parler
sans colère;',.car les r victimes qu'elife fait
sont (peu intéressantes et souvent elle peut
être utile à l'Etat. Sous l'ancien régime,
quand les impôts étaient ooncédés à des
fermiers généraux, le ministre concédant-,
et quelquefois même le roi, exigeait du con
cessionnaire qu'il accordât'une part d'inté
rêts dans ses bénéfices à une' personne ou
à plusieurs personnes. Gela s'appelait
« donner une croupe », l'intéressé que l'on
imposait au fermier général étant com
paré, à un compagnon de voyage «monté
en croupe » derrière un cavalier.
Quand le ministre disait : « Je ne signe
le hail de votre ferme. que si vous donnez
une croupe de tant à M. Untel », il faisait
de la corruption, car il lui arrivait d'être
de compte à demi avec le « Untel », qu'il
mettait en avant. Mais il la faisait aux dé
pens d'un traitant qui lui-même aillait dé
mesurément s'enrichir en quelques années.
Par « la Groupe » imposée, le ministre re
prenait à ce spéculateur une faible part de
son profit. Ce n'était pas d'une haute mo
ralité, mais comme personne ne s'intéres
sait aux fermiers généraux, on ne trouvait
rien à redire au système des croupes. Le
peuple n'aurait rien gagné si ce système
n'avait pas été pratiqué.
"Il y avait encore corruption d'Etat, c'est-
à-dire utilisation de la corruption au profit' «sous les yeux de ses camarades terrifiés,
de l'Etat, dans le cas des maisons de jeu. h avait laissé sui
On ne les tolérait qu'autant qu'elles ver
raient au lieutenant de police d'abord, et
plus tard à son successeur le ministre ou
le préfet de police, une certaine redevance
journalière qui était employée aux services
de la Sûreté de Paris. Obtenir de l'argent
des industriels qui exploitent le jeu ; les
placer entre l'obligation de payer ou l'em
pêchement d'exercer leur industrie, tout
d'abord cela vous a des airs assez déplai
sants. Mais aujourd'hui qu'arrive-t-il ?
C'est que les maisons de jeu de Paris ne
. paient aucun impôt sur le produit de leur
cagnotte, mais qu'elles sont à la merci des
maîtres chanteurs.
Ce qu'elles ne donnent plus ouvertement
auix autorités ou à l'Assistance publique,
pour acquérir'sous la surveillance àdmi-
nistrative le droit de vjvle, elles le distri
buent, sous la menace, à des aigrefins qui,
de même que Marix, ont de belles rela
tions ou se targuent d'en avoir.
C'est l'abandon qu'a fait l'autorité cen
trale de beaucoup de ses droits qhi a ren
du possible la diffusion, mettons même la
démocratisation de la cotrruption. '
Jadis, tout se réglait en haut ; mainte
nant, la- solution d'une quantité d'affaires
se fait en bas, ou aux échelons intermé
diaires de la hiérarchie. Et sur cette hié
rarchie la surveillance est intermittente ;
on n'y respecte guère la discipline. Qu'ar
rivait-il autrefois et ,qu'arrive-t-il mainte
nant ?
- Il awivajt que-peu - tte personnages:
étaient' assez 'considérables- pour 'aller'fai
re de la corruption en haut, où tout se dé
cidait. La santé morale de la nation n'é
tait pas atteinte par les trafics dès fer
miers généraux et des ministres.
Il arrive maintenant que l'autorité s'est
dispersée. Ceux qui en détiennent une par
celle sont donc devenus l'objet de sollici
tations» de tentations que n'éprouvaient
pas leurs prédécesseurs, les~ commis d'an
cien régime.
Pour conclure, la corruption dans l'ad
ministration est un mal qui découle na
turellement de la décentralisation de l'au
torité. Pour y obvier, il faudrait que les
ministres,, dans le choix des fonctionnai
res appelés à prononcer sur des intérêts
individuels, comme le sont les magistrats,
apportassent la plus grande prudence,
s'entourassent de tous les renseignements
que n'a certainement pas demandés le mi
nistre qui nomma Marix rapporteur au
Conseil de guerre. T
Mermeix.
SCÈNE NAVRANTE A CLERMONT-FERRAKD
U1TLYCÉEN
qui s© suicide
EN PLEINE CLASSE
une composition
tragiquement interrompue
(Dépêche de notre correspondant)
• Cleirmont-Ferrand, 25 Mai.
Un suicide navrant a profondément ému
ce soit toute la ville de Glermont et en par
ticulier le monde de l'enseignement.
A 3 heures 20 la classe de troisième A, du
lycée Biaise-Pascal, comppsp.it un thème
latin, sous la surveillance de M. Petiot,
professeur de lettres, lorsqu'un des élèves,
le jeune Armand Neny, âgé de: quatorze
ans, fils de l'instituteur' de Martres-de-
Veyre, quitta son pupitre, alla s'appuyer
contre le mur et se tira «in coup . de 'revol
ver à la temipe droite.
Le malheureux garçon, tomba foudroyé
sur son pupitre un billet
ainsi conçu. -,
« Ave, amici, moriturus vos salutat ».
<( Bonsoir, mes amis, celui qui va mourir
vous salue / » . ..
Triste parodie du mot des' gladiateurs ro
mains descendus dans l'arène pour le su
prême combat.
Son acte de désespoir était, paraît-il, pré
médité depuis longtemps.. En .commençant
la composition il avait dit â son voisin :
— C'eist pas la peine de t'appliquier pour
la composition-, tu ne la finiras pas ».
Et, en effet, aiprès ce tragique incident,
la classe fut interrompue et la composition
ajournée.
On ne sait à quiels mobiles a obéi le jeune
désespéré.
LE NOUVEAU PALAIS
6t TBmlassaJe Je France a Vienne
(Dépêche de notre correspondant)
Vienne, 25 Mai. 1
■ M. Philippe Crozier,- ambassadeur de
France en Autriche-Hongrie,' a pris posses
sion du nouvel hôtel de l'ambassade, place
Schwartzehberg.
Le Petit Palais,. ainsi qu'^n appelle $
PROPOS
D'ACTUALITÉ
** ■-—
La statue d'Orsini.
M. CROZIER
'Ambassadeur, &e & gienhi
Vienne le nouveau siège de l'ambassade de
France, a été construit par uipi architecte
parisien, M. Chédame, en style Louis XK
un peu modernisé» '>■.■■■ :>■ '
-, Au plafond du grand escalier, on re
marque une superbe fresque de Besnard 4
La France envoyant ses enfants en Au
triche-Hongrie. L'Autriche ayant à sea
côtés un génie jouant du violoncelle et un
aigle reçoit la France,qui s'approche d'elle,
suivie du coq gaulois porteur de guirlan
des;
Le plafond de la grande salle à . man
ger est orné d'une peinture de Picard ;
La joie de vivre.
Un grand couloir tapissé de superbes
Gobelins mène dans la salle de gala où
l'on voit des sculptures de Boutry et des
médaillons de Picard., ■
Les salons de réception se trouvent au
premier. Les appartements de l'ambassa
deur sont au second étage et les bureaux
occupent le rez-de-chaussée.' : t - v
Nos révolutionnaires se laissent damier le
pion par leurs émules italiens.
Depuis quelques années, ils nous menacent
dft statues à Robespierre et à Marat, mais ce
sont des projets qu'ils n'ont pas encore osé
réaliser, par crainte, j'imagine, d'une légiti
me révolte de l'opinion publique.
Eh bien, en Italie, les révolutionnaires n'ont
point de ces scrupules, lis viennent de dresser
a Melaola, près de Ravenne, une statue à Fé
lix Orsini, le régicide, l'auteur de l'attentat
commis en 1858, à Paris, contre Napo
léon III, et qui, sans atteindre l'empereur,
fit néanmoins cent trente victimes.
Cette belle initiative va évidemment donner
une impulsion nouvelle aux comités-qui veil
lent nous doter de monuments à là mémoire
des grands massacreurs de la Terreur.
Et voilà pour l'art sculptural de merveil
leuses ressources....« Ah ! quel malheur d'être
sculpteur .! » disait ce pauvre, Coquelin Cadet
dans la conijplainte célèbre de Cabotins...
«>Ah ! quel bonheur d'être sculpteur » fau-
dra-t-il diife dorénavant. Messieurs les statuai
res ne vont plus savoir où donner de la masse
et de l'ébauchoir, si l'on se met à. élever des
statues aux assassins politiques.
Mais ne se déçidera-t-on pas quelque îour,
ici et à l'étranger, à prendre quelques mesu
res nécessaires contre les excès de la statuo-
manie ?... Est-il admissible que, par la seule
volonté d'un comité de quelques membres et
le consentement d'une municipalité, on puisse
élever dans une ville un monument à un scélé
rat tel qu'Orsini. Ce monument, en somme, ne
■déshonore pas seulement' la ville • die Meldola
aux yeux des étrangers : il diéshonore tout le
pays. Et c'est pourquoi il nie • semble qu'il
ne devrait .pas être permis de dresser aussi ta
citement de teilles statues, qui sont des défis
portés au bon sens et à l'toonnêtieité publics.
Evidemment, lef Italiens sont libres, si ça
leur plaît, de laisser se produire chez eux de
pareilles manifestations, bien qu'en résumé,
nous ayons le droit de protester contre de tels
hommages peu flatteurs pour notre pays qui
eut à. souffrir du crime d'Orsini, et bien que
nous ne sachions pas où s'arrêteront ces glori-
cations de. l'anarchie — . pourquoi n'élève
rait-on pas aussi la statue de Caserio ? — je
ne me permettrai donc pas de les censurer.
Mais si j'en parle ainsi, c'est que l'exemple
est pernicieux et que pareils scandales nous
menacent. ' ... ;
On devrait bien prendre chez nous les me
sures nécessaires pour les éyiter. v
: i : Jean Le'ooq.
U SÂBTÉ DE L i REB E D WIE
(Dépêche de notre correspondant)
Madrid, 25 Mai.
La Gaceta, journal officiel, annonce que
l'heureux événement qui est attendu dans
la maison royale ne se produira que vers
la fin de juin.
Jusqu'ici, on avait cru que la délivrance
de la reine aurait lieu dans la première
quinzaine, du même mois.
Le Lancement du " Danton
Brest, 25 .Mai: *
'Après avoir éliminé tour &"tour"leS*difféi'
rentes causes qui auraient provoqué l'é*
ohec du lancement du Danton, les ingé
nieurs paraissent s'airrêter à iutn suiffage
insuffisant des coulisseaux.
APRES LE PEOCES SAEGENT
4"i»-
M me Maréchal veuf ravoir sa fille
Le Petit Journal racontait, hier, l'inci
dent douloureux qui s'était produit, la veilr
le, à la huitième chambre correctionnelle
du tribunal de la Seine, avant la condamna
tion des époux Sargent, les deux bourreaux
d'enfants. , -, i
La pauvre femme, qui était venue de Brm
xelles avec son mari pour réclamer celle
qu'elle croit être sa fille, n'a pas varié dans
sa conviction.. Pour Mme Maréchal, la peti
te Steptoany est sa fille qu'elle avait confiée
en juin 1904 à Mme Sargent. La malheur
reuse mère est venue au Petit Journal pouç
nous dire qu'elle ne veut pas croire que l'en
fant soit la fille de Mme Dumur, de Versail
les.
— Grâce à l'autorisation du procureur de la
République,, nous a dit Mme Maréchal, j'ai pu
voir aujourd'hui, mon enfant ! Car personne
ne m'empêchera de prétendre que c'est ma
fille ! Elle a mes yeux ! Elle a ma Bouche !
Et, comme moi, elle a le pied gauche un peu
retourné 1 Les avocats qui me conseillent en
ont convenu et ils ont, d'ailleurs, obtenu qu'on
fasse la comparaison de sa photographie avec
celle dé Mme Dumur et la mienne.
On m'a déjà fait passer au service anthro-:
"pométrique où j'ai été photographiée et où
Mme Dumur le sera prochainement. On verra
alors de quel côté esc la ressemblance !
Tout d'abord, lorsque j;ai demandé à voir
mon enfant, on m a repondu que. .par sruite
du jugement rendu hier. Stephany avait été
confiée à l'Assistance publique, et que la
justice n'avait pas qualité pour intervenir.
Mais, en me voyant si aesoiee. mes avocats
sont allés trouver le procureur qui m'a donné
l'autorisation que je sollicitais.
Quand j'ai vu ma petite chêne, je n'ai pu
çontenir ma joie, et. en la couvrant de bai
sers, je Jui ai dit quelle me serait bientôt
rendue 1 II le faut, d'ailleurs, car la mignonne
a l'air bien malade, et les soins d une mère,
de sa vraie mère, peuvent seuls la guérir 1
Rien né semble pouvoir faire revenir
Mme Maréchal'sur sa décision d aller jus
qu 'au bout de-l'action civile qu elle a in
tentée pour établir que la petite Stephany
est bien, sa fille. Tant qu elle n'aura pas
olbtenu satisfaction, la pauvne femme est
décidée 'à ne pas retourner «n Belgique et
à rester là Paris, où elle croit pouvoir ga
gner sa vie en travaillant comme Mngère.
Comme elle, son mari, qui était plongeur
dans un restaurant 'bruxellois, va chercher
un emiploi, car il partage absolument les
sentiments de sa femme, qu'il console et
réconforte de soii mieux. /
Les Morts se suivent
(Dépêche de notre correspondant)
Sainit-Dié, 25 Mai.
Hier, avaient li<ïu au Ban-deSapt, les
obsèques d'un conseiller municipal,- M. Bar.
lier. Au premier rang du cortège', on remar
quait • ùm individu inconnu dans le pays,
dont là tenue négligée et ies gestes désor
donnés ne laissaient pas d'intriguer les
assistants.
" Au cimetière, le bizarre personnage s'in-
de prononcer W discours, tissu de
mots sans suite? 5® "n'en pais douter l'indi
vidu était ivre. Le maire ordonna au garde
champêtre de l'arrêter, mais ce ne fut pas
besogne facile, les parents diu défunt du-
'reairt, être requis de prêter main-forte à l'au
torité et le récalcitrant fut conduit au .vio
lon. .
Vers cinq heures,- le garde champêtre se
dit que la punition avait suffisamment du
ré ,et il s'en fut ouvrir la porte du cachot.
Le prisonnier était suspendu contre le mur,
inanimé, la tête prise entre les barreaux de
la lucarne.
Soit dans l'intention de s'évader, soit
simplement pour prendre l'air, le détenu
avait passé la tête deihors et, n'ayant pu la
retirer; était mort dans cette position.
' Les papiers qu'on trouvai sur lui établi
rent qu'il se nommait Charles Barlier et
était originaire de Saales (Alsa.ce).
En Russie
coutre Tes raumis
£ . ■£>£ —.
Une dépêche vient d'annoncer que le Con
seil de l'Empire russe a adopté un projet
da:loi modifiant le sïatut électoral de. fa
çon défavorable aux Polonais. II. ne s'agit
.pas ici, comme on pourrait le croire, des
éleV.Jons à la Douma, mais seulement du
recrutement des membres du Conseil de
l'Empire. Ce dernier correspond, comme
on sait, à notre Sénat. La majorité de ses
membres n'est pas élue, mais nommée di
rectement par le tsar, qui a l'habitude d'y
appeler, de préférence, de hauts fonction
naires en retraite. Les autres membreis
sont élus par certains corps^constitués sur
lesquels la masse du peuple n'a _pas d'in
fluence, par les assemblées nobiliaires des
provinces, certaines chambres de commer
ce, les corps de. prpfesseurs de certaines
universités, etc. On peut dire que seuls, les
quelques délégués des corps savants sont
des partisans déterminés du régime cons
titutionnel. .
La loi d'exception que le conseil vient de
voter ne vise cependant pas ces derniers,
mais exclusivement les délégués de la no
blesse polonaise des provinces de l'Ouest
et du Sud-Ouest de l'empire. Elle ne s'ap
plique qu'à certains districts nettement dé
terminés,- représentés par des aristocrates
polonais qui -ne sont nullement suspects
de tendances par trop démocratiques, mais
qui ne cessent de (défendre les traditions
de leur race, c'est-à-dire le libre usage de
leur -langue maternelle, le polonais, et le
libre exercice de leur religion, le cathoii-
cisme. Pour le reste, ils sont de fidèles sou-
tiens du régime actuel.
■ -On ne peut donc malheureusement pas,
nier que *le votfe 'de ttrtte'ïOi marqué' le 're
tour à une politique de russification qui,
par les innombrables vexations quelle
comporte, a puissamment contribué à créer
dans l'Ouest de l'empire russe les grands
mouvements révolutionnaires d'il y a trois
ans Ce qui doit cependant nous intéresser
en France bien davantage encore que ces
faits de politique intérieure, c est leur ré
percussion sur l'attitude du gouvernement
russe en général. La loi antipolonaise a été
soumise au Conseil de l'Empire en dehors
du Président diu Conseil, M. Stolypine.
Pour tous ceux qui ont eu l'occasion d ap
procher l'éminemt homme d'Etat, il est hors
de doute que cette loi ne correspond nulle
ment à ses convictions personnelles. Aussi
s'est-il borné, lors de la discussion, à une
très courte intervention, déclarant que le
gouvernement ne tient pas à s'opposer au
vote de la loi, ce vote, étant donnée la com
position de d'assemblée, étant d'ailleurs
inévitable. ...
On veut voir ein Russie, dans cette atti
tude résignée de M. Stoflypdne, la preuve
que là récente intrigue menée contre lui
par le parti réactionnaire, — qui poursuit
le rapprochement avec l'AMemagne — a
gravement entamé son autorité et qu'il ne
reste le chef responsable du gouvernement
qu'en acceptant lies mises en demeure de
l'Extrème-Droite.
"Or, cette dernière a déjà réussi à' faire
' adopter par la cour impériale ides mesures
quelque peu singulières, démontrant bien
son désir de se montrer aimable vis-à-.vis
des puissances de la Tnplice. Elle n'a pas
seulement insinué que la Pologne russe ne
mérite pas d'être protégée et traitée en
partie intégrante ce l'empire ; elle a obte
nu du ministère de la Guerre un décrét ap
prouvé par le tsar qui, sous prétexte d'éco
nomies indispensables, arrête lés travaux
de réfection des places fortes' de Pologne
et prévoit leur démantèlement complet. Par
conséquent, la frontière Ouest de l'empire
sera privée de forteresses capables d'arrê
ter une invasion allemande ou autrichien
ne ! Il est vrai que le ministère de la Guer
re russe affirme qu une bonne armée a une
valeur défensive bien plus grande,que de
mauvaises forteresses, mais il n'en reste
pas .moins que 1 opinion publique, rappro
chant ce décret des autres mesures antipo
lonaises, est convaincue que . seul un rap
prochement très sérieux, sinon un arran
gement spécial avec 1 Allemagne, a pu
justifier l'abandon des ouvrages défensifs
sur la frontière.
En ce qui concerne les Polonais, il n'est
ihalheureusement pas douteux que leurs
dispositions antirusses s'accentuent et que
toutes leurs sympathies vont maintenant à,
l'Autriehe où ils jouent un rôle presque
prépondérant.:
Alexandre Darier.
LES MYSTÈRES OU BOSPHORE
' Constantinople, 25 Mai.
Le capitaine du paquebot anglais Saint-
Zine a eu, l'autre jour, l'occasion d'entre
voir lies terribles mystères que cachent les
flots du Bosphore. Deux scaphandriers qu'il
avait fait descendre dans la mer, remontè
rent en déclarant qu'ils avaient trouvé au
fond' de nombreux squelettes humains.
Ce spectacle affreux aivait si violemment
ému l'iun d'eux qu'il en est mort quelques
minutes après en avoir rendu compte. Son
camarade, hanté par l'effroyable hécatom
be, est devenu fou. Au moment où' l'on en-
feiima le pauvre homme dans une cabine,
l'ancre d'un yacht voisin du paquebot
Saint-Line, ramena du fond des eaux ûe'utx
cadavres humains em putréfaction et eu-
chaînést i'tta à.Tautr*. - - >
. L'ENQUÊTE SCR LA MARINE
Une lÉ rmalion iuiieiaira est iimerte
Au cours d'une perquisition effectuée nier chez M. Dupont,
ancien chef du Cabinet technique de M. Thomson, une
malle pleine de documents a été saisie..— La commission
demande qu'un Établissement industrie/ soit poursuivi.
Nous avons dit, hier, qu'à lai suite d'une
long
sjuir la Marine avait demandé l 'ouverture,
d'une information judiciaire, qui lui per
mettrait de faire rechercher et saisir tous
documents nécessaires.
. Dans les milieux officiels, on expliquait
ainsi la raison de cette démarche.
« Il y a deux ou trois ans, le contrôleur de
la marine, .chargé de surveiller l'exécution
des commandes faites par le ministère aux
usines d'Unieux dans la Loire, s'était vu offrir
par cet établissement une ' enveloppe fermée
dans laquelle devait se trouver un ou peut-
être plusieurs billets de banque.' '
— Tenez, lui dit-on, vous avez eu du travail
supplémentaire à, faire, ce sera la compen
sation. »
hs contrôleur refusa l'enveloppe et fit un
rapport à ses chefs. Le général jGossot le
transmit au cabinet du ministre.
M. Thomson, ministre de la marine, manda
lalors M. Miénand-Dorian, ancien député, qui
M. PICARD
'Ministre de la Marine.
. (Cl., Bkht.)
était à' la tête de la société, et lui fit reprocha
du procédé.
Cet incident prié céda de peu de temps la
mort de M. Ménard-Dorian. «La catastrophe de
l'Iéna qui arriva, à la même époque fit- ou
blier l'affaire.
La commission fut mise au courant par une
copie du .rapport du contrôleur, trouvée dans
ls dossiers du ministère, et comme elle ne
trouvait pas trace des suites qui en avaient
pii résulter, elle convoqua, lundi après-midi,
M. Dupont qui fut chef du cabinet technique
de M. Thomson et qui est aujourd'hui direc
teur de l'Ecole du Génie maritime.
M. Dupont déclara que lorsqu'il avait aban
donné ses fonctions die chef-du cabinet,, il avait
emporté chez lui des papiers qui se trouvaient
dans son cabinet se réservant d'en faire le tri
et de rendre plus'tard au ministère les docu
ments officiels. Peut-être la plainte du,con
trôleur s'y trouverait-elâe.
C'est là-dessus que les délégués de la com
mission d'enquête se rendirent lundi soir chez
M. Briand, et qii'ils retournèrent auprès de
lui à minuit, apportant cette fois la demande
d'ouverture d'une information en sue de la
saisie des papiers ».
Au conseil des ministres d'hier matin,
M. Briand, garde des Sceaux, a mis ses col
lègues au courant de la démarche faite au
près de lui, ïa veille, par M. Delcassé, pré
sident, et plusieurs membres de la commis
sion d'enquête.
Il a fait remarquer que M. Dupont, ap
partenant aux cadres militaires de la ma
rine, c'était au ministre de la Marine seul
qu'incombait la responsabilité de la suite
à donner à l'intervention de la commis
sion d'enquête.
M. Picajd a, aussitôt après, quitté le
conseil pour aller au ministère, donner '
les ordres nécessaires, et, à midi et demi,
des perquisitions étaient opérées chez M.
Dupont, par les soins de la justice mari
time.
x
. Dai;s une (première séance tenue au couira
de l'après-midi, M. Delcastsé a mis les mem
bres de la commission parlementaire d'en
quête au courant de ses démarches auprès
du garde des Sceaux et il leur a annoncé
qu'une instruction était ouverte contre M. :
Dupont, «en vertu de l'article 254 du code pé
nal qui vnse le détournement de papiers pu
blics par un fonctionnaire.
La commission a tenu une deuxième réu,
nion aussitôt après la sôanice (die la Chlami
bre, pour entendre le ministre de la Marine/
au sujet du résultat des perquisitions.
L'audition du ministre die la Marine a
été très brève : il a expliqué que, saisi,
dansila matinée, à dix heures, de la plain
te dé la commission d'enquête, il avait
chargé un .officier de gendarmerie, le capi
taine de vaisseau Barthes et un commissai
re de police, id'opérer des perquisitions chez
M. Dupont.
— Une maflle pleine de documents a été sai
sie, a déclané M. Picard ; comme vous le sa
vez, j'ai passé l'après-midi à la séance de la
Chambra. J'ignore donc à cette heure que les
documents ont été recueillis ; je fais recher
cher ceux que la commission a demandés, à'
savoir la lettre du général gïossot et la plainte
de l'agent tectonique.
La commission a 'décidé 'de Se réunir de
main jeudi à quatre heures dans l'attente
de ces documents.
Le procès-verbal suivant' a 'été communi
qué, à l'issue ide la réunion de l'après-midi :
« La commission d'enquête sur la Marine
ayant déjà relevé dans le6 différents services
un nombre de faits suffisants pour se rendre
compte de la situation générale de la marine,
a décidé de les exposer dans un rapport qui
sera soumis à la Chambre pour être discuté
dans le courant du mois prochain.
» La commission cependant continuera ses
investigations ». -
Ajoutons que, outre lai plainte contre M.
Dupont, la commission a décidé, sur la pro-
positioni de M. Dauzon au ministre de la'
Marine, ' de donner suite à la plainte qui
fut portée pair l'agent du contrôle contre les
établissements d'Unieux pour tentative de
. corruption.
C'est seulement lorsque les documenta
•saisis auront été dépouillés, que cette plain
te pourra avoir son effet.
D'autre part, M. Thomsori assurait, hier
soir, que le dossier idiemandé à M. Dupont
serait certainement retrouvé parmi ces do
cuments.
r A sept heures fâer soir,après le départ des
«employés die l'Administration Centrale,
deux voitutes automobiles ont transporté au
ministère die la Marine les dooumenta
recueillis au cours des perquisitions effec
tuées au domicile de M. Dupont. Ces docu
ments, placés seuls scellés, étaient assez
•nombreux puisqu'il ne fallut pas moins .de
quatorwe cartons pour les contenir.
M. Picard en a fait commencer 11» dtëpoiuil-
Ieimeht dans son cabinet eni présence du car
pitainet de vaisseau*^ arthes, changé die l'ins
truction, d'un commandant de gmdanme-.
rie, des amiraux Auiber et Bia'vi|dlry-!Dacanti^
nerie et du commandant Morin. ;
U Mtïï MS mus SUSITim
êl Marseille
AUCUN COURRIER POSTAL N'EST
PARTI HIER
'(Dépêche de notre correspondant)
Marseille, 25 Ma!. ;
Lia grève est à 1 peu près complète au
jourd'hui dans le port de Marseille. Aucun
courrier postal ne partira, les services ma
ritimes commerciaux sont en grande par
tie paralysés et les équipages des remor
queurs viennent à leur tour d'adhérer au
mouvement de grève des équipages des com
pagnies de navigation marseillaises.
Cette dernière décision, si elle devient ef
fective, va avoir sa répercussion dans les
compagnies de navigation étrangères qui
ne sont point touchées par la grève, mais
dont les opérations d'escale vont s'effectue?
dans'des conditions fort précaires, faute de
remorquage pour les entrées et les sorties
de navires.
La Compagnie des Messageries mariti
mes espérait pouvoir faire partir ce matin
VOxus, courrier de Madagascar et de la
Réunion, qui avait à bord une centaine de
passagers, avec l'équipage indigène, et le
personnel du restaurant, mais, au dernier
moment, une délégation du comité de la
grève s'est rendue à bord et a fait débar
quer tous les garçons de salles.
Dans ces conditions, VOxus a été immé
diatement désarmé. La Compagnie des Mes
sageries maritimes a d'ailleurs déposé aus
si les rôles des équipages de La Charente,
du service commercial- de Londres ; de 10-
rénoque, courrier de Syrie, et de VHimalaya
du service commercial de l'Indo-Chine, dont
les équipages ont déserté le boncL
LA SITUATION CHEZ LES ARMATEURS
D'autres Compagnies de navigation ont
également commeacé i* désarmement 4»
leurs navires et aujourd'hui, la menace
d'un lock-out maritime prend une fornw
véritablement inquiétante.
Je sais d'ailleurs, ainsi que je l'ai déj?
indiqué hier,que la proposition d'un désar
mement général aura des partisans con
vaincus, ce soir, à l'assemblée générale des
armateurs marseillais.
La Compagnie transatlantique a décidé
de déposer une plainte en désertion contre
l'équipage du Maréchal-Bugeg.ud, courrier
de Tunis, qui a débarqué, hier, à midi,'
au moment même du départ du navire,
alors que tous les passagers et tout le ser
vice postal étaient à bord. _ D'autres plain
tes, visant des situations identiques, sont
également annoncées t#.ux bureaux die la
Marine.
La Compagnie transatlantique a rem
boursé le prix du passage à tous les pas
sagers du Maréchal-Bugeaud, qui, de ce
fait, se trouvent en panne dans notre ville,
et, d'autre part, l'administration des Pos
tes a fait débarquer les sacs de dépêches.
CONCILIATION DIFFICILE
M. Pénissat, administrateur en chef dO
la marine, avait convoqué, ce matin, - le
bureau de l'Union syndicale des marins du
commerce, pour s'entretenir avec eux de
la situation et leur faire entendre des pa
roles d'apaisement et de conciliation. Une
délégation du comité de la grève s'est
immédiatement rendue au bureau de la
Marine, croyant être reçue par M. Pot-
tier, administrateur, mais lorsqu'elle a ap
pris que c'est M. Pénissat lui-même qui
allait la recevoir, la délégation s'est reti
rée, refusant d'entrer en pourparlers avec
ce haut fonctionnaire, qui est ici le véri
table représentant du ministre de la Ma
rine, mais qui est fort mal vu du bureau
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