Titre : Le Bulletin de la vie artistique
Éditeur : Bernheim-jeune (Paris)
Date d'édition : 1926-06-15
Contributeur : Fénéon, Félix (1861-1944). Directeur de publication
Contributeur : Janneau, Guillaume (1887-1981). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32724994w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4425 Nombre total de vues : 4425
Description : 15 juin 1926 15 juin 1926
Description : 1926/06/15 (A7,N12). 1926/06/15 (A7,N12).
Description : Collection numérique : Originaux conservés à... Collection numérique : Originaux conservés à l'INHA
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6111004p
Source : Bibliothèque de l'INHA / coll. J. Doucet, 2010-82057
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2011
184
LE BULLETIN
Paul Valéry parle de Berthe Morisot.
Pour le catalogue de l'exposition de pastels, aquarelles, dessins de
Berthe Morisot, qui est offerte par la galerie Dru, rue Montaigne, M. Paul
Valéry a écrit une charmante préface, qu'il dédie à Edouard Vuillard.
On sait quelle parenté lie le poète à « Tante Berthe ». Ainsi l'appelle-
t-il, et tel est le titre qu'il donne à ces quelques pages où il se livre à de
subtiles digressions. Quelques trop brefs passages :
Au sujet de Berthe Morisot — Tante Berthe, comme je l'entends si sou-
vent nommer autour de moi — je ne me risquerai dans la critique d'art dont
Berthe Morisot. — Au piano.
je n ai nulle expé-
rience, ni ne redirai
sur elle ce qui est
déjà si connu de tous
ceux qui le doivent
connaître. Il sont ins-
truits, séduits aux
grâces de son oeuvre,
et ils n'ignorent point
les attributs discrets
de son existence, qui
furent d'être simple,
— pure, — intime-
ment, passionnément
laborieuse — plutôt
retirée, mais retirée
dans l'élégance. Ils
savent bien qu'elle
eut pour ancêtres de
son goût et de sa vision les peintres lumineux qui expirent devant Uavid ; pour
amis et pour assidus, Mallarmé, Degas, Renoir, Claude Monet, et fort peu
d'autres ; qu'elle poursuivit sans relâche les nobles fins de l'art le plus fier et le
plus exquis, celui qui se consume à rejoindre au moyen d'essais dont le
nombre ne compte pas, que l'on produit et que l'on abîme sans pitié, 1 ap-
parence de merveille d'une création sur le néant et tout heureuse du premier
coup.
Quant à sa personne même, il est assez répandu qu'elle fut des plus rares
et réservées ; distincte par essence ; aisément, dangereusement silencieuse ; et
qu'elle imposait sans le savoir à tous les autres qui l'approchaient quand ils
n'étaient point les premiers artistes de son temps, une distance inexplicable.
Je tenterai par quelques idées de m'éclairer un peu la nature profonde de
ce peintre singulièrement peintre, qui naguère a vécu sous figure d'une
dame toujours délicatement mise, aux traits remarquablement nets, au visage
clair et volontaire, d'expression quasi tragique, où se formait parfois des
LE BULLETIN
Paul Valéry parle de Berthe Morisot.
Pour le catalogue de l'exposition de pastels, aquarelles, dessins de
Berthe Morisot, qui est offerte par la galerie Dru, rue Montaigne, M. Paul
Valéry a écrit une charmante préface, qu'il dédie à Edouard Vuillard.
On sait quelle parenté lie le poète à « Tante Berthe ». Ainsi l'appelle-
t-il, et tel est le titre qu'il donne à ces quelques pages où il se livre à de
subtiles digressions. Quelques trop brefs passages :
Au sujet de Berthe Morisot — Tante Berthe, comme je l'entends si sou-
vent nommer autour de moi — je ne me risquerai dans la critique d'art dont
Berthe Morisot. — Au piano.
je n ai nulle expé-
rience, ni ne redirai
sur elle ce qui est
déjà si connu de tous
ceux qui le doivent
connaître. Il sont ins-
truits, séduits aux
grâces de son oeuvre,
et ils n'ignorent point
les attributs discrets
de son existence, qui
furent d'être simple,
— pure, — intime-
ment, passionnément
laborieuse — plutôt
retirée, mais retirée
dans l'élégance. Ils
savent bien qu'elle
eut pour ancêtres de
son goût et de sa vision les peintres lumineux qui expirent devant Uavid ; pour
amis et pour assidus, Mallarmé, Degas, Renoir, Claude Monet, et fort peu
d'autres ; qu'elle poursuivit sans relâche les nobles fins de l'art le plus fier et le
plus exquis, celui qui se consume à rejoindre au moyen d'essais dont le
nombre ne compte pas, que l'on produit et que l'on abîme sans pitié, 1 ap-
parence de merveille d'une création sur le néant et tout heureuse du premier
coup.
Quant à sa personne même, il est assez répandu qu'elle fut des plus rares
et réservées ; distincte par essence ; aisément, dangereusement silencieuse ; et
qu'elle imposait sans le savoir à tous les autres qui l'approchaient quand ils
n'étaient point les premiers artistes de son temps, une distance inexplicable.
Je tenterai par quelques idées de m'éclairer un peu la nature profonde de
ce peintre singulièrement peintre, qui naguère a vécu sous figure d'une
dame toujours délicatement mise, aux traits remarquablement nets, au visage
clair et volontaire, d'expression quasi tragique, où se formait parfois des
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 97.26%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 97.26%.
- Auteurs similaires Diderot Denis Diderot Denis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Diderot Denis" or dc.contributor adj "Diderot Denis")Mémoires, correspondance et ouvrages inédits de Diderot, publiés d'après les manuscrits confiés en mourant par l'auteur à Grimm. Tome premier [-Tome quatrième]. Tome 4 /ark:/12148/bd6t54206446h.highres Lettres angloises, ou Histoire de Miss Clarisse Harlove [par Samuel Richardson. Traduction par l'abbé A.-F. Prévost]. Nouvelle édition augmentée de l'Éloge de Richardson [par Diderot], des Lettres posthumes et du Testament de Clarisse [traduction par J.-B.-A. Suard]. Tome 3 /ark:/12148/bd6t541817303.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 12/24
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6111004p/f12.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6111004p/f12.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6111004p/f12.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6111004p/f12.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6111004p
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6111004p
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6111004p/f12.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest