Titre : Le Bulletin de la vie artistique
Éditeur : Bernheim-jeune (Paris)
Date d'édition : 1926-06-01
Contributeur : Fénéon, Félix (1861-1944). Directeur de publication
Contributeur : Janneau, Guillaume (1887-1981). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32724994w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4425 Nombre total de vues : 4425
Description : 01 juin 1926 01 juin 1926
Description : 1926/06/01 (A7,N11). 1926/06/01 (A7,N11).
Description : Collection numérique : Originaux conservés à... Collection numérique : Originaux conservés à l'INHA
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6111002v
Source : Bibliothèque de l'INHA / coll. J. Doucet, 2010-82057
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2011
168
LE BULLETIN
Et, machinale aussi, cette réponse vient aux lèvres : « L'Etat et les
amateurs sont là pour quelque chose. »
Peut-être. Mais pas pour beaucoup.
L'Etat achète le moins possible. Mettez-vous à sa place. D'abord, il
n'a pas d'argent. Ou si peu !... Les prix qu il peut offrir pour rémunérer les
artistes sont tellement dérisoires qu il n'ose les proposer, et ne se risque que
lorsqu'il sait qu'il fera, quand même, plaisir. On lui a dit qu'il existait
encore des peintres capables de s imaginer que cette mention sur une de leurs
oeuvres : Acquis par l'Etat puisse attirer vers eux l'attention d'une clientèle
plus sérieuse. Mais il faut avouer que la race de ces ingénus tend à dispa-
raître. L'évidence en effet s'impose : les amateurs se méfient de plus en plus
des talents consacrés par la faveur officielle et ils ne tiennent pas du tout à
risquer toutes leurs proies futures pour cette ombre honorifique. Entre la
réserve croissante du peintre qui pourrait vendre et la timidité de l'Etat qui
pourrait acheter, le contact se fait de plus en plus rare.
Et puis, où la mettrait-on, cette peinture ? Naguère, il y avait bien les
Musées de province. Mais les Musées de province ne sont plus du tout ce
qu'ils étaient. Ils ne veulent plus se laisser traiter en greniers. On leur a
trop dit qu'ils existaient, qu'ils avaient un rôle à jouer. Et ils entendent
garder, même relative, une autonomie dont ils sont fiers. Leurs conserva-
teurs, recrutés parmi une élite de fonctionnaires jeunes, bien rasés, élégants,
avertis et que les lauriers de M. Roland-Marcel à la Nationale empêchent
de dormir, se sont faits — mais oui — une esthétique et ont adopté des plans
qui ne permettent pas l'intrusion de n importe quel tableau dans leurs salles
renouvelées. On écoute en haut lieu ces
futurs sous-secrétaires d'Etal. Certains
dirigent occultement les choix des bureaux
parisiens. Non, vraiment, rien à faire là
bas. Le débouché est fermé.
Quant aux amateurs, il est extrême-
ment rare qu ils consentent à faire leurs
emplettes dans ces grands magasins de la
peinture. Ils préfèrent les petites bouti-
ques, je veux dire les galeries particulières,
où ils sont certains de trouver, une ou
deux fois par an, l'assortiment complet de
la marchandise souhaitée. Pourquoi iraient-
ils perdre leur temps à chercher de leur
fournisseur habituel deux ou trois échan-
tillons perdus au milieu de ce colossal
étalage, alors qu'il leur suffit d'attendre
quelques semaines pour les examiner à loisir,
dans l'atmosphère paisible, harmonieuse,
favorable, d'une exposition particulière ?
François Quelvée- Nocturne vénitien-
(Salon des Tuileries 1926.)-
LE BULLETIN
Et, machinale aussi, cette réponse vient aux lèvres : « L'Etat et les
amateurs sont là pour quelque chose. »
Peut-être. Mais pas pour beaucoup.
L'Etat achète le moins possible. Mettez-vous à sa place. D'abord, il
n'a pas d'argent. Ou si peu !... Les prix qu il peut offrir pour rémunérer les
artistes sont tellement dérisoires qu il n'ose les proposer, et ne se risque que
lorsqu'il sait qu'il fera, quand même, plaisir. On lui a dit qu'il existait
encore des peintres capables de s imaginer que cette mention sur une de leurs
oeuvres : Acquis par l'Etat puisse attirer vers eux l'attention d'une clientèle
plus sérieuse. Mais il faut avouer que la race de ces ingénus tend à dispa-
raître. L'évidence en effet s'impose : les amateurs se méfient de plus en plus
des talents consacrés par la faveur officielle et ils ne tiennent pas du tout à
risquer toutes leurs proies futures pour cette ombre honorifique. Entre la
réserve croissante du peintre qui pourrait vendre et la timidité de l'Etat qui
pourrait acheter, le contact se fait de plus en plus rare.
Et puis, où la mettrait-on, cette peinture ? Naguère, il y avait bien les
Musées de province. Mais les Musées de province ne sont plus du tout ce
qu'ils étaient. Ils ne veulent plus se laisser traiter en greniers. On leur a
trop dit qu'ils existaient, qu'ils avaient un rôle à jouer. Et ils entendent
garder, même relative, une autonomie dont ils sont fiers. Leurs conserva-
teurs, recrutés parmi une élite de fonctionnaires jeunes, bien rasés, élégants,
avertis et que les lauriers de M. Roland-Marcel à la Nationale empêchent
de dormir, se sont faits — mais oui — une esthétique et ont adopté des plans
qui ne permettent pas l'intrusion de n importe quel tableau dans leurs salles
renouvelées. On écoute en haut lieu ces
futurs sous-secrétaires d'Etal. Certains
dirigent occultement les choix des bureaux
parisiens. Non, vraiment, rien à faire là
bas. Le débouché est fermé.
Quant aux amateurs, il est extrême-
ment rare qu ils consentent à faire leurs
emplettes dans ces grands magasins de la
peinture. Ils préfèrent les petites bouti-
ques, je veux dire les galeries particulières,
où ils sont certains de trouver, une ou
deux fois par an, l'assortiment complet de
la marchandise souhaitée. Pourquoi iraient-
ils perdre leur temps à chercher de leur
fournisseur habituel deux ou trois échan-
tillons perdus au milieu de ce colossal
étalage, alors qu'il leur suffit d'attendre
quelques semaines pour les examiner à loisir,
dans l'atmosphère paisible, harmonieuse,
favorable, d'une exposition particulière ?
François Quelvée- Nocturne vénitien-
(Salon des Tuileries 1926.)-
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