Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1890-09-29
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 septembre 1890 29 septembre 1890
Description : 1890/09/29 (Numéro 10139). 1890/09/29 (Numéro 10139).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k610634v
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 09/09/2008
ADMMSTMTION, rédaction et AHNQNCES I
61, tue Lafhyette, 61 ■ * r
A PARIS
(^^oît ansàlss ABWHmroe QraiigB-BâJeSSr^ 15
ABONNEMENTS PARI?
ÏMtSBOt?,.STB.
SIX {MHS.,. ......... 9 FR.
UN AN.............. 18 FR;
TJN KUM ËRO : 5 O BHTIMES
Tous les vendredis j
IE SUPPLÉMENT LITTÉRAIRE: S CENTIMES
ABONNEMENTS DEPARTEMENTS
TROIS MOIS......... 6 FR.
SIX MOIS . 12 FR.
TOI AN ... 24 FR.
I/UNDT 29 SEPTEMBRE i$90
' 93—«SAINT MICHEL 272
Numéro 10139 -
VINGT-HUITÏÈME ANNÉS
«aaai
[DERNIERE EDITION
LA SEMAINE EXTERIEURE
J 'ai la certitude que les lecteurs du Petit
Journal voudraient entendre parler d'autre
chose que de là Triple alliance; le sujet n'est
pas neuf et il est encombrant. Il revient par
trop souvent à ce rendez-vous hebdomadaire
extérieure, c'est-à-dire Ses dangers qui mena
cent la France en Europe et des motifs sé
rieux. que nous ayons d'espérer dans l'avenir.
Malheureusement, cette Triple alliance, si
fâcheuse, occupe toujours uhe telle place qu'il
faut bien tenir ^compte de ses moindres mou
vements, et noter les incidents qui signalent
chez elle tantôt un affaiblissement, tantôt une
-recrudescence de vitalité; C'est l'ennemi pour
nous: ne l'oublions jamais et résignons-nous ;
à nous occuper d'elle, môme quand l'occupa
tion paraît fastidieuse ou désagréable.
A propos de la dernière entrevue de l'empe
reur d'Allemagne et de l'empereur d'Autriche,
nous avions remarqué que la cordialité et les
épanchements amicaux des deux souverains
soulignaient l'inutilité de la visite de Guil
laume Il au tzar. D'une part, les Autrichiens
sont moins inquiets sur les projets un peu vo
lages prêtés au ieune'maître de l'Allemagne ;
celui-ci, obligé de renoncer à ses illusions sur
la Russie; est plus disposé à se reposer dans
les bras de la vieille Triple alliance, sur l'œu
vre deM. de Bismarck.
Il courait après le superflu, ayant déjà le
nécessaire; mais le superflu lui manquant, il
se rabat avec entrain sur le nécessaire. Ce
n'est i>lus de^ la haute politique à longues et
graves combinaisons ; ce sont choses^ toutes
naturelles et très humaines. Il ; n'est pas be-
Boin de renseignements spéciaux et de corres
pondants privilégiés pour, connaître ces lé
gères évolutions. Les grands ressorts de la
grande politique sont souvent plus faciles à
démonter quand on ne cherche pas la petite
bête, quand on ne veut pas à tout prix décou-
que da bon- sens ; ce. sont les amateurs de ma
chinisme extraordinaire qui se trompent le
plus volontiers; les architectes politiques ne
voient pas généralement si loin ; ils sont trop
empêtres dans les-,ennuis du moment pour ar
ranger d'avance leurs 'affaires embrouillées et
fabriquer ITiistoire future déboutés pièces. :....
• ..ag. .. :
. * # ' ' '
' pn comprend; sans peine que Guillaume H.
Boit enohanté >■ de ..ne pas payer trop cher -ses
frais de coquetterie stérile, et qu'après avoir
été pris du vertige slave il soit de nouveau en
quête' d'un placement de tout repos. Tout de
même il aura beaucoup de mal" à s'en tirer
sans un sacrifice ;caï les Autrichiens sont in
quiets depuis le:départ deM. de Bismarck.
L'ex-chancelier avait fait de l'Autriche le
Elvot de Ba politique; c'était une situation
ien définie, sans arrière-pensée, sans chan
gement: à Vienne, on dormait sur les deux
Oreilles grâce à cette conviction inébranlable.
• Evidemment, rien - n'a .été modifié depuis
dans les lignes'essentielles; mais il y a eu des
velléités, des marivaudages au dehors. L'Au
triche n'est .çjus si tranquille, elle éprouve le
besoin d'avoir des gages; elle -se dit qu'après
tout l'alliance avec Berlin est illusoire tant
que la question des Balkans ne sera pas ré
glée. Elle ajouté que le protectorat de la Bos
nie et de l'Herzégovine est une mince com
pensation aux armements ruineux imposés,
durant vingt années, que la Bulgariè n'est pas
encore à l'abri de l'ambition moscovite, que
la fameuse route -versSalonique est seulement
entr ouyerjp.
Ces diverses réflexions coïncident justement
avec une certaine-exaltation de l'esprit mili
taire en Autriche et surtout en Hongrie.
L'armement de ' l'infanterie et de l'artille
rie est- bon, la cavalerie est en. remarquable
état, tes esprits prévoyants sont persuadés
que tôt ou taïd le' choc aura lieu ; qu'il vaut
zhiétix se hâter, lorsque. l'armée russe n'est
pas arrivée au bout de sa préparation, que
son fusil n'est pas transformé, que ses che-
toins de fer stratégiques nè sont pas terminés.
' Quand on pense ainsi, quand on avoue de
telles préoccupations; on arrive vite à l'action.
En somme, et cette , impression se trahit de
plûsieurs manières; l'Autriche, poussée par la
Hongrie, presse à son -tour l'Allemagne de
prendre une position moins indifférente : en
un mot d'assisfer; selon la formule consacrée,
le libre développement des nationalités dans
les Balkans. Cela s'appelle, dans la langue
poétique de Schiller, « poser une question au
destin »> '
' ^ 4k
HT* '
Nous ignorons ce que le destin répondra;
mais il est clair que si Guillaume II se laisse
tenter, s'il est dans la nécessité de faire une
conoession à l'Autriche; pour , défendre la
Triple alliance, la guerre en Orient ne sera pas
longue à éclater. Car on n'imagine pas que,
malgré ses désirs de quiétude et sa passivité
ordinaire, la Russie accepte l'humiliation et
laisse couler l'influence germanique à pleins
bords jusqu'au Bosphore.
M. de Bismarck qui redoutait le péril de
préciser les difficultés pendantes n'admettait
pas que l'Allemagne s'engageât. Depuis qu'il
a pris sa retraite forcée, il répète sur tous les
tons 'que son pays n'a rien à démêler avec
les jeunes peuples des Balkans. Il lo répète
d'autant plus que là est le point faible pour
son successeur. Toute la question est de voir
si M. de Caprivi résistera ou succombera,
pour mieux dire, si Guillaume II cédera, ou
réussira:à écarter les propositions grosses de
.conséquences que présente l'Autriche avec
déférence, mais avec non moins d'insistance.
Joignez à>ces emïarras ceux que cause quo
tidiennement M. Crispi, avec l'irrédentisme
antiautrichien qu'il contient mal et qui ré
clame des satisfactions d'une nature quel
conque; on se rendra compte alors des per
plexités de la diplomatie allemande;
Elle semble pencher par goût pour l'immobi
lité que lui assure le bénéfice des succès, anté
rieurs sans courir d'autres risques. Mais elle a
des associés qui sont ou qui deviennent turbu
lents. Ils étaient jadis moins exigeants.
■ L'empereur Guiilaumellenremuanttropde
problèmes à la fois, en se flattant d'opérer une
transformation immédiate dans la politique
continentale, n'a rien obtenu que des paroles
vaines du "côté des adversaires éventuels; en
même temps ilaltéraitla confiance de ses amis,
désormais plus difficiles et plus méticuleux.
: De là un ébranlement moral dont- nous
commençons à deviner les premiers effets, qui
tôt ou-tard provoquera des tiraillements, dé
nouera la Tripla alliance ou lalancera dans les
terribles épreuves de la guerre. On a laissé
entendre qu'avant d'en arriver là, l'empereur
Guillaume II se sera remis avec. M. de Bis
marck; mais en admettant cette fort problé
matique! réconciliation, il n'est nullement sûr
que 1 ancienne stabilité soit commode à res
taurer.
Il est fatal que l'Allemagne tombera par ses
armements excessifs et sa diplomatie impé
rieuse dans les guerres qu'elle se flatte d'évi
ter. Nous ne pensons pas que l'expérience lui
^réussisse toujours aussi bien que dans le passé,-
"et nous comptons bien qu'elle finira par. expier,
chèrement ses triomphes démesurés , ses
conquêtes aveugles et la domination dont, elle
a trop longtemps accablé l'Europe.
Tristan. '
Eclios d.e s?girtoTj.t
A la suite de l'article paru dans le Petit
Journal sur.les héros de Sidi-Brahim un dé
nos lecteurs, M. Yigier La Fosse, nous a écrit
qu'il possède; un sabre d'honneur portant sur.
un des côtés de la lame cette inscription : « A
M. le capitaine Dutertre-Delportë », et sujc
l'autre : « Les voltigeurs du 2° bataillon. »
; M. Vigier La Fosse que nous remercions de
cette communication ajoute très aimablement
qu'il tient l'arme à notre disposition, si ellç,
nous paraît présenter quelque intérêt,
i II n'est pas impossible que ce sabre ait en
effet appartenu au héros du marabout de Sidi-
Brahim. H faudrait savoir si avant de passer'
en" qualité de capitaine adjudant-major au
8 e bataillon, Dutertre n'avait pas fait partie
du 2e bataillon de la même arme.
S'il, en était ainsi; le sabre en question se
rait une précieuse relique pour la famille de
l'héroïque officier, ou, à défaut de parents
survivants, pour sa famille militaire, pour ce
bàtaillon de chasseurs à pied dont il est
l'honneur. / '•
Puisque nous sommes amenés à parler
encore, une fois de la journée de Sidi-Brahim,
rectifions une erreur de composition qui s'est
glissée dans l'article de notre : collaborateur. •
Les braves cavaliers qui combattirent et
moururent dans cette fameuse journée à côté
des chasseurs à pied, appartenaient au 2<> et
non pas au 5e régiment de hussards comme
on nous l'a fait dire.
Ce dernier possède d'assez belles pages ctans
son histoire pour qu'on n'enlève pas, à son
profit, la part de gloire qui revient au 2« ré»
giment. ;
«♦Ct* ■■
• Les duels.
Une rencontre à l épée a eu lieu nier entre
MM. Catulle Mendés et Carie des Perrières,
rédacteur dre privé. -
Les deux adversaires ont été atteints sans
gravité : M-. des Ferrières à la gorge et M. Men
dés au ventre.
D'autre part, M. Rochefort se jugeant of
fensé par ua dessin publié dans le supplément
illustré du^Petit Parisi'en et représentant la.
sçène dont le Kursaal d'Ostende a été le théâ
tre il y a une,dizaine de jours, a envoyé des
témoins à M. Dupuy,- directeur de ce journal.
M. Dupuy. était à Blaye. Prévenu par une
dépêche, il était de retour à Paris hier matin
et chargeait deux de ses amis de s!aboucher
avec les témoins de M. Rochefort.
Une réunion préliminaire a eu lieu hier
dans l'après-midf entre les quatre témoins qui
se sont donné un nouveau rendez-vous pour
aujourd'hui. -
■ -*©♦.■■■ ;
Déplacements princiers : , .
' Le comte de Flandre, qui est .depuis plus
de quinze jours à Paris, partira démain pour
retourner en Belgique.
Le comte d'Eu, gendre de l'ex-empereur du
Brésil, est arrivé samedi soir à Paris par
l'Orient-Express.
Le même jour le grand-duc Michel Michaï-
lovitch partait pour Biarritz.
On a beaucoup parlé du fameux cheval sur
lequel le lieutenant russe Peschkofï a fait le
voyage de Vladiwostock à Saint-Pétersbourg.
Cette ' magnifique bête vient d'être donnée :
au czarewitch par son propriétaire; à qui
M. Bennett, directeur du New-York, en. avait
vainement offert cent mille francs.' - •
, Ce cadeau princier, a été accepté avec l'as
sentiment - du czar.
•Lé comhat entre les bhxeurS SlÀvin et Mac-,
AncUffe; qui depuis quelques jours faisait
l'objet des Conversations de tous les sports-
men anglais,, a eu lieu samedi matin à Londres
dans une salle de .gymnase.. '. .
, Slavin, le champion australien, a été vain
queur, après iin combat de sept minutes qui
lui ont suffi pour, mettre l'Anglais Mac-An
cliffe dans le plus piteux état.
H paraît que les expériences exécutées au
commencement du. mois en rade de Toulon,
avec des ballons captifs attachés à des navi
res de la flotta, ont excité l'émulation des
aéronautes .allemands. En effet, on nous ap
prend que des ascensions captives ont été
exécutées mardi dernier et les jours suivants
par le détachement de Berlin. Les aéronautes
étaient embarqués avec leur matériel à bord
du .Mars, où se trouvait le prince Henry. Le
gonflement a eu lieu à terre, où le gaz hydro 1 -
gène a'été préparé dans des voitures spéciales.
. .*®+- . ■
D'un pôle à l'autre en chemin de fer. _
Jusquici, on n'avait guère, pensé, en Amé
rique, qu'à créer des voies ferrées d'un océan
à un autre. Voici qu'il est maintenant ques
tion d'établir une ligne de chemin de fer tra
versant les deux Amériques, non plus de l'Est
à l'Ouest, mais du Nord au Sud.
Le projet, prétendent les promoteurs, -pourra
être, (Sautant plus facilement.- réalisé'que déj à
les trains de l'Amérique du Nord correspon
dent. avec les r chemins de fer du Mexique et
que tous les pays de l'Amérique^ du ïjSud cons
truisent des lignes remontant vers lé Nord. ,
LE PONT DE CONFLANS
M. Yves Guyot a procédé hier, ainsi que
nous l'avions annoncé, à la pose, de la pre
mière pierre du pont de Conflans quj. doit tra
verser la Seine et relier les deux communes
de Charenton et d'Ivry. ■ . r
Le Petit Journal, dans, un de ses derniers
numéros, s'est très longuement étendu sur la
façon dont le futur pont sera construit et sur
les sacrifices relativement considérables que
se sont imposés les deux communes qu'il
doit unir. c ,
- Le ministre des travaux publics est arrivé
en voiture à midi par la porte de Bercy. Les
municipalités de Charenton ■ ot d'Ivry, ainsi
que les sociétés musicales et les pompiers des
deux communes s'étaient portés à sa ren
contre. Après avoir franchi les fortifications,
M. Yves Guyot met pied à terre et prend
la. tête du cortège qui se dirige aux accents
du Père la Victoire exécuté "par les deux,so
ciétés musicales à l'endroit où est .élevée, la tri
bune. -
Le maire d'Ivry lui adresse alors une allo
cution de bienvenue très applaudie, à laquelle
le ministre-répond, puis U remet, des. médail
les d'honneur aux ouvriers Blain r , Deboin,
Landon et- Firmin. Il procède ensuite à la
pose de la première pierre avec le cérémonial
accoutumé, puis les. invités se dirigent vers
la Ville-de-Paris, le beau bateau-touristé, où
'un banquet de cent couverts est servi. -
Prennent successivement la parole au des
sert : le maire de Charenton, MM.' Lévêque,
Lafont, Lefèvre, conseillers généraux ; M.
Baulard, député, M. Alphand, MM. Marsou-
lan et Lignier, conseillers municipaux. Pen
dant' le toast de M. Lignier un incident se
produit. , : .
Prenant texte de ce que M. de Belleval, dé
puté boulangiste .de la circonscription; n'avait
pas été invité - au banquet,- un conseiller mu
nicipal de Charenton, M. Persan; proteste,
disant que la politique n'avait rien à voir en
l'espèce ét que l'ostraoisme dont avait été
frappé un député dévoué aux intérêts du pays
était regrettable. '
Cette intervention soulève-lés protestations
de tous les convives et M. Yves Guyot retire
la parole'à l'interrupteur.
Ûn instant après, quand le ministre porte
un toast à la fraternité républicaine, il ajoute '
en se tournant vers M. Persan, le protestataire-: -
« Oui; je bois à'la fraternité républicaine, -
mais il y a une distinction - à- 'faire entre les
dupes et lëB complices de l'aspirant Gfésâr, qui
tout récemment- a m'arch'é'à 1 assaut, dé'la Ré :
publique,- la màin dàns Ia main avec ses.plus'
mortels,ennemis. ^ ^ . r.;f, ■ ;
: ' » Les cbmplîces 'de Cet' homme n'ont riôn.£à
fairèj ici, ' dans ', une réunion "répùbîicairitt'
'Quant à ses dupes elles 'doivent: rentrer dansj
■l'ombre-et tâcher de sé faire oublier.' ». hv.v-j
! Ces 'paroles dù ministre sont 'couvertes'
d'applaudissements. .
Après le banquet M. Yves Guyot et les-in
vités sont transportés à bord du remorqueirr
la Lisette sur s le quai d'Ivry où: estmassée
une foule considérable qni fait, an "ministre
un accueil sympathique, puis le- cortège se,
met en marohe vers la mairie. • >
Durant ; le traj et un second incident se pro- •
duit. ■ , ■ -, .
Les boulangistes, au nombre desquels plu
sieurs conseillers municipaux d'Iyryj > qui,
sous la présidence de M. de Belleval, avaient
organisé un -punch de protestation dans une.
salle de la rue de Seine, sortent au moment
du passage du cortège et crient : A bas la
clique ! Les invités ripostent en criant -v ViV6
la (République I et ils passent.
. Au retour, par exemple, les choses vont
plus. loin. Les boulangistes crient de-; nou
veau : A bas la clique ! A bas les voleurs I
Cette fois plusieurs invités se précipitent sur.
eux et des coups sont échangés. Pendant la-
bagarre,.pn boulangiste s'avance vers M. Yves
Guyot et crie enle regardant en face : Oùil A
bas la crapule I
Il est immédiatement saisi par. deux agents-
de la sûreté en bourgeois et entraîné au Com
missariat. Cest un nommé Darney, âgé de
trente ans, demeurant 9, quai d'Ivry.,
Après ce troisième incident qiiï.çlôt la sé-^
rie, les régates ont lieu.
î . M. Guillemin,- inspecteur général, de, la na
vigation, prononce une charmante allocution
en remettant les médailles aux vainqueurs.
M. Baulard, député, prend également la parole
et félicite chaleureusement les champions da
sport nautique.
M: Yves Guyot n'avait pas attendu la fin
des régates. Il avait regagné Paris vers qua
tre heures, estimant, sans doute, que ' son
après-midi avait été assez mouvementée. •
Le Petit Journal
COMMENCERA PROCHAINEMENT
la publication d'un roman inédit appelé
à faire sensation
EN DÉTRESSE!
■ PAR ' • .
Jules ]VIar*y
M. RIBOT A SAINT-OMER
(Dépêche de notre correspondant)
Saint-Omer, 28 septembre, 9 heures soir.
■ Le ministre des affaires étrangères, M. Ribot^
député de la première circonscription de Saint-
Omer, est arrivé ici samedi par l'express de
six heures du soir. Il a été reçu à la gare par
M. Ringot, maira de Saint-Omer, conseiller
général, les adjoints, M.Nano, sous-préfet, etc.
Il est descendu chez M. Ringot.
Aujourd'hui, à une heure, il a donné un dé-
ieutfer de oinquante couverts à l'hôtel, de la
Porte-d'Or. Y assistaient : M. Jonnart, député,
les conseillers généraux et d'arrondissement;
du département du Pas-de-Calais, ainsi que
tous les maires, sans distinction d'opinion, de-
la première circonscription. Au dessert, plu
sieurs toasts ont été portés par MM. Nano,
sous-préfét, Ribot, Ringot et Jonnart.
" Le soir, à six heures un quart, l'Alliance
républicaine offrait un punch au ministra
dans les salons de l'Hôtel des Pompiers. Plus
de cinq cents personnès se pressaient dans la
salle devenue trop petite. L'arrivée de M. Ribot
a été aoclamée.
M. Ringot porte le premier la parole. Ilpré-,
sente le député de la' première circonscription,
il rappelle ce qui s'est passé depuis les der
nières élections et félicite M. Ribot d'avoir été
porté.par le. chef de l'Etat au ministère des
affaires étrangères. - ' • '
. : Il félicite M. Jonnart, député de là deuxièsho
circonscription de Saint-Omer, delà situation
•.qu'il s'est faite à laiïhambre*. ■ ' ;\- ..
M. Jonnart-. succédé à M. Ringot; lui. aussi '
fait * l'étage. de M- Ribot; et' expose les deside- ]
rat(i de l'arrondissement' de Saint-Omer et;
conclut en déclarant qu'il est partisan d'une
politique prudente et ihodérée,-faite. de j prp» -
grès et de réformes pacifiques? Puis il- boit a
l'arrondissement de Saint-OméV. Son discoui's
est vivement applaudi. . ; '
'' Diieotwi de II. Itihot
.'Le ministre des-affaires étrangères remeroia
MM. Ringot et Jonnart,- puis, reprenant , une
allusion: faite-par M. Ringot à so.n discours
de l'an dernier, ; il se :félicite du succès obtenu
par les républicains aux élections générales.
Notre politique a triomphé, dit-il, parce qu'elle
était honnête. Nous demandions.alors ,nne politi
que modérée, mais ferme; nous faisions appel a,
tous les républicains pour réaliser les réformas
dont ce pays a besoin. Cette politique est celle du
cabinet auquel j'ai l'honneur d'appartenir.
Dans la haute situation à laquelle m'a appela
la confiance du-chef de l'Etat, j'ai un devoir a
mettre avant tout, l 'intérêt d<5 la France. Mais
je n'oublie pas ceux de cette circonscription.
Après avoir traité différentes questions ré*
gionales et locales M. Ribot aj'oute :
La France doit avoir consciénce de sa force?
elle a raison d'être flère, tout en étant pacifique,
car elle a une armée admirable, des finances qtn
se relèvent de jour en jour, elle a enfin, jnalgrj ■
les querelles des partia^l'union*, une union telle
qu'il n'en existe, de plus solide dans aucun pays»
M. Ribot termine ainsi :
La politique de la^ République n'est pas une po*
litique de dessous ni d'intrigues-, c'est Une noliti^
que d'honnêteté qui s'inspire avant 1 tout- ■ be<
soins et-des destinées de la patrie française.
Une ovation est faite à l'orateur après ce dist
eu M
•86- FECTLLETON DO; 29 SEPTEMBRE 1890 (1)
FLEUR-DE-MAI
QUATRIÈME >ART1B . : / • '
i'AFFA/RE DE LAUHIA G
m-Suite
Z/idée da tKmohard
Monsieur!, . .— fit la jeune femme, en
tentant un effort pour'se relever, — vousm'in-
ftaltezl... ' .
Gaston Loucliard laissa échapper un rica
nement sourd.
— Allons 1 vous n'allez pas mentir, je sup
pose, vous n'allez pas renier votre amour !...
Tenez 1 vous allez voir comme je suis bon
prince... Jurez-moi donc, sur votre honneur
a vous, cet honneur dont vous êtes si flére...
iurez-moi que vous n'aimez pas M. Raoul
Valroy et je vous croirai.
. Blanche se tut. f î,
Cet homme disait vrai, et elle ne pouvait
Cfientir.., Non... c'était la vérité, elle aimait,
Bile adorait de toutes ses forces, à cette heure,
Raool Valroy.
Et, comme elle les comparait tous les deux
involontairement, malgré elle!;.. malgré sa
terreur... comme elle déplorait avec un dé
sespoir sans bornes, d'êtreîla femme de' ce mi
sérable, tandis que l'autre, celui qu'elle aimait
maintenant, était un'modèle d'honneur et de
loyauté. r , ' ' *
. ,— Là J — fit en' riant Louchard, — vous
voyez bien que vous n'avez pas le courage de
mentir.... Je tenais à obtenir cet aveû de vous--
même... et voilà qui.est fait.-. . Gomme on dit *
Palais : o'est acquis aux débats.
Il prit un temps et poursuivit au bout d'un
instant de silence : - - ; '
— Vous devez ddnc comprendre, je l'espère,
que; tandis q.uè vous roucoulez d'amoureuses
romances avec votre aman^. . ...
y (t) Reproduction «t traduction interdites. ' '
. Cette fois, Blanche trouva en elle-même le
coufage de protester, et- ce fut avec une éner-
gie toute pleine dé loyauté qu'elle répondit .*. >;
— Monsieur !... Vous mentez !.., Jamais
M. :Yalrojr n'a "été mon amant"!... Et il ne le
sera jamais.* .
Louchard laissa échapper un petit , ricane
ment ressemblant • au- sifflement d'une vipère.'
: Je ne vous crois pas,-r fit-il,—il faudrait
pour que cela n'existât point que M. Raoul
'Valroy fût nn Imbécilei ' et jo le crois au
contraire! forthomme d'esprit.•• ;
« Par conséquent, épargnez-vous la peine de
Vous livrer, à des. dénégations inutiles. En
outre, ce n'est point de» cela qu'il s'agit pour
l'instant.. J'ai autre chose à faire qu'à m'pc-
cupcr de vos amours: .. Cependant, tandis
que vous menez-joyeuse via à Lauriac avec
ivotre amant,—M. Valroy, je préciseet jemain-
tiens,—il faudrait que je sois le dernier des
sots pour mener la misère d'un autre oôté.
» Votre aimable mère m'a imposé des condi
tions, ; tandis que c'était : à moi, ce ma semble,
à en dicter. On me donnait une pension;
comme on jette un os" à uû chien dans un
coin... Ce coin, o'était l'Amérique, où on me"
reléguait, où on m'internait...
» Or, il ne me plaît point d'aller en Amériqué.
» Il : me plaît au contraire (l'aller où bon me
semble, avec de l'argent, à moi, puisqué, de
pajfjla loi, le-vôtre doit être le mien. .-
j) Veuillez donc écouter ce que j'ai décidé, et'ï
ayez l'obligeancô^de ne point m'interrompre.
Blanche, 'pendant ce petit discours prononcé"
d'une voix-narquoise, reprenait peu à peu son
sang-froid.
Si la terreur avait - eu tout d'abord raison
d'elle, i là f colère et l'indi gnation'lui 'rendaient
maintenant-son énergie.
'Elle se contînt un .instant'encore. <• ' .'
Elle voulait savoir jusqu'où, l'audacq du mi-"'
sérable pouvait être:poussée.
* Celui-ci allait.droit-au fait. ■ - • . rr,
— Je sais, — reprit-il,—que votre mère
possède en ce moment- une très forte somme.
Elle est en billets" "de banque.. . -"contenue
dans un portefeuille.J'exige,"que. vous me-
•remettiez- immédiatement ce portefeuille. ,
« Et cela, vous allez lo faire sans paroles,
sans, reproches, sans bruit.,. Vous m'avez
entendu!.... .- . >' •
Cette fois c'en était trop!.. . ■ '
- Blanche se leva et lui dit d'une voii très
très ferme : . .. .-
~— Monsieur! vous allez immédiatement
sortir,. . ou j'appelle... J'appelle mon frère
d'abord, et ;les ; domestiques qui vous chasse
ront comme ilsl'ont déjà fait!
Gaston, sans, perdre un instant son sang-
froid, secoua simplement la tête.
— Rien de tout cela, — répliqua-t-il. —Vous
^'appellerez pas;,,.et vous ne direz xfea...
Vous vous tairez !... ' . .
« D'abord!. ..à ceux qui, viendraient ici, je"'
répondrais que je suis dans la chambre de. ma^
femme et que je ne fais qu'user de mon glein i
droit... Et je défierais bien qui que ce soit de
me faire-sortir, .. vu -que me -trouvant dans
votre chambre, chez moi.., je brûlerais la cer-
velle au premier qui oserait franchir Je seuil
de'votreportei..• ». ,
: » Vous voyez.le cas que je fais de votre-me
nace:. .. Vous voyez qu'elle est complètement
inutile. • • .
«Mais vous comprendrez bien.'d-'un autre côté,
qu'avant d'en arriver à des' actes • gxtr^més,'
j ai dû prendre.mes précautions. : ;
r » Jo vous préviens,donc;; une: dernière fois,
d'avoir, à.me remettre le portefeuille que je ré
clame de vous....- Vous m'avez comprisJq
suis pressé et j'attends !. .. ï ,
, — Jamais, — fit Blanche avec énergie,- ^.
Jamais... ». . "
. —C'est fort, bien,.. et je vous l'avoue, ja
.m'attendais.à cette résistance,-mais .j'ai le sûr
i moyen de la vaincre,, croyez-moi bien
i . » Je vous ai. dit que j'avais pris me.s. précau-
itions.. . . ... V.
.. »Eh,bien,' écoutez-moi Et ne ypoussiesr
pas dé cris... Ne faites pas de scèines.ou.vous
serez cause d'un malheur que vous voudriez
racheter au prix de tout vôtre sang"?
Instinctivement^ la jeune femme ■ s'était
mise à trembler,, tant la voix de Gaston Lou
chard était devenue sombite-et sinistre. . v
— Je veux que vous me remettiez ce porte-
ifêuille. j ... ou "autrement votre fille !....
Aux inbts « votre', fille'», Blanche, avait
bondi vers 1'aloôv.e, toute prêtç à faire à son
enfant un rempart de son corps.,
Et elle avait soulevé d'une main l'un des
rideaux derrière lesquels était placé le lit de la.
petite'Louise. • -,
1 Pétrifiée, elle s'arrêta. . .
, Gaston s'était levé et l'-avait prise, par ;un
bras, en lui disant d'une voix sourde : '
: — Ne crie ; pas...
r Daps le petit lit toutblanc, tout enrubanné,
garni d'un flot de dentelles par la coquetterie
de la mère, l'enfant dormait* d'un- angélique
sommeiâ^ .
Ètaucfiévet de ce lit, comme un mauvais
ange,ungéniemalfaisant,.seténaitun homme !
. Dans Ia,demi-teint'e,4e l'alcôve,:ses traits
parurent""hideux à la - mère épouvantée, sa.
taille énoi-meJ...
s Il lui, sembla un horrible vampire qui al
lait lui enlever" son enfant !. ..' la .dévorer;...
.Tandis .qu-'elle demeurait" ià, ariéa'ntie, son
mari continuait à murmurer â son oreille •,
; — Ah 1 vous avez cru que perdu la
partie, que'tout , au moins je ne Rongeais pas
à la revanche !. .. ; • .
«Vous a.vez cru que votre frère avait pu
me chasser comme un laquais .. ». par se» gar
des, -par- ses. gens, et qu'un jour-,où < l'autre je
,ne-parviendrais pas à trouver ffia vengeance/
« Mais vous étiez.folle!.;.- * ...
! sEhbienl à cette heure,' je .VOUS tiens I...
'rfest'ce 'pas.. . Je suis votre iflaître !.. *. , . ,
'«'Llxomnid '-ipà: • est" -lây vous m'entendé?
bien !... Je n'ai qu'à lui fàire Tin signe h.. '
Et votre, enfant aura cessé- de vivre !.-.. ., /
\ Ûn râle r étouffé s'éohappa de là. poitrine aft,
:1a mère. • ' ' , „. !
—. Vous ferez cela ! — le regto?»
■dànt avec épouvante et Horreur, r— vous -fer®»
cela!.: . vous'Tion père!...- -. ,. ,
Gaston Louchard eut un. ipenaçant hoche
ment de tête» r ' ., , ■
— Avant d'être ma'fille, —répondit-il, —
elle est à vous... Et vous... comme tous les
vôtres, comme tout ce qui vient de ^ous, tout
ce qui touche à vous. ..-je vofcs hais-!...
'Ces derniers mots furent prononcés d'une
voix sifflante; - " ,
- On-devinait que de to.us les sëntiments mé
prisables et vils qui s'agitaiefft dans Isycceur
aê ce monstre', la haine était la- plis fpfte. -..
Oui ! je vous hais 1 — répétait-il,'je vous
T^ aîR tous !... Je voudrais Voir ce ; chateau en
cendres et vous tous - ensevelis -sous ses dé
combres.. . Ah ! vous m'avez bafûûê,_honni,
méprisé, votre frère m'a-défiguré!... Et vous
ne comprenez pas tout ce qu'H y a : en moi
d'exécration pour tout ce qui porte le nom de
Lauriac !... Ah ! vous faire du m?* '^ T ous
voir souffrir!...- vous, les
voir tous pleurer dés i«rmes aè sang... LÇ..
me dire... c'est nl °i\y W».
téi»'d* 708 »■•••' ÇOWte-jo».!-. .-.
ti'homme qui se tenait à la tête-du lit de la-
petite Louise s'agita nerveusement. ' ,.
— Allons, —- fit-il d'une voix qu'il enrouait
eh voulant l'assourdir, —. n'y a-pas besoin da
tant de phrases...Faut l 'argeât. YQilâtput..,
.autrement 1..-. .
■« Autrement !... » Uû geste éponv#4tab%
61, tue Lafhyette, 61 ■ * r
A PARIS
(^^oît ansàlss ABWHmroe QraiigB-BâJeSSr^ 15
ABONNEMENTS PARI?
ÏMtSBOt?,.STB.
SIX {MHS.,. ......... 9 FR.
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TOI AN ... 24 FR.
I/UNDT 29 SEPTEMBRE i$90
' 93—«SAINT MICHEL 272
Numéro 10139 -
VINGT-HUITÏÈME ANNÉS
«aaai
[DERNIERE EDITION
LA SEMAINE EXTERIEURE
J 'ai la certitude que les lecteurs du Petit
Journal voudraient entendre parler d'autre
chose que de là Triple alliance; le sujet n'est
pas neuf et il est encombrant. Il revient par
trop souvent à ce rendez-vous hebdomadaire
extérieure, c'est-à-dire Ses dangers qui mena
cent la France en Europe et des motifs sé
rieux. que nous ayons d'espérer dans l'avenir.
Malheureusement, cette Triple alliance, si
fâcheuse, occupe toujours uhe telle place qu'il
faut bien tenir ^compte de ses moindres mou
vements, et noter les incidents qui signalent
chez elle tantôt un affaiblissement, tantôt une
-recrudescence de vitalité; C'est l'ennemi pour
nous: ne l'oublions jamais et résignons-nous ;
à nous occuper d'elle, môme quand l'occupa
tion paraît fastidieuse ou désagréable.
A propos de la dernière entrevue de l'empe
reur d'Allemagne et de l'empereur d'Autriche,
nous avions remarqué que la cordialité et les
épanchements amicaux des deux souverains
soulignaient l'inutilité de la visite de Guil
laume Il au tzar. D'une part, les Autrichiens
sont moins inquiets sur les projets un peu vo
lages prêtés au ieune'maître de l'Allemagne ;
celui-ci, obligé de renoncer à ses illusions sur
la Russie; est plus disposé à se reposer dans
les bras de la vieille Triple alliance, sur l'œu
vre deM. de Bismarck.
Il courait après le superflu, ayant déjà le
nécessaire; mais le superflu lui manquant, il
se rabat avec entrain sur le nécessaire. Ce
n'est i>lus de^ la haute politique à longues et
graves combinaisons ; ce sont choses^ toutes
naturelles et très humaines. Il ; n'est pas be-
Boin de renseignements spéciaux et de corres
pondants privilégiés pour, connaître ces lé
gères évolutions. Les grands ressorts de la
grande politique sont souvent plus faciles à
démonter quand on ne cherche pas la petite
bête, quand on ne veut pas à tout prix décou-
que da bon- sens ; ce. sont les amateurs de ma
chinisme extraordinaire qui se trompent le
plus volontiers; les architectes politiques ne
voient pas généralement si loin ; ils sont trop
empêtres dans les-,ennuis du moment pour ar
ranger d'avance leurs 'affaires embrouillées et
fabriquer ITiistoire future déboutés pièces. :....
• ..ag. .. :
. * # ' ' '
' pn comprend; sans peine que Guillaume H.
Boit enohanté >■ de ..ne pas payer trop cher -ses
frais de coquetterie stérile, et qu'après avoir
été pris du vertige slave il soit de nouveau en
quête' d'un placement de tout repos. Tout de
même il aura beaucoup de mal" à s'en tirer
sans un sacrifice ;caï les Autrichiens sont in
quiets depuis le:départ deM. de Bismarck.
L'ex-chancelier avait fait de l'Autriche le
Elvot de Ba politique; c'était une situation
ien définie, sans arrière-pensée, sans chan
gement: à Vienne, on dormait sur les deux
Oreilles grâce à cette conviction inébranlable.
• Evidemment, rien - n'a .été modifié depuis
dans les lignes'essentielles; mais il y a eu des
velléités, des marivaudages au dehors. L'Au
triche n'est .çjus si tranquille, elle éprouve le
besoin d'avoir des gages; elle -se dit qu'après
tout l'alliance avec Berlin est illusoire tant
que la question des Balkans ne sera pas ré
glée. Elle ajouté que le protectorat de la Bos
nie et de l'Herzégovine est une mince com
pensation aux armements ruineux imposés,
durant vingt années, que la Bulgariè n'est pas
encore à l'abri de l'ambition moscovite, que
la fameuse route -versSalonique est seulement
entr ouyerjp.
Ces diverses réflexions coïncident justement
avec une certaine-exaltation de l'esprit mili
taire en Autriche et surtout en Hongrie.
L'armement de ' l'infanterie et de l'artille
rie est- bon, la cavalerie est en. remarquable
état, tes esprits prévoyants sont persuadés
que tôt ou taïd le' choc aura lieu ; qu'il vaut
zhiétix se hâter, lorsque. l'armée russe n'est
pas arrivée au bout de sa préparation, que
son fusil n'est pas transformé, que ses che-
toins de fer stratégiques nè sont pas terminés.
' Quand on pense ainsi, quand on avoue de
telles préoccupations; on arrive vite à l'action.
En somme, et cette , impression se trahit de
plûsieurs manières; l'Autriche, poussée par la
Hongrie, presse à son -tour l'Allemagne de
prendre une position moins indifférente : en
un mot d'assisfer; selon la formule consacrée,
le libre développement des nationalités dans
les Balkans. Cela s'appelle, dans la langue
poétique de Schiller, « poser une question au
destin »> '
' ^ 4k
HT* '
Nous ignorons ce que le destin répondra;
mais il est clair que si Guillaume II se laisse
tenter, s'il est dans la nécessité de faire une
conoession à l'Autriche; pour , défendre la
Triple alliance, la guerre en Orient ne sera pas
longue à éclater. Car on n'imagine pas que,
malgré ses désirs de quiétude et sa passivité
ordinaire, la Russie accepte l'humiliation et
laisse couler l'influence germanique à pleins
bords jusqu'au Bosphore.
M. de Bismarck qui redoutait le péril de
préciser les difficultés pendantes n'admettait
pas que l'Allemagne s'engageât. Depuis qu'il
a pris sa retraite forcée, il répète sur tous les
tons 'que son pays n'a rien à démêler avec
les jeunes peuples des Balkans. Il lo répète
d'autant plus que là est le point faible pour
son successeur. Toute la question est de voir
si M. de Caprivi résistera ou succombera,
pour mieux dire, si Guillaume II cédera, ou
réussira:à écarter les propositions grosses de
.conséquences que présente l'Autriche avec
déférence, mais avec non moins d'insistance.
Joignez à>ces emïarras ceux que cause quo
tidiennement M. Crispi, avec l'irrédentisme
antiautrichien qu'il contient mal et qui ré
clame des satisfactions d'une nature quel
conque; on se rendra compte alors des per
plexités de la diplomatie allemande;
Elle semble pencher par goût pour l'immobi
lité que lui assure le bénéfice des succès, anté
rieurs sans courir d'autres risques. Mais elle a
des associés qui sont ou qui deviennent turbu
lents. Ils étaient jadis moins exigeants.
■ L'empereur Guiilaumellenremuanttropde
problèmes à la fois, en se flattant d'opérer une
transformation immédiate dans la politique
continentale, n'a rien obtenu que des paroles
vaines du "côté des adversaires éventuels; en
même temps ilaltéraitla confiance de ses amis,
désormais plus difficiles et plus méticuleux.
: De là un ébranlement moral dont- nous
commençons à deviner les premiers effets, qui
tôt ou-tard provoquera des tiraillements, dé
nouera la Tripla alliance ou lalancera dans les
terribles épreuves de la guerre. On a laissé
entendre qu'avant d'en arriver là, l'empereur
Guillaume II se sera remis avec. M. de Bis
marck; mais en admettant cette fort problé
matique! réconciliation, il n'est nullement sûr
que 1 ancienne stabilité soit commode à res
taurer.
Il est fatal que l'Allemagne tombera par ses
armements excessifs et sa diplomatie impé
rieuse dans les guerres qu'elle se flatte d'évi
ter. Nous ne pensons pas que l'expérience lui
^réussisse toujours aussi bien que dans le passé,-
"et nous comptons bien qu'elle finira par. expier,
chèrement ses triomphes démesurés , ses
conquêtes aveugles et la domination dont, elle
a trop longtemps accablé l'Europe.
Tristan. '
Eclios d.e s?girtoTj.t
A la suite de l'article paru dans le Petit
Journal sur.les héros de Sidi-Brahim un dé
nos lecteurs, M. Yigier La Fosse, nous a écrit
qu'il possède; un sabre d'honneur portant sur.
un des côtés de la lame cette inscription : « A
M. le capitaine Dutertre-Delportë », et sujc
l'autre : « Les voltigeurs du 2° bataillon. »
; M. Vigier La Fosse que nous remercions de
cette communication ajoute très aimablement
qu'il tient l'arme à notre disposition, si ellç,
nous paraît présenter quelque intérêt,
i II n'est pas impossible que ce sabre ait en
effet appartenu au héros du marabout de Sidi-
Brahim. H faudrait savoir si avant de passer'
en" qualité de capitaine adjudant-major au
8 e bataillon, Dutertre n'avait pas fait partie
du 2e bataillon de la même arme.
S'il, en était ainsi; le sabre en question se
rait une précieuse relique pour la famille de
l'héroïque officier, ou, à défaut de parents
survivants, pour sa famille militaire, pour ce
bàtaillon de chasseurs à pied dont il est
l'honneur. / '•
Puisque nous sommes amenés à parler
encore, une fois de la journée de Sidi-Brahim,
rectifions une erreur de composition qui s'est
glissée dans l'article de notre : collaborateur. •
Les braves cavaliers qui combattirent et
moururent dans cette fameuse journée à côté
des chasseurs à pied, appartenaient au 2<> et
non pas au 5e régiment de hussards comme
on nous l'a fait dire.
Ce dernier possède d'assez belles pages ctans
son histoire pour qu'on n'enlève pas, à son
profit, la part de gloire qui revient au 2« ré»
giment. ;
«♦Ct* ■■
• Les duels.
Une rencontre à l épée a eu lieu nier entre
MM. Catulle Mendés et Carie des Perrières,
rédacteur
Les deux adversaires ont été atteints sans
gravité : M-. des Ferrières à la gorge et M. Men
dés au ventre.
D'autre part, M. Rochefort se jugeant of
fensé par ua dessin publié dans le supplément
illustré du^Petit Parisi'en et représentant la.
sçène dont le Kursaal d'Ostende a été le théâ
tre il y a une,dizaine de jours, a envoyé des
témoins à M. Dupuy,- directeur de ce journal.
M. Dupuy. était à Blaye. Prévenu par une
dépêche, il était de retour à Paris hier matin
et chargeait deux de ses amis de s!aboucher
avec les témoins de M. Rochefort.
Une réunion préliminaire a eu lieu hier
dans l'après-midf entre les quatre témoins qui
se sont donné un nouveau rendez-vous pour
aujourd'hui. -
■ -*©♦.■■■ ;
Déplacements princiers : , .
' Le comte de Flandre, qui est .depuis plus
de quinze jours à Paris, partira démain pour
retourner en Belgique.
Le comte d'Eu, gendre de l'ex-empereur du
Brésil, est arrivé samedi soir à Paris par
l'Orient-Express.
Le même jour le grand-duc Michel Michaï-
lovitch partait pour Biarritz.
On a beaucoup parlé du fameux cheval sur
lequel le lieutenant russe Peschkofï a fait le
voyage de Vladiwostock à Saint-Pétersbourg.
Cette ' magnifique bête vient d'être donnée :
au czarewitch par son propriétaire; à qui
M. Bennett, directeur du New-York, en. avait
vainement offert cent mille francs.' - •
, Ce cadeau princier, a été accepté avec l'as
sentiment - du czar.
•Lé comhat entre les bhxeurS SlÀvin et Mac-,
AncUffe; qui depuis quelques jours faisait
l'objet des Conversations de tous les sports-
men anglais,, a eu lieu samedi matin à Londres
dans une salle de .gymnase.. '. .
, Slavin, le champion australien, a été vain
queur, après iin combat de sept minutes qui
lui ont suffi pour, mettre l'Anglais Mac-An
cliffe dans le plus piteux état.
H paraît que les expériences exécutées au
commencement du. mois en rade de Toulon,
avec des ballons captifs attachés à des navi
res de la flotta, ont excité l'émulation des
aéronautes .allemands. En effet, on nous ap
prend que des ascensions captives ont été
exécutées mardi dernier et les jours suivants
par le détachement de Berlin. Les aéronautes
étaient embarqués avec leur matériel à bord
du .Mars, où se trouvait le prince Henry. Le
gonflement a eu lieu à terre, où le gaz hydro 1 -
gène a'été préparé dans des voitures spéciales.
. .*®+- . ■
D'un pôle à l'autre en chemin de fer. _
Jusquici, on n'avait guère, pensé, en Amé
rique, qu'à créer des voies ferrées d'un océan
à un autre. Voici qu'il est maintenant ques
tion d'établir une ligne de chemin de fer tra
versant les deux Amériques, non plus de l'Est
à l'Ouest, mais du Nord au Sud.
Le projet, prétendent les promoteurs, -pourra
être, (Sautant plus facilement.- réalisé'que déj à
les trains de l'Amérique du Nord correspon
dent. avec les r chemins de fer du Mexique et
que tous les pays de l'Amérique^ du ïjSud cons
truisent des lignes remontant vers lé Nord. ,
LE PONT DE CONFLANS
M. Yves Guyot a procédé hier, ainsi que
nous l'avions annoncé, à la pose, de la pre
mière pierre du pont de Conflans quj. doit tra
verser la Seine et relier les deux communes
de Charenton et d'Ivry. ■ . r
Le Petit Journal, dans, un de ses derniers
numéros, s'est très longuement étendu sur la
façon dont le futur pont sera construit et sur
les sacrifices relativement considérables que
se sont imposés les deux communes qu'il
doit unir. c ,
- Le ministre des travaux publics est arrivé
en voiture à midi par la porte de Bercy. Les
municipalités de Charenton ■ ot d'Ivry, ainsi
que les sociétés musicales et les pompiers des
deux communes s'étaient portés à sa ren
contre. Après avoir franchi les fortifications,
M. Yves Guyot met pied à terre et prend
la. tête du cortège qui se dirige aux accents
du Père la Victoire exécuté "par les deux,so
ciétés musicales à l'endroit où est .élevée, la tri
bune. -
Le maire d'Ivry lui adresse alors une allo
cution de bienvenue très applaudie, à laquelle
le ministre-répond, puis U remet, des. médail
les d'honneur aux ouvriers Blain r , Deboin,
Landon et- Firmin. Il procède ensuite à la
pose de la première pierre avec le cérémonial
accoutumé, puis les. invités se dirigent vers
la Ville-de-Paris, le beau bateau-touristé, où
'un banquet de cent couverts est servi. -
Prennent successivement la parole au des
sert : le maire de Charenton, MM.' Lévêque,
Lafont, Lefèvre, conseillers généraux ; M.
Baulard, député, M. Alphand, MM. Marsou-
lan et Lignier, conseillers municipaux. Pen
dant' le toast de M. Lignier un incident se
produit. , : .
Prenant texte de ce que M. de Belleval, dé
puté boulangiste .de la circonscription; n'avait
pas été invité - au banquet,- un conseiller mu
nicipal de Charenton, M. Persan; proteste,
disant que la politique n'avait rien à voir en
l'espèce ét que l'ostraoisme dont avait été
frappé un député dévoué aux intérêts du pays
était regrettable. '
Cette intervention soulève-lés protestations
de tous les convives et M. Yves Guyot retire
la parole'à l'interrupteur.
Ûn instant après, quand le ministre porte
un toast à la fraternité républicaine, il ajoute '
en se tournant vers M. Persan, le protestataire-: -
« Oui; je bois à'la fraternité républicaine, -
mais il y a une distinction - à- 'faire entre les
dupes et lëB complices de l'aspirant Gfésâr, qui
tout récemment- a m'arch'é'à 1 assaut, dé'la Ré :
publique,- la màin dàns Ia main avec ses.plus'
mortels,ennemis. ^ ^ . r.;f, ■ ;
: ' » Les cbmplîces 'de Cet' homme n'ont riôn.£à
fairèj ici, ' dans ', une réunion "répùbîicairitt'
'Quant à ses dupes elles 'doivent: rentrer dansj
■l'ombre-et tâcher de sé faire oublier.' ». hv.v-j
! Ces 'paroles dù ministre sont 'couvertes'
d'applaudissements. .
Après le banquet M. Yves Guyot et les-in
vités sont transportés à bord du remorqueirr
la Lisette sur s le quai d'Ivry où: estmassée
une foule considérable qni fait, an "ministre
un accueil sympathique, puis le- cortège se,
met en marohe vers la mairie. • >
Durant ; le traj et un second incident se pro- •
duit. ■ , ■ -, .
Les boulangistes, au nombre desquels plu
sieurs conseillers municipaux d'Iyryj > qui,
sous la présidence de M. de Belleval, avaient
organisé un -punch de protestation dans une.
salle de la rue de Seine, sortent au moment
du passage du cortège et crient : A bas la
clique ! Les invités ripostent en criant -v ViV6
la (République I et ils passent.
. Au retour, par exemple, les choses vont
plus. loin. Les boulangistes crient de-; nou
veau : A bas la clique ! A bas les voleurs I
Cette fois plusieurs invités se précipitent sur.
eux et des coups sont échangés. Pendant la-
bagarre,.pn boulangiste s'avance vers M. Yves
Guyot et crie enle regardant en face : Oùil A
bas la crapule I
Il est immédiatement saisi par. deux agents-
de la sûreté en bourgeois et entraîné au Com
missariat. Cest un nommé Darney, âgé de
trente ans, demeurant 9, quai d'Ivry.,
Après ce troisième incident qiiï.çlôt la sé-^
rie, les régates ont lieu.
î . M. Guillemin,- inspecteur général, de, la na
vigation, prononce une charmante allocution
en remettant les médailles aux vainqueurs.
M. Baulard, député, prend également la parole
et félicite chaleureusement les champions da
sport nautique.
M: Yves Guyot n'avait pas attendu la fin
des régates. Il avait regagné Paris vers qua
tre heures, estimant, sans doute, que ' son
après-midi avait été assez mouvementée. •
Le Petit Journal
COMMENCERA PROCHAINEMENT
la publication d'un roman inédit appelé
à faire sensation
EN DÉTRESSE!
■ PAR ' • .
Jules ]VIar*y
M. RIBOT A SAINT-OMER
(Dépêche de notre correspondant)
Saint-Omer, 28 septembre, 9 heures soir.
■ Le ministre des affaires étrangères, M. Ribot^
député de la première circonscription de Saint-
Omer, est arrivé ici samedi par l'express de
six heures du soir. Il a été reçu à la gare par
M. Ringot, maira de Saint-Omer, conseiller
général, les adjoints, M.Nano, sous-préfet, etc.
Il est descendu chez M. Ringot.
Aujourd'hui, à une heure, il a donné un dé-
ieutfer de oinquante couverts à l'hôtel, de la
Porte-d'Or. Y assistaient : M. Jonnart, député,
les conseillers généraux et d'arrondissement;
du département du Pas-de-Calais, ainsi que
tous les maires, sans distinction d'opinion, de-
la première circonscription. Au dessert, plu
sieurs toasts ont été portés par MM. Nano,
sous-préfét, Ribot, Ringot et Jonnart.
" Le soir, à six heures un quart, l'Alliance
républicaine offrait un punch au ministra
dans les salons de l'Hôtel des Pompiers. Plus
de cinq cents personnès se pressaient dans la
salle devenue trop petite. L'arrivée de M. Ribot
a été aoclamée.
M. Ringot porte le premier la parole. Ilpré-,
sente le député de la' première circonscription,
il rappelle ce qui s'est passé depuis les der
nières élections et félicite M. Ribot d'avoir été
porté.par le. chef de l'Etat au ministère des
affaires étrangères. - ' • '
. : Il félicite M. Jonnart, député de là deuxièsho
circonscription de Saint-Omer, delà situation
•.qu'il s'est faite à laiïhambre*. ■ ' ;\- ..
M. Jonnart-. succédé à M. Ringot; lui. aussi '
fait * l'étage. de M- Ribot; et' expose les deside- ]
rat(i de l'arrondissement' de Saint-Omer et;
conclut en déclarant qu'il est partisan d'une
politique prudente et ihodérée,-faite. de j prp» -
grès et de réformes pacifiques? Puis il- boit a
l'arrondissement de Saint-OméV. Son discoui's
est vivement applaudi. . ; '
'' Diieotwi de II. Itihot
.'Le ministre des-affaires étrangères remeroia
MM. Ringot et Jonnart,- puis, reprenant , une
allusion: faite-par M. Ringot à so.n discours
de l'an dernier, ; il se :félicite du succès obtenu
par les républicains aux élections générales.
Notre politique a triomphé, dit-il, parce qu'elle
était honnête. Nous demandions.alors ,nne politi
que modérée, mais ferme; nous faisions appel a,
tous les républicains pour réaliser les réformas
dont ce pays a besoin. Cette politique est celle du
cabinet auquel j'ai l'honneur d'appartenir.
Dans la haute situation à laquelle m'a appela
la confiance du-chef de l'Etat, j'ai un devoir a
mettre avant tout, l 'intérêt d<5 la France. Mais
je n'oublie pas ceux de cette circonscription.
Après avoir traité différentes questions ré*
gionales et locales M. Ribot aj'oute :
La France doit avoir consciénce de sa force?
elle a raison d'être flère, tout en étant pacifique,
car elle a une armée admirable, des finances qtn
se relèvent de jour en jour, elle a enfin, jnalgrj ■
les querelles des partia^l'union*, une union telle
qu'il n'en existe, de plus solide dans aucun pays»
M. Ribot termine ainsi :
La politique de la^ République n'est pas une po*
litique de dessous ni d'intrigues-, c'est Une noliti^
que d'honnêteté qui s'inspire avant 1 tout- ■ be<
soins et-des destinées de la patrie française.
Une ovation est faite à l'orateur après ce dist
eu M
•86- FECTLLETON DO; 29 SEPTEMBRE 1890 (1)
FLEUR-DE-MAI
QUATRIÈME >ART1B . : / • '
i'AFFA/RE DE LAUHIA G
m-Suite
Z/idée da tKmohard
Monsieur!, . .— fit la jeune femme, en
tentant un effort pour'se relever, — vousm'in-
ftaltezl... ' .
Gaston Loucliard laissa échapper un rica
nement sourd.
— Allons 1 vous n'allez pas mentir, je sup
pose, vous n'allez pas renier votre amour !...
Tenez 1 vous allez voir comme je suis bon
prince... Jurez-moi donc, sur votre honneur
a vous, cet honneur dont vous êtes si flére...
iurez-moi que vous n'aimez pas M. Raoul
Valroy et je vous croirai.
. Blanche se tut. f î,
Cet homme disait vrai, et elle ne pouvait
Cfientir.., Non... c'était la vérité, elle aimait,
Bile adorait de toutes ses forces, à cette heure,
Raool Valroy.
Et, comme elle les comparait tous les deux
involontairement, malgré elle!;.. malgré sa
terreur... comme elle déplorait avec un dé
sespoir sans bornes, d'êtreîla femme de' ce mi
sérable, tandis que l'autre, celui qu'elle aimait
maintenant, était un'modèle d'honneur et de
loyauté. r , ' ' *
. ,— Là J — fit en' riant Louchard, — vous
voyez bien que vous n'avez pas le courage de
mentir.... Je tenais à obtenir cet aveû de vous--
même... et voilà qui.est fait.-. . Gomme on dit *
Palais : o'est acquis aux débats.
Il prit un temps et poursuivit au bout d'un
instant de silence : - - ; '
— Vous devez ddnc comprendre, je l'espère,
que; tandis q.uè vous roucoulez d'amoureuses
romances avec votre aman^. . ...
y (t) Reproduction «t traduction interdites. ' '
. Cette fois, Blanche trouva en elle-même le
coufage de protester, et- ce fut avec une éner-
gie toute pleine dé loyauté qu'elle répondit .*. >;
— Monsieur !... Vous mentez !.., Jamais
M. :Yalrojr n'a "été mon amant"!... Et il ne le
sera jamais.* .
Louchard laissa échapper un petit , ricane
ment ressemblant • au- sifflement d'une vipère.'
: Je ne vous crois pas,-r fit-il,—il faudrait
pour que cela n'existât point que M. Raoul
'Valroy fût nn Imbécilei ' et jo le crois au
contraire! forthomme d'esprit.•• ;
« Par conséquent, épargnez-vous la peine de
Vous livrer, à des. dénégations inutiles. En
outre, ce n'est point de» cela qu'il s'agit pour
l'instant.. J'ai autre chose à faire qu'à m'pc-
cupcr de vos amours: .. Cependant, tandis
que vous menez-joyeuse via à Lauriac avec
ivotre amant,—M. Valroy, je préciseet jemain-
tiens,—il faudrait que je sois le dernier des
sots pour mener la misère d'un autre oôté.
» Votre aimable mère m'a imposé des condi
tions, ; tandis que c'était : à moi, ce ma semble,
à en dicter. On me donnait une pension;
comme on jette un os" à uû chien dans un
coin... Ce coin, o'était l'Amérique, où on me"
reléguait, où on m'internait...
» Or, il ne me plaît point d'aller en Amériqué.
» Il : me plaît au contraire (l'aller où bon me
semble, avec de l'argent, à moi, puisqué, de
pajfjla loi, le-vôtre doit être le mien. .-
j) Veuillez donc écouter ce que j'ai décidé, et'ï
ayez l'obligeancô^de ne point m'interrompre.
Blanche, 'pendant ce petit discours prononcé"
d'une voix-narquoise, reprenait peu à peu son
sang-froid.
Si la terreur avait - eu tout d'abord raison
d'elle, i là f colère et l'indi gnation'lui 'rendaient
maintenant-son énergie.
'Elle se contînt un .instant'encore. <• ' .'
Elle voulait savoir jusqu'où, l'audacq du mi-"'
sérable pouvait être:poussée.
* Celui-ci allait.droit-au fait. ■ - • . rr,
— Je sais, — reprit-il,—que votre mère
possède en ce moment- une très forte somme.
Elle est en billets" "de banque.. . -"contenue
dans un portefeuille.J'exige,"que. vous me-
•remettiez- immédiatement ce portefeuille. ,
« Et cela, vous allez lo faire sans paroles,
sans, reproches, sans bruit.,. Vous m'avez
entendu!.... .- . >' •
Cette fois c'en était trop!.. . ■ '
- Blanche se leva et lui dit d'une voii très
très ferme : . .. .-
~— Monsieur! vous allez immédiatement
sortir,. . ou j'appelle... J'appelle mon frère
d'abord, et ;les ; domestiques qui vous chasse
ront comme ilsl'ont déjà fait!
Gaston, sans, perdre un instant son sang-
froid, secoua simplement la tête.
— Rien de tout cela, — répliqua-t-il. —Vous
^'appellerez pas;,,.et vous ne direz xfea...
Vous vous tairez !... ' . .
« D'abord!. ..à ceux qui, viendraient ici, je"'
répondrais que je suis dans la chambre de. ma^
femme et que je ne fais qu'user de mon glein i
droit... Et je défierais bien qui que ce soit de
me faire-sortir, .. vu -que me -trouvant dans
votre chambre, chez moi.., je brûlerais la cer-
velle au premier qui oserait franchir Je seuil
de'votreportei..• ». ,
: » Vous voyez.le cas que je fais de votre-me
nace:. .. Vous voyez qu'elle est complètement
inutile. • • .
«Mais vous comprendrez bien.'d-'un autre côté,
qu'avant d'en arriver à des' actes • gxtr^més,'
j ai dû prendre.mes précautions. : ;
r » Jo vous préviens,donc;; une: dernière fois,
d'avoir, à.me remettre le portefeuille que je ré
clame de vous....- Vous m'avez comprisJq
suis pressé et j'attends !. .. ï ,
, — Jamais, — fit Blanche avec énergie,- ^.
Jamais... ». . "
. —C'est fort, bien,.. et je vous l'avoue, ja
.m'attendais.à cette résistance,-mais .j'ai le sûr
i moyen de la vaincre,, croyez-moi bien
i . » Je vous ai. dit que j'avais pris me.s. précau-
itions.. . . ... V.
.. »Eh,bien,' écoutez-moi Et ne ypoussiesr
pas dé cris... Ne faites pas de scèines.ou.vous
serez cause d'un malheur que vous voudriez
racheter au prix de tout vôtre sang"?
Instinctivement^ la jeune femme ■ s'était
mise à trembler,, tant la voix de Gaston Lou
chard était devenue sombite-et sinistre. . v
— Je veux que vous me remettiez ce porte-
ifêuille. j ... ou "autrement votre fille !....
Aux inbts « votre', fille'», Blanche, avait
bondi vers 1'aloôv.e, toute prêtç à faire à son
enfant un rempart de son corps.,
Et elle avait soulevé d'une main l'un des
rideaux derrière lesquels était placé le lit de la.
petite'Louise. • -,
1 Pétrifiée, elle s'arrêta. . .
, Gaston s'était levé et l'-avait prise, par ;un
bras, en lui disant d'une voix sourde : '
: — Ne crie ; pas...
r Daps le petit lit toutblanc, tout enrubanné,
garni d'un flot de dentelles par la coquetterie
de la mère, l'enfant dormait* d'un- angélique
sommeiâ^ .
Ètaucfiévet de ce lit, comme un mauvais
ange,ungéniemalfaisant,.seténaitun homme !
. Dans Ia,demi-teint'e,4e l'alcôve,:ses traits
parurent""hideux à la - mère épouvantée, sa.
taille énoi-meJ...
s Il lui, sembla un horrible vampire qui al
lait lui enlever" son enfant !. ..' la .dévorer;...
.Tandis .qu-'elle demeurait" ià, ariéa'ntie, son
mari continuait à murmurer â son oreille •,
; — Ah 1 vous avez cru que perdu la
partie, que'tout , au moins je ne Rongeais pas
à la revanche !. .. ; • .
«Vous a.vez cru que votre frère avait pu
me chasser comme un laquais .. ». par se» gar
des, -par- ses. gens, et qu'un jour-,où < l'autre je
,ne-parviendrais pas à trouver ffia vengeance/
« Mais vous étiez.folle!.;.- * ...
! sEhbienl à cette heure,' je .VOUS tiens I...
'rfest'ce 'pas.. . Je suis votre iflaître !.. *. , . ,
'«'Llxomnid '-ipà: • est" -lây vous m'entendé?
bien !... Je n'ai qu'à lui fàire Tin signe h.. '
Et votre, enfant aura cessé- de vivre !.-.. ., /
\ Ûn râle r étouffé s'éohappa de là. poitrine aft,
:1a mère. • ' ' , „. !
—. Vous ferez cela ! — le regto?»
■dànt avec épouvante et Horreur, r— vous -fer®»
cela!.: . vous'Tion père!...- -. ,. ,
Gaston Louchard eut un. ipenaçant hoche
ment de tête» r ' ., , ■
— Avant d'être ma'fille, —répondit-il, —
elle est à vous... Et vous... comme tous les
vôtres, comme tout ce qui vient de ^ous, tout
ce qui touche à vous. ..-je vofcs hais-!...
'Ces derniers mots furent prononcés d'une
voix sifflante; - " ,
- On-devinait que de to.us les sëntiments mé
prisables et vils qui s'agitaiefft dans Isycceur
aê ce monstre', la haine était la- plis fpfte. -..
Oui ! je vous hais 1 — répétait-il,'je vous
T^ aîR tous !... Je voudrais Voir ce ; chateau en
cendres et vous tous - ensevelis -sous ses dé
combres.. . Ah ! vous m'avez bafûûê,_honni,
méprisé, votre frère m'a-défiguré!... Et vous
ne comprenez pas tout ce qu'H y a : en moi
d'exécration pour tout ce qui porte le nom de
Lauriac !... Ah ! vous faire du m?* '^ T ous
voir souffrir!...- vous, les
voir tous pleurer dés i«rmes aè sang... LÇ..
me dire... c'est nl °i\y W».
téi»'d* 708 »■•••' ÇOWte-jo».!-. .-.
ti'homme qui se tenait à la tête-du lit de la-
petite Louise s'agita nerveusement. ' ,.
— Allons, —- fit-il d'une voix qu'il enrouait
eh voulant l'assourdir, —. n'y a-pas besoin da
tant de phrases...Faut l 'argeât. YQilâtput..,
.autrement 1..-. .
■« Autrement !... » Uû geste éponv#4tab%
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