Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1923-03-09
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 mars 1923 09 mars 1923
Description : 1923/03/09 (Numéro 16810). 1923/03/09 (Numéro 16810).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/09/2008
TEMPS PROBABLE
REGiON PARISIENNE
Amélioration. Temps nua-
geux avec belles éclalroies,
mais encore quelques aver-
ses ou giboulées. Vent pas-
sant à nord-est, modéré. Ra-
fraîchissement.
Nuit: Jour
Barom. la 8 midi: lit"
EN FRANCE
Sur la moitié Est très
nuageuz, avec éclalrciel et
averses, Sur la moitié Ouest
assez beau, belle» éclaircies;
quelques ondées. Vent du
nord-est rafraîchissement.
SOLEIL: Iev.6h.20;eouc.l7n.«
LUNE nouv. le 17; pr. qu. 24
48« ANNÉE. W° 16.840
VENDREDI
9
MARS 1923
Sainte Françoise
ABONHIHEtlTS 3 Mis Cnll 1 en
Seine et S.-O. 24.» 46.»
France et Col. 63.»
Etranger 53. » 82.»
le. RUE D'ENGHIEN, PARIS
L'EFFORT EN FAVEUR
de nos laboratoires
est encore insuffisant
nous déclare le professeur Monren
!Apres leur avoir donné l'outillage qui leur
manquait, il faut maintenant les repeu-
pler. Et ce n'est qu'en assurant à nos
savanta des moyens d'existence décents
qu'on conjurera la crise du recrutement
des travailleurs scientifiques
J'ai visité en Amérique des laboratoires
magnifiques, des instituts auxquels l'argent
B'a jamais fait défaut, des bibliothèques
comme il n'y en a plus qu'au nouveau
monde, toutes les autres éprouvant désor-
mais des difficultés insurmontables pour
̃e réapprovisionner. J'ai admiré les appa-
tells les plus nouveaux, capables de pro-
duire les effets les plus merveilleux. Et in
personnel auquel je me suis trouvé mêlé;
dans tous ces grands établissements, don-
mait une impression de confort supérieure
elle-même à celle qui se dégageait de tou-
tes ces constructions immenses et battant
neuf.
ftier, les circonstances m'ont conduit au
Collège de France, où j'ai parcouru, en
compagnie de M. Moureu, le laboratoire de
ohimie organique.
un imagine quel rapprochement a pu
te faire dans mon esprit. Je ne parte pas
de «la misère des laboratoires scientifi-
ques français parce qu'on a trop usé du
mot mière ». Il est certain, cependant.
que l'état matériel de ce grand centre d'ex-
périences est bien au-dessous de ce qu'il
faudrait qu'il fût pour que les travaux
(qu'on y poursuit aient leur plein dévelop-
pement.
Ce qui a été fait
TI y a deux ans, l'opinion pulique fran-
çaise fut agitée par un véritable sursaut.
!De tous côtes, des voix appelaient au se-
cours des établissements scientifiques
français menaçant ruine.
Toutes nos sociétés scientifiques, me
disait hier M. Moureu, si vivantes et si
actives avant la guerre, semblaient devoir
IKV'ieliter rapidement.
j,a publication des travaux devenait de
pius e.n plus difficile; la bibliographie,
qui est pour nous un instrument, de tra-
vail essentiel, faisait défaut.
E;i ce qui concerne :les travaux de labo-
ratoire, ce n'est pas le manque d'appareils
qui se fait le plus sentier c'est l'insuffi-
sance de la documentation. Il est absolu-
ment nécessaire que nous puissions sui-
vre à la semaine, je dirai même au jour
le jour, co qui se fait dans le monde en-
tier.
Avant la guerre, nous tirions parti de
ta documentation très complète qui nous
venait d'Allemagne. Depuis la guerre, les
'Américains ont essayé de se substituer
aux Allemands, et ils ont déjà publié des
'travaux remarquables. Mais il est évident
que nous no devons plus compter, si noua
voulons vivre, sur une documentation qui
nous viendrait de l'étranger. Vous devins
créer à notre usage cet instrument in-
dispensable.
Or, au moment le plus critique, au com-
mencement de l'année 1920. les sociétés
scientifiques françaises étaient tombées
dans un tel marasme qu'il leur était devenu
quasiment impossible de publier leurs tra-
vaux les plus importants.
On était alors tout au syndicalisme, Ne3
Sociétés de chimistes, de naturalistes, ds
physiciens, d'historiens eurent l'heureuse
idée do se fédérer entre elles. Puis, les
fédérations se confédérèrent. Je fus alor;
nommé président de la Confédération des
sociétés scientifiques de France.
A partir de ce moment, nos voix se font
Un peu mieux entendre.
Des écrivains et, des parlementaires
prennent notre cause en main et, successi-
vement, le Parlement inscrit en 1921 un
crédit de deux cent mille francs en
un crédit do trois cent mille francs, pro-
posant pour 1923 un crédit de quatre cent
mille francs, destiné aux sociétés scienti-
tiques, mais réservé à leurs travaux de
bibliographie.
Ce crédit vint juste à temps, Il a rendu
,le à nos sociétés scientifiques. Elles re-
çoivent à nouveau des adhésions leurs
séances sont suivies. En ce qui concerne
'la Société de chimie, nous avons repris la
publication régulière de nos principaux
mémoires et celle des résumés de tous les
travaux secondaires.
Mais ce n'est là que la première partie
du grand effort à accomplir.
n faut se préoccuper à présemt de re-
peupler nos laboratoires. Nous traversons-
une véritable crise de recrutement. Au-
jourd'hui, nous offrons à de jeunes pré-
parateurs, qui doivent travailler à nos cô-
tés pendant quelques années, achevamt
ainsi leur période d'études, un salaire de
500 francs par mois je parte des prépa-
rateurs temporaires. Il est évident que ce
salaire ne permet pas de vivre, étant
donné surtout que ces jeunes collabora-
teurs nous censacrent tout leur temps.
Il est bien plus certain encore que ces
saflaifres insuffisaBfcs sont prolhibitiiis et
qu'fls éloignent des établissements scien-
tiifiques toute une élite que nous devons,
au contraire, nous efforcer d'y attirer.
On a fait quelque chose danis ce sens. Le
laboratoire que je dirige a vu son per-
soraneil s'accroître d'un sous-directeur et
d'un préparateur. Mais, enfin, nous som-
mes parmi les plus favorisés, et dans beau-
coup d'autres laboratoires français, il y a
des places vides.
Ne cessez pas d'attirer l'attention sur
ce point si nous ne trouvons pas moyea
de ramener et d'attacher l'élite des jeu-
ne@ esprits scientifiques Srançais, c'est
l'avenir même de la science, un avenir pro-
chain, qui demeure menacé, compromis.
Reste un troisième effort à entreprendre:
réfection, agrandissement, création, amé-
nagements des laboratoires. On a tout dit
sur la pauvreté de notre organisation ma-
térielle. Rien que pour l'aménagement des
laboratoires du Collège de France, il fau-
drait en ce moment 12 millions au moins
an'ais il parait qu'il ne faut pas espérer
obtenir une telle somme » n •
L'initiative privée au secours de la science
Comme on le voit, il y a quelque opti-
misme dans les propos que tient aujour-
tnaul le président de la Confédération, des
sociétés scientifiques françaises. Cet opti-
misme se fonde sur d'autres raisons que
m'a données M. Moureu.
A l'entendre, nous serions peut-être à la
veille de voir les mécènes s'engager, en
France, sur la voie où leurs pareils se sont
signalés depuis si longtemps en Amérique.
M. Edmond de Rothschild lit, il y a deux
IL MOUREU
sais, un don de 10 millions de francs dont
les arrérages seront désormais consaorés
au développement de la recherche scienti-
nique (physique et chimie). Le conseil d'ad-
ministration chargé d'administrer cette
fondation a mis à sa tête M. Appel reateur
de l'Université de Pari?, et M. Moureu, pro-
fesseur de chimie organique au Collège de
Par ailleurs. fins savants, des écrivains,
des hommes politiques ont constitué un
« comité national d'aide à la recherche
scientifique », qui s'est donné pour objet
la création d'une caisse en faveur de la
science française.
Le premier don qu'ait reçu ce comité fut
celui d'un anonyme qui envoya des titres
représentant 60.000 francs de rente.
Ce fut également au profit du même
groupement que M. Henry Bernstein eut
l'idée d'abandonner la recette de la.pre-
mière représentation de Judith.
L'avenir de la France, dit justement
M. Moureu, est étroitement lié à son déve-
loppement scientifique. Le problème de ce
développement, n'est pas moins important
que le problème de la repopulation. Encore
sommes-nous certains de venir à bout du
premier, si nous le voulons, tandis que
nous le sommes moins de pouvoir résoudre
heureusement le second.
Personne ne peut plus douter, d'ailleurs,
que les grandes nations auront désormais
l'industrie de leur science, que le dévelop-
peinent scientifique, est et demeurera 1a.
condition de tout progrès. François
Crucy.
Le match-revanche Carpenfier-Siki
est en voie de conclusion
La rencontre aurait lieu au stade Bufialo,
au profit des Laboratoires scientifiques
Le conseil de la Fédération française de
boxe s'est réuni hier pour étudier l'orga-
nisation du match-revanche Georges Car-
pontier-Battling Siki. ûarpentier et le
comité de direction du stade-vélodrbme
de Buffailo assistaient à la séance.
Le conseil, après avoir pris acte de la dé-
olaration de Georges Carpentier mainte-
nant son engagement de combattre Siki au
profit des laboratoires scientifiques et de
la déclaration du comité de direction de
Buffalo de mettre leur stade à la disposi-
tion de la Fédération pour l'organisation
dicat de la presse parisienne de patronner
cette oeuvre de bienfaisance.
Le match devra être disputé à partir du
14 juillet, au plus tard le 15 septembre.
L'entente définitive ne pourra être con-
clue qu'au retour de Battling Siki, actuel-
lement en Irlande elle pourra se faire
facilement, le boxeur sénégalais ayant plu-
sieurs fois confirmé sa promesse de boxeur
au bénéfice des laboratoires.
Le prix du pain
NOUS SERONS FIXÉS DEMAIN
Le syndicat, des boulangers a adressé
hier, au préfet de la Seine, une nouvelle
clamation sur l'augmentation du prix du
pain, le cours de 4a farine ayant continué
sa progression et 'atleiguant actuellement
123 francs 1e quintal.
M. Juillard a eu hier, ce sujet, une
longue entrevue av«; M. Fiaucette/ rap-
porteur de la 2» commission!, qui est con-
voquée pour samedi après midi. C'est au
conrs de cette réunion que le préfet de la
Seine fera, croyons-nous, connait:re sa dé-
L'INONDATION DANS LA VALLEE DU CHER
Cn haut. p-?au>i Par suite de la rupture d'une digue, une immense nappe liquide recouvre le p«T«,
entre Gièvres et Chabrii droite l'église de Chiuay entourée par les eaux Eu bas, à
touche la route submergée, de aièvres à I«soudun à drofte le hameau de Bourré, demi noyé «
(Voir il le troisième page^
GASTON FONTANILLE
escroc fe haut vol
retombe aux mains de la justice
La police judiciaire vient d'arrêter, pour
la quinzième fois, un aventurier de mar-
que, escroc de haut vol, qui, sous divers
noms d'emprunt, défraya maintes fois la
chronique.
Caston Fonlanille, c'est là son véritable
nom, originaire de Valence (Drome\ n'est
certes pas un malfaiteur banal. Docfeur en
droit, lettré délicat, il eût pu faire une car-
rière des plus honorables. Mais ses appétits
insatiables et son désir de paraître en firent
un dévoyé il a été plusieurs fois con-
damné pour escroqueries.
Depuis deux mois, le parquet de la Seine
recevait des milliers de plaintes émanant
tant- de Paris que de la province et de
l'étranger contre la Société des docks et
entrepôts, ayant son siège 5, rue Berbère.
Cette firme adressait nombre de person-
nes, mais plus spécialement aux. pharma-
et, aux médecins, des échantillons de
quantité de produits, principalement du
snlfate de quinine, indiquant que ces mar-
chandises, provenanL des stocks améri-
cains. étaietit livrables trois mois après
réception do la lettre de commande. Encore
fallait-il y joindre un mandat représentant
le tiers de la valeur de la livraison à venir.
Altéchés par le prix de vente notablement
inférieur aux cours normaux des divers
produits ainsi offerts, lés eli-aete. affluaient,
Mais une fois commande et mandat expé-
diés, nul d'entre eux n'entendait plus par-
ler de la. Société des docks et entrepôts. Et
pour cause. Le directeur, après avoir ainsi
touché plusieurs centaines de mille franc:,
avait un beau jour disparu subitement,
abandonnant le nombreux personnel qu'i";
occupait.
M. Faralicq, que le parquet chargea
d'élucider cette affaire, se transporta rue
Bergère et apprit des employés que leur
directeur évanoui se faisait appeler Vio-
dier.
Le magistrat découvrit alors que cette
firme avait été créée par un Hollandais, du
nom de Van Eeckhout. L'inspecteur Peretti
eut mission de retrouver cet étranger. Il
ne tarda pas à acquérir la certitude que ce
dernier n'avait jamais existé et que l'oscron
G*iton Fontanille
n'était autre que le récidiviste Oaston
Fontanille.
Le policier entreprit de retrouver son
homme, une vieiMe connaiseamee, et y réus-
s6t en dépit des précautians prises pat
l'habile personnage, qui avait changé d al-
lures et s'était presque rendu inéconnais-
sable. Entièrement, rasé, les yeux camouflés
•sous d'énormes lunettes d'écaillé, Fonta-
nille s'était installé. sous !le fauz nom de
Schneider, 123, boulevard Saint-Germain,
dans de vastes locaux où ce malfaiteur.
d'une activité débordante, venait de fondeur
une nouvelle. société, « la Francia », ayant
cette fois pour but de .recueillir des sous-
criptions pour la créait ion et la vente d'un
dictionnaire relatant 'les hauts faits des
armées française.
H avait, en outre, installé un vaste bu-
reau dans lequel il occupait dix-sept em-
ployés, parmi lesquels six dessinateurs de
'talent, chargés d'établir des vignettes artis-
tiques destinées à être vendues dans tout
•l'univers au profit de l'œuvre.
L'aventurier, par son savoir et, le désin-
téressement qu'il paraissait pratiquer, avant
même réussi s'entourer d'administrateurs
des plus honorables, fiers de collaborer à
une belle œuvre française.
Interrogé par M. Faralicq, l'ascroc, qui
habitait 42, rue Denfert-Roctiereau, a tout
avoué. C'est ainsi que les échantillons qu'il
faisait adresser aux pharmaciens et com-
merçants provenaient généralement de
boutiques de brocanteurs de Saint-Denis
et du marché aux puces. Quant au sulfate
de quinine, il avait profité d'une occasion
et l'avait payé de ses deniers.
LA CHAMBRE DÉCIDE
d'équilibrer le budget
avec des bons du Trésor
La Chambre en a fini, hier, avec le débat
sur l'équilibre budgétaire. Après le rejet,
par 365 voix contre 215, de t'amendement
Auriol sur l'endossement des valeurs au
porteur, le ministre des Finances ayant
posé la question de confiance, la Chambre
s'est ralliée, par 315 voix contre 243, à un
amendement de M. Emmanuel Brousse ainsi
conçu « Il sera pourvu au déficit de
l'exercice 1923 par urre émission de bon
du Trésor. Si A ce texte est jointe une dis-
position précédemment votée, qui oblige les
contribuables à déclarer tous les revenues
qu'ils perçoivent à t'étranger, pour former
le projet sur l'équilibre budgétaire
La question de confiance
Dans sa séance de lundi, la Chambre
avaif, pris en considération le contre-pro-
jet de M. Vincent Auriol, tendant à rendre
l'endossement des titres au porteur obli-
gatoire pour leur transmission. La coin-,
mission des finances, saisie de ce texte, s'est
prononcée pour sa disjonction. En faisant
connaître cette décision à la Chambre et
en lui demandant de la ratifier, le rappor-
teur général, M. Bokanowski. signale que
le ministre des Finances a fait part à la
commission de son intention de poser la
question de confiant» contre le texte de
AWV. Auriol. « La commission, aurait dû
qifand même étudier le projet. déclarc
M. Varenne. « Elle le connaissait suffi-
samment par ses études antérieures pour
se prononcer », réplique M. Chassaignc-
Goyon. « Les opinions étaient faites et le
vote a été émis en toute connaissance de
cause ». ajoute M. Dariac. « On aurait dû
quand même procéder à un nouvel examen
en considération du vote de. la Chambre ».
soutient M. Léon Blum. M. Herriot rappelle,
qu'à sa question Avez-vous un système
à opposer à l'endossement.. M. de Lasteyrie
a répondu non 1 Nous n'avons plu·
d'espoir de voter un moyen de réprimer
la fraude », conclut le député du Rhône.
« A certains moments. les questions tech-
niques, par la gravité de leurs conséquen-
ces, deviennent des questions politiques. »
Ayant, ainsi précisé le caractère de la décla-
ration qu'il apporte à la Chambre, le minis-
tre des Finances indique rapidement que le
crédit public, les changes, les affaires, la
Trésorerie subiraient les graves répercus-
sions de ce contre-projet.
La mesure proposée par M. Vincent Auriol
aurait des effets si graves que si vous l'adop-
tiez je ne pourrais aecepter d'en assurer l'ap-
plication. (Vifs applaudissements à droite, au
cenbre, sur certaines bancs à gauche.)
Les conséquences attribuées à son contre-
projet sont vivement contestées par M. V.
Auriol, qui, de plus, proteste contre « le
procédé sommaire de la commission ». L'at-
tention de la Chambre est -appelée par M.
Périnard sur"lé fait que le contre-projet
Auriol, quelles que fussent ses répercus-
sions éventuelles, ne pourrait en rien
influer sur l'équilibre du budget de 1923 »,
Par 365 vois contre 215, la Chambre dis~
joint ce texte-
L'équilibre par l'emprunt
Un amendement présenté par M. Emma-
nuel Brousse tend à pourvoir au déficit
budgétaire par une émission de bons du
Trésor. Le député des Pyrénées-Orien-
taies constate que le déficit réel du budget,
à la suite des dernières évaluations de re-
cettes par la commission, se chiffro à
millions. Il propose de le compenser
yen uera jjuua un j.it?sur.
Ce nouvel appel à l'emprunt inquiète
M. Gounouilhou, partisan « des mesures
propres à abaisser le loyer de l'argent •>.
Le ministre des Finances s'étonne que le
député des Pyrénées-Orientales « jette
brusquement dans le débat une proposition
d'emprunt, alors qu'il a étudié une série
de mesures qui pourraient atténuer l'équi-
libre budgétaire » et M. de Lasteyrie
ajoute « Je swis le premier à désirer qu'on
en finisse au plus vite avec ce débat. »
M? Brousse de répliquer aux applaudisse-
ments du centre et de la droite « Alors,
que ce soit immédiatement par le vote de
mon texte. M. Dariac fait observer que
« la commission n'en 3. pas délibéré », et
M. Herriot signale que « certaines dispo-
sitions qui restent à examiner comportent
d'importantes recettes ».
L'amendement Brousse est adopté par
315 voix contre 243.
Ce vote émis, le rapporteur général cons-
tate qu' « il ne reste plus rien en discus-
sion » et il ajoute
Nous nous trouvons reportés à la mftme si-
tuation qu'avant le moment où la Chambre
a décidé d'équilibrer le budget par des moyens
normaux (Vives exclamations, bruits.) Toute-
fois, le débat étant clos, la commission a be-
soin de savoir ce qu'elle doit faire de quelques
amenâsmente qui sont en suspens. Je regrette
que nous n'ayons pae abouti dans notre œuvre
il en restera cependant quelques centaines de
militons pour diminuer le déficit.
Il ne reste plus qu'à passer au vote sur
l'ensemble du projet. Mais M. André Tar-
dieu ouvre une controverse politique avec
la gauche et l'extrême gauche sur le sens
du vote que vient d'émettre la Chambre.
Tandis que se croisent les applaudisse-
ments du centre et de la droite et les pro-
testations de la gauche et de l'extrême gau-
che,'le député de Seine-et-Oise définit l'at-
titude de la majorité « qui s'est refusée
à admettre des impôts nouveaux qui ne lui
paraissaient pas justifiés et des mesures
de contrôle dangereuses pour le crédit
public » et reproche à l'autre partie de
l'assemblée d'avoir voulu prendre ces me-
sures nouvelles.
MM. Herr'iot et Blum protestent avec
force qu'ils n'ont eu en vue que de dépister
la fraude fiscale et d'éviter l'emprunt. Tous
deux ajoutent. « Cette fraude, on ne veut
pas l'atteindre. Le ministre proteste et
rappelle les nouvelles mesures de contrôle
instituées et les résultats déjà obtenus. Et
MM. Herriot et Tardieu, debout tous deux
à gauche et au centre, échangent, par-
dessus la tête de leurs collègues animés en
sens opposé, des répliques fort vives sur
l'attitude observée par les différentes par-
ties de l'Assemblée. Cette passe d'armes
brillante, dont l'Assemblée sort frémissante.
est suivie du vote de l'ensemble du projet
de loi par 326 voix contre 23".
M. Poincaré reviendra aojoorûni
devant la commission des Affaires étrangères
On ae souvient que le président du Con-
seil, entendu, il y a une quinzaine de jours,
par la commission des affaires étrangères de
la Chambre, n'avait pu terminer son exposé
iU's événements extérieurs en cours. Il re-
viendra aujourd'hui devant la commission
pour s'fexpliquer notamment sur l'affaire de
DURE
LE
CARNAVAL
Maigre an temps épou-
vantable, malgré l'ab-
sence de cavalcade, le
bon peuple de Paris s'en
est donné à cmnr joie
tout l'après-midi d'hier
et toute une partie de
la nuit
Cl-contre, la reine des Aliei
les, M"»» Geneviève Durand,
et, à ses rftrés. sas demoi-
leiles d'honneur Mlu» Hé-
lène Papon (à sa droito,, et
Jeanne Bonfîis à sa jrauctïe)
Le Carnaval a la vie dure. On a tout fait
pour le tuer, mais il persiste. Et il l'a bien
prouvé hier. Il faisait un temps hargneux,
trempé parfois de brèves ondées, drues et
froides, un veut aigre, qui soufflait en
bourrasques. Mais les Parisiens et les Pari-
siennes, quand ils veulent s'amuser, n'ont
cure des maussaderies du temps. On les a
privés de confetti, de serpentins, de cortè-
ges funambulesques, de musiques bruyan-
tes. On leur a dit, en leur faisant les gros
yeux «-Amusez-vous tout seuls. »
Ils ne se le sont pas fait dire deux fois.
Ils sont allés rechercher leurs oripeaux
de jadis. Et nous avons revu, déambulant
dans la boue couleur de chocolat, les pages
Renaissance, les hussards de l'Empire au
plumet miteux, les mousquetaires drapés
d'andrinople, les pierrots de calicot, le·-
Cassandrc quinteux et les arlequins grelot-
tants. Le cinéma nous a valu quelques Rio-
Jim, quelques cowboys culottés d'une peau
de bique. Des Arabes, des aimées abondan-
tes, des Espagnoles aux yeux allongés, des
Italiennes, des colombines ont égayé le
boulevard de leurs grâces parfois pittores-
ques. Des chienlits aussi, habillés avec un
vieux tapis de table, ceinturés d'une corde-
lière et dont un plumeau déplumé formait
le panache d'un « melon » usagé, des pe-
tites dames hahillées en matelots, en mi-
trons, en jeunes gens. On maniait de ces
balais de papier de couleur qui sont des
mirlitons, et de ces mirlitons qui, lorsqu'on
souffle dedans s'allongent comme Je nez du
baron de Teufelskelsdroëek quand le diable
lui colle, au bout, une aune de boudin. 0",
imitait avec ce qui. jadis, se nommait « le
Cri de ma Belle-Mère », le chant de la
poule pondeuse. On tournait des crécelles,
on soufflait dans des clairons, dans des
trompettes, on grattait les cordes des banjos
et, des guitares, et l'on torturait des accor-
déons. Je crois même, Dieu me pardonne
que l'on s'époumonnait aussi 'dans ces
trompes de terre cuite qui faisaient fureur
au temps de mon heureuse enfance et dont
le mugissement sauvage fait penser invin-
ciblement, en plein boulevard Montmartre,
au ranz des vaches.
Il y avait, et lia, devant les cafés aux
terrasses bondées, des athlètes efflanqués,
des colosses poussifs qui « travaillaient »
en maillot de coton, et faisaient ensuite la
quête. J'ai entendu un chanteur en pleii:
vent qui, sur les cordes de fer de son aigre
jambon, raclait le Père la Victoire aprè,-
avoir écorché la Pendule. cependant que
sur la chaussée, vingt galopins costumes en
clowns hurlaient derrière un clairon es-
soufflé
As-tu vu Bi&raar-que.
A la Port' de Charenton
(lui battait sa femme
A grands coups d'biton 1
Parfois, la nuée crevait, rageusement. La
cohue des masques se réfugiait dans les
cafés, les bars, sous les portes, n'importo
où.. Et là. on dansait. le plus souvent, ou
l'on chantait. Au passage, on applaudissait
quelques jolis costumes un petit Hollan-
dais, de quatre ou cinq ans ;.une jolie Sa-
voyarde, coiffée de la frontune » d'or
une petite paysanne niçoise, deux Alsacien-
nes, coiftées d'immenses noeuds tricolores
deux pierrettes l'une, en satin vert jade,
l'autre, eii satin rose, et un agile et svelte
arlequin, noir et blanc, dont la batte ne
s'escrimait pas toujours tort. Et puis,
quand la pluie cessait, sur la chaussée un
peu plus boueuse encore, on retournait
crier, chanter, danser, s'agiter, s'amuser, se
taquiner. De 2 heures à 8 heures du soir,
la foule était aussi compacte qu'un bon
pudding anglais, et là-dedans, malgré toute
sa puissance d'inertie, des monômes se
frayaient un passage parfois un peu. vive-
ment. C'est ainsi que l'on put apercevoir,
de place en place, sur les grands boule-
vards, un monôme de deux cents étudiants
et étudiantes qui s'était formé vers 2 heu-
res, rue Auguste-Comte, et qui comportait
quelques hommes d'armes du bourg des
Garlandes, en costumes assez pittoresques.
Ce fut une belle et joyeuse cohue. De la
place de la République à 'la Concorde, il
avait fallu détourner tes autobus de leur
route accoutumée et les faire passer par
les voies parallèles.
Quant aux tramways, au croisement
LE CORTEGE 1WAVSB0AXT U PONT DE U COirCOKPE
Bonne-Nouvelle, Sébastopol, ifs demeurè-
rent longtemps en panne, immobilisés, sem-
blables des récifs au milieu d'une marée
humaine.
Bref, malgré le mauvais temps, le boue,
le fiasco du carnaval officiel, on ne s'en-
nuya pas une minute, jusqp'à la mi-nuit.
Il y eut même, en dehors du mélancolique
défilé des « abeilles », un essai de cortège.
organisé par « Qa Lyre du XIV. » et « le
Groupe harmonique ». Ii devait comporter
huit chars. Il y en eut cinq au rendez-vous.
Celui de l'Auberge du Panier fleuri était
charmant. Et il y avait là deux géniales
muses, Mlles Michel et Cachepain, qui bra-
vèrent gaiement c'est 'héroïquement qu'il
faudrait dire les nuées, pour parcourir
tout l'arrondissement.
Paris a montré, hier, une merveilleuse
bonne humeur. Il ne demande qu'à rire' et
à s'amuser. -Ne pourrait-on, vraiment, lui
donner des divertissements dignes de lui
Le cortège des Abeilles
Une foule nombreuse se trouvait réunie,
dès une heure, place Lobau. On regardait
avec curiosité les landaus réservées aux
« abpiW'Ps ». ornés de fleurs artificieH'lef et
surmontés d'un dôme de chaume symbflti-
sant, parait-il, la iruohe.
Les trompettes de la garde donnèrent le
signal et le cortège se mit en marche. Il était
,précédé de deux hérauts d'armes montés
sur des coursiers gris, coigés de vastes
feutres gris, vêtus de pourpoints noirs. Ils
avaient en sautoir une écharpe aux cou-
leurs municipales. L'un portait le fanion
LE LANDAU PRINTANIER
QueVe 'iinUe d'fdée d'arborer un chapeau et
paille par un tempt pareil.
du comité, l'aut.re celui des « Gais compa-
gnons àp ?a de Montmartre ».
Derrière, deux automobiles dans lesquelles
s'étaient .installés MM. Aublarac, Joé Bridge
et les membres du comité, puis les landaus
dans Lesquels les aèeiMes et leurs demoi-
selles d'honneur en toilette de soirée
avaient pris place, ayant auprès d'elles le
président du eomibé de leur arrondisse-
ment. Le cortège, qui- comprenait égale-
ment les voitures de l'abeille des Corses de
Paris et des Angevins de la capitale, était
escorté par des cavaliers de la garde répu-
blicaine.
Par l'avenue Victoria on gagna la rive
gauche. Aux abords de la Madeleine, les
cavaliers di: la garde et les agents du ser-
vice d'ordre eurent quelque 'peine à frayer-
un chemin aux reines muées en abeilles.
que d.es miniers de Parisiens acclamaient
et qui, et heureuses, ne cessaient de
sourire et d'envoyer des baisers.
Sur les grands boulevards, dans le fau-
bourg Montmartre et sur tout le parcours
jusqu'au Gaumont-Palace, la même ani-
mation, ia même joie.
Cependant, dans le vaste établissement
où s'entassaient les invités,. se déroulait
la troisième représentation de l'adaptation
scénique des « Vieilles chansons fran-
çaises ». de Jean Nouguès. Toute une
pléiade d'artistes et de danseuses, en cos-
tumes pittoresques, rééditèrent pour la
plus grande joie de beaucoup, les refrain--
qui bercèrent notre enfance, évoqués dans
le, cadre de décors lumineux où figuraient,
entre autres, la structure' de Notre-Dama
de Paris et. la silhouette de l'historique
château de Pau.
Dans la salle, la plupart des reines de
1922 vendaient le programme, et quand le
rideau tomba sur la dernière chanson, on
entreprit l'élection de la reine des abeilles
REGiON PARISIENNE
Amélioration. Temps nua-
geux avec belles éclalroies,
mais encore quelques aver-
ses ou giboulées. Vent pas-
sant à nord-est, modéré. Ra-
fraîchissement.
Nuit: Jour
Barom. la 8 midi: lit"
EN FRANCE
Sur la moitié Est très
nuageuz, avec éclalrciel et
averses, Sur la moitié Ouest
assez beau, belle» éclaircies;
quelques ondées. Vent du
nord-est rafraîchissement.
SOLEIL: Iev.6h.20;eouc.l7n.«
LUNE nouv. le 17; pr. qu. 24
48« ANNÉE. W° 16.840
VENDREDI
9
MARS 1923
Sainte Françoise
ABONHIHEtlTS 3 Mis Cnll 1 en
Seine et S.-O. 24.» 46.»
France et Col. 63.»
Etranger 53. » 82.»
le. RUE D'ENGHIEN, PARIS
L'EFFORT EN FAVEUR
de nos laboratoires
est encore insuffisant
nous déclare le professeur Monren
!Apres leur avoir donné l'outillage qui leur
manquait, il faut maintenant les repeu-
pler. Et ce n'est qu'en assurant à nos
savanta des moyens d'existence décents
qu'on conjurera la crise du recrutement
des travailleurs scientifiques
J'ai visité en Amérique des laboratoires
magnifiques, des instituts auxquels l'argent
B'a jamais fait défaut, des bibliothèques
comme il n'y en a plus qu'au nouveau
monde, toutes les autres éprouvant désor-
mais des difficultés insurmontables pour
̃e réapprovisionner. J'ai admiré les appa-
tells les plus nouveaux, capables de pro-
duire les effets les plus merveilleux. Et in
personnel auquel je me suis trouvé mêlé;
dans tous ces grands établissements, don-
mait une impression de confort supérieure
elle-même à celle qui se dégageait de tou-
tes ces constructions immenses et battant
neuf.
ftier, les circonstances m'ont conduit au
Collège de France, où j'ai parcouru, en
compagnie de M. Moureu, le laboratoire de
ohimie organique.
un imagine quel rapprochement a pu
te faire dans mon esprit. Je ne parte pas
de «la misère des laboratoires scientifi-
ques français parce qu'on a trop usé du
mot mière ». Il est certain, cependant.
que l'état matériel de ce grand centre d'ex-
périences est bien au-dessous de ce qu'il
faudrait qu'il fût pour que les travaux
(qu'on y poursuit aient leur plein dévelop-
pement.
Ce qui a été fait
TI y a deux ans, l'opinion pulique fran-
çaise fut agitée par un véritable sursaut.
!De tous côtes, des voix appelaient au se-
cours des établissements scientifiques
français menaçant ruine.
Toutes nos sociétés scientifiques, me
disait hier M. Moureu, si vivantes et si
actives avant la guerre, semblaient devoir
IKV'ieliter rapidement.
j,a publication des travaux devenait de
pius e.n plus difficile; la bibliographie,
qui est pour nous un instrument, de tra-
vail essentiel, faisait défaut.
E;i ce qui concerne :les travaux de labo-
ratoire, ce n'est pas le manque d'appareils
qui se fait le plus sentier c'est l'insuffi-
sance de la documentation. Il est absolu-
ment nécessaire que nous puissions sui-
vre à la semaine, je dirai même au jour
le jour, co qui se fait dans le monde en-
tier.
Avant la guerre, nous tirions parti de
ta documentation très complète qui nous
venait d'Allemagne. Depuis la guerre, les
'Américains ont essayé de se substituer
aux Allemands, et ils ont déjà publié des
'travaux remarquables. Mais il est évident
que nous no devons plus compter, si noua
voulons vivre, sur une documentation qui
nous viendrait de l'étranger. Vous devins
créer à notre usage cet instrument in-
dispensable.
Or, au moment le plus critique, au com-
mencement de l'année 1920. les sociétés
scientifiques françaises étaient tombées
dans un tel marasme qu'il leur était devenu
quasiment impossible de publier leurs tra-
vaux les plus importants.
On était alors tout au syndicalisme, Ne3
Sociétés de chimistes, de naturalistes, ds
physiciens, d'historiens eurent l'heureuse
idée do se fédérer entre elles. Puis, les
fédérations se confédérèrent. Je fus alor;
nommé président de la Confédération des
sociétés scientifiques de France.
A partir de ce moment, nos voix se font
Un peu mieux entendre.
Des écrivains et, des parlementaires
prennent notre cause en main et, successi-
vement, le Parlement inscrit en 1921 un
crédit de deux cent mille francs en
un crédit do trois cent mille francs, pro-
posant pour 1923 un crédit de quatre cent
mille francs, destiné aux sociétés scienti-
tiques, mais réservé à leurs travaux de
bibliographie.
Ce crédit vint juste à temps, Il a rendu
,le à nos sociétés scientifiques. Elles re-
çoivent à nouveau des adhésions leurs
séances sont suivies. En ce qui concerne
'la Société de chimie, nous avons repris la
publication régulière de nos principaux
mémoires et celle des résumés de tous les
travaux secondaires.
Mais ce n'est là que la première partie
du grand effort à accomplir.
n faut se préoccuper à présemt de re-
peupler nos laboratoires. Nous traversons-
une véritable crise de recrutement. Au-
jourd'hui, nous offrons à de jeunes pré-
parateurs, qui doivent travailler à nos cô-
tés pendant quelques années, achevamt
ainsi leur période d'études, un salaire de
500 francs par mois je parte des prépa-
rateurs temporaires. Il est évident que ce
salaire ne permet pas de vivre, étant
donné surtout que ces jeunes collabora-
teurs nous censacrent tout leur temps.
Il est bien plus certain encore que ces
saflaifres insuffisaBfcs sont prolhibitiiis et
qu'fls éloignent des établissements scien-
tiifiques toute une élite que nous devons,
au contraire, nous efforcer d'y attirer.
On a fait quelque chose danis ce sens. Le
laboratoire que je dirige a vu son per-
soraneil s'accroître d'un sous-directeur et
d'un préparateur. Mais, enfin, nous som-
mes parmi les plus favorisés, et dans beau-
coup d'autres laboratoires français, il y a
des places vides.
Ne cessez pas d'attirer l'attention sur
ce point si nous ne trouvons pas moyea
de ramener et d'attacher l'élite des jeu-
ne@ esprits scientifiques Srançais, c'est
l'avenir même de la science, un avenir pro-
chain, qui demeure menacé, compromis.
Reste un troisième effort à entreprendre:
réfection, agrandissement, création, amé-
nagements des laboratoires. On a tout dit
sur la pauvreté de notre organisation ma-
térielle. Rien que pour l'aménagement des
laboratoires du Collège de France, il fau-
drait en ce moment 12 millions au moins
an'ais il parait qu'il ne faut pas espérer
obtenir une telle somme » n •
L'initiative privée au secours de la science
Comme on le voit, il y a quelque opti-
misme dans les propos que tient aujour-
tnaul le président de la Confédération, des
sociétés scientifiques françaises. Cet opti-
misme se fonde sur d'autres raisons que
m'a données M. Moureu.
A l'entendre, nous serions peut-être à la
veille de voir les mécènes s'engager, en
France, sur la voie où leurs pareils se sont
signalés depuis si longtemps en Amérique.
M. Edmond de Rothschild lit, il y a deux
IL MOUREU
sais, un don de 10 millions de francs dont
les arrérages seront désormais consaorés
au développement de la recherche scienti-
nique (physique et chimie). Le conseil d'ad-
ministration chargé d'administrer cette
fondation a mis à sa tête M. Appel reateur
de l'Université de Pari?, et M. Moureu, pro-
fesseur de chimie organique au Collège de
Par ailleurs. fins savants, des écrivains,
des hommes politiques ont constitué un
« comité national d'aide à la recherche
scientifique », qui s'est donné pour objet
la création d'une caisse en faveur de la
science française.
Le premier don qu'ait reçu ce comité fut
celui d'un anonyme qui envoya des titres
représentant 60.000 francs de rente.
Ce fut également au profit du même
groupement que M. Henry Bernstein eut
l'idée d'abandonner la recette de la.pre-
mière représentation de Judith.
L'avenir de la France, dit justement
M. Moureu, est étroitement lié à son déve-
loppement scientifique. Le problème de ce
développement, n'est pas moins important
que le problème de la repopulation. Encore
sommes-nous certains de venir à bout du
premier, si nous le voulons, tandis que
nous le sommes moins de pouvoir résoudre
heureusement le second.
Personne ne peut plus douter, d'ailleurs,
que les grandes nations auront désormais
l'industrie de leur science, que le dévelop-
peinent scientifique, est et demeurera 1a.
condition de tout progrès. François
Crucy.
Le match-revanche Carpenfier-Siki
est en voie de conclusion
La rencontre aurait lieu au stade Bufialo,
au profit des Laboratoires scientifiques
Le conseil de la Fédération française de
boxe s'est réuni hier pour étudier l'orga-
nisation du match-revanche Georges Car-
pontier-Battling Siki. ûarpentier et le
comité de direction du stade-vélodrbme
de Buffailo assistaient à la séance.
Le conseil, après avoir pris acte de la dé-
olaration de Georges Carpentier mainte-
nant son engagement de combattre Siki au
profit des laboratoires scientifiques et de
la déclaration du comité de direction de
Buffalo de mettre leur stade à la disposi-
tion de la Fédération pour l'organisation
cette oeuvre de bienfaisance.
Le match devra être disputé à partir du
14 juillet, au plus tard le 15 septembre.
L'entente définitive ne pourra être con-
clue qu'au retour de Battling Siki, actuel-
lement en Irlande elle pourra se faire
facilement, le boxeur sénégalais ayant plu-
sieurs fois confirmé sa promesse de boxeur
au bénéfice des laboratoires.
Le prix du pain
NOUS SERONS FIXÉS DEMAIN
Le syndicat, des boulangers a adressé
hier, au préfet de la Seine, une nouvelle
clamation sur l'augmentation du prix du
pain, le cours de 4a farine ayant continué
sa progression et 'atleiguant actuellement
123 francs 1e quintal.
M. Juillard a eu hier, ce sujet, une
longue entrevue av«; M. Fiaucette/ rap-
porteur de la 2» commission!, qui est con-
voquée pour samedi après midi. C'est au
conrs de cette réunion que le préfet de la
Seine fera, croyons-nous, connait:re sa dé-
L'INONDATION DANS LA VALLEE DU CHER
Cn haut. p-?au>i Par suite de la rupture d'une digue, une immense nappe liquide recouvre le p«T«,
entre Gièvres et Chabrii droite l'église de Chiuay entourée par les eaux Eu bas, à
touche la route submergée, de aièvres à I«soudun à drofte le hameau de Bourré, demi noyé «
(Voir il le troisième page^
GASTON FONTANILLE
escroc fe haut vol
retombe aux mains de la justice
La police judiciaire vient d'arrêter, pour
la quinzième fois, un aventurier de mar-
que, escroc de haut vol, qui, sous divers
noms d'emprunt, défraya maintes fois la
chronique.
Caston Fonlanille, c'est là son véritable
nom, originaire de Valence (Drome\ n'est
certes pas un malfaiteur banal. Docfeur en
droit, lettré délicat, il eût pu faire une car-
rière des plus honorables. Mais ses appétits
insatiables et son désir de paraître en firent
un dévoyé il a été plusieurs fois con-
damné pour escroqueries.
Depuis deux mois, le parquet de la Seine
recevait des milliers de plaintes émanant
tant- de Paris que de la province et de
l'étranger contre la Société des docks et
entrepôts, ayant son siège 5, rue Berbère.
Cette firme adressait nombre de person-
nes, mais plus spécialement aux. pharma-
et, aux médecins, des échantillons de
quantité de produits, principalement du
snlfate de quinine, indiquant que ces mar-
chandises, provenanL des stocks améri-
cains. étaietit livrables trois mois après
réception do la lettre de commande. Encore
fallait-il y joindre un mandat représentant
le tiers de la valeur de la livraison à venir.
Altéchés par le prix de vente notablement
inférieur aux cours normaux des divers
produits ainsi offerts, lés eli-aete. affluaient,
Mais une fois commande et mandat expé-
diés, nul d'entre eux n'entendait plus par-
ler de la. Société des docks et entrepôts. Et
pour cause. Le directeur, après avoir ainsi
touché plusieurs centaines de mille franc:,
avait un beau jour disparu subitement,
abandonnant le nombreux personnel qu'i";
occupait.
M. Faralicq, que le parquet chargea
d'élucider cette affaire, se transporta rue
Bergère et apprit des employés que leur
directeur évanoui se faisait appeler Vio-
dier.
Le magistrat découvrit alors que cette
firme avait été créée par un Hollandais, du
nom de Van Eeckhout. L'inspecteur Peretti
eut mission de retrouver cet étranger. Il
ne tarda pas à acquérir la certitude que ce
dernier n'avait jamais existé et que l'oscron
G*iton Fontanille
n'était autre que le récidiviste Oaston
Fontanille.
Le policier entreprit de retrouver son
homme, une vieiMe connaiseamee, et y réus-
s6t en dépit des précautians prises pat
l'habile personnage, qui avait changé d al-
lures et s'était presque rendu inéconnais-
sable. Entièrement, rasé, les yeux camouflés
•sous d'énormes lunettes d'écaillé, Fonta-
nille s'était installé. sous !le fauz nom de
Schneider, 123, boulevard Saint-Germain,
dans de vastes locaux où ce malfaiteur.
d'une activité débordante, venait de fondeur
une nouvelle. société, « la Francia », ayant
cette fois pour but de .recueillir des sous-
criptions pour la créait ion et la vente d'un
dictionnaire relatant 'les hauts faits des
armées française.
H avait, en outre, installé un vaste bu-
reau dans lequel il occupait dix-sept em-
ployés, parmi lesquels six dessinateurs de
'talent, chargés d'établir des vignettes artis-
tiques destinées à être vendues dans tout
•l'univers au profit de l'œuvre.
L'aventurier, par son savoir et, le désin-
téressement qu'il paraissait pratiquer, avant
même réussi s'entourer d'administrateurs
des plus honorables, fiers de collaborer à
une belle œuvre française.
Interrogé par M. Faralicq, l'ascroc, qui
habitait 42, rue Denfert-Roctiereau, a tout
avoué. C'est ainsi que les échantillons qu'il
faisait adresser aux pharmaciens et com-
merçants provenaient généralement de
boutiques de brocanteurs de Saint-Denis
et du marché aux puces. Quant au sulfate
de quinine, il avait profité d'une occasion
et l'avait payé de ses deniers.
LA CHAMBRE DÉCIDE
d'équilibrer le budget
avec des bons du Trésor
La Chambre en a fini, hier, avec le débat
sur l'équilibre budgétaire. Après le rejet,
par 365 voix contre 215, de t'amendement
Auriol sur l'endossement des valeurs au
porteur, le ministre des Finances ayant
posé la question de confiance, la Chambre
s'est ralliée, par 315 voix contre 243, à un
amendement de M. Emmanuel Brousse ainsi
conçu « Il sera pourvu au déficit de
l'exercice 1923 par urre émission de bon
du Trésor. Si A ce texte est jointe une dis-
position précédemment votée, qui oblige les
contribuables à déclarer tous les revenues
qu'ils perçoivent à t'étranger, pour former
le projet sur l'équilibre budgétaire
La question de confiance
Dans sa séance de lundi, la Chambre
avaif, pris en considération le contre-pro-
jet de M. Vincent Auriol, tendant à rendre
l'endossement des titres au porteur obli-
gatoire pour leur transmission. La coin-,
mission des finances, saisie de ce texte, s'est
prononcée pour sa disjonction. En faisant
connaître cette décision à la Chambre et
en lui demandant de la ratifier, le rappor-
teur général, M. Bokanowski. signale que
le ministre des Finances a fait part à la
commission de son intention de poser la
question de confiant» contre le texte de
AWV. Auriol. « La commission, aurait dû
qifand même étudier le projet. déclarc
M. Varenne. « Elle le connaissait suffi-
samment par ses études antérieures pour
se prononcer », réplique M. Chassaignc-
Goyon. « Les opinions étaient faites et le
vote a été émis en toute connaissance de
cause ». ajoute M. Dariac. « On aurait dû
quand même procéder à un nouvel examen
en considération du vote de. la Chambre ».
soutient M. Léon Blum. M. Herriot rappelle,
qu'à sa question Avez-vous un système
à opposer à l'endossement.. M. de Lasteyrie
a répondu non 1 Nous n'avons plu·
d'espoir de voter un moyen de réprimer
la fraude », conclut le député du Rhône.
« A certains moments. les questions tech-
niques, par la gravité de leurs conséquen-
ces, deviennent des questions politiques. »
Ayant, ainsi précisé le caractère de la décla-
ration qu'il apporte à la Chambre, le minis-
tre des Finances indique rapidement que le
crédit public, les changes, les affaires, la
Trésorerie subiraient les graves répercus-
sions de ce contre-projet.
La mesure proposée par M. Vincent Auriol
aurait des effets si graves que si vous l'adop-
tiez je ne pourrais aecepter d'en assurer l'ap-
plication. (Vifs applaudissements à droite, au
cenbre, sur certaines bancs à gauche.)
Les conséquences attribuées à son contre-
projet sont vivement contestées par M. V.
Auriol, qui, de plus, proteste contre « le
procédé sommaire de la commission ». L'at-
tention de la Chambre est -appelée par M.
Périnard sur"lé fait que le contre-projet
Auriol, quelles que fussent ses répercus-
sions éventuelles, ne pourrait en rien
influer sur l'équilibre du budget de 1923 »,
Par 365 vois contre 215, la Chambre dis~
joint ce texte-
L'équilibre par l'emprunt
Un amendement présenté par M. Emma-
nuel Brousse tend à pourvoir au déficit
budgétaire par une émission de bons du
Trésor. Le député des Pyrénées-Orien-
taies constate que le déficit réel du budget,
à la suite des dernières évaluations de re-
cettes par la commission, se chiffro à
millions. Il propose de le compenser
yen uera jjuua un j.it?sur.
Ce nouvel appel à l'emprunt inquiète
M. Gounouilhou, partisan « des mesures
propres à abaisser le loyer de l'argent •>.
Le ministre des Finances s'étonne que le
député des Pyrénées-Orientales « jette
brusquement dans le débat une proposition
d'emprunt, alors qu'il a étudié une série
de mesures qui pourraient atténuer l'équi-
libre budgétaire » et M. de Lasteyrie
ajoute « Je swis le premier à désirer qu'on
en finisse au plus vite avec ce débat. »
M? Brousse de répliquer aux applaudisse-
ments du centre et de la droite « Alors,
que ce soit immédiatement par le vote de
mon texte. M. Dariac fait observer que
« la commission n'en 3. pas délibéré », et
M. Herriot signale que « certaines dispo-
sitions qui restent à examiner comportent
d'importantes recettes ».
L'amendement Brousse est adopté par
315 voix contre 243.
Ce vote émis, le rapporteur général cons-
tate qu' « il ne reste plus rien en discus-
sion » et il ajoute
Nous nous trouvons reportés à la mftme si-
tuation qu'avant le moment où la Chambre
a décidé d'équilibrer le budget par des moyens
normaux (Vives exclamations, bruits.) Toute-
fois, le débat étant clos, la commission a be-
soin de savoir ce qu'elle doit faire de quelques
amenâsmente qui sont en suspens. Je regrette
que nous n'ayons pae abouti dans notre œuvre
il en restera cependant quelques centaines de
militons pour diminuer le déficit.
Il ne reste plus qu'à passer au vote sur
l'ensemble du projet. Mais M. André Tar-
dieu ouvre une controverse politique avec
la gauche et l'extrême gauche sur le sens
du vote que vient d'émettre la Chambre.
Tandis que se croisent les applaudisse-
ments du centre et de la droite et les pro-
testations de la gauche et de l'extrême gau-
che,'le député de Seine-et-Oise définit l'at-
titude de la majorité « qui s'est refusée
à admettre des impôts nouveaux qui ne lui
paraissaient pas justifiés et des mesures
de contrôle dangereuses pour le crédit
public » et reproche à l'autre partie de
l'assemblée d'avoir voulu prendre ces me-
sures nouvelles.
MM. Herr'iot et Blum protestent avec
force qu'ils n'ont eu en vue que de dépister
la fraude fiscale et d'éviter l'emprunt. Tous
deux ajoutent. « Cette fraude, on ne veut
pas l'atteindre. Le ministre proteste et
rappelle les nouvelles mesures de contrôle
instituées et les résultats déjà obtenus. Et
MM. Herriot et Tardieu, debout tous deux
à gauche et au centre, échangent, par-
dessus la tête de leurs collègues animés en
sens opposé, des répliques fort vives sur
l'attitude observée par les différentes par-
ties de l'Assemblée. Cette passe d'armes
brillante, dont l'Assemblée sort frémissante.
est suivie du vote de l'ensemble du projet
de loi par 326 voix contre 23".
M. Poincaré reviendra aojoorûni
devant la commission des Affaires étrangères
On ae souvient que le président du Con-
seil, entendu, il y a une quinzaine de jours,
par la commission des affaires étrangères de
la Chambre, n'avait pu terminer son exposé
iU's événements extérieurs en cours. Il re-
viendra aujourd'hui devant la commission
pour s'fexpliquer notamment sur l'affaire de
DURE
LE
CARNAVAL
Maigre an temps épou-
vantable, malgré l'ab-
sence de cavalcade, le
bon peuple de Paris s'en
est donné à cmnr joie
tout l'après-midi d'hier
et toute une partie de
la nuit
Cl-contre, la reine des Aliei
les, M"»» Geneviève Durand,
et, à ses rftrés. sas demoi-
leiles d'honneur Mlu» Hé-
lène Papon (à sa droito,, et
Jeanne Bonfîis à sa jrauctïe)
Le Carnaval a la vie dure. On a tout fait
pour le tuer, mais il persiste. Et il l'a bien
prouvé hier. Il faisait un temps hargneux,
trempé parfois de brèves ondées, drues et
froides, un veut aigre, qui soufflait en
bourrasques. Mais les Parisiens et les Pari-
siennes, quand ils veulent s'amuser, n'ont
cure des maussaderies du temps. On les a
privés de confetti, de serpentins, de cortè-
ges funambulesques, de musiques bruyan-
tes. On leur a dit, en leur faisant les gros
yeux «-Amusez-vous tout seuls. »
Ils ne se le sont pas fait dire deux fois.
Ils sont allés rechercher leurs oripeaux
de jadis. Et nous avons revu, déambulant
dans la boue couleur de chocolat, les pages
Renaissance, les hussards de l'Empire au
plumet miteux, les mousquetaires drapés
d'andrinople, les pierrots de calicot, le·-
Cassandrc quinteux et les arlequins grelot-
tants. Le cinéma nous a valu quelques Rio-
Jim, quelques cowboys culottés d'une peau
de bique. Des Arabes, des aimées abondan-
tes, des Espagnoles aux yeux allongés, des
Italiennes, des colombines ont égayé le
boulevard de leurs grâces parfois pittores-
ques. Des chienlits aussi, habillés avec un
vieux tapis de table, ceinturés d'une corde-
lière et dont un plumeau déplumé formait
le panache d'un « melon » usagé, des pe-
tites dames hahillées en matelots, en mi-
trons, en jeunes gens. On maniait de ces
balais de papier de couleur qui sont des
mirlitons, et de ces mirlitons qui, lorsqu'on
souffle dedans s'allongent comme Je nez du
baron de Teufelskelsdroëek quand le diable
lui colle, au bout, une aune de boudin. 0",
imitait avec ce qui. jadis, se nommait « le
Cri de ma Belle-Mère », le chant de la
poule pondeuse. On tournait des crécelles,
on soufflait dans des clairons, dans des
trompettes, on grattait les cordes des banjos
et, des guitares, et l'on torturait des accor-
déons. Je crois même, Dieu me pardonne
que l'on s'époumonnait aussi 'dans ces
trompes de terre cuite qui faisaient fureur
au temps de mon heureuse enfance et dont
le mugissement sauvage fait penser invin-
ciblement, en plein boulevard Montmartre,
au ranz des vaches.
Il y avait, et lia, devant les cafés aux
terrasses bondées, des athlètes efflanqués,
des colosses poussifs qui « travaillaient »
en maillot de coton, et faisaient ensuite la
quête. J'ai entendu un chanteur en pleii:
vent qui, sur les cordes de fer de son aigre
jambon, raclait le Père la Victoire aprè,-
avoir écorché la Pendule. cependant que
sur la chaussée, vingt galopins costumes en
clowns hurlaient derrière un clairon es-
soufflé
As-tu vu Bi&raar-que.
A la Port' de Charenton
(lui battait sa femme
A grands coups d'biton 1
Parfois, la nuée crevait, rageusement. La
cohue des masques se réfugiait dans les
cafés, les bars, sous les portes, n'importo
où.. Et là. on dansait. le plus souvent, ou
l'on chantait. Au passage, on applaudissait
quelques jolis costumes un petit Hollan-
dais, de quatre ou cinq ans ;.une jolie Sa-
voyarde, coiffée de la frontune » d'or
une petite paysanne niçoise, deux Alsacien-
nes, coiftées d'immenses noeuds tricolores
deux pierrettes l'une, en satin vert jade,
l'autre, eii satin rose, et un agile et svelte
arlequin, noir et blanc, dont la batte ne
s'escrimait pas toujours tort. Et puis,
quand la pluie cessait, sur la chaussée un
peu plus boueuse encore, on retournait
crier, chanter, danser, s'agiter, s'amuser, se
taquiner. De 2 heures à 8 heures du soir,
la foule était aussi compacte qu'un bon
pudding anglais, et là-dedans, malgré toute
sa puissance d'inertie, des monômes se
frayaient un passage parfois un peu. vive-
ment. C'est ainsi que l'on put apercevoir,
de place en place, sur les grands boule-
vards, un monôme de deux cents étudiants
et étudiantes qui s'était formé vers 2 heu-
res, rue Auguste-Comte, et qui comportait
quelques hommes d'armes du bourg des
Garlandes, en costumes assez pittoresques.
Ce fut une belle et joyeuse cohue. De la
place de la République à 'la Concorde, il
avait fallu détourner tes autobus de leur
route accoutumée et les faire passer par
les voies parallèles.
Quant aux tramways, au croisement
LE CORTEGE 1WAVSB0AXT U PONT DE U COirCOKPE
Bonne-Nouvelle, Sébastopol, ifs demeurè-
rent longtemps en panne, immobilisés, sem-
blables des récifs au milieu d'une marée
humaine.
Bref, malgré le mauvais temps, le boue,
le fiasco du carnaval officiel, on ne s'en-
nuya pas une minute, jusqp'à la mi-nuit.
Il y eut même, en dehors du mélancolique
défilé des « abeilles », un essai de cortège.
organisé par « Qa Lyre du XIV. » et « le
Groupe harmonique ». Ii devait comporter
huit chars. Il y en eut cinq au rendez-vous.
Celui de l'Auberge du Panier fleuri était
charmant. Et il y avait là deux géniales
muses, Mlles Michel et Cachepain, qui bra-
vèrent gaiement c'est 'héroïquement qu'il
faudrait dire les nuées, pour parcourir
tout l'arrondissement.
Paris a montré, hier, une merveilleuse
bonne humeur. Il ne demande qu'à rire' et
à s'amuser. -Ne pourrait-on, vraiment, lui
donner des divertissements dignes de lui
Le cortège des Abeilles
Une foule nombreuse se trouvait réunie,
dès une heure, place Lobau. On regardait
avec curiosité les landaus réservées aux
« abpiW'Ps ». ornés de fleurs artificieH'lef et
surmontés d'un dôme de chaume symbflti-
sant, parait-il, la iruohe.
Les trompettes de la garde donnèrent le
signal et le cortège se mit en marche. Il était
,précédé de deux hérauts d'armes montés
sur des coursiers gris, coigés de vastes
feutres gris, vêtus de pourpoints noirs. Ils
avaient en sautoir une écharpe aux cou-
leurs municipales. L'un portait le fanion
LE LANDAU PRINTANIER
QueVe 'iinUe d'fdée d'arborer un chapeau et
paille par un tempt pareil.
du comité, l'aut.re celui des « Gais compa-
gnons àp ?a de Montmartre ».
Derrière, deux automobiles dans lesquelles
s'étaient .installés MM. Aublarac, Joé Bridge
et les membres du comité, puis les landaus
dans Lesquels les aèeiMes et leurs demoi-
selles d'honneur en toilette de soirée
avaient pris place, ayant auprès d'elles le
président du eomibé de leur arrondisse-
ment. Le cortège, qui- comprenait égale-
ment les voitures de l'abeille des Corses de
Paris et des Angevins de la capitale, était
escorté par des cavaliers de la garde répu-
blicaine.
Par l'avenue Victoria on gagna la rive
gauche. Aux abords de la Madeleine, les
cavaliers di: la garde et les agents du ser-
vice d'ordre eurent quelque 'peine à frayer-
un chemin aux reines muées en abeilles.
que d.es miniers de Parisiens acclamaient
et qui, et heureuses, ne cessaient de
sourire et d'envoyer des baisers.
Sur les grands boulevards, dans le fau-
bourg Montmartre et sur tout le parcours
jusqu'au Gaumont-Palace, la même ani-
mation, ia même joie.
Cependant, dans le vaste établissement
où s'entassaient les invités,. se déroulait
la troisième représentation de l'adaptation
scénique des « Vieilles chansons fran-
çaises ». de Jean Nouguès. Toute une
pléiade d'artistes et de danseuses, en cos-
tumes pittoresques, rééditèrent pour la
plus grande joie de beaucoup, les refrain--
qui bercèrent notre enfance, évoqués dans
le, cadre de décors lumineux où figuraient,
entre autres, la structure' de Notre-Dama
de Paris et. la silhouette de l'historique
château de Pau.
Dans la salle, la plupart des reines de
1922 vendaient le programme, et quand le
rideau tomba sur la dernière chanson, on
entreprit l'élection de la reine des abeilles
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