Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1923-01-12
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 126844 Nombre total de vues : 126844
Description : 12 janvier 1923 12 janvier 1923
Description : 1923/01/12 (Numéro 16754). 1923/01/12 (Numéro 16754).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG15 Collection numérique : BIPFPIG15
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG35 Collection numérique : BIPFPIG35
Description : Collection numérique : BIPFPIG37 Collection numérique : BIPFPIG37
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k605261n
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/09/2008
TEMPS PROBABLE
REGION PARISIENNE
Continuation du refroidis-
sement. Eclaircies et quel-
ques giboulées de pluie, neige
ou grésil. Vent modéré du
nord-ouest.
Nuit: 2°. Jour
EN FRANCE
Temps à éclaircies et à
averses sur la moitié Nord.
Chutes de neige et de grésil
dans le Nord-Est avec tem-
pérature un peu froide. Vent
modéré du nord-ouest.
Sur la moitié Sud, temps
nuagenx mistral en Médi-
terranée.
SOLEIL: lev.7h.43; eouch.4h.15
LUNE nouv. pr. qu.
*8« ANNÉE. -N° ^.78»
VENDREDI
12
JANVIER 1923
Saint Arcade
ABONNEMENTS hall Ssntl 1
Seine et S.-O. 24.» 46..
France et Col. 13. m 25.» 48.»
Etranger.
RUE D'ENGHIEN, PARIS
L'opération d'Essen s'est faitc sans incidents
Conformément aux ordres du gouverne-
ment, des troupes françaises, prélevées sur
les effectifs de l'armée française du Rhin,
se sont portées, hier matin, en direction
générale d'Essen, ponr couvrir l'installa-
tion dans la Ruhr des ingénieurs de la
mission de contrôle.
Aux termes des instructions qui leur
ont été données, elles se sont établies à
i5 heures sur la ligne générale Bruchau-
sen (inclus), Gelsenkirchen (exclu), Es-
sen (inclus), Werden (inclus), et Ratin-
gen (inclus).
Elles sont constituées exclusivement par
des corps de troupes français et repré-
sentent l'effectif de deux divisions d'in-
ganterie et d'une division de cavalerie.
Le général Henrys, commandant le 33"
corps d'armée, commande l'opération, sous
la haute autorité du général Degoutte,
commandant en chef de l'armée française
du Rhin. Les deux divisions d'infanterie
sont commandées par les généraux l'our-
pier et Laignelot la division de cavalerie
par le général Rampon.
Un détachement belge accompagne les
troupes françaises.
Des unités prélevées sur la région fron-
tière vont être transportées sur l'armée
française du Rhin pour en renforcer les
réserves et remplacer dans leurs garnison*
les troupes qui ont été envoyées vers la
Ruhr. (Officiel.)
LE COMMUNIQUE
DU MINISTERE DE LA GUERRE
Le ministère de la Guerre fournit les
renseignements suivanta au sujet du mou-
vement des troupes chargées de protéger
l' installation de la mission de contrôle
dans te Ruhr
Aujourd'hui f janvier., à 13 heures, un dé-
tachement française est entré dans Essen pour
y assurer la protection immédiate de la mis-
iioit de contrdle: Les autres troupes belges
et françaises se sont établies, dans le cou-
rant de l'après-midi à l'extérieur et autour des
grosses agglomérations urbaines les belges
au Nord de Ifamborn et d'Oberhausen les
françaises au Nord-Est, l'Est et au Sud-Est
d'Essen, sur une ligne générale Horst, Kray,
A LA FRANÇAISE
Esss'n, 11 janvier (de notre envoyé spéc.;
C'est fait. Nous avons toiïrné la clef et
la porte s'est ouverte toute grande. Elle
a glissé doucement sur ses gonds, bien
doucement, bien sagement. sans le moin-
dre grincement. Et par cette porte le;
troupes belges et françaises sont entrées
«dans la Ruhr, Gela s'est fait sans bruta-
lité. rapidement, facilement, gentiment
on peut dire avec une'certaine élégance, à
la manière française.
Dansla Ruhr
Ce matin, là 5 heures, nous sommes par-
tis le long de la route boueuse et noire,
sous le ciel noir, qui dans les ténèbres se
confondait avec la terre.
Des ombres, dont nous ne pouvions dis-
tinguer la forme, passaient près de nous,
puis des choses massives énormes, et aussi
des traînées plus sombres, plus épaisses,
qui nous accompagnaient indéfiniment et
semblaient ne devoir jamais disparaître.
De loin en loin, les lueurs des fenêtres
d'usines éclairaient ces fantômes, et on
percevait la file interminable de fantas-
sins, d'artilleurs, de cavaliers, de chars
d'assaut, des antos-mitrailleuses, des ca-
mions. Nous allions lentement, au milieu
de cette foule d'hommes et de choses. Puis.
enfin, au petit jour, nous pümes voir la
campagne encore mouillée de la pluie des
dernières journée. A l'infini, les terres
labourées, les bois déchiquetées par la
rude saison puis la morne platitude de
ces terres s'effaca; la route se mit à des-
cendre raide, puis à grimper agile, à tra-
vers un petit bois, et. brusquement, Esseu
nous apparut dans la blancheur de ses vil-
las, d'un style étrange, où s'affirme le
mauvais goût allemand, où se confondent
tous tes mélanges de l'architecture alle-
mande faux italien, faux dorique, faux
corinthien tout cela pitoyable la lu-
mièr.e de ce matin pluvieux.
Et derrière ces villas, des hautes chemi-
nées encore enveloppées de brouillard, des
bâtisses larges, énormes, écrasantes. On
dirait des monstres établis sur ce sol. Oui,
vraiment monstrueuses les usines Krupp,
en briques rougeâtre, devenues noires à
force de baigner dans des fumées de
houille. Le long de ces maisons et de ces
usines, une foul'e nombreuse se hâte, affai-
rée, très animée, mais sans fièvre. La place
de la Gare était noire de monde, gens mas-
sés sur les escaliers, juchés sur le pont du
chemin de fer aux fenêtires de toutes 'les
maisons se penchaient de; tètes curieuses.
Tout Essen attendait avec une curiosité
attentive la venue des soldats français.
.Déjà, ils étaient aux portes de Ja ville. Il
y avait un premier peloton de chasseurs
cyclistes, suivi du 5° dragons. Ile devaient
entrer dans Essen avec le gros de la toute
petite armée qui tes suivait. mais le
gros de cette petite armée n'arriva qu'as-
sez tard, à 2 heures de l'après-midi
seulement. Sans bruit, sans clairon, sans
musique, elle pénétra dans Essen.
A Essen
La foule la regarda passer en silence,
sans marquer ni inquiétude, ni colère. Le
général Rampont. commandant la divi-
sion de cavalerie, se rendit aussitôt au
Rathaus, où l'attendait le bourgmestre.
L'entrevue fut très brève. Le général
présenta au bourgmestre le colonel Coutan-
çon.
C'est le colonel Coutançon, lui dit-il,
qui assurera la liaison entre l'adminis-
tration civile d'Essen et l'administration
militaire, et j'espère, monsieur le bourg-
mestre, que la police verte voudra bien
collaborer avec les quelques soldats que
nous laissons ici et leur donner tous les
renseignements nécessaires. Quant à moi,
je vais me retirer avec mes troupes hors
de la ville afin de ne pas faire peser sur
la population ouvrière d'Essen les lourdes
charges d'une occupation militaires.
Et simplement, le général Rampont se
retira, suivi de son état-major et, de sa
petite armée. Il ne resta dans la ville que
yalques contingents chargés d'occuper
certains bâtiments, la gare, le télégraphe
et le Kohlensyndikat.
Les soldats français ne quittent, pas
Essen; ils sont. campés la lisière de la
ville, comme sont campés aux rives de
Mulheim les soldats belges.
La tactique nouvelle d'occupation don-
pera de bons résultats. Ona voulu éviter
LE GENERAL HENRYS
«omajinâant du 3;' eorps, dont les détachements
sont entrés dans Essen
à ces deux cités le poids trop lourd des
charges militaires qui pèseraient sur elles
et risqueraient d'entraver,la vie économi-
que du pays.
Telle fut l'expédition militaire prudem-
ment réglée par le général Degoutte et si
habilement dirigée par le général Henrys
et ses collaborateurs, les généraux Ram-
pont et Laignelot. El'le s'est faite sous les
plus heureux auspices. Elle a eu, au moins,
ce bon résultat qu'il ne s'est produit aucum
incident.
Une proclamation du général Degoutte
Le général Degoutte a fait apposer dans
Essen une proclamation qui reproduit
tout d'abord à quelques variantes près, la
note, moins les annexes, remise hier par
les gouvernements français et belge au
gouvernement du Reich.
Au dernier paragraphe, consacré aux
mesures coercitives qui seraient em-
ployées à l'égard des entraves qui seraient
apportées à l'action des alliés, la procla-
mation ajoute ceci
Le gouvernement français et le gouverne-
ment belge espèrent fermement que la sagesse
et le bon setts des populations, et particulière-
ment des ouvriers, les dispenseront de recou-
rir à ces mesures et que les rapports entre
leurs fonctionnaires et tes laabitants seront
ausai bons dans la Ruhr que dans les régions
occupées sur la rive ga«che du Rhin.
L'action économique
L'action militaire est terminée. L'action
économique va commencer.
Demain, le directeur général des mines,
et le général, Danving se rendront à Essen,
au Kohlensyndikat où ils auront une en-
trevue avec les grands industriels alle-
mands. Ce n'est qu'après, dans quatre à
cinq jours, que l'on pourra juger saine-
ment le résultat de cette entrevue.
Jean ROGIER.
CE QU'0n1ÏT~A BERLIN
Berlin., 11 janvier [dé p. Petit Parisien.)
Une note officieuse fait remarquer que
le rappel dû docteur Mayer et de
M. Landsberg ne constitue pas une rup-
ture des relations diplomatiques. Les
journaux conseillent cependant aux Fran-
çais résidant en Allemagne de ne pas
« s'exposer inutilement » dans la péridue
actuelle. Dans les milieux diplomatiques,
on est d'avis que si une rupture très
improbable des relations diplomati-
ques venait à se produire, la légation de
Pologne serait chargée des intérêts des
ressortissants français H belges.
Le gouvernement allemand a donné
ordre au Kohlensyndikat à Hambourg
d'arrêter immédiatement les livraisons
de charbon pour le compte des répara-
En ce qui concerne la répercussion
immédiate sur les approvisionnements en
charbon un membre du KohTensyndikat
a déclaré qu'il fallait s'attendre à une
diminution notable de la production et à
la disette du combustible en Allemagne.
On prévoit l'importation d'un tonnage
considérable de charbons anglais. Cet ap-
provisionnement sera rendu difficile par
le coût élevé de la livre
Malgré l'apathie extérieure dont témoi-
gnent les Allemands, il Pst certain que l'oc-
cupation d'Essen suscite une colère et un
ressentiment qui faisaient complètement
défaut lors de l'occupation de Dusseldorf,
Duisbourg et Ruhrort. L'opinion allemande
n'admet pas un instant la valeur de la
thèse française. Elle est .persuadée, au con-
traire, que l'occupation de la Ruhr est pour
la France non un moyen, mais un but et
que notre pays a procédé de Faîte de coeur,
après une longue préméditation] à la prije
de gages en question.
LE GENERAL NOLLET RENTRE A BERLIN
Le général Nollet, président de la com-
mission interalliée de contrôle militaire,
a quitté Paris hier matin pour Berlin.
L'AMBASSADEUR D'ALLEMAGNE
A QUITTE PARIS
M. Mayer, ambassadeur d'Allemagne, a
quitté Paris, hier, à midi 30, pour Munich,
via Cologne.
Il est arrivé seuq. à la gare du Nord, vers
midi, et s'est installé dans un compartiment
de première dlass-e où Ga place n'avait
même pas été retenue à l'avance.
A l'ambassade d'Allemagne, on se borne
à déclarer que l'ambassadeur rejoint Ber-
lin par ordre de son gouvernement.
Au Quai d'Orsay, on observe que s'il
s'agissait d'un « rappel » au sens diploma-
tique du terme, le ministère français des
Affaires étrangères eût dû régulièrement
en être avisé avant que M. Mayer eût quitté
Paris. Or, aucune communication de cet.te
sorte n'a été faite ni avant le départ de
,*M. Mayer, ni même. dans la journée qui a
Il convient d'ajouter que même le rappel
d«pn ambassadeur ne signifie pas la rup-
ture des relations diplomatiques. En d'es-
pèce le Hei-ch continue à être représenté
auprès du gouvernement français par
M von .Hoesoh, conseiller de l'ambassade
M. Poincaré acclamé dans les deux Chambres
justifie l'action du gouvernement français
LE SÉNAT VOTE L'AFFICHAGE DE SA DÉCLARATION
Le président du Conseil a fait, hier, au
Pailais-Bourbon et au Luxembourg la: dé-
claration attendue. Il a lumineusement dé-
montré les manquements allemands et le
bon droit de notre action. Dans les deux
Chambrée on l'a acclame avec enthou-
siasme et le Sénat a voté l'affichage de
son discours. A la Chambre, il s'est ex-
primé ainsi
Les encouragements que vous venez de
donner au gouvernement l'aideront puissata-
ment dans un moment où il a besoin de toute
son autorité. (Applaudissements.) Je vous ai
déjà montré ce qu'avait été votre attitude de-
vant l'action volontaire du Reich pour le déla-
brement de ses finances et de sa ruine écotw-
migue. Je vous ai dit que nous ne pouvions
cotssentir un moratorium sans gages.
A'ous avons patienté, trop même- (Vifs as^
plaudiseements) ̃
Avant de passer aux actes et de reprendre
ma liberté d'action, e voulais épuiser toutea les
mesures de conciliation. IL ne fallait pas que
vis-à-vis des attiés, ou vis-à-vis de l'Allemagne,
il y eût le moindre tort de notre tôt t.. S'il Y
avait eu du côté britannique la moindre propo-
sition acceptable, je m'y serais rallié. Dans bes
entretiens de Londres et de Paris, je me suis
trouvé tout de staite d'accord avec nos amis
italiens et belges.
Le plan britannique
détruisait le traité de VersaiSles
Le président du Conseil évoque la sus-
pension des entretiens à Londres et les
termes de sa note, puis il examine le plan
britannique
Le gouvernement britannique a apporté un plan
basé sur la réduction de la dettc allemande et
la confiance l'Allemagne. Je remercie il. Ro-
nar Law d'avoir si nettement éclairé ses inten-
tions. Sa droiture a établi rlue Le problème des
réparations ne se présente pas, en ce moment,
sous le même aspect à des yeux anglais et fran-
çais. Le plan britannique conduisait à détruire
le traité de Versailles.
Le système proposé par Jf. Bonar Law rui-
nait les artictes et du traité. Il
supprimait In commission des réparations et
lui substituait un comité siégeant Berlin, dans
lequel les Allemands miraient tcn représentant.
(Exclamations.) On allait tout droit au rema-
niement du traité de Versailles. Ce document,
ne l'oublions pas, est une loi de l'Etat en même
temps qu'un acte international. (Applaudisse-
mems.)
Il ne peut être modifié que dans les mêmes
conditions où il a été préparé et conclu. !\p-
Quelle valeur auraient les trai-
tés si tes alliés eux-mêmes donnaient l'exem-
ple de rompre les engagements (Applaudisse-
ments.) Les engagements les plus sacrés ne
dureraient, plus désormais que l'espace d'un
matin. (Vifs applaudissements.)
Libérer l'Allemagne de sa dette
c'est préparer sa suprématie sur S' Europe
Le programme britannique réduisait à
presque riem dette allemande et anni-
hilait la commission des réparations.
Queilles en auraient été les conséquences ?
M. Poincaré Le précise devant la Chambre
attentive
.4vec le système an;glais, nous en serions ar-
rivés, ayant avancé 100 milliards, à ne rece-
voir que 11 milliards de marks or.
Enfin, de plus, l'Angleterre accordait au Reich
un moratorium de 4 ans saua gages, 1tn conseil
des finances étant chargés de réaliser des ré-
formes.
En cas d'insurrection de l'Allemagne contre
ce conseil, nulle garantie. On s'en remettait à
la décision unanime des gouvernements alliés.
InutiEe de souligner les dangers d'uu tel pro-
gramme gv6 favorisait imprudemment le réta-
blissement de l'hégémonie industrielle et com-
jnerciale de l'Allemagne.
N'oublions pas que le Reich n'a pas de dette
extérieure. Il ne doit que les réparations. Le
libérera-t-on de cette charge sacrée tandis que
nous traînerions le poids de nos lourdes det.
tes et que l'Angleterre subirait les misères du
chômage
Ce serait préparer la suprématie de l'Alle-
magne pour un avenir rapproché sur teut le
continent européen. (Vifs applaudissements.)
Nos alliés comme nous-memes ont écarté ce
plan britannique. Une note complémentaire an'
glaise maintwait l'essentiel du dispositif et
s'opposait la prise des gages comme ircom-
patible, aver, la restauration des finances alle-
mandes, en proposant l'arbitrage d'un comité
de banquiers. (Vives exclamations.)
Il était inadmissible que les financiers inter-
nationaux devinssent les arbitres des goucerne-
ments. (La Chambre entière applaudit longue-
ment.) Pour mon compte, je n'accepterai jamais
une pareille méthode. Je ne dois de comptes à
personne qu'à la Chambre. (Longs applaudis-
sements.)
Dans tes conditions, fallait-il chercher un
accord provisoire dans l'obscurité ? J'ai pensé
que rien n'était plus dangereux que l'équivo-
que. L'Entente n'exige, pas un accord complet
sur toutes les questions. L'Angleterre ne nous
en a-t-elle pas donné l'exemple ? (Sourires.)
Chaque gouvernement peut parfaitement sans
rompre une alliance, réserver sa liberté.'
N'y a-t-il pas maints exemples de cette ré-
serve de la liberté britannique ? L'aMhance en
a-t-elle été rompue pour cela ? Non, parce que
l'alliance repose sur des souvenirs ineffaçables
et sur l'intérêt permanent des deux pays.
(Longs applaudissements.)
La volonté de l'Allemagne da ne pas payer
Le président du Conseil. par le simple
rappel des faits établit avec une netteté
décisive et le manquement volontaire de
rvAHerraagne à ses engagements et le droit
pour la France d'assurer l'exécution du
traité en prenant des gages
Attendez, nous disaient nos amis anglais,
pour tes paiements allemands. Alors, comment
équilibrerons-nous nos budgets? Comment ré-
parerons-nous nos ruines? (Longs applaudis-
sements.)
La commission de.s réparations a proclamé
pour le charbcn et le bois, le manquement vo-
tondre de l'Allemagne, manquement voton-
taire ce n'est pa.s douteux, puisque la produc-
tion du Reich permet très largement tes livrai-
sons qui étaient réclamées.
Une nouvelle preuve de la volonté allemande
do ne pas payer, est que le Reich vend ce qu'il
devrait livrer. (Applaudissements.)
Avant le 2 janvier, MM. SUnnes et Zimmer-
mann ont demandé une audience pour m'en-
tretenir des livraisons en flature et de.s échan-
ges de minerai. Une note officieuse de Berlin
ma appris par la suite qu'il s'agissait de nous
offrir du coke en échange de minerai; mais de
nous livrer du charbon au titrc de répara-
tiovs, nullement
En. raison de nos besoins, ws ne pottumi*
lalérer aucun manquement aux livraisons de
bais:et de charbon. Ce combustible est la con-
ttition même du fonctionnement, de nos, usinas
reconstruites et surtout de la remise en mar-
che de la moitié de nos hauts fourneaux. (Ap-
plaudissements.)
La constatation du manquement allemand a
été retardée pour déférer as désir- de M. Bonar
Law. La commission des réparations a pro-
noncé, et l'Allemagne n'ayant pas livré le char-
bon qu'elle nous devait, nous devons aller le
chercher sur le carreau de ses mines. (Longs
Le manquement de l'Allemagne pour les li-
vraisons d'azote n'est pas moindre que pour le
charbon. Nos délégués se sont heurtés, dans
leurs demandes d'engrais azotés, à la mau-
vaise volonté persistante du Reich.
Nous voulons bien vendre de ces engrais
mais non en livrer
au comptttdes réparations. »
,.pour l'exécution de notre grand programme
dfjfmixmejjsubttçf. Je .mauvais vouloir du Reich
6 est manijesté d'une façon encore pbus écla-
tante.
A nos demandes réitérées, on n'a cessé d'op-
poser t2 Berlin des moyens dilatoires et de mau-
vaises défaites.
Sur le manquement volontaire dûment cons-
taté, aucune équivoque n'est possible.
Les textes sont formels. M. Chamberlain l'a
reconnu à la Chambre des communes. C'est
donc en plein exarcice de noî droits que nous
sommes & Essen. (Longs applaudissements.)-
Nous ne faisons qu'exécuter le traité.
La Chambre acclame ia Belgique et l'Italie
Une émouvante manifestation se produit
quand M. Poincaré fait allusion au concours
qui nous est donné par la Belgique et l'Ita-
lie pour l'opération de la Ruhr.
Nous le faisons en prenant les gages néces-
saires. Nous ne le faisons pas seuls. Nos amis
belges. (La Chambre se lève et. tournée vers
la tribune diplomatique, aoclaime la Belgique et
son représentant, NI. de Gaiffler d'Hestroy)
.et nos amis italiens, qui ont envoyé leurs in-
génieurs aux côtés des nôtres. (La Chambre
debout, se tourne i nouveau vers la tribune
diplomatique et acclame l'Italie et son repré-
sentant.)
A nos côtés, tous nos alliés auront leur place
prête, crcr nous ne voulons pas agir pour nos
seuls intérêts, mais pour l'intérêt corrcmun des
alliés. (Applaudissements.)
La fuite du Kohlensyndikat prouve qu'on a
voulu soustraire à nas recherches la preuve
des fraudes allemandes.
Le gouvernement du Reich a reliré ses am-
laissé ses chargés d'affai-
res. D'ailleurs, (,'est fi. la commission des répa-
rations qu'il il aura à fournir ses explications.
Si l'Allemagne veut se mettre en révolte, elle
aura à subir les prolongations d'occupation pré-
vues au traité.
Le retrait des troupes américaines était une
chose dès longtemps prévue. Depuis jutst, ces
troupes n'étaient provisoirement maintenues
qu'il la demande même du gouvernement aile-
mand.
Il y a lieu de noter que la motion votée par
le Sénat américain est antérieure aux événe-
ments actuels et qu'elle ne comporte rien
L'envoi de nos missions techniques dans la
forces militaires, si tous les alliés s'étaient
johts a nous. Mais, agissant isolément, nous
devions prendre tes mesures de précaution dic-
tées poar le souci de séeurilé des nôtres
En l'absence de l'Angleterre, les gages ne
produiront pas autant qu'avec son concours
J'ai toujours dit que ces gages ne produiront
pas un grand rendement.
NI. Escoffier. Alors ?
M Poincaré. Un rendement même minime
vaut mieux que rien du tout. (Applaudisse-
Ces gages agiront ausat commc une pression
sur l Allemagne, son gouvernement et ses grands
industriels. Nous n'avons nullement l'intention
de frapper ou de ruiner l'Allemagne Vous vou-
lons la contraindre d'abord nous remettre
le bois et le c2arbon qu'elle nous doit. Nous vou-
tolos l'obliger les réformes propres
à restaurer ses finances et nous serons tou-
Jeüts prêts la causer avec elle comme avec les
alliés, quand elle donnera la preuve de ses bons
sentiments.
Le gouvernement a conscience d'avoir répondu
aux vœux du pays en mettant fin à une trop
longue série de concessions. (Applaudissements )
Il a conscience surtout d'avoir maintenu in-
tacts les droits que le pays tient du traité et
d'une paix victorieuse.
M. Poincaré a terminé. Il replie métho-
diquement son dossier. La gauche, le cen-
!re et la droite, une fois de plus, sont de-
bout et entremêlent les applaudissements
et les acclamations tandis que le chef du
gouvernement regagne son banc.
LE SÉNAT VOTE L'AFFICHAGE
OU DISCOURS DE Ni. POiNGARÉ
Le Sénat, attendait M. Poincaré depuis
quatre heures de l'après-midi, mais retenu
a la Chambre par le développement de ses
explications, le président du Conseil n'est
arrivé au Luxembourg qu'à 6 tt. 20.
A ce moment. la Haute Assemblée était
presque au complet et les galeries abon-
damment garnies d'un public qu'une attente
de deux heures et demie n'avait pas décou-
ragé.
M. Poincaré monta aussitôt à la tribune
et ront l'exposé qu'il venait de présenter
à la Chambre sur -tes événements actuels
Mais pour le Sénat, le président du Conseil
résuma ses arguments et il écourta prin-
cipalement ses explications sur les pour-
parlers et les conférences qui ont précédé
la constatation du désaccord entre le gou-
vernement framçais et le gouvernement bri-
fannique.
Il donna connaissance au Sénat d'une
dépêche d'Essen, disant que les établisse-
ments du Kohlensyndikat ont été occupés.
Le gros des troupes est installé hors de la
ville la liaison est complète avec les trou-
pes belges. Tout est tranquille.
Il termina par cette déclaration
Nous allons là-bas pour nous procurer le
charbon dont nous avons besoin et que l'Alle-
magne refuse de nous livrer. Nous voulons
montrer à l'Allemagne que la patience de la
France est à bout et qu'elle ne peut nous refu-
ser indéfiniment ce qui nous est dû.
Des applaudissements unanimes saluè-
rent la déclaration de M. Poincaré et tous
les sénateurs debout l'acclamèrent lon-
guement.
Sur la demande de M. Miilliès-Lacroix,
au nom de la commission des finances, et
Gaston Dpumerçue. au nom de la com-
mission de*> affaires étrangères, le Sénat
;v<#a l%fncàage du discours -de M. Poin-.
Demain la C.D.R.
abordera la discussion
du moratorium
Nous sommes entrés dans la Iluhr à la
suite du manquement, de l'Allemagne pour
les livraisons de bois et de charbon. Nous
n'y saisirons des gages que lorsque la com-
mission des réparations aura statué sur la
question du moratorium demandé par
l'Allemagne à partir du 15 janvier prochain.
Do là l'importance de la nouvelle déli-
bération qui va s'ouvrir à la commission
des réparations sous l'active présidence de
M. Louis Bart.hou. Fixée d'abord à l'après-
midi de vendredi, c'est-à-dire à aujour-
d'hui, cette délibération a été renvoyée au
kendemain samedi mati.n, de manière à pes-
mettre d'achever la mise au point du plan
que la délégation française soumettra' à la
commission.
C'est dire que rien de définitif n'était. à
cet égard, arrêté hier soir. Deux points
peuvent cependant être des maintenant mis
en lumière.
En premier lieu, il faut s'attendre à ce
que 'le plan qui vient d'ôtre élahoré par les
services techniques de la délégation fran-
çaise, en li.aison avec lé Quai d'Orsay, et
qui a été l'objet de plusieurs entretiens en-
tre MM. Mauclèro et Seydoiix, ne soit pas
une simple reproduction da çehii qtii fut
soumis à la eonfére-nee de Paris au iiom dit
gouvernement français. On semble s'être
efforcé de tenir compte, dans le projet nos-
veau, des suggestions présentées par les
alliés, et notamment de celles que conte-
nait le plan do M. Mussolini.
D'autre part, et c'est lA le second point
à retenir, la délibération sur le moratc-
rmm, pour aboutir it un résultat valable,
pourra se faire, comme pour le manque-
ment, 'la majorité des voix.
Le traité de Versailles est, il cet égard,
formel. Id déclare (partie \'ni. annexe II,
paragraphe 13) que l'unanimité n'es', re-
quise à la commission des réparations
pour « un report total ou partiel » qu'à
partir de 1926, si le report est d'une durée
supérieure à trois années, et seulement à
partir de 1930 pour les reports d'une durée
moindre.
Si la délégation britannique jugeait né-
cessaire de s'abstenir ou de voter contre,
je plan français pour le moratorium pour-
rait, par suite, être néanmoins adopté par
la commission, à condition d'être approuvé
par les délégations italienne et belge.
Ph. M,
M. BOYDEN RESTERAIT A LA C. D. R.
Washington, 11 janvier (dép. Havas.)
On apprend au département d'Etat que
le rappel de NI. Boyden est improbable.
Le délégué américain n'a pas parlé sui-
vant des instructions oftlcielles il a expri-
mé seulement ses vues personnelles.
IÎ-» été décidé que le représentant du
commission des réparations tant que les
intérêts de l'Amérique l'exigeront.
M. Weeks, secrétaire d'Etat à la Guerre
a annoncé que le général Allen décidera
lui-même s'il rentre avec les troupes amé-
ricaines d'occupation ou s'il reste pour
surveiller les intérêts américains.
L'EX-RO! CONSTANTIN
meurt subitement à Païerme
L'ex-roi de Grèce, Constantin, est mort
subitement, hier matin, à 11 heures,
Païenne, n'ayant survécu que peu de
temps à l'écroulement de sa politique, à la
défaite et à l'abdication.
L'ex-roi Constantin souffrait d'ar^-
rio-solérose et de néphrite, mais rien ne
laissait soupçonner une issue fatale pro-
c.haine. Il devait partir ce soir avec sa
famille pour Xaples, où il était invité au
palais de Capo di Monte, par le duc
d'Aoste.
Il devait ensuite se rendre à Florence,
où il avait l'intention de fixer sa ¡-¿si-
dence. Hier matin, il fut atteint d'une
hémorragie cérébrale. Il perdit conna.iis-
sance et il expira malgré les soins immé-
diats qui lui furent énergiquement pro-
digués.
Il était né à Athénée, le 21 juin 1868, et
avait été proclamé roi le 5 mars 1913, suc-
cédant à son père Georges ¡or, assassiné à
Salonique.
Il avait étudié à l'école de guerre de
Berlin et épousé, le 27 octobre 1889, la
princesse Sophie de Prusse; sœur du
aiser,
Son amitié pour Guillaume II et ses
sympathies allemandes l'incitèrent à jouer
pendant la Grande Guerre le rôle louche
dont on se souvient. A la suite du mas-
sacre des marins français à Athènes, en
1915, il dut quitter la Grèce sur l'inter-
vention de M. Jonnart, haut commissaire
de l'Entente.
Après un exil de cinq années. Constan-
tin rentra en Grèce après la mort de son
fils, le roi Alexandre, au mois de novem-
bre 1920, appelé par un plébiscite, le peu-
pie le croyant alors favorable à la paix.
On se rappelle que Constantin continua la
guerre en Asie Mineure et fit déclencher
plusieurs offensives coûteuses et inutiles
contre les Turcs. Finalement son armée
tut détruite au mois de septembre dernier
et,il dut abdiquer le 28 .octobre 1922 et
prendre encore une fois le chemin de
l'exil, fuyant devant la révolution.
N'ayant pu être admis séjourner à
Rome, il s'éiau fixé à P-ilnrme. où il vient
de succomber à une hémorragie cérébrale.
Les obsèques auront lieu samedi
Palerme, 11 janvier (dép. Havas.)
Les obsèques de l'ex-roi Constantin
sont fixées à samedi prochain. La dépouille
mortelle de l'ex-roi sera transportée à
l'église orthodoxe de Naples, en attendant
que le gouvernement grec autorise de la
transporter en Grèce.
La discussion de la loi de finances
commence ce matin devant la Chambre
Hier, à la fin de la séance, la Chambre,
à la demande du ministre des Finances et
du président de la eo mm fission des finances,
a décidé de commencer dans sa séance de*
ce matin la discussion de la loi de finances
et de la poursuivre sans interruption jus-
qu'au vote final.
niiiHiiiiiiiii iiiiiiiuiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiuiiiiiiiiuinui
A LA DEUXIÈME PAGE
lA TRIEE OU
EN AUTOMOBILE
C'est par des dépêches de notre
envoyé spécial Royer, et par elles seu-
les que le monde entier qui, depuis le
9°' janvier, n'avait pas de nouvelles du
raid transsaharien a connu et le pas-
sage à Bdurem et l'arrivée à Tombouc-
tou de la mission Citroën après sa dure
traversée du Sahara en autos-chenilles.
Notre collaborateur avait pris ses mesu-
res pour lancer, aussitôt terminée la for-
midable randonnée, le bref télégramme
qui a annoncé la réalisation totale de
l'exploit de MM. Haardt, Audouin-
Dubreuil et de leurs collaborateurs.
Mais, comme nous avons eu l'occasion
de l'expliquer à nos lecteurs, tandis
qu'un càblogramme de quelques lignes
seulement, comme celui relatif à l'arri-
vée à Tombouctou, peut avoir quelque
chance de parvenir rapidement à tra-
vers les relais, successifs jusqu'à nous,
de longs délais sont inévitables pour la
transmission et les retransmissions des
longues dépêches où nos collaborateurs
font le récit de leur voyage et des inci-
dents qui le marquent. C'est ainsi que'
nous sont parvenus, seulement hier, deux
télégrammes envoyés par notre colla-
borateur Royer, l'un, le 4, sur le poste de
Bourem, l'autre, le 5, sur l'arrivée des
àutos-cfoenilles à ce même poste. Nos
lecteurs constateront d'ailleurs (voir à
la 4° page) que ces récits n'ont en rien
perdu de leur intérêt.
De Toniboùctou même, notre envoyé
spécial, en même temps qu'il nous an-
nonçait brièvement, le 7 janvier au ma-
tin, la triomphale entrée des cttoenilles,
nous prévenait que des télégrammes dé-
taillés suivraient. Nous les attendons.
Le match Carpentier-Beckett est signé
Il aurait lieu à Londres en mai prochain
Georges Carpentier ne veut pas rester
inactif et l' « affaire Siki » ne l'empêche
pas de songer qu'il est encora le grand
boxeur, capable de redevenu- le favori des
fouHes. Ce. ainsi qu'à défaut de"Battliing
Siki, son noir vainqueur de septembre der-
nier, il va probablement rencontrer le
champion de Grande-Bretagne, Joe Bedkett,
qu'en décembre 1920, il mit déjà hors de
combat en un rolind.
C'est le représentant eh- France dtTpro-
moter anglais bien connu, le major Arnold
Wilson, iM. Victor Breyer, directeur de-
l'Echo des Sports, qui nous informe, en
effet, que les signatures viennent d'être
échangées entre François Descamps, d'une
part et le major Wilson, d'autre part. pour
la coneluoion d'un match entre Carpentier
et Joë Beckett.
Le combat aurait lieu à Londres, dans la
première quinzaine du prochain mois de
mai, sous la réserve que l'état de choses
actuel ne soit pas modifié. C'est dire que
les organisateurs éventuels ont la convic-
Jj.on que les suites de l'enquête ouverte
sur le match Carpentier-Siki, pas plus
qu'une future revanche entre les deux
hommes, ne pourront modifier leurs pro-
jets.
DE VIOLENTS INCIDENTS
ONT MARQUÉ7 HIER
LA SÉANCE DE LA CHAMBRE
La séance d'hier avait exercé un aou-
ble attrait sur le public en raison du dis-
cours que devait prononcer, selon l'usage,
M. Raoul. Péret, pour l'instaillation du bu-
reau définitif et de la déclaration que
devait faire M. Poincaré.
Quand îlf, Raonl Péret entre eu séance et
prend place au fauteuil présidentiel, en-
touré, au bureau, des nouveaux secrétai-
res, presque tous les députés sont à leur
banc et applaudissent longuement.
Au moment où M. Poincaré entre dans la
salle et va s'asseoir au banc du gouverne-
ment, les députés, debout, l'acclament.
Un instant les regards se tournent cu-
rieusement vers les bancs communistes où
M. Marcel Cachin vient de s'asseoir entre
MM. André Berthon et Alexandre Blanc.
Debout, dans l'hémicycle. M. Le Provost
de Launay proteste an milieu du bruit
contre la présence de Ni. Cachin.
MM. Le Provost de Launay, Taittinger. le
colonel Picot. le bras tendu vers l'extrême
gauche, crient «Sortez, sortez ». Tandis
qu'on applaudit à droite et au rentre* des
clameurs s'élèvent à gauche. M. Péret tente
en vain de se faire entendre pour com-
mencer son allocution. Les clameurs se
proiongent.
M. PÉRET. Vous savez bien que consti-
tutionnellemenl. nous n'avons aucun moyen
d'empêcher cette présence. {Applaudissement».)
ALLOCUTION DE M. RAOUL PÉRET
Enfin, une accalmie se fait et M. Péret
prononce son allocution. Il remercie l'As-
samblée, félicite le bureau d'âge et donne
aux orateurs des oonseils de concision et
de sobriété vivement applaudis. Il pour-
suit
Affaiblirions-nous donc l'éclat de la tribune
française en demandant qu'on en gravisse
moins fréquemment les degrés ? Nul n'oserait
le prétendre. La mesure, la simplicité, la con-
cision, seront toujours parmi les formes supé-
rieures du talent.
Témoins de graves événements, de faits his-
toriques dont la portée, pour l'avenir des peu-
est incalculable, noue devons conserver
la maîtrise de nos paroles et de nos actes et
ju,ger la situation avec rectitude et sanff-froid.
La nation nous offre le plus noble exemple
calme et résolue, la France est debout pour la
défense de ses droits.
Après les cruelles souffrances de la guerre,
qjKf d'épreuves la paix lui aura imposées, et
.6$irtiuit qutlle admirable tenue morale que
£3a sienne 1 Ampuiation de la créance des vic-
times de l'agression, ajournements successifs
des versements" ou de la prise de garanties
positives, elle a tout accepte tous ses gestes
ont été de prudence et de conciliation, et
alors que, pac une iniquité révoltante, un
l'accusait de semer des germes de conflit,
elle approuvait ouvertement ses négociateurs
de rechercher des solutions équitables.
Futile ses alliances, à toutes ses. alliances,
REGION PARISIENNE
Continuation du refroidis-
sement. Eclaircies et quel-
ques giboulées de pluie, neige
ou grésil. Vent modéré du
nord-ouest.
Nuit: 2°. Jour
EN FRANCE
Temps à éclaircies et à
averses sur la moitié Nord.
Chutes de neige et de grésil
dans le Nord-Est avec tem-
pérature un peu froide. Vent
modéré du nord-ouest.
Sur la moitié Sud, temps
nuagenx mistral en Médi-
terranée.
SOLEIL: lev.7h.43; eouch.4h.15
LUNE nouv. pr. qu.
*8« ANNÉE. -N° ^.78»
VENDREDI
12
JANVIER 1923
Saint Arcade
ABONNEMENTS hall Ssntl 1
Seine et S.-O. 24.» 46..
France et Col. 13. m 25.» 48.»
Etranger.
RUE D'ENGHIEN, PARIS
L'opération d'Essen s'est faitc sans incidents
Conformément aux ordres du gouverne-
ment, des troupes françaises, prélevées sur
les effectifs de l'armée française du Rhin,
se sont portées, hier matin, en direction
générale d'Essen, ponr couvrir l'installa-
tion dans la Ruhr des ingénieurs de la
mission de contrôle.
Aux termes des instructions qui leur
ont été données, elles se sont établies à
i5 heures sur la ligne générale Bruchau-
sen (inclus), Gelsenkirchen (exclu), Es-
sen (inclus), Werden (inclus), et Ratin-
gen (inclus).
Elles sont constituées exclusivement par
des corps de troupes français et repré-
sentent l'effectif de deux divisions d'in-
ganterie et d'une division de cavalerie.
Le général Henrys, commandant le 33"
corps d'armée, commande l'opération, sous
la haute autorité du général Degoutte,
commandant en chef de l'armée française
du Rhin. Les deux divisions d'infanterie
sont commandées par les généraux l'our-
pier et Laignelot la division de cavalerie
par le général Rampon.
Un détachement belge accompagne les
troupes françaises.
Des unités prélevées sur la région fron-
tière vont être transportées sur l'armée
française du Rhin pour en renforcer les
réserves et remplacer dans leurs garnison*
les troupes qui ont été envoyées vers la
Ruhr. (Officiel.)
LE COMMUNIQUE
DU MINISTERE DE LA GUERRE
Le ministère de la Guerre fournit les
renseignements suivanta au sujet du mou-
vement des troupes chargées de protéger
l' installation de la mission de contrôle
dans te Ruhr
Aujourd'hui f janvier., à 13 heures, un dé-
tachement française est entré dans Essen pour
y assurer la protection immédiate de la mis-
iioit de contrdle: Les autres troupes belges
et françaises se sont établies, dans le cou-
rant de l'après-midi à l'extérieur et autour des
grosses agglomérations urbaines les belges
au Nord de Ifamborn et d'Oberhausen les
françaises au Nord-Est, l'Est et au Sud-Est
d'Essen, sur une ligne générale Horst, Kray,
A LA FRANÇAISE
Esss'n, 11 janvier (de notre envoyé spéc.;
C'est fait. Nous avons toiïrné la clef et
la porte s'est ouverte toute grande. Elle
a glissé doucement sur ses gonds, bien
doucement, bien sagement. sans le moin-
dre grincement. Et par cette porte le;
troupes belges et françaises sont entrées
«dans la Ruhr, Gela s'est fait sans bruta-
lité. rapidement, facilement, gentiment
on peut dire avec une'certaine élégance, à
la manière française.
Dansla Ruhr
Ce matin, là 5 heures, nous sommes par-
tis le long de la route boueuse et noire,
sous le ciel noir, qui dans les ténèbres se
confondait avec la terre.
Des ombres, dont nous ne pouvions dis-
tinguer la forme, passaient près de nous,
puis des choses massives énormes, et aussi
des traînées plus sombres, plus épaisses,
qui nous accompagnaient indéfiniment et
semblaient ne devoir jamais disparaître.
De loin en loin, les lueurs des fenêtres
d'usines éclairaient ces fantômes, et on
percevait la file interminable de fantas-
sins, d'artilleurs, de cavaliers, de chars
d'assaut, des antos-mitrailleuses, des ca-
mions. Nous allions lentement, au milieu
de cette foule d'hommes et de choses. Puis.
enfin, au petit jour, nous pümes voir la
campagne encore mouillée de la pluie des
dernières journée. A l'infini, les terres
labourées, les bois déchiquetées par la
rude saison puis la morne platitude de
ces terres s'effaca; la route se mit à des-
cendre raide, puis à grimper agile, à tra-
vers un petit bois, et. brusquement, Esseu
nous apparut dans la blancheur de ses vil-
las, d'un style étrange, où s'affirme le
mauvais goût allemand, où se confondent
tous tes mélanges de l'architecture alle-
mande faux italien, faux dorique, faux
corinthien tout cela pitoyable la lu-
mièr.e de ce matin pluvieux.
Et derrière ces villas, des hautes chemi-
nées encore enveloppées de brouillard, des
bâtisses larges, énormes, écrasantes. On
dirait des monstres établis sur ce sol. Oui,
vraiment monstrueuses les usines Krupp,
en briques rougeâtre, devenues noires à
force de baigner dans des fumées de
houille. Le long de ces maisons et de ces
usines, une foul'e nombreuse se hâte, affai-
rée, très animée, mais sans fièvre. La place
de la Gare était noire de monde, gens mas-
sés sur les escaliers, juchés sur le pont du
chemin de fer aux fenêtires de toutes 'les
maisons se penchaient de; tètes curieuses.
Tout Essen attendait avec une curiosité
attentive la venue des soldats français.
.Déjà, ils étaient aux portes de Ja ville. Il
y avait un premier peloton de chasseurs
cyclistes, suivi du 5° dragons. Ile devaient
entrer dans Essen avec le gros de la toute
petite armée qui tes suivait. mais le
gros de cette petite armée n'arriva qu'as-
sez tard, à 2 heures de l'après-midi
seulement. Sans bruit, sans clairon, sans
musique, elle pénétra dans Essen.
A Essen
La foule la regarda passer en silence,
sans marquer ni inquiétude, ni colère. Le
général Rampont. commandant la divi-
sion de cavalerie, se rendit aussitôt au
Rathaus, où l'attendait le bourgmestre.
L'entrevue fut très brève. Le général
présenta au bourgmestre le colonel Coutan-
çon.
C'est le colonel Coutançon, lui dit-il,
qui assurera la liaison entre l'adminis-
tration civile d'Essen et l'administration
militaire, et j'espère, monsieur le bourg-
mestre, que la police verte voudra bien
collaborer avec les quelques soldats que
nous laissons ici et leur donner tous les
renseignements nécessaires. Quant à moi,
je vais me retirer avec mes troupes hors
de la ville afin de ne pas faire peser sur
la population ouvrière d'Essen les lourdes
charges d'une occupation militaires.
Et simplement, le général Rampont se
retira, suivi de son état-major et, de sa
petite armée. Il ne resta dans la ville que
yalques contingents chargés d'occuper
certains bâtiments, la gare, le télégraphe
et le Kohlensyndikat.
Les soldats français ne quittent, pas
Essen; ils sont. campés la lisière de la
ville, comme sont campés aux rives de
Mulheim les soldats belges.
La tactique nouvelle d'occupation don-
pera de bons résultats. Ona voulu éviter
LE GENERAL HENRYS
«omajinâant du 3;' eorps, dont les détachements
sont entrés dans Essen
à ces deux cités le poids trop lourd des
charges militaires qui pèseraient sur elles
et risqueraient d'entraver,la vie économi-
que du pays.
Telle fut l'expédition militaire prudem-
ment réglée par le général Degoutte et si
habilement dirigée par le général Henrys
et ses collaborateurs, les généraux Ram-
pont et Laignelot. El'le s'est faite sous les
plus heureux auspices. Elle a eu, au moins,
ce bon résultat qu'il ne s'est produit aucum
incident.
Une proclamation du général Degoutte
Le général Degoutte a fait apposer dans
Essen une proclamation qui reproduit
tout d'abord à quelques variantes près, la
note, moins les annexes, remise hier par
les gouvernements français et belge au
gouvernement du Reich.
Au dernier paragraphe, consacré aux
mesures coercitives qui seraient em-
ployées à l'égard des entraves qui seraient
apportées à l'action des alliés, la procla-
mation ajoute ceci
Le gouvernement français et le gouverne-
ment belge espèrent fermement que la sagesse
et le bon setts des populations, et particulière-
ment des ouvriers, les dispenseront de recou-
rir à ces mesures et que les rapports entre
leurs fonctionnaires et tes laabitants seront
ausai bons dans la Ruhr que dans les régions
occupées sur la rive ga«che du Rhin.
L'action économique
L'action militaire est terminée. L'action
économique va commencer.
Demain, le directeur général des mines,
et le général, Danving se rendront à Essen,
au Kohlensyndikat où ils auront une en-
trevue avec les grands industriels alle-
mands. Ce n'est qu'après, dans quatre à
cinq jours, que l'on pourra juger saine-
ment le résultat de cette entrevue.
Jean ROGIER.
CE QU'0n1ÏT~A BERLIN
Berlin., 11 janvier [dé p. Petit Parisien.)
Une note officieuse fait remarquer que
le rappel dû docteur Mayer et de
M. Landsberg ne constitue pas une rup-
ture des relations diplomatiques. Les
journaux conseillent cependant aux Fran-
çais résidant en Allemagne de ne pas
« s'exposer inutilement » dans la péridue
actuelle. Dans les milieux diplomatiques,
on est d'avis que si une rupture très
improbable des relations diplomati-
ques venait à se produire, la légation de
Pologne serait chargée des intérêts des
ressortissants français H belges.
Le gouvernement allemand a donné
ordre au Kohlensyndikat à Hambourg
d'arrêter immédiatement les livraisons
de charbon pour le compte des répara-
En ce qui concerne la répercussion
immédiate sur les approvisionnements en
charbon un membre du KohTensyndikat
a déclaré qu'il fallait s'attendre à une
diminution notable de la production et à
la disette du combustible en Allemagne.
On prévoit l'importation d'un tonnage
considérable de charbons anglais. Cet ap-
provisionnement sera rendu difficile par
le coût élevé de la livre
Malgré l'apathie extérieure dont témoi-
gnent les Allemands, il Pst certain que l'oc-
cupation d'Essen suscite une colère et un
ressentiment qui faisaient complètement
défaut lors de l'occupation de Dusseldorf,
Duisbourg et Ruhrort. L'opinion allemande
n'admet pas un instant la valeur de la
thèse française. Elle est .persuadée, au con-
traire, que l'occupation de la Ruhr est pour
la France non un moyen, mais un but et
que notre pays a procédé de Faîte de coeur,
après une longue préméditation] à la prije
de gages en question.
LE GENERAL NOLLET RENTRE A BERLIN
Le général Nollet, président de la com-
mission interalliée de contrôle militaire,
a quitté Paris hier matin pour Berlin.
L'AMBASSADEUR D'ALLEMAGNE
A QUITTE PARIS
M. Mayer, ambassadeur d'Allemagne, a
quitté Paris, hier, à midi 30, pour Munich,
via Cologne.
Il est arrivé seuq. à la gare du Nord, vers
midi, et s'est installé dans un compartiment
de première dlass-e où Ga place n'avait
même pas été retenue à l'avance.
A l'ambassade d'Allemagne, on se borne
à déclarer que l'ambassadeur rejoint Ber-
lin par ordre de son gouvernement.
Au Quai d'Orsay, on observe que s'il
s'agissait d'un « rappel » au sens diploma-
tique du terme, le ministère français des
Affaires étrangères eût dû régulièrement
en être avisé avant que M. Mayer eût quitté
Paris. Or, aucune communication de cet.te
sorte n'a été faite ni avant le départ de
,*M. Mayer, ni même. dans la journée qui a
Il convient d'ajouter que même le rappel
d«pn ambassadeur ne signifie pas la rup-
ture des relations diplomatiques. En d'es-
pèce le Hei-ch continue à être représenté
auprès du gouvernement français par
M von .Hoesoh, conseiller de l'ambassade
M. Poincaré acclamé dans les deux Chambres
justifie l'action du gouvernement français
LE SÉNAT VOTE L'AFFICHAGE DE SA DÉCLARATION
Le président du Conseil a fait, hier, au
Pailais-Bourbon et au Luxembourg la: dé-
claration attendue. Il a lumineusement dé-
montré les manquements allemands et le
bon droit de notre action. Dans les deux
Chambrée on l'a acclame avec enthou-
siasme et le Sénat a voté l'affichage de
son discours. A la Chambre, il s'est ex-
primé ainsi
Les encouragements que vous venez de
donner au gouvernement l'aideront puissata-
ment dans un moment où il a besoin de toute
son autorité. (Applaudissements.) Je vous ai
déjà montré ce qu'avait été votre attitude de-
vant l'action volontaire du Reich pour le déla-
brement de ses finances et de sa ruine écotw-
migue. Je vous ai dit que nous ne pouvions
cotssentir un moratorium sans gages.
A'ous avons patienté, trop même- (Vifs as^
plaudiseements) ̃
Avant de passer aux actes et de reprendre
ma liberté d'action, e voulais épuiser toutea les
mesures de conciliation. IL ne fallait pas que
vis-à-vis des attiés, ou vis-à-vis de l'Allemagne,
il y eût le moindre tort de notre tôt t.. S'il Y
avait eu du côté britannique la moindre propo-
sition acceptable, je m'y serais rallié. Dans bes
entretiens de Londres et de Paris, je me suis
trouvé tout de staite d'accord avec nos amis
italiens et belges.
Le plan britannique
détruisait le traité de VersaiSles
Le président du Conseil évoque la sus-
pension des entretiens à Londres et les
termes de sa note, puis il examine le plan
britannique
Le gouvernement britannique a apporté un plan
basé sur la réduction de la dettc allemande et
la confiance l'Allemagne. Je remercie il. Ro-
nar Law d'avoir si nettement éclairé ses inten-
tions. Sa droiture a établi rlue Le problème des
réparations ne se présente pas, en ce moment,
sous le même aspect à des yeux anglais et fran-
çais. Le plan britannique conduisait à détruire
le traité de Versailles.
Le système proposé par Jf. Bonar Law rui-
nait les artictes et du traité. Il
supprimait In commission des réparations et
lui substituait un comité siégeant Berlin, dans
lequel les Allemands miraient tcn représentant.
(Exclamations.) On allait tout droit au rema-
niement du traité de Versailles. Ce document,
ne l'oublions pas, est une loi de l'Etat en même
temps qu'un acte international. (Applaudisse-
mems.)
Il ne peut être modifié que dans les mêmes
conditions où il a été préparé et conclu. !\p-
Quelle valeur auraient les trai-
tés si tes alliés eux-mêmes donnaient l'exem-
ple de rompre les engagements (Applaudisse-
ments.) Les engagements les plus sacrés ne
dureraient, plus désormais que l'espace d'un
matin. (Vifs applaudissements.)
Libérer l'Allemagne de sa dette
c'est préparer sa suprématie sur S' Europe
Le programme britannique réduisait à
presque riem dette allemande et anni-
hilait la commission des réparations.
Queilles en auraient été les conséquences ?
M. Poincaré Le précise devant la Chambre
attentive
.4vec le système an;glais, nous en serions ar-
rivés, ayant avancé 100 milliards, à ne rece-
voir que 11 milliards de marks or.
Enfin, de plus, l'Angleterre accordait au Reich
un moratorium de 4 ans saua gages, 1tn conseil
des finances étant chargés de réaliser des ré-
formes.
En cas d'insurrection de l'Allemagne contre
ce conseil, nulle garantie. On s'en remettait à
la décision unanime des gouvernements alliés.
InutiEe de souligner les dangers d'uu tel pro-
gramme gv6 favorisait imprudemment le réta-
blissement de l'hégémonie industrielle et com-
jnerciale de l'Allemagne.
N'oublions pas que le Reich n'a pas de dette
extérieure. Il ne doit que les réparations. Le
libérera-t-on de cette charge sacrée tandis que
nous traînerions le poids de nos lourdes det.
tes et que l'Angleterre subirait les misères du
chômage
Ce serait préparer la suprématie de l'Alle-
magne pour un avenir rapproché sur teut le
continent européen. (Vifs applaudissements.)
Nos alliés comme nous-memes ont écarté ce
plan britannique. Une note complémentaire an'
glaise maintwait l'essentiel du dispositif et
s'opposait la prise des gages comme ircom-
patible, aver, la restauration des finances alle-
mandes, en proposant l'arbitrage d'un comité
de banquiers. (Vives exclamations.)
Il était inadmissible que les financiers inter-
nationaux devinssent les arbitres des goucerne-
ments. (La Chambre entière applaudit longue-
ment.) Pour mon compte, je n'accepterai jamais
une pareille méthode. Je ne dois de comptes à
personne qu'à la Chambre. (Longs applaudis-
sements.)
Dans tes conditions, fallait-il chercher un
accord provisoire dans l'obscurité ? J'ai pensé
que rien n'était plus dangereux que l'équivo-
que. L'Entente n'exige, pas un accord complet
sur toutes les questions. L'Angleterre ne nous
en a-t-elle pas donné l'exemple ? (Sourires.)
Chaque gouvernement peut parfaitement sans
rompre une alliance, réserver sa liberté.'
N'y a-t-il pas maints exemples de cette ré-
serve de la liberté britannique ? L'aMhance en
a-t-elle été rompue pour cela ? Non, parce que
l'alliance repose sur des souvenirs ineffaçables
et sur l'intérêt permanent des deux pays.
(Longs applaudissements.)
La volonté de l'Allemagne da ne pas payer
Le président du Conseil. par le simple
rappel des faits établit avec une netteté
décisive et le manquement volontaire de
rvAHerraagne à ses engagements et le droit
pour la France d'assurer l'exécution du
traité en prenant des gages
Attendez, nous disaient nos amis anglais,
pour tes paiements allemands. Alors, comment
équilibrerons-nous nos budgets? Comment ré-
parerons-nous nos ruines? (Longs applaudis-
sements.)
La commission de.s réparations a proclamé
pour le charbcn et le bois, le manquement vo-
tondre de l'Allemagne, manquement voton-
taire ce n'est pa.s douteux, puisque la produc-
tion du Reich permet très largement tes livrai-
sons qui étaient réclamées.
Une nouvelle preuve de la volonté allemande
do ne pas payer, est que le Reich vend ce qu'il
devrait livrer. (Applaudissements.)
Avant le 2 janvier, MM. SUnnes et Zimmer-
mann ont demandé une audience pour m'en-
tretenir des livraisons en flature et de.s échan-
ges de minerai. Une note officieuse de Berlin
ma appris par la suite qu'il s'agissait de nous
offrir du coke en échange de minerai; mais de
nous livrer du charbon au titrc de répara-
tiovs, nullement
En. raison de nos besoins, ws ne pottumi*
lalérer aucun manquement aux livraisons de
bais:et de charbon. Ce combustible est la con-
ttition même du fonctionnement, de nos, usinas
reconstruites et surtout de la remise en mar-
che de la moitié de nos hauts fourneaux. (Ap-
plaudissements.)
La constatation du manquement allemand a
été retardée pour déférer as désir- de M. Bonar
Law. La commission des réparations a pro-
noncé, et l'Allemagne n'ayant pas livré le char-
bon qu'elle nous devait, nous devons aller le
chercher sur le carreau de ses mines. (Longs
Le manquement de l'Allemagne pour les li-
vraisons d'azote n'est pas moindre que pour le
charbon. Nos délégués se sont heurtés, dans
leurs demandes d'engrais azotés, à la mau-
vaise volonté persistante du Reich.
Nous voulons bien vendre de ces engrais
mais non en livrer
au comptttdes réparations. »
,.pour l'exécution de notre grand programme
dfjfmixmejjsubttçf. Je .mauvais vouloir du Reich
6 est manijesté d'une façon encore pbus écla-
tante.
A nos demandes réitérées, on n'a cessé d'op-
poser t2 Berlin des moyens dilatoires et de mau-
vaises défaites.
Sur le manquement volontaire dûment cons-
taté, aucune équivoque n'est possible.
Les textes sont formels. M. Chamberlain l'a
reconnu à la Chambre des communes. C'est
donc en plein exarcice de noî droits que nous
sommes & Essen. (Longs applaudissements.)-
Nous ne faisons qu'exécuter le traité.
La Chambre acclame ia Belgique et l'Italie
Une émouvante manifestation se produit
quand M. Poincaré fait allusion au concours
qui nous est donné par la Belgique et l'Ita-
lie pour l'opération de la Ruhr.
Nous le faisons en prenant les gages néces-
saires. Nous ne le faisons pas seuls. Nos amis
belges. (La Chambre se lève et. tournée vers
la tribune diplomatique, aoclaime la Belgique et
son représentant, NI. de Gaiffler d'Hestroy)
.et nos amis italiens, qui ont envoyé leurs in-
génieurs aux côtés des nôtres. (La Chambre
debout, se tourne i nouveau vers la tribune
diplomatique et acclame l'Italie et son repré-
sentant.)
A nos côtés, tous nos alliés auront leur place
prête, crcr nous ne voulons pas agir pour nos
seuls intérêts, mais pour l'intérêt corrcmun des
alliés. (Applaudissements.)
La fuite du Kohlensyndikat prouve qu'on a
voulu soustraire à nas recherches la preuve
des fraudes allemandes.
Le gouvernement du Reich a reliré ses am-
laissé ses chargés d'affai-
res. D'ailleurs, (,'est fi. la commission des répa-
rations qu'il il aura à fournir ses explications.
Si l'Allemagne veut se mettre en révolte, elle
aura à subir les prolongations d'occupation pré-
vues au traité.
Le retrait des troupes américaines était une
chose dès longtemps prévue. Depuis jutst, ces
troupes n'étaient provisoirement maintenues
qu'il la demande même du gouvernement aile-
mand.
Il y a lieu de noter que la motion votée par
le Sénat américain est antérieure aux événe-
ments actuels et qu'elle ne comporte rien
L'envoi de nos missions techniques dans la
forces militaires, si tous les alliés s'étaient
johts a nous. Mais, agissant isolément, nous
devions prendre tes mesures de précaution dic-
tées poar le souci de séeurilé des nôtres
En l'absence de l'Angleterre, les gages ne
produiront pas autant qu'avec son concours
J'ai toujours dit que ces gages ne produiront
pas un grand rendement.
NI. Escoffier. Alors ?
M Poincaré. Un rendement même minime
vaut mieux que rien du tout. (Applaudisse-
Ces gages agiront ausat commc une pression
sur l Allemagne, son gouvernement et ses grands
industriels. Nous n'avons nullement l'intention
de frapper ou de ruiner l'Allemagne Vous vou-
lons la contraindre d'abord nous remettre
le bois et le c2arbon qu'elle nous doit. Nous vou-
tolos l'obliger les réformes propres
à restaurer ses finances et nous serons tou-
Jeüts prêts la causer avec elle comme avec les
alliés, quand elle donnera la preuve de ses bons
sentiments.
Le gouvernement a conscience d'avoir répondu
aux vœux du pays en mettant fin à une trop
longue série de concessions. (Applaudissements )
Il a conscience surtout d'avoir maintenu in-
tacts les droits que le pays tient du traité et
d'une paix victorieuse.
M. Poincaré a terminé. Il replie métho-
diquement son dossier. La gauche, le cen-
!re et la droite, une fois de plus, sont de-
bout et entremêlent les applaudissements
et les acclamations tandis que le chef du
gouvernement regagne son banc.
LE SÉNAT VOTE L'AFFICHAGE
OU DISCOURS DE Ni. POiNGARÉ
Le Sénat, attendait M. Poincaré depuis
quatre heures de l'après-midi, mais retenu
a la Chambre par le développement de ses
explications, le président du Conseil n'est
arrivé au Luxembourg qu'à 6 tt. 20.
A ce moment. la Haute Assemblée était
presque au complet et les galeries abon-
damment garnies d'un public qu'une attente
de deux heures et demie n'avait pas décou-
ragé.
M. Poincaré monta aussitôt à la tribune
et ront l'exposé qu'il venait de présenter
à la Chambre sur -tes événements actuels
Mais pour le Sénat, le président du Conseil
résuma ses arguments et il écourta prin-
cipalement ses explications sur les pour-
parlers et les conférences qui ont précédé
la constatation du désaccord entre le gou-
vernement framçais et le gouvernement bri-
fannique.
Il donna connaissance au Sénat d'une
dépêche d'Essen, disant que les établisse-
ments du Kohlensyndikat ont été occupés.
Le gros des troupes est installé hors de la
ville la liaison est complète avec les trou-
pes belges. Tout est tranquille.
Il termina par cette déclaration
Nous allons là-bas pour nous procurer le
charbon dont nous avons besoin et que l'Alle-
magne refuse de nous livrer. Nous voulons
montrer à l'Allemagne que la patience de la
France est à bout et qu'elle ne peut nous refu-
ser indéfiniment ce qui nous est dû.
Des applaudissements unanimes saluè-
rent la déclaration de M. Poincaré et tous
les sénateurs debout l'acclamèrent lon-
guement.
Sur la demande de M. Miilliès-Lacroix,
au nom de la commission des finances, et
Gaston Dpumerçue. au nom de la com-
mission de*> affaires étrangères, le Sénat
;v<#a l%fncàage du discours -de M. Poin-.
Demain la C.D.R.
abordera la discussion
du moratorium
Nous sommes entrés dans la Iluhr à la
suite du manquement, de l'Allemagne pour
les livraisons de bois et de charbon. Nous
n'y saisirons des gages que lorsque la com-
mission des réparations aura statué sur la
question du moratorium demandé par
l'Allemagne à partir du 15 janvier prochain.
Do là l'importance de la nouvelle déli-
bération qui va s'ouvrir à la commission
des réparations sous l'active présidence de
M. Louis Bart.hou. Fixée d'abord à l'après-
midi de vendredi, c'est-à-dire à aujour-
d'hui, cette délibération a été renvoyée au
kendemain samedi mati.n, de manière à pes-
mettre d'achever la mise au point du plan
que la délégation française soumettra' à la
commission.
C'est dire que rien de définitif n'était. à
cet égard, arrêté hier soir. Deux points
peuvent cependant être des maintenant mis
en lumière.
En premier lieu, il faut s'attendre à ce
que 'le plan qui vient d'ôtre élahoré par les
services techniques de la délégation fran-
çaise, en li.aison avec lé Quai d'Orsay, et
qui a été l'objet de plusieurs entretiens en-
tre MM. Mauclèro et Seydoiix, ne soit pas
une simple reproduction da çehii qtii fut
soumis à la eonfére-nee de Paris au iiom dit
gouvernement français. On semble s'être
efforcé de tenir compte, dans le projet nos-
veau, des suggestions présentées par les
alliés, et notamment de celles que conte-
nait le plan do M. Mussolini.
D'autre part, et c'est lA le second point
à retenir, la délibération sur le moratc-
rmm, pour aboutir it un résultat valable,
pourra se faire, comme pour le manque-
ment, 'la majorité des voix.
Le traité de Versailles est, il cet égard,
formel. Id déclare (partie \'ni. annexe II,
paragraphe 13) que l'unanimité n'es', re-
quise à la commission des réparations
pour « un report total ou partiel » qu'à
partir de 1926, si le report est d'une durée
supérieure à trois années, et seulement à
partir de 1930 pour les reports d'une durée
moindre.
Si la délégation britannique jugeait né-
cessaire de s'abstenir ou de voter contre,
je plan français pour le moratorium pour-
rait, par suite, être néanmoins adopté par
la commission, à condition d'être approuvé
par les délégations italienne et belge.
Ph. M,
M. BOYDEN RESTERAIT A LA C. D. R.
Washington, 11 janvier (dép. Havas.)
On apprend au département d'Etat que
le rappel de NI. Boyden est improbable.
Le délégué américain n'a pas parlé sui-
vant des instructions oftlcielles il a expri-
mé seulement ses vues personnelles.
IÎ-» été décidé que le représentant du
commission des réparations tant que les
intérêts de l'Amérique l'exigeront.
M. Weeks, secrétaire d'Etat à la Guerre
a annoncé que le général Allen décidera
lui-même s'il rentre avec les troupes amé-
ricaines d'occupation ou s'il reste pour
surveiller les intérêts américains.
L'EX-RO! CONSTANTIN
meurt subitement à Païerme
L'ex-roi de Grèce, Constantin, est mort
subitement, hier matin, à 11 heures,
Païenne, n'ayant survécu que peu de
temps à l'écroulement de sa politique, à la
défaite et à l'abdication.
L'ex-roi Constantin souffrait d'ar^-
rio-solérose et de néphrite, mais rien ne
laissait soupçonner une issue fatale pro-
c.haine. Il devait partir ce soir avec sa
famille pour Xaples, où il était invité au
palais de Capo di Monte, par le duc
d'Aoste.
Il devait ensuite se rendre à Florence,
où il avait l'intention de fixer sa ¡-¿si-
dence. Hier matin, il fut atteint d'une
hémorragie cérébrale. Il perdit conna.iis-
sance et il expira malgré les soins immé-
diats qui lui furent énergiquement pro-
digués.
Il était né à Athénée, le 21 juin 1868, et
avait été proclamé roi le 5 mars 1913, suc-
cédant à son père Georges ¡or, assassiné à
Salonique.
Il avait étudié à l'école de guerre de
Berlin et épousé, le 27 octobre 1889, la
princesse Sophie de Prusse; sœur du
aiser,
Son amitié pour Guillaume II et ses
sympathies allemandes l'incitèrent à jouer
pendant la Grande Guerre le rôle louche
dont on se souvient. A la suite du mas-
sacre des marins français à Athènes, en
1915, il dut quitter la Grèce sur l'inter-
vention de M. Jonnart, haut commissaire
de l'Entente.
Après un exil de cinq années. Constan-
tin rentra en Grèce après la mort de son
fils, le roi Alexandre, au mois de novem-
bre 1920, appelé par un plébiscite, le peu-
pie le croyant alors favorable à la paix.
On se rappelle que Constantin continua la
guerre en Asie Mineure et fit déclencher
plusieurs offensives coûteuses et inutiles
contre les Turcs. Finalement son armée
tut détruite au mois de septembre dernier
et,il dut abdiquer le 28 .octobre 1922 et
prendre encore une fois le chemin de
l'exil, fuyant devant la révolution.
N'ayant pu être admis séjourner à
Rome, il s'éiau fixé à P-ilnrme. où il vient
de succomber à une hémorragie cérébrale.
Les obsèques auront lieu samedi
Palerme, 11 janvier (dép. Havas.)
Les obsèques de l'ex-roi Constantin
sont fixées à samedi prochain. La dépouille
mortelle de l'ex-roi sera transportée à
l'église orthodoxe de Naples, en attendant
que le gouvernement grec autorise de la
transporter en Grèce.
La discussion de la loi de finances
commence ce matin devant la Chambre
Hier, à la fin de la séance, la Chambre,
à la demande du ministre des Finances et
du président de la eo mm fission des finances,
a décidé de commencer dans sa séance de*
ce matin la discussion de la loi de finances
et de la poursuivre sans interruption jus-
qu'au vote final.
niiiHiiiiiiiii iiiiiiiuiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiuiiiiiiiiuinui
A LA DEUXIÈME PAGE
lA TRIEE OU
EN AUTOMOBILE
C'est par des dépêches de notre
envoyé spécial Royer, et par elles seu-
les que le monde entier qui, depuis le
9°' janvier, n'avait pas de nouvelles du
raid transsaharien a connu et le pas-
sage à Bdurem et l'arrivée à Tombouc-
tou de la mission Citroën après sa dure
traversée du Sahara en autos-chenilles.
Notre collaborateur avait pris ses mesu-
res pour lancer, aussitôt terminée la for-
midable randonnée, le bref télégramme
qui a annoncé la réalisation totale de
l'exploit de MM. Haardt, Audouin-
Dubreuil et de leurs collaborateurs.
Mais, comme nous avons eu l'occasion
de l'expliquer à nos lecteurs, tandis
qu'un càblogramme de quelques lignes
seulement, comme celui relatif à l'arri-
vée à Tombouctou, peut avoir quelque
chance de parvenir rapidement à tra-
vers les relais, successifs jusqu'à nous,
de longs délais sont inévitables pour la
transmission et les retransmissions des
longues dépêches où nos collaborateurs
font le récit de leur voyage et des inci-
dents qui le marquent. C'est ainsi que'
nous sont parvenus, seulement hier, deux
télégrammes envoyés par notre colla-
borateur Royer, l'un, le 4, sur le poste de
Bourem, l'autre, le 5, sur l'arrivée des
àutos-cfoenilles à ce même poste. Nos
lecteurs constateront d'ailleurs (voir à
la 4° page) que ces récits n'ont en rien
perdu de leur intérêt.
De Toniboùctou même, notre envoyé
spécial, en même temps qu'il nous an-
nonçait brièvement, le 7 janvier au ma-
tin, la triomphale entrée des cttoenilles,
nous prévenait que des télégrammes dé-
taillés suivraient. Nous les attendons.
Le match Carpentier-Beckett est signé
Il aurait lieu à Londres en mai prochain
Georges Carpentier ne veut pas rester
inactif et l' « affaire Siki » ne l'empêche
pas de songer qu'il est encora le grand
boxeur, capable de redevenu- le favori des
fouHes. Ce. ainsi qu'à défaut de"Battliing
Siki, son noir vainqueur de septembre der-
nier, il va probablement rencontrer le
champion de Grande-Bretagne, Joe Bedkett,
qu'en décembre 1920, il mit déjà hors de
combat en un rolind.
C'est le représentant eh- France dtTpro-
moter anglais bien connu, le major Arnold
Wilson, iM. Victor Breyer, directeur de-
l'Echo des Sports, qui nous informe, en
effet, que les signatures viennent d'être
échangées entre François Descamps, d'une
part et le major Wilson, d'autre part. pour
la coneluoion d'un match entre Carpentier
et Joë Beckett.
Le combat aurait lieu à Londres, dans la
première quinzaine du prochain mois de
mai, sous la réserve que l'état de choses
actuel ne soit pas modifié. C'est dire que
les organisateurs éventuels ont la convic-
Jj.on que les suites de l'enquête ouverte
sur le match Carpentier-Siki, pas plus
qu'une future revanche entre les deux
hommes, ne pourront modifier leurs pro-
jets.
DE VIOLENTS INCIDENTS
ONT MARQUÉ7 HIER
LA SÉANCE DE LA CHAMBRE
La séance d'hier avait exercé un aou-
ble attrait sur le public en raison du dis-
cours que devait prononcer, selon l'usage,
M. Raoul. Péret, pour l'instaillation du bu-
reau définitif et de la déclaration que
devait faire M. Poincaré.
Quand îlf, Raonl Péret entre eu séance et
prend place au fauteuil présidentiel, en-
touré, au bureau, des nouveaux secrétai-
res, presque tous les députés sont à leur
banc et applaudissent longuement.
Au moment où M. Poincaré entre dans la
salle et va s'asseoir au banc du gouverne-
ment, les députés, debout, l'acclament.
Un instant les regards se tournent cu-
rieusement vers les bancs communistes où
M. Marcel Cachin vient de s'asseoir entre
MM. André Berthon et Alexandre Blanc.
Debout, dans l'hémicycle. M. Le Provost
de Launay proteste an milieu du bruit
contre la présence de Ni. Cachin.
MM. Le Provost de Launay, Taittinger. le
colonel Picot. le bras tendu vers l'extrême
gauche, crient «Sortez, sortez ». Tandis
qu'on applaudit à droite et au rentre* des
clameurs s'élèvent à gauche. M. Péret tente
en vain de se faire entendre pour com-
mencer son allocution. Les clameurs se
proiongent.
M. PÉRET. Vous savez bien que consti-
tutionnellemenl. nous n'avons aucun moyen
d'empêcher cette présence. {Applaudissement».)
ALLOCUTION DE M. RAOUL PÉRET
Enfin, une accalmie se fait et M. Péret
prononce son allocution. Il remercie l'As-
samblée, félicite le bureau d'âge et donne
aux orateurs des oonseils de concision et
de sobriété vivement applaudis. Il pour-
suit
Affaiblirions-nous donc l'éclat de la tribune
française en demandant qu'on en gravisse
moins fréquemment les degrés ? Nul n'oserait
le prétendre. La mesure, la simplicité, la con-
cision, seront toujours parmi les formes supé-
rieures du talent.
Témoins de graves événements, de faits his-
toriques dont la portée, pour l'avenir des peu-
est incalculable, noue devons conserver
la maîtrise de nos paroles et de nos actes et
ju,ger la situation avec rectitude et sanff-froid.
La nation nous offre le plus noble exemple
calme et résolue, la France est debout pour la
défense de ses droits.
Après les cruelles souffrances de la guerre,
qjKf d'épreuves la paix lui aura imposées, et
.6$irtiuit qutlle admirable tenue morale que
£3a sienne 1 Ampuiation de la créance des vic-
times de l'agression, ajournements successifs
des versements" ou de la prise de garanties
positives, elle a tout accepte tous ses gestes
ont été de prudence et de conciliation, et
alors que, pac une iniquité révoltante, un
l'accusait de semer des germes de conflit,
elle approuvait ouvertement ses négociateurs
de rechercher des solutions équitables.
Futile ses alliances, à toutes ses. alliances,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.47%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.47%.
- Collections numériques similaires Villemessant Hippolyte de Villemessant Hippolyte de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Villemessant Hippolyte de" or dc.contributor adj "Villemessant Hippolyte de")
- Auteurs similaires Villemessant Hippolyte de Villemessant Hippolyte de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Villemessant Hippolyte de" or dc.contributor adj "Villemessant Hippolyte de")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k605261n/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k605261n/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k605261n/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k605261n/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k605261n
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k605261n
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k605261n/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest