le Petit Journal
a
pour nourrir six enfants et leur mère, qu'un
nomme usé par le travail. Gauthier, sans
une plainte, ordonna les préparatifs de dé-
part, recommanda à ses trois fils de se con-
duire en braves soldats, les embrassa et leur
dit adieu. Sur le pas de la porte, il les suivait
des yeux jusqu'au détour de la rue, puis,
tout à côuptombaà la renverse; il étaitmort
foudroyé par le chagrin.
a Bien que Gauthier, dit le compte rendu
ne soit pas mort pour la défense du pays, le
comité a cru faire acte de justice en adoptant
ses-six enfants en bas âge.
Ott se souvient qu'une souscription avait
été ouverte, dans le ressort da l'Académie de
Montpellier, en faveur d'enfants de l'Alsace-
Lorraine le produit s'est élevé à plus de
40 000 fr.
il a été employé à la fondation à perpé-
tuité, de trois bourses d'internes dans les ly-
cées de Montpellier, Nîmes et Carcassonne.
Les bourses sont applicables en premier
lieu, à des enfants d'origine alsacienne ou
lorraine; puis, à défaut de candidats de cette
origine, à des enfants nés dans les départe-
mentis éprouvés par la guerre.
PARIS
La journée d'hier a été froide, humide et
désagréable. La neige s'est transformée, le
matin, en une espèce de bouillie, moitié gla-
cée, moitié fondue, qui a rendu la circu-
lation très difficile. Nombre d'accidents sont
arrivés aux chevaux.
Vers onze heures, il y a eu du dégel, mais
la neige a recommencé à tomber par inter-
valles ét en petite quantité.
Ce temps n'était pas de nature à favoriser
la mi-carême et la royauté des souveraines
des lavoirs a été plus éphémère que jamais.
Pas de bateaux pavoises, quelques rares voi-
tures de blanchisseuses et d'autres à récla-
mes, c'était tout.
La tourmente de neige ne paraît pas ter-
M. Sainte-Claire Deville, si bon prophète
la première fois, annonce comme probable
un abaissement de la température aux mois
d'avril et de mai toujours placé entre le 9
et le 13.
Avis aux agriculteurs et horticulteurs.
L'incident Emile Ollivier a occupé hier
l'Académie française, réunie en séance ordi-
naire,
L'Assemblée était très nombreuse; M.
Emile Ollivier ne s'est pas présenté.
Il a été décidé qu'une lettre officielle serait
adressée à l'aca iémicien. Par cette lettre, M.
Ollivier serait invité à assister aux réunions
de l'Académie francaise, avec tous les droits
que lui donne l'élection.
L'Académie ne revient pas sur sa décision;
il n'y aura pas ae réception solennelle.
L'incident sera ainsi vidé, que l'ancien mi-
nistre du 2 janvier se rende aux séances ou
qu'il s'abstienne.
On jugeait hier, au Palais, une bande de
marchands de faux timbres-vignettes pour
paquets d'allumettes. Un jugement sévere a
trappé ces individus.
Ils ont été condamnés à des peines variant
ie six mois à trois ans de prison pour col-
;reiaçon des marques de la régie, usage des-'
:lites marques contrefaites, complicité et re-
Get exemple contribuera probablement à
mettre un terme aux fraudes nombreuses
,.lui se produisent depuis l'impôt sur les allu-
Parmi les députations qui se sont rendues
oes derniers jours à la statue de Jeanne Darc,
il faut citer les conscrits alsaciens-lorrains
qui ont tiré au sort dans le 11° arrondisse-
ment. Chantant des hymnes patriotiques en
idiome alsacien, ils sont arrivés devant la
statue sur laquelle ils ontdéposé uue grande
̃vouronue de fleurs.
Vers trois heures, hier soir, un incendie
s'est déclaré chez un brocanteur, rue de
Feuittâton du 14 Mars 1874
LE ROI DE CORSE
çbj 28 RIVALES.
CHAPITRE VIII
Le couronnement
• Suite
Théodore insista peu.
C'est une âme de martyr, dit-il à Fré-
'm iéric, laissons-le suivre sa voie.
Il avait pourtant obtenu que Dominique
ne quitterait pas la cour avant le couronne-
ment, et qu'il se chargerait de ce discours do
circonstance, qui doit rappeler au roi et au
peuple leurs devoirs réciproques,
Dominique montait donc, recueilli en lui-
même, demandant au ciel des paroles inspi-
rées, pour jeter à la foule tout l'amour de son
1me. Un homme monta derrière lui.
Descendez! fit celui-ci avec hauteur.
Dominique s'inclina.
Pardonnez-moi, monseigneur, mais c'est
impossible.
Je vous l'ordonne.
Je suis forcé de vous désobéir, monsei-
gneur, car je suis ici par ordre du roi.
Je suis forcé de vous chasser, répondit
l'évêque d'Aiérià, car je suis ici par ordre de
Dieu.
l'Hôtel-de-Ville. Le feu a commencé on ne
sait comment, dans un magasin attenant
à la boutique et renfermant quantité de vieux
chiffons, et a pris, en peu d'instants, de gran-
des proportions.
Les pompiers sont arrivés sur le lieu du
sinistre etont combattu vigoureusement l'in-
cendie,qui menaçait de se communiquer aux
habitations voisines. Après deux heures de
travail, on était complétement maître du feu.
Tout le mobilier et les marchandises avaient
été la proie des flammes. Rien n'était assuré.
Pendant qu'on cherche à Paris l'assassin
de la rue Biondel, il est, si nous en croyons
le Progrès de l'Oise, sur la route de la Bel-
gique.
Hier, dit ce journal, un inspecteur de po-
lice arrivait à Compiègne et faisait une per-
quisition dans plusieurs auberges de la ville,
mais sans aucun résultat. Ce qui paraît dé-
montré, c'est que l'individu que l'on recher-
che se serait présenté à la brasserie de M.
Félix Ancel, où il reçut une aumône, puis
chez M. bièmer, brasseur à Margny.
Le même individu a visité à Saint-Quentin
plusieurs établissements semblables, et il
s'est dirigé sur la Belgique.
Les investigations se poursuivent active-
ment, et quoique supposé à l'étranger, on
espère pouvoir se mettre sur ses traces et,
avec la loi sur l'extradition en matière cri-
minelle, se rendre maître de sa personne. »
Unindividu boitant fortement et ayant un
pied entouré de linges, entrait hier soir, à
onze heures, chez le sieur L. pharmacien,
rue Poulet.
Celui-ci se mit eu devoir d'examiner la
blessure.
Quand il fut baissé, l'individu le saisit par
la nuque et essaya de le terrasser,
Aux cris du pharmacien, le garçon accou-
rut et, avec l'aide de son patron, il maîtrisa
l'aggresseur.
Pendant qu'on allait chercher les agents,
celui-ci se servit très habilement de sa pré-
tendue jambe malade pour renverser le sieur
L. et soudain redevenant ingambe,ils'en-
fuit si lestement sans qu'on parvint à le re-
joindre.
La nuit dernière, des malfaiteurs se sont
introduits à l'aide d'etlractian, dans la bouti-
que d'un marchand de vin de la chaussée du
Maine. Après avoir forcé le comptoir dans le-
quel se trouvaient une centaine de francs,
ontils se sont emparés, ils ont, en furetant
de tous côtés, découvert dans la cuisine des
côtelettes et d'autres vivres. Avec un sang-
froid et une audace incroyables, ils ont al-
lumé le fourneau, accommodé leurs victuail-
les et dressé la table, sur laquelle ou a trou-
vé, le matin, avec les restes du repas, nom-
bre de bouteilles vides.
L'AFFAIRE DE LA RUE DE YAUGIR4RD
Dans la rue do Vaugirard vivait, depuis
quelque temps, un jeune ménage qui était
des plus unis et des plus heureux.
Le mari, cocher de son état, gagnait de
quoi subvenir aux besoins commuus la
jeune femme, de son côté, travaillait. Dans le
petit logement, tout respirait l'aisance et la
satisfaction, qu'allait encore augmenter la
venue d'un enfant prochainement attendu
dans ont le voisinage, on citait et on admi-
rait les deux époux.
Qu'est-ce qui est venuetroubler la sérénité
de ce ciel pur ? On ne sait. Quoi qu'il en soit,
dans la nuit du mercredi, vers deux heures
du matin, on entendit tout à coup dans la
maison descrislamentables, déchirants, d'une
voix de t urne A moi au secours!
A ces cris se mêlaient des menaces et le
bruit d'une lutte; bientôtquelqueslocataires,
qui s'étaient levés, se trouvèrent devant le
logement des jeunes époux d'où partàit le
bruit l'un des locataires, un ouvrier ciseleur,
enfonça la porte il recula épouvanté.
La jeune femme était étendue sanglante
sur le parquet, et son mari se tournait vers
les arrivants un long couteau à la main.
Il se fraya un passage, et descendit le cin-
La foule regardait ces deux hommes, sen-
tant qu'il se passait là quelque chose d'inat-
tendu, mais ne comprenant. pas. Lesdernières
paroles de l'évêque, dites à haute voix, tom-
bèrent. sur elle comme une menace.
En mêmes temps, Dominique s'affaissa sans
pousser un cri, et roula le long de l'escalier
de la chaire qui se rougit de son sang.
Mgr d'Alôria l'avait poignardé
Allez! enfants de Dieu! cria I'évêque d'une
voix tonnante.
Alors, dans la nef, des cris se firent enten-
dre, et une mêlée indescriptible s'en suivit.
Les fidèles, sa.sis d'une panique folle, vou-
lurent fuir. Mais les soldats iermèrent les
portes de l'église; s'il y avait trahison, il fal-
lait arrêter les coupables.
Au signal de l'évêque, le moine le plus
rapproché de Théodore s'était précipité sur
lui, le poignard levé, et avec la rapidité de
l'éclair. (:e moine avait la main prompte et
sûre il devait être jeune et ardent.
La lame de son poignard se brisa sur la
poitrine du roi.
Malédiction! s'écria-t-il, le lâche avait
peur
Et arrachant l'arme d'un conjuré, qui avan-
cait à son tour
Non, c'est moi qui le frapperail dit l'as-
sassin.
Aux accents de cette voix, Théodore tres-
saillit mais il était en garde désormais, et
s'était placé devait poignard à là
quième étage, sans que l'on songeât à le
poursuivre.
Le bruit avait attiré des gardiens delà paix
de service rue de Vaugirard.
Le concierge, qui les voyait de sa fenêtre,
ouvrit et leur cria d'arrêter l'homme qui al-
lait sortir.
Au moment où le meurtrier quittait la
maison, il fut saisi au collet, désarmé, et
ensuite mené au poste de la place Saint-
Sulpice
Amené le matin chez M. Cazaneuve, com-
missaire de police, il a refusé de dire les
motifs qui l'ont poussé à cette tentative cri-
minelle
Il n'a cessé de verser d'abondantes larmes
et demande des nouvelles de sa femme.
Celle-ci a reçu des soins d'un médecin du
quartier qui a constaté que deux coups de
couteau qu'elle avait reçus, l'un à la tempe
gauche et l'autre dans la nuque, n'étaient
point mortels. Son état.n'en est pas moins
très grave.
M. Régnier fait démentir le bruit de sa démission
de directeur de la scène du Théâtre-Français, la-
quelle démission aurait été donnée à la suite d'une
discussion pendant les répétitions du Shhin.x, de
M. Octave Feuillet.
M. Régnier n'a eu aucune discussion à la Comé-
dir-Française et n'a pas songé un seul instant à ré-
signer les fonctions qu'il remplit à ce théâtre.
X Ce soir, au Théâtre-Cluny, première représen-
tation de la Femme de Paillasse, drame en six actes,
de M. Xavier de lIontépin, avec le concours de M.
Charly, de la Porte-Saint-Martiti, de Mines Picard,
de l'Odéon, et de Géraudon, des Variétés.
X La première représentation de la Jeunesse de
Louis XIV, à l'Odéon, est annoncée pour samedi
irrévocablement. Dans le cas où M. Lafontaine
ne serait pas complétement remis, il aurait pour
suppléant dans le rôle de Mazarin, M. Gilles Naza,
artiste connu par de grands succès à Bruxelles,
où il a été pendant plusieurs années directeur du
théâtre Molière.
X On active à l'Opéra-Comique les représenta-
tions de itlarie-dlagdeleine, dont la première audition
sera donnée la semaine prochaine.
X Nous avons dit que MM. Luis et Demortreux
succédaient à M. Kiener dans la direction du petit
théâtre Saint-Laurent. On nous prie d'annoncer que
M. Demortreux, seul, est aujourd'hui à la tète de ce
théâtre.
X Demain samedi aura lieu au Cirque d'hiver la
dernière représentation des lions du dompteur Coo-
per. A dix heures du soir, le dompteur servira le
repas de ses pensionnaires.Ce spectacle inusité ne
saurait manquer d'avoir du succès.
X Les nouveaux gymnasiarques anglais, les frères
Niblo et les Fausses Aimées, musique nouvelle d'O-
livier Métra, obtiennent un succès fou aux Folies-
Bergère. L'affiche actuelle parait devoir conduire ce
théâtre jusqu'à l'époque de sa fermeture annuelle.
CHARLES DARCOURS*
L'OGRE SAVOYARD
CHAMBRE DES APPELS CORRECTIONNELS
PRÉSIDENCE DE M. DE LA FAÏÏLOTTB
Audience du mars
Certes, il est bien intéressan; le petit Sa
voyard, vu à travers l'élégie du poëte Gui-
raud. C'est l'hiver, tout le jour il a trottiné
par la boue, par la neige son pauvre corps
chétif est bleu de froid sous ses haillons, il
grelotte. Epuisé de fatigue, il s'aflaisse en
un coin, tendant sa main à la charité
4'ai faim; vous qui passez daignez me secourir.
Envisagé au point de vue brutal do la réa-
lité, le sort de ces parias de l'enfance appa-
raît cepeudant plus lamentable encore.'
L'odieuse exploitation dont ils sont 1 objet
de la part de maîtres qui ne voient en eux
que le profit qu'ils en peuvent tirer, dépasse
parfois les limites de l'imagination la plus
accessible à l'attenclrissemunt.
Aussi la conscience publique ne peut-elle
qu'applaudir quand la justice frappe un de
ses spéculateurs dont la barbarie s'exerce
sur les jeunes infortunés.
Tel est le cas de Falcoz (Pierre Joseph) qui,
il y a quelques mois, partait de Saint-Jean-
de-Maurienne à la tête d'une bande de ra-
moneurs âgés de neuf à dix ans. Pour Falcoz
Barbera d'Orezza, dit-il, en décrivant au-
lourde lui un cercle rapide, ta vendetta n'est
pas loyale, c'est pourquoi sans doute Dieu,
qui laréprouve, te condamne une fois déplus
à me devoir la vie.
Les généraux, qui se tenaient au pied de
l'estrade, en avaient fran hi les degrés; Fré-
déric était au premier rang. quoi qu'il eût
reçu déjà un coup de poignard à l'épaule.
Barbera, se voyant reconnue, rejeta son
capuchon; elle tira un revolver, caché dans
sa robe de moine, et, frémissante sous l'in-
jure du roi, car c'en était une terrible p.mr
elle, lit feu sur lui, presque à bout portant.
La balle épargna le monarque, et cassa le
bras d'Alessandiïni qui laissa tomber son
arme.
Les dames d'honneur jetaient des cris
perçants, et cherchaient à fuir. Renée se ser-
raiteontre Marianne qui voulait la couvrir de
son corps, mais elle ne laissait échapper ni
un cri, ni un mouvement de frayeur. Pâle,
le regard ouvert, la lèvre contractée, elle at-
tendait la fin de cette lutte impie, compre-
nant peut-être que la place la plus sûre pour
elle était auprès de son mari.
Plusieurs des conjurés étaient tombés
trappes mortellement les autres pliaient
sous le nombre, et songeaient à se dérober.
Seule, Barbera et un autre moine à barbe
blonde, qui ne la quittait pas, luttaient tou-
jours.
La reine des vagues ne pouvant atteindre
leroi, tournait peu
ie ramonage n'est qu'un prétexte la vérita.
ble profession à laquelle il vouait ces mal.
heureux enfants, c'était la mendicité.'
Un petit sou me rend la vie.
Le petit sou devait se renouveler fréquem-
ment en un jour, en faveur des pensionnai-
res de cet industriel sans scrupules, car cha-
cun d eux était tenu de rapporter quotidien-
iT* n* au logis une somme qui variait entre
riode°aeei'anïée!UiVant l6S localités et la
Au mois de janvierdernier, la petite troupe
ambulante exerçait à Provins soit que la
population de cette ville fût réputée scepti-
que a 1 égard des petits Savoyards, soit tout
simplement en conséquence du vide que les
débours du premier de l'an avaient creusé
dans les porte-monnaie, Palcoz avait, par
exception, réduit à vingt sous la recette que
ses élèves devaient lui verser chaque soir.
Cette réduction, paraît-il, constituait à ses
yeux un large sacrifice, car il se montrait
impitoyable, privant de nourriture, et bat-
tant comme plâtre ceux qui ne rapportaient
qu'un tribut inférieur.
C'est ainsi que le 30 janvier, au cours de
la soirée, M. le maire de Provins rencon-
trant un entant qui pleurait et l'interrogeant
sur sa présence dans la rue à cette heure
avancée, apprit du jeune Berger que son pa.
tron s était refusé à le loger parce qu'il n'a-
vait réussi à recueillir que onze sous.
Une enquête fut ouverte; elle amena d'in,
croyables révélations, ainsi qu'on en pourra
juger par cet extrait des témoignages.
Les mauvais traitements que Falcoz fait subir à
ses jeunes victimes se renouvellent chaque soir avec
une recrudescence de rigueur. Cet homme est im-
pitoyable, frappant avec sauvagerie les enfants dont
il n'est pas satisfait, il les contraint à mendier,
Dans le montant qu'il leur fixe, le pain ne compta
pas; il faut qu'ils rapportent la somme entière en
argent; ils ont ordre de s'adresser surtout aux dames.
Ceux qui no remettent pas le chiffre exigé par
Falcoz ne mangent rien ils reçoivent des coups, le
plus souvent assenés avec une lanière de cuir, d'au^
tres fois avec les pieds et les poings.
L'un de ces petits ramoneurs a dû, comme puni-
tion, passer la nuit tout nu sur de la paille. Un autre
a été contraint à un long jeûne. Berger a été forcé
de coucher dans un cabinet glacial. sur un tas da
suio.
S'étant enfui, il passa deux nuits dehors Falcoz.
le reprit, le ramena* chez lui. le déshabilla et le cin-
gla violemment avec une ceinture dont la boucle en
acier arrachait les chairs de l'enfant. Ponr étouffer
ses cris, il lui mettait la main sur la bouche.
Berger ayant été l'objet d'une expertise médicale,
le docteur constata sur son corps les traces de cin-
quante-quatre coups, produits par la courroie, la
boucle en fer et l'ardillon. Certaines empreintes
avaient dix centimètres d'étendue. Les reins, les bras
étaient couverts de contusions; une plaie sanglante,
large comme la main, affectait la région lombaire.
c'était effrayant.
Outre ces sévices, Falcoz infligeait aux petits ra-
moneurs l'obligation de franchir à. pied de longues
distances très-rapidement, pour aller d'une ville dans
l'autre. Il prétendait que c'était à eux de le nourrir.
En une seule journée, les enfants ont fait 48 kilo-
mètres.
Arrêtons-nous. Ces détails font frémir. Ils
justifient, et au delà la condamnation à
deux années d'emprisonnement infligée à
Falcoz le 12 février.
Le condamné, faisant appel de ce juge-
ment, cherchait hier à se justifier. Ce grand
gaillard, de trente ans à peu près, à la car-
rure épaisse, au visage farouçhe se préten-
dait en butte aux persécutions de ses élèves.
A l'entendre, c'est lui qui serait la victime.
L'ACCUSÉ. Les petits ne me rapportaient pas tou
ce qu'ils gagnaient; je les surprenais souvent s'a-
chetant des friandises ou jouant aux sous. Ils allaientt
même jusqu'à me soustraire de l'argent que je lais-
sais chez moi, ne défiant pas d'eux. Un jour.,
Berger a forcé un coffret dans lequel j'avais déposé
une somme que je n'ai plys retrouvée.
M. LE PRÉSIDENT -vous n'avez rien dit de sem-
blable jusqu'à présent; ce récit, du reste, n'excu-
serait nullement vos cruautés. Vous avez commis
des actes de violence sans nom sur des enfants qui
vous étaient confies.
l'accusé.– Leurs parents m'avaient dit de les cor-
riger.
ni. LE président. Ce n'était pas un motif pour
les rouer de coups.
Les juges d'appel ont confirmé l'arrêt des
premiers juges.
Pierre-Joseph Falcoz garde ses deux ans
de prison.
1 rivale, que lui cachait un triple rang de dé-
lenseurs. Sa rage touchait au paroxysme si
Théodore ne l'eût protégée, tout en se défen-
dant contre plie, elle eût été tuée vingt lois.
Le vieil évèque d'Ajaccio qui officiait, sur-
pris d'abord par cette brusque attaque, avait
bientôt recouvré son sang.froid. 11 ouvrit le
tabernacle, prit le saint-sacrement, et s'a-
combattants.
Soit que les conjurés, se voyant perdus,
trouvassent dans l'action de i'*vêque un
moyen de finir la lutte, soit que vraiment la
présence de leur Dieu, ainsi évoqué, eût
apaisé leur cœur et frappé leur conscience,
ils baissèrent leurs armes et courbèrent le
front.
Barlera et son compagnon restaient seuls
debout. Ils furent désarmés.
En ce moment, Renée se retourna. Elle
avait cruentendre milégerbruitderrièreelle.
Un h'^nime s'était glissé dans la nef pen-
dant le tumulte; il essayait d'arriver par der-
rière, jusqu'à la hauteur de l'estrade qui n'a-
vait pas de degrés de ce côté-là. En se cram-
ponnant à l'un des piliers, il était parvenu à
se hisser derrière les deux soeurs.
Cet homme portait la robe violette des éyê-
ques il avait à la main le poignard des con-
jurés. Faute de mieux, il était le maître do
là vie.de la reine, de cette rivale détestée d$
a
pour nourrir six enfants et leur mère, qu'un
nomme usé par le travail. Gauthier, sans
une plainte, ordonna les préparatifs de dé-
part, recommanda à ses trois fils de se con-
duire en braves soldats, les embrassa et leur
dit adieu. Sur le pas de la porte, il les suivait
des yeux jusqu'au détour de la rue, puis,
tout à côuptombaà la renverse; il étaitmort
foudroyé par le chagrin.
a Bien que Gauthier, dit le compte rendu
ne soit pas mort pour la défense du pays, le
comité a cru faire acte de justice en adoptant
ses-six enfants en bas âge.
Ott se souvient qu'une souscription avait
été ouverte, dans le ressort da l'Académie de
Montpellier, en faveur d'enfants de l'Alsace-
Lorraine le produit s'est élevé à plus de
40 000 fr.
il a été employé à la fondation à perpé-
tuité, de trois bourses d'internes dans les ly-
cées de Montpellier, Nîmes et Carcassonne.
Les bourses sont applicables en premier
lieu, à des enfants d'origine alsacienne ou
lorraine; puis, à défaut de candidats de cette
origine, à des enfants nés dans les départe-
mentis éprouvés par la guerre.
PARIS
La journée d'hier a été froide, humide et
désagréable. La neige s'est transformée, le
matin, en une espèce de bouillie, moitié gla-
cée, moitié fondue, qui a rendu la circu-
lation très difficile. Nombre d'accidents sont
arrivés aux chevaux.
Vers onze heures, il y a eu du dégel, mais
la neige a recommencé à tomber par inter-
valles ét en petite quantité.
Ce temps n'était pas de nature à favoriser
la mi-carême et la royauté des souveraines
des lavoirs a été plus éphémère que jamais.
Pas de bateaux pavoises, quelques rares voi-
tures de blanchisseuses et d'autres à récla-
mes, c'était tout.
La tourmente de neige ne paraît pas ter-
M. Sainte-Claire Deville, si bon prophète
la première fois, annonce comme probable
un abaissement de la température aux mois
d'avril et de mai toujours placé entre le 9
et le 13.
Avis aux agriculteurs et horticulteurs.
L'incident Emile Ollivier a occupé hier
l'Académie française, réunie en séance ordi-
naire,
L'Assemblée était très nombreuse; M.
Emile Ollivier ne s'est pas présenté.
Il a été décidé qu'une lettre officielle serait
adressée à l'aca iémicien. Par cette lettre, M.
Ollivier serait invité à assister aux réunions
de l'Académie francaise, avec tous les droits
que lui donne l'élection.
L'Académie ne revient pas sur sa décision;
il n'y aura pas ae réception solennelle.
L'incident sera ainsi vidé, que l'ancien mi-
nistre du 2 janvier se rende aux séances ou
qu'il s'abstienne.
On jugeait hier, au Palais, une bande de
marchands de faux timbres-vignettes pour
paquets d'allumettes. Un jugement sévere a
trappé ces individus.
Ils ont été condamnés à des peines variant
ie six mois à trois ans de prison pour col-
;reiaçon des marques de la régie, usage des-'
:lites marques contrefaites, complicité et re-
Get exemple contribuera probablement à
mettre un terme aux fraudes nombreuses
,.lui se produisent depuis l'impôt sur les allu-
Parmi les députations qui se sont rendues
oes derniers jours à la statue de Jeanne Darc,
il faut citer les conscrits alsaciens-lorrains
qui ont tiré au sort dans le 11° arrondisse-
ment. Chantant des hymnes patriotiques en
idiome alsacien, ils sont arrivés devant la
statue sur laquelle ils ontdéposé uue grande
̃vouronue de fleurs.
Vers trois heures, hier soir, un incendie
s'est déclaré chez un brocanteur, rue de
Feuittâton du 14 Mars 1874
LE ROI DE CORSE
çbj 28 RIVALES.
CHAPITRE VIII
Le couronnement
• Suite
Théodore insista peu.
C'est une âme de martyr, dit-il à Fré-
'm iéric, laissons-le suivre sa voie.
Il avait pourtant obtenu que Dominique
ne quitterait pas la cour avant le couronne-
ment, et qu'il se chargerait de ce discours do
circonstance, qui doit rappeler au roi et au
peuple leurs devoirs réciproques,
Dominique montait donc, recueilli en lui-
même, demandant au ciel des paroles inspi-
rées, pour jeter à la foule tout l'amour de son
1me. Un homme monta derrière lui.
Descendez! fit celui-ci avec hauteur.
Dominique s'inclina.
Pardonnez-moi, monseigneur, mais c'est
impossible.
Je vous l'ordonne.
Je suis forcé de vous désobéir, monsei-
gneur, car je suis ici par ordre du roi.
Je suis forcé de vous chasser, répondit
l'évêque d'Aiérià, car je suis ici par ordre de
Dieu.
l'Hôtel-de-Ville. Le feu a commencé on ne
sait comment, dans un magasin attenant
à la boutique et renfermant quantité de vieux
chiffons, et a pris, en peu d'instants, de gran-
des proportions.
Les pompiers sont arrivés sur le lieu du
sinistre etont combattu vigoureusement l'in-
cendie,qui menaçait de se communiquer aux
habitations voisines. Après deux heures de
travail, on était complétement maître du feu.
Tout le mobilier et les marchandises avaient
été la proie des flammes. Rien n'était assuré.
Pendant qu'on cherche à Paris l'assassin
de la rue Biondel, il est, si nous en croyons
le Progrès de l'Oise, sur la route de la Bel-
gique.
Hier, dit ce journal, un inspecteur de po-
lice arrivait à Compiègne et faisait une per-
quisition dans plusieurs auberges de la ville,
mais sans aucun résultat. Ce qui paraît dé-
montré, c'est que l'individu que l'on recher-
che se serait présenté à la brasserie de M.
Félix Ancel, où il reçut une aumône, puis
chez M. bièmer, brasseur à Margny.
Le même individu a visité à Saint-Quentin
plusieurs établissements semblables, et il
s'est dirigé sur la Belgique.
Les investigations se poursuivent active-
ment, et quoique supposé à l'étranger, on
espère pouvoir se mettre sur ses traces et,
avec la loi sur l'extradition en matière cri-
minelle, se rendre maître de sa personne. »
Unindividu boitant fortement et ayant un
pied entouré de linges, entrait hier soir, à
onze heures, chez le sieur L. pharmacien,
rue Poulet.
Celui-ci se mit eu devoir d'examiner la
blessure.
Quand il fut baissé, l'individu le saisit par
la nuque et essaya de le terrasser,
Aux cris du pharmacien, le garçon accou-
rut et, avec l'aide de son patron, il maîtrisa
l'aggresseur.
Pendant qu'on allait chercher les agents,
celui-ci se servit très habilement de sa pré-
tendue jambe malade pour renverser le sieur
L. et soudain redevenant ingambe,ils'en-
fuit si lestement sans qu'on parvint à le re-
joindre.
La nuit dernière, des malfaiteurs se sont
introduits à l'aide d'etlractian, dans la bouti-
que d'un marchand de vin de la chaussée du
Maine. Après avoir forcé le comptoir dans le-
quel se trouvaient une centaine de francs,
ontils se sont emparés, ils ont, en furetant
de tous côtés, découvert dans la cuisine des
côtelettes et d'autres vivres. Avec un sang-
froid et une audace incroyables, ils ont al-
lumé le fourneau, accommodé leurs victuail-
les et dressé la table, sur laquelle ou a trou-
vé, le matin, avec les restes du repas, nom-
bre de bouteilles vides.
L'AFFAIRE DE LA RUE DE YAUGIR4RD
Dans la rue do Vaugirard vivait, depuis
quelque temps, un jeune ménage qui était
des plus unis et des plus heureux.
Le mari, cocher de son état, gagnait de
quoi subvenir aux besoins commuus la
jeune femme, de son côté, travaillait. Dans le
petit logement, tout respirait l'aisance et la
satisfaction, qu'allait encore augmenter la
venue d'un enfant prochainement attendu
dans ont le voisinage, on citait et on admi-
rait les deux époux.
Qu'est-ce qui est venuetroubler la sérénité
de ce ciel pur ? On ne sait. Quoi qu'il en soit,
dans la nuit du mercredi, vers deux heures
du matin, on entendit tout à coup dans la
maison descrislamentables, déchirants, d'une
voix de t urne A moi au secours!
A ces cris se mêlaient des menaces et le
bruit d'une lutte; bientôtquelqueslocataires,
qui s'étaient levés, se trouvèrent devant le
logement des jeunes époux d'où partàit le
bruit l'un des locataires, un ouvrier ciseleur,
enfonça la porte il recula épouvanté.
La jeune femme était étendue sanglante
sur le parquet, et son mari se tournait vers
les arrivants un long couteau à la main.
Il se fraya un passage, et descendit le cin-
La foule regardait ces deux hommes, sen-
tant qu'il se passait là quelque chose d'inat-
tendu, mais ne comprenant. pas. Lesdernières
paroles de l'évêque, dites à haute voix, tom-
bèrent. sur elle comme une menace.
En mêmes temps, Dominique s'affaissa sans
pousser un cri, et roula le long de l'escalier
de la chaire qui se rougit de son sang.
Mgr d'Alôria l'avait poignardé
Allez! enfants de Dieu! cria I'évêque d'une
voix tonnante.
Alors, dans la nef, des cris se firent enten-
dre, et une mêlée indescriptible s'en suivit.
Les fidèles, sa.sis d'une panique folle, vou-
lurent fuir. Mais les soldats iermèrent les
portes de l'église; s'il y avait trahison, il fal-
lait arrêter les coupables.
Au signal de l'évêque, le moine le plus
rapproché de Théodore s'était précipité sur
lui, le poignard levé, et avec la rapidité de
l'éclair. (:e moine avait la main prompte et
sûre il devait être jeune et ardent.
La lame de son poignard se brisa sur la
poitrine du roi.
Malédiction! s'écria-t-il, le lâche avait
peur
Et arrachant l'arme d'un conjuré, qui avan-
cait à son tour
Non, c'est moi qui le frapperail dit l'as-
sassin.
Aux accents de cette voix, Théodore tres-
saillit mais il était en garde désormais, et
s'était placé devait poignard à là
quième étage, sans que l'on songeât à le
poursuivre.
Le bruit avait attiré des gardiens delà paix
de service rue de Vaugirard.
Le concierge, qui les voyait de sa fenêtre,
ouvrit et leur cria d'arrêter l'homme qui al-
lait sortir.
Au moment où le meurtrier quittait la
maison, il fut saisi au collet, désarmé, et
ensuite mené au poste de la place Saint-
Sulpice
Amené le matin chez M. Cazaneuve, com-
missaire de police, il a refusé de dire les
motifs qui l'ont poussé à cette tentative cri-
minelle
Il n'a cessé de verser d'abondantes larmes
et demande des nouvelles de sa femme.
Celle-ci a reçu des soins d'un médecin du
quartier qui a constaté que deux coups de
couteau qu'elle avait reçus, l'un à la tempe
gauche et l'autre dans la nuque, n'étaient
point mortels. Son état.n'en est pas moins
très grave.
M. Régnier fait démentir le bruit de sa démission
de directeur de la scène du Théâtre-Français, la-
quelle démission aurait été donnée à la suite d'une
discussion pendant les répétitions du Shhin.x, de
M. Octave Feuillet.
M. Régnier n'a eu aucune discussion à la Comé-
dir-Française et n'a pas songé un seul instant à ré-
signer les fonctions qu'il remplit à ce théâtre.
X Ce soir, au Théâtre-Cluny, première représen-
tation de la Femme de Paillasse, drame en six actes,
de M. Xavier de lIontépin, avec le concours de M.
Charly, de la Porte-Saint-Martiti, de Mines Picard,
de l'Odéon, et de Géraudon, des Variétés.
X La première représentation de la Jeunesse de
Louis XIV, à l'Odéon, est annoncée pour samedi
irrévocablement. Dans le cas où M. Lafontaine
ne serait pas complétement remis, il aurait pour
suppléant dans le rôle de Mazarin, M. Gilles Naza,
artiste connu par de grands succès à Bruxelles,
où il a été pendant plusieurs années directeur du
théâtre Molière.
X On active à l'Opéra-Comique les représenta-
tions de itlarie-dlagdeleine, dont la première audition
sera donnée la semaine prochaine.
X Nous avons dit que MM. Luis et Demortreux
succédaient à M. Kiener dans la direction du petit
théâtre Saint-Laurent. On nous prie d'annoncer que
M. Demortreux, seul, est aujourd'hui à la tète de ce
théâtre.
X Demain samedi aura lieu au Cirque d'hiver la
dernière représentation des lions du dompteur Coo-
per. A dix heures du soir, le dompteur servira le
repas de ses pensionnaires.Ce spectacle inusité ne
saurait manquer d'avoir du succès.
X Les nouveaux gymnasiarques anglais, les frères
Niblo et les Fausses Aimées, musique nouvelle d'O-
livier Métra, obtiennent un succès fou aux Folies-
Bergère. L'affiche actuelle parait devoir conduire ce
théâtre jusqu'à l'époque de sa fermeture annuelle.
CHARLES DARCOURS*
L'OGRE SAVOYARD
CHAMBRE DES APPELS CORRECTIONNELS
PRÉSIDENCE DE M. DE LA FAÏÏLOTTB
Audience du mars
Certes, il est bien intéressan; le petit Sa
voyard, vu à travers l'élégie du poëte Gui-
raud. C'est l'hiver, tout le jour il a trottiné
par la boue, par la neige son pauvre corps
chétif est bleu de froid sous ses haillons, il
grelotte. Epuisé de fatigue, il s'aflaisse en
un coin, tendant sa main à la charité
4'ai faim; vous qui passez daignez me secourir.
Envisagé au point de vue brutal do la réa-
lité, le sort de ces parias de l'enfance appa-
raît cepeudant plus lamentable encore.'
L'odieuse exploitation dont ils sont 1 objet
de la part de maîtres qui ne voient en eux
que le profit qu'ils en peuvent tirer, dépasse
parfois les limites de l'imagination la plus
accessible à l'attenclrissemunt.
Aussi la conscience publique ne peut-elle
qu'applaudir quand la justice frappe un de
ses spéculateurs dont la barbarie s'exerce
sur les jeunes infortunés.
Tel est le cas de Falcoz (Pierre Joseph) qui,
il y a quelques mois, partait de Saint-Jean-
de-Maurienne à la tête d'une bande de ra-
moneurs âgés de neuf à dix ans. Pour Falcoz
Barbera d'Orezza, dit-il, en décrivant au-
lourde lui un cercle rapide, ta vendetta n'est
pas loyale, c'est pourquoi sans doute Dieu,
qui laréprouve, te condamne une fois déplus
à me devoir la vie.
Les généraux, qui se tenaient au pied de
l'estrade, en avaient fran hi les degrés; Fré-
déric était au premier rang. quoi qu'il eût
reçu déjà un coup de poignard à l'épaule.
Barbera, se voyant reconnue, rejeta son
capuchon; elle tira un revolver, caché dans
sa robe de moine, et, frémissante sous l'in-
jure du roi, car c'en était une terrible p.mr
elle, lit feu sur lui, presque à bout portant.
La balle épargna le monarque, et cassa le
bras d'Alessandiïni qui laissa tomber son
arme.
Les dames d'honneur jetaient des cris
perçants, et cherchaient à fuir. Renée se ser-
raiteontre Marianne qui voulait la couvrir de
son corps, mais elle ne laissait échapper ni
un cri, ni un mouvement de frayeur. Pâle,
le regard ouvert, la lèvre contractée, elle at-
tendait la fin de cette lutte impie, compre-
nant peut-être que la place la plus sûre pour
elle était auprès de son mari.
Plusieurs des conjurés étaient tombés
trappes mortellement les autres pliaient
sous le nombre, et songeaient à se dérober.
Seule, Barbera et un autre moine à barbe
blonde, qui ne la quittait pas, luttaient tou-
jours.
La reine des vagues ne pouvant atteindre
leroi, tournait peu
ie ramonage n'est qu'un prétexte la vérita.
ble profession à laquelle il vouait ces mal.
heureux enfants, c'était la mendicité.'
Un petit sou me rend la vie.
Le petit sou devait se renouveler fréquem-
ment en un jour, en faveur des pensionnai-
res de cet industriel sans scrupules, car cha-
cun d eux était tenu de rapporter quotidien-
iT* n* au logis une somme qui variait entre
riode°aeei'anïée!UiVant l6S localités et la
Au mois de janvierdernier, la petite troupe
ambulante exerçait à Provins soit que la
population de cette ville fût réputée scepti-
que a 1 égard des petits Savoyards, soit tout
simplement en conséquence du vide que les
débours du premier de l'an avaient creusé
dans les porte-monnaie, Palcoz avait, par
exception, réduit à vingt sous la recette que
ses élèves devaient lui verser chaque soir.
Cette réduction, paraît-il, constituait à ses
yeux un large sacrifice, car il se montrait
impitoyable, privant de nourriture, et bat-
tant comme plâtre ceux qui ne rapportaient
qu'un tribut inférieur.
C'est ainsi que le 30 janvier, au cours de
la soirée, M. le maire de Provins rencon-
trant un entant qui pleurait et l'interrogeant
sur sa présence dans la rue à cette heure
avancée, apprit du jeune Berger que son pa.
tron s était refusé à le loger parce qu'il n'a-
vait réussi à recueillir que onze sous.
Une enquête fut ouverte; elle amena d'in,
croyables révélations, ainsi qu'on en pourra
juger par cet extrait des témoignages.
Les mauvais traitements que Falcoz fait subir à
ses jeunes victimes se renouvellent chaque soir avec
une recrudescence de rigueur. Cet homme est im-
pitoyable, frappant avec sauvagerie les enfants dont
il n'est pas satisfait, il les contraint à mendier,
Dans le montant qu'il leur fixe, le pain ne compta
pas; il faut qu'ils rapportent la somme entière en
argent; ils ont ordre de s'adresser surtout aux dames.
Ceux qui no remettent pas le chiffre exigé par
Falcoz ne mangent rien ils reçoivent des coups, le
plus souvent assenés avec une lanière de cuir, d'au^
tres fois avec les pieds et les poings.
L'un de ces petits ramoneurs a dû, comme puni-
tion, passer la nuit tout nu sur de la paille. Un autre
a été contraint à un long jeûne. Berger a été forcé
de coucher dans un cabinet glacial. sur un tas da
suio.
S'étant enfui, il passa deux nuits dehors Falcoz.
le reprit, le ramena* chez lui. le déshabilla et le cin-
gla violemment avec une ceinture dont la boucle en
acier arrachait les chairs de l'enfant. Ponr étouffer
ses cris, il lui mettait la main sur la bouche.
Berger ayant été l'objet d'une expertise médicale,
le docteur constata sur son corps les traces de cin-
quante-quatre coups, produits par la courroie, la
boucle en fer et l'ardillon. Certaines empreintes
avaient dix centimètres d'étendue. Les reins, les bras
étaient couverts de contusions; une plaie sanglante,
large comme la main, affectait la région lombaire.
c'était effrayant.
Outre ces sévices, Falcoz infligeait aux petits ra-
moneurs l'obligation de franchir à. pied de longues
distances très-rapidement, pour aller d'une ville dans
l'autre. Il prétendait que c'était à eux de le nourrir.
En une seule journée, les enfants ont fait 48 kilo-
mètres.
Arrêtons-nous. Ces détails font frémir. Ils
justifient, et au delà la condamnation à
deux années d'emprisonnement infligée à
Falcoz le 12 février.
Le condamné, faisant appel de ce juge-
ment, cherchait hier à se justifier. Ce grand
gaillard, de trente ans à peu près, à la car-
rure épaisse, au visage farouçhe se préten-
dait en butte aux persécutions de ses élèves.
A l'entendre, c'est lui qui serait la victime.
L'ACCUSÉ. Les petits ne me rapportaient pas tou
ce qu'ils gagnaient; je les surprenais souvent s'a-
chetant des friandises ou jouant aux sous. Ils allaientt
même jusqu'à me soustraire de l'argent que je lais-
sais chez moi, ne défiant pas d'eux. Un jour.,
Berger a forcé un coffret dans lequel j'avais déposé
une somme que je n'ai plys retrouvée.
M. LE PRÉSIDENT -vous n'avez rien dit de sem-
blable jusqu'à présent; ce récit, du reste, n'excu-
serait nullement vos cruautés. Vous avez commis
des actes de violence sans nom sur des enfants qui
vous étaient confies.
l'accusé.– Leurs parents m'avaient dit de les cor-
riger.
ni. LE président. Ce n'était pas un motif pour
les rouer de coups.
Les juges d'appel ont confirmé l'arrêt des
premiers juges.
Pierre-Joseph Falcoz garde ses deux ans
de prison.
1 rivale, que lui cachait un triple rang de dé-
lenseurs. Sa rage touchait au paroxysme si
Théodore ne l'eût protégée, tout en se défen-
dant contre plie, elle eût été tuée vingt lois.
Le vieil évèque d'Ajaccio qui officiait, sur-
pris d'abord par cette brusque attaque, avait
bientôt recouvré son sang.froid. 11 ouvrit le
tabernacle, prit le saint-sacrement, et s'a-
combattants.
Soit que les conjurés, se voyant perdus,
trouvassent dans l'action de i'*vêque un
moyen de finir la lutte, soit que vraiment la
présence de leur Dieu, ainsi évoqué, eût
apaisé leur cœur et frappé leur conscience,
ils baissèrent leurs armes et courbèrent le
front.
Barlera et son compagnon restaient seuls
debout. Ils furent désarmés.
En ce moment, Renée se retourna. Elle
avait cruentendre milégerbruitderrièreelle.
Un h'^nime s'était glissé dans la nef pen-
dant le tumulte; il essayait d'arriver par der-
rière, jusqu'à la hauteur de l'estrade qui n'a-
vait pas de degrés de ce côté-là. En se cram-
ponnant à l'un des piliers, il était parvenu à
se hisser derrière les deux soeurs.
Cet homme portait la robe violette des éyê-
ques il avait à la main le poignard des con-
jurés. Faute de mieux, il était le maître do
là vie.de la reine, de cette rivale détestée d$
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