Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1874-03-02
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 02 mars 1874 02 mars 1874
Description : 1874/03/02 (Numéro 4084). 1874/03/02 (Numéro 4084).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k592119s
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/07/2008
i ̃'
;ure après avoir passé par dessus la tête du
eune homme..
Le rassemblement ne fit que grossir dins-
jant elr instant, si bien qu'on fut obligé de
'ecourir au poste des Arts-et:'Métiers pou-
lissiper la foule et rétablir la circulation.
On arracha le pistolet des mains du déses-
péré clerc d'avoué, tout ahuri de s'être
manque..
Les gardiens de la paix, requirent une aur
tre voiture pour le mener chez le commis-
,aire de police du quartier Bonne-Nouvelle.
Il a été impossible de lui faire avouer les
motifs de cette résolution extrême.
LE SOLITAIRE SE SAINT-GOBAM
Nous avons parlé récemment d'une sorte
î'ûomme sauvage qui vit isolé dans la forêt
:le Saint-Gobain depuis de longues années.
Un correspondant nous donne quelques
dêtaîls plus circonstanciés sur ce bizarre in-
dividu
il occupe depuis trente ans, dans les Fonds-
âe^-Vœux, une maison avec grange d'appa-
rence ordinaire issu d'une bonne famille,
possédant une étendue de terrain considé-
rable, mais qu'il laisse inculte; ayant en
outre reçu une bonne éducation, cet homme
s'est volontairement séparé du inonde.
Depuis longtemps, il a contracté des habi-
tudes sauvages, vivant de peu, ou plutôt de
presque rien, il a cessé, depuis quelque
temps, de prendre des aliments, gras, et. ne
se nourrit aujourr'hui que de grains de blé,
d'avoine, d'orge, de pommes de terre, qu sil
réduit au feu a l'état de bouillie.
Notre nouvel imitateur de Robinson Cru-
soé a pour pantalon un sac percé, aux extré-
mités, de deux trous; pour surtout, un lam-
beau d'étoBe de couleur douteuse; pour cha-
peau, un bonnet de peau qui lui couvre la
tête, et enfin, pour chaussures, une paire de
sabots faits à la serpe, dont l'usure est déjà
très avancée,
Il laisse presque toutes ses propriétés in-
cultes, ses maisons qu'il possède dans le
pays n'étant plus habitées tombent en ruine,
il ne veut rien recevoir de ses locations de
terrains. Il lui reste même 12 à 15 mille fr.
à la Caisse des dépôts et consignations pro-
venant de l'expropriation de ses terres faite
il y a douze ans pour le tracé et passage du
chemin de fer. Il ne veut pas en entendre
parler.
Les yeux hagards, la barbe inculte, il re-
çoit parfois avec affabilité les visiteurs qui,
poussés par la curiosité, vont jusqu'à sa de-
meure mais gare au maladroit qui contre-
carre ses idées. Il courre aussitôt chercher
un espèce de fusil, rongé par la rouille, re-
posant dans le coin 'de l'âtre et le couche
en joue, jusqu'à ce qiï'iLTâit éconduit en de-
hors de ses propriétés.
N'ayant plus de literie, il couche dans un
tas de foin, n'ayant plus de tonneau pour
recevoir son cidre, il laisse ses pommes se
réduire en pourriture et les presse par por-
tion quand le besoin le force à étancher sa
Ce qu'il y a de plus regrettable, c'est qu'il
laisse sans culture des terrains très étendus
qui, bien cultivés, pourraient nourrir de
nombreux travailleurs. F. H.
DEPARTEMENTS
Nous avons dit plus haut qu'une violente
tourment soufflé sur Lyon avant-hier.
Outres les cheminées qui tombaient, un
kiosque emporté par le vent et une devan-
ture d'un café abîmée, cours des Brosses, un
accident plus grave a eu lieu rue Mazenod.
L'e hangar où se placent les voitures en
réparation de la Compagnie lyonnaise, a été
renversé par l'orage, Quarante voitures
qui se trouvaient sous le hangar ont été plus
ou moins maltraitées.
Deux personnes seulement se trouvaient
lâ un ouvrier charron qui s'enfuit à toutes
jambes en voyant l'édifice ébranlé, et un
sieur Chalumeau qui, atteint par nne pièce
de bois, eut le nez écrasé.
Feaittefton fa 2 Isrs 1874
LE ROI DE CORSE
CHAPITRE in
Suite -<•̃
E'Mstôiîe romanesque du managé cfêTliéô-
dore était le bruit de la cour et de la ville.
Labeauté de mademoiselle de Leschélles, que
si peu de gens avaient vue, devînt célèbre;
Louis XV voulut qu'elle lui fût présentée.
L'ambassadeur lui setvît de parrain, et Re-
née fut-reçue à la conrde France, comme
l'eût été une fille de Marie Thérèse, ou de
telle autre reine de naissance royale.
Dans l'enivrement de ces premiers jours de
grandeur, Renée.oublia tout à fait son cou-
sin. Il est vrai qu'elle ne songeait guère plus à
son futur mari. Ne fallait-il pas essayer vingt
costumes, recevoir les marchands, régler
l'emploi des femmes occupées à son service?
Marianne, qui avait pris la direction générale
de toutes choses, subissait elle même l'in-
fluence de Ces nouveautés. Les sombres pen-
.sées s'éloignaient de.,plus en plus de son es-
L'AFFAIRE
XXII
L'instruction fut active, mais ardue. Après
ouelques semaines, le parquet reconnut l'in-
nocence du sabotier, du frère du forçat 'et des
deux La justice garda Jacques La-.
tour et Audouy.
Les investigations, les confrontations, les
enquêtes se succédaient. Latour niait, déses-
pérément. Mais un témoin terrible l'accu-
sait ce ^peigne ramassé sur le lit de Ray-
monde. Audouy se renfermait dans un mu-
tisme plus redoutable que les dénégations,
sans qu'aucune preuve palpable pût lui être
opposée.
L'acte d'accusation, prodrome du ptocês,
s'élevait contre le repris de justice avec Une
implacable énergie citons-en ce passage:
Aux nombreux détenus qui, pendant près d'un an,
avaient partagé à Toulouse la captivité de Jacques
Latour, on demanda s'il avait un peigne àïavoris.
Oui dirent-ils. Et avant de l'avoir vu, ils le décrivi-
rent. On le leur montra, ils le reconnurent qu'a-
jouter •cette preuve? Jacques Latour pouvait seul
l'aggraver, et il l'a fait en soutenant, avec une éner-
¡ne persistante, qu'il n'avait jamais eu de peigne à
favoris e'était avouer qu'il savait où il avait été
trouve.
L'exécution du 'crime lui appartient, comme son
organisation. On peut dire que la voix .publique
qui s'éleva à l'aspect des cadavres pour dénoncer
Baptiste Pujol à la justifce du pays, a trouvé dans
ia vie antérieure de Jacques' Latour, comme dans
tous les faits que la procédure a révélés, des con-
firmations nombreuses, précises, inattendues, et
que l'énergie de la preuve s'est enfin égalée à l'hor-
reur du forfait.
Les présomptions contre l'hercule, au con-
traire, libellées avec réserve, étaient miti-
gées de commentaires restrictifs
Pour Audouy, le jury décidera la procédure n'a
relevé à sa charge, jusqu'à ce moment, aucun rap-
port suspect qui le rattache, soit au'lieu où le crime
a été commis, soit même à ses victimes et à, son
principal auteur.
Mais ses antécédents, sans le désigner aux soup-,
çons, semblent ne pas l'en détendre. Sa vie vaga-
bonde et irrégulière, sa force dont il faisait étalage
sur les tréteaux, peut-être inême son intelligence
alourdie portaient a croire qu'il avait été l'instru-
ment d'un attentat dont il pouvait mieux compren-
dre le profit que l'énormité.
Audouy re&te donc attaché à l'accusation qui pèse
sur Jacques Latour, par la nouvelle du crime qu'il
a annoncée à Foix avant même qu'elle ne fût con-
nue à La Bastide même.
Les débats vinrent aux assises deFoîx.le 18
août 1864. Pendant huit jours, ils tinrent ha-
letantes les populations de toute cette région
du Midi. De cinquante lieues à la ronde, on
accourait pour assister aux audiences.
La cour était présidée par M. le conseillet
Denat. Le ministère public avait pour or-
ganes M. le procureur général Léo Dupré
et M. le procureur impérial Pouradîer-Du-
theil. M* Jbflrès, pour Latour, M" Laborde
pour Audouy représentaient la défense.
Quels éléments de conviction possédait la
prévention, dans quel système se débattaient
les coupables, l'extrait suivant de l'interro-
gatoire des accusées l'exposera plus claire-
ment que ne le pourraient faire de longues
déductions
et. LE président Jacques Latour. Vous meniez
une.vie vagabonde; vous vous cachiez comme un
homme qui médite un crime ?
JACQUES LATOUR. Je me cachais pour n'être pas
repris, m'étant évadé à Narbonne pendant qu'on me
conduisait à Toulon pour m'embarquer.
D. Vous changiez de aom à mesure que vous
changiez de lieu?
R. Oui. pour me dérober à l'arrêt de transporta-
tion dont j étais frappé,
D. Il eut été plus simple de quitter la France.
R. J'attendais pour passer en Espagne la fonte des
neiges.
D. Il n'y avait pas de neiee dans les Pyrénées
l'époque de votre évasion l'obstacle que vous pré-
textez tombe de lui-même. De quoi viviez-vous?
R. De ressources qui me restaient d'autrefois, re-
trouvées où je les avais enfouies. Et puis, aussi
de contrebande."
D. Pourquoi vous attribuiez-vous des professions
que vous n'exerciez pas?
R. Est-ce qu'on avoue qu'on est contrebandier!
D. Qu'allioz-vous faire à La Bastide de Besplas ?
R. Je voyagerais constamment pour me dissimu-
ler j'ai été la comme ailleurs.
prit, et son cœur se rassérénait à l'heureux
sourire de sa cadette.
Quand la diplomatie ne retenait pas Fré-
déric à Versailles ou à Paris, il restait à Ghe-
vreuse, et se mettait au service de sa future
reine et tante. Un nuage assombrissait par-
fois le front du jeune homme, un soupir sou-
levait plus souvent encore sa poitrine. Le
soupir était àVanina,loin de qui le temps lui
semblait bien long; le nuage naissait de la
pensée de Robert, A quelques paroles des
eux soeurs, quelques rapprochements
amenés par la réflexion, il avait deviné lese-
cret de son ami, et déplorait en son âme cette
fatalité, qui faisait du bonheur de l'un de
ceux qu'il aimait le malheur de l'autre.
Enfin, le jour du départ arriva. Renée avait.
écrit à Robert pour lui reprocher son indif-
férence Frédéric, qui regrettait sa suscepti-
bilité vis-à-vis du chevalier, se chargea de la
lettre. Quoique son ancien compagnon d'ar-
mes fût.plus calme et plus résigne qu'il n'o-
sait l'espérer, il ne put vaincre sa résolution
de ne point revoir sa, cousine.
Robert écrivit cependant a Renée:
« Madame,
s Si des voeux sincères peuvent avoir quel-
n que influence sur une destinée, les miens
Il me donnent le droit d'espérer votre' bon-
heur complet. Vous serez une grande reijie
et une femme bien aimée.
» Si jamais, ce qu'à Dieu ne plaise! un dé-
> vouement obscur vous était nécessaire,
Il souvenez-vous due J'existe; dans te cas cou-
D. La nuit du crime, où l'àvèz-vôûs passée ?
R. Près de dans une grange.
D.. Personne n'en peut faire foi
R. Je n'allais pas le raconter, puisque je me ca-
chais Un homme qui se cache ne va pas dire Je
couche ici?
D. Mais cette grange, que vous avez minutieuse-
ment décrite, on l'a cherchée. Elle n'existe pas
Pourquoi, après le crime, vous efforciez-vous de
fuir en Espagne ?
R. Parce qu'étantrsoupçonné, quoiqu'innocent, je
savais qu'on m'enverrait au bagne, puisque j'étais
évadé.
D. Sur le lit de l'une des victimes, on a trouvé
un peigne vous appartenant
R. Jamais je n'ai eu dépeigne semblable.
D. Trente témoins assignés pour ce fait spécial,
parmi lesquels plusieurs de vos anciens co-détenus,
vous donnent un démenti formel. Quand on vous a
arrété, vous aviez sur vous fr. D'où provenait
cette somme ?
R. D'argent que j'avais, dans le temps enterré dans
un trou'de mur, près de Toulouse.
D. Mais l'un des billets de banque dont vous «fiez
porteur est un billet bleu de l'émission 1863 ?
R. Je l'ai reçu en payement d'un ami, contreban-
dier comme moi.
D. Ge billet a été. reconnu par le notaire de la fa-
mille de Lassale comme pareil à d'autres que M. Bu-
gad de Lassale lui avait remis pour l'enregistrement
d'un acte il en a reconnu le numéro.
R. C'est faux, ou bien c'est qu'on à changé le bil-
let ce n'est pas celui qu'on a pris dans mon porte-
feuille.
D. Poursuivons; après le crime, à. Maurân, vous
vous êtes débarrassé de la Blouse 'noire que vous
portiez dans quelle intention ?
R. Eh! on ne peut pas porter éternellement la
même blouse.
M. LE président, à Audouy. Vous savez que vous.
êtes accusé de complicité d'assassinat sur la per-
sonne de M. de Lassallé et de ses trois domestiques.
AtJEOur. Hélas monsieur le président.
D. Le récit que vous avez fait à Foix de ce cri-
me, à un moment où on l'ignorait encore dans La
Bastide, élève contre vous les chargés les plus graves.
R. Je l'ai su à Pamiers et c'est seulement le 7 mars
que je l'ai dit et non pas le 26 février.
D. Mais Tallien, dit Jordy, et plusieurs de ses
clients en font foi.
R. Té Jordy peut être un brave homme, tin bon
enfant, mais il fait erreur.
D. Où étiez-vous à l'heure du crime
R. A Foix, chez Maria Delmas elle en déposera.
D. Vous ne pouvez expliquer le récit fait le 26 que
siïvous avez commis le crime ou si quelqu'un vous
en a fait confidence. Est-ce que quelqu'un ne vous
en a pas parlé?
R. Personne.
D. Jacques La.tour, par exemple?
R. Je ne le connaissais pas avant de trouver
avec lui devantla justice,
Audouy s'exprimait sur un^toa monotone,
en souriant avec bonhomie.
Latour parlait avec un accent d'énergie
farouche et upe exhubérance de gestes.
La démonstration de la culpabilité du
forçat fit l'objet exclusif des premières au-
diences.
Le témoignage du boulanger Macarry, de
Montesquieu, fut accablant.
Celui des'deux vieilles sœurs de M. de Las-
salle, racontant comment leur frère les avait
contraintes à accepter un don de cinquante
mille francs, excita une violente émotion.
Enfin, vinrent les témoins relatifs au pei-
gne l'évidence résultant de leurs déclarations
fut écrasante pour Latour.
Le forçat écumait de rage. Il invectivait le
président, les juges, le ministère ublic, les
témoins, les gendarmes, et jusqu à son dé-
fenseur. Ses poses provocantes, ses gestes
menaçants, ses vociférations répandaient l'ef
firoi dans la salle.
A mesure que le dénoûment approchait,
l'exaltation du misérable croissait.
A l'une des dernières audiences, 'il s'é-
criait
Messieurs de la cour et messieurs les jurés, voici
Jacques Latour, qui attire tous les regards; on le
voit la tête levée et l'oeil sur la figure et on se dit
Mais qu'est-ce donc que ce Jacques Latour On de-
mande, sa tête-, on veut le rayer des vivants, et il rit
encore? Ce que c'est que ce Jacques Latour ? Je
vais vous le dire. Mais si j'allais droit au but, la lo-
comotion irait trop vite; j'espère qu'on m'a lancé un
venin assez subtil pour que ce soit juste que j'en
rende au moins la plus faible partie.
Et Latour se lançait dans une intermina-
ble divagation, repoussant comme iniques
ses condamnations antérieures et se procla-
mant victime de l'injustice des hommes.
Audouy persévérait dans sonimpassibilité.:
traire, oubliez-moi, je le désire.
Maintenant, Renée, permettez au cousin,
a à l'ami qui ne vous reverra point, un con-
» seil fraternel. Vous êtes belle, vous serez
beaucoup et souvent aimée. Or, souvenez-
j> vous qu'avec la prédiction d'une royauté, il
VOUS en été fait une autre: Tous ceux qui
» vous aimeront, a dit la sybille, souffriront
» par vous. N'attendez pas qu'on vous aime
Il trop, Renée, pour repousser l'amour dont
» vous ne voudrez point; ce serait un crime,
car ce serait imposer une terrible torture;
» et tôt ou tard, Dieu se lasserait de vous faire
» heureuse, si vous ne vous lassiez point de
j> faire des malheureux.
Aimez toujours bien votre sœur Ma-
» riaune; je ne l'oublierai pas plus que vous.
n C'est une âme d'élite, faite d un rayon d'a-
n mour; tant qu'elle sera près de vous, vous
a aurez une mère et un angé gardien. Priez
Dieu qu'il vous la garde.
i Je ne peux, ni ne dois vous revoir, ma-
dame; veuillez m'excuser, carmes regrets,
Il quels que soient les vôtres, sont de beau-
coup plus grands. Il
En lisant cette lettre, Renée fit la moue.
une moue adorable, il est vrai.
Mon cousin a un bien mauvais carac-
tère, dit-elle il me boude encore, et me dit
des choses tristes.
Est-ce qu'elle n'aurait pas de cœur?
pensa Frédéric avec épouvante. C'est là tout
ce que lui inspire un JwmmQ qui mourra
'péut-être pour elle,».
Quand revenait, sur les lèvres des témoins,.
cette date fatale du 26 au matin, l'hercule
remarquait avec calme
Est-ce que si j'avais commis le crime j'aurais ûtû
le dire'? Quand il y aurait dix -millions"^ peuple il
la barre, je dirais que je ne suis pas coupa,ble de ça!
M. ta président. Audouy. écoutez-moi. Si vou:
avez donné votre concours au crime, vous n'en êtiea
pas l'instigateur. Votre culpabilité est moins grande
que celle de l'auteur principal. Dans ce cas, des
aveu-, sincères vous mériteraient l'indulgence.
audouy. Je n'aime pas les voleurs, je n'aime pas
les canailles. Si je connaissais les coupables, j'i-
rais les chercher avec mes dents! Oui, si je sa.
vais qui! J'irais les chercher avec mes bras!
'La déposition de Marie Delmas était atten-
due fiévreusement par le public, avec calme
par l'hercule.
C'était sur elle que reposait l'alibi invoqué
par Audouy.
Or, au cours de l'instruction, l'ancienne
maîtresse du saltimbanque n'avait pas un
instant varié dans ses déclarations.
Audouy', affirmait-elle sous la foi du ser-
ment, avait passé chez elle la soirée du 25 fé-
vrier la soirée du crime.
(La fin à demain) a.-j. dalsème-
jjàû% SOHNAHBDLB LUCIDE, Faubg Montmartre,*
LES
Grands Magasins de Nouveautés
Se réorganisent présentement avec une pro4
digieuse activité
Choix imà.ew&t .•*̃?. Extrême Bon Marché
Et place de ta Trinité
• ̃ PARÎS
AU PRINTEMPS
CACHEMIRE TAPISSIER'
Parmi les nombreuses occasions en Sozeries
noires qui figureront à la grande n>ise en vente
de Mars des magasins de nouveautés
AU PRINTEMPS
FIGURERA EN PREMIÈRE LIGNE LE
CACHEMIRE TAPISSIER
Cette Magnifique Étoffe de Soie à laquelle Messieurs
TAPISSIER fils et DSBRY
aujourd'hui les premiers fabricants de Lyon, ont voulut
donner leur nom., a été acquise est toute vu-0-
priété par les Grands MA«SA.S2NS DU PBIŒ-
TEMPS. Elle sera vendue comme le
avec toute garantie c'est-à-dire que les Grands El A*
©ASlfë» BW P'IlÈlrOTElBE'S rembourseront
toute robe ne répondant pas à la garantie donnée.
AU PRINTEMPS
EMEEH
Gaérison par PAPIER et
CIGARES
3*r. la BOITE. Dans toutes les
Et malgré lui, songeant à Barbera d'O-
rezza..
Au moins, murmura-t-il, celle-là l'au-
rait aimé.
Le présent de nocesapporté par 1 ambassa-
deur à mademoiselle de "Leschelles était une
parure en diamants, que les religieuses esti-
mèrent un demi-million.
Est-ce qu'au milieu de tant de magnificen-
ces et de tant d'admirations,.la pensionnaire
pouvait entendre les soupirs douloureux de
son cousin? Frédéric était fort exigeant.
Quandles carrosses sortirent de Port-Royal,
emmenant la nouvelle reine, ses bagages et
sa nombreuse suite, un homme, caché dans
un taillis voisin, les regarda passer et les sui-
vit des yeux tant que laforêtue les luidéroba
point. Puis, il tomba sur la mousse, inerte et
sans pensée. Son âme avait-elle quitté son
corps,pour suivre celle qu'il aimait? Ou n'é-
tait-ce qu'un engourdissement passager? la,
nuit le surprit, sans qu'il eût fait le moindre
mouvement.
Robert restait seul au monde. Absorbé par
son amour pour sa cousine, il n'avait jamais
recherché les aflections et les plaisirs de son
âge. Il avait même fui la cour, où l'appelait
la'faveur marquée de la favorite, et du roi. Il
crut toutperdre en perdant Renée, même l'es-
pérance, cette fleur qui se ferme parfois,
mais qu'un rayon suffit à rouvrire dans le
cceur de l'homme jeune et croyant.
<
;ure après avoir passé par dessus la tête du
eune homme..
Le rassemblement ne fit que grossir dins-
jant elr instant, si bien qu'on fut obligé de
'ecourir au poste des Arts-et:'Métiers pou-
lissiper la foule et rétablir la circulation.
On arracha le pistolet des mains du déses-
péré clerc d'avoué, tout ahuri de s'être
manque..
Les gardiens de la paix, requirent une aur
tre voiture pour le mener chez le commis-
,aire de police du quartier Bonne-Nouvelle.
Il a été impossible de lui faire avouer les
motifs de cette résolution extrême.
LE SOLITAIRE SE SAINT-GOBAM
Nous avons parlé récemment d'une sorte
î'ûomme sauvage qui vit isolé dans la forêt
:le Saint-Gobain depuis de longues années.
Un correspondant nous donne quelques
dêtaîls plus circonstanciés sur ce bizarre in-
dividu
il occupe depuis trente ans, dans les Fonds-
âe^-Vœux, une maison avec grange d'appa-
rence ordinaire issu d'une bonne famille,
possédant une étendue de terrain considé-
rable, mais qu'il laisse inculte; ayant en
outre reçu une bonne éducation, cet homme
s'est volontairement séparé du inonde.
Depuis longtemps, il a contracté des habi-
tudes sauvages, vivant de peu, ou plutôt de
presque rien, il a cessé, depuis quelque
temps, de prendre des aliments, gras, et. ne
se nourrit aujourr'hui que de grains de blé,
d'avoine, d'orge, de pommes de terre, qu sil
réduit au feu a l'état de bouillie.
Notre nouvel imitateur de Robinson Cru-
soé a pour pantalon un sac percé, aux extré-
mités, de deux trous; pour surtout, un lam-
beau d'étoBe de couleur douteuse; pour cha-
peau, un bonnet de peau qui lui couvre la
tête, et enfin, pour chaussures, une paire de
sabots faits à la serpe, dont l'usure est déjà
très avancée,
Il laisse presque toutes ses propriétés in-
cultes, ses maisons qu'il possède dans le
pays n'étant plus habitées tombent en ruine,
il ne veut rien recevoir de ses locations de
terrains. Il lui reste même 12 à 15 mille fr.
à la Caisse des dépôts et consignations pro-
venant de l'expropriation de ses terres faite
il y a douze ans pour le tracé et passage du
chemin de fer. Il ne veut pas en entendre
parler.
Les yeux hagards, la barbe inculte, il re-
çoit parfois avec affabilité les visiteurs qui,
poussés par la curiosité, vont jusqu'à sa de-
meure mais gare au maladroit qui contre-
carre ses idées. Il courre aussitôt chercher
un espèce de fusil, rongé par la rouille, re-
posant dans le coin 'de l'âtre et le couche
en joue, jusqu'à ce qiï'iLTâit éconduit en de-
hors de ses propriétés.
N'ayant plus de literie, il couche dans un
tas de foin, n'ayant plus de tonneau pour
recevoir son cidre, il laisse ses pommes se
réduire en pourriture et les presse par por-
tion quand le besoin le force à étancher sa
Ce qu'il y a de plus regrettable, c'est qu'il
laisse sans culture des terrains très étendus
qui, bien cultivés, pourraient nourrir de
nombreux travailleurs. F. H.
DEPARTEMENTS
Nous avons dit plus haut qu'une violente
tourment soufflé sur Lyon avant-hier.
Outres les cheminées qui tombaient, un
kiosque emporté par le vent et une devan-
ture d'un café abîmée, cours des Brosses, un
accident plus grave a eu lieu rue Mazenod.
L'e hangar où se placent les voitures en
réparation de la Compagnie lyonnaise, a été
renversé par l'orage, Quarante voitures
qui se trouvaient sous le hangar ont été plus
ou moins maltraitées.
Deux personnes seulement se trouvaient
lâ un ouvrier charron qui s'enfuit à toutes
jambes en voyant l'édifice ébranlé, et un
sieur Chalumeau qui, atteint par nne pièce
de bois, eut le nez écrasé.
Feaittefton fa 2 Isrs 1874
LE ROI DE CORSE
CHAPITRE in
Suite -<•̃
E'Mstôiîe romanesque du managé cfêTliéô-
dore était le bruit de la cour et de la ville.
Labeauté de mademoiselle de Leschélles, que
si peu de gens avaient vue, devînt célèbre;
Louis XV voulut qu'elle lui fût présentée.
L'ambassadeur lui setvît de parrain, et Re-
née fut-reçue à la conrde France, comme
l'eût été une fille de Marie Thérèse, ou de
telle autre reine de naissance royale.
Dans l'enivrement de ces premiers jours de
grandeur, Renée.oublia tout à fait son cou-
sin. Il est vrai qu'elle ne songeait guère plus à
son futur mari. Ne fallait-il pas essayer vingt
costumes, recevoir les marchands, régler
l'emploi des femmes occupées à son service?
Marianne, qui avait pris la direction générale
de toutes choses, subissait elle même l'in-
fluence de Ces nouveautés. Les sombres pen-
.sées s'éloignaient de.,plus en plus de son es-
L'AFFAIRE
XXII
L'instruction fut active, mais ardue. Après
ouelques semaines, le parquet reconnut l'in-
nocence du sabotier, du frère du forçat 'et des
deux La justice garda Jacques La-.
tour et Audouy.
Les investigations, les confrontations, les
enquêtes se succédaient. Latour niait, déses-
pérément. Mais un témoin terrible l'accu-
sait ce ^peigne ramassé sur le lit de Ray-
monde. Audouy se renfermait dans un mu-
tisme plus redoutable que les dénégations,
sans qu'aucune preuve palpable pût lui être
opposée.
L'acte d'accusation, prodrome du ptocês,
s'élevait contre le repris de justice avec Une
implacable énergie citons-en ce passage:
Aux nombreux détenus qui, pendant près d'un an,
avaient partagé à Toulouse la captivité de Jacques
Latour, on demanda s'il avait un peigne àïavoris.
Oui dirent-ils. Et avant de l'avoir vu, ils le décrivi-
rent. On le leur montra, ils le reconnurent qu'a-
jouter •cette preuve? Jacques Latour pouvait seul
l'aggraver, et il l'a fait en soutenant, avec une éner-
¡ne persistante, qu'il n'avait jamais eu de peigne à
favoris e'était avouer qu'il savait où il avait été
trouve.
L'exécution du 'crime lui appartient, comme son
organisation. On peut dire que la voix .publique
qui s'éleva à l'aspect des cadavres pour dénoncer
Baptiste Pujol à la justifce du pays, a trouvé dans
ia vie antérieure de Jacques' Latour, comme dans
tous les faits que la procédure a révélés, des con-
firmations nombreuses, précises, inattendues, et
que l'énergie de la preuve s'est enfin égalée à l'hor-
reur du forfait.
Les présomptions contre l'hercule, au con-
traire, libellées avec réserve, étaient miti-
gées de commentaires restrictifs
Pour Audouy, le jury décidera la procédure n'a
relevé à sa charge, jusqu'à ce moment, aucun rap-
port suspect qui le rattache, soit au'lieu où le crime
a été commis, soit même à ses victimes et à, son
principal auteur.
Mais ses antécédents, sans le désigner aux soup-,
çons, semblent ne pas l'en détendre. Sa vie vaga-
bonde et irrégulière, sa force dont il faisait étalage
sur les tréteaux, peut-être inême son intelligence
alourdie portaient a croire qu'il avait été l'instru-
ment d'un attentat dont il pouvait mieux compren-
dre le profit que l'énormité.
Audouy re&te donc attaché à l'accusation qui pèse
sur Jacques Latour, par la nouvelle du crime qu'il
a annoncée à Foix avant même qu'elle ne fût con-
nue à La Bastide même.
Les débats vinrent aux assises deFoîx.le 18
août 1864. Pendant huit jours, ils tinrent ha-
letantes les populations de toute cette région
du Midi. De cinquante lieues à la ronde, on
accourait pour assister aux audiences.
La cour était présidée par M. le conseillet
Denat. Le ministère public avait pour or-
ganes M. le procureur général Léo Dupré
et M. le procureur impérial Pouradîer-Du-
theil. M* Jbflrès, pour Latour, M" Laborde
pour Audouy représentaient la défense.
Quels éléments de conviction possédait la
prévention, dans quel système se débattaient
les coupables, l'extrait suivant de l'interro-
gatoire des accusées l'exposera plus claire-
ment que ne le pourraient faire de longues
déductions
et. LE président Jacques Latour. Vous meniez
une.vie vagabonde; vous vous cachiez comme un
homme qui médite un crime ?
JACQUES LATOUR. Je me cachais pour n'être pas
repris, m'étant évadé à Narbonne pendant qu'on me
conduisait à Toulon pour m'embarquer.
D. Vous changiez de aom à mesure que vous
changiez de lieu?
R. Oui. pour me dérober à l'arrêt de transporta-
tion dont j étais frappé,
D. Il eut été plus simple de quitter la France.
R. J'attendais pour passer en Espagne la fonte des
neiges.
D. Il n'y avait pas de neiee dans les Pyrénées
l'époque de votre évasion l'obstacle que vous pré-
textez tombe de lui-même. De quoi viviez-vous?
R. De ressources qui me restaient d'autrefois, re-
trouvées où je les avais enfouies. Et puis, aussi
de contrebande."
D. Pourquoi vous attribuiez-vous des professions
que vous n'exerciez pas?
R. Est-ce qu'on avoue qu'on est contrebandier!
D. Qu'allioz-vous faire à La Bastide de Besplas ?
R. Je voyagerais constamment pour me dissimu-
ler j'ai été la comme ailleurs.
prit, et son cœur se rassérénait à l'heureux
sourire de sa cadette.
Quand la diplomatie ne retenait pas Fré-
déric à Versailles ou à Paris, il restait à Ghe-
vreuse, et se mettait au service de sa future
reine et tante. Un nuage assombrissait par-
fois le front du jeune homme, un soupir sou-
levait plus souvent encore sa poitrine. Le
soupir était àVanina,loin de qui le temps lui
semblait bien long; le nuage naissait de la
pensée de Robert, A quelques paroles des
eux soeurs, quelques rapprochements
amenés par la réflexion, il avait deviné lese-
cret de son ami, et déplorait en son âme cette
fatalité, qui faisait du bonheur de l'un de
ceux qu'il aimait le malheur de l'autre.
Enfin, le jour du départ arriva. Renée avait.
écrit à Robert pour lui reprocher son indif-
férence Frédéric, qui regrettait sa suscepti-
bilité vis-à-vis du chevalier, se chargea de la
lettre. Quoique son ancien compagnon d'ar-
mes fût.plus calme et plus résigne qu'il n'o-
sait l'espérer, il ne put vaincre sa résolution
de ne point revoir sa, cousine.
Robert écrivit cependant a Renée:
« Madame,
s Si des voeux sincères peuvent avoir quel-
n que influence sur une destinée, les miens
Il me donnent le droit d'espérer votre' bon-
heur complet. Vous serez une grande reijie
et une femme bien aimée.
» Si jamais, ce qu'à Dieu ne plaise! un dé-
> vouement obscur vous était nécessaire,
Il souvenez-vous due J'existe; dans te cas cou-
D. La nuit du crime, où l'àvèz-vôûs passée ?
R. Près de dans une grange.
D.. Personne n'en peut faire foi
R. Je n'allais pas le raconter, puisque je me ca-
chais Un homme qui se cache ne va pas dire Je
couche ici?
D. Mais cette grange, que vous avez minutieuse-
ment décrite, on l'a cherchée. Elle n'existe pas
Pourquoi, après le crime, vous efforciez-vous de
fuir en Espagne ?
R. Parce qu'étantrsoupçonné, quoiqu'innocent, je
savais qu'on m'enverrait au bagne, puisque j'étais
évadé.
D. Sur le lit de l'une des victimes, on a trouvé
un peigne vous appartenant
R. Jamais je n'ai eu dépeigne semblable.
D. Trente témoins assignés pour ce fait spécial,
parmi lesquels plusieurs de vos anciens co-détenus,
vous donnent un démenti formel. Quand on vous a
arrété, vous aviez sur vous fr. D'où provenait
cette somme ?
R. D'argent que j'avais, dans le temps enterré dans
un trou'de mur, près de Toulouse.
D. Mais l'un des billets de banque dont vous «fiez
porteur est un billet bleu de l'émission 1863 ?
R. Je l'ai reçu en payement d'un ami, contreban-
dier comme moi.
D. Ge billet a été. reconnu par le notaire de la fa-
mille de Lassale comme pareil à d'autres que M. Bu-
gad de Lassale lui avait remis pour l'enregistrement
d'un acte il en a reconnu le numéro.
R. C'est faux, ou bien c'est qu'on à changé le bil-
let ce n'est pas celui qu'on a pris dans mon porte-
feuille.
D. Poursuivons; après le crime, à. Maurân, vous
vous êtes débarrassé de la Blouse 'noire que vous
portiez dans quelle intention ?
R. Eh! on ne peut pas porter éternellement la
même blouse.
M. LE président, à Audouy. Vous savez que vous.
êtes accusé de complicité d'assassinat sur la per-
sonne de M. de Lassallé et de ses trois domestiques.
AtJEOur. Hélas monsieur le président.
D. Le récit que vous avez fait à Foix de ce cri-
me, à un moment où on l'ignorait encore dans La
Bastide, élève contre vous les chargés les plus graves.
R. Je l'ai su à Pamiers et c'est seulement le 7 mars
que je l'ai dit et non pas le 26 février.
D. Mais Tallien, dit Jordy, et plusieurs de ses
clients en font foi.
R. Té Jordy peut être un brave homme, tin bon
enfant, mais il fait erreur.
D. Où étiez-vous à l'heure du crime
R. A Foix, chez Maria Delmas elle en déposera.
D. Vous ne pouvez expliquer le récit fait le 26 que
siïvous avez commis le crime ou si quelqu'un vous
en a fait confidence. Est-ce que quelqu'un ne vous
en a pas parlé?
R. Personne.
D. Jacques La.tour, par exemple?
R. Je ne le connaissais pas avant de trouver
avec lui devantla justice,
Audouy s'exprimait sur un^toa monotone,
en souriant avec bonhomie.
Latour parlait avec un accent d'énergie
farouche et upe exhubérance de gestes.
La démonstration de la culpabilité du
forçat fit l'objet exclusif des premières au-
diences.
Le témoignage du boulanger Macarry, de
Montesquieu, fut accablant.
Celui des'deux vieilles sœurs de M. de Las-
salle, racontant comment leur frère les avait
contraintes à accepter un don de cinquante
mille francs, excita une violente émotion.
Enfin, vinrent les témoins relatifs au pei-
gne l'évidence résultant de leurs déclarations
fut écrasante pour Latour.
Le forçat écumait de rage. Il invectivait le
président, les juges, le ministère ublic, les
témoins, les gendarmes, et jusqu à son dé-
fenseur. Ses poses provocantes, ses gestes
menaçants, ses vociférations répandaient l'ef
firoi dans la salle.
A mesure que le dénoûment approchait,
l'exaltation du misérable croissait.
A l'une des dernières audiences, 'il s'é-
criait
Messieurs de la cour et messieurs les jurés, voici
Jacques Latour, qui attire tous les regards; on le
voit la tête levée et l'oeil sur la figure et on se dit
Mais qu'est-ce donc que ce Jacques Latour On de-
mande, sa tête-, on veut le rayer des vivants, et il rit
encore? Ce que c'est que ce Jacques Latour ? Je
vais vous le dire. Mais si j'allais droit au but, la lo-
comotion irait trop vite; j'espère qu'on m'a lancé un
venin assez subtil pour que ce soit juste que j'en
rende au moins la plus faible partie.
Et Latour se lançait dans une intermina-
ble divagation, repoussant comme iniques
ses condamnations antérieures et se procla-
mant victime de l'injustice des hommes.
Audouy persévérait dans sonimpassibilité.:
traire, oubliez-moi, je le désire.
Maintenant, Renée, permettez au cousin,
a à l'ami qui ne vous reverra point, un con-
» seil fraternel. Vous êtes belle, vous serez
beaucoup et souvent aimée. Or, souvenez-
j> vous qu'avec la prédiction d'une royauté, il
VOUS en été fait une autre: Tous ceux qui
» vous aimeront, a dit la sybille, souffriront
» par vous. N'attendez pas qu'on vous aime
Il trop, Renée, pour repousser l'amour dont
» vous ne voudrez point; ce serait un crime,
car ce serait imposer une terrible torture;
» et tôt ou tard, Dieu se lasserait de vous faire
» heureuse, si vous ne vous lassiez point de
j> faire des malheureux.
Aimez toujours bien votre sœur Ma-
» riaune; je ne l'oublierai pas plus que vous.
n C'est une âme d'élite, faite d un rayon d'a-
n mour; tant qu'elle sera près de vous, vous
a aurez une mère et un angé gardien. Priez
Dieu qu'il vous la garde.
i Je ne peux, ni ne dois vous revoir, ma-
dame; veuillez m'excuser, carmes regrets,
Il quels que soient les vôtres, sont de beau-
coup plus grands. Il
En lisant cette lettre, Renée fit la moue.
une moue adorable, il est vrai.
Mon cousin a un bien mauvais carac-
tère, dit-elle il me boude encore, et me dit
des choses tristes.
Est-ce qu'elle n'aurait pas de cœur?
pensa Frédéric avec épouvante. C'est là tout
ce que lui inspire un JwmmQ qui mourra
'péut-être pour elle,».
Quand revenait, sur les lèvres des témoins,.
cette date fatale du 26 au matin, l'hercule
remarquait avec calme
Est-ce que si j'avais commis le crime j'aurais ûtû
le dire'? Quand il y aurait dix -millions"^ peuple il
la barre, je dirais que je ne suis pas coupa,ble de ça!
M. ta président. Audouy. écoutez-moi. Si vou:
avez donné votre concours au crime, vous n'en êtiea
pas l'instigateur. Votre culpabilité est moins grande
que celle de l'auteur principal. Dans ce cas, des
aveu-, sincères vous mériteraient l'indulgence.
audouy. Je n'aime pas les voleurs, je n'aime pas
les canailles. Si je connaissais les coupables, j'i-
rais les chercher avec mes dents! Oui, si je sa.
vais qui! J'irais les chercher avec mes bras!
'La déposition de Marie Delmas était atten-
due fiévreusement par le public, avec calme
par l'hercule.
C'était sur elle que reposait l'alibi invoqué
par Audouy.
Or, au cours de l'instruction, l'ancienne
maîtresse du saltimbanque n'avait pas un
instant varié dans ses déclarations.
Audouy', affirmait-elle sous la foi du ser-
ment, avait passé chez elle la soirée du 25 fé-
vrier la soirée du crime.
(La fin à demain) a.-j. dalsème-
jjàû% SOHNAHBDLB LUCIDE, Faubg Montmartre,*
LES
Grands Magasins de Nouveautés
Se réorganisent présentement avec une pro4
digieuse activité
Choix imà.ew&t .•*̃?. Extrême Bon Marché
Et place de ta Trinité
• ̃ PARÎS
AU PRINTEMPS
CACHEMIRE TAPISSIER'
Parmi les nombreuses occasions en Sozeries
noires qui figureront à la grande n>ise en vente
de Mars des magasins de nouveautés
AU PRINTEMPS
FIGURERA EN PREMIÈRE LIGNE LE
CACHEMIRE TAPISSIER
Cette Magnifique Étoffe de Soie à laquelle Messieurs
TAPISSIER fils et DSBRY
aujourd'hui les premiers fabricants de Lyon, ont voulut
donner leur nom., a été acquise est toute vu-0-
priété par les Grands MA«SA.S2NS DU PBIŒ-
TEMPS. Elle sera vendue comme le
avec toute garantie c'est-à-dire que les Grands El A*
©ASlfë» BW P'IlÈlrOTElBE'S rembourseront
toute robe ne répondant pas à la garantie donnée.
AU PRINTEMPS
EMEEH
Gaérison par PAPIER et
CIGARES
3*r. la BOITE. Dans toutes les
Et malgré lui, songeant à Barbera d'O-
rezza..
Au moins, murmura-t-il, celle-là l'au-
rait aimé.
Le présent de nocesapporté par 1 ambassa-
deur à mademoiselle de "Leschelles était une
parure en diamants, que les religieuses esti-
mèrent un demi-million.
Est-ce qu'au milieu de tant de magnificen-
ces et de tant d'admirations,.la pensionnaire
pouvait entendre les soupirs douloureux de
son cousin? Frédéric était fort exigeant.
Quandles carrosses sortirent de Port-Royal,
emmenant la nouvelle reine, ses bagages et
sa nombreuse suite, un homme, caché dans
un taillis voisin, les regarda passer et les sui-
vit des yeux tant que laforêtue les luidéroba
point. Puis, il tomba sur la mousse, inerte et
sans pensée. Son âme avait-elle quitté son
corps,pour suivre celle qu'il aimait? Ou n'é-
tait-ce qu'un engourdissement passager? la,
nuit le surprit, sans qu'il eût fait le moindre
mouvement.
Robert restait seul au monde. Absorbé par
son amour pour sa cousine, il n'avait jamais
recherché les aflections et les plaisirs de son
âge. Il avait même fui la cour, où l'appelait
la'faveur marquée de la favorite, et du roi. Il
crut toutperdre en perdant Renée, même l'es-
pérance, cette fleur qui se ferme parfois,
mais qu'un rayon suffit à rouvrire dans le
cceur de l'homme jeune et croyant.
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