Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1874-02-18
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 février 1874 18 février 1874
Description : 1874/02/18 (Numéro 4072). 1874/02/18 (Numéro 4072).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k592107p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/07/2008
Ize Petit fJoipnaï
s
UNE PLUIE D'OR
La fë^ïè a #té sutttrilëjliëï1,
dans "i'après-dîuer, sur la place Mazas, où
elle était groupée autour des danseurs de
corde qui y travaillent les jours de fête.
Ces danseurs furent ébahis de voir tout à
coup pleuvoir sur eux quantité de pièces d'or
et,d'argent de toutes le? grandeurs.
Tout le monde se rua dessus, comme bien
l'on pense.
Mais ce fut bien autre chose, lorsqu'on vit
voltiger en l'air, des billets de cinq, vingt,
cinquante et cent francs.
Les spectateurs stupéfiés cherchèrent d'où
arrivait cette pluie inaccoutumée et ne tar-
dèrent pas à apercevoir deux individus com-
plètement ivres qui jetaient en l'air tout ce
qu'ils avaient en poche.
Les poches cependant n'étaient pas iné-
puisables. Alors se joua le deuxième acte de
cette singulièré comédie.
Les deux ivrognes voulurent rentrer en
possession de leur avoir.
Co n'était pas chose facile, tout le monde
avait empoché ce qu'il avait pu saisir.
Ce qui devait arriver, arriva, c'est-à-dire
quelques gardiens de la paix. Ils retinrent
dans la mesure du possible les mdividus qui
avaient pris part à la récolte,
Les saltimbanques avaient ramassé beau-
coup ils avaient donné un billet au joueur
d'orgue qui formait leur orchestre sans lui
demander la monnaie, et dans la bagarre
l'homme à l'orgue avait trouvé moyen.de
décamper.
Les autres n'auraient peut-être pas de*
mandé mieux que d'en faire autant, mais les
agents les conduisirent chez le commissaire
de police, où eut lieu le troisième acte la
restitution des sommes tombées du ciel. Il y
avait à peu près 600 fr.
Ils durent indiquer l'adresse du joueur
d'orgue, qui, de son côté, rendit ce qu'il avait
pris. a^proximâtivémeni, sans doute, car
il n'y ayait pas dé compte exact possible.
Les deux fantaisistes rentrèrent ainsi en
possession de la plus grande partie des
sommes qu'ils avaient jetées à tous les vents,
à la suite d'un déjeuner copieux beaucoup
trpp libéralement arrosé. fi
.Cette petite débauche de gfrand seigneur
leur coûte deux cents francs, *à ce qu'ils di-
sent; mais probablement ils %'avouent pas
la vér.it_é tout entière.
Ê^Vlî^ DES TÏBS4THE3
La reprise de Guillaume Tell; à l'Opéra, aura lieu
demain mercredi. M. Faure rêmplira le rôle de
Guillaume Tell, dans lequel on ne l'a pas entendu
depuis plusieurs années.
X C'est jeudi prochain qu'aura lieu, à fOdéon,
l'audition de Marie-Madeleine, drame oratorio de M.
Jules Massenet chanté par Mmes Gueymard-Laû-
ters; Salla, MM. Bosquin et Jules Lefort.
X Les représentations de Monsieur Alphonse sont
maintenant accompagnées du Bijou de la reine, pe-
tite comédie non pas inédite mais inconnue de Mû
Alexandre Dumas fils, dont elle est le premier ou-
vrage dramatique.
Le spectacle commence par la Partie de piquet,
comédie-vaudeville, dans laquelle Lesueur vient
de faire sa rentrée par un de ses rôles les plus
amusants.
i x Les Fortunes tapageuses, pièce nouvelle, repré-.
sentée avant-hier au théâtre des Menus-Plaisirs, né
paraissent pas appelées à faire le bruit sur lequel on
comptait. Cette comédie renferme cependant nom-
bre de .scènes intéressantes,,çt peut être considérée
;comme une promesse très satisfaisante de jeunes
auteurs.
Le théâtre des Menus-Plaisirs doit accompagner
les Fortunes tapageuses des Noees de 'Bouche en cœur
il n'est pas douteux que ce spectacle n'attire la foulé.
X Le. Sacrilége, drame de MM. Théodore Barrière
et Léon Beauvallet, vient d'être repris à l'Ambigu.
C'est une des meilleures pièces que ce théâtre ait
jouées depuis longtemps, et l'interprétation actuelle'
en est convenable.
X Le Théâtre-Cluny donne les dernières repré-
sentations du Crime de Faverne, avec Prédérick-Le.
maitre. On jouera probablement, avant la fin de cette
semaine, Madame Marcel, l'ouvrage nouveau de M.
Georges Petit, dans lequel Mlle Periga remplira le
'principal rôle.
X Ce soir, à l'Odéon, et par extraordinaire, M. Gef-
froy reparaitra dans une dernière représentation de
Tartuffe. L,e speq^çje sera terminé par M. de Pour-
ceaugnac. CHARLES darcobrs,
Feuilleton du 18 Février 1874
LE pu! DE CORSE
(3oj Partie. La Reine des bagnes
JCHAPITRE XVBfe;
excursions, solitaires au Sfiiëu
des montagnes, Barbera avait rencontré Lu-
cioli, et d'abord l'avait pris pour un fou. Puis
elle s'était fait connaître, le viellard avait eu
confiance et s'était livré*
Leurs relations devinrent intimes. Il lui
dit qu'il voulait arriver à faire une lumière
pareille à celle du soleil, qu'il créerait un
tonnerre aussi puissant que celui de Dieu;
cela lafit sourire. Mais lorsqu'un jour il la
prit par la main, et la fit entrer dans une
grotte profonde, où il faisait ses expériences,
lorsqu elle se vit tout à coup entourée d'é-
tincelles et d'éclairs, et que cet homme lui
dit: ordonne que cela cesse, et cela cessera
elle se dit, la forte fille qui ne croyait pas à
la sorcellerie, que la folie du vieillard pour-
rait bien être du génie..
Quand elle eut trahi, quand elle eut résolu
de vaincre le roi de Corse par tous les moyens,
.DÉPARTE
.̃̃̃ Un jeune homme avait étérécemment con-
damné par le tribunal correctionnel de Bour-
ges à quelques mois de prison pouravoir en-'
fevé, chez un boulanger, 25,fr. et un patin.
Le jour même de sa condamnation il rece-
yait de sa famille une lettre lui annonçant
qu'il venait de gagner un lot de 70.000 fr. à
la loterie des Orphelines de Turin.
Il n'a plus qu'à présenter le billet dont il
est porteur pour toucher cette somme. dès
qu'il sera sorti de prison.
̃ On nous écrit de Semur:
M, Petitjean, notaire à Semur, revenait de
la campagne dans sa voiture il était accom-
pagné de sa femme, de son jeune enfant et
deux domestiques.
Au moment où ils passaient à côté d'un
peuplier qu'un paysan était occupé à arra-
cher, l'arbre s'est subitement abattu sur la
voiture, et M. Petitjean a été tué sur le coup.
Les autres personnes en ont été quittes
pour quelques contusions sans gravité.
M. Petitjean est universellement. regretté.
LA PETITE POSTE
Ít. si à Versailles. Le jeune homme qui, au
tirage de sa classe, obtient un bon numéro, a la
chance dé faire peu ou point de service actif, et de
rester dans ses foyers.
L'enfant né en France d'un
étranger qui lui-même y est né, est Français, à moins
que, dans l'année qui suit sa m'ajoute, il ne réclame'
la qualité d'étranger.
L'AFFAIRE
DE LA BÂST1DE-&ESPUS
Entre huit et neuf heures, Latour s'aven-
turait dans l'unique rue de La Bastide. ̃
Sur le pas d'une porte, une bonne femme
causait avec un voisin qui, au rez-de-chaussée
d'en face, décrochait, tout en bavardant, les
volets de'sa boutique.
J'espère, disait-elle en ce patois du midi
si imagé dans ses expressions que nous
aurons tantôt votre estomac pour colombier.
Les pigeons seraient trop désolés du con-
traire, fit en riant le boutiquier.
Peut-on compter sur vous pour l'heure
du déjeuner?
Je crois bienl Des pigeons achetés au
château de Baillard!
Latour dressa l'oreille. Il considéra la bou-
tique sur la devanture.il lut: Pierre Barrue',
cordonaiier. Il examina la maisonopposée; au-
dessus de la porte se balançait une enseigne:
André Rouchon, charpentier'rriaçon, aubergiste,
loge à pied et à cheval. L'évadé entra chez An-
dré Rouchon.
L'énoncé des professions exercées par cet
industriel était trop multiple pour que l'on
supposât que, seul, il put faire face aux exi-
gences de chacune. André Rouchon était, en
réalité, charpentier et maçon; la partie au-
bergiste de son individu était représentée par
Mme Rouchon, une respectable matronne
dontle regard inquisiteur enveloppa des pieds
à la tête le voyageur que lui envoyait le ha-
sard.
A première vue, l'examen de l'hôtelière ne
fut pas favorable au client
Que voulez-vous? interrogea avec brus-
querie la femme du maçon-charpentier.
L'évadé n'eut point l'air de s'apercevoir du
ton dont la question était posée
Je suis négociant en bois de construc-
tions, fit-il d'un accent insidieux, mes afiai-
rés m'appellent pour quelque temps dans ce
pays. J'étais en quête d'un logement
Et désignant du doigt le nom d'André
Rouchon, sur l'écusson en potence qui va-
cillait au vent, il ajouta avec bonhomie
Qu'ai-je besoin d'aller plus loin puis-
que je trouve ici presque un confrère
L'aubergiste se radoucit visiblement
C'est une chambre, alors, qu'il vous
faudrait?
esprits par la science inconnue de ce vieil-
lard, qui depuis quarante ans cherchait sans
découragement le dernier mot de cette
science. Il manquait d'or pour parvenir àson
but, elle lui en promit; il était patriote, elle
lui affirma qu'il marcherait avec elle à la dé-
livrancè de la patrie. Il se fit son esclave pour
deux ans, dans l'espoir de donner au monde
après cela, la liberté avec la lumière.
Si Barbera d'Orezza n'avait pas étéparjure,
ce n'est pas à Galvani, ce n'est pas Volta
que reviendrait l'honneur des découvertes
électriques, c'est à LuciolL
La lumière qui avait éclairé le vaisseau
corse pendant la tempête, et permis aux ga-
lères, restées dans l'obscurité, de le voir et
de l'atteindre, c'était la lumière électrique.
La reine des vagues ne croyait pas aux me-
naces du savant; on n'a pas eu quarante ans
une idée fixe, pour y renoncer en une heure;
on n'a pas poursuivi une chimère pen-
dant tout une une vie, au prix de tous les
renoncements, pour la laisser échapper au
moment où elle devient réalité, une passion
ancienne, profonde, ardente est un incendie,
non une flamme isolée qu'un souffle éteint
au passage. Lucioli ne pouvait pas vouloir
mourir.
Mais ce qu'ignorait Barbera, c'est qu'il y a
un amour, une passion, un sentiment qui
absorbe ou dominé tous les autres, et qu'on
appelle le patriotisme; c'est que, pour cer-
tains grands cœurs, la honte d'avoir servi,
Oui, une bonne chambre, la meilleure
que vous aurez, et de bons déjeuners et de
bons dîners aussi, car je dois vous avouer
que je suis accoutumé à bien vivre.
Décidément, le voyageur était de ceux qui
méritent considération la digne Mme Rou-
chon redevint tout à lait aimable'; précédant
le faux négociant, elle le guidajusqu'au pre-'
mier étage.
Lorsqu'elle supposa son hôte installé, l'au-
bergiste reparut un régistre à la main, et,
arborant un sourire presque gracieux
On vous appelle?
Baptiste Pujol.
Elle inscrivit ce nom sur son livre de police.
L'heure du repas venue, Latour se fit ser-
vir à part, dans la salle du rez-de-chaussée.
Il redoutait de se rendre suspect en se mê-
lant avec trop d'empressement aux conversa-
tions qui se tenaient à la table voisine, où
déjeunaient André Rouchon, sa femme et
leur invité. Au dessert il tira de sa poche
des cigares, en alluma un et se rapprocha
des deux hommes pour leur en offrir.
Alors, la causerie devint générale.
Les'propos se succédaient, effleurant l'un
après l'autre tous ,les sujets de nature à in-
téresser la population d'un. village; le pré-
tendu Baptiste Pujol sut jeter hatbilement,
comme sans y prendre garde, quelques con-
fidences touchant et son commerce, et les
heureuses opérations auxquelles il s'était
livré récemment, et les marchés qu'il venait
de conclure à Foix, où même, ajoutait-il, il
avait dû, étant malade, s'attarder quelques
jours dans un hôtel. Tout en causant, il ca-
ressait négligemment ses favoris d'un petit
peigne noir extrait de son gousset,
Après le café, Latour et ses nouvelles con-
naissances étaient les meilleurs amis du
monde. Au dernier petit verre, on le consi-
dérait comme dé la maison. Pierre Barruet,
l'invita même a ne pas craindre de passer
chez lui tailler un bout de bavette » lors-
qu'il ne trouverait pas un meilleur emploi
de son temps.
Dans 1 après-midi, Baptiste Pujol visita la
boutique du cordonnier.
Compère, cria-t-il dès le seuil, je ne
viens pas vous déranger.
Entrez, entrez-donc! exclama tout joyeux
le disciple de saint Crépin.
Il me faut des souliers, et je ne vois pas
pourquoi vous ne me chausseriez pas tout
comme un autre.
Le cordonnier lui prit mesure.
–"C'est que l'on use, dans mon état, re-
marqua le soi-disant marchand de bois.
Faut croire, fit sentencieusement B4r-
ruet, son tire-pied entre les doigts, car vous
portez pour le quart d'heure, soit dit sans
vous oflenser, de vraies savates de galérien,
Latour se décontenança; un rapide coup
d'œil sûr la physionomie de son interlocu-
teur lui démontra que le brave homme s'ex-
primait sans arrière-pellsée;, le forçat reprit
vite toute son assurance
Que voulez- vous ? dit-il d'un ton déta-
ché quand j'en aurai les moyens, je ne
me présenterai plus dans les châteaux qu'en
voiture.
AJi vous allez dans les châteaux? s'en-
quit vivement le bottier qui n'était pas fâché
de pénétrer plus avant dans l'intimité d'une
aussi enviable pratique.
Il le faut bien c'est une nécessité du
Alors vous avez eu du flairt en vous ar-
rêtant à la Bastide!
Pourquoi donc?
Parce qu'il y a pas mal de châteaux
aux alentours. et des fameux encore
Oui, je sais. celui de Baillard^ntpe au-
Chez M. Bugad de Lassalle.
Vous le'connaissez?
Si je connais M, de Lassalle! Il y a pins
de quarante ans,.mon bon monsieur, qua-
rante ans, entendez-vous, que je le chausse
de père en fils!
On me parlait de lui dernièrement.
Qui ça?
un ami due sa plus jeune sceur de Car-
bonne.
Mme Depau.ï. une excellente femme 1
trie, est une plaie de l'âme qui né se cica-
trise point, un mal mortel.
vittolo, dit-elle à son père nourricier dès
qu'ils furent dans sa cabine, éndant le som-
meil de Lucioli, la nuit prochaine, tu perce-
ras à cette porte une ouverture à peine visi-
ble, qui me permette de voir à l'intérieur.
Avant huit jours, je saurai ce qu'il sait, et
nous n'aurons plus besoin de lui.
CHAPITRE XVHI
Où Dominique mérite que Dieu
bénisse l'amour* dle Vaqina
Terra-Vecchié, était en fête.- On avait pro-
mené les matelots de l'Esperaaice dans toute
la ville avant de les enfermer; ils avaient été
hués, insultés; ils avaient reçu des pierres.
Frédéric et'Bernard étaient parmi eux. La
population entière se trouvait pans les rues.
Le jeune commandant, revêtu de son uni-
forme, ressemblait plutôt un chef qui va
donner des ordres, qu'à un prisonnier con-
damné au dernier supplice. Il portait la tête
haute. Son' visage, pâli par, la tentative infer-
nale de la veille, n en conservait pas moins
une expression de dignité fière; la gaieté un
peu railleuse de son sourire avait. fait place
à une douce gravité: Il i egardait autour de
lui cette populace en délire, et se demandait
d'où pouvait venir cette haine féroce, cet
acharnement contre des gens qui défendaient
leur liberté, et agissaient en ennemis loyaux.
C'est ce qu'on me disait quant au châ-
telain, paraît-il, il est peu coulant en affaires?
Lui! allons donc Sait-il tant seulement
ce que c'est, les affaires ?
n'n'use pourtant pas tout son bois àse
chauffer, je suppose.
Bien sûr,il est trop économepourça; n'em-
pêche que s'il Youlaitvous trafiquersescoupes,
vous pourriez vous vanter d empocher d'a-
vance un joli bénéfice.
Il ne connaît donc pas les cours?
Est-ce qu'il veut entendre parler de ces
choses là! C'est une espèce de lunatique, un
savant qui passe tous les jours que Dieu fait
a fourrez son nez dans des bouquins où per-
sonne que lui ne pourrait rien comprendre.
Un tempérament morose, quoi!
Non, ce n'est pas celà, car avec ses ma»
nies il est bon comme le bon pain. Tenez
voila Pélagie, par exemple.
Qui ça, Pélagie ?
Une de ses domestiques.. il en a trois,
un homme et deux femmes. » Eh bien 1 cer-
tainement Pélagie est une brave fille, mais
moi qui vous paiclè je ne la garderais pas à
mon service,
Ah 1 quel motif.
Elle a un bien trop vilain défaut,la mal-
heureuse elle boit 1
Et puis?. "̃̃"̃
Comment vous trouvez que ca n'est
rien? Je vous, dis qu'elle boit non pas à se
donner une pointe, ainsi qu'il pourrait ad-
venir par hasard à toute fille de La Bastide,
mais comme si elle arrivait en droite lignes
de la Pologne
-Pas possible!
C'ëst-à-dïrelque si le château n'était pas
aussi loin du village et s'il ne lui était pas
interdit de descendre à la cave, elle serait
moins souvent débout qu'étendue quelque
part à cuver son vin.
Et M. de Lasalle conserve chez lui une
ivrogne pareille ?
lîien plus, il y tient comme à ses yeux,
A vrai dire, en dehors de ça, Pélagie esk
probe et laborieuse. Et puis, vous savez.. j
suffit qu'il y ait eu dans le temps quelque chosi
entre eux. c'est ce qu'on chucnote, dd
moins. Enfin, il s'y est attaché à ce poin!
qu'elle est comme qui dirait sa dame de côn-;
fiance.
La conversation se prolongea quelquesinsv
tants encore mais tout ce qu'eût pu lui ap-
prendra de plus le cordonnier n'eût pas valu
pour Latour les renseignements qu'il venait
d'obtenir.
En quittant Pierre Barruet, le repris de'
justice piqua tout droit vers le château. Au
bout de l'avenue, il s'arrêta, paraissant ré-
fléchir, Puis, résolument, il s'avança dans la
cour.
(La suite à demain) a.-ï, damème/
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Les blés sont restés sans affaires, cette semaine.
Les prix, qui s'étaient maintenus fermes au début,
ont encore faibli samedi devant la rareté des de-
mandes. Les détenteurs des blés étrangers se sont,
en Outre, laissés aller à quelques affaires en baisse.
Les qualités d'Amérique se sont vendues de 36 Il
36 50; les blés blancs, de 39 50 à 40 50 les 120 kilog.
Dernière cote en blés à livrer Disponible et cou-
rant, 37 fr. 25 c,; prochain, 37 50; mars et avril,
37 50 c. mai et juin, 37 fr.; 4 de mai, 3650par 100 k,
nets, comptant, eutrepôt, • ̃
En seigles, affaires restreintes avec peu de ven-»
deurs. On paye de 26 50 à 26 75'c. les l0tl Wlog. en
Les orges de qualité ordinaire se maintiennent à
Gênes,irritée des derniers succès de Théo-
dore épuisée d'argent et d'hommes, sentant
qu'eue jouait sa dernière partie contre les
patriotes, se vengeait avec rage, et ne son-
geait, comme tous les despotismes qui se
sentent faiblir, qu'à frapper tout ce qu'elle
ne pouvait vaincre. C'est le vertige de la ty
rannie.
Pendant que les prisonniers étaient sur la
place les élèves du grand séminaire, logés
dans la basse ville depuis la prise du fau-
bourg, sortirent de l'église, défiant en or-
dre et ensilence, au milieu du peuple amassé.
Quelques abbés interrogèrent; on les ins-
truisit de ce qui se passait.
Le commandant de l'Espérance s'était sou-
levé, à la vue de cette noire et interminable
procession, et-cherchait à distinguer les vi-
sages, comme s'il voulait en reconnaître quel-
Le frère de lait de Vanina doit être
parmi ces hommes, pensait-il. Si je n'avais
confiné à mon oncle la lettre de la pauvre en-
faut peut-être arriverais-je aujourd'hui à
remplir moi-même la mission qu'elle m'a
çonfiée.
Il songea à interroger; une pensée le ref-
tint: la république était pleine de défiance,
un soupçon pouvait perdre un homme; s'il
demandait l'abbé Dominique, lui, un des
chefs parmi les ennemis, peut-être attirerait,
il sur l'ami de Vanina les colères d'un gou-
vernement aveugle et
CAMILLE
s
UNE PLUIE D'OR
La fë^ïè a #té sutttrilëjliëï1,
dans "i'après-dîuer, sur la place Mazas, où
elle était groupée autour des danseurs de
corde qui y travaillent les jours de fête.
Ces danseurs furent ébahis de voir tout à
coup pleuvoir sur eux quantité de pièces d'or
et,d'argent de toutes le? grandeurs.
Tout le monde se rua dessus, comme bien
l'on pense.
Mais ce fut bien autre chose, lorsqu'on vit
voltiger en l'air, des billets de cinq, vingt,
cinquante et cent francs.
Les spectateurs stupéfiés cherchèrent d'où
arrivait cette pluie inaccoutumée et ne tar-
dèrent pas à apercevoir deux individus com-
plètement ivres qui jetaient en l'air tout ce
qu'ils avaient en poche.
Les poches cependant n'étaient pas iné-
puisables. Alors se joua le deuxième acte de
cette singulièré comédie.
Les deux ivrognes voulurent rentrer en
possession de leur avoir.
Co n'était pas chose facile, tout le monde
avait empoché ce qu'il avait pu saisir.
Ce qui devait arriver, arriva, c'est-à-dire
quelques gardiens de la paix. Ils retinrent
dans la mesure du possible les mdividus qui
avaient pris part à la récolte,
Les saltimbanques avaient ramassé beau-
coup ils avaient donné un billet au joueur
d'orgue qui formait leur orchestre sans lui
demander la monnaie, et dans la bagarre
l'homme à l'orgue avait trouvé moyen.de
décamper.
Les autres n'auraient peut-être pas de*
mandé mieux que d'en faire autant, mais les
agents les conduisirent chez le commissaire
de police, où eut lieu le troisième acte la
restitution des sommes tombées du ciel. Il y
avait à peu près 600 fr.
Ils durent indiquer l'adresse du joueur
d'orgue, qui, de son côté, rendit ce qu'il avait
pris. a^proximâtivémeni, sans doute, car
il n'y ayait pas dé compte exact possible.
Les deux fantaisistes rentrèrent ainsi en
possession de la plus grande partie des
sommes qu'ils avaient jetées à tous les vents,
à la suite d'un déjeuner copieux beaucoup
trpp libéralement arrosé. fi
.Cette petite débauche de gfrand seigneur
leur coûte deux cents francs, *à ce qu'ils di-
sent; mais probablement ils %'avouent pas
la vér.it_é tout entière.
Ê^Vlî^ DES TÏBS4THE3
La reprise de Guillaume Tell; à l'Opéra, aura lieu
demain mercredi. M. Faure rêmplira le rôle de
Guillaume Tell, dans lequel on ne l'a pas entendu
depuis plusieurs années.
X C'est jeudi prochain qu'aura lieu, à fOdéon,
l'audition de Marie-Madeleine, drame oratorio de M.
Jules Massenet chanté par Mmes Gueymard-Laû-
ters; Salla, MM. Bosquin et Jules Lefort.
X Les représentations de Monsieur Alphonse sont
maintenant accompagnées du Bijou de la reine, pe-
tite comédie non pas inédite mais inconnue de Mû
Alexandre Dumas fils, dont elle est le premier ou-
vrage dramatique.
Le spectacle commence par la Partie de piquet,
comédie-vaudeville, dans laquelle Lesueur vient
de faire sa rentrée par un de ses rôles les plus
amusants.
i x Les Fortunes tapageuses, pièce nouvelle, repré-.
sentée avant-hier au théâtre des Menus-Plaisirs, né
paraissent pas appelées à faire le bruit sur lequel on
comptait. Cette comédie renferme cependant nom-
bre de .scènes intéressantes,,çt peut être considérée
;comme une promesse très satisfaisante de jeunes
auteurs.
Le théâtre des Menus-Plaisirs doit accompagner
les Fortunes tapageuses des Noees de 'Bouche en cœur
il n'est pas douteux que ce spectacle n'attire la foulé.
X Le. Sacrilége, drame de MM. Théodore Barrière
et Léon Beauvallet, vient d'être repris à l'Ambigu.
C'est une des meilleures pièces que ce théâtre ait
jouées depuis longtemps, et l'interprétation actuelle'
en est convenable.
X Le Théâtre-Cluny donne les dernières repré-
sentations du Crime de Faverne, avec Prédérick-Le.
maitre. On jouera probablement, avant la fin de cette
semaine, Madame Marcel, l'ouvrage nouveau de M.
Georges Petit, dans lequel Mlle Periga remplira le
'principal rôle.
X Ce soir, à l'Odéon, et par extraordinaire, M. Gef-
froy reparaitra dans une dernière représentation de
Tartuffe. L,e speq^çje sera terminé par M. de Pour-
ceaugnac. CHARLES darcobrs,
Feuilleton du 18 Février 1874
LE pu! DE CORSE
(3oj Partie. La Reine des bagnes
JCHAPITRE XVBfe;
excursions, solitaires au Sfiiëu
des montagnes, Barbera avait rencontré Lu-
cioli, et d'abord l'avait pris pour un fou. Puis
elle s'était fait connaître, le viellard avait eu
confiance et s'était livré*
Leurs relations devinrent intimes. Il lui
dit qu'il voulait arriver à faire une lumière
pareille à celle du soleil, qu'il créerait un
tonnerre aussi puissant que celui de Dieu;
cela lafit sourire. Mais lorsqu'un jour il la
prit par la main, et la fit entrer dans une
grotte profonde, où il faisait ses expériences,
lorsqu elle se vit tout à coup entourée d'é-
tincelles et d'éclairs, et que cet homme lui
dit: ordonne que cela cesse, et cela cessera
elle se dit, la forte fille qui ne croyait pas à
la sorcellerie, que la folie du vieillard pour-
rait bien être du génie..
Quand elle eut trahi, quand elle eut résolu
de vaincre le roi de Corse par tous les moyens,
.DÉPARTE
.̃̃̃ Un jeune homme avait étérécemment con-
damné par le tribunal correctionnel de Bour-
ges à quelques mois de prison pouravoir en-'
fevé, chez un boulanger, 25,fr. et un patin.
Le jour même de sa condamnation il rece-
yait de sa famille une lettre lui annonçant
qu'il venait de gagner un lot de 70.000 fr. à
la loterie des Orphelines de Turin.
Il n'a plus qu'à présenter le billet dont il
est porteur pour toucher cette somme. dès
qu'il sera sorti de prison.
̃ On nous écrit de Semur:
M, Petitjean, notaire à Semur, revenait de
la campagne dans sa voiture il était accom-
pagné de sa femme, de son jeune enfant et
deux domestiques.
Au moment où ils passaient à côté d'un
peuplier qu'un paysan était occupé à arra-
cher, l'arbre s'est subitement abattu sur la
voiture, et M. Petitjean a été tué sur le coup.
Les autres personnes en ont été quittes
pour quelques contusions sans gravité.
M. Petitjean est universellement. regretté.
LA PETITE POSTE
Ít. si à Versailles. Le jeune homme qui, au
tirage de sa classe, obtient un bon numéro, a la
chance dé faire peu ou point de service actif, et de
rester dans ses foyers.
L'enfant né en France d'un
étranger qui lui-même y est né, est Français, à moins
que, dans l'année qui suit sa m'ajoute, il ne réclame'
la qualité d'étranger.
L'AFFAIRE
DE LA BÂST1DE-&ESPUS
Entre huit et neuf heures, Latour s'aven-
turait dans l'unique rue de La Bastide. ̃
Sur le pas d'une porte, une bonne femme
causait avec un voisin qui, au rez-de-chaussée
d'en face, décrochait, tout en bavardant, les
volets de'sa boutique.
J'espère, disait-elle en ce patois du midi
si imagé dans ses expressions que nous
aurons tantôt votre estomac pour colombier.
Les pigeons seraient trop désolés du con-
traire, fit en riant le boutiquier.
Peut-on compter sur vous pour l'heure
du déjeuner?
Je crois bienl Des pigeons achetés au
château de Baillard!
Latour dressa l'oreille. Il considéra la bou-
tique sur la devanture.il lut: Pierre Barrue',
cordonaiier. Il examina la maisonopposée; au-
dessus de la porte se balançait une enseigne:
André Rouchon, charpentier'rriaçon, aubergiste,
loge à pied et à cheval. L'évadé entra chez An-
dré Rouchon.
L'énoncé des professions exercées par cet
industriel était trop multiple pour que l'on
supposât que, seul, il put faire face aux exi-
gences de chacune. André Rouchon était, en
réalité, charpentier et maçon; la partie au-
bergiste de son individu était représentée par
Mme Rouchon, une respectable matronne
dontle regard inquisiteur enveloppa des pieds
à la tête le voyageur que lui envoyait le ha-
sard.
A première vue, l'examen de l'hôtelière ne
fut pas favorable au client
Que voulez-vous? interrogea avec brus-
querie la femme du maçon-charpentier.
L'évadé n'eut point l'air de s'apercevoir du
ton dont la question était posée
Je suis négociant en bois de construc-
tions, fit-il d'un accent insidieux, mes afiai-
rés m'appellent pour quelque temps dans ce
pays. J'étais en quête d'un logement
Et désignant du doigt le nom d'André
Rouchon, sur l'écusson en potence qui va-
cillait au vent, il ajouta avec bonhomie
Qu'ai-je besoin d'aller plus loin puis-
que je trouve ici presque un confrère
L'aubergiste se radoucit visiblement
C'est une chambre, alors, qu'il vous
faudrait?
esprits par la science inconnue de ce vieil-
lard, qui depuis quarante ans cherchait sans
découragement le dernier mot de cette
science. Il manquait d'or pour parvenir àson
but, elle lui en promit; il était patriote, elle
lui affirma qu'il marcherait avec elle à la dé-
livrancè de la patrie. Il se fit son esclave pour
deux ans, dans l'espoir de donner au monde
après cela, la liberté avec la lumière.
Si Barbera d'Orezza n'avait pas étéparjure,
ce n'est pas à Galvani, ce n'est pas Volta
que reviendrait l'honneur des découvertes
électriques, c'est à LuciolL
La lumière qui avait éclairé le vaisseau
corse pendant la tempête, et permis aux ga-
lères, restées dans l'obscurité, de le voir et
de l'atteindre, c'était la lumière électrique.
La reine des vagues ne croyait pas aux me-
naces du savant; on n'a pas eu quarante ans
une idée fixe, pour y renoncer en une heure;
on n'a pas poursuivi une chimère pen-
dant tout une une vie, au prix de tous les
renoncements, pour la laisser échapper au
moment où elle devient réalité, une passion
ancienne, profonde, ardente est un incendie,
non une flamme isolée qu'un souffle éteint
au passage. Lucioli ne pouvait pas vouloir
mourir.
Mais ce qu'ignorait Barbera, c'est qu'il y a
un amour, une passion, un sentiment qui
absorbe ou dominé tous les autres, et qu'on
appelle le patriotisme; c'est que, pour cer-
tains grands cœurs, la honte d'avoir servi,
Oui, une bonne chambre, la meilleure
que vous aurez, et de bons déjeuners et de
bons dîners aussi, car je dois vous avouer
que je suis accoutumé à bien vivre.
Décidément, le voyageur était de ceux qui
méritent considération la digne Mme Rou-
chon redevint tout à lait aimable'; précédant
le faux négociant, elle le guidajusqu'au pre-'
mier étage.
Lorsqu'elle supposa son hôte installé, l'au-
bergiste reparut un régistre à la main, et,
arborant un sourire presque gracieux
On vous appelle?
Baptiste Pujol.
Elle inscrivit ce nom sur son livre de police.
L'heure du repas venue, Latour se fit ser-
vir à part, dans la salle du rez-de-chaussée.
Il redoutait de se rendre suspect en se mê-
lant avec trop d'empressement aux conversa-
tions qui se tenaient à la table voisine, où
déjeunaient André Rouchon, sa femme et
leur invité. Au dessert il tira de sa poche
des cigares, en alluma un et se rapprocha
des deux hommes pour leur en offrir.
Alors, la causerie devint générale.
Les'propos se succédaient, effleurant l'un
après l'autre tous ,les sujets de nature à in-
téresser la population d'un. village; le pré-
tendu Baptiste Pujol sut jeter hatbilement,
comme sans y prendre garde, quelques con-
fidences touchant et son commerce, et les
heureuses opérations auxquelles il s'était
livré récemment, et les marchés qu'il venait
de conclure à Foix, où même, ajoutait-il, il
avait dû, étant malade, s'attarder quelques
jours dans un hôtel. Tout en causant, il ca-
ressait négligemment ses favoris d'un petit
peigne noir extrait de son gousset,
Après le café, Latour et ses nouvelles con-
naissances étaient les meilleurs amis du
monde. Au dernier petit verre, on le consi-
dérait comme dé la maison. Pierre Barruet,
l'invita même a ne pas craindre de passer
chez lui tailler un bout de bavette » lors-
qu'il ne trouverait pas un meilleur emploi
de son temps.
Dans 1 après-midi, Baptiste Pujol visita la
boutique du cordonnier.
Compère, cria-t-il dès le seuil, je ne
viens pas vous déranger.
Entrez, entrez-donc! exclama tout joyeux
le disciple de saint Crépin.
Il me faut des souliers, et je ne vois pas
pourquoi vous ne me chausseriez pas tout
comme un autre.
Le cordonnier lui prit mesure.
–"C'est que l'on use, dans mon état, re-
marqua le soi-disant marchand de bois.
Faut croire, fit sentencieusement B4r-
ruet, son tire-pied entre les doigts, car vous
portez pour le quart d'heure, soit dit sans
vous oflenser, de vraies savates de galérien,
Latour se décontenança; un rapide coup
d'œil sûr la physionomie de son interlocu-
teur lui démontra que le brave homme s'ex-
primait sans arrière-pellsée;, le forçat reprit
vite toute son assurance
Que voulez- vous ? dit-il d'un ton déta-
ché quand j'en aurai les moyens, je ne
me présenterai plus dans les châteaux qu'en
voiture.
AJi vous allez dans les châteaux? s'en-
quit vivement le bottier qui n'était pas fâché
de pénétrer plus avant dans l'intimité d'une
aussi enviable pratique.
Il le faut bien c'est une nécessité du
Alors vous avez eu du flairt en vous ar-
rêtant à la Bastide!
Pourquoi donc?
Parce qu'il y a pas mal de châteaux
aux alentours. et des fameux encore
Oui, je sais. celui de Baillard^ntpe au-
Chez M. Bugad de Lassalle.
Vous le'connaissez?
Si je connais M, de Lassalle! Il y a pins
de quarante ans,.mon bon monsieur, qua-
rante ans, entendez-vous, que je le chausse
de père en fils!
On me parlait de lui dernièrement.
Qui ça?
un ami due sa plus jeune sceur de Car-
bonne.
Mme Depau.ï. une excellente femme 1
trie, est une plaie de l'âme qui né se cica-
trise point, un mal mortel.
vittolo, dit-elle à son père nourricier dès
qu'ils furent dans sa cabine, éndant le som-
meil de Lucioli, la nuit prochaine, tu perce-
ras à cette porte une ouverture à peine visi-
ble, qui me permette de voir à l'intérieur.
Avant huit jours, je saurai ce qu'il sait, et
nous n'aurons plus besoin de lui.
CHAPITRE XVHI
Où Dominique mérite que Dieu
bénisse l'amour* dle Vaqina
Terra-Vecchié, était en fête.- On avait pro-
mené les matelots de l'Esperaaice dans toute
la ville avant de les enfermer; ils avaient été
hués, insultés; ils avaient reçu des pierres.
Frédéric et'Bernard étaient parmi eux. La
population entière se trouvait pans les rues.
Le jeune commandant, revêtu de son uni-
forme, ressemblait plutôt un chef qui va
donner des ordres, qu'à un prisonnier con-
damné au dernier supplice. Il portait la tête
haute. Son' visage, pâli par, la tentative infer-
nale de la veille, n en conservait pas moins
une expression de dignité fière; la gaieté un
peu railleuse de son sourire avait. fait place
à une douce gravité: Il i egardait autour de
lui cette populace en délire, et se demandait
d'où pouvait venir cette haine féroce, cet
acharnement contre des gens qui défendaient
leur liberté, et agissaient en ennemis loyaux.
C'est ce qu'on me disait quant au châ-
telain, paraît-il, il est peu coulant en affaires?
Lui! allons donc Sait-il tant seulement
ce que c'est, les affaires ?
n'n'use pourtant pas tout son bois àse
chauffer, je suppose.
Bien sûr,il est trop économepourça; n'em-
pêche que s'il Youlaitvous trafiquersescoupes,
vous pourriez vous vanter d empocher d'a-
vance un joli bénéfice.
Il ne connaît donc pas les cours?
Est-ce qu'il veut entendre parler de ces
choses là! C'est une espèce de lunatique, un
savant qui passe tous les jours que Dieu fait
a fourrez son nez dans des bouquins où per-
sonne que lui ne pourrait rien comprendre.
Un tempérament morose, quoi!
Non, ce n'est pas celà, car avec ses ma»
nies il est bon comme le bon pain. Tenez
voila Pélagie, par exemple.
Qui ça, Pélagie ?
Une de ses domestiques.. il en a trois,
un homme et deux femmes. » Eh bien 1 cer-
tainement Pélagie est une brave fille, mais
moi qui vous paiclè je ne la garderais pas à
mon service,
Ah 1 quel motif.
Elle a un bien trop vilain défaut,la mal-
heureuse elle boit 1
Et puis?. "̃̃"̃
Comment vous trouvez que ca n'est
rien? Je vous, dis qu'elle boit non pas à se
donner une pointe, ainsi qu'il pourrait ad-
venir par hasard à toute fille de La Bastide,
mais comme si elle arrivait en droite lignes
de la Pologne
-Pas possible!
C'ëst-à-dïrelque si le château n'était pas
aussi loin du village et s'il ne lui était pas
interdit de descendre à la cave, elle serait
moins souvent débout qu'étendue quelque
part à cuver son vin.
Et M. de Lasalle conserve chez lui une
ivrogne pareille ?
lîien plus, il y tient comme à ses yeux,
A vrai dire, en dehors de ça, Pélagie esk
probe et laborieuse. Et puis, vous savez.. j
suffit qu'il y ait eu dans le temps quelque chosi
entre eux. c'est ce qu'on chucnote, dd
moins. Enfin, il s'y est attaché à ce poin!
qu'elle est comme qui dirait sa dame de côn-;
fiance.
La conversation se prolongea quelquesinsv
tants encore mais tout ce qu'eût pu lui ap-
prendra de plus le cordonnier n'eût pas valu
pour Latour les renseignements qu'il venait
d'obtenir.
En quittant Pierre Barruet, le repris de'
justice piqua tout droit vers le château. Au
bout de l'avenue, il s'arrêta, paraissant ré-
fléchir, Puis, résolument, il s'avança dans la
cour.
(La suite à demain) a.-ï, damème/
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Les blés sont restés sans affaires, cette semaine.
Les prix, qui s'étaient maintenus fermes au début,
ont encore faibli samedi devant la rareté des de-
mandes. Les détenteurs des blés étrangers se sont,
en Outre, laissés aller à quelques affaires en baisse.
Les qualités d'Amérique se sont vendues de 36 Il
36 50; les blés blancs, de 39 50 à 40 50 les 120 kilog.
Dernière cote en blés à livrer Disponible et cou-
rant, 37 fr. 25 c,; prochain, 37 50; mars et avril,
37 50 c. mai et juin, 37 fr.; 4 de mai, 3650par 100 k,
nets, comptant, eutrepôt, • ̃
En seigles, affaires restreintes avec peu de ven-»
deurs. On paye de 26 50 à 26 75'c. les l0tl Wlog. en
Les orges de qualité ordinaire se maintiennent à
Gênes,irritée des derniers succès de Théo-
dore épuisée d'argent et d'hommes, sentant
qu'eue jouait sa dernière partie contre les
patriotes, se vengeait avec rage, et ne son-
geait, comme tous les despotismes qui se
sentent faiblir, qu'à frapper tout ce qu'elle
ne pouvait vaincre. C'est le vertige de la ty
rannie.
Pendant que les prisonniers étaient sur la
place les élèves du grand séminaire, logés
dans la basse ville depuis la prise du fau-
bourg, sortirent de l'église, défiant en or-
dre et ensilence, au milieu du peuple amassé.
Quelques abbés interrogèrent; on les ins-
truisit de ce qui se passait.
Le commandant de l'Espérance s'était sou-
levé, à la vue de cette noire et interminable
procession, et-cherchait à distinguer les vi-
sages, comme s'il voulait en reconnaître quel-
Le frère de lait de Vanina doit être
parmi ces hommes, pensait-il. Si je n'avais
confiné à mon oncle la lettre de la pauvre en-
faut peut-être arriverais-je aujourd'hui à
remplir moi-même la mission qu'elle m'a
çonfiée.
Il songea à interroger; une pensée le ref-
tint: la république était pleine de défiance,
un soupçon pouvait perdre un homme; s'il
demandait l'abbé Dominique, lui, un des
chefs parmi les ennemis, peut-être attirerait,
il sur l'ami de Vanina les colères d'un gou-
vernement aveugle et
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