Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1874-02-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 09 février 1874 09 février 1874
Description : 1874/02/09 (Numéro 4063). 1874/02/09 (Numéro 4063).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k592098v
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/07/2008
Le Petit ^roïu?nai
S
Cette stupide .plaisanterie, d'importation
allemande, va amener son auteur devant le
tribunal correctionnel.
Nous avons rapporté hier un accident
'cause par l'explosion d'un petit ballon. Un
fait analogue a eu lieu hier soir, dans la
grande salle de la gareduNord, où il a causé
une sorte de panique.
Un voyageur tenait un de ces joujoux qui,
se trouvant rapproché d'un bec de, gaz, prit
feu et fit explosion.
Les voûtes de la grande salle, très sonores,
augmentèreiit de beaucoup le bruit, et il a
fallu' que des employés allassent dans les dif-
férentes salles d'attente ràssurer les voya-
geurs eflrayés.
Un déraillement a eu lieu hiermatinà six
heures, sur -la ligne d'Orléans, entre le pont
'Picard et la gare des marchandises.
Deux trains de marchandises marchant pa-
rallèlement se sont heurtés à la bifurcation
et les deux premiers wagons ont été entière-
ment broyés. Personne n'a été blessé.
WÉOW, SOMNAMBULE lucide, Faubg Montmartre, 9.
Ce soir, par extraordinaire, à l'Opéra, la Favorite.
X Au Gymnase, reprise de Biche d'amour, et 75'
représentation de Monsieur Alphonse.
X L'Odéon consacre tous ses soins aux répSti-
tions du grand drame d'Alexandre Dumas, la Jeu-
nesse de Louis XIV. Parmi les artistes engages.pour
cet ouvrage, il faut citer en première limie M. La-
iontaino qui représentera le personnage de Mazarin,
et Mlle Automne, prêtée par te vaudeville, qui créera
le rôle du duc d'Anjou.
X Il est questiou aux Bouffes-Parisiens d'une
pièce importante et qui nécessiterait un personnel
féminin inusité à ce théâtre;.titre les Parisiennes.
X On annonce comme prochaine à l'Ambigu une
reprise ,du Sacrilège, drame. joué il y quelques an-
nées.
X Aujourd'hui, à deux heures, au théâtre de la
Tour-d'Àuvergne, représentation dirigée par llf.Tal.
hot, de la Comédie-Française, avec le concours des
élèi'es du Conservatoire. On jouera Livre III, Gilet
pitr& I", Amour .et Caprice, les Deux veuves, le Mi-
ssnthrûDû.. CHAULES daucoubs."
LE DUEL SÛUTZMSÏIÂ
COUR D'ASSISES DE SEINE-ET-MARNE
Présidence de M. le conseiller Tny
Audience, dit 7 février 1873
Un matin de novembre dernier, deux voi-
tures s'arrêtaient au carrefour de Belle-
Croix: dans la forêt de Fontainebleath
Ce l'une descendaient le prince Soutzo, of-'
licier professeur de fortifications à l'école
militaire d'Athènes, MM. Nicolaïdi et Ma-
vrornichalis, l'un commandant en retraite,
l'autre capitaine dans l'armée hellène.
L'autre véhicule transDortait le prince Ni-
colas Gkika, MM. Cortazzi, Grégoire Ghika et
un interne de l'hôpital Lariboisière, M.Valtat.
Soutzo et Nicolas Ghika allaient se battre
en duel.
L'arùie choisie était le pistolet; les adver-
saires, placés à vingt pas, devaient tirer en-,
semble au commandement trois, et échanger
chacun un deuxième coup de feu au cas où
le premier n'aurait pas de résultat.
Au signal convenu, deux détonations re-
tentirent presque simultanément. Nicolas
Ghika s'affaissa mortellement atteint. Trans-
porté'à l'hôtel d'Angleterre; il y expira,le
lendemain après d'atroces soufïrauces.
Il n'avait pas vingt-quatre ans.
L'interrogatoire da principal accusé révèle
l'origine de ce fatal duel.
m. LE président. goufzo, vous vous' êtes marié
en 1869,'en I2oumanie. En 1872, une séparation amia-
Me vous éloigna de votre iemmn, (lui garda reniant
né de votre union. Vous reveniez ep France, ça quel
soutzo. En mai.
D. En novembre 1872,'vous vous rendiez de nou-
veau à Bucharest; dans quel but?
R. Pour aller prendre mon fils.
D. Kon pour le prendre, mais pour le voler, car.
rotre tentative a eu tout le caractère d'un rapt.
il. On ne vols pas ce qui vous appartient. C'était
mon enfant. Ma femnie était dans un milieu funeste,
FeaiIîet©E dn 9 Février
{?1] J*! Partie.-La Reine des Vagues
CHAPITRE XIV
Suite
Monseigneur, dit Théodore quand il fut
eh tête il tête avecle prélat, j'aieu l'honneur de
recevoir de votre main là couronne do Corse.
L'.évêquè s'inclina.
Vous m'avez fait jurer de- mourir pour
la liberté de votre patrie. J ai promis, et j'ai
tenu parole. Et pourtant, monseigneur, vous
êtes devenu mon 'ennemi, et celui delà Corse,
.Le vôtre oui; celui de la Corse, non.
Vous avez fait à un membre de ma ,famille
un auront sanglant qui retombe sur tous.
J'ai accepté la vendetta de Barbera d'Orezza.
Et pour une vengeance d'amour-propre,
vous ne craignez pas, monseigneur, d'enle-
yèr â votre patrie le plus beau et le plus pur
~de son sang?
Un d'Orezza ne laisse pas un aflront
sans vengeance, dût-il pour cela ensanglan-
ter le monde.- Piâis, c'e.,t assez d'ihterfôga-
tions. Je suis votre prisonnier, soit; faites-
moi enfermer ou pèçii^ c'est voi,re droit. Je
ne parierai plus, »"̃" ̃-•-> -y-. ̃̃̃̃
elle subissait l'influence de ses sœurs. Je, voulais
leur arracher ce petit être pour en faire -un homme.
D. Oui, mais vous ne nous dites pas comment les
choses se sont passées. C'est la nuit que vous avez
pénétré dans la maison, en l'absence de votre femme.
R. En entrant là j'entrais chez moi nous n'avions
pas divorcé.
D. Vous profitiez de ce que votre femme était en
soirée. Vous vous êtes approcht du petit lit où l'en-,
fant dormait. Au dehors attendait une chaise de
poste attelée de quatre chevaux. Vousaviez soudoyé
deux serviteurs ,Régina, la femme de chambre,
Martini, le valet.
R. Ces gens me devaient obéissance.
D. Que s'est-il passé alors ?
̃ R, Martin était monté sur la chaise de poste. J'or-
donnai à Réginû d'apporter l'enfant. Des couvertures
étaient disposées dans le coupé, de façon à former
une couchette, et pour que l'enfant eût plus chaud,
je duittai- mon paleto.t et l'en couvris.
D. Et les quatre chevaux partirent au galop?
R. Oui, il fallait gagner du terrain, car je risquais
ma vie dans cet enlèvement.
D. Vous risquiez surtout celle de votre fils, un
enfant de deux ans et demi que cette aventure pou-
vait tuer. Où alliez-vous?
R. Je voulais franchir la frontière de Bessarabie.'
D. Mais à la frontière, vers minuit, on vous re-
fusa le passage et le lendemain, la police, lancée sur
vos traces, arracha l'enfant de vos mains.
R. Oui, grâce, à l'appui que la famille Ghika' prêta
en cette circonstance à ma femme, Nico Ghika en
particulier.
Quelques mois après, Soutzo rencontrait
Nico Gliika à Paris et, en pleinefue, le frap-
fait de deux soufflets.
L'interrogatoire dès seconds dé ce duel, où
l'un des'combattants tomfta victime du point
d'honneur, est extrêmement bief. Les déno-
sitions entendues ensuite, sont contradictoi-
res, les témoignages diffus.
Un détail important, toutefois, semble je-
ter un jour sur toute cette affaire.
Des traditions qui tiennent à l'histoire du
pays divisent les famille's roumaines, sé-
parées en deux camps distincts d'un côté,
les indigènes, desquels fait partie la prin-
cesse Soutzo; de l'autre, les Grecs phanario-
tes, auxquels appartient son mari.
Me Allou. qui défend Soutzo-, emploie son
admirable éloquence à rétuter les arguments
vigoureusement soutenus par le ministère
public, que représente M. le procureur de la.
République Félix Voisin.
Me Itendu plaide pour MM. Nicolaïdi et
lisavroiuichalis.
La défense des témoins du malheureux
Ghika est présentée avec chaleur par Me
Henri de Thanneberg.
Au moment d<£ mettre sous presse, le ver-
dict du jury ne nous est pas encore parvenu.
La Musette, chant des montagnes, par Xavier
Forneret, déjà publié pour violon et piano ainsi que
la Pluie, valse (édit.E.Girod, boul'.Montm.)Ce mor-
ceau,tout d'originalité et de sentiment, serajoué pour
la première fois lundi 9 et, par l'orchestre si habile de
lasalle Valentino.diiigé-p* son illustre chef Arban,
Les plus beaux CHALES des Indes pour
corbeille de mariage, rue de Rivoli,
DEPARTEMENTS
Notre correspondant particulier de Lyon
nous télégraphie le 7 février
« La commission municipale a décidé hier
soir la reconstruction du théâtre des Céles-
tins, détruit, on se le rappelle, par un incen-
die accidentel en 1871.
»Les plans-proposés par M. Ducros, préfet
du Rhône, ont été adoptés.
» La dépense est réduite à un million.
La reconstruction aura lieu aux frais de'
la'ville de Lyon, seulement au cas où l'in-
dustrie privée ne-se chargerait pas de l'en-
treprise.
Un immense incendie s'est déclaré avant-
hier, vers onze heures du soir, dans le bat-
teur de la filature de coton d'Hârcourt (Cal-
Les pertes sont évaluées à 400,000 fr., cou-
vertes par des assurances.
Un Prêtre a inventP un remède guérissant à
vie, et sans douleur, les cors et tontes affections
des pieds, 3 ir. (mv. f») màrtin, 30, taub. moKTmftBTRE
Un seul mot, monseigneur. Vous avez
accepté contre moi la vendetta de la belle
Barbera, donc vous voulez mà mort. Vous
êtes soldat autant que prêtre, et vous êtes
brave, je le sais. Puisque nous sommes én
présence, prenons nos épéës. et remettons-
nous-en au jugement de Dieu.
mais la religion ne le permet point.
Prenez garde, monseigneur, si vous inê-
lez la religion à nos querelles, vous me for-
cez à croire qu'elle autorise l'assassinat.
L'évêqueêtait debout, hautain et courroucé.
Théodore sourit et se mit eu garde.
La Vendetta oblige, monseigneur. Vous
le reconnaissez, et je m'en félicite.
Les épées se croisèrent. Théodore ne se
trompait point; Mgr d'Aleria était un adver-
saire cligiie de lui.
Le combat dura deux minutes. Une fois, le
roi fut touché, mais il para le coup, qui ne
porta que légèrement, et dit avec sa gaieté
doucement railleuse
Ah! monseigneur, c'est Dieu crui nous
juge: S'il permettait cela, vous ne pourriez
Cette plaisanterie exaspéra l'évêque qui
s'enferra. Théodore profita de sa faute pour
l'acculer, et faire sauter son épée, qui se brisa
à l'autre extrémité dé la pièçe. Puis, lui po-
sant la pointe (le la sienne sur la poitrine
C'est pour la vendetta de Barbera dlO_-
rezza que nous sommes ennemies, monsel-
L'AFFAIRE t
DE LA
SOUVENIR JUDICIAIRE
L'écurie, le bûcher qui lui est contigu, ex-
halaient une odeur de crime.
De la terre montrait une vapeur de sang
dont les âcres effluves saisissaient à la gorge
les personnes qui venaient d'entrer. Plu-
sieurs minutes s'écoulèrent avant que leurs
regards, passés sans transition du grand jour
aux ténèbres, se fùsssent faits à cette obs-
Tout à coup s'éleva une sourde clameur.
De l'écurie jusqu'au bûcher, un sillage fan-
geux déprimait le sol.
A l'extrémité de cette traînée, gisait un
deuxième cadavre.
Ces deux corps étaient- tout ce qui restait,
l'un de Pélagie Bicheyre, l'autre de Jean La-
canal ils présentaient des traces d'horribles
mutilations.
Le cadavre de la femme était couché sur
le flanc, les jambes repliées, un bras perpen-
diculaire àl'axe du corps, une clef de grosse
dimension reposant sur ce bras étendu.
La tête était nue, les cheveux épars et sans
peigne; la coiffe avait roulé à peu de dis-
tance de la- porte d'entrée les attaches dé
cette coiffe, un bandeau, un serre-tête de co-
ton avaient été déchiquetés par une lame
affilée.
Le crâne, laface, le cou de la victime,san-
glants, couverts de plaies, étaient hideux à
voir.
Le caclavre du cocher était étendu sur le
dos; un bras sur la poitrine.etl'autre en croix,
les poings serrés, les pieds sans chaussures.
Laf veste de drap marron dont il était vêtu,
remontée vers le cou en forme de tampon,
servait de point d'appui à l'occiput.
Sur ce funèbre oreiller maculé de larges
taches; la tête apparaissait « ouverte comme
un livre selon l'expression d'un témoin.
Partagée en deux par une ligne profonde qui
commençait à la région frontale pour ne s'ar-
rêter qu'au-dessous -du menton, la face lais-
sait voir, dans cette cavité béante, le cerveau,
les orbites, les fosses nasales, la voûte pala-
tine, les mâchoires, la langue.
A quelques pas de distance, non loin d'un
baquet rempli d'eau'dont le couvercle était
taché d'un mélange de sang et de suif, on
ramassa une casquette, une paire de sabots,
et un bonnet de coton noir auquel adhéraient
encore de rares cheveux blancs.
L'a .visière de la casquette, une de ces visières
de cuir.qui, presque parallèles au visage, des-
cendent jusque sur les yeux, était tranchée
en deux dans le sens de sa hauteur et cha-1
cune de ses sections correspondait à la partie
du front qu'elle avait abritée.
Pendant qu'à l'intérieur retentissaient les
exclamations d'effroi provoquées par ces dé-
couvertes, de confuses rumeurs éclataient au
dehors..
Outre ses entrées sur-la cour, l'habitation
possède, sur ses derrières, d'autres^portes en
contact avec l'extérieur.
L'une de ces portes confine à l'aile gauche;
elle a vue sur un jardin.
L'autre appartient à l'aile droite; elle met
les écuries eh communication directe avec la
campagne.
Or, les gens du village, qui, ne pouvant
trouver place au dedans, avaient exercé leurs
investigations autour de la demeure, venaient
de constater, presque simultanément, deux
indications importantes.
D'abord,- à l'aile gauche, la clef trouvée sur
le bras de Pélagie Bicheyre ouvrait-la porte
du jardin.
Ensuite, à l'ailé drôite, les montants de la
porte donnant sur la. campagne et la partie
du mur où s'encadrent ces montants offraient
des empreintes en forme de glissades parais-
sant provenir d'un pied.
Un peu au-dessus de cette dernière' porte,
une hauteur d'un mètre, environ, le mur
s'arrête brusquement.
Un grillage en bois le continue et monta
jusqu'à la toiture; il clôt un galetas situ-é au-
dessus des"écuries et relié au bûcher par un
escalier étroit.
le toi de Corse a proscritla vendetta.
Il releva son%rme, et s'inclinant
Vous êtes libre, monseigneur.
CHAPITRE XV,
Une Recrue
Les pirates étaient rentrés à Gapraja, et
Barbera, à l'unanimité, avait été élue chef
des Corsaires. C'est que l'expédition com-
mandée par elle avait réussi au delà de tout
espoir; les bandits avaient trouvé une proie
facile, et attendaient tranquilles le dernier
bénéfice de leur audace.
Après avoir mis au pillage trois villages
du littoral, dont les' nommes étaient partis
sous le drapeau de Théodore, à la délivrance
de la Corse, ils avaient pris cent femmes,
toutes parmi lesplus riches dupâys, donnant
huit jours aux habitants pour leur rançon,
etles avaient embarquées pour Capraja. Cette
entreprise, due à l'imagination féconde de la
reine des vagues avait deux avantages elle
devait, en rappo'rtant grôs' aux corsaires,
refroidir l'enthousiasme des-volontaires de
Théodore qui. dans la crainte de. nouvelles
surprises, réfléchiraient avant' d'abandonner
leurs femmes et leurs enfants.
Lè butin chargé, les femmes embarquées,
malgré leurs cris, leurs prières fit celles des
vieillards et des enfantes restés sur la cote, les
galères reprirent le chemin de leur île.
Et pendant la. route, une orgie joyeuse do-
mina le bruit des pleurs, des gémissements,
Deux barreaux manquaient à ce grillage,
laissant une ouverture de cinquante centi-
mètres, sur les*bords de laquelle des poils da
vêtements étaient restés accrochés.
811 retrouva les,barreaux flottant au borrj
du ruisselet qui, dans son parcours vers 17a*
rize, longe de ce côté le château.
Le maire, le juge de paix, le .curé de la
Bastide dirigeaient les recherches.
A l'un des ahgles de la pierre qui forme le
seuil de la cuisine, ils relevèrent un chaude-
lier que, dans Sa précipitation, Jacques Ri.
card n'avait pas remarqué.
C'était un flambeau -en jjîétal blanc, 'dont
le pied montrait, lui aussi,'sa blessure: unü
entaille oblique, évidemment produite par
un outil tranchant.
A la suite de la cuisine un escalier donna
accès aux deux étages du logis central. Sur
le palier du premier s'ouvrent deux portes.
Si, par l'une, on pénètre dans l'appartement,
après en avoir fait le tour on revient par l'au-
tre au palier.
L'une de ces portes était entre-bâillée:
M. Pujens, le juge de paix, la poussa et en.4
tra le premier.
Il se trouvait dans la. chambre à couche»
des servantes.
Devant l'effroyable tableau qui s'étalait au.-»
tour de lui, le magistrat s'arrêtar pétrifi6
d'horreur..
Au milieu de la pièce,, inondée de sang,
gisait le corps de Bugad de Lassalle.
Sa tête était criblée de blessures; ses lèvres
disparaissaient sous un bâillon de sang coa-
gulé. Ses yeux fixes, vitreux, dirigés vers la
porte, conservaient, dans la mort, une ex-
pression terrifiée. Il avait les bras étendus ̃<$
les mains fermées, les jambes croisées.
Le cadavre était vêtù d'un paletot de drap
gris, d'un gilet de même étoffé d'un panta-* *>
Ion de nuance plus claire; les pieds étaient
chaussés de bottes, le col cravaté de soie noire*
Un manteau de laine grossière était tomb6
non loin d'un lit situé à gauche de la chaba;4
bre.
Ce lit, intact, était celui de Pélagie Bw
cheyre.
A droite, sur une autre couche, des cou*
vertures, des oreillers, une courte-pointe
s'enchevêtraient dans le plus affreux désor<
dre. Des draps rougies de sang, souillés de
boue,, pendaient en lambeaux jusqu'à terre.
Entre ce mur et le lit, régnait un étroit pas-<
sage que masquaient les rideauxfroissés, dé«
coupés, tailladés, incisés en larges lanière?'
et ramenés violemment vers les pieds d'un
quatrième cadavre.
Les ondulations de la toile dessinaient lg
corps de cette autre victime et l'oasevelis-<
saiént comme les plis d'un linceul.
A travers une déchirure de J'étoffe, appa<
râissait la face tuméfiée de Raymonde Ber«
ger.
Sur le lit, sur les murs, du fsang, partout
du sang. Une mare noirâtre s'étendait de la
ruelle où la cuisinière s'était réfugiée pont
mourir, jusqu'à l'endroit où gisait le corpz
inanimé de son maître.
Des gouttes avaient rejailli, ça et là, sui
les meubles; les draps et les rideaux en
étaientimprégnés; enfin, une porte doubles
battants, qui communique avec la chambre
voisine, était, jusqu'à la moitié de sa hau-
teur, comme badigeonnée de sang..
Le corps de la cuisinière portait pour tout
vêtement celui qu'on garde pour la nuit. Sa
robe, ses junons, ses bas, son.fichu e couse
confondaient pêle-mêle sur une chaise. Seule
entre les quatre victimes, Raymond avait été
surprise au moment du coucher.
Quelque hideux que fut le spectacle que
nous avons dû décrire, aucun indice, jus*
que-là, ne dévoilait le mobile auquel avaient
obéi l'auteur 6u les auteurs de ces abomina-
blés massacres..
Sur ce point la lumière allait éclater peut.
être. lorsqu'un bruit de pas pressés, venant
de l'escalier, détourna» l'attention des repré*
sentants de l'autorité.
En méme temps, dans la cour, la foulg
avait ouvert ses rangs pour laisser passer ui|
nouveau personnage..
{La suite demain) a.-j.- dalsèms. i
L'B diteur- Gérant D. CASSIGNEUL.
vire de la reine envoyait au loin les sons d'un^
musique voluptueuse, qui se mêlait aux voit,
des chanteurs attachés à son vaisseau.
Et l'onse demandait au passage ce que pom
vait-être cette joyeuse flottille, faisant fêta
sur la mer.
Barbera n'avait rien négligé pour jeter du
merveilleux sur.sa personne et sur son en'$
tourage; elle dominait par la fosce d'une va.
lonté supérieure elle voulait dominer aussi
par le prodigieux. Le vulgaire se soumet â
ce qu'il ne peut comprendre il craint ce qui
l'étonné, et recule devant l'inconnu.
Les malheureuses Corses furent menées
aux cavernes qui servaient de refuge aux
bandits, mais on ne les maltraita point.
On avait décidé que quatre hommes seule<
ment apporteraient leur rançon, dans un ca-<
not qui débarquerait sur un autre point de
l'île et que les femmes ser,aient reconduites
par une galère pirate, à l'exception de six
qui resteraient comme otages, jusqu'à ce que
tout fût terminé.
Les nouvelles du oap Corse arrivèrent en-
fin. tes conditions étaient forcément accep.
tées sans discussion. On s'occupa de rembar-
quer les captives, moinssix que le sort .dési-
gna. Mais alors commença pour elles un
supplice inattendu les piratessqs se mirent
-à les déshabiller complètement pour s'appro*
prier leurs vêtements, et les renvoyèrent
pieds nus, et à peu près en chemise a ceux;
qui venaient les chercher. .̃')
S
Cette stupide .plaisanterie, d'importation
allemande, va amener son auteur devant le
tribunal correctionnel.
Nous avons rapporté hier un accident
'cause par l'explosion d'un petit ballon. Un
fait analogue a eu lieu hier soir, dans la
grande salle de la gareduNord, où il a causé
une sorte de panique.
Un voyageur tenait un de ces joujoux qui,
se trouvant rapproché d'un bec de, gaz, prit
feu et fit explosion.
Les voûtes de la grande salle, très sonores,
augmentèreiit de beaucoup le bruit, et il a
fallu' que des employés allassent dans les dif-
férentes salles d'attente ràssurer les voya-
geurs eflrayés.
Un déraillement a eu lieu hiermatinà six
heures, sur -la ligne d'Orléans, entre le pont
'Picard et la gare des marchandises.
Deux trains de marchandises marchant pa-
rallèlement se sont heurtés à la bifurcation
et les deux premiers wagons ont été entière-
ment broyés. Personne n'a été blessé.
WÉOW, SOMNAMBULE lucide, Faubg Montmartre, 9.
Ce soir, par extraordinaire, à l'Opéra, la Favorite.
X Au Gymnase, reprise de Biche d'amour, et 75'
représentation de Monsieur Alphonse.
X L'Odéon consacre tous ses soins aux répSti-
tions du grand drame d'Alexandre Dumas, la Jeu-
nesse de Louis XIV. Parmi les artistes engages.pour
cet ouvrage, il faut citer en première limie M. La-
iontaino qui représentera le personnage de Mazarin,
et Mlle Automne, prêtée par te vaudeville, qui créera
le rôle du duc d'Anjou.
X Il est questiou aux Bouffes-Parisiens d'une
pièce importante et qui nécessiterait un personnel
féminin inusité à ce théâtre;.titre les Parisiennes.
X On annonce comme prochaine à l'Ambigu une
reprise ,du Sacrilège, drame. joué il y quelques an-
nées.
X Aujourd'hui, à deux heures, au théâtre de la
Tour-d'Àuvergne, représentation dirigée par llf.Tal.
hot, de la Comédie-Française, avec le concours des
élèi'es du Conservatoire. On jouera Livre III, Gilet
pitr& I", Amour .et Caprice, les Deux veuves, le Mi-
ssnthrûDû.. CHAULES daucoubs."
LE DUEL SÛUTZMSÏIÂ
COUR D'ASSISES DE SEINE-ET-MARNE
Présidence de M. le conseiller Tny
Audience, dit 7 février 1873
Un matin de novembre dernier, deux voi-
tures s'arrêtaient au carrefour de Belle-
Croix: dans la forêt de Fontainebleath
Ce l'une descendaient le prince Soutzo, of-'
licier professeur de fortifications à l'école
militaire d'Athènes, MM. Nicolaïdi et Ma-
vrornichalis, l'un commandant en retraite,
l'autre capitaine dans l'armée hellène.
L'autre véhicule transDortait le prince Ni-
colas Gkika, MM. Cortazzi, Grégoire Ghika et
un interne de l'hôpital Lariboisière, M.Valtat.
Soutzo et Nicolas Ghika allaient se battre
en duel.
L'arùie choisie était le pistolet; les adver-
saires, placés à vingt pas, devaient tirer en-,
semble au commandement trois, et échanger
chacun un deuxième coup de feu au cas où
le premier n'aurait pas de résultat.
Au signal convenu, deux détonations re-
tentirent presque simultanément. Nicolas
Ghika s'affaissa mortellement atteint. Trans-
porté'à l'hôtel d'Angleterre; il y expira,le
lendemain après d'atroces soufïrauces.
Il n'avait pas vingt-quatre ans.
L'interrogatoire da principal accusé révèle
l'origine de ce fatal duel.
m. LE président. goufzo, vous vous' êtes marié
en 1869,'en I2oumanie. En 1872, une séparation amia-
Me vous éloigna de votre iemmn, (lui garda reniant
né de votre union. Vous reveniez ep France, ça quel
soutzo. En mai.
D. En novembre 1872,'vous vous rendiez de nou-
veau à Bucharest; dans quel but?
R. Pour aller prendre mon fils.
D. Kon pour le prendre, mais pour le voler, car.
rotre tentative a eu tout le caractère d'un rapt.
il. On ne vols pas ce qui vous appartient. C'était
mon enfant. Ma femnie était dans un milieu funeste,
FeaiIîet©E dn 9 Février
{?1] J*! Partie.-La Reine des Vagues
CHAPITRE XIV
Suite
Monseigneur, dit Théodore quand il fut
eh tête il tête avecle prélat, j'aieu l'honneur de
recevoir de votre main là couronne do Corse.
L'.évêquè s'inclina.
Vous m'avez fait jurer de- mourir pour
la liberté de votre patrie. J ai promis, et j'ai
tenu parole. Et pourtant, monseigneur, vous
êtes devenu mon 'ennemi, et celui delà Corse,
.Le vôtre oui; celui de la Corse, non.
Vous avez fait à un membre de ma ,famille
un auront sanglant qui retombe sur tous.
J'ai accepté la vendetta de Barbera d'Orezza.
Et pour une vengeance d'amour-propre,
vous ne craignez pas, monseigneur, d'enle-
yèr â votre patrie le plus beau et le plus pur
~de son sang?
Un d'Orezza ne laisse pas un aflront
sans vengeance, dût-il pour cela ensanglan-
ter le monde.- Piâis, c'e.,t assez d'ihterfôga-
tions. Je suis votre prisonnier, soit; faites-
moi enfermer ou pèçii^ c'est voi,re droit. Je
ne parierai plus, »"̃" ̃-•-> -y-. ̃̃̃̃
elle subissait l'influence de ses sœurs. Je, voulais
leur arracher ce petit être pour en faire -un homme.
D. Oui, mais vous ne nous dites pas comment les
choses se sont passées. C'est la nuit que vous avez
pénétré dans la maison, en l'absence de votre femme.
R. En entrant là j'entrais chez moi nous n'avions
pas divorcé.
D. Vous profitiez de ce que votre femme était en
soirée. Vous vous êtes approcht du petit lit où l'en-,
fant dormait. Au dehors attendait une chaise de
poste attelée de quatre chevaux. Vousaviez soudoyé
deux serviteurs ,Régina, la femme de chambre,
Martini, le valet.
R. Ces gens me devaient obéissance.
D. Que s'est-il passé alors ?
̃ R, Martin était monté sur la chaise de poste. J'or-
donnai à Réginû d'apporter l'enfant. Des couvertures
étaient disposées dans le coupé, de façon à former
une couchette, et pour que l'enfant eût plus chaud,
je duittai- mon paleto.t et l'en couvris.
D. Et les quatre chevaux partirent au galop?
R. Oui, il fallait gagner du terrain, car je risquais
ma vie dans cet enlèvement.
D. Vous risquiez surtout celle de votre fils, un
enfant de deux ans et demi que cette aventure pou-
vait tuer. Où alliez-vous?
R. Je voulais franchir la frontière de Bessarabie.'
D. Mais à la frontière, vers minuit, on vous re-
fusa le passage et le lendemain, la police, lancée sur
vos traces, arracha l'enfant de vos mains.
R. Oui, grâce, à l'appui que la famille Ghika' prêta
en cette circonstance à ma femme, Nico Ghika en
particulier.
Quelques mois après, Soutzo rencontrait
Nico Gliika à Paris et, en pleinefue, le frap-
fait de deux soufflets.
L'interrogatoire dès seconds dé ce duel, où
l'un des'combattants tomfta victime du point
d'honneur, est extrêmement bief. Les déno-
sitions entendues ensuite, sont contradictoi-
res, les témoignages diffus.
Un détail important, toutefois, semble je-
ter un jour sur toute cette affaire.
Des traditions qui tiennent à l'histoire du
pays divisent les famille's roumaines, sé-
parées en deux camps distincts d'un côté,
les indigènes, desquels fait partie la prin-
cesse Soutzo; de l'autre, les Grecs phanario-
tes, auxquels appartient son mari.
Me Allou. qui défend Soutzo-, emploie son
admirable éloquence à rétuter les arguments
vigoureusement soutenus par le ministère
public, que représente M. le procureur de la.
République Félix Voisin.
Me Itendu plaide pour MM. Nicolaïdi et
lisavroiuichalis.
La défense des témoins du malheureux
Ghika est présentée avec chaleur par Me
Henri de Thanneberg.
Au moment d<£ mettre sous presse, le ver-
dict du jury ne nous est pas encore parvenu.
La Musette, chant des montagnes, par Xavier
Forneret, déjà publié pour violon et piano ainsi que
la Pluie, valse (édit.E.Girod, boul'.Montm.)Ce mor-
ceau,tout d'originalité et de sentiment, serajoué pour
la première fois lundi 9 et, par l'orchestre si habile de
lasalle Valentino.diiigé-p* son illustre chef Arban,
Les plus beaux CHALES des Indes pour
corbeille de mariage, rue de Rivoli,
DEPARTEMENTS
Notre correspondant particulier de Lyon
nous télégraphie le 7 février
« La commission municipale a décidé hier
soir la reconstruction du théâtre des Céles-
tins, détruit, on se le rappelle, par un incen-
die accidentel en 1871.
»Les plans-proposés par M. Ducros, préfet
du Rhône, ont été adoptés.
» La dépense est réduite à un million.
La reconstruction aura lieu aux frais de'
la'ville de Lyon, seulement au cas où l'in-
dustrie privée ne-se chargerait pas de l'en-
treprise.
Un immense incendie s'est déclaré avant-
hier, vers onze heures du soir, dans le bat-
teur de la filature de coton d'Hârcourt (Cal-
Les pertes sont évaluées à 400,000 fr., cou-
vertes par des assurances.
Un Prêtre a inventP un remède guérissant à
vie, et sans douleur, les cors et tontes affections
des pieds, 3 ir. (mv. f») màrtin, 30, taub. moKTmftBTRE
Un seul mot, monseigneur. Vous avez
accepté contre moi la vendetta de la belle
Barbera, donc vous voulez mà mort. Vous
êtes soldat autant que prêtre, et vous êtes
brave, je le sais. Puisque nous sommes én
présence, prenons nos épéës. et remettons-
nous-en au jugement de Dieu.
mais la religion ne le permet point.
Prenez garde, monseigneur, si vous inê-
lez la religion à nos querelles, vous me for-
cez à croire qu'elle autorise l'assassinat.
L'évêqueêtait debout, hautain et courroucé.
Théodore sourit et se mit eu garde.
La Vendetta oblige, monseigneur. Vous
le reconnaissez, et je m'en félicite.
Les épées se croisèrent. Théodore ne se
trompait point; Mgr d'Aleria était un adver-
saire cligiie de lui.
Le combat dura deux minutes. Une fois, le
roi fut touché, mais il para le coup, qui ne
porta que légèrement, et dit avec sa gaieté
doucement railleuse
Ah! monseigneur, c'est Dieu crui nous
juge: S'il permettait cela, vous ne pourriez
Cette plaisanterie exaspéra l'évêque qui
s'enferra. Théodore profita de sa faute pour
l'acculer, et faire sauter son épée, qui se brisa
à l'autre extrémité dé la pièçe. Puis, lui po-
sant la pointe (le la sienne sur la poitrine
C'est pour la vendetta de Barbera dlO_-
rezza que nous sommes ennemies, monsel-
L'AFFAIRE t
DE LA
SOUVENIR JUDICIAIRE
L'écurie, le bûcher qui lui est contigu, ex-
halaient une odeur de crime.
De la terre montrait une vapeur de sang
dont les âcres effluves saisissaient à la gorge
les personnes qui venaient d'entrer. Plu-
sieurs minutes s'écoulèrent avant que leurs
regards, passés sans transition du grand jour
aux ténèbres, se fùsssent faits à cette obs-
Tout à coup s'éleva une sourde clameur.
De l'écurie jusqu'au bûcher, un sillage fan-
geux déprimait le sol.
A l'extrémité de cette traînée, gisait un
deuxième cadavre.
Ces deux corps étaient- tout ce qui restait,
l'un de Pélagie Bicheyre, l'autre de Jean La-
canal ils présentaient des traces d'horribles
mutilations.
Le cadavre de la femme était couché sur
le flanc, les jambes repliées, un bras perpen-
diculaire àl'axe du corps, une clef de grosse
dimension reposant sur ce bras étendu.
La tête était nue, les cheveux épars et sans
peigne; la coiffe avait roulé à peu de dis-
tance de la- porte d'entrée les attaches dé
cette coiffe, un bandeau, un serre-tête de co-
ton avaient été déchiquetés par une lame
affilée.
Le crâne, laface, le cou de la victime,san-
glants, couverts de plaies, étaient hideux à
voir.
Le caclavre du cocher était étendu sur le
dos; un bras sur la poitrine.etl'autre en croix,
les poings serrés, les pieds sans chaussures.
Laf veste de drap marron dont il était vêtu,
remontée vers le cou en forme de tampon,
servait de point d'appui à l'occiput.
Sur ce funèbre oreiller maculé de larges
taches; la tête apparaissait « ouverte comme
un livre selon l'expression d'un témoin.
Partagée en deux par une ligne profonde qui
commençait à la région frontale pour ne s'ar-
rêter qu'au-dessous -du menton, la face lais-
sait voir, dans cette cavité béante, le cerveau,
les orbites, les fosses nasales, la voûte pala-
tine, les mâchoires, la langue.
A quelques pas de distance, non loin d'un
baquet rempli d'eau'dont le couvercle était
taché d'un mélange de sang et de suif, on
ramassa une casquette, une paire de sabots,
et un bonnet de coton noir auquel adhéraient
encore de rares cheveux blancs.
L'a .visière de la casquette, une de ces visières
de cuir.qui, presque parallèles au visage, des-
cendent jusque sur les yeux, était tranchée
en deux dans le sens de sa hauteur et cha-1
cune de ses sections correspondait à la partie
du front qu'elle avait abritée.
Pendant qu'à l'intérieur retentissaient les
exclamations d'effroi provoquées par ces dé-
couvertes, de confuses rumeurs éclataient au
dehors..
Outre ses entrées sur-la cour, l'habitation
possède, sur ses derrières, d'autres^portes en
contact avec l'extérieur.
L'une de ces portes confine à l'aile gauche;
elle a vue sur un jardin.
L'autre appartient à l'aile droite; elle met
les écuries eh communication directe avec la
campagne.
Or, les gens du village, qui, ne pouvant
trouver place au dedans, avaient exercé leurs
investigations autour de la demeure, venaient
de constater, presque simultanément, deux
indications importantes.
D'abord,- à l'aile gauche, la clef trouvée sur
le bras de Pélagie Bicheyre ouvrait-la porte
du jardin.
Ensuite, à l'ailé drôite, les montants de la
porte donnant sur la. campagne et la partie
du mur où s'encadrent ces montants offraient
des empreintes en forme de glissades parais-
sant provenir d'un pied.
Un peu au-dessus de cette dernière' porte,
une hauteur d'un mètre, environ, le mur
s'arrête brusquement.
Un grillage en bois le continue et monta
jusqu'à la toiture; il clôt un galetas situ-é au-
dessus des"écuries et relié au bûcher par un
escalier étroit.
le toi de Corse a proscritla vendetta.
Il releva son%rme, et s'inclinant
Vous êtes libre, monseigneur.
CHAPITRE XV,
Une Recrue
Les pirates étaient rentrés à Gapraja, et
Barbera, à l'unanimité, avait été élue chef
des Corsaires. C'est que l'expédition com-
mandée par elle avait réussi au delà de tout
espoir; les bandits avaient trouvé une proie
facile, et attendaient tranquilles le dernier
bénéfice de leur audace.
Après avoir mis au pillage trois villages
du littoral, dont les' nommes étaient partis
sous le drapeau de Théodore, à la délivrance
de la Corse, ils avaient pris cent femmes,
toutes parmi lesplus riches dupâys, donnant
huit jours aux habitants pour leur rançon,
etles avaient embarquées pour Capraja. Cette
entreprise, due à l'imagination féconde de la
reine des vagues avait deux avantages elle
devait, en rappo'rtant grôs' aux corsaires,
refroidir l'enthousiasme des-volontaires de
Théodore qui. dans la crainte de. nouvelles
surprises, réfléchiraient avant' d'abandonner
leurs femmes et leurs enfants.
Lè butin chargé, les femmes embarquées,
malgré leurs cris, leurs prières fit celles des
vieillards et des enfantes restés sur la cote, les
galères reprirent le chemin de leur île.
Et pendant la. route, une orgie joyeuse do-
mina le bruit des pleurs, des gémissements,
Deux barreaux manquaient à ce grillage,
laissant une ouverture de cinquante centi-
mètres, sur les*bords de laquelle des poils da
vêtements étaient restés accrochés.
811 retrouva les,barreaux flottant au borrj
du ruisselet qui, dans son parcours vers 17a*
rize, longe de ce côté le château.
Le maire, le juge de paix, le .curé de la
Bastide dirigeaient les recherches.
A l'un des ahgles de la pierre qui forme le
seuil de la cuisine, ils relevèrent un chaude-
lier que, dans Sa précipitation, Jacques Ri.
card n'avait pas remarqué.
C'était un flambeau -en jjîétal blanc, 'dont
le pied montrait, lui aussi,'sa blessure: unü
entaille oblique, évidemment produite par
un outil tranchant.
A la suite de la cuisine un escalier donna
accès aux deux étages du logis central. Sur
le palier du premier s'ouvrent deux portes.
Si, par l'une, on pénètre dans l'appartement,
après en avoir fait le tour on revient par l'au-
tre au palier.
L'une de ces portes était entre-bâillée:
M. Pujens, le juge de paix, la poussa et en.4
tra le premier.
Il se trouvait dans la. chambre à couche»
des servantes.
Devant l'effroyable tableau qui s'étalait au.-»
tour de lui, le magistrat s'arrêtar pétrifi6
d'horreur..
Au milieu de la pièce,, inondée de sang,
gisait le corps de Bugad de Lassalle.
Sa tête était criblée de blessures; ses lèvres
disparaissaient sous un bâillon de sang coa-
gulé. Ses yeux fixes, vitreux, dirigés vers la
porte, conservaient, dans la mort, une ex-
pression terrifiée. Il avait les bras étendus ̃<$
les mains fermées, les jambes croisées.
Le cadavre était vêtù d'un paletot de drap
gris, d'un gilet de même étoffé d'un panta-* *>
Ion de nuance plus claire; les pieds étaient
chaussés de bottes, le col cravaté de soie noire*
Un manteau de laine grossière était tomb6
non loin d'un lit situé à gauche de la chaba;4
bre.
Ce lit, intact, était celui de Pélagie Bw
cheyre.
A droite, sur une autre couche, des cou*
vertures, des oreillers, une courte-pointe
s'enchevêtraient dans le plus affreux désor<
dre. Des draps rougies de sang, souillés de
boue,, pendaient en lambeaux jusqu'à terre.
Entre ce mur et le lit, régnait un étroit pas-<
sage que masquaient les rideauxfroissés, dé«
coupés, tailladés, incisés en larges lanière?'
et ramenés violemment vers les pieds d'un
quatrième cadavre.
Les ondulations de la toile dessinaient lg
corps de cette autre victime et l'oasevelis-<
saiént comme les plis d'un linceul.
A travers une déchirure de J'étoffe, appa<
râissait la face tuméfiée de Raymonde Ber«
ger.
Sur le lit, sur les murs, du fsang, partout
du sang. Une mare noirâtre s'étendait de la
ruelle où la cuisinière s'était réfugiée pont
mourir, jusqu'à l'endroit où gisait le corpz
inanimé de son maître.
Des gouttes avaient rejailli, ça et là, sui
les meubles; les draps et les rideaux en
étaientimprégnés; enfin, une porte doubles
battants, qui communique avec la chambre
voisine, était, jusqu'à la moitié de sa hau-
teur, comme badigeonnée de sang..
Le corps de la cuisinière portait pour tout
vêtement celui qu'on garde pour la nuit. Sa
robe, ses junons, ses bas, son.fichu e couse
confondaient pêle-mêle sur une chaise. Seule
entre les quatre victimes, Raymond avait été
surprise au moment du coucher.
Quelque hideux que fut le spectacle que
nous avons dû décrire, aucun indice, jus*
que-là, ne dévoilait le mobile auquel avaient
obéi l'auteur 6u les auteurs de ces abomina-
blés massacres..
Sur ce point la lumière allait éclater peut.
être. lorsqu'un bruit de pas pressés, venant
de l'escalier, détourna» l'attention des repré*
sentants de l'autorité.
En méme temps, dans la cour, la foulg
avait ouvert ses rangs pour laisser passer ui|
nouveau personnage..
{La suite demain) a.-j.- dalsèms. i
L'B diteur- Gérant D. CASSIGNEUL.
vire de la reine envoyait au loin les sons d'un^
musique voluptueuse, qui se mêlait aux voit,
des chanteurs attachés à son vaisseau.
Et l'onse demandait au passage ce que pom
vait-être cette joyeuse flottille, faisant fêta
sur la mer.
Barbera n'avait rien négligé pour jeter du
merveilleux sur.sa personne et sur son en'$
tourage; elle dominait par la fosce d'une va.
lonté supérieure elle voulait dominer aussi
par le prodigieux. Le vulgaire se soumet â
ce qu'il ne peut comprendre il craint ce qui
l'étonné, et recule devant l'inconnu.
Les malheureuses Corses furent menées
aux cavernes qui servaient de refuge aux
bandits, mais on ne les maltraita point.
On avait décidé que quatre hommes seule<
ment apporteraient leur rançon, dans un ca-<
not qui débarquerait sur un autre point de
l'île et que les femmes ser,aient reconduites
par une galère pirate, à l'exception de six
qui resteraient comme otages, jusqu'à ce que
tout fût terminé.
Les nouvelles du oap Corse arrivèrent en-
fin. tes conditions étaient forcément accep.
tées sans discussion. On s'occupa de rembar-
quer les captives, moinssix que le sort .dési-
gna. Mais alors commença pour elles un
supplice inattendu les piratessqs se mirent
-à les déshabiller complètement pour s'appro*
prier leurs vêtements, et les renvoyèrent
pieds nus, et à peu près en chemise a ceux;
qui venaient les chercher. .̃')
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