Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1874-02-08
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 février 1874 08 février 1874
Description : 1874/02/08 (Numéro 4062). 1874/02/08 (Numéro 4062).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k592097g
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/07/2008
A Paris, rue dé
• Alonnementg Taris
| TBOIS MOIS. 5FR.
skiîois. 9 FR.
vsm.i. 18 te.
quotidien:
UNOTffiRO'CEirBÎES
Abonnemenls Départ.
TROIS MOIS. 6 FR.
SIX MOIS
Douzième 4aaée NI. 40 C2
Dimanche 8 Février
Samedi 7 FÉVRIER 1874
:.lES;#AllSTiAYÂIIÂ PARIS
Dans son discours-manifeste, le prési-
-dent de la Ré'pub iqué donné les meil-
leures assurances relativement à la re-
pose des grands travaux à Paris.
Sans entrer dans les détails, il a parlé
de la reconstruction des Tuileries de
nouveaux ponts à jeter sur la Seine pour
le reste, il a,âppelé en témoignage le pré-
fet de la Seine.
Les projets élaborés par l'honorable ad-
ministrateur, et acceptés en principe par
le conseil municipal, constituent un vaste
ensemble d'opérations, lesquelles seront
exécutées après l'émission d'un em-
prunt, qui doit être prochainement con-
tracté par la ville de Paris.
.-Avant d'énumérer les travaux prévus,
je dois prémunir les lecteurs.contre une
prévention assez générale à l'égard des
emprunts.
Toutes les fois que la ville de Paris
émet des obligations, un phénomène
étrange se produit. L'Emprunt est cou-
vert plusieurs fois, tant l'empressement
du public est grand; mais il est rare que
les souscripteurs ne maugréent pas, di-
sant Encore un emprunt Paris est un:
gouffre
En parlant ainsi les porteurs d'obliga-
tions supputent déjà l'emploi qu'ils feront
de la grosse prime offerte aux numéros
sortis les premiers aux tirages trimes-
triels.
C'est un appât auquel on résiste diffi-
lement. Le gros lot miroite avec de tels
scintillements que tout le monde s'élance
avec l'espoir de l'attraper en attendant,
on verse tous ses capitaux -disponibles
dans les caisses dela Ville.
Celle-ci fait une excellente opération
les titres qu'elle donne portent intérêt à
4 0/0; les lots et 'e remboursement attei-
gnent à peine 1/3 0/0.
Il est incontestable que ce placement à
bons intérêts serait délaissé si la Ville de
Paris n'avait pas un -crédit d'une solidité
à toute épreuve. N'a-t-il pas survécu, ce
crédit, aux misères du siège et aux incen-
dies de la Commune'?
A un autre point de vue, les sommes
produites par les emprunts ont une im-
portance économique considérable quand
elles sont employées en grands travaux
publics; elles rentrent dans la circulation.
Ces grands travaux occupent des armées
d'ouvriers, soit.de la ville même, soit du
dehors, et la vie renaît active et bruyante
dans les quartiers naguère calmes et si-
lencieux.
Seulement il faut que ces travaux soient
Feuilleton dn Février 1874
DEUXIÈME PARTIE
Voyage au Havre;
Le même jour, la Balafrée, tenant sa fille
par la main, arrivait à la gare Saint-Lazare,
vers dix heures du soir..
Elle était vêtue de noir, la taille envelop-
^pée d'un long châle d'étoffe brune, et elle
un chapeau dont le voile baissé ca-
lait entièrement ses traits.
L&% petite Léona avait un costume égale-
ment s,ombre, et elle portait dans ses bras une
poupée\ toute neuve, que sa mère lui avait
achetée ayant de partir.
̃ La Balafrée attendit que le guichet fût ou-
vert, puis êi.le alla prendre deux billets de
première claisse,etpassa immédiatement dans
la salle d'attente.
Quoiqu'elle parût ne s'occuper exclusive-
ment que de sa fille, cependant, à travers son
voue, soa regard examinait attentivement i
justifiés par une utilité immédiate ou pro-
chaine..
C'est le cas pour ceux que la ville se pro-
pose d'èntreprendre on s'en convaincra
¡tout de suite si l'on remarque que ce sont
des continuations de traces.
M. Haussmann savait biçn. qu'il fax*
saint, lorsque, ayant terminales grande»
voies stratégiques ré .utéea'les gardiennes
de l'Empire, il commença la transforma-
tion de Paris. :•̃
Au lieu de faire méthodiquement, une
à une, des percées, il fit de la capitale un
.vaste chantier et mit la pioche à toutes
les extrémités des voies qu'il voulait ou-
vrir, sauf à les laisser en tronçons.
G'est le procédé habituel des architec-
tes il est,vieux comme le monde; mais il
réussit toujours. ̃̃
Bien avant la guerre, les crédits étaient
épuisés, la ville ne pouvait continuer les
colossales opérations entamées, et nous
avons aujourd'hui des centaines de rues
et de boulevards inachevées.
Est-il possible de les laisser ce -qu'ils
sont, anneaux coupés de serpents, qui as-
pirent à se rejoindre? Evidemment non.
Par les tracés commencés, on voit'sans
peine ce que la voie entière ferait gagner
à un quartier..
Ainsi le boulevard -Haussmann, qui'se
heurte aujourd'hui contre la rue-Taitbout,
ser.a continué jusqu'au boulevard Mont-
martre, traversant les terrains incendiés
de l'Opéra..
Ainsi, sur la rive gauche, le boulevard
Saint-Germain, ouvert par sections et blo-
qué dans sa partie médiane, doit être
achevé afin de rendre réellement utile le
pont qui sera son prolongement.
Sirious consultons la carte des projets
approuvés, nous trouvons sur tous les
points les mêmes principes appliquées.
Dans les quartiers populeux, à l'est de
Paris, la place du Prince-Eugène ou Vol-
taire forme le centre d'où rayonneront
des voies déjà amorcées allant à Belle-
ville d'un côté, et vers les gares de Lyon
et d'Orléans de l'autre.
La be le rue Turbigo, qui à pris si rapi-
dement une grande importance indus-
trielle et commerciale, est une artère prin-
cipale, de- laquelle prennent la 'vie de
larges rues indiquées, non terminées
rueRéaumur, qui ira jusqu'à la Bourse;
rue Beaubourg, qui ira jusque l'hôtel de
ville; rue aux Ours, qui ira jusqu'au bou--
levard Beakmarchais à l'Est et jusqu'à la
place des Victoires à l'Ouest.
Mêmes considérations pour le cœur de
Paris.
L'avenue de l'Opéra, du nouvel Opéra
au Palais-Royal, est ouverte à ses deux
extrémités, mais si peu, si peu, qu'on di-
rait que l'ancien préfet de la Seine a donné
furtivement un coup de marteau, pui-
chaque voyageur qu'il se rendît aux salles
de seconde ou de troisième classe.
Elle était fort émue, et il lui semblait
qu'elle ne se trouverait en sûreté que lors-
qu'elle se verrait enfermée dans un des com-
partiments du train.
Cela c;ura un quart d'heure environ.
Puis un homme vint, qui appela les voya-
geurs pour la ligiie du Havre.
Elle prit alors sa fille dans ses bras et cou-
rut au compartiment réservé pour les dames
seules.
Là, elle respira.
Elle avait pris un coin, avait placé sa fille
à côté d'elle, et s'était rejetée dans l'ombre.
Alors, elle attendit que le chef de gare
donnât le signal du départ.
Jusqu'à ce moment elle était seule'et cela
lui plaisait.
Quoique ses craintes n'eussent pas d'objet
précis, cependant son cœur n'était pas encore
rassuré.
Elle pensait bien que Buvard devait avoir
perdu sa trace, mais elle ne devait être tran-
quille tout à fait que le jour où elle quitte-
rait le Havre sur un paquebot qui devait la
conduire en Angleterre,
Combien n'eût-elle pas donné, pour être
déjà à cette heure fortunés tout son sang,
toufe.sa vie, pour échapper à cette horrible
inquiétude qui tenaillait son coeur.
Cependant Léonajouait-à ses côtés-
Elle était rosé et fraîche, elle babillait
toute seule avec sa poupée. et elle lui pro-
s'est enfui, reculant devant le bouleve se
ment de la Butte-aux-Moulins.
J'avoue qu'il y aura là de quoi faire
trembler lesplûs hardis démolisseurs; cela
se fera cependant.
Il y a deux périodes bien distinctes dans
les grands travaux publics.
La première est celle de la démolition
et du déblaiement, pendant laquelle l'ar-
gent se répartit'sur tout un monde d'en-
trepreneurs etd'ouvriers,et revienten par-
tie au commerce général, par les multi-
ples canaux de la vie de tous les jours.
La seconde est celle de la reconstruc-
tion pendant laquelle la Ville récupère peu
à peu les intérêts des sommes dépensées.
L'expropriation est,en effet, une chance
heureuse pour les propriétaires qui reçoi-
vent des indemnités supérieures à la va-
leur réelle des immeubles 'entièrement ou
partiellement renversés..
Si c'est entièrement, le bénéfice est
sans compensation pour la Ville, mais se
transforme en travail utile.
Si c'est partiellement, il faut rebâtir; or,
on sait qu'une maison, avant de rapporter
un sou, a coûté près de 5 0/0 (exactement
4 fr. 85) pour l'entrée des matériaux.
Si donc les projets que le maréchal de
Mac-Mahon a fait connaître, et que le con-
seil municipal a approuvés, sont mis à
exécution, et j'espère que ce sera bientôt,
Paris reprendra l'animation qu'il a pey-
due depuis longtemps.
Le président de la République a rap-
pelé, en termes plus académiques, le fa-
meux adage « Quand le bâtiment va, tout
va.» »
C'est une exagération 'dans ces termes,
mais au fond une.vérité.
Le « bâtiment se. lie à la moitié des
métiers, et attire les locataires qui sont
tributaires de l'autre moitié.
Je sais bien qu'il ne suffit pas qu'une
ville ait des maisons pour qu'elle soit peu-
plée mî je sais aussi que beaucoup de loge-
inents sont vides, mais lorsque Paris of-
frira les garanties de calme et de sécurité
que le Septennat bien compris et bien ap-
pliqué lui donnera, il n'est pas douteux
que -les Français- et les étrangers n'y
affluent de nouveau.
Paris n'a pas cessé d'être le centre at-
tractif du monde industriel, commercial,
intellectuel du monde qui travaille
comme du monde qui s'amuse.
THOMAS GRIMM..
LA SOIRÉE D'HIER AU PETIT LUXEMBOURG
La première soirée donnée par le préfet de
la Seine a été des plus brillantes. Dès huit
heures du soir, le mouvement était extra-
ordinaire dans les rues de Vaugirard et de
Tournon.
La façade entière du palais était illuminée
mettait si elle était bien sage, de lui faire
voir la mer.
Sa mère le lui avait promis à elle-même,
elle ne savait pas trop ce que c'était que la
mer mais il ÿ avait là l'espoir d'un spec-
tacle inconnu. et sa curiosité d'enfant était
éveillée.
Deux minutes la séparaient encore de
l'heure du-départ, quand tout à coup la por-
tière s'ouvrit.
Une vieille dame, mise avec beaucoup d'é-
légance, la voilette baissée, était là, suivie
de près par un grand laquais galonné.
Johnl dit la vieille dame, donnez-moi
votre bras pour m'aider monter.
Le laquais tendit le bras, et la vieille dame
finit par se hisser jusqu'au compartiment.
La Balafrée lui avait • (Railleurs otlert la
main, et grâce à ce secours, la vieille avait
pu franchir le marche-pied sans trop de peine.
Dès qu'elle fut dans le wagon, et avant
même qu'elle y eût pris place, ses yeux tom-
Lérent sur la petite fille, et elle s'arrêta à la
comtempler.
Oh la jolie enfant, dit-elle, en lui rele-
vant le menton, de sa main gantée.
Puis; se tournant vers la Balafrée..
C'est à vous, madame, cette charmante
petite hlle? demanda-t-élle avec une vive
sympathie.
Oui; madame, répondit la Balafrée.
Quel âge a-t-elle?
Quatre ans.
• Eh 1 elle est déjà grande.
d'une façon splendide par des cordons de gaz,
des girandoles, des guirlandes et tïesifs.
La cour principal^ du palais du grand.
Luxembourg, ainsi que celle du petit, offrait
un coup d'oeil merveilleux, avec leurs vastes
marquises richement décorées, le mouve-
ment des voitures, les gardes de Paris sous
leur admirable uniforme, et les invites q-ii
affluaient, au milieu d'un incessant tourbil-
lon de va et vient.
Nous voici aux pieds du grand escalier
d'honneur; cène sont que spleridides tentu-
res et de verts arbustes parmi lesquels les
magnifiques lampadaires, éclairent ce ma-
gnitique tableau. On arrive ainsi au premier
étage et l'on pénètre successivement dans le
premier salon, dit salle des huissiers, le sa-
lon des Gobelins le grand salon, est celui
consacré plus spécialement à la danse bien
que l'on danse partout.
L'orchestre conduit par Waldteuflel, jette
ses plus mélodieux accords, nous traversons
rapidement le flot des, danseurs et nous arri-
vons au salbn vert qui. est l'antichambre du
salon de la maréchale.
Cette pièce est le cabmet du secrétaire gé-
néral, que M. Alpharid, à qui est due toute
l'ornementation de la fête, a transformé en
un salon merveilleux, avec un meuble ad-
mirablé LoufsXIV, capitonné en satin rouge.-
Les appartements privés de M. le prêtée,
,reliés, par des couloirs pleins de verdure, à
ceux que nous venons de décrire, étaient éga-
lement décorés avec un goût exquis, un se-
cond orchestre y était ménagé.
N'oublions pas de mentionner les décors
des jardins. Des garde-fous avaient été ins-
tallés dans la partie de l'allée qui a dû être
tracée-aù milieu du massif séparant le jar-
din de l'hôtel du préfet. Des poteaux riche*"
ment enguirlandes supportent des lanter.
mis vénitiennes du plus bel efïet.
Vers dix heures, M. le maréchal président
de la République et Mme la marechale de
Wac-Mahon sont arrivés; la soirée était alors
dans tout son éclat.
Plus de 2,000 invités, comprenant toutes
les hautes notabilités parisiennes, étaient
réunis dans les salons. La tête s'est prolon-
gée fort avant dans la nuit, et les intrépides
danseurs, ne se sont retirés que vers le matin.
EN ANGLETERRE,
Au directeur du 'PETIT JOURNAL
Londres,. jelidi 5 février.
Les Anglais, quoique positifs et pratiques
ont, en toutes choses, le goût de la coin-;
plexité. Ils ont horreur de tout ce qui est
simple,- uniforme. La diversité leur plait
mieux que l'unité,'et leurs lois et leurs ins-
titutions forment le plus informe et le plus
bizarre galimatias.
Je vous ai fait connaître leur système re-
présentatif et la façon arbitraire et fantasque
dontil est organisé: leg'bourgs ou villes ayant
un suffrage presque universel les comtes ou
campagnes, soumis au régime censitaire, lea
universités, qui représentent à peu près ca
qu'on appelait chez nous avant 1818, l'adjonc-
tion des capacités.
Quant à l'éligibilité, elle n'est plus sou-
mise (depuis 1858) à aucune condition de cens
Et se penchant vers Léona.
'Et je suis sûre qu'elle estbien sageaussi,
ajouta-t-elle.
Oh oui, madame, répondit la petite fille,
en la regardant avec des yeux clairs et doux.
Pendant ce rapide colloque, la vieille
douairière s'était assise en face de la Balafrée
et.un coup de sifflet avait retenti.
C'était le signal attendu.
La locomotive lança un mugissement for-
midable, les wagons s'ébranlaient, et finale-
ment, le train se mit en marche.
Un quart d'heure s'écoula sans autre inci-
dent. La vieille dame avait procédé, avec un
soin minutieux à tous les détails de son ins-
tallation, et avait successivement tiré une
foule d'objets destinés à divers usages, qui se
trouvaiénc coritenus dans un sac de cuir
qu'elle avait apporté avec elle.
La petite Léona suivait avec une curiosité
enfantine tons ses mouvements, et de temps
en temps elle levait les yeux vers sa mère
pour lui indiquer certains objets qu'elle ne
connaissait pas, et dont la forme plaisait plus
particulièrement à son regard,
Et alors la Balafrée mettait un doigt sur ses
lèvres pour lui recommander la discrétion.
A un moment la vieille dame interrompit
tout à coup lë travail d'installation auquel
elle se livrait et montera à l'enfant une boita
d'écaille, étoilée d'or, qu'elle venait de trou-
ver dans le sac de cuir.
Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda*
t-ejle en souriant.
• Alonnementg Taris
| TBOIS MOIS. 5FR.
skiîois. 9 FR.
vsm.i. 18 te.
quotidien:
UNOTffiRO'CEirBÎES
Abonnemenls Départ.
TROIS MOIS. 6 FR.
SIX MOIS
Douzième 4aaée NI. 40 C2
Dimanche 8 Février
Samedi 7 FÉVRIER 1874
:.lES;#AllSTiAYÂIIÂ PARIS
Dans son discours-manifeste, le prési-
-dent de la Ré'pub iqué donné les meil-
leures assurances relativement à la re-
pose des grands travaux à Paris.
Sans entrer dans les détails, il a parlé
de la reconstruction des Tuileries de
nouveaux ponts à jeter sur la Seine pour
le reste, il a,âppelé en témoignage le pré-
fet de la Seine.
Les projets élaborés par l'honorable ad-
ministrateur, et acceptés en principe par
le conseil municipal, constituent un vaste
ensemble d'opérations, lesquelles seront
exécutées après l'émission d'un em-
prunt, qui doit être prochainement con-
tracté par la ville de Paris.
.-Avant d'énumérer les travaux prévus,
je dois prémunir les lecteurs.contre une
prévention assez générale à l'égard des
emprunts.
Toutes les fois que la ville de Paris
émet des obligations, un phénomène
étrange se produit. L'Emprunt est cou-
vert plusieurs fois, tant l'empressement
du public est grand; mais il est rare que
les souscripteurs ne maugréent pas, di-
sant Encore un emprunt Paris est un:
gouffre
En parlant ainsi les porteurs d'obliga-
tions supputent déjà l'emploi qu'ils feront
de la grosse prime offerte aux numéros
sortis les premiers aux tirages trimes-
triels.
C'est un appât auquel on résiste diffi-
lement. Le gros lot miroite avec de tels
scintillements que tout le monde s'élance
avec l'espoir de l'attraper en attendant,
on verse tous ses capitaux -disponibles
dans les caisses dela Ville.
Celle-ci fait une excellente opération
les titres qu'elle donne portent intérêt à
4 0/0; les lots et 'e remboursement attei-
gnent à peine 1/3 0/0.
Il est incontestable que ce placement à
bons intérêts serait délaissé si la Ville de
Paris n'avait pas un -crédit d'une solidité
à toute épreuve. N'a-t-il pas survécu, ce
crédit, aux misères du siège et aux incen-
dies de la Commune'?
A un autre point de vue, les sommes
produites par les emprunts ont une im-
portance économique considérable quand
elles sont employées en grands travaux
publics; elles rentrent dans la circulation.
Ces grands travaux occupent des armées
d'ouvriers, soit.de la ville même, soit du
dehors, et la vie renaît active et bruyante
dans les quartiers naguère calmes et si-
lencieux.
Seulement il faut que ces travaux soient
Feuilleton dn Février 1874
DEUXIÈME PARTIE
Voyage au Havre;
Le même jour, la Balafrée, tenant sa fille
par la main, arrivait à la gare Saint-Lazare,
vers dix heures du soir..
Elle était vêtue de noir, la taille envelop-
^pée d'un long châle d'étoffe brune, et elle
un chapeau dont le voile baissé ca-
lait entièrement ses traits.
L&% petite Léona avait un costume égale-
ment s,ombre, et elle portait dans ses bras une
poupée\ toute neuve, que sa mère lui avait
achetée ayant de partir.
̃ La Balafrée attendit que le guichet fût ou-
vert, puis êi.le alla prendre deux billets de
première claisse,etpassa immédiatement dans
la salle d'attente.
Quoiqu'elle parût ne s'occuper exclusive-
ment que de sa fille, cependant, à travers son
voue, soa regard examinait attentivement i
justifiés par une utilité immédiate ou pro-
chaine..
C'est le cas pour ceux que la ville se pro-
pose d'èntreprendre on s'en convaincra
¡tout de suite si l'on remarque que ce sont
des continuations de traces.
M. Haussmann savait biçn. qu'il fax*
saint, lorsque, ayant terminales grande»
voies stratégiques ré .utéea'les gardiennes
de l'Empire, il commença la transforma-
tion de Paris. :•̃
Au lieu de faire méthodiquement, une
à une, des percées, il fit de la capitale un
.vaste chantier et mit la pioche à toutes
les extrémités des voies qu'il voulait ou-
vrir, sauf à les laisser en tronçons.
G'est le procédé habituel des architec-
tes il est,vieux comme le monde; mais il
réussit toujours. ̃̃
Bien avant la guerre, les crédits étaient
épuisés, la ville ne pouvait continuer les
colossales opérations entamées, et nous
avons aujourd'hui des centaines de rues
et de boulevards inachevées.
Est-il possible de les laisser ce -qu'ils
sont, anneaux coupés de serpents, qui as-
pirent à se rejoindre? Evidemment non.
Par les tracés commencés, on voit'sans
peine ce que la voie entière ferait gagner
à un quartier..
Ainsi le boulevard -Haussmann, qui'se
heurte aujourd'hui contre la rue-Taitbout,
ser.a continué jusqu'au boulevard Mont-
martre, traversant les terrains incendiés
de l'Opéra..
Ainsi, sur la rive gauche, le boulevard
Saint-Germain, ouvert par sections et blo-
qué dans sa partie médiane, doit être
achevé afin de rendre réellement utile le
pont qui sera son prolongement.
Sirious consultons la carte des projets
approuvés, nous trouvons sur tous les
points les mêmes principes appliquées.
Dans les quartiers populeux, à l'est de
Paris, la place du Prince-Eugène ou Vol-
taire forme le centre d'où rayonneront
des voies déjà amorcées allant à Belle-
ville d'un côté, et vers les gares de Lyon
et d'Orléans de l'autre.
La be le rue Turbigo, qui à pris si rapi-
dement une grande importance indus-
trielle et commerciale, est une artère prin-
cipale, de- laquelle prennent la 'vie de
larges rues indiquées, non terminées
rueRéaumur, qui ira jusqu'à la Bourse;
rue Beaubourg, qui ira jusque l'hôtel de
ville; rue aux Ours, qui ira jusqu'au bou--
levard Beakmarchais à l'Est et jusqu'à la
place des Victoires à l'Ouest.
Mêmes considérations pour le cœur de
Paris.
L'avenue de l'Opéra, du nouvel Opéra
au Palais-Royal, est ouverte à ses deux
extrémités, mais si peu, si peu, qu'on di-
rait que l'ancien préfet de la Seine a donné
furtivement un coup de marteau, pui-
chaque voyageur qu'il se rendît aux salles
de seconde ou de troisième classe.
Elle était fort émue, et il lui semblait
qu'elle ne se trouverait en sûreté que lors-
qu'elle se verrait enfermée dans un des com-
partiments du train.
Cela c;ura un quart d'heure environ.
Puis un homme vint, qui appela les voya-
geurs pour la ligiie du Havre.
Elle prit alors sa fille dans ses bras et cou-
rut au compartiment réservé pour les dames
seules.
Là, elle respira.
Elle avait pris un coin, avait placé sa fille
à côté d'elle, et s'était rejetée dans l'ombre.
Alors, elle attendit que le chef de gare
donnât le signal du départ.
Jusqu'à ce moment elle était seule'et cela
lui plaisait.
Quoique ses craintes n'eussent pas d'objet
précis, cependant son cœur n'était pas encore
rassuré.
Elle pensait bien que Buvard devait avoir
perdu sa trace, mais elle ne devait être tran-
quille tout à fait que le jour où elle quitte-
rait le Havre sur un paquebot qui devait la
conduire en Angleterre,
Combien n'eût-elle pas donné, pour être
déjà à cette heure fortunés tout son sang,
toufe.sa vie, pour échapper à cette horrible
inquiétude qui tenaillait son coeur.
Cependant Léonajouait-à ses côtés-
Elle était rosé et fraîche, elle babillait
toute seule avec sa poupée. et elle lui pro-
s'est enfui, reculant devant le bouleve se
ment de la Butte-aux-Moulins.
J'avoue qu'il y aura là de quoi faire
trembler lesplûs hardis démolisseurs; cela
se fera cependant.
Il y a deux périodes bien distinctes dans
les grands travaux publics.
La première est celle de la démolition
et du déblaiement, pendant laquelle l'ar-
gent se répartit'sur tout un monde d'en-
trepreneurs etd'ouvriers,et revienten par-
tie au commerce général, par les multi-
ples canaux de la vie de tous les jours.
La seconde est celle de la reconstruc-
tion pendant laquelle la Ville récupère peu
à peu les intérêts des sommes dépensées.
L'expropriation est,en effet, une chance
heureuse pour les propriétaires qui reçoi-
vent des indemnités supérieures à la va-
leur réelle des immeubles 'entièrement ou
partiellement renversés..
Si c'est entièrement, le bénéfice est
sans compensation pour la Ville, mais se
transforme en travail utile.
Si c'est partiellement, il faut rebâtir; or,
on sait qu'une maison, avant de rapporter
un sou, a coûté près de 5 0/0 (exactement
4 fr. 85) pour l'entrée des matériaux.
Si donc les projets que le maréchal de
Mac-Mahon a fait connaître, et que le con-
seil municipal a approuvés, sont mis à
exécution, et j'espère que ce sera bientôt,
Paris reprendra l'animation qu'il a pey-
due depuis longtemps.
Le président de la République a rap-
pelé, en termes plus académiques, le fa-
meux adage « Quand le bâtiment va, tout
va.» »
C'est une exagération 'dans ces termes,
mais au fond une.vérité.
Le « bâtiment se. lie à la moitié des
métiers, et attire les locataires qui sont
tributaires de l'autre moitié.
Je sais bien qu'il ne suffit pas qu'une
ville ait des maisons pour qu'elle soit peu-
plée mî je sais aussi que beaucoup de loge-
inents sont vides, mais lorsque Paris of-
frira les garanties de calme et de sécurité
que le Septennat bien compris et bien ap-
pliqué lui donnera, il n'est pas douteux
que -les Français- et les étrangers n'y
affluent de nouveau.
Paris n'a pas cessé d'être le centre at-
tractif du monde industriel, commercial,
intellectuel du monde qui travaille
comme du monde qui s'amuse.
THOMAS GRIMM..
LA SOIRÉE D'HIER AU PETIT LUXEMBOURG
La première soirée donnée par le préfet de
la Seine a été des plus brillantes. Dès huit
heures du soir, le mouvement était extra-
ordinaire dans les rues de Vaugirard et de
Tournon.
La façade entière du palais était illuminée
mettait si elle était bien sage, de lui faire
voir la mer.
Sa mère le lui avait promis à elle-même,
elle ne savait pas trop ce que c'était que la
mer mais il ÿ avait là l'espoir d'un spec-
tacle inconnu. et sa curiosité d'enfant était
éveillée.
Deux minutes la séparaient encore de
l'heure du-départ, quand tout à coup la por-
tière s'ouvrit.
Une vieille dame, mise avec beaucoup d'é-
légance, la voilette baissée, était là, suivie
de près par un grand laquais galonné.
Johnl dit la vieille dame, donnez-moi
votre bras pour m'aider monter.
Le laquais tendit le bras, et la vieille dame
finit par se hisser jusqu'au compartiment.
La Balafrée lui avait • (Railleurs otlert la
main, et grâce à ce secours, la vieille avait
pu franchir le marche-pied sans trop de peine.
Dès qu'elle fut dans le wagon, et avant
même qu'elle y eût pris place, ses yeux tom-
Lérent sur la petite fille, et elle s'arrêta à la
comtempler.
Oh la jolie enfant, dit-elle, en lui rele-
vant le menton, de sa main gantée.
Puis; se tournant vers la Balafrée..
C'est à vous, madame, cette charmante
petite hlle? demanda-t-élle avec une vive
sympathie.
Oui; madame, répondit la Balafrée.
Quel âge a-t-elle?
Quatre ans.
• Eh 1 elle est déjà grande.
d'une façon splendide par des cordons de gaz,
des girandoles, des guirlandes et tïesifs.
La cour principal^ du palais du grand.
Luxembourg, ainsi que celle du petit, offrait
un coup d'oeil merveilleux, avec leurs vastes
marquises richement décorées, le mouve-
ment des voitures, les gardes de Paris sous
leur admirable uniforme, et les invites q-ii
affluaient, au milieu d'un incessant tourbil-
lon de va et vient.
Nous voici aux pieds du grand escalier
d'honneur; cène sont que spleridides tentu-
res et de verts arbustes parmi lesquels les
magnifiques lampadaires, éclairent ce ma-
gnitique tableau. On arrive ainsi au premier
étage et l'on pénètre successivement dans le
premier salon, dit salle des huissiers, le sa-
lon des Gobelins le grand salon, est celui
consacré plus spécialement à la danse bien
que l'on danse partout.
L'orchestre conduit par Waldteuflel, jette
ses plus mélodieux accords, nous traversons
rapidement le flot des, danseurs et nous arri-
vons au salbn vert qui. est l'antichambre du
salon de la maréchale.
Cette pièce est le cabmet du secrétaire gé-
néral, que M. Alpharid, à qui est due toute
l'ornementation de la fête, a transformé en
un salon merveilleux, avec un meuble ad-
mirablé LoufsXIV, capitonné en satin rouge.-
Les appartements privés de M. le prêtée,
,reliés, par des couloirs pleins de verdure, à
ceux que nous venons de décrire, étaient éga-
lement décorés avec un goût exquis, un se-
cond orchestre y était ménagé.
N'oublions pas de mentionner les décors
des jardins. Des garde-fous avaient été ins-
tallés dans la partie de l'allée qui a dû être
tracée-aù milieu du massif séparant le jar-
din de l'hôtel du préfet. Des poteaux riche*"
ment enguirlandes supportent des lanter.
mis vénitiennes du plus bel efïet.
Vers dix heures, M. le maréchal président
de la République et Mme la marechale de
Wac-Mahon sont arrivés; la soirée était alors
dans tout son éclat.
Plus de 2,000 invités, comprenant toutes
les hautes notabilités parisiennes, étaient
réunis dans les salons. La tête s'est prolon-
gée fort avant dans la nuit, et les intrépides
danseurs, ne se sont retirés que vers le matin.
EN ANGLETERRE,
Au directeur du 'PETIT JOURNAL
Londres,. jelidi 5 février.
Les Anglais, quoique positifs et pratiques
ont, en toutes choses, le goût de la coin-;
plexité. Ils ont horreur de tout ce qui est
simple,- uniforme. La diversité leur plait
mieux que l'unité,'et leurs lois et leurs ins-
titutions forment le plus informe et le plus
bizarre galimatias.
Je vous ai fait connaître leur système re-
présentatif et la façon arbitraire et fantasque
dontil est organisé: leg'bourgs ou villes ayant
un suffrage presque universel les comtes ou
campagnes, soumis au régime censitaire, lea
universités, qui représentent à peu près ca
qu'on appelait chez nous avant 1818, l'adjonc-
tion des capacités.
Quant à l'éligibilité, elle n'est plus sou-
mise (depuis 1858) à aucune condition de cens
Et se penchant vers Léona.
'Et je suis sûre qu'elle estbien sageaussi,
ajouta-t-elle.
Oh oui, madame, répondit la petite fille,
en la regardant avec des yeux clairs et doux.
Pendant ce rapide colloque, la vieille
douairière s'était assise en face de la Balafrée
et.un coup de sifflet avait retenti.
C'était le signal attendu.
La locomotive lança un mugissement for-
midable, les wagons s'ébranlaient, et finale-
ment, le train se mit en marche.
Un quart d'heure s'écoula sans autre inci-
dent. La vieille dame avait procédé, avec un
soin minutieux à tous les détails de son ins-
tallation, et avait successivement tiré une
foule d'objets destinés à divers usages, qui se
trouvaiénc coritenus dans un sac de cuir
qu'elle avait apporté avec elle.
La petite Léona suivait avec une curiosité
enfantine tons ses mouvements, et de temps
en temps elle levait les yeux vers sa mère
pour lui indiquer certains objets qu'elle ne
connaissait pas, et dont la forme plaisait plus
particulièrement à son regard,
Et alors la Balafrée mettait un doigt sur ses
lèvres pour lui recommander la discrétion.
A un moment la vieille dame interrompit
tout à coup lë travail d'installation auquel
elle se livrait et montera à l'enfant une boita
d'écaille, étoilée d'or, qu'elle venait de trou-
ver dans le sac de cuir.
Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda*
t-ejle en souriant.
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