Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1874-01-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 23 janvier 1874 23 janvier 1874
Description : 1874/01/23 (Numéro 404). 1874/01/23 (Numéro 404).
Description : Note : numérotation incomplète. Note : numérotation incomplète.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k592081v
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 21/07/2008
Le Petit 3en& îial
-«r
tôt, ce péril, puisqu'un danger connu est un
danger à moitié prévenu.
Ce qui est vrai, c'est que la.divulgation de
ma nouvelle pouvait passer pour une sorte
ne mise en demeure, au cabinet de rappeler
VOi'ênoque; mais dans ma conviction, je n'au-
rais imposé par là aucun sacrifice de dignité
i mon pays j'aurais seulement infligé un
ichec à la politique vacillante et anti-patrio«
dique du gouvernement.
Agréez, monsieur, 4'assurance de mes sen-
timents distingués..
̃̃ ED. SCHÉHER,
Députéde Seine-et-Oisei
PETITES NOUVELLES
Le maréchal et la maréchale de Mac-Mahon
ont assisté, hier, à Versailles, à la messe de ma-
riage du valet de chambre du maréchal, nommé
François.
-=. Le premier bal de la -préfecture de la Seine
tara lieu, au Luxembourg, le samedi 7 février pro-
chain. Deux mille invitations sont lancées.
On vient d'établir, sur la place de Rivoli, la
base en pierre de là statue équestre de Jeanne Darc,
par M. Frémiet. Le socle a été posé hier.
Le fameux restaurant Richefeu, à l'angle des
sruçg Montparnasse et de la Calté, n'existe plus.
;les locaux sont à louer.
r. Les ouvriers donnent la dernière main aux
travaux de restauration du petit portail de Saint-
Eustache qui regarde les Halles.
̃^ La brochure Nicholas R6ch, exécuteur des
arrêts criminels, obtient un, véritable succès de
'curiosité. Prix 50 c., chez tous les libraires. Dé-
pôt central, Armand Léon, rue du Croissant, 21.
On vient de placer deux fontaines Wallace à
Neuilly: l'une au boulevard Eugène, l'autre sur le
tours de Neuilly. t,
Un immense vol de grues et d'oies sauvages
a passé hier sur la plaine de Saint-Denis, se diri-
geant vers le Nord. C'est un iadice ordinaire de la
fin de l'hiver.
La Gazette du Midi raconte qu'un descen-
dont des Valois est facteur rural dans l'arrondisse-
ment d'Aix. Voici sa carte Comte d'Ugef, d'Usson,
i^vergne, duc d'Alençon, prince de Valois.
On annonce la mort de li. Jules Prignet, ré-
Jacteur en chef de l'Impartial du Nord.
i Brest, 21 janvier. Le Saint-Gazcrent, ve-
tant de New-York, a mouillé sur rade. Tout va
bien à bord.
f –Le quartier général de la subdivision de Saône-
jt-Loire est transporté de Mâcon à Chalon.
,Les loups et les sangliers abondent en ce
moment dans les Vosges, où ils causent de grands
dommages.
Une dépêche de Njew-York annonce la mort
ies deux frères siamois; ils sont décédés à deux
heures d'intervalle l'un de l'autre.
PARIS
La temps s'est maintenu hier; la tempéra-
tura devient très lourde, à deux heures de
i'après-midi, le thermomètrea marquetreize
degrés au-dessus de zéro.
On signale dans toute l'étendue de l'Angle-
terre de véritables ouragans, qui ont amené de
nombreux accidents.
̃ A Londres, un vent eflroyable, mêlé de
pluie, n'a pas cessé de souffler durant toute la
nuit d'avant-hier.
Le Journal officiel publié le règlement de
l'Exposition depeinturè. Les dispositions an-
térieures sont maintenues. Chaqué artiste
pourra exposer trois couvres.
L'Exposition ouvrira le 1er mai prochain
au palais de l'Industrie. L'entrée sera gra-
tuite le jeudi et le dimanche. Les autres
jours, il sera perçu un droit'de 1 fr. par per-
sonne.
Le feu a pris, à deux heures du matin, rue
de la Roquette, dànsun atelier d'ébénisterie,
1 cite de la Roquette.
Des centaines d'ouvriers se précipitaient
Au dehors avec leurs femmes, leurs enfants,
feuillet©! du 23 Janvier 1874
LE ROI DE CORSE
'%̃- partie.-La Reine des Vagues
CHAPITRE Il
Le libérateur
Suite
Le vêtement fantaisiste de cette jeune
fille semble fait pour ces excursions as-
censionnelles un jupon court en soie
verte flotte autour de sa ceinture une casa-
gue noire brodée d'or serre la taille des guê-
ïres à boutons brillants enferment le pied et
le bas de la jambe. Un chapeau de fine, paille
i 'Italie complète le costume. A la ceinture,
brodée d'or comme la veste, brille un poi-
nard a gaîne richement ciselée, et l'on voit,
la manière dont elle porte son fusil de
chasse, quela fille de Corse a l'habitude de
cotte arme. Aux attaches fines des mains
nues au soleil, aux ondulations hautaines
de la taille et du col, on reconnaît la patri-
cienne.
Le visage, admirablement beau, est d'une
râleur marmoréenne: le regard noir, Dro-
et les objets de valeur qu'ils pouvaient em-
porter.
Les pompiers, la troupe de ligne, les habi-
tants ont rivalisé d'entrain, et sont parvenus
au bout de deux heures à éteindre le feu, qui
avait pris naissance dans un réduit a copeaux.
Il n'y a eu aucun accident à déplorer, et
les dégâts sont évalués à 4,000 fr. environ.
Deux individus soupçonnés d'avoir mis le
feu ont été arrêtés.
Le ministre des travaux publics vient de
donner son approbation à la fondation d'une
école d'insectologie appliquée, qui sera cons-
truite au Luxembourg.
Il est inutile d'énumérer les services qu'est
appelée à rendre cette nouvelle école, quand
on songe que les ravages causés à l'agricul-
ture par le phylloxéra, le dacus, la cécido-
mie, etc., se chiflrent chaque année par des
centaines de millions.
Une correspondance de Londres confirme
ce que nous avons dit au sujet de la mort de
M. Merton, le banquier.
M. Merton, déjà souffrant en quittant Ca-
lais, a succombé à une congestion cérébrale.
Comme nous l'avons dit, les scellés ont été
mis chez M. Merton.
M. Harouel a été nommé administrateur
provisoire.
Une jeune femme d'une bonne famille
avait la funeste habitude de boire le matin
en allant au marché.
Ce penchant s'était développé encore pen-
dant une grossesse et avait persisté après.
L'infortunée s'était même adonnée à l'ab-
sinthe toutes les représentations de son
mari restaient sans eflet.
Hier matin, à onze heures, la malheureuse
rentra à son domicile ne pouvant plus se -te-
nir et suivie par une foule qui la huait.
Elle alla droit au berceau de sa petite fille,
la prit dans ses bras; puis, exaspérée, folle
de l'absinthe qu'elle venait de boire, n'ayant
plus conscience de ce qu'elle faisait, elle laissa
tomber son enfant de ses bras.
Sa bonne se précipita sur l'enfant, le releva,
mais la pauvre petite créature était morte.
Epouvantée, elle appela au secours. Les
passants arrivèrent en même temps que les
gardiens de la paix, et l'on Nrta l'enfant à la
pharmacie. On ne put que constater sa mort.
La jeune femme fut conduite chez le com-
missaire de police, qui l'a consignée à sa
disposition. Quant au malheureux mari, il
est presque fou de désespoir.
Deux mariages, assez extraordinaires par
le contraste qu'ils offrent, ont eu lieu hier,
devant l'officier de l'état civil d'un des ar-
rondissements de Paris. Les époux de l'un
étaient âgés la femme de 70 ans et l'époux
de 56, 'en tout, pour eux deux, 126 ans. Les
époux de l'autre étaient ââés le mari de
dix-huit ans, la femme de 16, soit en tout
trente-quatre ans, ce qui établit une diffé-
reuce d'âge de quatre-vingt-douze- ans entre
les deux couples.
Un jeune garçon, employé d'un distillateur,
voulait hier, dans le. faubourg Saint-Denis,
fixer la roue de la voiture de son patron, en
passant dans les barres la chaîne qui sert à
cet usage.
Pendant ce travail, le cheval fit quelques pas.
Le jeune homme ne put se retirer à temps
et sa tête frappa violemment sur le pavé.
Sa plus graves..
BEVUE DES THÉÂTRES
Ce soir, au théâtre Cluny, reprise du Crime de
Faverne, drame en cinq actes, de MM. Th. Barrière
et Beauvallet, pour la rentrée de M. JFrédérick~Le-
maître.
X L'Ambigu donnera demain la première repré-
sental ion du Secret deRocbrune, de M. Touroude,
et la Branche cassée passera aux Bouffes-Parisiens
après demain samedi.
X Ce soir, à l'Odéon, M. Sicard, lauréat des der-
niers concours du Conservatoire, débutera dans le
rôle de Tartuffe, Mme Doche remplira celui d'Eimire.
X M. Octave Feuillet a lu hier, devant le comité
du Théâtre-Français, sa nouvelle comédie en trois
actes, le Sphinx.
fond, semble chercher un horizon au delà
du granitquilui fait face. La chevelure brune
a des reflets bleus comme l'eau des lâcs sous
l'ombre des monts.
Quand le paysan se retoure et la regarde,
son sourire est celui d'un père qui cède aù,
pêché d'orgueil en admirant son enfant.
-Barbera, dit-il, n'êtes-vous point fati-
guée ?
Oublies-tu, Vittolo, répond la jeune fille
sans sourire, que j'ai couru de roche en
roche dès mon enfance dans ces montagnes,
avec ton fils Dominique?
Au nom de Dominique, un profond sou-
pir souleva la poitrine du montagnard, et sa
main rude passa sur son front comme pour
en chasser une ombre.
Le sentier était gravi. Les voyageurs mar-
chaient sur un immense plateau dont le cen-
tre était un lac, borné d un cûté par un ga-
zon fleuri et parfumé, et de l'autre par une
.guirlande de rochers, couverts d'une mousse
aussi vieille que le monde.
La jeune fille s'arrêta en s'appuyant sur
l'épaule du montagnard.
Vittolo. demanda-t-elle, est-ce que ce
lieu ne t'attire pas ?
Je le connais depuis l'enfance.
Moi aussi; et pourtant je m'y arrête, en-
core. C'est si beau Ne dit-on pas, continua-
t-elle qu'on n'a jamais pu sonder la profon-
Jamais, répondit le paysan. Tous ceux
qui l'ont tenté ont mai fini. Voyez- vous,
X Le théâtre de l'Opëra-Comiqué vient de ren4
gager Mme Galli-Marié, pour créer un rôle impor-
tant dans Carmen, ouvrage de MM. L. -Halévy et
Meilhaq, musique de Ai. Georges Bizet.
On parle aussi, à ce théâtre, de la rentrée d'une
jeune cantatrice, Mlle Dalti. qui y fit, il y a quel-
ques années, une apparition peu remarquée.
Un nouveau ténor, M. C;harelli, se fera entendre
samedi dans laFitle du régiment.
DÉPARraMENTS
On a constaté à Boynes (Loiret), la semaine
dernière, que de l'huile de pétrole avait été
jetée dans un puis. Deux chevaux qui ont bu
de l'eau sortant de ce puits sont malades as-
sez gravement. Fort heureusement, aucun
.accident, n'est à déplorer. Une femme, en
puisant de l'eau, s'est aperçue facilement, à
son odeur, que l'eau avait été corrompue.
Le maire adonné des ordresimmédiats pour
que le puits lût curé à fond. On recherche
le coupable.
C'est probablement dans 'la petite ville de
Cavaillon que l'on peut voir fonctionner le
plus grand omnibus sur route ordinaire qui
existe peut-être en France.
Cet omnibus, découvert, sur deux rangs
de banquettes superposées comme les gra-
dins d'un amphithéâtre, peut contenir soi-
xante personnes.
Voici son usagé un industriel de Cavail-
lon occupe plus de quatre-vingts femmes qui
habitent les villages environnants. Chaque
samedi, après la fermeture de l'atelier, l'om-
nibus emporte au grand trot de quatre vigou-
reux chevaux toutes ces ouvrières et les dis-
tribue de village en village.
Le dimanche, dans la soirée, il va les re-
prendre de la même manière. C'est un cu-
rieux spectacle que celui qu'ofire la rencon-
tré de cette immense voiture, tout, émaillée
de jeunes têtes qui rient, chantent et babil-
lent avec une.pétulance toute. méridionale.
TâBâC 1 VRQGHËRiËHGNORAHCE
Chez tous Libraires, 80 Bons Livres à 10 c.
LES CRIMES DE L'IVRESSE
COUR D'ASSISES DE L'ORNE
Présidence, de M. le conseiller Blanche.
Un matin d'octobre dernier, deux chas-
seurs parcouraient la route qui mène de
Mesle à Seez en passant par Essai.
Tout à coup l'un d'eux s'arrêta, et de son
doigt tendu dans la direction d'une terré de
labour, indiqua à son compagnon une masse
immobile étendue au ,bord d'un sillon.
Sur la lisière.du champ gisait le cadavre
d'un homme à cheveux gris, vêtu comme le
sont d'ordinaire les paysans aisés du pays.
Sa face était tournée vers le ciel ses yeux
vitrifiés par la mort; avaient gardé une
expression épouvantée à son cou s'étalait
béante une horrible blessure'qui faisait au
cadavre comme un collier de sang coagulé.
L'homme avait sous l'échine un bâton
noueux; souillé de boue; sur sa poitrine re-
posait, tout ouvert, un couteau ensanglanté.
A quelques pas, avaient roulé un sac de toile
et un chapeau.
Le chapeau, le sac de toile, le bâton de
houx, le couteau même qui avait été l'ins-
trument du meurtre, tout appartenait à, la
victime.
De l'assassin, il n'était resté aucune trace
sur le'théâtre du crime. Et, cependant, il y
avait un assassin
Avant de recevoir le coup qui lui avait ou-
vert la gorge, le mort avait été frappé vio-
lemment..
D'ailleurs le mobile du crime n'était pas
moins évident que le crime lui-même; les
poches de la victime avaient été fouillées, et
sur l'une d'elles, la main du meurtrier avait
marqué en rouge la trace de ses cinq doigts!
Mais ce meurtrier, où le chercher?
On ne connaissait à Michel ni un ennemi
ni un jaloux. Le brave homme était fort es-
timé. D'un naturel ouvert, il se montrait
Barbera, la, curiosité est une chose malsaine,
et depuis le péché d'Eve, elle a toujours fait
le malheur des hommes. Ce que le bon Dieu
ne veut pas dire, à quoi bon le chercher
La jeune fille sourit.
-Je me souviens, dit-elle, d'une triste lé-
gende que nous racontait ta femme quand
nous étions petits. Si je ne trompe pas, un
jeune homme aimait la fille d'un prince qui,
après s'être opposé au mariage, finit par y
mettre une condition.
C'est cela. Il promit à l'imprudent de lui
donner sa fille s'il parvenait à découvrir la
profondeur du Creno. Le Greno 'garda son
secret et engloutit l'amoureux:
Mais l'amoureux, je crois, appela sa
bien-aimée, quand elle vint avec son père
pour savoir si l'entreprise avait réussi?
Oui -son fantôme glissait sur les eaux
du lac en lui tendant les bras; la princesse
s'y jeta, malgré son père qui voulait la rete-
nir, et les deux amants disparurent dans le
goufire, où sans doute ils,sont restés unis.
Mais, ajouta le montagnard, à quoi son-
gez-vous donc, Barbera ? vous m'interrogez,
et ne m'écoutez plus.
Je songe que si jamais j'étais lasse de la
vie, je viendrais moarir au Creno.
Oh! la vilaine pensée, exclama le paysan
avec un bon sourire et un regard de repro-
che, est-ce qu'on pense à la mort quand on
a dix-neuf ans, un des plus beaux noms et
l'une des plus belles fortunes de Corse l ne
répétez jamais, Barisera^ une parole aussi
confiant, trop confiant; est, si son caractère
méritait quelque reproche, c'était peut-être
de puiser dans sa passion favorite, la bois-
son, une tendance plus grande à l'expansion.
C'est ainsi que le vieux garde avait conte à
qui voulait l'entendrequ'il s'en allait jusqu'à
Essai pour solder un lopin de terre acheté,'
par lui 120 francs.
Du domicile de Michel au village d'Essai,
la course n'est pas longue; il a moins d'une
lieue. Mais la route est semée de nombreux
cabarets et l'excellent garde eût manqué à
ses plus chères habitudes si, chemin faisant,
il n'était entré boire un verre, nafût-ce que
pour trinquer avec les camarades.
Michel s'était mis en marche vers cinq
heures du soir.
La première halte qu'il fit fut au bourg de
Bursard. Il comptait n'y rester qu'un ins-
tant l'entraînement des conversations, l'ap*
pât des libations joyeuses le retinrent trois
heures durant. Il était neuf heures lorsqu'il
sortit du cabaret, le cerveau déjà échauflé.
Aux premières maisons d'Essai, autre ar-
rêt. Il s'agit, cette fois, de régaler Pavy et
Bourgine, deux amis dont Michel fait la ren-
contre: et qui sont eux-mêmes sous l'in-
fluence d'un commencement d'ébriété.
A onze heures seulement, Pavy et Bour-
gine reconduisirent leur hôte. Pavy rentra
chez lui et Bourgine continua à escorter Mi-
chel. il l'emmena même chez lui, où de nou-
veau, ils burent ensemble, et l'on supposa
qu'il 'était plus de minuit lorsque le garde
se remit en route.
Le premier indice recueilli émanait d'un
témoin qui, vers une heure du matin, avait
rencontré à un kilomètre d'Essai, sur laroute
de Seez, deux hommes à la voix avinée titu-
bant et s'entrechoquant dans leur marche.
L'un de ces hommes était Michel; quel
était l'autre?
Un propos de la femme Bourgine allait
éclairer la justice. Montrant, le lendemain
matin à la femme Pavy, les bottes de son
mari couvertes de boue « Où sont-ils donc
allés ? » s'écriait-elle.
Elle désignait ainsi Michel et Bourgine.
Bourgine avait donc accompagné le garde.
Des éléments sérieux vinrent renforcer ces
présomptions. Bourgine, sans argent la veilla
du crime, avait, le lendemain, payé diverses
dettes. Puis des contradictions s'étaient ma-
nifestées dans le récit qu'il avait fait de sa
soirée. Enfin, dos témoignages constatant
son absence jusqu'à une heure avancée de la
nuit achevèrent de porter la lumière dans
cette cause obscure.
Devant la cour d'assises, l'assassin a oppose
au ministère public des dénégations énergi-
ques.
Il semble que ses souvenirs s'arrêtent à
l'heure où son hôte et lui se sont séparés de
Pavy. Il paraît croire que Michel, après être
un instant entré chez lui, a repris seul son
trajet vflrs-fieez.
Le malheureux a oublié la scène ou 1 œu-
vre, commencée dans l'ivresse du vin, s'est
achevée dans l'ivresse du sang.
L'audience consacrée à cette cause a été
longue et laborieuse.
Le réquisitoire et la plaidoirie se. sont ter-
miné6 à trois heures du matin. A cinq heu-
res et demie seulement, les jurés rentraient
de leur salle des délibérations.
Le verdict, affirmatif sur toutes les ques-
tions mentionne l'admission de circonstances
atténuantes. Bourgine est condamné aux tra-
vaux.forcés a perpétuité.
Le Paris-Théât're d'aujourd'hui publie un beau
portrait avec la biographie du ténor Michot..
LES PLUS BEAUX FOULARDS DE L'INDÉ, r.
ÉTRANGER
On a lancé ces ,jours derniers, dans le port
de Brooklyn (Etats-Unis), un vaisseau exclu-
sivement réservé à servir d'égÍ1.se flottante.
Au centre se trouve la chaire, couverte dE
velours. La nef a cinq mètres de hauteur
la voûte est percée de trois fenêtres. On y a
placé des bancs et construit une petite sa-
impie, Dieu vous retirerait sa protection,
Et pourtant qui sait, murmura la jeûna
fille, qui sait aujourd'hui parmi nous cequ.u
sera demain, s'il ne consent pas à être es."
clave?
Au-dessus de l'homme, Barbera, il y a
Dieu, qui punit ou éprouve, mais peut en
une heure faire pencher la balance du côté
du bon droit..
Tu sais, Vittolo, qu'un étranger vient à
notre secours avec de l'argent et des vivres.
J'ai vu hier ses vaisseaux dans le port
de l'île Rousse. Le pavillon anglais les pro-
tège.
Mon père est allé à Gênes à la faveur
d'un déguisement; c'est là qu'il a connù cet-
homme, dans lequel il a mis sa confiance. ^©
baron de Stavkofe se déclare hautement 2a
protecteur de la Corse, et c'est à son influent
ce que nos quatre chefs, prisonniers desCT
nois, doivent leur liberté.
D'où vient-il donc?
De France, dit-on. Il a partout des amjs
et des protecteurs; sa fortune est immense^
et il veut la consacrer, dit-il, à la cause de
l'indépendance corse. C'est étrange, n'est-ce
pas, Vittolo? On donne sa fortune et son
sang par dévouement, mais c'est à sa patrie.
non à celle des autres.
On dit pourtant, ma fille, au il y a des
hommes ainsi faits. Quand leur patrie ne rtj
clame ni leur bourse, ni leur bras, ni leur
vie, ils donnent aux autres ces trésors
-«r
tôt, ce péril, puisqu'un danger connu est un
danger à moitié prévenu.
Ce qui est vrai, c'est que la.divulgation de
ma nouvelle pouvait passer pour une sorte
ne mise en demeure, au cabinet de rappeler
VOi'ênoque; mais dans ma conviction, je n'au-
rais imposé par là aucun sacrifice de dignité
i mon pays j'aurais seulement infligé un
ichec à la politique vacillante et anti-patrio«
dique du gouvernement.
Agréez, monsieur, 4'assurance de mes sen-
timents distingués..
̃̃ ED. SCHÉHER,
Députéde Seine-et-Oisei
PETITES NOUVELLES
Le maréchal et la maréchale de Mac-Mahon
ont assisté, hier, à Versailles, à la messe de ma-
riage du valet de chambre du maréchal, nommé
François.
-=. Le premier bal de la -préfecture de la Seine
tara lieu, au Luxembourg, le samedi 7 février pro-
chain. Deux mille invitations sont lancées.
On vient d'établir, sur la place de Rivoli, la
base en pierre de là statue équestre de Jeanne Darc,
par M. Frémiet. Le socle a été posé hier.
Le fameux restaurant Richefeu, à l'angle des
sruçg Montparnasse et de la Calté, n'existe plus.
;les locaux sont à louer.
r. Les ouvriers donnent la dernière main aux
travaux de restauration du petit portail de Saint-
Eustache qui regarde les Halles.
̃^ La brochure Nicholas R6ch, exécuteur des
arrêts criminels, obtient un, véritable succès de
'curiosité. Prix 50 c., chez tous les libraires. Dé-
pôt central, Armand Léon, rue du Croissant, 21.
On vient de placer deux fontaines Wallace à
Neuilly: l'une au boulevard Eugène, l'autre sur le
tours de Neuilly. t,
Un immense vol de grues et d'oies sauvages
a passé hier sur la plaine de Saint-Denis, se diri-
geant vers le Nord. C'est un iadice ordinaire de la
fin de l'hiver.
La Gazette du Midi raconte qu'un descen-
dont des Valois est facteur rural dans l'arrondisse-
ment d'Aix. Voici sa carte Comte d'Ugef, d'Usson,
i^vergne, duc d'Alençon, prince de Valois.
On annonce la mort de li. Jules Prignet, ré-
Jacteur en chef de l'Impartial du Nord.
i Brest, 21 janvier. Le Saint-Gazcrent, ve-
tant de New-York, a mouillé sur rade. Tout va
bien à bord.
f –Le quartier général de la subdivision de Saône-
jt-Loire est transporté de Mâcon à Chalon.
,Les loups et les sangliers abondent en ce
moment dans les Vosges, où ils causent de grands
dommages.
Une dépêche de Njew-York annonce la mort
ies deux frères siamois; ils sont décédés à deux
heures d'intervalle l'un de l'autre.
PARIS
La temps s'est maintenu hier; la tempéra-
tura devient très lourde, à deux heures de
i'après-midi, le thermomètrea marquetreize
degrés au-dessus de zéro.
On signale dans toute l'étendue de l'Angle-
terre de véritables ouragans, qui ont amené de
nombreux accidents.
̃ A Londres, un vent eflroyable, mêlé de
pluie, n'a pas cessé de souffler durant toute la
nuit d'avant-hier.
Le Journal officiel publié le règlement de
l'Exposition depeinturè. Les dispositions an-
térieures sont maintenues. Chaqué artiste
pourra exposer trois couvres.
L'Exposition ouvrira le 1er mai prochain
au palais de l'Industrie. L'entrée sera gra-
tuite le jeudi et le dimanche. Les autres
jours, il sera perçu un droit'de 1 fr. par per-
sonne.
Le feu a pris, à deux heures du matin, rue
de la Roquette, dànsun atelier d'ébénisterie,
1 cite de la Roquette.
Des centaines d'ouvriers se précipitaient
Au dehors avec leurs femmes, leurs enfants,
feuillet©! du 23 Janvier 1874
LE ROI DE CORSE
'%̃- partie.-La Reine des Vagues
CHAPITRE Il
Le libérateur
Suite
Le vêtement fantaisiste de cette jeune
fille semble fait pour ces excursions as-
censionnelles un jupon court en soie
verte flotte autour de sa ceinture une casa-
gue noire brodée d'or serre la taille des guê-
ïres à boutons brillants enferment le pied et
le bas de la jambe. Un chapeau de fine, paille
i 'Italie complète le costume. A la ceinture,
brodée d'or comme la veste, brille un poi-
nard a gaîne richement ciselée, et l'on voit,
la manière dont elle porte son fusil de
chasse, quela fille de Corse a l'habitude de
cotte arme. Aux attaches fines des mains
nues au soleil, aux ondulations hautaines
de la taille et du col, on reconnaît la patri-
cienne.
Le visage, admirablement beau, est d'une
râleur marmoréenne: le regard noir, Dro-
et les objets de valeur qu'ils pouvaient em-
porter.
Les pompiers, la troupe de ligne, les habi-
tants ont rivalisé d'entrain, et sont parvenus
au bout de deux heures à éteindre le feu, qui
avait pris naissance dans un réduit a copeaux.
Il n'y a eu aucun accident à déplorer, et
les dégâts sont évalués à 4,000 fr. environ.
Deux individus soupçonnés d'avoir mis le
feu ont été arrêtés.
Le ministre des travaux publics vient de
donner son approbation à la fondation d'une
école d'insectologie appliquée, qui sera cons-
truite au Luxembourg.
Il est inutile d'énumérer les services qu'est
appelée à rendre cette nouvelle école, quand
on songe que les ravages causés à l'agricul-
ture par le phylloxéra, le dacus, la cécido-
mie, etc., se chiflrent chaque année par des
centaines de millions.
Une correspondance de Londres confirme
ce que nous avons dit au sujet de la mort de
M. Merton, le banquier.
M. Merton, déjà souffrant en quittant Ca-
lais, a succombé à une congestion cérébrale.
Comme nous l'avons dit, les scellés ont été
mis chez M. Merton.
M. Harouel a été nommé administrateur
provisoire.
Une jeune femme d'une bonne famille
avait la funeste habitude de boire le matin
en allant au marché.
Ce penchant s'était développé encore pen-
dant une grossesse et avait persisté après.
L'infortunée s'était même adonnée à l'ab-
sinthe toutes les représentations de son
mari restaient sans eflet.
Hier matin, à onze heures, la malheureuse
rentra à son domicile ne pouvant plus se -te-
nir et suivie par une foule qui la huait.
Elle alla droit au berceau de sa petite fille,
la prit dans ses bras; puis, exaspérée, folle
de l'absinthe qu'elle venait de boire, n'ayant
plus conscience de ce qu'elle faisait, elle laissa
tomber son enfant de ses bras.
Sa bonne se précipita sur l'enfant, le releva,
mais la pauvre petite créature était morte.
Epouvantée, elle appela au secours. Les
passants arrivèrent en même temps que les
gardiens de la paix, et l'on Nrta l'enfant à la
pharmacie. On ne put que constater sa mort.
La jeune femme fut conduite chez le com-
missaire de police, qui l'a consignée à sa
disposition. Quant au malheureux mari, il
est presque fou de désespoir.
Deux mariages, assez extraordinaires par
le contraste qu'ils offrent, ont eu lieu hier,
devant l'officier de l'état civil d'un des ar-
rondissements de Paris. Les époux de l'un
étaient âgés la femme de 70 ans et l'époux
de 56, 'en tout, pour eux deux, 126 ans. Les
époux de l'autre étaient ââés le mari de
dix-huit ans, la femme de 16, soit en tout
trente-quatre ans, ce qui établit une diffé-
reuce d'âge de quatre-vingt-douze- ans entre
les deux couples.
Un jeune garçon, employé d'un distillateur,
voulait hier, dans le. faubourg Saint-Denis,
fixer la roue de la voiture de son patron, en
passant dans les barres la chaîne qui sert à
cet usage.
Pendant ce travail, le cheval fit quelques pas.
Le jeune homme ne put se retirer à temps
et sa tête frappa violemment sur le pavé.
Sa plus graves..
BEVUE DES THÉÂTRES
Ce soir, au théâtre Cluny, reprise du Crime de
Faverne, drame en cinq actes, de MM. Th. Barrière
et Beauvallet, pour la rentrée de M. JFrédérick~Le-
maître.
X L'Ambigu donnera demain la première repré-
sental ion du Secret deRocbrune, de M. Touroude,
et la Branche cassée passera aux Bouffes-Parisiens
après demain samedi.
X Ce soir, à l'Odéon, M. Sicard, lauréat des der-
niers concours du Conservatoire, débutera dans le
rôle de Tartuffe, Mme Doche remplira celui d'Eimire.
X M. Octave Feuillet a lu hier, devant le comité
du Théâtre-Français, sa nouvelle comédie en trois
actes, le Sphinx.
fond, semble chercher un horizon au delà
du granitquilui fait face. La chevelure brune
a des reflets bleus comme l'eau des lâcs sous
l'ombre des monts.
Quand le paysan se retoure et la regarde,
son sourire est celui d'un père qui cède aù,
pêché d'orgueil en admirant son enfant.
-Barbera, dit-il, n'êtes-vous point fati-
guée ?
Oublies-tu, Vittolo, répond la jeune fille
sans sourire, que j'ai couru de roche en
roche dès mon enfance dans ces montagnes,
avec ton fils Dominique?
Au nom de Dominique, un profond sou-
pir souleva la poitrine du montagnard, et sa
main rude passa sur son front comme pour
en chasser une ombre.
Le sentier était gravi. Les voyageurs mar-
chaient sur un immense plateau dont le cen-
tre était un lac, borné d un cûté par un ga-
zon fleuri et parfumé, et de l'autre par une
.guirlande de rochers, couverts d'une mousse
aussi vieille que le monde.
La jeune fille s'arrêta en s'appuyant sur
l'épaule du montagnard.
Vittolo. demanda-t-elle, est-ce que ce
lieu ne t'attire pas ?
Je le connais depuis l'enfance.
Moi aussi; et pourtant je m'y arrête, en-
core. C'est si beau Ne dit-on pas, continua-
t-elle qu'on n'a jamais pu sonder la profon-
Jamais, répondit le paysan. Tous ceux
qui l'ont tenté ont mai fini. Voyez- vous,
X Le théâtre de l'Opëra-Comiqué vient de ren4
gager Mme Galli-Marié, pour créer un rôle impor-
tant dans Carmen, ouvrage de MM. L. -Halévy et
Meilhaq, musique de Ai. Georges Bizet.
On parle aussi, à ce théâtre, de la rentrée d'une
jeune cantatrice, Mlle Dalti. qui y fit, il y a quel-
ques années, une apparition peu remarquée.
Un nouveau ténor, M. C;harelli, se fera entendre
samedi dans laFitle du régiment.
DÉPARraMENTS
On a constaté à Boynes (Loiret), la semaine
dernière, que de l'huile de pétrole avait été
jetée dans un puis. Deux chevaux qui ont bu
de l'eau sortant de ce puits sont malades as-
sez gravement. Fort heureusement, aucun
.accident, n'est à déplorer. Une femme, en
puisant de l'eau, s'est aperçue facilement, à
son odeur, que l'eau avait été corrompue.
Le maire adonné des ordresimmédiats pour
que le puits lût curé à fond. On recherche
le coupable.
C'est probablement dans 'la petite ville de
Cavaillon que l'on peut voir fonctionner le
plus grand omnibus sur route ordinaire qui
existe peut-être en France.
Cet omnibus, découvert, sur deux rangs
de banquettes superposées comme les gra-
dins d'un amphithéâtre, peut contenir soi-
xante personnes.
Voici son usagé un industriel de Cavail-
lon occupe plus de quatre-vingts femmes qui
habitent les villages environnants. Chaque
samedi, après la fermeture de l'atelier, l'om-
nibus emporte au grand trot de quatre vigou-
reux chevaux toutes ces ouvrières et les dis-
tribue de village en village.
Le dimanche, dans la soirée, il va les re-
prendre de la même manière. C'est un cu-
rieux spectacle que celui qu'ofire la rencon-
tré de cette immense voiture, tout, émaillée
de jeunes têtes qui rient, chantent et babil-
lent avec une.pétulance toute. méridionale.
TâBâC 1 VRQGHËRiËHGNORAHCE
Chez tous Libraires, 80 Bons Livres à 10 c.
LES CRIMES DE L'IVRESSE
COUR D'ASSISES DE L'ORNE
Présidence, de M. le conseiller Blanche.
Un matin d'octobre dernier, deux chas-
seurs parcouraient la route qui mène de
Mesle à Seez en passant par Essai.
Tout à coup l'un d'eux s'arrêta, et de son
doigt tendu dans la direction d'une terré de
labour, indiqua à son compagnon une masse
immobile étendue au ,bord d'un sillon.
Sur la lisière.du champ gisait le cadavre
d'un homme à cheveux gris, vêtu comme le
sont d'ordinaire les paysans aisés du pays.
Sa face était tournée vers le ciel ses yeux
vitrifiés par la mort; avaient gardé une
expression épouvantée à son cou s'étalait
béante une horrible blessure'qui faisait au
cadavre comme un collier de sang coagulé.
L'homme avait sous l'échine un bâton
noueux; souillé de boue; sur sa poitrine re-
posait, tout ouvert, un couteau ensanglanté.
A quelques pas, avaient roulé un sac de toile
et un chapeau.
Le chapeau, le sac de toile, le bâton de
houx, le couteau même qui avait été l'ins-
trument du meurtre, tout appartenait à, la
victime.
De l'assassin, il n'était resté aucune trace
sur le'théâtre du crime. Et, cependant, il y
avait un assassin
Avant de recevoir le coup qui lui avait ou-
vert la gorge, le mort avait été frappé vio-
lemment..
D'ailleurs le mobile du crime n'était pas
moins évident que le crime lui-même; les
poches de la victime avaient été fouillées, et
sur l'une d'elles, la main du meurtrier avait
marqué en rouge la trace de ses cinq doigts!
Mais ce meurtrier, où le chercher?
On ne connaissait à Michel ni un ennemi
ni un jaloux. Le brave homme était fort es-
timé. D'un naturel ouvert, il se montrait
Barbera, la, curiosité est une chose malsaine,
et depuis le péché d'Eve, elle a toujours fait
le malheur des hommes. Ce que le bon Dieu
ne veut pas dire, à quoi bon le chercher
La jeune fille sourit.
-Je me souviens, dit-elle, d'une triste lé-
gende que nous racontait ta femme quand
nous étions petits. Si je ne trompe pas, un
jeune homme aimait la fille d'un prince qui,
après s'être opposé au mariage, finit par y
mettre une condition.
C'est cela. Il promit à l'imprudent de lui
donner sa fille s'il parvenait à découvrir la
profondeur du Creno. Le Greno 'garda son
secret et engloutit l'amoureux:
Mais l'amoureux, je crois, appela sa
bien-aimée, quand elle vint avec son père
pour savoir si l'entreprise avait réussi?
Oui -son fantôme glissait sur les eaux
du lac en lui tendant les bras; la princesse
s'y jeta, malgré son père qui voulait la rete-
nir, et les deux amants disparurent dans le
goufire, où sans doute ils,sont restés unis.
Mais, ajouta le montagnard, à quoi son-
gez-vous donc, Barbera ? vous m'interrogez,
et ne m'écoutez plus.
Je songe que si jamais j'étais lasse de la
vie, je viendrais moarir au Creno.
Oh! la vilaine pensée, exclama le paysan
avec un bon sourire et un regard de repro-
che, est-ce qu'on pense à la mort quand on
a dix-neuf ans, un des plus beaux noms et
l'une des plus belles fortunes de Corse l ne
répétez jamais, Barisera^ une parole aussi
confiant, trop confiant; est, si son caractère
méritait quelque reproche, c'était peut-être
de puiser dans sa passion favorite, la bois-
son, une tendance plus grande à l'expansion.
C'est ainsi que le vieux garde avait conte à
qui voulait l'entendrequ'il s'en allait jusqu'à
Essai pour solder un lopin de terre acheté,'
par lui 120 francs.
Du domicile de Michel au village d'Essai,
la course n'est pas longue; il a moins d'une
lieue. Mais la route est semée de nombreux
cabarets et l'excellent garde eût manqué à
ses plus chères habitudes si, chemin faisant,
il n'était entré boire un verre, nafût-ce que
pour trinquer avec les camarades.
Michel s'était mis en marche vers cinq
heures du soir.
La première halte qu'il fit fut au bourg de
Bursard. Il comptait n'y rester qu'un ins-
tant l'entraînement des conversations, l'ap*
pât des libations joyeuses le retinrent trois
heures durant. Il était neuf heures lorsqu'il
sortit du cabaret, le cerveau déjà échauflé.
Aux premières maisons d'Essai, autre ar-
rêt. Il s'agit, cette fois, de régaler Pavy et
Bourgine, deux amis dont Michel fait la ren-
contre: et qui sont eux-mêmes sous l'in-
fluence d'un commencement d'ébriété.
A onze heures seulement, Pavy et Bour-
gine reconduisirent leur hôte. Pavy rentra
chez lui et Bourgine continua à escorter Mi-
chel. il l'emmena même chez lui, où de nou-
veau, ils burent ensemble, et l'on supposa
qu'il 'était plus de minuit lorsque le garde
se remit en route.
Le premier indice recueilli émanait d'un
témoin qui, vers une heure du matin, avait
rencontré à un kilomètre d'Essai, sur laroute
de Seez, deux hommes à la voix avinée titu-
bant et s'entrechoquant dans leur marche.
L'un de ces hommes était Michel; quel
était l'autre?
Un propos de la femme Bourgine allait
éclairer la justice. Montrant, le lendemain
matin à la femme Pavy, les bottes de son
mari couvertes de boue « Où sont-ils donc
allés ? » s'écriait-elle.
Elle désignait ainsi Michel et Bourgine.
Bourgine avait donc accompagné le garde.
Des éléments sérieux vinrent renforcer ces
présomptions. Bourgine, sans argent la veilla
du crime, avait, le lendemain, payé diverses
dettes. Puis des contradictions s'étaient ma-
nifestées dans le récit qu'il avait fait de sa
soirée. Enfin, dos témoignages constatant
son absence jusqu'à une heure avancée de la
nuit achevèrent de porter la lumière dans
cette cause obscure.
Devant la cour d'assises, l'assassin a oppose
au ministère public des dénégations énergi-
ques.
Il semble que ses souvenirs s'arrêtent à
l'heure où son hôte et lui se sont séparés de
Pavy. Il paraît croire que Michel, après être
un instant entré chez lui, a repris seul son
trajet vflrs-fieez.
Le malheureux a oublié la scène ou 1 œu-
vre, commencée dans l'ivresse du vin, s'est
achevée dans l'ivresse du sang.
L'audience consacrée à cette cause a été
longue et laborieuse.
Le réquisitoire et la plaidoirie se. sont ter-
miné6 à trois heures du matin. A cinq heu-
res et demie seulement, les jurés rentraient
de leur salle des délibérations.
Le verdict, affirmatif sur toutes les ques-
tions mentionne l'admission de circonstances
atténuantes. Bourgine est condamné aux tra-
vaux.forcés a perpétuité.
Le Paris-Théât're d'aujourd'hui publie un beau
portrait avec la biographie du ténor Michot..
LES PLUS BEAUX FOULARDS DE L'INDÉ, r.
ÉTRANGER
On a lancé ces ,jours derniers, dans le port
de Brooklyn (Etats-Unis), un vaisseau exclu-
sivement réservé à servir d'égÍ1.se flottante.
Au centre se trouve la chaire, couverte dE
velours. La nef a cinq mètres de hauteur
la voûte est percée de trois fenêtres. On y a
placé des bancs et construit une petite sa-
impie, Dieu vous retirerait sa protection,
Et pourtant qui sait, murmura la jeûna
fille, qui sait aujourd'hui parmi nous cequ.u
sera demain, s'il ne consent pas à être es."
clave?
Au-dessus de l'homme, Barbera, il y a
Dieu, qui punit ou éprouve, mais peut en
une heure faire pencher la balance du côté
du bon droit..
Tu sais, Vittolo, qu'un étranger vient à
notre secours avec de l'argent et des vivres.
J'ai vu hier ses vaisseaux dans le port
de l'île Rousse. Le pavillon anglais les pro-
tège.
Mon père est allé à Gênes à la faveur
d'un déguisement; c'est là qu'il a connù cet-
homme, dans lequel il a mis sa confiance. ^©
baron de Stavkofe se déclare hautement 2a
protecteur de la Corse, et c'est à son influent
ce que nos quatre chefs, prisonniers desCT
nois, doivent leur liberté.
D'où vient-il donc?
De France, dit-on. Il a partout des amjs
et des protecteurs; sa fortune est immense^
et il veut la consacrer, dit-il, à la cause de
l'indépendance corse. C'est étrange, n'est-ce
pas, Vittolo? On donne sa fortune et son
sang par dévouement, mais c'est à sa patrie.
non à celle des autres.
On dit pourtant, ma fille, au il y a des
hommes ainsi faits. Quand leur patrie ne rtj
clame ni leur bourse, ni leur bras, ni leur
vie, ils donnent aux autres ces trésors
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