Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1934-03-30
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 mars 1934 30 mars 1934
Description : 1934/03/30 (Numéro 18271). 1934/03/30 (Numéro 18271).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k578302k
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/06/2008
Année No 18271
.LA-TEMPERATURE
Ce 30 mars, 16' jour' de la lune lever h. 4,
jucher il. 4 h. 59. Lever du soleil' il. 5 h.
Jucher à 18 h. 15.
Vers changement de temps. N.-E.-S.-E.. faible
u modéré, moins frais/ beau, rosée, à nuageux.
aromèlre en baisse. Paris, 754-753; nuit, +2» ̃
our, Pluies prochaines.»
Dépression au S., -3 à 5"" Italte-O. de
ênes, égale France. Europe centrale. Dépression
Il large « -5. Irlande-Angleterre. Hausse +5
Islande. ̃
PRONOSTICS 'D'AVIATION. Parla, 7- heures.
arts-Strasbourg; Londres-midi N.-E. 2 ,8 m.
,au ou nuageux, visibilité médiocre.
Vendredi 30 'Mars 1934
iii'iiiiiiiiiriiîiiiiiiiiiiiii'iiiiiiiiiiitiiiiiiifinih
= II n'y a pas de vacances normales et légitimea,
= comme on le dit, tant qu'une œuvre d'intérêt
général n'est pat terminée.
g Les commissions d'enquête s'étaient
= engagées à faire vite une lessive com-
= plète: elles ont marché au ralenti et elles
vont chômer pendant une quinzaine' de'
jours. La justice attendra 1 C'est la
= méthode parlementaire.
QUAND LA LOI
LES COQUINS.
Comment, diable 1 voulez-vous
vous y reconnaître, aujourd'hui,
en honnêtes gens et en fripons,
quand le casier judiciaire lui-
même ne prouve plus rien ?
L'autre jour, dans, une maison
du quai de la Seine dont il est
beaucoup question, on se livre à
un petit travail d'épuration parmi
les habitués. Comme il règne un
doute sur l'un d'entre eux, on l'in-
vite à produire son casier judi-
ciaire il exhibe aussitôt le papier
délivré par le service compétent,
lequel est d'une, blancheur imma-
culée et porte la fameuse barre
diagonale, attestant qu'il n'eut
jamais de condamnations en jus-
tice. Etonnement des enquêteurs
l'un se rappelle avoir, jadis, de /ses
oreilles, entendu condamner* le
personnage, à la prison, pour es-
croquerie un autre se souvient
avoir naguère, vu de ses yeux,
enregistrer quelque part une au-
tre condamnation pour extorsion
de fonds.
Un initié dit
Attention Il existe aujour-
d'hui deux casiers judiciaires, le
casier n° 1 qui est la photogra-
phie totale et complète de la vie
d'un- individu, le casier n° 2 qui
n'est que la photographie récente
et partielle de la vie du même in-
dividu. Ce qu'on nous montre est
le casier n° 2 réclamons le n° 1.
Ainsi fut fait. Et l'on s'aperçut
alors que l'enquêté au casier n° 2
vierge avait, en réalité, été con-
damné quatre fois une pour es-
teroquerie, une pour chantage, une
pour extorsion de fonds, une
pour contravention à la police des
chemins de fer. Seulement,
Somme les condamnations re-
montaient à un certain temps,,en
vertu d'une loi récente il n'en
était pas fait le moindre état
dans l'extrait que délivrait l'auto-
rité judiciaire.
Est-ce que vous ne trouvez pas
A que cette petite histoire explique
bien des choses ?
Elle explique d'abord qu'une
'Une industrie puisse être fort mal
renseignée sur les antécédents
d'un individu qu'elle emploie ou
avec lequel elle entre en relations
d'affaires.
Elle explique ensuite le salmi-
gondis effroyable dans lequel se
débat moralement notre malheu-
reuse société et où la justice elle-
même aide à confondre l'ivraie
avec le bon grain.
Elle jette surtout une lueur
étrange sur la mentalité des lé-
gislateurs contemporains. A quoi
peut rimer cette conception de
maquiller la vérité et de faire
passer pour intacts des gens qui
ont été en prison ? Quelle est
cette manie de voter des textes
en faveur des coquins ? Quelle
est cette passion d'estomper la
justice,' d'effacer ses sentences,
de tromper le public, de lui faire
accroire que ce qui est noir est
blanc ?
"f""1 On entend beaucoup parler au-
jourd'hui de « péchés de jeu-
nesse ». Il y a une jeunesse fran-
çaise qui n'a jamais commis le
péché de vol, d'escroquerie ou de
friponnerie. Elle est considérable.
Elle comprend, des multitudes
d'êtres ayant eu à lutter, à souf-
frir, à peiner pour trouver une
situation et n'ayant pas trébuché
sur leur route. Est-ce que ce
n'est pas cette jeunesse-là qui
devrait être protégée ? Est-ce aue
ce n'est pas pour celle-là qu'on
devrait faire les loi* ?
Et regardez l'inconséquence de
ces infortunés parlementaires.
Quand éclate un scandale énorme
comme l'affaire Stavisky, ils dres-
sent les bras au ciel et s'excla-!
ment « Comment a-t-on pu lais-
ser faire celui-ci ? Comment
a-t-on pu écouter celui-là ? Com-
ment ne s'est-on pas méfié de cet
autre ? » Eh mes bons mes-
sieurs, c'est vous avec vos lois
oui en êtes cause. Tout notre
effort, depuis trente ans, est
d'amnistier, de pardonner, d'ou-
blier, de mettre sur le même pied
le voleur et l'honnête homme.
Vous avez même voté une loi. il
y a moins de trois ans, pour que
le criminel à l'instruction puisse
tous les mois réclamer sa mise en
liberté et paralyser, ainsi, l'en-
quête avec le juge. Et puis, quand
vous avez bien ficelé la justice,
quand vous avez bien bâillonné la
police, vous vous étonnez que îaj-
justice soit bancale et que la po-
lice soit asphyxiée. C'est le con-
traire qui serait surprenant.
La moitié de la législation pé-
nale de ce siècle est à refaire. Il
faudrait partir de ce principe que
la philanthropie s'arrête aux por-
tes des prisons et que ce n'est pas
le gendarme qu'il convient de li-
goter mais bien le malfaiteur.
Stéphane Lauzanne
En huitième pagre
} LES MILLE ET UN MATINS
La nouvelle Héloïse
Par Adrien VELY
La mort tragique du conseiller Prince
MARSEILLAIS
INTERROGÉS SANS DESEMPARER DURANT UN JOUR ET UNE NUIT
PAR LA SURETÉ, ONT ÉTÉ INCULPÉS
D'ASSASSINAT, DE VOL ET DE COMPLICITÉ ET ARRÊTÉS
L'HIÎHBON DE LUSSATS
l'un dès trois inculpés
'Tient-on enfin, la vérité, ou pur
le moins une' partie de la vérité sur
la mort' du malheureux conseiller
Prince ? 'V
Trois mandats d'amener t Trois
inculpations d'assassinat D'innom-
brables opérations judiciaires en
perspective et dont les conséquences
sont incalculables encore. Tout cela
après une nuit fiévreuse et dans une
atmosphère où tour tour l'opti-
misme et le pesssimisme firent
passer leur souffle! 1
N'empéche que tandis, que l'aube
naissait dans un ciel clair, pto-
messe d'une lumière tant attendue,
deux « témoins » parisiens inter-
rogés sans désemparer la Sûreté
générale et un témoin » marseil-
lais se muaient en inculpés sous] le
faix de présomptions.
Faute de preuves formelles et d'ar-
1. L'HERBON DE LUSSATS, se cachant derrière son pardessus 2. Paul
CARBONE, dit Venture, montent en voiture la sortie de {a Sûreté générale.
guments définitifs, la lumière espé-
rée n'apparu^; qu'avec les reflets
incertains deS" clartés encore indé-
cises.'
Trois hommes sont donc arrétés
trois aventuriers, dont le lourd passé
a pesé d'un poids fatal dans la
balance où s'insérivent les convic-
tions des juges.
L'Herbon de Lussats, une noblesse
que tout porte d croire authentique,
mais étrangement compromise dans
nombre d'aventures scabreuses;
Paul Carbone 'et François Spirito,
déux rotures, mais d'une gloire
solidement assise, dans l'élite des
« nervis » maHëiilais.
Trois silhouettes inquiétantes dont
les -magistrats dijonnais à Pans ph0-- Malin.
De gauche à droite, MM. 'Rabot, juge d'instruction, et BARRAT, procureur
de la République.
les ombres se profilent tour à tour
sur le tapis vert et sur la pelouse,
sur les volets des maisons spéciales
et sur les coulfsses traîtresses des
rivalités électorales..
Ces trois hotnmes sont-ils capa-
bles d'avoir participé l'assassinat
du conseiller Prince ?
Ils n'ont cessé d'affirmer leur in-
Ce sont
L'Herbon de Lussats
Paul Carbone
et François Spirito
Mais jusqu'ici aucune charge
décisive n'a été relevée contre
ces aventuriers qui affirment
leur innocence
nocence avec une, farouche obsti-
nation.
Mais une. grave décision judiciaire
a répondu à leurs protestations et
sans doute le geste dont des magis-
trats intègres à qui l'on- doit faire
crédit- ont pris la responsabilité se
base-t-il sur des faits -précis, en-
core que demeurés secrets:
Quoi qu'il ensoii.cepte décision
ne recevra sa pleine justification
que lorsque l'accusation en aura
révélé la triple base classique et
indispensable pour quels mobiles,
par quels moyens matériels, enfin
sous'. quelles directions ?
Une nuit agitée
S'il fallait retracer la courbe émotive
de cette nuit agitée qui prolongea pen-
dant de longues heures une incertitude
décourageante, on obtiendrait un dia-
gramme singulièrement heurté fait d'im-
pressions contradictoires.
Nous avons suivi, hier, au rythme de
ravi*, isunih
nos éditions successives, les phases diver-
ses des trois interrogatoires conunencés
dans les locaux de la Sûreté générale
dès mercredi matin.
A minuit, les enquêteurs n'avaient en-
core consenti à livrer à la curiosité im-
patiente que les états civils des « té-
moins u entendus
Gaétan l'Herbon de Lussats, sujet mo-
négasque, né le 8 août 1888 à Monaco,
soi-disant courtier en publicité, demeu-
rant tantôt 41, rue Grimaldi, Monte-
Carlo, tantôt à l'hôtel Carlton, à Paris.
Paul "Bonaventure Caxbone, dit Paul
Venture, né en 1894 à Propriano (Corse),
se donnant tantôt pour commerçant,
tantôt pour imprésario, demeurant 2, rue
Audinart, à arrêté à Paris,
l'hôtel Normandy.
Friri^ois Spk'iro, il.ins Caponi. Lario,
ou le grand Lydro, né en 1900 à Mar-
seille, et demeurant en cette ville,
356, rue d'Endoume.
Les deux premiers seuls étaient inter-
rogés à Paris, le troisième étant dans \e
même moment invité à répondre aux
questions de M. Cals, le chef de la
Sûreté .marseillaise.
'Cependant, un quatrième témoin, le
garagiste, M. René Muller, 31, bouleyard
PAUL CARBONE (en haut)
ET FKANÇOIS SPIRITO
Gouvibn-Saint-Cyr, tenait à Paris même
la place du troisième.
Sur ces noms jetés. en pâture à la foire
aux nouvelles se construisirent les hypo-
thèses les plus audacieuses, mais aucun,
élément précis ne vint jamais étayer les
suppositions;
Selon certains, on avait des raisons de
supposer que de Lussats n'était autre
que l'auteur du coup de téléphone qui
appela M. Prince à Dijon et l'on assu-
rait même qu'il avait suivi le magistrat
jusqu'en cette ville où Venture et Spi-
rito, venus en automobile, attendaient
l'heure de l'exécution.
Mais, vers minuit 30, une déclaration
de M, Mondanel réduisit cette rumeur à
des proportions plus modestes et calma
les imaginations trop fertiles.
Rien, assurait-on alors, ne nous
permet d'affirmer que cette piste est la
bonne.
Les nouvelles reçues de Marseille à la
Sûreté générale, concernant l'audition
de Spirito, n'étaient pas plus optimis-
Les heures passaient sans que les po-
liciers désireux d'aboutir aient pu réus-
sir à prendre en défaut, tout au moins
sur des points importants, les trois té-
moins qui avalent fourni sur leur em-
plol du temps des -précisions que l'on
s'efforçait de contrôler sans retard.
Puis, vers 3 h. 30, on apprenait sou-
dain que les trois témoins n'étaient plus
que deux, le garagiste Muller ayant été
autorisé à regagner son domicile et
s'était éclipsé sans avoir été arrêté par
le barrage des photographes-en éveil.
Cependant; on attendait l'arrivée des
magistrats dijonnais, M. Barrat, procu-
reur de la République, et M. Ra,but, juge
d'instruction, qui avaient été priés de
venir d'urgence à Paris.
Les magistrats ne devaient survenir
qu'au petit jour par un train matinal.
Ils furent conduits dans le bureau de
M. Mondanel, où, pendant deux heures,
ils prirent connaissances des premiers
procès-verbaux des auditions de Lussats
et Venture, ainsi que du compte rendu
téléphonique de l'interrogatoire de Spi-
rito à Marseille.
Un peu avant 7 heures, M.Bônny
était convié à prendre part à la' confé-
rence qui réunissait les magistrats et
M. MondaneL A' 7 h. 30, enfin, MM.
Barrat et Rabut, qui venaient de signer
les trois mandats d'amener, quittaient le
bureau de M. Mondanel" en se refusant
à faire aucune communication..
M. Mondanel déclare.
Les magistrats dijonnais n'avalent pas
encore descendu l'escalier qui mène vers
la sortie, que M. Mondanel, se référant
au dossier qu'il avait sous les' yeux,
fàisait la déclaration suivante
Cette affaire a pour point de dé-
part des indications recueillies par l'ins-
pecteur Bonny et consignées en un rap-
port qui à été remis mardi au contrôle
générale des recherches.
Dans ce rapport, l'inspecteur, chargée
de l'enquête sur, l'assassinat du conseil-
ler Prince, faisait connaitre le résultat
de ses, investigations- et désignait cmrt-
me pouvant, avoir participé au crime les
trois personnages contre lesquels de-
vaient être décernés, le matin, des, man-
dats d'amener.
D'autre part, certains renseignements
recueillis par la ont
pernais de faire des recoupements qui
sont veaaus appuyer'le rapport Bonny.'
Puis, grâce aux indications d'une per-
sonne honorable, il apparaissait que
deux, individus md-ar g entins, ou se di-
sant tels, pourraient se trouver égale-
ment parmi les assassins, ces deux Ar-
clentins étant des amis intimes de Ven-
ture et de: Spirito.
Voir la suite en cinquième page
En Dernière Heure, l'enquête à Dijon
et l'étrange existence de Spirito et
t'au! Carbone
Peuple souverain, lis les professions de foi des candidats qui te demandent tes suffrages mais
ne les prends pas trop au pied de la lettre.
Voici, par exemple, M. Gaston Hulia qui, en 1932, sollicitait les voix des électeurs de Poitiers.
Et il leur disait
.D'abord, des économies. Sur qaoi ? Sar les dépenses improductives, sur celles qui, sous le
prétexte commode de défense nationale, ne visent qu'à rapporter de formidables profits aux industries
de guerre. (Btrodet, 1933, page 1.437).
Quand on songe que le même Gaston Hulin a aujourd'hui des démêlés avec la commission
d'enquête, dite « des voleurs au sujet d'une commande d'autpmobiies, à passer avec une industrie
qui n'était même pas française, sous « le prétexte de défense nationale », n'est-ce pas d'une ironie
savoureuse ?
Voici également M. Albert Dalimier qui, lui, disait aux électeurs de la 1™ circonscription de
Corbeil
II n'est pas tolérable qu'on continue à drainer l'épargne, à tromper tous ceux qui cherchent
l'emploi de leurs laborieuses économies. Il faut organiser le contrôle de l'Etat sur lès grandes
entreprises qui viennent lui demander dé combler leur déficit. Il faut défendre la masse contre la
cupidité des grands financiers internationaux. (Barodet, 1933, page 1.308).
Hélas comment, sous le ministère de M. Dalimier, a-t-on organisé le contrôle de l'Etat sur
l'entreprise de Bayonne ? Comment a-t-on défendu la masse contre la cupidité d'un Stavisky ?
Peuple souverain, lis les professions de foi des candidats qui aspirent à te représenter, mais
ne t'y arrête pas trop I. v
Aucune mesure visant les
assurances sociales ne
sera prise au prochain
conseil des ministres
L'offensive contre le chômage
réclamée par le ministre du travail
serait amorcée dès la semaine
prochaine
En présence de l'opposition persistante
des conceptions réciproques de MM. Ger-
main-Martin, ministre des finances, et
Marquet, ministre du travail, sur l'uti-
lisation des disponibilités des caisses
d'assurances sociales, et à propos de la
réduction de 400 millions au profit du
budget, de la subvention de 540 mil-
lions que l'Etat verse à la caisse de ga-
rantie des assurances sociales pour le
service des retraites ouvrières, il avait
été décidé, au conseil de cabinet de- mer-
credi, que ces deux ministres se rencon-
treraient, hier matin, avant le conseil
des ministres, dans le cabinet de M.
Gaston Doumergue, afin de rechercher
encore les bases d'un accord.
La réunion a eu lieu hier matin.
M. Laval, qui fit voter la loi des assu-
rances sociales, assistait à la réunion.
Après, avoir à nouveau confronté les
deux thèses, que nous avons exposées
ici, examiné comment et dans quelle
mesure le .ministre -des finances, pourrait
récupérer le montant de la subvention-
à la caisse de garantie, avec un allè-
gement, proposé, par M. Marquet, du
fonds de chômage, les deux ministres
ont accepté, sur la' proposition de M.
Gaston Doumergue,. de plus en plus
séduit par les conséquences de la« mo-
bilisatiqn contre le. chômage » préco-
.nisée par le ministre du travail, de
poursuivre l'examen de ce double pro-
blème.
Ainsi, MM. Germain-Martin et Mar-
quet vont :continuer de poursuivre l'étude
d'une réorganisation du fonds de chô-
mage en fonction de l'utilisation des
disponiibilitts "des assurances sociales
pour un plan de travaux publics.
M. Douiiergue "est parti, hier soir,
pour Tournefeuïlle il sera de retour
mercredi à Paris. Voici le président du
conseil photographié la portière de
son wagon à la gare d'Orsay. (Voir en
deuxième page.)
M. Marquet a tenu à montrer encore
qu'il s'agissait dans son projet, non pas
de finaucer n'importe tiuels travaux,
mais de placements "auprès des commu-
nes et des départements du caractère le
plus sain et le plus sûr. Il entendait,
d'ailleurs, garder un droit de regard sur
l'emploi des fonds dont il était compta-
ble envers les assurés sociaux.
Le conseil des ministres d'hier.» con-
firmé ensuite cette mission aux deux
ministres qui devront, dans le délai de
deux ou trois mois, soumettre au gnou-
vcrnement le résultat de leurs travaux.
Il paraît donc entendu ainsi que les
décrets-lois d'économies du premier
« train » cu du second ne pourront
contenir aucune disposition modtflant
l'aspect financier des assurances so-
ciales.
D'autre part, le principe du plan d'of-
fensive contre le chômage par la mo-
bili,sation des fonds des assurances so-
ciales accepté par le conseil de cabinet
de mercredi wa pas été remis en cause
au cours du conseil des ministres. A ce
sujet, l'accord paraît donc réalisé au
sein du gouvernement.
L'offensive contre le chômage sera
vraisemblablement amorcée dès la se-
maine prochaine, aussitôt après la pu-
blication des décrets-lois.
ILA CONTRE-AUTOPSIE DE STAVISKY
EFFECTUÉE HIER, A PARU CONFIRME
QUE L'ESCROC S'EST BIEN SUICIDÉ
De gauche à droite Les docteurs Goui et Léculier, de la commission
d'enquête parlementaire le docteur PAUL, le, docteur Camboulives, de la com-
mission d'enquête parlementaire, et le docteur Balthazard arrivent à l'Institut
̃médico-légal où va être pratiquée l'autopsie.
La contre-autopsie du corps d'Alexan-
dre Stavisky; réclamée et obtenue par la
commission parlementaire, a eu lieu
hier après-midi à l'Institut médico-légal.
Elle fut effectuée par les docteurs- Bal-
thazardj Paul et .Duvoir, médecins légis-
tes le docteur Belot, radiologue le
docteur Piedelièvre, histologiste, en pré-
sence des docteurs Briffaz, médecin
légiste auprès du parquet de Bonneville,
qui avait présidé, à Chamonix, à la pre-
mière autopsie de l'escroc, et Jamin, qui
donna, au, Vieux-Logis, les premiers soins
à Stavisky et fit les premières consta-
tations,.et des quatre médecins-députés
appartenant à la commission parlemen-
taire les docteurs Fié, Camboulives,
Goût et Léculier.
Cette contre-autopsie opérée avtc tou-
tés, les garanties possible*~n'a fait que
confirmer l'autopsie de Chamonix. Pas
de trace d'autre projectile, que celui qui
a traversé, de part en part, la tête de
l'escroc, et qui fut tiré « à bout tou-
chant ». Aucune trace de violence sur le
cadavre. « Les circonstances matérielles,
ainsi que nous le déclarera, après l'opé-
ration, le docteur Goût, député de Car-
cassbnne, sont donc nettement en faveur
du suicide. »
On' procéda tout d'abord à l'ouver-
ture de la bière et à l'identification du
corps qui s'y trouvait quatre photo-
graphies furent prises du cadavre, qui
fut ensuite mensuré et auquel en prit
les empreintes, digitales.
-ft 15 h. 30, le* docteur Belot procéda 4
la radiographie du corps, puis la contre-
autopsie commença.
A 17 heures, l'opération était terminée.
Aussitôt après le docteur Paul nous a
donné les résultats que voici
Les experts oui/ ont procédé à la
seconde autopsie de Stavisky ont, cons:
taté • ̃- >
1° que le cadavre présente une seule
blessure par arme feu avec orifice
d'entrée dans la région temporale droite
et orifice de sortie dans la région 'tem-
poro-pariétale gdttche la balle a été
tirée d'avant en arrière et de bas en
haut. La radiographie n'a pas révélé de
présence de projectile dans le crdne-ni
dans le corps
Le coup de feu a été tiré à bout
touchant, ainsi que le prouve le décolle-
ment étendu autour de l'orifice d'entrée.
(Voir la suite en deuxième page)
La commission d'enquête Guernut
se plaint que les dossiers
qui lui sont fournis soient incomplets
M. Zimmer, chef de cabinet
de M. Jean Chiappe, a été entendu
(Voir en dnqùièvvç page.)
Le commissaire Charpentier, de la
Sûreté générafe, qui était à Chùmonix
lors du suicide de 'Stavisky. 1
Vu par Plus.
De nombreuses inculpations
nouvelles sont prévues dans
l' « Affaire
Le docteur Marie est entendu au
sujet du cèrtificat médical qu'il
signa pour J'escroc
'L'instruction de l'affaire Stavisky'est
demeurée, hier, dans une phase prépara-
toire. M. Ordonneau organisé son en-
quête de façon à pouvoir, dans quelques
jours, déclencher l'offensivp ff>npiMl<3
avec. le maximum d'efficacité et sans
(Voir la suite en deuxième page)
Bonnaure, le dernier des prisonniers de
Bayonne, a été écrpué hier à la Santé
GASTON BONNAURE débarque à la gare
d'Austerlits. (Voir en deuxième page.).
.LA-TEMPERATURE
Ce 30 mars, 16' jour' de la lune lever h. 4,
jucher il. 4 h. 59. Lever du soleil' il. 5 h.
Jucher à 18 h. 15.
Vers changement de temps. N.-E.-S.-E.. faible
u modéré, moins frais/ beau, rosée, à nuageux.
aromèlre en baisse. Paris, 754-753; nuit, +2» ̃
our, Pluies prochaines.»
Dépression au S., -3 à 5"" Italte-O. de
ênes, égale France. Europe centrale. Dépression
Il large « -5. Irlande-Angleterre. Hausse +5
Islande. ̃
PRONOSTICS 'D'AVIATION. Parla, 7- heures.
arts-Strasbourg; Londres-midi N.-E. 2 ,8 m.
,au ou nuageux, visibilité médiocre.
Vendredi 30 'Mars 1934
iii'iiiiiiiiiriiîiiiiiiiiiiiii'iiiiiiiiiiitiiiiiiifinih
= II n'y a pas de vacances normales et légitimea,
= comme on le dit, tant qu'une œuvre d'intérêt
général n'est pat terminée.
g Les commissions d'enquête s'étaient
= engagées à faire vite une lessive com-
= plète: elles ont marché au ralenti et elles
vont chômer pendant une quinzaine' de'
jours. La justice attendra 1 C'est la
= méthode parlementaire.
QUAND LA LOI
LES COQUINS.
Comment, diable 1 voulez-vous
vous y reconnaître, aujourd'hui,
en honnêtes gens et en fripons,
quand le casier judiciaire lui-
même ne prouve plus rien ?
L'autre jour, dans, une maison
du quai de la Seine dont il est
beaucoup question, on se livre à
un petit travail d'épuration parmi
les habitués. Comme il règne un
doute sur l'un d'entre eux, on l'in-
vite à produire son casier judi-
ciaire il exhibe aussitôt le papier
délivré par le service compétent,
lequel est d'une, blancheur imma-
culée et porte la fameuse barre
diagonale, attestant qu'il n'eut
jamais de condamnations en jus-
tice. Etonnement des enquêteurs
l'un se rappelle avoir, jadis, de /ses
oreilles, entendu condamner* le
personnage, à la prison, pour es-
croquerie un autre se souvient
avoir naguère, vu de ses yeux,
enregistrer quelque part une au-
tre condamnation pour extorsion
de fonds.
Un initié dit
Attention Il existe aujour-
d'hui deux casiers judiciaires, le
casier n° 1 qui est la photogra-
phie totale et complète de la vie
d'un- individu, le casier n° 2 qui
n'est que la photographie récente
et partielle de la vie du même in-
dividu. Ce qu'on nous montre est
le casier n° 2 réclamons le n° 1.
Ainsi fut fait. Et l'on s'aperçut
alors que l'enquêté au casier n° 2
vierge avait, en réalité, été con-
damné quatre fois une pour es-
teroquerie, une pour chantage, une
pour extorsion de fonds, une
pour contravention à la police des
chemins de fer. Seulement,
Somme les condamnations re-
montaient à un certain temps,,en
vertu d'une loi récente il n'en
était pas fait le moindre état
dans l'extrait que délivrait l'auto-
rité judiciaire.
Est-ce que vous ne trouvez pas
A que cette petite histoire explique
bien des choses ?
Elle explique d'abord qu'une
'Une industrie puisse être fort mal
renseignée sur les antécédents
d'un individu qu'elle emploie ou
avec lequel elle entre en relations
d'affaires.
Elle explique ensuite le salmi-
gondis effroyable dans lequel se
débat moralement notre malheu-
reuse société et où la justice elle-
même aide à confondre l'ivraie
avec le bon grain.
Elle jette surtout une lueur
étrange sur la mentalité des lé-
gislateurs contemporains. A quoi
peut rimer cette conception de
maquiller la vérité et de faire
passer pour intacts des gens qui
ont été en prison ? Quelle est
cette manie de voter des textes
en faveur des coquins ? Quelle
est cette passion d'estomper la
justice,' d'effacer ses sentences,
de tromper le public, de lui faire
accroire que ce qui est noir est
blanc ?
"f""1 On entend beaucoup parler au-
jourd'hui de « péchés de jeu-
nesse ». Il y a une jeunesse fran-
çaise qui n'a jamais commis le
péché de vol, d'escroquerie ou de
friponnerie. Elle est considérable.
Elle comprend, des multitudes
d'êtres ayant eu à lutter, à souf-
frir, à peiner pour trouver une
situation et n'ayant pas trébuché
sur leur route. Est-ce que ce
n'est pas cette jeunesse-là qui
devrait être protégée ? Est-ce aue
ce n'est pas pour celle-là qu'on
devrait faire les loi* ?
Et regardez l'inconséquence de
ces infortunés parlementaires.
Quand éclate un scandale énorme
comme l'affaire Stavisky, ils dres-
sent les bras au ciel et s'excla-!
ment « Comment a-t-on pu lais-
ser faire celui-ci ? Comment
a-t-on pu écouter celui-là ? Com-
ment ne s'est-on pas méfié de cet
autre ? » Eh mes bons mes-
sieurs, c'est vous avec vos lois
oui en êtes cause. Tout notre
effort, depuis trente ans, est
d'amnistier, de pardonner, d'ou-
blier, de mettre sur le même pied
le voleur et l'honnête homme.
Vous avez même voté une loi. il
y a moins de trois ans, pour que
le criminel à l'instruction puisse
tous les mois réclamer sa mise en
liberté et paralyser, ainsi, l'en-
quête avec le juge. Et puis, quand
vous avez bien ficelé la justice,
quand vous avez bien bâillonné la
police, vous vous étonnez que îaj-
justice soit bancale et que la po-
lice soit asphyxiée. C'est le con-
traire qui serait surprenant.
La moitié de la législation pé-
nale de ce siècle est à refaire. Il
faudrait partir de ce principe que
la philanthropie s'arrête aux por-
tes des prisons et que ce n'est pas
le gendarme qu'il convient de li-
goter mais bien le malfaiteur.
Stéphane Lauzanne
En huitième pagre
} LES MILLE ET UN MATINS
La nouvelle Héloïse
Par Adrien VELY
La mort tragique du conseiller Prince
MARSEILLAIS
INTERROGÉS SANS DESEMPARER DURANT UN JOUR ET UNE NUIT
PAR LA SURETÉ, ONT ÉTÉ INCULPÉS
D'ASSASSINAT, DE VOL ET DE COMPLICITÉ ET ARRÊTÉS
L'HIÎHBON DE LUSSATS
l'un dès trois inculpés
'Tient-on enfin, la vérité, ou pur
le moins une' partie de la vérité sur
la mort' du malheureux conseiller
Prince ? 'V
Trois mandats d'amener t Trois
inculpations d'assassinat D'innom-
brables opérations judiciaires en
perspective et dont les conséquences
sont incalculables encore. Tout cela
après une nuit fiévreuse et dans une
atmosphère où tour tour l'opti-
misme et le pesssimisme firent
passer leur souffle! 1
N'empéche que tandis, que l'aube
naissait dans un ciel clair, pto-
messe d'une lumière tant attendue,
deux « témoins » parisiens inter-
rogés sans désemparer la Sûreté
générale et un témoin » marseil-
lais se muaient en inculpés sous] le
faix de présomptions.
Faute de preuves formelles et d'ar-
1. L'HERBON DE LUSSATS, se cachant derrière son pardessus 2. Paul
CARBONE, dit Venture, montent en voiture la sortie de {a Sûreté générale.
guments définitifs, la lumière espé-
rée n'apparu^; qu'avec les reflets
incertains deS" clartés encore indé-
cises.'
Trois hommes sont donc arrétés
trois aventuriers, dont le lourd passé
a pesé d'un poids fatal dans la
balance où s'insérivent les convic-
tions des juges.
L'Herbon de Lussats, une noblesse
que tout porte d croire authentique,
mais étrangement compromise dans
nombre d'aventures scabreuses;
Paul Carbone 'et François Spirito,
déux rotures, mais d'une gloire
solidement assise, dans l'élite des
« nervis » maHëiilais.
Trois silhouettes inquiétantes dont
les -magistrats dijonnais à Pans ph0-- Malin.
De gauche à droite, MM. 'Rabot, juge d'instruction, et BARRAT, procureur
de la République.
les ombres se profilent tour à tour
sur le tapis vert et sur la pelouse,
sur les volets des maisons spéciales
et sur les coulfsses traîtresses des
rivalités électorales..
Ces trois hotnmes sont-ils capa-
bles d'avoir participé l'assassinat
du conseiller Prince ?
Ils n'ont cessé d'affirmer leur in-
Ce sont
L'Herbon de Lussats
Paul Carbone
et François Spirito
Mais jusqu'ici aucune charge
décisive n'a été relevée contre
ces aventuriers qui affirment
leur innocence
nocence avec une, farouche obsti-
nation.
Mais une. grave décision judiciaire
a répondu à leurs protestations et
sans doute le geste dont des magis-
trats intègres à qui l'on- doit faire
crédit- ont pris la responsabilité se
base-t-il sur des faits -précis, en-
core que demeurés secrets:
Quoi qu'il ensoii.cepte décision
ne recevra sa pleine justification
que lorsque l'accusation en aura
révélé la triple base classique et
indispensable pour quels mobiles,
par quels moyens matériels, enfin
sous'. quelles directions ?
Une nuit agitée
S'il fallait retracer la courbe émotive
de cette nuit agitée qui prolongea pen-
dant de longues heures une incertitude
décourageante, on obtiendrait un dia-
gramme singulièrement heurté fait d'im-
pressions contradictoires.
Nous avons suivi, hier, au rythme de
ravi*, isunih
nos éditions successives, les phases diver-
ses des trois interrogatoires conunencés
dans les locaux de la Sûreté générale
dès mercredi matin.
A minuit, les enquêteurs n'avaient en-
core consenti à livrer à la curiosité im-
patiente que les états civils des « té-
moins u entendus
Gaétan l'Herbon de Lussats, sujet mo-
négasque, né le 8 août 1888 à Monaco,
soi-disant courtier en publicité, demeu-
rant tantôt 41, rue Grimaldi, Monte-
Carlo, tantôt à l'hôtel Carlton, à Paris.
Paul "Bonaventure Caxbone, dit Paul
Venture, né en 1894 à Propriano (Corse),
se donnant tantôt pour commerçant,
tantôt pour imprésario, demeurant 2, rue
Audinart, à arrêté à Paris,
l'hôtel Normandy.
Friri^ois Spk'iro, il.ins Caponi. Lario,
ou le grand Lydro, né en 1900 à Mar-
seille, et demeurant en cette ville,
356, rue d'Endoume.
Les deux premiers seuls étaient inter-
rogés à Paris, le troisième étant dans \e
même moment invité à répondre aux
questions de M. Cals, le chef de la
Sûreté .marseillaise.
'Cependant, un quatrième témoin, le
garagiste, M. René Muller, 31, bouleyard
PAUL CARBONE (en haut)
ET FKANÇOIS SPIRITO
Gouvibn-Saint-Cyr, tenait à Paris même
la place du troisième.
Sur ces noms jetés. en pâture à la foire
aux nouvelles se construisirent les hypo-
thèses les plus audacieuses, mais aucun,
élément précis ne vint jamais étayer les
suppositions;
Selon certains, on avait des raisons de
supposer que de Lussats n'était autre
que l'auteur du coup de téléphone qui
appela M. Prince à Dijon et l'on assu-
rait même qu'il avait suivi le magistrat
jusqu'en cette ville où Venture et Spi-
rito, venus en automobile, attendaient
l'heure de l'exécution.
Mais, vers minuit 30, une déclaration
de M, Mondanel réduisit cette rumeur à
des proportions plus modestes et calma
les imaginations trop fertiles.
Rien, assurait-on alors, ne nous
permet d'affirmer que cette piste est la
bonne.
Les nouvelles reçues de Marseille à la
Sûreté générale, concernant l'audition
de Spirito, n'étaient pas plus optimis-
Les heures passaient sans que les po-
liciers désireux d'aboutir aient pu réus-
sir à prendre en défaut, tout au moins
sur des points importants, les trois té-
moins qui avalent fourni sur leur em-
plol du temps des -précisions que l'on
s'efforçait de contrôler sans retard.
Puis, vers 3 h. 30, on apprenait sou-
dain que les trois témoins n'étaient plus
que deux, le garagiste Muller ayant été
autorisé à regagner son domicile et
s'était éclipsé sans avoir été arrêté par
le barrage des photographes-en éveil.
Cependant; on attendait l'arrivée des
magistrats dijonnais, M. Barrat, procu-
reur de la République, et M. Ra,but, juge
d'instruction, qui avaient été priés de
venir d'urgence à Paris.
Les magistrats ne devaient survenir
qu'au petit jour par un train matinal.
Ils furent conduits dans le bureau de
M. Mondanel, où, pendant deux heures,
ils prirent connaissances des premiers
procès-verbaux des auditions de Lussats
et Venture, ainsi que du compte rendu
téléphonique de l'interrogatoire de Spi-
rito à Marseille.
Un peu avant 7 heures, M.Bônny
était convié à prendre part à la' confé-
rence qui réunissait les magistrats et
M. MondaneL A' 7 h. 30, enfin, MM.
Barrat et Rabut, qui venaient de signer
les trois mandats d'amener, quittaient le
bureau de M. Mondanel" en se refusant
à faire aucune communication..
M. Mondanel déclare.
Les magistrats dijonnais n'avalent pas
encore descendu l'escalier qui mène vers
la sortie, que M. Mondanel, se référant
au dossier qu'il avait sous les' yeux,
fàisait la déclaration suivante
Cette affaire a pour point de dé-
part des indications recueillies par l'ins-
pecteur Bonny et consignées en un rap-
port qui à été remis mardi au contrôle
générale des recherches.
Dans ce rapport, l'inspecteur, chargée
de l'enquête sur, l'assassinat du conseil-
ler Prince, faisait connaitre le résultat
de ses, investigations- et désignait cmrt-
me pouvant, avoir participé au crime les
trois personnages contre lesquels de-
vaient être décernés, le matin, des, man-
dats d'amener.
D'autre part, certains renseignements
recueillis par la ont
pernais de faire des recoupements qui
sont veaaus appuyer'le rapport Bonny.'
Puis, grâce aux indications d'une per-
sonne honorable, il apparaissait que
deux, individus md-ar g entins, ou se di-
sant tels, pourraient se trouver égale-
ment parmi les assassins, ces deux Ar-
clentins étant des amis intimes de Ven-
ture et de: Spirito.
Voir la suite en cinquième page
En Dernière Heure, l'enquête à Dijon
et l'étrange existence de Spirito et
t'au! Carbone
Peuple souverain, lis les professions de foi des candidats qui te demandent tes suffrages mais
ne les prends pas trop au pied de la lettre.
Voici, par exemple, M. Gaston Hulia qui, en 1932, sollicitait les voix des électeurs de Poitiers.
Et il leur disait
.D'abord, des économies. Sur qaoi ? Sar les dépenses improductives, sur celles qui, sous le
prétexte commode de défense nationale, ne visent qu'à rapporter de formidables profits aux industries
de guerre. (Btrodet, 1933, page 1.437).
Quand on songe que le même Gaston Hulin a aujourd'hui des démêlés avec la commission
d'enquête, dite « des voleurs au sujet d'une commande d'autpmobiies, à passer avec une industrie
qui n'était même pas française, sous « le prétexte de défense nationale », n'est-ce pas d'une ironie
savoureuse ?
Voici également M. Albert Dalimier qui, lui, disait aux électeurs de la 1™ circonscription de
Corbeil
II n'est pas tolérable qu'on continue à drainer l'épargne, à tromper tous ceux qui cherchent
l'emploi de leurs laborieuses économies. Il faut organiser le contrôle de l'Etat sur lès grandes
entreprises qui viennent lui demander dé combler leur déficit. Il faut défendre la masse contre la
cupidité des grands financiers internationaux. (Barodet, 1933, page 1.308).
Hélas comment, sous le ministère de M. Dalimier, a-t-on organisé le contrôle de l'Etat sur
l'entreprise de Bayonne ? Comment a-t-on défendu la masse contre la cupidité d'un Stavisky ?
Peuple souverain, lis les professions de foi des candidats qui aspirent à te représenter, mais
ne t'y arrête pas trop I. v
Aucune mesure visant les
assurances sociales ne
sera prise au prochain
conseil des ministres
L'offensive contre le chômage
réclamée par le ministre du travail
serait amorcée dès la semaine
prochaine
En présence de l'opposition persistante
des conceptions réciproques de MM. Ger-
main-Martin, ministre des finances, et
Marquet, ministre du travail, sur l'uti-
lisation des disponibilités des caisses
d'assurances sociales, et à propos de la
réduction de 400 millions au profit du
budget, de la subvention de 540 mil-
lions que l'Etat verse à la caisse de ga-
rantie des assurances sociales pour le
service des retraites ouvrières, il avait
été décidé, au conseil de cabinet de- mer-
credi, que ces deux ministres se rencon-
treraient, hier matin, avant le conseil
des ministres, dans le cabinet de M.
Gaston Doumergue, afin de rechercher
encore les bases d'un accord.
La réunion a eu lieu hier matin.
M. Laval, qui fit voter la loi des assu-
rances sociales, assistait à la réunion.
Après, avoir à nouveau confronté les
deux thèses, que nous avons exposées
ici, examiné comment et dans quelle
mesure le .ministre -des finances, pourrait
récupérer le montant de la subvention-
à la caisse de garantie, avec un allè-
gement, proposé, par M. Marquet, du
fonds de chômage, les deux ministres
ont accepté, sur la' proposition de M.
Gaston Doumergue,. de plus en plus
séduit par les conséquences de la« mo-
bilisatiqn contre le. chômage » préco-
.nisée par le ministre du travail, de
poursuivre l'examen de ce double pro-
blème.
Ainsi, MM. Germain-Martin et Mar-
quet vont :continuer de poursuivre l'étude
d'une réorganisation du fonds de chô-
mage en fonction de l'utilisation des
disponiibilitts "des assurances sociales
pour un plan de travaux publics.
M. Douiiergue "est parti, hier soir,
pour Tournefeuïlle il sera de retour
mercredi à Paris. Voici le président du
conseil photographié la portière de
son wagon à la gare d'Orsay. (Voir en
deuxième page.)
M. Marquet a tenu à montrer encore
qu'il s'agissait dans son projet, non pas
de finaucer n'importe tiuels travaux,
mais de placements "auprès des commu-
nes et des départements du caractère le
plus sain et le plus sûr. Il entendait,
d'ailleurs, garder un droit de regard sur
l'emploi des fonds dont il était compta-
ble envers les assurés sociaux.
Le conseil des ministres d'hier.» con-
firmé ensuite cette mission aux deux
ministres qui devront, dans le délai de
deux ou trois mois, soumettre au gnou-
vcrnement le résultat de leurs travaux.
Il paraît donc entendu ainsi que les
décrets-lois d'économies du premier
« train » cu du second ne pourront
contenir aucune disposition modtflant
l'aspect financier des assurances so-
ciales.
D'autre part, le principe du plan d'of-
fensive contre le chômage par la mo-
bili,sation des fonds des assurances so-
ciales accepté par le conseil de cabinet
de mercredi wa pas été remis en cause
au cours du conseil des ministres. A ce
sujet, l'accord paraît donc réalisé au
sein du gouvernement.
L'offensive contre le chômage sera
vraisemblablement amorcée dès la se-
maine prochaine, aussitôt après la pu-
blication des décrets-lois.
ILA CONTRE-AUTOPSIE DE STAVISKY
EFFECTUÉE HIER, A PARU CONFIRME
QUE L'ESCROC S'EST BIEN SUICIDÉ
De gauche à droite Les docteurs Goui et Léculier, de la commission
d'enquête parlementaire le docteur PAUL, le, docteur Camboulives, de la com-
mission d'enquête parlementaire, et le docteur Balthazard arrivent à l'Institut
̃médico-légal où va être pratiquée l'autopsie.
La contre-autopsie du corps d'Alexan-
dre Stavisky; réclamée et obtenue par la
commission parlementaire, a eu lieu
hier après-midi à l'Institut médico-légal.
Elle fut effectuée par les docteurs- Bal-
thazardj Paul et .Duvoir, médecins légis-
tes le docteur Belot, radiologue le
docteur Piedelièvre, histologiste, en pré-
sence des docteurs Briffaz, médecin
légiste auprès du parquet de Bonneville,
qui avait présidé, à Chamonix, à la pre-
mière autopsie de l'escroc, et Jamin, qui
donna, au, Vieux-Logis, les premiers soins
à Stavisky et fit les premières consta-
tations,.et des quatre médecins-députés
appartenant à la commission parlemen-
taire les docteurs Fié, Camboulives,
Goût et Léculier.
Cette contre-autopsie opérée avtc tou-
tés, les garanties possible*~n'a fait que
confirmer l'autopsie de Chamonix. Pas
de trace d'autre projectile, que celui qui
a traversé, de part en part, la tête de
l'escroc, et qui fut tiré « à bout tou-
chant ». Aucune trace de violence sur le
cadavre. « Les circonstances matérielles,
ainsi que nous le déclarera, après l'opé-
ration, le docteur Goût, député de Car-
cassbnne, sont donc nettement en faveur
du suicide. »
On' procéda tout d'abord à l'ouver-
ture de la bière et à l'identification du
corps qui s'y trouvait quatre photo-
graphies furent prises du cadavre, qui
fut ensuite mensuré et auquel en prit
les empreintes, digitales.
-ft 15 h. 30, le* docteur Belot procéda 4
la radiographie du corps, puis la contre-
autopsie commença.
A 17 heures, l'opération était terminée.
Aussitôt après le docteur Paul nous a
donné les résultats que voici
Les experts oui/ ont procédé à la
seconde autopsie de Stavisky ont, cons:
taté • ̃- >
1° que le cadavre présente une seule
blessure par arme feu avec orifice
d'entrée dans la région temporale droite
et orifice de sortie dans la région 'tem-
poro-pariétale gdttche la balle a été
tirée d'avant en arrière et de bas en
haut. La radiographie n'a pas révélé de
présence de projectile dans le crdne-ni
dans le corps
Le coup de feu a été tiré à bout
touchant, ainsi que le prouve le décolle-
ment étendu autour de l'orifice d'entrée.
(Voir la suite en deuxième page)
La commission d'enquête Guernut
se plaint que les dossiers
qui lui sont fournis soient incomplets
M. Zimmer, chef de cabinet
de M. Jean Chiappe, a été entendu
(Voir en dnqùièvvç page.)
Le commissaire Charpentier, de la
Sûreté générafe, qui était à Chùmonix
lors du suicide de 'Stavisky. 1
Vu par Plus.
De nombreuses inculpations
nouvelles sont prévues dans
l' « Affaire
Le docteur Marie est entendu au
sujet du cèrtificat médical qu'il
signa pour J'escroc
'L'instruction de l'affaire Stavisky'est
demeurée, hier, dans une phase prépara-
toire. M. Ordonneau organisé son en-
quête de façon à pouvoir, dans quelques
jours, déclencher l'offensivp ff>npiMl<3
avec. le maximum d'efficacité et sans
(Voir la suite en deuxième page)
Bonnaure, le dernier des prisonniers de
Bayonne, a été écrpué hier à la Santé
GASTON BONNAURE débarque à la gare
d'Austerlits. (Voir en deuxième page.).
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