Titre : La Rampe : revue des théâtres, music-halls, concerts, cinématographes / Georges Schmitt, directeur-rédacteur en chef ; Bernard de Puybelle, directeur-administratateur
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1928-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32847829g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 15683 Nombre total de vues : 15683
Description : 01 mars 1928 01 mars 1928
Description : 1928/03/01 (A2,N472)-1928/03/15. 1928/03/01 (A2,N472)-1928/03/15.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k57305378
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-60609
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
LA RAMPE
avec plus de .virtuosité les nuances sentimentales successives
de son personnage.
M. Jacques Guilhènc nous a à demi déçus dans Clavaroche.
11 ne transpose pas sa personnalité dans assez de grossiè-
reté et de brutalité pour que l'amant de Jacqueline soit porté
sur le plan presque caricatural hors duquel il ne peut être
qu'agaçant ou odieux. M. Siblot joue avec bonne humeur
Maître André. MM. Pierre Bertin et Drain composent des
clercs d'une savoureuse naïveté. Mme Andrée de Chauveron
dessine un charmant "pastel.
Je publierai dans notre prochain numéro le compte
rendu de Turcaret, qui valut un grand et mérité succès
à M. Léon Bernard.
II. — ODÉON
Mon confrère et ami Maximin Roll qui, absorbé par de
nouvelles occupations, me « repasse » sa rubrique où je n'ai
ni le pouvoir, ni l'intention de le faire oublier, m'assure
qu'il y a parmi les artistes de l'Odéon des sujets tout à
fait remarquables devant lesquels s'extasierait la critique "
s'ils étaient présentés au Boulevard comme des vedettes.
Aucun spectacle nouveau n'ayant été donné ces derniers
jours, j'en profite pour jeter un coup d'oeil sommaire sur la
troii|)c et le répertoire de MM. Gémier et Abram.
Quand j'ai cessé, voici plus d'un an, de suivre régulière-
ment les spectacles, de l'Odéon, je restais sur l'impression
d'une troupe féminine remarquable, qui se composait de
M mes Jeanne Briey, Germaine Laugicr, Renée Devillers,
Rachcl Berendt, Alice Dufrènc, Charlotte Clasis, Véra
Korène, Fanny Robiane, Isabelle Andcrson, etc. Si Mme Alice
Dufrènc a quitté la rive gauche, et si la charmante Renée
Devillers en sort pour de fréquentes escapades (elle joue
actuellement aux Variétés) rien n'a été changé au reste de
cette troupe féminine qui n'a pu que se perfectionner et
s'affirmer. On m'assure notamment que Mlle Germaine Cave
y fait merveille.
La troupe masculine était plus incertaine, malgré la pré-
sence de solides vétérans comme M. Darras, d'un tragédien
de grande valeur comme M. Balpêtré, d'un artiste de belle
prestance et de jeu très sûr comme M. Octtly, de jeunes
premiers excellents dans leurs genres divers comme
MM. Raymond Girard, Rozct et Louis Raymond. Malheu-
reusement d'autres comédiens plus « province » nuisaient à
la qualité des ensembles et gâtaient trop souvent les repré-
sentations classiques auxquelles ils ne semblent point que
l'Odéon, malgré le talent consommé et le zèle admirable de
l'excellent M. Duard, directeur des études classiques,
apportât alors le souci de perfection souhaitable : au con-
traire, certains spectacles modernes étaient des plus soignés
et présentés de telle façon que les plus exigeants eussent été
désarmés... Mais nous reviendrons sur le répertoire.
Maximin Roll m'assure qu'un comique de premier ordre,
M. Baconnet, apporte à l'Odéon la note de fantaisie et
qu'un autre acteur gai de grand avenir, M. Porterat. est à
surveiller sympathiquement.
J'observe d'autre part que l'Odéon devient un théâtre
de vedettes. Ces derniers mois, après M. Silvain — qui vint y
donner de belles représentations avant sa rentrée à la
Comédie-Française — on y entendit Maurice de Féraudy
— dans 60 représentations du Bonheur du Jour (mais ceci
est une autre question) — Arquillière, Boucot, Mme Marie
Laure, Constant Rémy et plusieurs autres. Certes les
spectateurs ne s'en plaignent point : mais l'éclat d'une
vedette a trop souvent jxnir contrepoids le négligé relatif
des ensembles. Enfin, lorsque l'on compte faire des appels
au dehors pour l'interprétation de certains rôles de pre-
mier plan, on prend le souci d'assurer, à chaque emploi,
de brillants titulaires dans la troii|)c stable.
Enfin et inversement, on subordonne souvent la conqx)-
sition du répertoire et la reprise des pièces à la disponibilité
momentanée ou prolongée de l'une ou l'autre de ces vedettes ;
alors qu'au contraire on devrait ne se préoccuper, pour
l'élaboration des spectacles, que de l'éclectisme le plus
■^méthodique et du souci de passer en revue les oeuvres
marquantes connues et moins connues des siècles passés.
Je crains que MM. Gémier et Abram n'aient une tendance
à sacrifier, quelque peu le répertoire classique. On profita
de la présence de M. Silvain pour jouer avec éclat Tartuffe,
Alhalie, Polyeucle, Horace, Les Femmes Savantes. Mais
aucune des vedettes que je cite plus haut", y compris M. de
Féraudy, ne parut à l'Odéon en tête d'une représentation
classique (à l'exception de M. Boucot). Pour M. Arcpiillièrc
on reprit, très judicieusement, Les Fossiles, mais on reprit
aussi L'Assommoir, dont l'entrée au répertoire odéonien ne
se justifiait que par l'interprétation — admirable — de
Coupeau par M. Arquillière. M. de Féraudy y vint jouer
Le Bonheur du Jour, d'Edmond Guiraud, dont'n'avait pas
voulu la Comédie-Française et qui me semble n'avoir d'autre
mérite que d'offrir au grand artiste un personnage qui
l'ait séduit... Mme Marie-Laurc joua La Belle Aventure et
M. Constant Rémy, Le Souffle du Désordre. Enfin M. Gémier,
qui lui-même à juste titre fait figure de vedette, apporta à
l'Odéon L'Homme qui assassina, La Bataille, Le Procureur
Hallers et autres pièces où il est incomparable, mais dont
la valeur n'imposait pas leur annexion au répertoire.
Le répertoire ne manque certes pas d'intérêt et de variété.
Mais ce n'est pas celui d'un théâtre d'Etat, dont le classique
devrait être le fondement. Les étudiants, désireux de voir
vivre sur scène nos chefs-d'oeuvre classiques, sont forcés de
passer les ponts et d'aller à la Comédie-Française. Le nom-
breux public de la rive gauche, dont l'Odéon est le grand
théâtre, perdra i>eu à peu le goût de ce répertoire, faute
d'être à même de le suivre régulièrement et d'en apprécier
les beautés, et l'on ne se rappellerait bientôt plus que l'Odéon
est un Théâtre National sans l'inscription qui s'étale au
frontispice de l'édifice.
JEAN MANÉGAT.
avec plus de .virtuosité les nuances sentimentales successives
de son personnage.
M. Jacques Guilhènc nous a à demi déçus dans Clavaroche.
11 ne transpose pas sa personnalité dans assez de grossiè-
reté et de brutalité pour que l'amant de Jacqueline soit porté
sur le plan presque caricatural hors duquel il ne peut être
qu'agaçant ou odieux. M. Siblot joue avec bonne humeur
Maître André. MM. Pierre Bertin et Drain composent des
clercs d'une savoureuse naïveté. Mme Andrée de Chauveron
dessine un charmant "pastel.
Je publierai dans notre prochain numéro le compte
rendu de Turcaret, qui valut un grand et mérité succès
à M. Léon Bernard.
II. — ODÉON
Mon confrère et ami Maximin Roll qui, absorbé par de
nouvelles occupations, me « repasse » sa rubrique où je n'ai
ni le pouvoir, ni l'intention de le faire oublier, m'assure
qu'il y a parmi les artistes de l'Odéon des sujets tout à
fait remarquables devant lesquels s'extasierait la critique "
s'ils étaient présentés au Boulevard comme des vedettes.
Aucun spectacle nouveau n'ayant été donné ces derniers
jours, j'en profite pour jeter un coup d'oeil sommaire sur la
troii|)c et le répertoire de MM. Gémier et Abram.
Quand j'ai cessé, voici plus d'un an, de suivre régulière-
ment les spectacles, de l'Odéon, je restais sur l'impression
d'une troupe féminine remarquable, qui se composait de
M mes Jeanne Briey, Germaine Laugicr, Renée Devillers,
Rachcl Berendt, Alice Dufrènc, Charlotte Clasis, Véra
Korène, Fanny Robiane, Isabelle Andcrson, etc. Si Mme Alice
Dufrènc a quitté la rive gauche, et si la charmante Renée
Devillers en sort pour de fréquentes escapades (elle joue
actuellement aux Variétés) rien n'a été changé au reste de
cette troupe féminine qui n'a pu que se perfectionner et
s'affirmer. On m'assure notamment que Mlle Germaine Cave
y fait merveille.
La troupe masculine était plus incertaine, malgré la pré-
sence de solides vétérans comme M. Darras, d'un tragédien
de grande valeur comme M. Balpêtré, d'un artiste de belle
prestance et de jeu très sûr comme M. Octtly, de jeunes
premiers excellents dans leurs genres divers comme
MM. Raymond Girard, Rozct et Louis Raymond. Malheu-
reusement d'autres comédiens plus « province » nuisaient à
la qualité des ensembles et gâtaient trop souvent les repré-
sentations classiques auxquelles ils ne semblent point que
l'Odéon, malgré le talent consommé et le zèle admirable de
l'excellent M. Duard, directeur des études classiques,
apportât alors le souci de perfection souhaitable : au con-
traire, certains spectacles modernes étaient des plus soignés
et présentés de telle façon que les plus exigeants eussent été
désarmés... Mais nous reviendrons sur le répertoire.
Maximin Roll m'assure qu'un comique de premier ordre,
M. Baconnet, apporte à l'Odéon la note de fantaisie et
qu'un autre acteur gai de grand avenir, M. Porterat. est à
surveiller sympathiquement.
J'observe d'autre part que l'Odéon devient un théâtre
de vedettes. Ces derniers mois, après M. Silvain — qui vint y
donner de belles représentations avant sa rentrée à la
Comédie-Française — on y entendit Maurice de Féraudy
— dans 60 représentations du Bonheur du Jour (mais ceci
est une autre question) — Arquillière, Boucot, Mme Marie
Laure, Constant Rémy et plusieurs autres. Certes les
spectateurs ne s'en plaignent point : mais l'éclat d'une
vedette a trop souvent jxnir contrepoids le négligé relatif
des ensembles. Enfin, lorsque l'on compte faire des appels
au dehors pour l'interprétation de certains rôles de pre-
mier plan, on prend le souci d'assurer, à chaque emploi,
de brillants titulaires dans la troii|)c stable.
Enfin et inversement, on subordonne souvent la conqx)-
sition du répertoire et la reprise des pièces à la disponibilité
momentanée ou prolongée de l'une ou l'autre de ces vedettes ;
alors qu'au contraire on devrait ne se préoccuper, pour
l'élaboration des spectacles, que de l'éclectisme le plus
■^méthodique et du souci de passer en revue les oeuvres
marquantes connues et moins connues des siècles passés.
Je crains que MM. Gémier et Abram n'aient une tendance
à sacrifier, quelque peu le répertoire classique. On profita
de la présence de M. Silvain pour jouer avec éclat Tartuffe,
Alhalie, Polyeucle, Horace, Les Femmes Savantes. Mais
aucune des vedettes que je cite plus haut", y compris M. de
Féraudy, ne parut à l'Odéon en tête d'une représentation
classique (à l'exception de M. Boucot). Pour M. Arcpiillièrc
on reprit, très judicieusement, Les Fossiles, mais on reprit
aussi L'Assommoir, dont l'entrée au répertoire odéonien ne
se justifiait que par l'interprétation — admirable — de
Coupeau par M. Arquillière. M. de Féraudy y vint jouer
Le Bonheur du Jour, d'Edmond Guiraud, dont'n'avait pas
voulu la Comédie-Française et qui me semble n'avoir d'autre
mérite que d'offrir au grand artiste un personnage qui
l'ait séduit... Mme Marie-Laurc joua La Belle Aventure et
M. Constant Rémy, Le Souffle du Désordre. Enfin M. Gémier,
qui lui-même à juste titre fait figure de vedette, apporta à
l'Odéon L'Homme qui assassina, La Bataille, Le Procureur
Hallers et autres pièces où il est incomparable, mais dont
la valeur n'imposait pas leur annexion au répertoire.
Le répertoire ne manque certes pas d'intérêt et de variété.
Mais ce n'est pas celui d'un théâtre d'Etat, dont le classique
devrait être le fondement. Les étudiants, désireux de voir
vivre sur scène nos chefs-d'oeuvre classiques, sont forcés de
passer les ponts et d'aller à la Comédie-Française. Le nom-
breux public de la rive gauche, dont l'Odéon est le grand
théâtre, perdra i>eu à peu le goût de ce répertoire, faute
d'être à même de le suivre régulièrement et d'en apprécier
les beautés, et l'on ne se rappellerait bientôt plus que l'Odéon
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