Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-03-30
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 mars 1919 30 mars 1919
Description : 1919/03/30 (Numéro 12815). 1919/03/30 (Numéro 12815).
Description : Note : édition de 5h du matin. Note : édition de 5h du matin.
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/06/2008
36* Année N° 12815
LE TEMPS. Encore froid, à éclaircies, à gibou-
lées ou averses.
LE POISSON. .La tempête ayant continué sur
les côtes, l'arrivage de ce matin sera faible. H
comprendra surtout du colin, du carrelet, du
merlan et de la raie. II est arrivé hier d'Al-
sace 2 wagons de carpes vivantes pour les ba-
teaux- viviers de la Ville. On les vend aux
Halles.
AUX HALLES. Le beurre a encore renchéri de
0 fr: 40 par kilo (14 fr. 80), mais il en arrive
un peu plus. Peu de viande fraîche et prix éle-
T vés. En raison de la tempête, les arrivages de
poisson sont rares. •
L'AGONIE DES RESTRICTIONS. Un décret qui
parait ce matin à l'Officiel permet l'emploi des
farines pantliables pour la fabrication de la
pâtisserie.
POUR LA PAIX JUSTE
L'HEURE DE LA FRANGE
Garantes ef réparations sont de oains mots pouf nom
sans le droit d'occuper la rive gauche du Rhin
L'heure est venue de préciser ce que
nous ayons écrit ces jours derniers
sur les délibérations du comité des
quatre.
La question qui se pose est immense
et tragique pour la. France. Il s'agit de
savoir si la victoire française sera une
réalité, si elle nous apportera les répa-
rations et les garanties sans lesquelles
quatorze cent mille de nos citoyens se-
raient morts en vain ou si le gouverne-
ment français, représenté par M. Cle-
menceau, devra adopter des concep-
tions qui seront proposées par nos al-
liés dans les meilleures intentions du
monde, mais qui ne sauraient nous sa-
tisfaire,
L'Allemagne a perdu ses colonies et
sa flotte personne, ne parle de les lui
rendre.- L'Allemagne a perdu la route
de Bagdad personne ne parle de la
lui rendre.' Elle a cessé d'être une puis-
sance sur les océans, d'être une con-
currente commerciale dans. le monde.
Mais. repliée sur elle-même, privée
dé débouchées, exaspérée par sa dé-
faite, elle demeure un bloc de 70 mil-
liQjas^d'hpmmÊs, demain 90 sans doute,
qui vont être élevés et systématique-
ment entraînés dans l'espoir de la re:
vanche.
De la revanche contre qüi ? Non cer-
tes contre les Etats-Unis qui leur ont
donné le coup de grâce.
Non contre l'Angleterre, qu'un pays
sans flotte ne peut songer à attaquer
ni même à gêner mais contre la
France et la Belgique.
-Pour éviter à un pays meurtri, aux
deux tiers ruiné comme la France
pour éviter à une 'petite nation marty-
risée comme la Belgique un retour de
fortune que nul ne peut prévoir, il sem-
ble qu'il n'y ait pas d'autre avis que le
nôtre à invoquer.
Le bon sens nous dit que Îes chefs
de gouvernement auraient dd demain-
der au maréchal Foch, qui a conduit
les armées victorieuses des alliés jus-
qu'au' Rhin Dites-nous ce qu'il vous
faut comme garantie contre une agrès
sion future ? » Ils auraient da enregis-
trer sa réponse et la faire passer telle
quelle dans leur décision souveraine.
11 n'en est pas ainsi.
Nous avons écrit hier que sur la rive
gauche du, Rhin^et jsut une Jarge- bande
de la rivé droite il ne devait demeurer
aucun dispositif militaire. Il est clair
que c'est, nous,- au nom des alliés, et,
si possible, avec leur appui militaire
constant, qui devons contrôler si ces
stipulations sont réellement respectées.
Or nous ne pouvons le contrôler que par
le droit d'occupation.
D'autre part, on parle d'imposer à
FAllemàgne 25, 30 ou 40 annuités et
Ton semble renoncer à exiger d'elle de
très gros versements. Quelle garantie
aurons-nous que dans deux ans ou dans
dix ans l'Allemagne paye ses annui-
tés ?
La Société des nations va-t-elle' s'en-
gager à supporter cette indemnité si
elle n'est pas versée par l'Allemagne, ou
obliger l'Allemagne, par.la force des
armes, à la verser ?
S'il en est ainsi, c'est bien. Mais s'il
n'en est pas ainsi ?. Nous n'avons au-
cun autre moyen, de pression sur l'Al-
lemagne que l'occupation d'une zone
étendue de son territoire.
C'est un sacrifice et une charge que
| d'y maintenir des hommes mais ce se.
I rait un désastre et une ruine que de
ne pas être payés.
En vérité on ne peut comprendre que
des choses aussi simples puissent être
longtemps discutées.
Il est déjà certain que le chiffre des
réparations accordées à la France cau-
sera une déception. Mais cette décep-
tion se transformerait en un mouvement
de stupeur et d'indignation si nous per-
dions même les moyens de sauvegarder
notre créance.
̃ xxx
Nous avons confiance qu'un traité dé-,
cevant pour la France ne sera pas signé.
Nos alliés voient les choses d'un autre/
point de vue. Leurs intentions sont Joua^
blés. Loin de nous l'idée de sùpposer;
qu'ils ont des arrière-pensées dans l'éta-f
blissement de l'équilibre futur qu'ils rê-i
vent dans le monde. Mais qu'ils nous
permettent de leur afflrmer que ce se-
rait un raisonnement puéril, celui qui
consisterait à dire « N'allons pas trop
loin dans nos exigences, de peur de
créer en Allemagne un, mouvement
vers la revanche. »
Il faudrait être triplement aveugle
pour tenir ce langage. Qu'elle ait ou non
perdu ses droits politiques sur la rive
gauche du Rhin, qu'elle ait ou non perdu
tout le bassin de la Sarre, J'Allemagne
vaincue, obligée de réparer, privée de
ses colonies et amputée de l'Alsace-Lor-
raine et des provinces polonaises, ne
pensera qu'à la vengeance. Elle y pense
déjà.
C'est un grand malheur, mais c'est
ainsi, et il serait fou de se le dissimu-
ler.*
La seule concession que l'on pourrait
faire à un pays dont la population aug-
mente, ce serait de lui restituer quel-
ques territoires, africains mais vouloir
le ménager en affaiblissant notre défense
contre son retour agressif possible, c'est
une faute que la France ne saurait ad-
mettre.
Un chef militaire illustre disait hier
« Nos soldats sont arrivés au Rhin
après l'avoir rêvé pei îdant plus de qua-
tre ans. Leur présonce au bord du
Rhin est pour eux la preuve de la vic-
toire et le seul gage de la sécurité fu-
ture de la France. Allez leur dire de
renoncer aux bastions qu'ils ont con-
quis moi, je ne m'en charge pas. »
UNE TRIPLE FRONTIÈRE ?
Le Daily Mail publie la note suivante
La principale difficulté en ce qui concerne
la frontière occidentale de l'Allemagne, que
le conseil des quatre s'occupe de régler en
ce moment, réside dans l'attribution du
grand bassin de mines de charbon de la
vallée 'de la Sarre.
La France a absolument besoin de la pro-
duction de ce bassin minier, en compensa-
tion de là destruction de ses mines de char-
bon dans le Nord. Or, cette région- est ha-
bitée par une population essentiellement al-
lemande, et l'un des axiomes de la politi-
que anglo-saxonne à la Conférence de la
paix est d'éviter la création d'une sorte
d'Alsace-Lorraine allemande, qui pourrait
devenir une source de froissements interna-
tionaux dans l'avenir.
La solution pratique probable de cette
difficulté semble devoir être trouvée dans
l'établissement de trois sortes de frontières
.occidentales pour 1" Allemagne.
"1° Une frontière territoriale
2° Une frontière économique
3° Une frontière mpitaire.
La première sera la limite politique
régulière des territoires sur lesquels la
France et l'Allemagne exerceront leur plein
droit de souveraineté..
La seconde frontière se trouverait en
partie un peu à l'est et comprendrait la
vallée de In' Sarre. La France aurait des
droits prépondérants d'exploitation com-
merciale et industrielle jusqu'à cette fron-
tière. En d'autres termes, e le pourrait ex-
ploiter les ressources naturelles de cette ré-
gion comme si elles lui appartenaient en
propre et l'Allemagne ne pourrait pas les
taxer. v
La troisième sera presque certainement
limitée par le /Rhin. Elle comprendra la
zone dans laquelle toute organisation mili-
taire allemande sera interdite.
LES ÉVÉNEMENTS D'ORIENT
Le général Mangin sera-t-il désigné
pour le commandement des armées
roumaines ?
Général MANGIN
Le conseil des quatre s'est occupé hier
de la situation créée par les événements de
Budapest.
La nomination du général Mangin comme
commandant en chef des armées roumaines
semble décidée. On envisage également l'ex-
tension des pouvoirs de ce chef sur l'armée
polonaise afin d'instituer un front et un
commandement uniques, de la Baltique à la
mer Noire.
Le conseil suprême a décidé en même
temps d'envoyer en Roumanie les armes
et le matériel'qui permettront à notre alliée
de réorganiser rapidement son armée.
lA COMMISSION DES RESPONSABILITÉS
La commission des responsabilités a te-
nu, hier matin, au ministère de l'intérieur,
sa dernière séance. 1
Après adoption des procès-verbaux, elle
a décidé que le rapport général ne sera plus
l'objet que d'une simple mise au point, de
forme, avant d'être transmis à la Confé-
rence laquelle ce rapport appartient dé-
sormais.
Pourquoi il faut hâter la paix
La Mort et le bolchevisme avancent
D'après The WcnrlS,
lies étonnements
da démobilisé
CHEZ LE TAILLEUR
de polytechnicien et d'un bicorne. Dans les
tranchées de l'Argonne et sur les routes de
l'air, mon idéal s'était modifié: un chapeau
melon et un complet civil étaient devenus
mon voeu le plus cher.
Ce que me coûta sa réalisation, une fois
rentré à Paris après l'armistice, je n'ai pas
besoin de vous le dire; vous connaissez tous
le prix d'un veston.
J'ai supPorté d'abord avec philosophie
cette nouvelle charge de la guerre. Où je me
fâchai, ce fut en apprenant que mon ami
d'Andy, que nous avions toujours considéré
comme l'arbitre des élégances, parce qu'il se
fait envoyer ses vêtements de Londres, s'ha-
bille à meillewiteompte que moi.
La guerre a certainement diminué mes fa-
cultés de réflexion elle a augmenté mon pen-
chant à la violence: je rompis l'union sa-'
ciée je me précipitai hez mon tailleur et
je le traitai de mercâjS. un homme dont
le père habillait mon 'père 1
Comment, lui dis-je, vous employez pour
moi les mêmes étoffes anglaises que Smith
Brbthers pour mon ami d'Andy, vous ne su-.
bissez la douane que sur votre matière pre-
mière, tandis que Smith Brothers la suppor-
tent sur le produit fabriqué; vqus-même ne
me ferez jamais croire que vous payez vos
ouvriers assez cher pour expliquer les prix
que vous me comptez D'autant plus que
Smith Brothers ont, chacun le sait, les meil-
leurs ouvriers de Londres et qu'ils se vain-
tent de ne pas les marchander.
Mon tailleur se justifia:
Evidemment, me dit-il, la main-d'œuvre
est un peu plus chère à Paris qu'à Londres,
mais ce n'est pas cela qui augmente telle-
ment les prix. Naturellement; je fais venir
mes étoffes de Londres: jamais tailleur qui
se respecte n'avouera le contraire. Mais, sa-
vez-vous qu'avec les permis d'importer qu'on
me donne, j'ai de quoi fabriquer tout au plus
les poches de mes clients ?
» D'ailleurs, voyez ces quelques pièces de
drap, je viens de les recevoir avec une déro-
gation. Depuis combien de temps croyez-
vous que je les ai commandées ? Depuis dix-
huit mois, monsieur, et il a fallu m'engager
à les accepter le jour où on me les livrerait,
au cours de Londres qui prévaudrait ce jour-
là et à les payer en livres sterling: tous les
risques à ma charge, quoi délais, cours,
change. Et je ne vous parle pas du temps
que j'ai dû perdre en démarches, du crédit
que j'ai dû perdre en sollicitations.
Qui paye tout cela? Mes clients, par-
bleu. C'est seulement sur eux que je, peux
me rattraper, je peux bien vous confier cela,
à vous qui êtes un ami.
» Et puis, quand recevrai-je un nouvel
envoi ? Je l'ignore totalement. On m'a, il
est vrai, indiqué un charbonnier qui vend
1 pour 5- francs le kilo des permis d'importer
le drap.
Je me .souviens, d une modiste dont on;,
m'avait parlé qui' vendait autrefois du char-
bon mais comme j'étais alors en escadrille
et qu'au mépris des règlements, je me chauf-
fais à l'essence, je n'avais pas prêté à cette
histoire une attention exagérée.
Je n'ai jamais voulu, jura mon tailleur,
avoir recours à de pareils intermédiaires
mais nous sommes tous dans le même cas:
l'étoffe manque en France il faut en ache-
ter quand même à Paris puisqu'on ne peut
pas en faire venir suffisamment de Londres;
vous imaginez les prix que nous payons.
Je sortis de chez mon tailleur libre-échan-
giste mais ce fut pour tomber dans la rue
sur un industriel qui'fabrique du drap en
Alsace. Il vint à moi, me prit les mains et
me dit
Expliquez-moi pourquoi, depuis la paix,
je ne trouve pas de commandes. Mon usine
est prête à marcher. Mes machines sont
intactes. J'ai des ouvriers qui ne demandent
qu'à travailler, et même de la matière pre-
mière. Je n'attends que des ordres et per-
sonne ne m'en donne.
Voilà qui va bien étonner mon tailleur,
lui dis-je. Si j'étais journaliste; je vous
conseillerais de faire de la publicité pour
ctue ça se sache. Comme je ne suis pas sûr
de l'être encore, je me contenterai de vous
rappeler que l'Etat, en ce moment, se charge
de tout, que c'est par conséquent lui qui
organise le placement des étoffes comme ce-
lui des hommes, et que cela suffit peut-être
à expliquer bien des, choses.
UN démobilisé.
Des mesures pour la danse
Toute une petite révolution va s'opérer
dans le monde où l'on danse. Voici en effet
que le mot « réglementation » vient d'être
gravement prono.ncé par les maîtres de
l'art chorégraphique. M. Camille Rhynal,
délégué par leur association générale, est
allé jusqu'au cabinet du ministre pour'y
exposer non pas à la. légère mais
avec un soin louable, de multiples revendi-
cations.
Danseurs, sachez donc ceci
Désormais ne sera plus professeur de
danse qui voudra. Il y avait des abus, pa-
rait-il. Tout maître il valser digne du titre
devra être agréé par l'association. Dans
les cours vous aurez le droit, pour ne pas
dire le devoir, de vous plaindre s'il se trouvè
plus d'un couple par mètre carré La pré-
sence de nul d'entre vous ne sera en outre
tolérée si vous n'avez pas souscrit à une
formalité d'inscription. Qu reste, un regis-
tre spécial sera destiné à cet usage et cha-
cun de vous recevra une carte nominative.
Autre décision
Ceux qui vous enseignent à vous mou-
voir avec grâce le pourront faire jusqu'à
23 heures.
Enfin, si cela vous amuse on a tout
prévu vous pourrez danser devant, le
buffet. Le dernier paragraphe de la régle-
mentation, qui est ainsi conçu, vous éclai-
rera sur ce point
<( 5° Un buffet pourra être tenu dans ces
cours de danse à !a condition expresse de
n'y servir que des boissons dites hygiéni-
quels. Il
Le maréchal Pétain est candidat
à l'Académie
des sciences morales et politiques
Lecture a été donnée, hièr, à l'Académie
des sciences morales et politiques d'une
lettre par laquelle le maréchal Pétain pose
sa candidature à la place d'académicien
libre, vacante par suite de l'élection de
M. Paul Deschanel au siège de M. Bérenger
dans la section de morale.
A LA COMMISSION D'ENQUETE SUR BRIEY
Une déposition sensationnelle
du général Messimy
L'ancien ministre de la guerre fait l'historique
de la création de l'armée de Paris qui devait
assurer la victoire de la Marne
La commission d'enquête des 44 sur la
question de Briey a entendu avant-hier,
comme nous l'avons dit, M. Messimy.
Voici les très importantes déclarations
qui ont été faites au cours de cette déposi-
tion par l'ancien ministre de la guerre.
La commission a posé un certain nombre
de questions relativement à l'emploi et aux
emplacements de la couverture de la région
de Briey.
A ces questions, le général Messimy a
répondu
1° En faisant connaître que les troupes de
couverture, pas plus dans le plan XVII que
dans les plans précédents, n'avaient pour
rôle de créer à la frontière même un cordon
de troupes solide et ininterrompu, que leur
mission était seulement de couvrir les dé-
barquements des armées et d'empêcher
toute incursion profonde de l'ennemi sur le
territoire;
2° Que le' but du grand état-major, dans
les premiers jours de la guerre, étant uni-
iquement de préparer dans les meilleures
conditions la bataille d'armées prévue dès
te 20 août, il ne pouvait être question, à cette
époque, de couvrir et de défendre une ré-
gion située à l'extrême frontière même
3°, Qu'au surplus la croyance générale,
non seulement dans les milieux militaires,
mais on a le droit de le dire, dans tout le
pays, était que la guerre serait fort courte.
Bon nombre de faits qui paraissent extra-
ordinaires après une cristallisation du front
de quatre années s'expliquent d'eux-mêmes
si l'on veut bien tenir compte de cette
croyance aussi répandue, du reste, en Alle-
magne qu'en France.
La partie capitale de la déposition du gé-
néral Messimy s'est produite à l'occasion
de la question suivante
Savez-uons pourquoi le G. Q. G. n'a pas
vers le 20 août, alors que Briey était oc-
cupé par des forces allemandes insignifian-
tes, donné l'ordre de le reprendre ?
L'ancien ministre de la guerre a tenu à
cette occasion 8'rappeler de la façon la plus
précise quelle avait été la règle adoptée par
le gouvernement au sujet de son rôle dans
la conduite des opérations militaires.
Dès le 1« août il avait été décidé au
conseil des ministres que le gouvernement
tout en conservant la direction générale
de la guerre, ne s'immiscerait en quoi que
ce soit dans la conduite des opérations il
lui était par conséquent impossible de ré-
pondre sur le point précis sur lequel il
était questionné.
'-Poursuivant eon exposé et sortant volon-
tairement du cadre des travaux de la com-
mission, le général Messimy lui a fait con-
naître que, malgré ce principe, il avait cru
une fois, pendant le mois d'août 191-4, devoir
imposer des directives au G. Q. G., et' il a
donné connaissance, it la commission de
l'ordre ci-dessous, rédigé dans la nuit du
24 au 25 août, et d'un extrait de la lettré
d'envoi qui l'accompagnait
25 août 1914, 5 heures matin.
Ordre au général commandant les armées
du Nord-Est.
Si la victoire ne couronne pas le succès
de nos armes et si les armées sont réduites
à la retraite, une armée de trois corps actifs
au minimum devra être dirigée sur le camp
retranché de Paris pour en assurer la garde.
Il sera rendu compte de la réception de cet
ordre.
Messimy.
Extrait de la lettre d'envoi jointe à cet
ordre
25 août 1914, 5 heures matin.
Mon cher général et ami
Ci-joint enfin un ordre dont l'importance
capitale ne vous échappera pas ordre de
donner à Paris une garnison minima de
trois corps d'armée actifs en bon état, en
cas d'échec.
Il va de soi que la ligne de retraite du
reste de l'armée devrait être tout autre et
couvrir le centre et le sud de la France.
Nous sommes décidés à la lutte a outran-
ce et sans merci.
Affectueusement vôtre,
Messimy.
Ainsi, se trouve éclairci le point d'histoire
si controversé jusqu'à ce jour. La création
de l'armée de Paris qui devait, dix -jours
après gagner la bataille de l'Ourcq, est
due l'initiative personnelle du chef de
l'armée d'alors qui, entièrement d'accord
avec le général Galliéni dont la nomination
de gouverneur de Paris devait être offi-
cielle le lendemain, était en droit d'écrire
« Nous sommes décidés à la lutte à ou-
trance et sans merci. n
Le général Messimy au cours de sa dé-
position a vivement-insisté auprès de la
commission pour qu'elle obtint de la com-
mission du budget les crédits importants
nécessaires à une classification logique et
rapide des archives de la guerre.
Il fait ressortir que la section historique
du ministère se trouvait en possession de
25 à 30 millions de pièces formant plus de
40.000 dossiers qu'il était absolument indis-
pensable qu'un personnel nombreux et coin-
pétent fût. mis à sa disposition pour que ces
pièces fussent rapidement inventoriées et
classées, qu'elles soient mises à là disposi-
tion des historiens, qui pourront ainsi écrire
les relations de la guerre, non grâce à' des
documents partiels, mais ep ayant en main
la totalité des pièces qui permettront un ex-
posé complet de la vérité historique..
Même si des erreurs de conception et
d'exécution peuvent être relevées Ia char-
ge de.ceux hommes politiques et militai-
res qui subirent le fardeau du pouvoir en
ces jours tragiques d'août 1914, la France
est assez riche en gloire pour que tous les
faits de la -guerre puissent être exposés au
grands jour de la discussion publique.
La révélation de l'ordre constituant dès le
25 août l'armée de Paris a produit une très
ferte impression..
L'ancien ministre de la guerre a terminé
sa déposition en exposant que, resté aux
armées du 1" septembre 1914 au 15 janvier
1919, il n'avait pas cru devoir jusqu'à ce
jour révéler cet important document, mais
qu'il considérerait comme a l'honneur* de
sa vie » d'avoir, ce jour-là, d'accord avec
celui qui devait être le vainqueur de l'Ourcq
et qui était alors son conseiller technique,
donné un ordre formel et précis au général
commandant en chef.
En vue de la signature de la paix
A Versailles, on aménage le château pour
la réception des plénipotentiaires
On commence à s'occuper activement A
Versailles de l'aménagement du chatesu, où
auront lieu les préliminaires et la signature
de la paix.
M. Dutasta, secrétaire général de la Confé-
rence de la paix, accompagné d'un secré-
taire, M. Arnavon, et de M. Gauthier, chef
de cabinet du ministère des affaires étran-
gères, dans le but précisément de procéder
à une visite préalable et de se rendre compte
des travaux à effectuer, est arrivé hier,
il. 16 heures, à Versailles, en automobile. Il
s'est rendu auprès de M. de Nolhac, conser-
vateur du chéteau, avec lequel se trouvaient
les architectes, MM, Chaussemiche et Pe-
racé, ainsi que les ingénieurs des postes et
des services du téléphone et du télégraphe.
Les grands et petits appartements de
Louis XV et de Louis XVI ce sont là, du
moins, les bases des projets envisagés hier
subiront quelques transformations, cer-
taines pièces devant être agencées pour les
commissions des délibérations, ainsi que
pour la presse, et d'autres devant servir de
salles de repos pous les secrétaires.
La galerie des Glaces, où sera signée la
paix, a été l'objet d'un examen tout parti-
culier. Un certain nombre de nouvelles li-
gnes téléphoniques et télégraphiques vont y
être installées, et des salons de repos y se-
ront également ménagés pour les plénipo-
tentiaires.
L'entrée de ces derniers se fera par la
cour de Marbre et l'escalier de la Reine.
L'entrée de la presse aura lieu par l'esca-
lier des Princes, aboutfssunt à l'aile du midi,
où seront les postes de téléphone et de télé-
graphe mis à sa disposition.
On pense que la durée totale des pourpar-
lers n'excédera pas un mois..
Les plénipotentiaires seront, comme nous
l'avons dit, logés à Versailles dans des hô-
tels réquisitionnés à cet effet. On croit né-
cessaire de pourvoir au logement de deux
cents personnes environ, y compris le per-
sonnel de service et les secrétaires.
JEANNE D'ARC CANONISEE
Rome, 29 mars. -Ce matin, dams une
,audience de congé accordée au cardinal
Amette, le pape a bien voulu fixer défini-
tivement la date de la lecture du décret de
canonisation de Jeanne d'Arc au dimanche
de la Passion, 6 avril.
Le cardinal Amette a déclaré
« La canonisation de. Jeanne d'Arc est
un événement national, car la France est
la seule nation qui puisse s'enorgueillir
d'une sainte vraiment nationale comme
Jeanne
La Ville de Paris et la re chère
On prbpobe la créaHon d'un office
municipal d'achat des denrée*
Dans une note communiquée à ses collè-
gues, M. Emile Desvaux pose à nouveau lé
problème de la vie chère tel que le lui fait
apparaître l'expérience déjà longuement ac-
quise par la Ville de Paris.
La Ville de Paris, dès 1916. dit-il, a « ouvert
boutique
Elle s'est mise à vendre du charbon puis
de la viande frigorifiée, puis des pommes de
terre, puis des légumes secs, du riz, des pâtes
alimentaires enfin de la viande fraîche dont
vient de la priver, sans préavis peut-on dire,
un regrettable ukase du pouvoir central
Elle a vendu selon les règles de la sage for-
mule anglaise No gain, no lost, c'est-à-dire
Qu'elle a vendu exactement au prix de revient
Elle sait donc vendrel
D'autre part, M. Emile Desvaux rappelle
que la Ville de Paris a acheté des camions
automobiles et que l'Etat, sur les instances
répétées de M. Robaglia, lui a offert une
part appréciable de ses disponibilités en
tonnage marchand.
Pourquoi, dès lors, la Ville de Paris ne so
substituerait-elle pas à l'Etat pour approvi-
sionner le petit commerce et population ?
C'est la question que pose M. Emile Des-
vaux, laquelle il répond d'ailleurs favora-
blement parce qu'il considère que, d'une
part, l'Etat a parfois offert à la Ville des
denrées à des prix CI exorbitants » et, d'au-
tre part, les denrées sont insuffisantes en
quantité et en variété.
Que la Ville donc, demande M. T)esvaux
achète pour le petit commerce qu'elle entre.
pose pour lui qu'elle camionne pour lui
En conséquence, il propose à ses collè-
gues l'institution d'un a office municipal
d'achat des denrées et substances indispen-
sables à la vie n.
Un vol de 200. 000 francs de bijoux
chez ia princesse de Croy
La princesse de Croy-Solre, demeurant
en son hôtel, 8, rue Jean-Goujon, a été vic-
time, dans la nuit de vendredi à samedi
d'un vol de 200.000 francs de bijoux. Voici
les faits
La princesse .de Croy avait coutume de
mettre dans un coffret placé dans sa cham-
bre la majeure partie de ses bijoux. C'est là
qu'en rentrant vendredi, vers .23 heures,
elle déposa comme d'habitude son collier
de perles, ses bagues et un ,pendentif orné
de brillants.
Samedi matin, la princesse, qui devait
assister à une cérémonie, voulut se parer
de ses bijoux. Mais, son coffret ouvert, elle
eut la très désagréable surprise et l'émotion
de Constater qu'il était vide.
Immédiatement Mme de Croy se rendit au
commissariat tout proche des Champs-Ely-
sées et déposa entre les mains de M. Lalaut,
commissaire de police, une plainte pour vol
est acquitte
LE RÉQUISITOIRE
ET LES PLAIDOIRIES
Je demande pardon à la victime et
grâce pour mon père
Cette suprême parole de l'accusé venant
après deux plaidoiries habiles et touchantes
de ses défenseurs, M" Zévaès et Henri Gé-
raud, a désarmé le jury de la Seine.
Raoul Villain est acquitté.
Reprenons, avec le réquisitoire, l'analysa
de la dernière audience de ce grand procès
A midi, l'avocat général Béguin se lève
au siège du ministère public.
Dans un large exorde, le magistrat es-
quisse le tableau des révolutions du monde
depuis la mort de Jaurès.
Quelles leçons, s'écrie-t-il, que celles dé
guerre Quelle témérité qua d'oser pré»
AVOCAT général Béguin. Ce dêsèquitU
bré héréditaire à? droit d l'indulgence dis
jury..
Juger de l'avenir J'entends encore le com.
pagnon d'armes, l'ami de Jaurès, le présl»
dent Viviani, dire sa douleur que le grand
disparu ne fût plus la pour jouir de la -.le-
toire. Respect, messieurs, liberté pour tou·
tes les'idées Respect, sécurité pour tout
ceux qui, de bonne foi, expriment leur con-
viction réfléchie C'est le principe que je val4
vous demander, au nom de la conscience
humaine, de proclamer dans votre verdict.
M" Zévaës. S'étonnera-t-on si de sim-
ples lecteurs comme Villain n'ont pas
compris la pensée de lqurès autrement
que le capitaine Sadoul et l'Humanité ?
Et le temps écoulé depuis le 31 juillet 1914
vous permet de libérer votre conscience dans
une absolue sécurité.
L'avocat général tient à démontrer que
tant de renvois successifs ne furent pas
l' « œuvre de l'arbitraire ». Au début, Vil·
lain, lui-même, les sollicita au nom-de l'u-
nion sacrée. C'est, écrivait-il, en 1915,
au président des assises, après l'armistice
qui suivra la victoire que je po.urrai seule-
ment être jugé. •»
Ce délai n'aura pas, d'ailleurs, nui à l'ac*
cusé.
Vous vous ravpelleret, messieurs les jurés.
s'écrie M. Béguin, que Villain a déjà accompli
m- utniif *jiz\avu. /u-ures est Titon en
,brave. puisqu'il cat mort pour ses idée».
quatre ans et huit mois de détention. Comm»
la peine que ma conscience m'oblige à voue
demander ne peut qu'être une peine privât
tlve de la liberté, le long temps pasaé en ét*S
de prévention sera déduit du montant de 1%
condamnation prononcée par la cour.
Après un nouvel et fort éloquent éîogft
de la victime, l'avocat général pose l'uniqajg
LE TEMPS. Encore froid, à éclaircies, à gibou-
lées ou averses.
LE POISSON. .La tempête ayant continué sur
les côtes, l'arrivage de ce matin sera faible. H
comprendra surtout du colin, du carrelet, du
merlan et de la raie. II est arrivé hier d'Al-
sace 2 wagons de carpes vivantes pour les ba-
teaux- viviers de la Ville. On les vend aux
Halles.
AUX HALLES. Le beurre a encore renchéri de
0 fr: 40 par kilo (14 fr. 80), mais il en arrive
un peu plus. Peu de viande fraîche et prix éle-
T vés. En raison de la tempête, les arrivages de
poisson sont rares. •
L'AGONIE DES RESTRICTIONS. Un décret qui
parait ce matin à l'Officiel permet l'emploi des
farines pantliables pour la fabrication de la
pâtisserie.
POUR LA PAIX JUSTE
L'HEURE DE LA FRANGE
Garantes ef réparations sont de oains mots pouf nom
sans le droit d'occuper la rive gauche du Rhin
L'heure est venue de préciser ce que
nous ayons écrit ces jours derniers
sur les délibérations du comité des
quatre.
La question qui se pose est immense
et tragique pour la. France. Il s'agit de
savoir si la victoire française sera une
réalité, si elle nous apportera les répa-
rations et les garanties sans lesquelles
quatorze cent mille de nos citoyens se-
raient morts en vain ou si le gouverne-
ment français, représenté par M. Cle-
menceau, devra adopter des concep-
tions qui seront proposées par nos al-
liés dans les meilleures intentions du
monde, mais qui ne sauraient nous sa-
tisfaire,
L'Allemagne a perdu ses colonies et
sa flotte personne, ne parle de les lui
rendre.- L'Allemagne a perdu la route
de Bagdad personne ne parle de la
lui rendre.' Elle a cessé d'être une puis-
sance sur les océans, d'être une con-
currente commerciale dans. le monde.
Mais. repliée sur elle-même, privée
dé débouchées, exaspérée par sa dé-
faite, elle demeure un bloc de 70 mil-
liQjas^d'hpmmÊs, demain 90 sans doute,
qui vont être élevés et systématique-
ment entraînés dans l'espoir de la re:
vanche.
De la revanche contre qüi ? Non cer-
tes contre les Etats-Unis qui leur ont
donné le coup de grâce.
Non contre l'Angleterre, qu'un pays
sans flotte ne peut songer à attaquer
ni même à gêner mais contre la
France et la Belgique.
-Pour éviter à un pays meurtri, aux
deux tiers ruiné comme la France
pour éviter à une 'petite nation marty-
risée comme la Belgique un retour de
fortune que nul ne peut prévoir, il sem-
ble qu'il n'y ait pas d'autre avis que le
nôtre à invoquer.
Le bon sens nous dit que Îes chefs
de gouvernement auraient dd demain-
der au maréchal Foch, qui a conduit
les armées victorieuses des alliés jus-
qu'au' Rhin Dites-nous ce qu'il vous
faut comme garantie contre une agrès
sion future ? » Ils auraient da enregis-
trer sa réponse et la faire passer telle
quelle dans leur décision souveraine.
11 n'en est pas ainsi.
Nous avons écrit hier que sur la rive
gauche du, Rhin^et jsut une Jarge- bande
de la rivé droite il ne devait demeurer
aucun dispositif militaire. Il est clair
que c'est, nous,- au nom des alliés, et,
si possible, avec leur appui militaire
constant, qui devons contrôler si ces
stipulations sont réellement respectées.
Or nous ne pouvons le contrôler que par
le droit d'occupation.
D'autre part, on parle d'imposer à
FAllemàgne 25, 30 ou 40 annuités et
Ton semble renoncer à exiger d'elle de
très gros versements. Quelle garantie
aurons-nous que dans deux ans ou dans
dix ans l'Allemagne paye ses annui-
tés ?
La Société des nations va-t-elle' s'en-
gager à supporter cette indemnité si
elle n'est pas versée par l'Allemagne, ou
obliger l'Allemagne, par.la force des
armes, à la verser ?
S'il en est ainsi, c'est bien. Mais s'il
n'en est pas ainsi ?. Nous n'avons au-
cun autre moyen, de pression sur l'Al-
lemagne que l'occupation d'une zone
étendue de son territoire.
C'est un sacrifice et une charge que
| d'y maintenir des hommes mais ce se.
I rait un désastre et une ruine que de
ne pas être payés.
En vérité on ne peut comprendre que
des choses aussi simples puissent être
longtemps discutées.
Il est déjà certain que le chiffre des
réparations accordées à la France cau-
sera une déception. Mais cette décep-
tion se transformerait en un mouvement
de stupeur et d'indignation si nous per-
dions même les moyens de sauvegarder
notre créance.
̃ xxx
Nous avons confiance qu'un traité dé-,
cevant pour la France ne sera pas signé.
Nos alliés voient les choses d'un autre/
point de vue. Leurs intentions sont Joua^
blés. Loin de nous l'idée de sùpposer;
qu'ils ont des arrière-pensées dans l'éta-f
blissement de l'équilibre futur qu'ils rê-i
vent dans le monde. Mais qu'ils nous
permettent de leur afflrmer que ce se-
rait un raisonnement puéril, celui qui
consisterait à dire « N'allons pas trop
loin dans nos exigences, de peur de
créer en Allemagne un, mouvement
vers la revanche. »
Il faudrait être triplement aveugle
pour tenir ce langage. Qu'elle ait ou non
perdu ses droits politiques sur la rive
gauche du Rhin, qu'elle ait ou non perdu
tout le bassin de la Sarre, J'Allemagne
vaincue, obligée de réparer, privée de
ses colonies et amputée de l'Alsace-Lor-
raine et des provinces polonaises, ne
pensera qu'à la vengeance. Elle y pense
déjà.
C'est un grand malheur, mais c'est
ainsi, et il serait fou de se le dissimu-
ler.*
La seule concession que l'on pourrait
faire à un pays dont la population aug-
mente, ce serait de lui restituer quel-
ques territoires, africains mais vouloir
le ménager en affaiblissant notre défense
contre son retour agressif possible, c'est
une faute que la France ne saurait ad-
mettre.
Un chef militaire illustre disait hier
« Nos soldats sont arrivés au Rhin
après l'avoir rêvé pei îdant plus de qua-
tre ans. Leur présonce au bord du
Rhin est pour eux la preuve de la vic-
toire et le seul gage de la sécurité fu-
ture de la France. Allez leur dire de
renoncer aux bastions qu'ils ont con-
quis moi, je ne m'en charge pas. »
UNE TRIPLE FRONTIÈRE ?
Le Daily Mail publie la note suivante
La principale difficulté en ce qui concerne
la frontière occidentale de l'Allemagne, que
le conseil des quatre s'occupe de régler en
ce moment, réside dans l'attribution du
grand bassin de mines de charbon de la
vallée 'de la Sarre.
La France a absolument besoin de la pro-
duction de ce bassin minier, en compensa-
tion de là destruction de ses mines de char-
bon dans le Nord. Or, cette région- est ha-
bitée par une population essentiellement al-
lemande, et l'un des axiomes de la politi-
que anglo-saxonne à la Conférence de la
paix est d'éviter la création d'une sorte
d'Alsace-Lorraine allemande, qui pourrait
devenir une source de froissements interna-
tionaux dans l'avenir.
La solution pratique probable de cette
difficulté semble devoir être trouvée dans
l'établissement de trois sortes de frontières
.occidentales pour 1" Allemagne.
"1° Une frontière territoriale
2° Une frontière économique
3° Une frontière mpitaire.
La première sera la limite politique
régulière des territoires sur lesquels la
France et l'Allemagne exerceront leur plein
droit de souveraineté..
La seconde frontière se trouverait en
partie un peu à l'est et comprendrait la
vallée de In' Sarre. La France aurait des
droits prépondérants d'exploitation com-
merciale et industrielle jusqu'à cette fron-
tière. En d'autres termes, e le pourrait ex-
ploiter les ressources naturelles de cette ré-
gion comme si elles lui appartenaient en
propre et l'Allemagne ne pourrait pas les
taxer. v
La troisième sera presque certainement
limitée par le /Rhin. Elle comprendra la
zone dans laquelle toute organisation mili-
taire allemande sera interdite.
LES ÉVÉNEMENTS D'ORIENT
Le général Mangin sera-t-il désigné
pour le commandement des armées
roumaines ?
Général MANGIN
Le conseil des quatre s'est occupé hier
de la situation créée par les événements de
Budapest.
La nomination du général Mangin comme
commandant en chef des armées roumaines
semble décidée. On envisage également l'ex-
tension des pouvoirs de ce chef sur l'armée
polonaise afin d'instituer un front et un
commandement uniques, de la Baltique à la
mer Noire.
Le conseil suprême a décidé en même
temps d'envoyer en Roumanie les armes
et le matériel'qui permettront à notre alliée
de réorganiser rapidement son armée.
lA COMMISSION DES RESPONSABILITÉS
La commission des responsabilités a te-
nu, hier matin, au ministère de l'intérieur,
sa dernière séance. 1
Après adoption des procès-verbaux, elle
a décidé que le rapport général ne sera plus
l'objet que d'une simple mise au point, de
forme, avant d'être transmis à la Confé-
rence laquelle ce rapport appartient dé-
sormais.
Pourquoi il faut hâter la paix
La Mort et le bolchevisme avancent
D'après The WcnrlS,
lies étonnements
da démobilisé
CHEZ LE TAILLEUR
de polytechnicien et d'un bicorne. Dans les
tranchées de l'Argonne et sur les routes de
l'air, mon idéal s'était modifié: un chapeau
melon et un complet civil étaient devenus
mon voeu le plus cher.
Ce que me coûta sa réalisation, une fois
rentré à Paris après l'armistice, je n'ai pas
besoin de vous le dire; vous connaissez tous
le prix d'un veston.
J'ai supPorté d'abord avec philosophie
cette nouvelle charge de la guerre. Où je me
fâchai, ce fut en apprenant que mon ami
d'Andy, que nous avions toujours considéré
comme l'arbitre des élégances, parce qu'il se
fait envoyer ses vêtements de Londres, s'ha-
bille à meillewiteompte que moi.
La guerre a certainement diminué mes fa-
cultés de réflexion elle a augmenté mon pen-
chant à la violence: je rompis l'union sa-'
ciée je me précipitai hez mon tailleur et
je le traitai de mercâjS. un homme dont
le père habillait mon 'père 1
Comment, lui dis-je, vous employez pour
moi les mêmes étoffes anglaises que Smith
Brbthers pour mon ami d'Andy, vous ne su-.
bissez la douane que sur votre matière pre-
mière, tandis que Smith Brothers la suppor-
tent sur le produit fabriqué; vqus-même ne
me ferez jamais croire que vous payez vos
ouvriers assez cher pour expliquer les prix
que vous me comptez D'autant plus que
Smith Brothers ont, chacun le sait, les meil-
leurs ouvriers de Londres et qu'ils se vain-
tent de ne pas les marchander.
Mon tailleur se justifia:
Evidemment, me dit-il, la main-d'œuvre
est un peu plus chère à Paris qu'à Londres,
mais ce n'est pas cela qui augmente telle-
ment les prix. Naturellement; je fais venir
mes étoffes de Londres: jamais tailleur qui
se respecte n'avouera le contraire. Mais, sa-
vez-vous qu'avec les permis d'importer qu'on
me donne, j'ai de quoi fabriquer tout au plus
les poches de mes clients ?
» D'ailleurs, voyez ces quelques pièces de
drap, je viens de les recevoir avec une déro-
gation. Depuis combien de temps croyez-
vous que je les ai commandées ? Depuis dix-
huit mois, monsieur, et il a fallu m'engager
à les accepter le jour où on me les livrerait,
au cours de Londres qui prévaudrait ce jour-
là et à les payer en livres sterling: tous les
risques à ma charge, quoi délais, cours,
change. Et je ne vous parle pas du temps
que j'ai dû perdre en démarches, du crédit
que j'ai dû perdre en sollicitations.
Qui paye tout cela? Mes clients, par-
bleu. C'est seulement sur eux que je, peux
me rattraper, je peux bien vous confier cela,
à vous qui êtes un ami.
» Et puis, quand recevrai-je un nouvel
envoi ? Je l'ignore totalement. On m'a, il
est vrai, indiqué un charbonnier qui vend
1 pour 5- francs le kilo des permis d'importer
le drap.
Je me .souviens, d une modiste dont on;,
m'avait parlé qui' vendait autrefois du char-
bon mais comme j'étais alors en escadrille
et qu'au mépris des règlements, je me chauf-
fais à l'essence, je n'avais pas prêté à cette
histoire une attention exagérée.
Je n'ai jamais voulu, jura mon tailleur,
avoir recours à de pareils intermédiaires
mais nous sommes tous dans le même cas:
l'étoffe manque en France il faut en ache-
ter quand même à Paris puisqu'on ne peut
pas en faire venir suffisamment de Londres;
vous imaginez les prix que nous payons.
Je sortis de chez mon tailleur libre-échan-
giste mais ce fut pour tomber dans la rue
sur un industriel qui'fabrique du drap en
Alsace. Il vint à moi, me prit les mains et
me dit
Expliquez-moi pourquoi, depuis la paix,
je ne trouve pas de commandes. Mon usine
est prête à marcher. Mes machines sont
intactes. J'ai des ouvriers qui ne demandent
qu'à travailler, et même de la matière pre-
mière. Je n'attends que des ordres et per-
sonne ne m'en donne.
Voilà qui va bien étonner mon tailleur,
lui dis-je. Si j'étais journaliste; je vous
conseillerais de faire de la publicité pour
ctue ça se sache. Comme je ne suis pas sûr
de l'être encore, je me contenterai de vous
rappeler que l'Etat, en ce moment, se charge
de tout, que c'est par conséquent lui qui
organise le placement des étoffes comme ce-
lui des hommes, et que cela suffit peut-être
à expliquer bien des, choses.
UN démobilisé.
Des mesures pour la danse
Toute une petite révolution va s'opérer
dans le monde où l'on danse. Voici en effet
que le mot « réglementation » vient d'être
gravement prono.ncé par les maîtres de
l'art chorégraphique. M. Camille Rhynal,
délégué par leur association générale, est
allé jusqu'au cabinet du ministre pour'y
exposer non pas à la. légère mais
avec un soin louable, de multiples revendi-
cations.
Danseurs, sachez donc ceci
Désormais ne sera plus professeur de
danse qui voudra. Il y avait des abus, pa-
rait-il. Tout maître il valser digne du titre
devra être agréé par l'association. Dans
les cours vous aurez le droit, pour ne pas
dire le devoir, de vous plaindre s'il se trouvè
plus d'un couple par mètre carré La pré-
sence de nul d'entre vous ne sera en outre
tolérée si vous n'avez pas souscrit à une
formalité d'inscription. Qu reste, un regis-
tre spécial sera destiné à cet usage et cha-
cun de vous recevra une carte nominative.
Autre décision
Ceux qui vous enseignent à vous mou-
voir avec grâce le pourront faire jusqu'à
23 heures.
Enfin, si cela vous amuse on a tout
prévu vous pourrez danser devant, le
buffet. Le dernier paragraphe de la régle-
mentation, qui est ainsi conçu, vous éclai-
rera sur ce point
<( 5° Un buffet pourra être tenu dans ces
cours de danse à !a condition expresse de
n'y servir que des boissons dites hygiéni-
quels. Il
Le maréchal Pétain est candidat
à l'Académie
des sciences morales et politiques
Lecture a été donnée, hièr, à l'Académie
des sciences morales et politiques d'une
lettre par laquelle le maréchal Pétain pose
sa candidature à la place d'académicien
libre, vacante par suite de l'élection de
M. Paul Deschanel au siège de M. Bérenger
dans la section de morale.
A LA COMMISSION D'ENQUETE SUR BRIEY
Une déposition sensationnelle
du général Messimy
L'ancien ministre de la guerre fait l'historique
de la création de l'armée de Paris qui devait
assurer la victoire de la Marne
La commission d'enquête des 44 sur la
question de Briey a entendu avant-hier,
comme nous l'avons dit, M. Messimy.
Voici les très importantes déclarations
qui ont été faites au cours de cette déposi-
tion par l'ancien ministre de la guerre.
La commission a posé un certain nombre
de questions relativement à l'emploi et aux
emplacements de la couverture de la région
de Briey.
A ces questions, le général Messimy a
répondu
1° En faisant connaître que les troupes de
couverture, pas plus dans le plan XVII que
dans les plans précédents, n'avaient pour
rôle de créer à la frontière même un cordon
de troupes solide et ininterrompu, que leur
mission était seulement de couvrir les dé-
barquements des armées et d'empêcher
toute incursion profonde de l'ennemi sur le
territoire;
2° Que le' but du grand état-major, dans
les premiers jours de la guerre, étant uni-
iquement de préparer dans les meilleures
conditions la bataille d'armées prévue dès
te 20 août, il ne pouvait être question, à cette
époque, de couvrir et de défendre une ré-
gion située à l'extrême frontière même
3°, Qu'au surplus la croyance générale,
non seulement dans les milieux militaires,
mais on a le droit de le dire, dans tout le
pays, était que la guerre serait fort courte.
Bon nombre de faits qui paraissent extra-
ordinaires après une cristallisation du front
de quatre années s'expliquent d'eux-mêmes
si l'on veut bien tenir compte de cette
croyance aussi répandue, du reste, en Alle-
magne qu'en France.
La partie capitale de la déposition du gé-
néral Messimy s'est produite à l'occasion
de la question suivante
Savez-uons pourquoi le G. Q. G. n'a pas
vers le 20 août, alors que Briey était oc-
cupé par des forces allemandes insignifian-
tes, donné l'ordre de le reprendre ?
L'ancien ministre de la guerre a tenu à
cette occasion 8'rappeler de la façon la plus
précise quelle avait été la règle adoptée par
le gouvernement au sujet de son rôle dans
la conduite des opérations militaires.
Dès le 1« août il avait été décidé au
conseil des ministres que le gouvernement
tout en conservant la direction générale
de la guerre, ne s'immiscerait en quoi que
ce soit dans la conduite des opérations il
lui était par conséquent impossible de ré-
pondre sur le point précis sur lequel il
était questionné.
'-Poursuivant eon exposé et sortant volon-
tairement du cadre des travaux de la com-
mission, le général Messimy lui a fait con-
naître que, malgré ce principe, il avait cru
une fois, pendant le mois d'août 191-4, devoir
imposer des directives au G. Q. G., et' il a
donné connaissance, it la commission de
l'ordre ci-dessous, rédigé dans la nuit du
24 au 25 août, et d'un extrait de la lettré
d'envoi qui l'accompagnait
25 août 1914, 5 heures matin.
Ordre au général commandant les armées
du Nord-Est.
Si la victoire ne couronne pas le succès
de nos armes et si les armées sont réduites
à la retraite, une armée de trois corps actifs
au minimum devra être dirigée sur le camp
retranché de Paris pour en assurer la garde.
Il sera rendu compte de la réception de cet
ordre.
Messimy.
Extrait de la lettre d'envoi jointe à cet
ordre
25 août 1914, 5 heures matin.
Mon cher général et ami
Ci-joint enfin un ordre dont l'importance
capitale ne vous échappera pas ordre de
donner à Paris une garnison minima de
trois corps d'armée actifs en bon état, en
cas d'échec.
Il va de soi que la ligne de retraite du
reste de l'armée devrait être tout autre et
couvrir le centre et le sud de la France.
Nous sommes décidés à la lutte a outran-
ce et sans merci.
Affectueusement vôtre,
Messimy.
Ainsi, se trouve éclairci le point d'histoire
si controversé jusqu'à ce jour. La création
de l'armée de Paris qui devait, dix -jours
après gagner la bataille de l'Ourcq, est
due l'initiative personnelle du chef de
l'armée d'alors qui, entièrement d'accord
avec le général Galliéni dont la nomination
de gouverneur de Paris devait être offi-
cielle le lendemain, était en droit d'écrire
« Nous sommes décidés à la lutte à ou-
trance et sans merci. n
Le général Messimy au cours de sa dé-
position a vivement-insisté auprès de la
commission pour qu'elle obtint de la com-
mission du budget les crédits importants
nécessaires à une classification logique et
rapide des archives de la guerre.
Il fait ressortir que la section historique
du ministère se trouvait en possession de
25 à 30 millions de pièces formant plus de
40.000 dossiers qu'il était absolument indis-
pensable qu'un personnel nombreux et coin-
pétent fût. mis à sa disposition pour que ces
pièces fussent rapidement inventoriées et
classées, qu'elles soient mises à là disposi-
tion des historiens, qui pourront ainsi écrire
les relations de la guerre, non grâce à' des
documents partiels, mais ep ayant en main
la totalité des pièces qui permettront un ex-
posé complet de la vérité historique..
Même si des erreurs de conception et
d'exécution peuvent être relevées Ia char-
ge de.ceux hommes politiques et militai-
res qui subirent le fardeau du pouvoir en
ces jours tragiques d'août 1914, la France
est assez riche en gloire pour que tous les
faits de la -guerre puissent être exposés au
grands jour de la discussion publique.
La révélation de l'ordre constituant dès le
25 août l'armée de Paris a produit une très
ferte impression..
L'ancien ministre de la guerre a terminé
sa déposition en exposant que, resté aux
armées du 1" septembre 1914 au 15 janvier
1919, il n'avait pas cru devoir jusqu'à ce
jour révéler cet important document, mais
qu'il considérerait comme a l'honneur* de
sa vie » d'avoir, ce jour-là, d'accord avec
celui qui devait être le vainqueur de l'Ourcq
et qui était alors son conseiller technique,
donné un ordre formel et précis au général
commandant en chef.
En vue de la signature de la paix
A Versailles, on aménage le château pour
la réception des plénipotentiaires
On commence à s'occuper activement A
Versailles de l'aménagement du chatesu, où
auront lieu les préliminaires et la signature
de la paix.
M. Dutasta, secrétaire général de la Confé-
rence de la paix, accompagné d'un secré-
taire, M. Arnavon, et de M. Gauthier, chef
de cabinet du ministère des affaires étran-
gères, dans le but précisément de procéder
à une visite préalable et de se rendre compte
des travaux à effectuer, est arrivé hier,
il. 16 heures, à Versailles, en automobile. Il
s'est rendu auprès de M. de Nolhac, conser-
vateur du chéteau, avec lequel se trouvaient
les architectes, MM, Chaussemiche et Pe-
racé, ainsi que les ingénieurs des postes et
des services du téléphone et du télégraphe.
Les grands et petits appartements de
Louis XV et de Louis XVI ce sont là, du
moins, les bases des projets envisagés hier
subiront quelques transformations, cer-
taines pièces devant être agencées pour les
commissions des délibérations, ainsi que
pour la presse, et d'autres devant servir de
salles de repos pous les secrétaires.
La galerie des Glaces, où sera signée la
paix, a été l'objet d'un examen tout parti-
culier. Un certain nombre de nouvelles li-
gnes téléphoniques et télégraphiques vont y
être installées, et des salons de repos y se-
ront également ménagés pour les plénipo-
tentiaires.
L'entrée de ces derniers se fera par la
cour de Marbre et l'escalier de la Reine.
L'entrée de la presse aura lieu par l'esca-
lier des Princes, aboutfssunt à l'aile du midi,
où seront les postes de téléphone et de télé-
graphe mis à sa disposition.
On pense que la durée totale des pourpar-
lers n'excédera pas un mois..
Les plénipotentiaires seront, comme nous
l'avons dit, logés à Versailles dans des hô-
tels réquisitionnés à cet effet. On croit né-
cessaire de pourvoir au logement de deux
cents personnes environ, y compris le per-
sonnel de service et les secrétaires.
JEANNE D'ARC CANONISEE
Rome, 29 mars. -Ce matin, dams une
,audience de congé accordée au cardinal
Amette, le pape a bien voulu fixer défini-
tivement la date de la lecture du décret de
canonisation de Jeanne d'Arc au dimanche
de la Passion, 6 avril.
Le cardinal Amette a déclaré
« La canonisation de. Jeanne d'Arc est
un événement national, car la France est
la seule nation qui puisse s'enorgueillir
d'une sainte vraiment nationale comme
Jeanne
La Ville de Paris et la re chère
On prbpobe la créaHon d'un office
municipal d'achat des denrée*
Dans une note communiquée à ses collè-
gues, M. Emile Desvaux pose à nouveau lé
problème de la vie chère tel que le lui fait
apparaître l'expérience déjà longuement ac-
quise par la Ville de Paris.
La Ville de Paris, dès 1916. dit-il, a « ouvert
boutique
Elle s'est mise à vendre du charbon puis
de la viande frigorifiée, puis des pommes de
terre, puis des légumes secs, du riz, des pâtes
alimentaires enfin de la viande fraîche dont
vient de la priver, sans préavis peut-on dire,
un regrettable ukase du pouvoir central
Elle a vendu selon les règles de la sage for-
mule anglaise No gain, no lost, c'est-à-dire
Qu'elle a vendu exactement au prix de revient
Elle sait donc vendrel
D'autre part, M. Emile Desvaux rappelle
que la Ville de Paris a acheté des camions
automobiles et que l'Etat, sur les instances
répétées de M. Robaglia, lui a offert une
part appréciable de ses disponibilités en
tonnage marchand.
Pourquoi, dès lors, la Ville de Paris ne so
substituerait-elle pas à l'Etat pour approvi-
sionner le petit commerce et population ?
C'est la question que pose M. Emile Des-
vaux, laquelle il répond d'ailleurs favora-
blement parce qu'il considère que, d'une
part, l'Etat a parfois offert à la Ville des
denrées à des prix CI exorbitants » et, d'au-
tre part, les denrées sont insuffisantes en
quantité et en variété.
Que la Ville donc, demande M. T)esvaux
achète pour le petit commerce qu'elle entre.
pose pour lui qu'elle camionne pour lui
En conséquence, il propose à ses collè-
gues l'institution d'un a office municipal
d'achat des denrées et substances indispen-
sables à la vie n.
Un vol de 200. 000 francs de bijoux
chez ia princesse de Croy
La princesse de Croy-Solre, demeurant
en son hôtel, 8, rue Jean-Goujon, a été vic-
time, dans la nuit de vendredi à samedi
d'un vol de 200.000 francs de bijoux. Voici
les faits
La princesse .de Croy avait coutume de
mettre dans un coffret placé dans sa cham-
bre la majeure partie de ses bijoux. C'est là
qu'en rentrant vendredi, vers .23 heures,
elle déposa comme d'habitude son collier
de perles, ses bagues et un ,pendentif orné
de brillants.
Samedi matin, la princesse, qui devait
assister à une cérémonie, voulut se parer
de ses bijoux. Mais, son coffret ouvert, elle
eut la très désagréable surprise et l'émotion
de Constater qu'il était vide.
Immédiatement Mme de Croy se rendit au
commissariat tout proche des Champs-Ely-
sées et déposa entre les mains de M. Lalaut,
commissaire de police, une plainte pour vol
est acquitte
LE RÉQUISITOIRE
ET LES PLAIDOIRIES
Je demande pardon à la victime et
grâce pour mon père
Cette suprême parole de l'accusé venant
après deux plaidoiries habiles et touchantes
de ses défenseurs, M" Zévaès et Henri Gé-
raud, a désarmé le jury de la Seine.
Raoul Villain est acquitté.
Reprenons, avec le réquisitoire, l'analysa
de la dernière audience de ce grand procès
A midi, l'avocat général Béguin se lève
au siège du ministère public.
Dans un large exorde, le magistrat es-
quisse le tableau des révolutions du monde
depuis la mort de Jaurès.
Quelles leçons, s'écrie-t-il, que celles dé
guerre Quelle témérité qua d'oser pré»
AVOCAT général Béguin. Ce dêsèquitU
bré héréditaire à? droit d l'indulgence dis
jury..
Juger de l'avenir J'entends encore le com.
pagnon d'armes, l'ami de Jaurès, le présl»
dent Viviani, dire sa douleur que le grand
disparu ne fût plus la pour jouir de la -.le-
toire. Respect, messieurs, liberté pour tou·
tes les'idées Respect, sécurité pour tout
ceux qui, de bonne foi, expriment leur con-
viction réfléchie C'est le principe que je val4
vous demander, au nom de la conscience
humaine, de proclamer dans votre verdict.
M" Zévaës. S'étonnera-t-on si de sim-
ples lecteurs comme Villain n'ont pas
compris la pensée de lqurès autrement
que le capitaine Sadoul et l'Humanité ?
Et le temps écoulé depuis le 31 juillet 1914
vous permet de libérer votre conscience dans
une absolue sécurité.
L'avocat général tient à démontrer que
tant de renvois successifs ne furent pas
l' « œuvre de l'arbitraire ». Au début, Vil·
lain, lui-même, les sollicita au nom-de l'u-
nion sacrée. C'est, écrivait-il, en 1915,
au président des assises, après l'armistice
qui suivra la victoire que je po.urrai seule-
ment être jugé. •»
Ce délai n'aura pas, d'ailleurs, nui à l'ac*
cusé.
Vous vous ravpelleret, messieurs les jurés.
s'écrie M. Béguin, que Villain a déjà accompli
m- utniif *jiz\avu. /u-ures est Titon en
,brave. puisqu'il cat mort pour ses idée».
quatre ans et huit mois de détention. Comm»
la peine que ma conscience m'oblige à voue
demander ne peut qu'être une peine privât
tlve de la liberté, le long temps pasaé en ét*S
de prévention sera déduit du montant de 1%
condamnation prononcée par la cour.
Après un nouvel et fort éloquent éîogft
de la victime, l'avocat général pose l'uniqajg
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