Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-03-31
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 mars 1919 31 mars 1919
Description : 1919/03/31 (Numéro 12816). 1919/03/31 (Numéro 12816).
Description : Note : 4è édition. Note : 4è édition.
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/06/2008
^6* Année W 12810
LE TEMPS. Aujourd'hui, 31' jour de mars
3le journée avec pluie 1 Eclaircies, gibou-
lées, témps froid gelée.
UNE MENACE EFFROYABLE. St nous conti-
nuons à ne rien tenter, 4 millions de Français
sont,condamnés à mourir de la tuberculose.
maladie évitable. Quelle guerre est aussi
mortelle?
BOULe Il FAUB" POISSONNIÈRE, PARIS (IX-) ADRESSE TÎUGfL: MATIN-PARIS TEL, OUTVOa-O», 08-08, 03-06, IS-fiO
Lundi 31 Mars 1919
FONCTIONNAIRES DES RÉGIONS DÉVASTÉES.
Le Sénat a ratifié hier un projet de loi vous
accordant des indemnités spéciales.
RÉSERVISTES DE LA MARINE. Vous serez;
démobilisés du 10 au 20 avril si vous avez eu
trois membres de votre famille tués à l'ennemi
ou si vous avez été classés dans le service auxt*
l1aire à la suite d'une affection contractée au
service.
les journées décisives de la Conférence
Des sécurités
Des réparations
VOILA CE QUE VEUT LA FRANCE
Les décisions touchant aux intérêts
vitaus de notre pays ne sont pas encore
prises par la conférence des quatre.
Les questions essentielles, celles de. la
rive gauche du Rhin et des réparations
ont été effleurées par-ci par-là au cours
des conversations elles n'ont pas été
traitées. Elles vont l'être à partir d'au-
jourd'hui avec suite et méthode.
Dans ce moment capital pour la
France et pour l'univers civilisé, il nous
est permis de regretter comme nous
l'avons déjà- fait qu'une fa.usse concep-
tion des rapports entre le gouverne-
1 ment -et- l'opinion publique ne permette
ripas au pays anxieux d'être renseigné.
ceci dit, nous ne nous attarderons
'pas dans des récriminations et nous
que tous les Français sans
exception sont derrière les hommes qui
ont l'écrasante charge de faire préva-
loir la' paix juste et durable que nous
avons conquise parle sang de 1.400.000
Rappelons ce que comporte cette
paix, à laquelle sont intéressés à un
degré égal les hommes -et -les' femmes;
de toutes classes et de toutes condi-
tions car la répercussion d'une paix
insuffisante ou incertaine paralyserait la
vie nationale jusque dans ses plus
-humbles manifestations.
La France n'a que deux exigences.
Elle veut de la sécurité pour pouvoir
travailler en paix et des réparations
pour avoir de quoi travailler en paix et
relever les ruines, de' l'invasion.
La sécurité repose sur plusieurs or-
dres de garanties.
La première garantie est la constitu-
tion d'un glacis en deçà du Rhin et,
s'il est nécessaire, sur une large bande
au delà du Rhin. Que doit être ce gla-
cis Les experts, ceux qui ont la charge
de la défense du pays, ont qualité pour
le dire. Il peut; en tout cas, être consti-
tué sans léser aucun des principes que
le président Wilson a promulgués et que
nous avons acceptés.
La deuxième garantie réside daps le
désarmement de l'Allemagne. Ilneïaut
pas l'exagérer. Qui nous dit comment
nous pourrons contrôleur dans deux ans
•ce qui se fabrique dans les usinés du
Brandebourg ou de la Silésie ?
La troisième garantie consiste dans le
maintien et le renforcement de nos al-
liances, sous la forme de la Société des
nations. Ces alliances, cimentées dans
la lutte, sont la base de toute notre poli-
tique dans le monde.
Espérons qu'une quatrième garantie
nous sera donnée par un changement
dans la mentalité allemande. Mais n'y
comptons pas.
Quant aux réparations, que même les
plus optimistes parmi les plénipoten-
tiaires estiment devoir être inférieures
à ce qu'on attendait, elles ne sont ima-
ginables que sous forme de nombreuses
annuités. Or, dans ce domaine, tout
traité sera un chiffon de papier si par
notre politique vis-à-vis de la Russie et
dans l'Europe centrale et par les garan-
ties que nous prendrons sur le Rhin
nous ne-sommes pas en mesure d'exer-
*• cer à tout moment une pression effec-
tive. Toute promesse de l'ennemi sera
fallacieuse' si nous en sommes réduits
fi attendre des télégrammes du conseil
exécutif de la Ligue des nations pour
décider l'Allemagne à s'exécuter. Donc,
garanties et réparations sont étroitement
Nous ne voulons pas entrer dans le
détail des objections qui peuvent être
présentées à nos demandes les unes
émanent de Convictions très respecta-
bles, les antres proviennent de considé-
avons contiance que ̃ v<; de
la Frahce sauront 1< dé-
montreront que si r fiii-
vant la parole de la
frontière du droit », ̃ ilisée
tout entière est iv.léie ̃ "sdre.
L'histoire ne
d'après les verdict Seine
Jaurès n'a pas l en
décide avant-hier le
~M. Gaknettr, réd; Figaro,
ji'a pas été assast- 914, les
̃jurés*ayant dit le < ii»l 1 91 4-,
1,£- (peintre Steinî ^.sassiné
dans la nuit du 3- '-&r les
jurés ont. le Ut r • "îfiine an-
née, répondu non questions,
inftne sur la ques-:1 .vlran Japy
était la mère de y. Non, non,
non, ); avait dit k- r. change pas
seulement le cours historiques,
mais celui de la
«Vous jurez 'i. ̃ toûte la
vérité, rien qui, -mande en
cour d'assises li moins. Aux
témoins seulein • s'explique.
Mais si que! l'avenir va
chercher dans jury de la
Seine à se ren- -poque. il se
demandera eof pu raconter
avec tant de (t de tant de
gens qui ne ? it comme les
arrêts des ju- i,ffléï et par
conséquent ii. fera encore une
jolie réputati: -les.
En somme.. "an homme as-
sassiné parm nn a poursuivi
les assassin?. le meurtrier a
été condamr.e Georges Clemen-
ceau.
LE PARLEMENT
pas acances
sa,, 'voté
ï la loi s de guerre $
ÎLES I. W. W.
Ce sont les bolcheviks
américains,
Car les États-Unis ne sont pas
egempts de cette propagande
Nesv-York, mars.
Dans un manifeste adressé à la popula-
tion de la grande ville industrielle de Eu!-
falo, une organisation ouvrière exposait
dernièrement comme suit les desiderata
du monde des travailleurs
1° Un emploi doit être fourni à qui-
conque désire travailler
» 2° Journée de quatre heures avec sa-
laire actuel d'une journée de huit heures
» 3° Abolition de tous les impôts
4° Pas d'intérêts sur l'argent prêté
». 5° Liberté de parole et de réunion en
tous lieux et en tous temps.
L'organisation en question signait ainsi
son manifeste Conseil des ouvriers, sol-
dats et marine de Buffalo. »
Il est du reste indéniable que les so-
viets » américains existent depuis long-
temps mais ils n'étaient pas connus sous
ce vocable. L'organisation anarchiste dé-
nommée Industrial Workers of the World,
En abrégé I. W. W., qui s'est, toujours ins-
pirée des principes bolcheviks, existait
avant la guerre. Trotzky, qui, avant la
révolution russe, habitait les Ktiits-Unis,
avait trouvé dans cette organisation un
terrain fort pronico. l'ensemencement de
ses théories destructives et grâcp. à raoti-
vité des lieutenants qu'il y avait laissés,
les I. W. W. s'organisèrent sur des bases
plus solides. Quelques chiffres donneront
une idée précise de l'importance de cette
organisation. Les I. W. W. ont aux Etats-
Unis 12.901 centres d'agitation, dont 8.334
sont des syndicats (unions) et 4.567 sont
des bureaux de recrutement (recruting sta-
tions). Les premiers se sont irnplantés dans
les milieux ouvriers les plus^ divers bou-
langers, mariniers, ouvriers agricoles, mi-
neurs, ouvriers des chantiers maritimes,
ouvriers du bâtiment, cheminots, tisse-
rands, etc. Quant au recrutement il se fait
principalement à New- York (599 bureaux),
à Denver (614), à Los Angeles (603), à Omaha
(599), à San-Jose (499), Minneapolis, Seattle,
Détroit, etc.
Les I. W W. ont aussi leur presse. Un
mémorandum communiqué par le solicitor
general Lamàr, de l'administration des poa
tes, à -la commission sénatoriale instituée
en vue de dévoiler les manœuvres bolche-
viks aux Etats-Unis, cite les noms d'une
quinzaine d'organes officiels de cette orga-
nisation. Ces journaux paraissent presque
dans toutes les langues parlées aux Etats-
Unis anglais, allemand, espagnol, russe,
italien, suédois, bulgare. hongrois et finlan-
dais., Les soviets)) projettent même la
fondation d'un journal en langue chinoise.
A noter qu'aucun de ces journaux 'ne se
publie dn français.
Tous ce'; journaux prêchent' faction di-
recte. '̃.̃ '̃̃'
Il semble toutefois inutile de dire que ces
sentiments ne reflètent l'opinion que d'une
petite minorité et que l'empire de cette mi-
norité sur la masse des travailleurs est ab-
solument négligeable comparé à l'influence
qu'exerce la puissante .fédération américaine
du travail. Du reste le gouvernement améri-
cain à commencé d'agir. La loi de déporta
tioii et, le projet plus récent restreignant
l'immigration, visent principalement les agi-
tateurs J. W. W. et les meneurs que la Rus-
sie bolchevik pourrait envoyer de ce côté-
ci de l'Atlantique. Et puis il déporte. Il a
commencé le grand nettoyage en isolant à
Ellis Island les plus encombrants I. W. W.
Et il continuera l'expurgation d'autant plus
énergiquement qu'il se sent soutenu par l'o-
pinion publique. Les sommités du parti so-
cialiste dont les sympathies bolcheviks sont
connues cherchent en vain l'appui du peu-
ple. Lo socialiste Debs, quatre fois candidat
à la présidence des Etats-Unis, condamné à
dix ans de prison pour propagande antimili-
tariste,- vient de voir sa condamnation con-
firmée par la Cour suprême. Les Victor Ber-
ger et consorts qui ont interjeté appel de la
décision du jury de Chicago ont perdu tout
espoir d'un nouveau procès.
D'autre part, les rafles de bolcheviks amé-
ricains ont commencé sur une grande
échelle. La police de New-York vient d'ar-
rAter, d'un seul coup- de filet, 200 d'entre
eux. Ceci n'est qu'un exemple ^de ce que les
autorités des Etats-Unis peuvent faire.
Où le démobilisé découvre
un service administratif
assez curieux
Décidément, quand on a passé Cfuelqu&cîn-
quante mois au frônt^ on ne sait plus rien
de la vie.
Ceux qui redoutent que la guerre n'ait
rien changé en France ont bien tort. D'abord
ellc a changé les pris. Puis elle a. fait pous-
set des institutions nouvelles aux noms iné-
dits. Telle celle que me révéla tout il l'heure
mon vieil ami Gaudissart.
Au contraire de mon fabricant de drap sans commandes,
Gaudissart, quand je le rencontrai, montrait
une face épanouie.
Il commença, selon la coutume des gens
heureux, par me faira immédiatement ses
confidences.
Figure-toi, dit-il, 'que j'ai pu obtenir
régulièrement des permis pour importer du
vin d'Espagne.
Dix sous le litre rendu à Bordeaux
quelle affaire le vin français de qualité
égale vaut trente sous.
Comment, fis-je, tu vends trente sous >hi
vin qui te revient à dix" mais ta es un hon-i-
ble mercanti!
-Ce qui est criminel, de par la loi, c'est
de faire monter, en se concertant, le prix
des denrées; moi je vends au-dessous du
cours et je t'assure que je ïais plutôt bais-
ser qu'augmenter les prix.
Mais comment as-tu pu obtenir ces per-
mis ? Tout le monde en a donc?
d'importation a. survécu à la guerre;
Mais il y a un service des dérogations
aux prohibitions d'importation.
Que la. langue française est douce à
entendre Tu as donc obtenu une dérogation.
et comment ?
Par des recommandations, comme l'exige
la rime.
-Qui te Va. accordée ?
L'Etat.
L'Etat s'est donc concerté avec toi et
avec l'intermédiaire qui t'a recommandé pour
faire monter le prix des denrées
Alors, qu'on poursuive l'Etat, car si
mes bénéfices sont scandaleux, c'est à lui
qui j'en dois la drrxeur et le scandale.
Un Tti.MOBU.ifit.
Charles HUMBERT
âge de 53 ans,
sénateur de la Meuse,
vice-président
de la commission
de l'armée,
arrêté
le 19 février 1918,
inculpé
successivement
de commerce avec
l'ennemi,
H puis d'intelligences
avec l'ennemi,
comparaît
aujourd'hui
en conseil de guerre,
définitivement
poursuivi
pour commerce
avec l'ennemi
Pierre LENOIR
âgé de 34 ans,
sans profession,
fils, de feu
Alphonse Lenoir,
riche courtier
en publicité,
arrêté
le 24 octobre 1917
sous l'inculpation
de commerce
avec l'ennemi
transformée bientôt
en
celle d'intelligences
avec l'ennemi
comparaît
aujourd'hui
en conseil de guerre
pour intelligence
avec l'ennemi
G. DESOUCHES
âgé de 50 ans
ancien avoué
arrêté
le 24 octobre 1917
en même temps que
Pierre Lenoir
et sous les mémes
inculpations
comparaît
aujourd'ûui
en
conseil de guerre
accusé
d'intelligence
avec l'ennemi
Capitaine LADOUX
âgé de 43 ans
ancien chef du service
de renseignements
au 2e bureau,
arrêté
Ie 2 janvier 1919,
inculpé d'abord
de complicité
de commerce avec
l'ennemi,
puis de détournement
dedocument.
C'est sur ces deux
chefs d'accusation
qu'il comparaît
aujourd'hui
en conseil de guerre
L'INITIATIVE A LA VIE SYNDICALE
les artistes mobilisés
.reviennent .aux traditions
du Moyen Age
'Il y a quelque chose de changé en France.
Si difficile que soit la vie qui nous attend
au lendemain de la victoire, il nous faut
renattre à l'espérance. Les Français de 25
à 45 ans appartenant certaines classes
libérales font, en ce moment, avec une ar-
deur et une bonne volonté admirables, l'ap-
prentissage de la vie syndicale. Ils décou-
vrent la vertu secrète de l'association, ils
goûtent la satisfaction profonde qui nait de
l'effoif accompli pour des fins collectives.
La Fédération, des artistes mobilisés, née
d'hier, offre, ce point de vue, un specta-
cle réconfortant.
Chaque réunion provoque en nous un en-
chantement nouveau. Il y a là les êtres les
plus indépendants du monde, les'plus ner-
veux, les plus susceptibles peintres, sculp-
teurs, architectes, musiciens, comédiens,
littérateurs
La fierté des nouveaux fédérés
Eh bien, par quel coup de baguette magi-
que ces êtres se sont transformés ? Main-
tenant, au-dessus des intérêts particuliers,
une divinité se dresse il. qui nous rappor-
tons toutes nos ambitions, au nom de, qui
l'on peut exigér tous les sacrifices c'est
la Fédération, Nous comprenons à présent
cette espèce de fierté qui anime les ouvriers
gua«tl ils disent ce-Biot fatidique
cat fierté qui nous échappait parce que
nous ignorions l'état d'àme d'où ce senti-
ment jaillissait
Groupés dans un but de défense profes-
sionnelle, nous trouvons peu a peu de nou-
velles raisons d'être à notre groupement.
Les peintres et les sculpteurs ont été des
premiers à nous indiquer le sens véritable
de l'effort que nous avions ü, accomplir.
C'est que, si haut qu'ils soient par le ta-
lent ou par la culture, il reste beaucoup en
eux du ;( manuel ». Le, pinceau ou l'ébau-
choir, qui font des mainq d'ouvriers, prédis-
posent l'âme à la discipline ouvrière.
^Une occasion de se révéler
Aussi, il. leur instigation, avons-nous posé
tout d'ahord le principe de l'entreprise en
commun. Une occasion s'offrait il nous la
déccration de l'avenue triomphale pour le
retour des troupes. Pourquoi la Fédération
des artistes mobilisés ne solliciterait-elle
pas de la Ville do Paris le mandat de réa-
liser ces travaux ?
Ainsi fut-il décidé, sans objection. Un*
groupement, composé d'architectes, de pein-
tres, de décorateurs, de sculpteurs chdisis
parmi les premiers démobilisés, s'est mis
aussitôt à l'oeuvre pour établir les plans.
Tous tes membres appartenant aux corps
de métier qui ont trait à l'entreprise seront
invités, au ',furet à mesure de la démobili-
sation, à participer, à l'exécution, des tra-
vaux, '̃••̃.
Songez que parmi nos camarades se trou-
vaient dés décorateurs de grand talent, pro-
priétaires de chantiers, des architectes re-
nommés capables de prendre à leur compte
personnel au moins une large part de cette
entreprise. Pas un instant ils n'ont songé au
manque é gagner, qui. résulterait de leur
abnégation.
Second miracle Devant l'état d'âme fédé-
ratif, les fiertés d'artistes se sont inclinées.
Personne, si jaloux fût-il de son originalité,
n'a. maintenu envers et contre tous une
opinion intransigeante. Les tendances di-
verses, les tempéraments opposés se sont
fondus dans l'oeuvre collective. Pour la pre-
mère fois, peut-être, les écoles s'affrontaient
en absolue loyauté. Chacun, s'efforçant de
justifier son point de vue, remontait tout
naturellement aux grands principes et les
principes éclairaient et vivifiaient sa dis-
cussion. Dépouillés de l'exécrable amour-
propre générateur des entêtements, la splen-
deur du vrai, qui est à la beauté ce que
la lumière est à la vie, leur est opportune
sans conteste. Et soudain, ils se sont sentis
moins loin les uns des autres dans leur
commun amour du beau.
L'anonymat
Autre question t L'oeuvre serait-elle ano-
nyme ? Ceux d'entre nous qui n'étaient pas
de la partie ne laissaient pas d'avoir des
scrupules. Songez que dans un si vaste tra-
vail, il y a des ensembles qui doivent être
l'ouvrage d'un seul; les sculpteurs, par
exemple, ont à dresser des figures allégo-
riques certains motifs constitueront de vé-
ritables tableaux. Fallait-il priver ces ar-
tistes de la gloire légitime il. laquelle ils
pouvaient prétendre ?
Ah l'hésitation n'a pas duré. Un seul
cri s'est élevé parmi les intéressés d'anc-
nymat Les œuvres seront signées unifor-
mément Fédération des artistes ». Je
vous assure qu'à ce moment une noble émo-
tion s'est emparée de l'assemblée. L'âme
des grands ouvriers d'art du moyen âge pla-
nait au-dessus de nous.
Voilà l'exemple qu il fallait citer aux écri-
vains. Qu'ils méditent la leçon des artistes
et qu'ils songent â leur tour à organiser
leur vie syndicale.
'La Fédération DES ARTISTES mobilisés.
LA QUESTION DE DANTZIG
Une dépêche du maréchal Foch
Le maréchal Foch a envoyé, le 2î mars,
au général Nudant, un télégramme dont
nous trouvons dans les radio télégrammes
allemands le texte suivant
Comme je n'ai pas' encore la réponse au
sujet du transport des troupes polonaises
par Danlzig, \c vous charge, afin d'arriver
viter le gouvernement allemand à envoyer
un plénipotentiaire Spa où je compte me
rendre personnellement. Le général von
Hammerstein est prié de vous communia
quer aussi rapidement que possible le nom
du plénipotentiaire et la date de son arrivée.
Le grand paquebot La-Lorraine
est entré en collision
L'agence l'Information a publié hier soir
la nouvelle suivante:
Le paquebot transatlantique Lorraine,
ayant à bord des troupes américaines, est
entré en collision avec un autre navire. Les
détails manquent.
affirmait n'avoir reçu aucune nouvelle on
tive cet accident.
CE (BONDIT A BERLIN
EBERT
est optimiste
Comment les Allemands
espèrent éviter les conséquences
dé leur défaite
[DE L'ENVOYÉ SPÉCIAL DU « MATIN
Vienne, mars..
Les. Viennois ont .un- mérite incontestable 1
ils sont bavards 1 De tout temps dans la
duo austro-boche car, n'en doutez pas,
ce duo existe toujours ils ont joué le rôle
du clown qui dévoile les trucs du prestidigi-
tateur. Ils continuent.. Aussi, si vous voulez
savoir quelque chose sur les vues et les pro-
jets des Allemands, n'allez pas ̃ â TSer-lili,
mais de préférence à Vienne, vous en ap*
prendrez beaucoup plus long
J'ai rencontré à Vienne M. Ziégler, • un
jeune homme qui a été Berlin et à, Wei*
mar comme secrétaire de la mission finan*
cière autrichienne. Eri cette qualité, il a va
plusieurs fois le chancelier Scheidemann et
l'ex-chancelier, actuellement président Ebert^
et il les a entendus parler dans l'intimité
-.Eh bien potre impression ? deman».
dai-je il, mon interlocuteur qui avait l'air
tout heureux de son voyage.
Oh. monsieur, me dit-il dans un élan
d'admiration, que ces Allemands.sont donc
forts Ils rie sont pas comme nous, Vien-
nois, qui nous laissons aller au gré dés évé*
nenieïits ils ont une politique.; D'abord, 'ils
ne disent jamais ce que vous entendez prp.
noncer ici à chaque mstant ils ne disent
jamais « Nous sommes vaincus J'ai
entendu le chancelier Scheidemann déclin
rer entre autres choses dans un exposé
u Après le regrettable échec de nos anBêçs
sur le front ouest. o Vous saisissez la
nuance ?.
Parfaitement. Mais alors s'ils ne s0
considèrent pas vaincus, qu'est-ce qu'ils «s«
pèrent encore ?
Tout ce que je puis vous affirmer, tfest
qu'ils ne désespèrent pas. Or, il suffit- de
les voir comme ils parlent, comme ils tran-
chent, comme ils prévoient tout dans
avenir proche ou lointain. Ainsi le traité
de paix, en admettant qu'il soit jamais si*
gné, ne les effraye aucunement. Bien en"
tendu, a dit Scheidemann devant moi, 1)
ne pourra être question à Paris que d'un
arrangement provisoire. Le traité de, Paria
a surtout pour but de permettre aux peu-
ples épuisés par la guerre la reprise des
relations économiques. Mais quant au fond.
le traité de Paris ne sera qu'une réédition
de celui de Brest-Litovsk.i u
"Un nouveau Brest-Litovsk"
Je ne crois pas, dis-je, qu'on puisse
établir aisément la comparaison. '̃•
Mais si, répliqua mon interlocuteur. et
si vous aviez suivi l'argumentation d'un
homme comme Ebert, par
auriez été entièrement convaincu.
L'erreur de l'Allemagne iL Brest-Li«
tovsk, a dit Ebert, est d'avoir voulu im»
poser sur le front oriental .une paix défini.
tive pendant que sur le front occidental 1*
partie n'avait pas encore été jouée.
Aujourd'hui la situation est exactement
la même sauf renversement des rôles et
des fronts. L'Entente veut imposer une paix
définitive et immuable parce qu'elle a vain-,
cû sur le front occidental mais elle ou*
blie que sur le front oriental c'est l'Allenut*
gne qui est toujours la plus forte et il est
difficile de chamger quelque chose à cette
situation de fait. »
Cepe.ndant, .dis-je, dans l'espoir d'ob*
tenir d autres renseignements, la victoire
de l'Ententes',est bien fait sentir sur les
frontières orientales de l'Allemagne, elle a
fait surgir automatiquement des Etatsjnou»
veaux la Pologne, la Tchéco-Slovachie.
Là, M. Ziegler m'arrêta par un geste
ponctué d'un sourire.
Croyez-moi, me dit-il, ces Etats ne gê-
destinés, tôt ou tard, et tôt plutôt quj|Jard,
à disparaitre.
Pourtant, dis-je, ce n'est pas Timpres»
sion qu'on a quand on voit combien 1 Alle-
magne se défend contre la constitution d'une
iorte. Pologne.
Il est certain que la Prusse doit se dé.
tendre, ne serait-ce que pour la forme, contre
le démembrement, mais elle ne le prend past1^
au tragique. y
La guerre de demain
» Tenez, voilà encore les prévisions d'F",
bert « Admettons, a-t-il dit, que le traité
ii de paix soit signé et les clauses loyalement
i exécutées. Sur le front occidental, c'est le
» calme plat, .sur le front oriental, une Pc>- y"~
» logne et une Tchéco-Slovachie sont consti-
» tuées. En faisant même abstraction du
» bolchevisme, c'est toujours Ebert qui
parle, en admettant même que ce facteuf
» si important soit provisoirement éliminé,
que se passera-t-il ? Pendant quelques
¡: mois, quelques années même, le traité res*
)' fera en vigueur mais après ? Sur la
n front occidental, certes, il n y aura pas de
» guerre, mais sur le front ociental Il n'est
» pas douteux que dans un avenir prochain
» des conflits se produiront entre Allemands
» et Polonais, entre Allemands et Tchèques..
»il y aura la guerre.
On la provoquera au besoin. fis-j«j
avec un sourire.
C'est possible, répliqua mon informa*
teur, mais veuillez suivre Je raisonnement
qui est celui d'UN homme expérimenté, car
Ebert, quoique bourrelier de son métier,
ù étudié l'histoire et les hommes. S'il y a
une guerre entre l'Allemagne et la Polo-
gne ou la Tchéco-Slovachie, une g_uerr«t
orientale enfin, croyez-vous que les puissau*
ces occidentales pourront intervenir:? Ebert
vous uépondra non. Le bolchevisme même
enrayé est un microbe qu'on Il, saurait
détrûirci Un Etat qui voudrait '/aire ia
guerre pour des questions lointaines, oiteii»
taies, serait aussitôt atteint de bolchevisme
galopant. Et c'est comme cela que le traita
de Paris se trouvera annulé par les événe-
ment», par le cours logique de l'histoire.
Les gouvernants allemands reconnaissent
que l'Entente a gagné la première manche,
mais d'ici quelques années c'est l'Alterna*
gne qui gagnera la seconde. Les puissances'
occidentales et les puissances centrales se-
ront alors manche à. »
Et après ?
Oh Ebert n'est pas du tout sûr que
l'Allemagne gagnera la belle. On rester,`
peut-être manche à. pendant fort long-
temps. Mais s'il y a un changement, ii
sera sûrement à l'avantage des centraux."
On est très optimiste à Berlin. Et moi-môi
me, depuis que je suis revenu de lA-bas, jg
me sens un esprit bien meilleur. Je saisie
maintenant tout l'intérêt que ucus avons i
nous réunir à l'Allemagne
LE TEMPS. Aujourd'hui, 31' jour de mars
3le journée avec pluie 1 Eclaircies, gibou-
lées, témps froid gelée.
UNE MENACE EFFROYABLE. St nous conti-
nuons à ne rien tenter, 4 millions de Français
sont,condamnés à mourir de la tuberculose.
maladie évitable. Quelle guerre est aussi
mortelle?
BOULe Il FAUB" POISSONNIÈRE, PARIS (IX-) ADRESSE TÎUGfL: MATIN-PARIS TEL, OUTVOa-O», 08-08, 03-06, IS-fiO
Lundi 31 Mars 1919
FONCTIONNAIRES DES RÉGIONS DÉVASTÉES.
Le Sénat a ratifié hier un projet de loi vous
accordant des indemnités spéciales.
RÉSERVISTES DE LA MARINE. Vous serez;
démobilisés du 10 au 20 avril si vous avez eu
trois membres de votre famille tués à l'ennemi
ou si vous avez été classés dans le service auxt*
l1aire à la suite d'une affection contractée au
service.
les journées décisives de la Conférence
Des sécurités
Des réparations
VOILA CE QUE VEUT LA FRANCE
Les décisions touchant aux intérêts
vitaus de notre pays ne sont pas encore
prises par la conférence des quatre.
Les questions essentielles, celles de. la
rive gauche du Rhin et des réparations
ont été effleurées par-ci par-là au cours
des conversations elles n'ont pas été
traitées. Elles vont l'être à partir d'au-
jourd'hui avec suite et méthode.
Dans ce moment capital pour la
France et pour l'univers civilisé, il nous
est permis de regretter comme nous
l'avons déjà- fait qu'une fa.usse concep-
tion des rapports entre le gouverne-
1 ment -et- l'opinion publique ne permette
ripas au pays anxieux d'être renseigné.
ceci dit, nous ne nous attarderons
'pas dans des récriminations et nous
que tous les Français sans
exception sont derrière les hommes qui
ont l'écrasante charge de faire préva-
loir la' paix juste et durable que nous
avons conquise parle sang de 1.400.000
Rappelons ce que comporte cette
paix, à laquelle sont intéressés à un
degré égal les hommes -et -les' femmes;
de toutes classes et de toutes condi-
tions car la répercussion d'une paix
insuffisante ou incertaine paralyserait la
vie nationale jusque dans ses plus
-humbles manifestations.
La France n'a que deux exigences.
Elle veut de la sécurité pour pouvoir
travailler en paix et des réparations
pour avoir de quoi travailler en paix et
relever les ruines, de' l'invasion.
La sécurité repose sur plusieurs or-
dres de garanties.
La première garantie est la constitu-
tion d'un glacis en deçà du Rhin et,
s'il est nécessaire, sur une large bande
au delà du Rhin. Que doit être ce gla-
cis Les experts, ceux qui ont la charge
de la défense du pays, ont qualité pour
le dire. Il peut; en tout cas, être consti-
tué sans léser aucun des principes que
le président Wilson a promulgués et que
nous avons acceptés.
La deuxième garantie réside daps le
désarmement de l'Allemagne. Ilneïaut
pas l'exagérer. Qui nous dit comment
nous pourrons contrôleur dans deux ans
•ce qui se fabrique dans les usinés du
Brandebourg ou de la Silésie ?
La troisième garantie consiste dans le
maintien et le renforcement de nos al-
liances, sous la forme de la Société des
nations. Ces alliances, cimentées dans
la lutte, sont la base de toute notre poli-
tique dans le monde.
Espérons qu'une quatrième garantie
nous sera donnée par un changement
dans la mentalité allemande. Mais n'y
comptons pas.
Quant aux réparations, que même les
plus optimistes parmi les plénipoten-
tiaires estiment devoir être inférieures
à ce qu'on attendait, elles ne sont ima-
ginables que sous forme de nombreuses
annuités. Or, dans ce domaine, tout
traité sera un chiffon de papier si par
notre politique vis-à-vis de la Russie et
dans l'Europe centrale et par les garan-
ties que nous prendrons sur le Rhin
nous ne-sommes pas en mesure d'exer-
*• cer à tout moment une pression effec-
tive. Toute promesse de l'ennemi sera
fallacieuse' si nous en sommes réduits
fi attendre des télégrammes du conseil
exécutif de la Ligue des nations pour
décider l'Allemagne à s'exécuter. Donc,
garanties et réparations sont étroitement
Nous ne voulons pas entrer dans le
détail des objections qui peuvent être
présentées à nos demandes les unes
émanent de Convictions très respecta-
bles, les antres proviennent de considé-
avons contiance que ̃ v<; de
la Frahce sauront 1< dé-
montreront que si r fiii-
vant la parole de la
frontière du droit », ̃ ilisée
tout entière est iv.léie ̃ "sdre.
L'histoire ne
d'après les verdict Seine
Jaurès n'a pas l en
décide avant-hier le
~M. Gaknettr, réd; Figaro,
ji'a pas été assast- 914, les
̃jurés*ayant dit le < ii»l 1 91 4-,
1,£- (peintre Steinî ^.sassiné
dans la nuit du 3- '-&r les
jurés ont. le Ut r • "îfiine an-
née, répondu non questions,
inftne sur la ques-:1 .vlran Japy
était la mère de y. Non, non,
non, ); avait dit k- r. change pas
seulement le cours historiques,
mais celui de la
«Vous jurez 'i. ̃ toûte la
vérité, rien qui, -mande en
cour d'assises li moins. Aux
témoins seulein • s'explique.
Mais si que! l'avenir va
chercher dans jury de la
Seine à se ren- -poque. il se
demandera eof pu raconter
avec tant de (t de tant de
gens qui ne ? it comme les
arrêts des ju- i,ffléï et par
conséquent ii. fera encore une
jolie réputati: -les.
En somme.. "an homme as-
sassiné parm nn a poursuivi
les assassin?. le meurtrier a
été condamr.e Georges Clemen-
ceau.
LE PARLEMENT
pas acances
sa,, 'voté
ï la loi s de guerre $
ÎLES I. W. W.
Ce sont les bolcheviks
américains,
Car les États-Unis ne sont pas
egempts de cette propagande
Nesv-York, mars.
Dans un manifeste adressé à la popula-
tion de la grande ville industrielle de Eu!-
falo, une organisation ouvrière exposait
dernièrement comme suit les desiderata
du monde des travailleurs
1° Un emploi doit être fourni à qui-
conque désire travailler
» 2° Journée de quatre heures avec sa-
laire actuel d'une journée de huit heures
» 3° Abolition de tous les impôts
4° Pas d'intérêts sur l'argent prêté
». 5° Liberté de parole et de réunion en
tous lieux et en tous temps.
L'organisation en question signait ainsi
son manifeste Conseil des ouvriers, sol-
dats et marine de Buffalo. »
Il est du reste indéniable que les so-
viets » américains existent depuis long-
temps mais ils n'étaient pas connus sous
ce vocable. L'organisation anarchiste dé-
nommée Industrial Workers of the World,
En abrégé I. W. W., qui s'est, toujours ins-
pirée des principes bolcheviks, existait
avant la guerre. Trotzky, qui, avant la
révolution russe, habitait les Ktiits-Unis,
avait trouvé dans cette organisation un
terrain fort pronico. l'ensemencement de
ses théories destructives et grâcp. à raoti-
vité des lieutenants qu'il y avait laissés,
les I. W. W. s'organisèrent sur des bases
plus solides. Quelques chiffres donneront
une idée précise de l'importance de cette
organisation. Les I. W. W. ont aux Etats-
Unis 12.901 centres d'agitation, dont 8.334
sont des syndicats (unions) et 4.567 sont
des bureaux de recrutement (recruting sta-
tions). Les premiers se sont irnplantés dans
les milieux ouvriers les plus^ divers bou-
langers, mariniers, ouvriers agricoles, mi-
neurs, ouvriers des chantiers maritimes,
ouvriers du bâtiment, cheminots, tisse-
rands, etc. Quant au recrutement il se fait
principalement à New- York (599 bureaux),
à Denver (614), à Los Angeles (603), à Omaha
(599), à San-Jose (499), Minneapolis, Seattle,
Détroit, etc.
Les I. W W. ont aussi leur presse. Un
mémorandum communiqué par le solicitor
general Lamàr, de l'administration des poa
tes, à -la commission sénatoriale instituée
en vue de dévoiler les manœuvres bolche-
viks aux Etats-Unis, cite les noms d'une
quinzaine d'organes officiels de cette orga-
nisation. Ces journaux paraissent presque
dans toutes les langues parlées aux Etats-
Unis anglais, allemand, espagnol, russe,
italien, suédois, bulgare. hongrois et finlan-
dais., Les soviets)) projettent même la
fondation d'un journal en langue chinoise.
A noter qu'aucun de ces journaux 'ne se
publie dn français.
Tous ce'; journaux prêchent' faction di-
recte. '̃.̃ '̃̃'
Il semble toutefois inutile de dire que ces
sentiments ne reflètent l'opinion que d'une
petite minorité et que l'empire de cette mi-
norité sur la masse des travailleurs est ab-
solument négligeable comparé à l'influence
qu'exerce la puissante .fédération américaine
du travail. Du reste le gouvernement améri-
cain à commencé d'agir. La loi de déporta
tioii et, le projet plus récent restreignant
l'immigration, visent principalement les agi-
tateurs J. W. W. et les meneurs que la Rus-
sie bolchevik pourrait envoyer de ce côté-
ci de l'Atlantique. Et puis il déporte. Il a
commencé le grand nettoyage en isolant à
Ellis Island les plus encombrants I. W. W.
Et il continuera l'expurgation d'autant plus
énergiquement qu'il se sent soutenu par l'o-
pinion publique. Les sommités du parti so-
cialiste dont les sympathies bolcheviks sont
connues cherchent en vain l'appui du peu-
ple. Lo socialiste Debs, quatre fois candidat
à la présidence des Etats-Unis, condamné à
dix ans de prison pour propagande antimili-
tariste,- vient de voir sa condamnation con-
firmée par la Cour suprême. Les Victor Ber-
ger et consorts qui ont interjeté appel de la
décision du jury de Chicago ont perdu tout
espoir d'un nouveau procès.
D'autre part, les rafles de bolcheviks amé-
ricains ont commencé sur une grande
échelle. La police de New-York vient d'ar-
rAter, d'un seul coup- de filet, 200 d'entre
eux. Ceci n'est qu'un exemple ^de ce que les
autorités des Etats-Unis peuvent faire.
Où le démobilisé découvre
un service administratif
assez curieux
Décidément, quand on a passé Cfuelqu&cîn-
quante mois au frônt^ on ne sait plus rien
de la vie.
Ceux qui redoutent que la guerre n'ait
rien changé en France ont bien tort. D'abord
ellc a changé les pris. Puis elle a. fait pous-
set des institutions nouvelles aux noms iné-
dits. Telle celle que me révéla tout il l'heure
mon vieil ami Gaudissart.
Au contraire
Gaudissart, quand je le rencontrai, montrait
une face épanouie.
Il commença, selon la coutume des gens
heureux, par me faira immédiatement ses
confidences.
Figure-toi, dit-il, 'que j'ai pu obtenir
régulièrement des permis pour importer du
vin d'Espagne.
Dix sous le litre rendu à Bordeaux
quelle affaire le vin français de qualité
égale vaut trente sous.
Comment, fis-je, tu vends trente sous >hi
vin qui te revient à dix" mais ta es un hon-i-
ble mercanti!
-Ce qui est criminel, de par la loi, c'est
de faire monter, en se concertant, le prix
des denrées; moi je vends au-dessous du
cours et je t'assure que je ïais plutôt bais-
ser qu'augmenter les prix.
Mais comment as-tu pu obtenir ces per-
mis ? Tout le monde en a donc?
d'importation a. survécu à la guerre;
Mais il y a un service des dérogations
aux prohibitions d'importation.
Que la. langue française est douce à
entendre Tu as donc obtenu une dérogation.
et comment ?
Par des recommandations, comme l'exige
la rime.
-Qui te Va. accordée ?
L'Etat.
L'Etat s'est donc concerté avec toi et
avec l'intermédiaire qui t'a recommandé pour
faire monter le prix des denrées
Alors, qu'on poursuive l'Etat, car si
mes bénéfices sont scandaleux, c'est à lui
qui j'en dois la drrxeur et le scandale.
Un Tti.MOBU.ifit.
Charles HUMBERT
âge de 53 ans,
sénateur de la Meuse,
vice-président
de la commission
de l'armée,
arrêté
le 19 février 1918,
inculpé
successivement
de commerce avec
l'ennemi,
H puis d'intelligences
avec l'ennemi,
comparaît
aujourd'hui
en conseil de guerre,
définitivement
poursuivi
pour commerce
avec l'ennemi
Pierre LENOIR
âgé de 34 ans,
sans profession,
fils, de feu
Alphonse Lenoir,
riche courtier
en publicité,
arrêté
le 24 octobre 1917
sous l'inculpation
de commerce
avec l'ennemi
transformée bientôt
en
celle d'intelligences
avec l'ennemi
comparaît
aujourd'hui
en conseil de guerre
pour intelligence
avec l'ennemi
G. DESOUCHES
âgé de 50 ans
ancien avoué
arrêté
le 24 octobre 1917
en même temps que
Pierre Lenoir
et sous les mémes
inculpations
comparaît
aujourd'ûui
en
conseil de guerre
accusé
d'intelligence
avec l'ennemi
Capitaine LADOUX
âgé de 43 ans
ancien chef du service
de renseignements
au 2e bureau,
arrêté
Ie 2 janvier 1919,
inculpé d'abord
de complicité
de commerce avec
l'ennemi,
puis de détournement
dedocument.
C'est sur ces deux
chefs d'accusation
qu'il comparaît
aujourd'hui
en conseil de guerre
L'INITIATIVE A LA VIE SYNDICALE
les artistes mobilisés
.reviennent .aux traditions
du Moyen Age
'Il y a quelque chose de changé en France.
Si difficile que soit la vie qui nous attend
au lendemain de la victoire, il nous faut
renattre à l'espérance. Les Français de 25
à 45 ans appartenant certaines classes
libérales font, en ce moment, avec une ar-
deur et une bonne volonté admirables, l'ap-
prentissage de la vie syndicale. Ils décou-
vrent la vertu secrète de l'association, ils
goûtent la satisfaction profonde qui nait de
l'effoif accompli pour des fins collectives.
La Fédération, des artistes mobilisés, née
d'hier, offre, ce point de vue, un specta-
cle réconfortant.
Chaque réunion provoque en nous un en-
chantement nouveau. Il y a là les êtres les
plus indépendants du monde, les'plus ner-
veux, les plus susceptibles peintres, sculp-
teurs, architectes, musiciens, comédiens,
littérateurs
La fierté des nouveaux fédérés
Eh bien, par quel coup de baguette magi-
que ces êtres se sont transformés ? Main-
tenant, au-dessus des intérêts particuliers,
une divinité se dresse il. qui nous rappor-
tons toutes nos ambitions, au nom de, qui
l'on peut exigér tous les sacrifices c'est
la Fédération, Nous comprenons à présent
cette espèce de fierté qui anime les ouvriers
gua«tl ils disent ce-Biot fatidique
cat fierté qui nous échappait parce que
nous ignorions l'état d'àme d'où ce senti-
ment jaillissait
Groupés dans un but de défense profes-
sionnelle, nous trouvons peu a peu de nou-
velles raisons d'être à notre groupement.
Les peintres et les sculpteurs ont été des
premiers à nous indiquer le sens véritable
de l'effort que nous avions ü, accomplir.
C'est que, si haut qu'ils soient par le ta-
lent ou par la culture, il reste beaucoup en
eux du ;( manuel ». Le, pinceau ou l'ébau-
choir, qui font des mainq d'ouvriers, prédis-
posent l'âme à la discipline ouvrière.
^Une occasion de se révéler
Aussi, il. leur instigation, avons-nous posé
tout d'ahord le principe de l'entreprise en
commun. Une occasion s'offrait il nous la
déccration de l'avenue triomphale pour le
retour des troupes. Pourquoi la Fédération
des artistes mobilisés ne solliciterait-elle
pas de la Ville do Paris le mandat de réa-
liser ces travaux ?
Ainsi fut-il décidé, sans objection. Un*
groupement, composé d'architectes, de pein-
tres, de décorateurs, de sculpteurs chdisis
parmi les premiers démobilisés, s'est mis
aussitôt à l'oeuvre pour établir les plans.
Tous tes membres appartenant aux corps
de métier qui ont trait à l'entreprise seront
invités, au ',furet à mesure de la démobili-
sation, à participer, à l'exécution, des tra-
vaux, '̃••̃.
Songez que parmi nos camarades se trou-
vaient dés décorateurs de grand talent, pro-
priétaires de chantiers, des architectes re-
nommés capables de prendre à leur compte
personnel au moins une large part de cette
entreprise. Pas un instant ils n'ont songé au
manque é gagner, qui. résulterait de leur
abnégation.
Second miracle Devant l'état d'âme fédé-
ratif, les fiertés d'artistes se sont inclinées.
Personne, si jaloux fût-il de son originalité,
n'a. maintenu envers et contre tous une
opinion intransigeante. Les tendances di-
verses, les tempéraments opposés se sont
fondus dans l'oeuvre collective. Pour la pre-
mère fois, peut-être, les écoles s'affrontaient
en absolue loyauté. Chacun, s'efforçant de
justifier son point de vue, remontait tout
naturellement aux grands principes et les
principes éclairaient et vivifiaient sa dis-
cussion. Dépouillés de l'exécrable amour-
propre générateur des entêtements, la splen-
deur du vrai, qui est à la beauté ce que
la lumière est à la vie, leur est opportune
sans conteste. Et soudain, ils se sont sentis
moins loin les uns des autres dans leur
commun amour du beau.
L'anonymat
Autre question t L'oeuvre serait-elle ano-
nyme ? Ceux d'entre nous qui n'étaient pas
de la partie ne laissaient pas d'avoir des
scrupules. Songez que dans un si vaste tra-
vail, il y a des ensembles qui doivent être
l'ouvrage d'un seul; les sculpteurs, par
exemple, ont à dresser des figures allégo-
riques certains motifs constitueront de vé-
ritables tableaux. Fallait-il priver ces ar-
tistes de la gloire légitime il. laquelle ils
pouvaient prétendre ?
Ah l'hésitation n'a pas duré. Un seul
cri s'est élevé parmi les intéressés d'anc-
nymat Les œuvres seront signées unifor-
mément Fédération des artistes ». Je
vous assure qu'à ce moment une noble émo-
tion s'est emparée de l'assemblée. L'âme
des grands ouvriers d'art du moyen âge pla-
nait au-dessus de nous.
Voilà l'exemple qu il fallait citer aux écri-
vains. Qu'ils méditent la leçon des artistes
et qu'ils songent â leur tour à organiser
leur vie syndicale.
'La Fédération DES ARTISTES mobilisés.
LA QUESTION DE DANTZIG
Une dépêche du maréchal Foch
Le maréchal Foch a envoyé, le 2î mars,
au général Nudant, un télégramme dont
nous trouvons dans les radio télégrammes
allemands le texte suivant
Comme je n'ai pas' encore la réponse au
sujet du transport des troupes polonaises
par Danlzig, \c vous charge, afin d'arriver
viter le gouvernement allemand à envoyer
un plénipotentiaire Spa où je compte me
rendre personnellement. Le général von
Hammerstein est prié de vous communia
quer aussi rapidement que possible le nom
du plénipotentiaire et la date de son arrivée.
Le grand paquebot La-Lorraine
est entré en collision
L'agence l'Information a publié hier soir
la nouvelle suivante:
Le paquebot transatlantique Lorraine,
ayant à bord des troupes américaines, est
entré en collision avec un autre navire. Les
détails manquent.
affirmait n'avoir reçu aucune nouvelle on
tive cet accident.
CE (BONDIT A BERLIN
EBERT
est optimiste
Comment les Allemands
espèrent éviter les conséquences
dé leur défaite
[DE L'ENVOYÉ SPÉCIAL DU « MATIN
Vienne, mars..
Les. Viennois ont .un- mérite incontestable 1
ils sont bavards 1 De tout temps dans la
duo austro-boche car, n'en doutez pas,
ce duo existe toujours ils ont joué le rôle
du clown qui dévoile les trucs du prestidigi-
tateur. Ils continuent.. Aussi, si vous voulez
savoir quelque chose sur les vues et les pro-
jets des Allemands, n'allez pas ̃ â TSer-lili,
mais de préférence à Vienne, vous en ap*
prendrez beaucoup plus long
J'ai rencontré à Vienne M. Ziégler, • un
jeune homme qui a été Berlin et à, Wei*
mar comme secrétaire de la mission finan*
cière autrichienne. Eri cette qualité, il a va
plusieurs fois le chancelier Scheidemann et
l'ex-chancelier, actuellement président Ebert^
et il les a entendus parler dans l'intimité
-.Eh bien potre impression ? deman».
dai-je il, mon interlocuteur qui avait l'air
tout heureux de son voyage.
Oh. monsieur, me dit-il dans un élan
d'admiration, que ces Allemands.sont donc
forts Ils rie sont pas comme nous, Vien-
nois, qui nous laissons aller au gré dés évé*
nenieïits ils ont une politique.; D'abord, 'ils
ne disent jamais ce que vous entendez prp.
noncer ici à chaque mstant ils ne disent
jamais « Nous sommes vaincus J'ai
entendu le chancelier Scheidemann déclin
rer entre autres choses dans un exposé
u Après le regrettable échec de nos anBêçs
sur le front ouest. o Vous saisissez la
nuance ?.
Parfaitement. Mais alors s'ils ne s0
considèrent pas vaincus, qu'est-ce qu'ils «s«
pèrent encore ?
Tout ce que je puis vous affirmer, tfest
qu'ils ne désespèrent pas. Or, il suffit- de
les voir comme ils parlent, comme ils tran-
chent, comme ils prévoient tout dans
avenir proche ou lointain. Ainsi le traité
de paix, en admettant qu'il soit jamais si*
gné, ne les effraye aucunement. Bien en"
tendu, a dit Scheidemann devant moi, 1)
ne pourra être question à Paris que d'un
arrangement provisoire. Le traité de, Paria
a surtout pour but de permettre aux peu-
ples épuisés par la guerre la reprise des
relations économiques. Mais quant au fond.
le traité de Paris ne sera qu'une réédition
de celui de Brest-Litovsk.i u
"Un nouveau Brest-Litovsk"
Je ne crois pas, dis-je, qu'on puisse
établir aisément la comparaison. '̃•
Mais si, répliqua mon interlocuteur. et
si vous aviez suivi l'argumentation d'un
homme comme Ebert, par
auriez été entièrement convaincu.
L'erreur de l'Allemagne iL Brest-Li«
tovsk, a dit Ebert, est d'avoir voulu im»
poser sur le front oriental .une paix défini.
tive pendant que sur le front occidental 1*
partie n'avait pas encore été jouée.
Aujourd'hui la situation est exactement
la même sauf renversement des rôles et
des fronts. L'Entente veut imposer une paix
définitive et immuable parce qu'elle a vain-,
cû sur le front occidental mais elle ou*
blie que sur le front oriental c'est l'Allenut*
gne qui est toujours la plus forte et il est
difficile de chamger quelque chose à cette
situation de fait. »
Cepe.ndant, .dis-je, dans l'espoir d'ob*
tenir d autres renseignements, la victoire
de l'Ententes',est bien fait sentir sur les
frontières orientales de l'Allemagne, elle a
fait surgir automatiquement des Etatsjnou»
veaux la Pologne, la Tchéco-Slovachie.
Là, M. Ziegler m'arrêta par un geste
ponctué d'un sourire.
Croyez-moi, me dit-il, ces Etats ne gê-
destinés, tôt ou tard, et tôt plutôt quj|Jard,
à disparaitre.
Pourtant, dis-je, ce n'est pas Timpres»
sion qu'on a quand on voit combien 1 Alle-
magne se défend contre la constitution d'une
iorte. Pologne.
Il est certain que la Prusse doit se dé.
tendre, ne serait-ce que pour la forme, contre
le démembrement, mais elle ne le prend past1^
au tragique. y
La guerre de demain
» Tenez, voilà encore les prévisions d'F",
bert « Admettons, a-t-il dit, que le traité
ii de paix soit signé et les clauses loyalement
i exécutées. Sur le front occidental, c'est le
» calme plat, .sur le front oriental, une Pc>- y"~
» logne et une Tchéco-Slovachie sont consti-
» tuées. En faisant même abstraction du
» bolchevisme, c'est toujours Ebert qui
parle, en admettant même que ce facteuf
» si important soit provisoirement éliminé,
que se passera-t-il ? Pendant quelques
¡: mois, quelques années même, le traité res*
)' fera en vigueur mais après ? Sur la
n front occidental, certes, il n y aura pas de
» guerre, mais sur le front ociental Il n'est
» pas douteux que dans un avenir prochain
» des conflits se produiront entre Allemands
» et Polonais, entre Allemands et Tchèques..
»il y aura la guerre.
On la provoquera au besoin. fis-j«j
avec un sourire.
C'est possible, répliqua mon informa*
teur, mais veuillez suivre Je raisonnement
qui est celui d'UN homme expérimenté, car
Ebert, quoique bourrelier de son métier,
ù étudié l'histoire et les hommes. S'il y a
une guerre entre l'Allemagne et la Polo-
gne ou la Tchéco-Slovachie, une g_uerr«t
orientale enfin, croyez-vous que les puissau*
ces occidentales pourront intervenir:? Ebert
vous uépondra non. Le bolchevisme même
enrayé est un microbe qu'on Il, saurait
détrûirci Un Etat qui voudrait '/aire ia
guerre pour des questions lointaines, oiteii»
taies, serait aussitôt atteint de bolchevisme
galopant. Et c'est comme cela que le traita
de Paris se trouvera annulé par les événe-
ment», par le cours logique de l'histoire.
Les gouvernants allemands reconnaissent
que l'Entente a gagné la première manche,
mais d'ici quelques années c'est l'Alterna*
gne qui gagnera la seconde. Les puissances'
occidentales et les puissances centrales se-
ront alors manche à. »
Et après ?
Oh Ebert n'est pas du tout sûr que
l'Allemagne gagnera la belle. On rester,`
peut-être manche à. pendant fort long-
temps. Mais s'il y a un changement, ii
sera sûrement à l'avantage des centraux."
On est très optimiste à Berlin. Et moi-môi
me, depuis que je suis revenu de lA-bas, jg
me sens un esprit bien meilleur. Je saisie
maintenant tout l'intérêt que ucus avons i
nous réunir à l'Allemagne
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