Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-01-21
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 janvier 1910 21 janvier 1910
Description : 1910/01/21 (Numéro 9460). 1910/01/21 (Numéro 9460).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2008
SEUL JOURNAL ÎRIHÇilS RELIANT PAR SES FILS SPÉCIAUX LES QUATRE PREMIÈRES CAPITALES DU 6L0BI
Le crédit de l'Angleterre
est en baisse
La dépréciation;que les fonds d'Etat
anglais subissent depuis une quinzaine
d'années mérite notre attention, car elle
constitue une véritable leçon de choses.
Au commencement de juillet 1896, un
an après les élections qui donnèrent au
parti conservateur une majorité de 411
voix sur les 670 députés composant la
Chambre des communes, et un an avant
les grandes fêtes du jubilé de la reine
Victoria jubilé qu'on a présenté avec
raison comme une sorte d'apothéose que
le peuple anglais s'était offerte à lui-
même pour les merveilleux résultats
qu'il avait obtenus pendant ce long et
glorieux règne les Consolidés anglais
.2 314 0/0 cotèrent 113.90, ce qui fut le
cours le plus élevé du siècle. Cela re-
vient à dire que pour se procurer 1 franc
de rente anglaise, il fallait alors débour-
ser 41.fr. 41.
On sait que les Consolidés anglais ac-
tuels sont le résultat de la conversion
d'anciennes rentes 3 0/0 effectuée en
mars 1888 par M. Goschen. Aux termes
de cette conversion, les 3 0/0 devinrent
du 2 3/4 0/0 non convertible pendant
quinze années, c'est-à-dire jusqu'au 15
avril 1903, et à partir de cette date, du
2 1/2 0/0 garanti lui-même pendant vingt
.ans contre toute nouvelle réduction.
•
Nos voisins d'outre-Manche ont tou-
jours considéré les cours de leurs fonds
d'Etat comme le niveau de la prospérité
de leur pays à ce titre, les cours ex-
trêmes des Consolidés sont curieux à
rappeler.
Au commencement de la guerre de
1792 contre la France, la dette publique
anglaise était exactement de 5,991 mil-
lions de francs mais en 1815, après Wa-
terloo, elle s'élevait au capital nominal
de 21,526 millions de francs, chiffre le
plus élevé qu'elle ait jamais atteint.
Les guerres contre la République et le
premier Empire ont donc majoré la dette
publique de l'Angleterre de 15,535 mil-
lions de francs mais tous les Anglais
estiment, que cette énorme dépense n'a
été, en fin de compte, qu'un placement
à très gros intérêt, car c'est grâce à
l'écrasement de la France' dont la
dette publique n'avait augmenté que de
560 millions de francs entre 1800 et 1815
-que la Grande-Bretagne a pu conqué-
rir son riche domaine colonial et. le
quasi-monopole du commerce maritime
qui ont fait sa fortune pendant le dix-
neuvième siècle.
En 1805 (bataille d'Austerlitz et paix
!de Presbourg), les Consolidés anglais
cotèrent 62 au plus haut et 57 au plus
bas. De 1806 à 1812, ils se maintinrent
entre les cours extrêmes'de 70 et 55.12.
Ils étaient à 54.50 au commencement de
juin 1815, mais la défaite de Napoléon à
Waterloo (18 juin) les releva brusque-
ment à 75.50.
En 1816, année de très mauvaises ré-
coltes et de grande crise commerciale
et financière, les Consolidés retombèrent
à, 53.87, c'est-à-dire au plus bas cours du
siècle. En 1830, nous les trouvons à 94.50
au plus haut et à 77.50 au plus bas.
En 1837, anqée du couronnement de
la reine Victoria, leurs cours extrêmes
furent 93.87 et 87.75, et pour la première
fois ils dépassèrent le pair en 1844 à
101.37 mais la grande crise de 1847 les
ramena à 78.25. et en 1848 nous relevons
comme cours extrêmes 90 et 80.
'En.1852, ils atteignirent 102 mais la
guerre de Crimée (1854) les fit retomber
à 85.33, et Sadowa (1866) à 84.62. En 1870,
les cours extrêmes s'établirent à 94.50
et 88.25.
Comme nous l'avons déjà dit, le cours
le plus élevé du dix-neuvième siècle,
113.90. fut pratiqué au commencement
de juillet 1896 on retrouve encore le
cours de 113.75 en 1897. année du jubilé
mais à partir de cette époque s'ouvre une
période de baisse qui s'est poursuivie
sans arrêt jusqu'au commencement de
A910.
A 113.90 pour 2.75 de revenu, i franc'
de rente anglaise représentait un capital
de 41 fr. 41. Le 2 janvier 1906, après l'ar-
rivée des libéraux au pouvoir, les Con-
solidés, devenus du 2 1/2 0/0 depuis le
5 avril 1903, ne valaient plus que 89.60
soit 35 fr. 84 de capital pour 1 franc de
rente.
Cette baisse effective de .13.45 0/0 eut
deux causes bien précises la désas-
trèuse guerre du Transvaal, qui aug-
menta la dette publique anglaise de près
de 4 milliards de francs, et la concur-
rence allemande, qui réduisit sensible-
ment les bénéfices de la marine mar-
chande et du commerce extérieur bri-
tanniques.
Mais voici qu'au début de l'armée 1910
nous trouvons les Consolidés anglais à
82.70, ce qui constitue, à quatre années
d'intervalle, une nouvelle dépréciation
de 7.70 0/0 et pour prouver que cette
baisse de crédit public est bien particu-
lière à l'Angleterre, il nous suffira de
comparer les cours des principaux fonds
d'Etat aux deux dates observées.
Cours comparatifs des principaux Fonds
d'Etat au commencement des anrcées 1906
et 1910.
1906 ™>_ Francs
Cons. angl. 2 i 89.60 82.70 6.90– 7.70
Consol. pruss. 3 89.20 85,20 4 »- 4.48
Kgypte Unifiée 4 105.97 103.25 2.72 2.57
italien 4 et 3.75 106.40 105.20 1.20– 1.12
Français 3 99.20 98.95 I 0.25– o.»5
Russe Consol. 4 85 95.80 + 10.80 + 12.71
Argentin 1900 4 93.75 99.30 + 5.55 + 5.92
Srrbe Unifié 4 82.'70 87.60 4.90+ 5.92
Kxtér. Espagn- 4 93.05 97.35 + d.30 + 4.62
Turc Unifié 4 91.60 94.92 + 3.321+ 3.62
Autrichien-or 4 99.25 101.40 + 2.151+ 2.16
Hongrois-or 4 %| ss.75 99.90 il+ 1.151+ 1.16
Tous les fonds d'Etat, sauf les Con-
solidés anglais, les Consolidés prussiens
3 0/0, l'Egypte unifiée 4 0/0, l'Italien e4
le 3 0/8 français, sont en hausse ce n'est
donc pas à une crise générale qu'il faut
attribuer l'énorme dépréciation subie
par les Consolidés anglais.
La baisse des Consolidés prussiens
peut normalement s'expliquer par ce fait
que la dette publique allemande (empire
et, Etats particuliers) a augmenté d'en-
viron 4 milliards de francs entre 1906
et 1910 celle de l'Egvpte unifiée, par la
grande crise égyptienne de 1907-1908,
aujourd'hui en voie de liquidation celle
de l'Italien, par la conversion, de 1906,
qui a réduit/son revenu net de 4
3.75 0/0 depuis le 1" janvier 1907, et qui
le réduira à 3.50 Q/O à partir du 1" jan-
vier 1912. Le peu d'importance de la
baisse du 3 0/0 français nous disperse
de tout commentaire son égard.
Mais comment justifier la baisse de
7.70 0/0 subie par les Consolidés anglais.
venant s'ajouter à celle de 13.45 0/0 cons-
tatée entre 1896 et 1906 ? provient-elle
d'une augmentation du montant de la
dette publique anglaise ? Non, puisque
cette dette a été réduite au contraire,
par amortissement budgétaire, de 1,060
millions de francs entre la fin de l'exer-
cice 1905-1906 et la fin de l'exercice 1908-
1909.
Peut-on l'attribuer à une brusque dé-
pression industrielle ou commerciale, à
une de ces crises intérieures d'ordre
économique qui surviennent périodique-
ment dans les grands pays producteurs ?
Non, puisque les statistiques anglaises ne
signalent aucun accident de cette na-
ture.
x
Nous sommes donc irrésistiblement
conduit à supposer que c'est la politique
financière pratiquée par le parti libéral
depuis son arrivée au pouvoir qui est la
principale, sinon l'unique cause de la
baisse progressive du crédit de l'Etat an-
glais, mise en évidence par le petit ta-
bleau suivant.
Cours des Consolidés Anglais 2 1/2
au 'commencement des années 1906 à 1910.
Au commencement r prix de 1 fr.
des années de rente
1906 89.60 35.84
1907. 87.90 35.16
1908 84.80 33.92
1909 83.75 33.50
1910 82.70 33.08
Menacés dans leurs situations acqui-
ses par le programme fiscal que ta
Chambre des lords a refusé de sanction-
ner, mais qu'elle devra nécessairement
subir après la victoire de la coalition li-
bérale, nationaliste et socialiste; effrayés
des conséquences que l'application de ce
programme violemment agressif peut
avoir pour le capital employé en Angle-
terre, les. rentiers anglais abandonnent
leurs grands fonds nationaux et retirent
leur argent de la circulation, en atten-
dant de l'envoyer travailler au dehors.
La conséquence de ce fait, c'est que la
Grande-Bretagne, qui a toujours eu le
premier crédit du monde depuis la
grande Elisabeth, est en train de perdre
ce privilège, et que si le gouvernement
anglais se trouvait, pour une raison quel-
conque, dans la nécessité d'emprunter,
il serait obligé de payer le nouveau ca-
pital 20 0/0 de plus qu'il ne l'aurait payé
en 1896.
Edmond Théry.
Marseille a sa comète
ef avant tout le monde 1
Marseille, 20 janvier Dépdclte parti-
culière du Matin u. Une comète, assez
basse à l'horizon, et dont le noyau et là
queue étaient parfaitement visibles, a été
aperçue ce soir, à cinq heures, peu avant
le coucher du soleil. A l'observatoire, on
déclare qu'il s'agit de la comète découverte
le 17 janvier à Johannesburg, et que de-
main et les jours suivants elle sera plus vi-
sible encore. Elle a brillé ce soir pendant
une dizaine de minutes.
PROPOS D'UN PARISIEN
Mme Byron est pédicure. Elle compta
naguère parmi ses clients un veuf senti-
mental, M. Cartel, et une veuve consolable,
Mme Azy. L'attente dans le salon était
parfois longue. M. Cartel eut tout le temps
de tomber follement amoureux de Mme
Azy. Mais, timide, il n'osa se déclarer et
il s'adressa'à Mme Byron en ces termes
Mme Azy vous donne son pied pour-
riez-vous, pour moi, lui demander sa main ?
Mme Byron est une bonne personne qui
guérit les cors et les cœurs. Elle arracha
donc à sa cliente un doux consentement en
même temps qu'un ongle incarné. Seule-
ment -i et voici le détail essentiel elle
avait dit à M. Cartel
Pour votre pied, c'est cent sous, mais
pour la main de Mme Azy, c'est 6.000
francs, payables après le mariage.
M. Cartel signa, puis épousa après quoi
il refusa de payer. Et l'affaire est venue
devant la sixième chambre du tribunal civil
qui a débouté la pédicure.
C'est la jurisprudence habituelle même
lorsqu'il s'agit de mariages où lé monsieur
n'épouse que la dot, à moins que ce ne
soit l'héritière qui convole avec le titre, les
tribunaux ne reconnaissent pas la légiti-
mité de la créance de i'intermédiaire. Pour-
quoi ? L'aftaire n'est-elle pas honnête ?
N'a-t-elle pas coûté des pas, des dé-
marches, exigé de l'intelligence, du tact,
voire une mise de fonds Pourquoi
cela ne paierait-il pas ? Toute peine
mérite salaire.
Un avoué, un avocat reçoivent des hono-
raires pour une séparation de corps et une
pédicure n'a pas le droit d'en réclamer
pour une union de cors Avouez que ce
n'est pas juste et que c'est défendre bien
mal l'institution du mariage. Clément
Vautel.
Un conservateur du
demande qu'on installe
un Musée *du Faux
Qui dit collectionneur, hélas trop sou-
vent, sous-entend dupe. La passion de re-
cueillir en leurs galeries les œuvres les plus
rares, les plus disputées aveugle maintes
fois les « cousins dont la perspi-
cacité est mise en défaut par la perfection
des merveilles imitées qu'on leur fait ac-
cepter pour de l'ancien. Il y a de faux ta-
bleaux comme il y a de faux meubles, de
faux ivoires, de fausses faïences, de fausses
armes, des tiares illusoires et des marbres.
phidiens taillés dans le quartier des Gran-
des-Carrières.
M. HOMOLLE, DIRECTEUR DU LOUVRE
qui fut si longtemps coiffé de la tiare
de Saïtapharîiès.
Tout cela est très beau d'ailleurs, et le
talent qui y parait égale, sinon dépasse ce-
lui des artistes d'autrefois dont il s'appli-
que à renouveler la production. Quiconque
parfaitement conscient de ce qu'il fait et
doué d'un goût véritable s'amuserait à dé-
coror son chez soi avec des faux choisi^.
composerait une demeure somptueuse où,
dans toutes les matières et dans- tous les
arts, s'affirmerait sous des formes exqui-
ses et nées d'hier le génie des âges morts.
Or pas un'particulier n'a osé cela avouer
le faux, montrer la coquetterie d'une vé-
rité qui reconnaîtrait le mérite du men-
songe sculpté, peint, ciselé, fondu, coulé,
menuisé et tissé.
Personne n'a eu le courage de dire « Je
sais que tout cela n'a pas dix ans d'âge.
Mais c'est -beau, et j'en fais avec plaisir le
cadre fallacieusement archaïque de ma vie
bien moderne »
Cette bravoure-là, l'Etat devrait l'avoir.
Par surcroît de ce qu'elle provoquerait un
groupement fort amusant, elle aurait l'avan-
tage de rendre un énorme service aux col-
lectionneurs qui, obstinés à ne « faire que
dans le vieux », y viendraient prendre de
très fécondes leçons de discernement.
Oui, certes, il faut' le faire, ce musée
du faux, et c'est une idée qui m'est chère,
nous disait hier M. André Michel, le distin-
gué écrivain d'art, conservateur au musée
du Louvre. J'en ai eu la conviction le jour
où mon éminent prédécesseur, M. Courajod,
faillit être victime d'un superbe tronze vé-
nitien qu'il allait acheter pour l'Etat et dont
le truquage extraordinaire lui avait échap-
pé, lui, le dernier homme qui pût se trom-
per en l'espèce De ce jour, le tins pour
assuré qu'un musée du faux éduquerait
l'œil des amateurs et des savants et per-
mettrait d'éviter, d'une façon presque abso-
lue, les gaffes célèbres dont la tiare de Saï-
tapharnès fut la dernière incarnation. Qu'au
musée des arts décoratifs, où cette même
tiare est aujourd'hui cachée dans une caisse,
on crée la section que je souhaite, qu'on y
puisse à loisir étudier ce que l'appelle « les
faux authentiques », que l'on fasse en som-
me ce qui fut réalisé par M. Edouard André
(qui, au musée de Rouen, remit sous vitri-
nés la série des essais qu'il fit pour recons-
tituer l'ancienne et prospère technique des
faïenciers normands et des artistes de la
terre cuite émaillée) et on ne manquera
pas de documents pour composer un ensem-
ble édifiant.
II y a des ivoires si magnifiquement faux
que le plus expert hésite à se prononcer et
reste dans le doute sur leur origine. C'est
le cas de M. Raymond Kœcklin,v qui en'ce
moment perd son latin à établir un Corpus
des ivoires. On patine les bronzes avec des
chimies si ingénieuses que c'est à peine si
l'on peut distinguer l'original de la copie en
les juxtaposant: Et encore pour cela faut-il
avoir une longue pratique de ces confronta-
tions.
1) Nous avons au Louvre un bas-relief de
terre cuite, provenant de l'atelier des Rob-
bia et dont le quart a été si habilement re-
constitué par M. E André que les plus
grands connaisseurs sont incapables de dis-
cerner dans le panneau ce qui est moderne
de ce qui est ancien.
» A Florence, dans la via del Proconsol.on
fabrique la vieille terre cuite comme on fait
du pain chez le boulanger d'en face. Il y a
des officines autour du cimetière du Père-
Lachaise où l'on vous truquera ce que vous
voudrez, depuis la crédence gothique jus-
qu'à la porcelaine de Saxe. En sculpture,
aujourd'hui que « la pierre se vend»
pour employer une expression de mar-
chand on fait pour 25 francs des statues
imitées de.la statuaire de Reims (treizième
siècle). qui trouvent preneurs à 25,000 francs
en Amérique. J'ai vu en Italie un Verrocchio
si beau, si « unique » que j'ai dû, de par
ses qualités mêmes, supposer qu'il était
faux. Bientôt j'en acquérais la preuve. Et
vous savez ce que furent nombre de pièces
de la collection Spitzer où, avec un mor-
ceau d'ancien, on reconstituait le mam--
mouth. Vous connaissez enfin l'histoire
dont parle l'auteur dos Propos d'un cu-
rieux cet élevage de vers rongeurs et
troueurs qui perçaient le bois en quelques
semaines comme d'autres, moins actifs,
l'auraient fait en quatre siècles. Oui, af-
firme à nouveau M. André Michel, qu'on
nous fasse le musée du faux. Jamais la
science de certains archéologues et des chi-
mistes ne l'a rendu plus nécessaire. »
LE DUEL JUDICIAIRE
des
et des évêques
a commencé hier
à Reims
REms. 20 janvier. De notre envoyé spé-
cial (par téléphone). Tandis que se pour-
suivait au Parlement le débat sur la poli-
tique scolaire, le même jour la bataille re-
prenait sur un autre terrain le terrain
judiciaire.
Un duel poignant mettait aux prises, de-
vant le tribunal civil de Reims, le prêtre et
l'instituteur, la mentalité laïque et la men-
talité religieuse.
Au premier rang de l'arène avaient pris
place, sur le même plan et sur d'identiques
fauteuils, pour l'Eglise, Mgr Luçon, cardi-
nal archevêque de Reims, assisté de Mgr de
Chalons, et pour l'Ecole laïque, M. Roussel,
secrétaire général de la Fédération des ins-
tituteurs, accompagné du président des Ami-
cales de la Marne.
Dans la salle, confondus péle-méle, pré-
tres, laïques se pressaient nombreux, sou-
cieux d'entendre, de voir et de manifester
il. la moindre occasion.
M" André Hesse était le champion de
l'idée laïque et c'est presque amicalement
qu'avant de combattre, il serra la main de
son adversaire Me Brissart, du barreau de
La joute fut rude, et pendant plus de qua-
tre heures M0 André Hesse soutint les droits
des instituteurs, tour à tour fougueux, per-
suasif et parfois ironique.
En ouvrant l'audience, le président fit re-
marquer que le cardinal archevêque ayaat
cru devoir assister aux débats, bien que sa
présence ne fût pas .juridiquement néces-
saire; il était sous la protection de la justice
et qu'il saurait le faire respecter.
Le champion laïque
Dès l'exorde, Me André Hesse s'affirme
soucieux de modération, ce qui semble dé-
cevoir ceux qui étaient venus dans l'espoir
de ne pas assister exclusivement au choc
des idées. Il fait précéder la lecture de
la lettre pastorale que nos lecteurs connais-
sent d'une sorte d'exposé historique où sont
marquées les différentes étapes du conflit
scolaire depuis 1905 la fondation des asso-
ciations de pères de famille, la conférence
de M. Maurice Barrés, les injustes générali-
sations qui suivirent l'alïaire Morisot et en-
core la lettre pastorale de 19L3 qui revendi-'
quait seulement de l'école laïque une hon-
nête neutralité.
Les différentes tergiversations d'où est
sorti le texte définitif de, la lettre pastorale
de 1909 sont exposées et commentées tour
à tour. De ce manifeste collectif se déga-
gent trois ordres d'idées condamnation
doctrinale de l'école laïque, mise à l'index'
des livres scolaires, outrage direct adressé
aux instituteurs.
Cardinal Luçon
C'est pour répondre à ces trois griefs
qu'à leur tour les instituteurs, animés par
le souci de leur dignité, prennent aujour-
d'hui" l'off ensive.
L'abus du droit
L'avocat, sans contester la légitimité du
droit de critique et de controverse re-
vendiqué par les évêques, invoque la théo-
rie de l'abus du droit. Toutes les phrases
de la lettre épiscopale justifient, aux yeux
de M° André Hesse, la condamnation de
Mgr Luçon. Là où les instituteurs ne sont
pas directement visés, ils sont néanmoins
obliquement atteints, et cela suffit. Les évé-
ques ont si bien compris le danger de leur
généralisation contre le corps enseignant
qu'ils ont tous individuellement et par la
suite esquissé une sorte de savante rétrac-
tation.
L'avocat s'efforce de peser la rigueur des
termes du manifeste collectif, des instruc-
tions pratiques complémentaires de M Gibier, de. Versailles, et du cardinal de Reims
lui-même. Et indiquant quels sont les élé-
ments du préjudice moral et matériel qui
résulte de cette levée de crosses, il insiste
sur la désertion des classes, les grèves
d'élèves, des carreaux brisés, les livres bru-
tés, les- refus d'apprendre, l'espionnage ins-
tallé a l'intérieur même de l'école.
Quelle autorité .morale le maître va-t-U
donc conserver vis-à-vis de ce gamin lors-
qu'à la table de famille celui-ci entendre.
son père s'exprimer en termes haineux con-
tre celui qui l'instruit ? Quelle conception
bizarre et trouble se fera cet enfant. dans
sa petite âme, de ce Maître, lorsque partant
pour l'école,, il recevra pour instructions
dernières non point d'être sage,, appliqué
et travailleur, mais de guetter et de sur-
prendre telle ou telle phrase qui, déformée
ou mal comprise, deviendra le prétexte
d'une manifestation politique ?
Et le doigt tendu vers le tribunal, l'avo-
cat, défiant les, murmures de la foule, s'é-
crie
Frappez, messieurs, au nom de cette
loi civile qui vaut bien toutes les lois reli-
gieuses, et qui dit et qui veut que l'homme
répare toujours le préjudice qu'il cause à
tout autre homme.
Tranquillement assis au fond de son fau-
teuil, Mgr Luçon assista impassible a toute
la plaidoirie un sourire ironique lui
venait parfois au coin des ,lèvres, tandis
que ses mains gantées de soie rouge
jouaient avec la croix d'or.
Le CHANTECLER
de M. EDMOND ROSTAND, Dessinateur
Dessins originaux du poète, annotés de sa main.
Ces croquis raphides d'une main fougueuse,
ce sont les attitudes fugitives du coq de M.
E. Rostand, fixées par le poète lui-même, un
jour d'octobre 1908, à Çambo.
On sait combien M. Rostand se montre
minutieux dans, la mise en scène de ses rê-
ves. Il lient à donner lui-même aux costu-
miers les indications les plus nettes,
ainsi qu'il s'efforce. auprès des interprètes
d'arrêter la nuance d'un geste ou d'une in-
tonation.
Ces dessins sont la preuve de ce souci
constant. Ils ont été confiés par le poète à
M. Clarkson, costumier anglais, chez qui
Chantecîer eut autrefois l'idée de se faire ha-
biller. Depuis, cette idée a été abandonnée,
et M. Clarkson intente même à ce sujet
M. Rostand un procès qui sera plaidé par
Mû Rappoport. Mais si M. Clarkson n'a plus
les commandes, il a toujours les dessins.
Ces ébauches, tracées à coups de plume
lyriques sur du papier à lettres de Cambo,
montrent chez M. Rostand un artiste qui, en
même temps qu'il sait écouter les voix qui
passent dans la.nature, s'entend à saisir une
attitude, en la magnifiant. Ce sont en vérité
des dessins idéalistes.
Comme ils révèlent un Rostand inconnu,
nous eûmes un doute hier quand ils parvin-
rent jusqu'à nous. Mais ce doute se dissipa
vite, car après les avoir fait montrer au
poète, nous reçûmes de lui cette réponse au-
tographe où il les traitait de gribouilla.
ges ».
M. Rostand se trompe en croyant qu*il3
sont sans intérêt. C'est en lisant leurs brouil-
lons qu'on saisit le mieux la sincérité des
écrivains. Le musée Victor-Hugo, place des
Vosges, est fait surtout de bouts de papier
ramassés, Les « gribouillages » que voici
ont leur place marquée dans le musée Ros-
tand..
Les reprise de justice
Jans l'armée
Bordeaux, .20 janvier. De notre corres-
pondant particulier (par téléphone). Trois
canonniers du 14e d'artillerie, en garnison
à Tarbes, les nommés Pouey, Goujon et
Daubin, ont comparu aujourd'hui devant le
conseil de guerre du 18° corps d'armée. Ils
sont accusés d'avoir dévalisé un homme et
de l'avoir ensuite jeté à l'eau. On les con-
damne à cinq ans de prison.
Alger, 20 janvier Dépêche particulière
du a Matin n. La prouesse des trois sol-
dats apaches d'Orléansville, qui attaquèrent
le docteur Franchi et le major Dabat, est
depuis ce matin fixée dans ses moindres
détails par les autorités'civile et militai:re,
qui ont enquêté de concert.
Les auteurs de ces tentatives criminelles
sont les nommés Lacouture, Brazon et Fi-
lipon. Tous trois ont des antécédents dé-
plorables. Lacouture, engagé volontaire,
avait avant son incorporation subi six con-
damnations pour outrages aux agents,
coups et blessures. Traduit devant le con-
seil de guerre, il avait été condamné à six
mois de prison pour outrages à un supé-
rieur et pour avoir fait des déclarations
anarchistes et crié « A bas l'armée
Brazon est également un repris de jus-
tice avant son arrivée au régiment, il avait
purgé des condamnations de quinze jours
de prison pour outrages à un agent de l'au-
tonté et de quatre mois de prison pour
coups et blessures.
Filipon est récemment sorti des ateliers
:le travaux publics de Douera il a comme
3es camarades son casier judiciaire orné
:le quelques condamnations..
L'effectif des gardiens, de la pair
ïa être augmenté
S'il est, comme nous le disions hier dans
le Matin, indéniable que le nombre des apa-
ches augmente, il es* non moine certain que
celui des agents, loin de s'accroître, dimi-
nue.
Ainsi que l'a établi M. Dausset dans son
rapport général du budget, il y avait en
1892 9,306 gardiens de la paix il. n'y en
avait plus en 1909 que 8,937, soit 369 unités
en moins. Or le budget de la police s'est ac-
cru de cinq millions.
En outre le conseil municipal vient de
consentir pour cette année aux gardiens de
la paix des améJiorations dont il paraissait
impossible de reculer l'échéance. Et bien
que M. Dausset fût d'accord avec le rap.
porteur spécial, M. Achille, et le préfet de
police sur la, nécessité d'augmenter les ef-
fectifs, il a fallu renoncer à ce projet
Aujourd'lui cependant le rapporteur gé-
néral du budget de la Ville de Paris est
absolument résolu à en hâter la réalisad
tien on créerait cinq cents emplois non-
veaux de gardien de la paix, à raison de
cent par an, à dater de 1911. Il ne demande
qu'à mettre à la disposition du, préfet de
police les crédits nécessaires. Mais ces cré-
dits ne peuvent constituer que la moitié de
la dépense, puisque l'Etat doit payer l'au-
tre moitié. Or si jusqu'ici l'Etat n'a pas été
très empressé à apporter sa contributions,
il paraît que devant l'impérieuse nécessité
des circonstances, le gouvernement est tout
prêt à ne pas retarder davantage, une me-
sure-que toute la population parisienne ré-
clame et dont le préfet de police se fait au-
près de M. Briand l'éloquent avocat.
L'EAU MONTE_PARTOUT
Les crues interrompent la circulation,
causent un grand nombre d'accidents
et une catastrophe de chemin de fer
LA SEINE MONTE
r.n avance sur les nivers précédents, ta
Seine, grossie par une crue des plus vio-
lentes, vient de sortir de son lit, débordant
dans les campagnes, où elle s'étale en larges
nappes, cependant que dans Paris elle
monte à l'assaut des quais.
Elle roule ses eaux jaunes et bourbeuses
qui charrient pêle-mftle des épaves de toutes
sortes. Planches, caisses, tonneaux, pou-
tres, débris de péniches, troncs d'arbres
viennent en une innommable déroute se fra-
casser contre les piles des ponts.
La circulation fluviale est devenue impos-
sible, tous les services de navigation sont
interrompus plus de bateaux parisiens
plus de péniches, de remorqueurs, ni de cha-
lands le fleuve mugissant se soulève en de
grosses vagues écumantes qui se pressent,
SB succèdent, semblent courir rageusement
les unes après les autres.
quais et des ponts contemplent ce spectacle.
D'heure en heure l'eau s'élève, envahissant
les chemins de halage et soulevant d'un ef-
fort irrésistible les pontons amarrés aux
,,quais.
Le crédit de l'Angleterre
est en baisse
La dépréciation;que les fonds d'Etat
anglais subissent depuis une quinzaine
d'années mérite notre attention, car elle
constitue une véritable leçon de choses.
Au commencement de juillet 1896, un
an après les élections qui donnèrent au
parti conservateur une majorité de 411
voix sur les 670 députés composant la
Chambre des communes, et un an avant
les grandes fêtes du jubilé de la reine
Victoria jubilé qu'on a présenté avec
raison comme une sorte d'apothéose que
le peuple anglais s'était offerte à lui-
même pour les merveilleux résultats
qu'il avait obtenus pendant ce long et
glorieux règne les Consolidés anglais
.2 314 0/0 cotèrent 113.90, ce qui fut le
cours le plus élevé du siècle. Cela re-
vient à dire que pour se procurer 1 franc
de rente anglaise, il fallait alors débour-
ser 41.fr. 41.
On sait que les Consolidés anglais ac-
tuels sont le résultat de la conversion
d'anciennes rentes 3 0/0 effectuée en
mars 1888 par M. Goschen. Aux termes
de cette conversion, les 3 0/0 devinrent
du 2 3/4 0/0 non convertible pendant
quinze années, c'est-à-dire jusqu'au 15
avril 1903, et à partir de cette date, du
2 1/2 0/0 garanti lui-même pendant vingt
.ans contre toute nouvelle réduction.
•
Nos voisins d'outre-Manche ont tou-
jours considéré les cours de leurs fonds
d'Etat comme le niveau de la prospérité
de leur pays à ce titre, les cours ex-
trêmes des Consolidés sont curieux à
rappeler.
Au commencement de la guerre de
1792 contre la France, la dette publique
anglaise était exactement de 5,991 mil-
lions de francs mais en 1815, après Wa-
terloo, elle s'élevait au capital nominal
de 21,526 millions de francs, chiffre le
plus élevé qu'elle ait jamais atteint.
Les guerres contre la République et le
premier Empire ont donc majoré la dette
publique de l'Angleterre de 15,535 mil-
lions de francs mais tous les Anglais
estiment, que cette énorme dépense n'a
été, en fin de compte, qu'un placement
à très gros intérêt, car c'est grâce à
l'écrasement de la France' dont la
dette publique n'avait augmenté que de
560 millions de francs entre 1800 et 1815
-que la Grande-Bretagne a pu conqué-
rir son riche domaine colonial et. le
quasi-monopole du commerce maritime
qui ont fait sa fortune pendant le dix-
neuvième siècle.
En 1805 (bataille d'Austerlitz et paix
!de Presbourg), les Consolidés anglais
cotèrent 62 au plus haut et 57 au plus
bas. De 1806 à 1812, ils se maintinrent
entre les cours extrêmes'de 70 et 55.12.
Ils étaient à 54.50 au commencement de
juin 1815, mais la défaite de Napoléon à
Waterloo (18 juin) les releva brusque-
ment à 75.50.
En 1816, année de très mauvaises ré-
coltes et de grande crise commerciale
et financière, les Consolidés retombèrent
à, 53.87, c'est-à-dire au plus bas cours du
siècle. En 1830, nous les trouvons à 94.50
au plus haut et à 77.50 au plus bas.
En 1837, anqée du couronnement de
la reine Victoria, leurs cours extrêmes
furent 93.87 et 87.75, et pour la première
fois ils dépassèrent le pair en 1844 à
101.37 mais la grande crise de 1847 les
ramena à 78.25. et en 1848 nous relevons
comme cours extrêmes 90 et 80.
'En.1852, ils atteignirent 102 mais la
guerre de Crimée (1854) les fit retomber
à 85.33, et Sadowa (1866) à 84.62. En 1870,
les cours extrêmes s'établirent à 94.50
et 88.25.
Comme nous l'avons déjà dit, le cours
le plus élevé du dix-neuvième siècle,
113.90. fut pratiqué au commencement
de juillet 1896 on retrouve encore le
cours de 113.75 en 1897. année du jubilé
mais à partir de cette époque s'ouvre une
période de baisse qui s'est poursuivie
sans arrêt jusqu'au commencement de
A910.
A 113.90 pour 2.75 de revenu, i franc'
de rente anglaise représentait un capital
de 41 fr. 41. Le 2 janvier 1906, après l'ar-
rivée des libéraux au pouvoir, les Con-
solidés, devenus du 2 1/2 0/0 depuis le
5 avril 1903, ne valaient plus que 89.60
soit 35 fr. 84 de capital pour 1 franc de
rente.
Cette baisse effective de .13.45 0/0 eut
deux causes bien précises la désas-
trèuse guerre du Transvaal, qui aug-
menta la dette publique anglaise de près
de 4 milliards de francs, et la concur-
rence allemande, qui réduisit sensible-
ment les bénéfices de la marine mar-
chande et du commerce extérieur bri-
tanniques.
Mais voici qu'au début de l'armée 1910
nous trouvons les Consolidés anglais à
82.70, ce qui constitue, à quatre années
d'intervalle, une nouvelle dépréciation
de 7.70 0/0 et pour prouver que cette
baisse de crédit public est bien particu-
lière à l'Angleterre, il nous suffira de
comparer les cours des principaux fonds
d'Etat aux deux dates observées.
Cours comparatifs des principaux Fonds
d'Etat au commencement des anrcées 1906
et 1910.
1906 ™>_ Francs
Cons. angl. 2 i 89.60 82.70 6.90– 7.70
Consol. pruss. 3 89.20 85,20 4 »- 4.48
Kgypte Unifiée 4 105.97 103.25 2.72 2.57
italien 4 et 3.75 106.40 105.20 1.20– 1.12
Français 3 99.20 98.95 I 0.25– o.»5
Russe Consol. 4 85 95.80 + 10.80 + 12.71
Argentin 1900 4 93.75 99.30 + 5.55 + 5.92
Srrbe Unifié 4 82.'70 87.60 4.90+ 5.92
Kxtér. Espagn- 4 93.05 97.35 + d.30 + 4.62
Turc Unifié 4 91.60 94.92 + 3.321+ 3.62
Autrichien-or 4 99.25 101.40 + 2.151+ 2.16
Hongrois-or 4 %| ss.75 99.90 il+ 1.151+ 1.16
Tous les fonds d'Etat, sauf les Con-
solidés anglais, les Consolidés prussiens
3 0/0, l'Egypte unifiée 4 0/0, l'Italien e4
le 3 0/8 français, sont en hausse ce n'est
donc pas à une crise générale qu'il faut
attribuer l'énorme dépréciation subie
par les Consolidés anglais.
La baisse des Consolidés prussiens
peut normalement s'expliquer par ce fait
que la dette publique allemande (empire
et, Etats particuliers) a augmenté d'en-
viron 4 milliards de francs entre 1906
et 1910 celle de l'Egvpte unifiée, par la
grande crise égyptienne de 1907-1908,
aujourd'hui en voie de liquidation celle
de l'Italien, par la conversion, de 1906,
qui a réduit/son revenu net de 4
3.75 0/0 depuis le 1" janvier 1907, et qui
le réduira à 3.50 Q/O à partir du 1" jan-
vier 1912. Le peu d'importance de la
baisse du 3 0/0 français nous disperse
de tout commentaire son égard.
Mais comment justifier la baisse de
7.70 0/0 subie par les Consolidés anglais.
venant s'ajouter à celle de 13.45 0/0 cons-
tatée entre 1896 et 1906 ? provient-elle
d'une augmentation du montant de la
dette publique anglaise ? Non, puisque
cette dette a été réduite au contraire,
par amortissement budgétaire, de 1,060
millions de francs entre la fin de l'exer-
cice 1905-1906 et la fin de l'exercice 1908-
1909.
Peut-on l'attribuer à une brusque dé-
pression industrielle ou commerciale, à
une de ces crises intérieures d'ordre
économique qui surviennent périodique-
ment dans les grands pays producteurs ?
Non, puisque les statistiques anglaises ne
signalent aucun accident de cette na-
ture.
x
Nous sommes donc irrésistiblement
conduit à supposer que c'est la politique
financière pratiquée par le parti libéral
depuis son arrivée au pouvoir qui est la
principale, sinon l'unique cause de la
baisse progressive du crédit de l'Etat an-
glais, mise en évidence par le petit ta-
bleau suivant.
Cours des Consolidés Anglais 2 1/2
au 'commencement des années 1906 à 1910.
Au commencement r prix de 1 fr.
des années de rente
1906 89.60 35.84
1907. 87.90 35.16
1908 84.80 33.92
1909 83.75 33.50
1910 82.70 33.08
Menacés dans leurs situations acqui-
ses par le programme fiscal que ta
Chambre des lords a refusé de sanction-
ner, mais qu'elle devra nécessairement
subir après la victoire de la coalition li-
bérale, nationaliste et socialiste; effrayés
des conséquences que l'application de ce
programme violemment agressif peut
avoir pour le capital employé en Angle-
terre, les. rentiers anglais abandonnent
leurs grands fonds nationaux et retirent
leur argent de la circulation, en atten-
dant de l'envoyer travailler au dehors.
La conséquence de ce fait, c'est que la
Grande-Bretagne, qui a toujours eu le
premier crédit du monde depuis la
grande Elisabeth, est en train de perdre
ce privilège, et que si le gouvernement
anglais se trouvait, pour une raison quel-
conque, dans la nécessité d'emprunter,
il serait obligé de payer le nouveau ca-
pital 20 0/0 de plus qu'il ne l'aurait payé
en 1896.
Edmond Théry.
Marseille a sa comète
ef avant tout le monde 1
Marseille, 20 janvier Dépdclte parti-
culière du Matin u. Une comète, assez
basse à l'horizon, et dont le noyau et là
queue étaient parfaitement visibles, a été
aperçue ce soir, à cinq heures, peu avant
le coucher du soleil. A l'observatoire, on
déclare qu'il s'agit de la comète découverte
le 17 janvier à Johannesburg, et que de-
main et les jours suivants elle sera plus vi-
sible encore. Elle a brillé ce soir pendant
une dizaine de minutes.
PROPOS D'UN PARISIEN
Mme Byron est pédicure. Elle compta
naguère parmi ses clients un veuf senti-
mental, M. Cartel, et une veuve consolable,
Mme Azy. L'attente dans le salon était
parfois longue. M. Cartel eut tout le temps
de tomber follement amoureux de Mme
Azy. Mais, timide, il n'osa se déclarer et
il s'adressa'à Mme Byron en ces termes
Mme Azy vous donne son pied pour-
riez-vous, pour moi, lui demander sa main ?
Mme Byron est une bonne personne qui
guérit les cors et les cœurs. Elle arracha
donc à sa cliente un doux consentement en
même temps qu'un ongle incarné. Seule-
ment -i et voici le détail essentiel elle
avait dit à M. Cartel
Pour votre pied, c'est cent sous, mais
pour la main de Mme Azy, c'est 6.000
francs, payables après le mariage.
M. Cartel signa, puis épousa après quoi
il refusa de payer. Et l'affaire est venue
devant la sixième chambre du tribunal civil
qui a débouté la pédicure.
C'est la jurisprudence habituelle même
lorsqu'il s'agit de mariages où lé monsieur
n'épouse que la dot, à moins que ce ne
soit l'héritière qui convole avec le titre, les
tribunaux ne reconnaissent pas la légiti-
mité de la créance de i'intermédiaire. Pour-
quoi ? L'aftaire n'est-elle pas honnête ?
N'a-t-elle pas coûté des pas, des dé-
marches, exigé de l'intelligence, du tact,
voire une mise de fonds Pourquoi
cela ne paierait-il pas ? Toute peine
mérite salaire.
Un avoué, un avocat reçoivent des hono-
raires pour une séparation de corps et une
pédicure n'a pas le droit d'en réclamer
pour une union de cors Avouez que ce
n'est pas juste et que c'est défendre bien
mal l'institution du mariage. Clément
Vautel.
Un conservateur du
demande qu'on installe
un Musée *du Faux
Qui dit collectionneur, hélas trop sou-
vent, sous-entend dupe. La passion de re-
cueillir en leurs galeries les œuvres les plus
rares, les plus disputées aveugle maintes
fois les « cousins dont la perspi-
cacité est mise en défaut par la perfection
des merveilles imitées qu'on leur fait ac-
cepter pour de l'ancien. Il y a de faux ta-
bleaux comme il y a de faux meubles, de
faux ivoires, de fausses faïences, de fausses
armes, des tiares illusoires et des marbres.
phidiens taillés dans le quartier des Gran-
des-Carrières.
M. HOMOLLE, DIRECTEUR DU LOUVRE
qui fut si longtemps coiffé de la tiare
de Saïtapharîiès.
Tout cela est très beau d'ailleurs, et le
talent qui y parait égale, sinon dépasse ce-
lui des artistes d'autrefois dont il s'appli-
que à renouveler la production. Quiconque
parfaitement conscient de ce qu'il fait et
doué d'un goût véritable s'amuserait à dé-
coror son chez soi avec des faux choisi^.
composerait une demeure somptueuse où,
dans toutes les matières et dans- tous les
arts, s'affirmerait sous des formes exqui-
ses et nées d'hier le génie des âges morts.
Or pas un'particulier n'a osé cela avouer
le faux, montrer la coquetterie d'une vé-
rité qui reconnaîtrait le mérite du men-
songe sculpté, peint, ciselé, fondu, coulé,
menuisé et tissé.
Personne n'a eu le courage de dire « Je
sais que tout cela n'a pas dix ans d'âge.
Mais c'est -beau, et j'en fais avec plaisir le
cadre fallacieusement archaïque de ma vie
bien moderne »
Cette bravoure-là, l'Etat devrait l'avoir.
Par surcroît de ce qu'elle provoquerait un
groupement fort amusant, elle aurait l'avan-
tage de rendre un énorme service aux col-
lectionneurs qui, obstinés à ne « faire que
dans le vieux », y viendraient prendre de
très fécondes leçons de discernement.
Oui, certes, il faut' le faire, ce musée
du faux, et c'est une idée qui m'est chère,
nous disait hier M. André Michel, le distin-
gué écrivain d'art, conservateur au musée
du Louvre. J'en ai eu la conviction le jour
où mon éminent prédécesseur, M. Courajod,
faillit être victime d'un superbe tronze vé-
nitien qu'il allait acheter pour l'Etat et dont
le truquage extraordinaire lui avait échap-
pé, lui, le dernier homme qui pût se trom-
per en l'espèce De ce jour, le tins pour
assuré qu'un musée du faux éduquerait
l'œil des amateurs et des savants et per-
mettrait d'éviter, d'une façon presque abso-
lue, les gaffes célèbres dont la tiare de Saï-
tapharnès fut la dernière incarnation. Qu'au
musée des arts décoratifs, où cette même
tiare est aujourd'hui cachée dans une caisse,
on crée la section que je souhaite, qu'on y
puisse à loisir étudier ce que l'appelle « les
faux authentiques », que l'on fasse en som-
me ce qui fut réalisé par M. Edouard André
(qui, au musée de Rouen, remit sous vitri-
nés la série des essais qu'il fit pour recons-
tituer l'ancienne et prospère technique des
faïenciers normands et des artistes de la
terre cuite émaillée) et on ne manquera
pas de documents pour composer un ensem-
ble édifiant.
II y a des ivoires si magnifiquement faux
que le plus expert hésite à se prononcer et
reste dans le doute sur leur origine. C'est
le cas de M. Raymond Kœcklin,v qui en'ce
moment perd son latin à établir un Corpus
des ivoires. On patine les bronzes avec des
chimies si ingénieuses que c'est à peine si
l'on peut distinguer l'original de la copie en
les juxtaposant: Et encore pour cela faut-il
avoir une longue pratique de ces confronta-
tions.
1) Nous avons au Louvre un bas-relief de
terre cuite, provenant de l'atelier des Rob-
bia et dont le quart a été si habilement re-
constitué par M. E André que les plus
grands connaisseurs sont incapables de dis-
cerner dans le panneau ce qui est moderne
de ce qui est ancien.
» A Florence, dans la via del Proconsol.on
fabrique la vieille terre cuite comme on fait
du pain chez le boulanger d'en face. Il y a
des officines autour du cimetière du Père-
Lachaise où l'on vous truquera ce que vous
voudrez, depuis la crédence gothique jus-
qu'à la porcelaine de Saxe. En sculpture,
aujourd'hui que « la pierre se vend»
pour employer une expression de mar-
chand on fait pour 25 francs des statues
imitées de.la statuaire de Reims (treizième
siècle). qui trouvent preneurs à 25,000 francs
en Amérique. J'ai vu en Italie un Verrocchio
si beau, si « unique » que j'ai dû, de par
ses qualités mêmes, supposer qu'il était
faux. Bientôt j'en acquérais la preuve. Et
vous savez ce que furent nombre de pièces
de la collection Spitzer où, avec un mor-
ceau d'ancien, on reconstituait le mam--
mouth. Vous connaissez enfin l'histoire
dont parle l'auteur dos Propos d'un cu-
rieux cet élevage de vers rongeurs et
troueurs qui perçaient le bois en quelques
semaines comme d'autres, moins actifs,
l'auraient fait en quatre siècles. Oui, af-
firme à nouveau M. André Michel, qu'on
nous fasse le musée du faux. Jamais la
science de certains archéologues et des chi-
mistes ne l'a rendu plus nécessaire. »
LE DUEL JUDICIAIRE
des
et des évêques
a commencé hier
à Reims
REms. 20 janvier. De notre envoyé spé-
cial (par téléphone). Tandis que se pour-
suivait au Parlement le débat sur la poli-
tique scolaire, le même jour la bataille re-
prenait sur un autre terrain le terrain
judiciaire.
Un duel poignant mettait aux prises, de-
vant le tribunal civil de Reims, le prêtre et
l'instituteur, la mentalité laïque et la men-
talité religieuse.
Au premier rang de l'arène avaient pris
place, sur le même plan et sur d'identiques
fauteuils, pour l'Eglise, Mgr Luçon, cardi-
nal archevêque de Reims, assisté de Mgr de
Chalons, et pour l'Ecole laïque, M. Roussel,
secrétaire général de la Fédération des ins-
tituteurs, accompagné du président des Ami-
cales de la Marne.
Dans la salle, confondus péle-méle, pré-
tres, laïques se pressaient nombreux, sou-
cieux d'entendre, de voir et de manifester
il. la moindre occasion.
M" André Hesse était le champion de
l'idée laïque et c'est presque amicalement
qu'avant de combattre, il serra la main de
son adversaire Me Brissart, du barreau de
La joute fut rude, et pendant plus de qua-
tre heures M0 André Hesse soutint les droits
des instituteurs, tour à tour fougueux, per-
suasif et parfois ironique.
En ouvrant l'audience, le président fit re-
marquer que le cardinal archevêque ayaat
cru devoir assister aux débats, bien que sa
présence ne fût pas .juridiquement néces-
saire; il était sous la protection de la justice
et qu'il saurait le faire respecter.
Le champion laïque
Dès l'exorde, Me André Hesse s'affirme
soucieux de modération, ce qui semble dé-
cevoir ceux qui étaient venus dans l'espoir
de ne pas assister exclusivement au choc
des idées. Il fait précéder la lecture de
la lettre pastorale que nos lecteurs connais-
sent d'une sorte d'exposé historique où sont
marquées les différentes étapes du conflit
scolaire depuis 1905 la fondation des asso-
ciations de pères de famille, la conférence
de M. Maurice Barrés, les injustes générali-
sations qui suivirent l'alïaire Morisot et en-
core la lettre pastorale de 19L3 qui revendi-'
quait seulement de l'école laïque une hon-
nête neutralité.
Les différentes tergiversations d'où est
sorti le texte définitif de, la lettre pastorale
de 1909 sont exposées et commentées tour
à tour. De ce manifeste collectif se déga-
gent trois ordres d'idées condamnation
doctrinale de l'école laïque, mise à l'index'
des livres scolaires, outrage direct adressé
aux instituteurs.
Cardinal Luçon
C'est pour répondre à ces trois griefs
qu'à leur tour les instituteurs, animés par
le souci de leur dignité, prennent aujour-
d'hui" l'off ensive.
L'abus du droit
L'avocat, sans contester la légitimité du
droit de critique et de controverse re-
vendiqué par les évêques, invoque la théo-
rie de l'abus du droit. Toutes les phrases
de la lettre épiscopale justifient, aux yeux
de M° André Hesse, la condamnation de
Mgr Luçon. Là où les instituteurs ne sont
pas directement visés, ils sont néanmoins
obliquement atteints, et cela suffit. Les évé-
ques ont si bien compris le danger de leur
généralisation contre le corps enseignant
qu'ils ont tous individuellement et par la
suite esquissé une sorte de savante rétrac-
tation.
L'avocat s'efforce de peser la rigueur des
termes du manifeste collectif, des instruc-
tions pratiques complémentaires de M
lui-même. Et indiquant quels sont les élé-
ments du préjudice moral et matériel qui
résulte de cette levée de crosses, il insiste
sur la désertion des classes, les grèves
d'élèves, des carreaux brisés, les livres bru-
tés, les- refus d'apprendre, l'espionnage ins-
tallé a l'intérieur même de l'école.
Quelle autorité .morale le maître va-t-U
donc conserver vis-à-vis de ce gamin lors-
qu'à la table de famille celui-ci entendre.
son père s'exprimer en termes haineux con-
tre celui qui l'instruit ? Quelle conception
bizarre et trouble se fera cet enfant. dans
sa petite âme, de ce Maître, lorsque partant
pour l'école,, il recevra pour instructions
dernières non point d'être sage,, appliqué
et travailleur, mais de guetter et de sur-
prendre telle ou telle phrase qui, déformée
ou mal comprise, deviendra le prétexte
d'une manifestation politique ?
Et le doigt tendu vers le tribunal, l'avo-
cat, défiant les, murmures de la foule, s'é-
crie
Frappez, messieurs, au nom de cette
loi civile qui vaut bien toutes les lois reli-
gieuses, et qui dit et qui veut que l'homme
répare toujours le préjudice qu'il cause à
tout autre homme.
Tranquillement assis au fond de son fau-
teuil, Mgr Luçon assista impassible a toute
la plaidoirie un sourire ironique lui
venait parfois au coin des ,lèvres, tandis
que ses mains gantées de soie rouge
jouaient avec la croix d'or.
Le CHANTECLER
de M. EDMOND ROSTAND, Dessinateur
Dessins originaux du poète, annotés de sa main.
Ces croquis raphides d'une main fougueuse,
ce sont les attitudes fugitives du coq de M.
E. Rostand, fixées par le poète lui-même, un
jour d'octobre 1908, à Çambo.
On sait combien M. Rostand se montre
minutieux dans, la mise en scène de ses rê-
ves. Il lient à donner lui-même aux costu-
miers les indications les plus nettes,
ainsi qu'il s'efforce. auprès des interprètes
d'arrêter la nuance d'un geste ou d'une in-
tonation.
Ces dessins sont la preuve de ce souci
constant. Ils ont été confiés par le poète à
M. Clarkson, costumier anglais, chez qui
Chantecîer eut autrefois l'idée de se faire ha-
biller. Depuis, cette idée a été abandonnée,
et M. Clarkson intente même à ce sujet
M. Rostand un procès qui sera plaidé par
Mû Rappoport. Mais si M. Clarkson n'a plus
les commandes, il a toujours les dessins.
Ces ébauches, tracées à coups de plume
lyriques sur du papier à lettres de Cambo,
montrent chez M. Rostand un artiste qui, en
même temps qu'il sait écouter les voix qui
passent dans la.nature, s'entend à saisir une
attitude, en la magnifiant. Ce sont en vérité
des dessins idéalistes.
Comme ils révèlent un Rostand inconnu,
nous eûmes un doute hier quand ils parvin-
rent jusqu'à nous. Mais ce doute se dissipa
vite, car après les avoir fait montrer au
poète, nous reçûmes de lui cette réponse au-
tographe où il les traitait de gribouilla.
ges ».
M. Rostand se trompe en croyant qu*il3
sont sans intérêt. C'est en lisant leurs brouil-
lons qu'on saisit le mieux la sincérité des
écrivains. Le musée Victor-Hugo, place des
Vosges, est fait surtout de bouts de papier
ramassés, Les « gribouillages » que voici
ont leur place marquée dans le musée Ros-
tand..
Les reprise de justice
Jans l'armée
Bordeaux, .20 janvier. De notre corres-
pondant particulier (par téléphone). Trois
canonniers du 14e d'artillerie, en garnison
à Tarbes, les nommés Pouey, Goujon et
Daubin, ont comparu aujourd'hui devant le
conseil de guerre du 18° corps d'armée. Ils
sont accusés d'avoir dévalisé un homme et
de l'avoir ensuite jeté à l'eau. On les con-
damne à cinq ans de prison.
Alger, 20 janvier Dépêche particulière
du a Matin n. La prouesse des trois sol-
dats apaches d'Orléansville, qui attaquèrent
le docteur Franchi et le major Dabat, est
depuis ce matin fixée dans ses moindres
détails par les autorités'civile et militai:re,
qui ont enquêté de concert.
Les auteurs de ces tentatives criminelles
sont les nommés Lacouture, Brazon et Fi-
lipon. Tous trois ont des antécédents dé-
plorables. Lacouture, engagé volontaire,
avait avant son incorporation subi six con-
damnations pour outrages aux agents,
coups et blessures. Traduit devant le con-
seil de guerre, il avait été condamné à six
mois de prison pour outrages à un supé-
rieur et pour avoir fait des déclarations
anarchistes et crié « A bas l'armée
Brazon est également un repris de jus-
tice avant son arrivée au régiment, il avait
purgé des condamnations de quinze jours
de prison pour outrages à un agent de l'au-
tonté et de quatre mois de prison pour
coups et blessures.
Filipon est récemment sorti des ateliers
:le travaux publics de Douera il a comme
3es camarades son casier judiciaire orné
:le quelques condamnations..
L'effectif des gardiens, de la pair
ïa être augmenté
S'il est, comme nous le disions hier dans
le Matin, indéniable que le nombre des apa-
ches augmente, il es* non moine certain que
celui des agents, loin de s'accroître, dimi-
nue.
Ainsi que l'a établi M. Dausset dans son
rapport général du budget, il y avait en
1892 9,306 gardiens de la paix il. n'y en
avait plus en 1909 que 8,937, soit 369 unités
en moins. Or le budget de la police s'est ac-
cru de cinq millions.
En outre le conseil municipal vient de
consentir pour cette année aux gardiens de
la paix des améJiorations dont il paraissait
impossible de reculer l'échéance. Et bien
que M. Dausset fût d'accord avec le rap.
porteur spécial, M. Achille, et le préfet de
police sur la, nécessité d'augmenter les ef-
fectifs, il a fallu renoncer à ce projet
Aujourd'lui cependant le rapporteur gé-
néral du budget de la Ville de Paris est
absolument résolu à en hâter la réalisad
tien on créerait cinq cents emplois non-
veaux de gardien de la paix, à raison de
cent par an, à dater de 1911. Il ne demande
qu'à mettre à la disposition du, préfet de
police les crédits nécessaires. Mais ces cré-
dits ne peuvent constituer que la moitié de
la dépense, puisque l'Etat doit payer l'au-
tre moitié. Or si jusqu'ici l'Etat n'a pas été
très empressé à apporter sa contributions,
il paraît que devant l'impérieuse nécessité
des circonstances, le gouvernement est tout
prêt à ne pas retarder davantage, une me-
sure-que toute la population parisienne ré-
clame et dont le préfet de police se fait au-
près de M. Briand l'éloquent avocat.
L'EAU MONTE_PARTOUT
Les crues interrompent la circulation,
causent un grand nombre d'accidents
et une catastrophe de chemin de fer
LA SEINE MONTE
r.n avance sur les nivers précédents, ta
Seine, grossie par une crue des plus vio-
lentes, vient de sortir de son lit, débordant
dans les campagnes, où elle s'étale en larges
nappes, cependant que dans Paris elle
monte à l'assaut des quais.
Elle roule ses eaux jaunes et bourbeuses
qui charrient pêle-mftle des épaves de toutes
sortes. Planches, caisses, tonneaux, pou-
tres, débris de péniches, troncs d'arbres
viennent en une innommable déroute se fra-
casser contre les piles des ponts.
La circulation fluviale est devenue impos-
sible, tous les services de navigation sont
interrompus plus de bateaux parisiens
plus de péniches, de remorqueurs, ni de cha-
lands le fleuve mugissant se soulève en de
grosses vagues écumantes qui se pressent,
SB succèdent, semblent courir rageusement
les unes après les autres.
quais et des ponts contemplent ce spectacle.
D'heure en heure l'eau s'élève, envahissant
les chemins de halage et soulevant d'un ef-
fort irrésistible les pontons amarrés aux
,,quais.
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