Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1909-08-02
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 02 août 1909 02 août 1909
Description : 1909/08/02 (Numéro 9288). 1909/08/02 (Numéro 9288).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2008
Vînfft-Sixîème Année, r-îî* 9288 M
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RELIANT PAR SES FILS SPÉCIAUX LES QUATRE PREMIÈRES CAPITALES DU GLOBE
Une flotte dans un fleuve
Le mois de juillet 1909 restera à jamais
mémorable par le nombre de spectacles
grandioses ou épiqub3– curiçux^ou poi-
"̃•gfifâîîtS' qu'il nous aura offerts.
Aussi le publie français, perdu dans
la -multiplicité des affiches.qui sollicitè-
rent son regard, est-il excusable de n'a-
voir jeté qu'un œil distrait sur une scène
étrange qui s'est déroulée à nos portes.
Cette scène n'eut pas de précédent dans
l'histoire et n'aura peut-être jamais de
répétition elle vaut qu'on s'y arrête.
Donc; un matin de la quinzaine pas-
sée, le soleil qui se leva sur la Manche
contempla une chose énorme la flotte
.anglaise tout entière, comprenant cent
quarante-neuf navires vieux cuiras-
sés -et mastodontes modernes, croiseurs
majestueux et agiles contre-torpilleurs,
canonnières minuscules et invisibles
sous-marins vint lentement s'engouf-
frer dans la Tamise. Elle formait une
procession bigarrée et terrifiante qui s'é-
tendait sur une cinquantaine de kilomè-
tres. Elle remonta, crachant la vapeur,
tout le cours du fleuve jusau'à ce, que sa
tète atteignît le palais de Westminster
à Londres, c'est-à-dire le cœur même de
l'empire britannique puis/pendant une
semaine entière, elle resta immobile,
jouissant, fière et hautaine, de sa mons-
trueuse prise de possession. Des ponts
de Londres, on pouvait côté des ba-
teaux-mouches voir émerger les péris-
copes des sous-marins, tandis qu'un peu
plns loin les arbres de Gravesend et les
clochers de Southend voisinaient avec la
mâture écrasante du Venus ou avec les
'tourelles légendaires du Vrèadnought.
«Un soir, m'écrit un ami de Londres,
'je descendis la Tamise en vapeur et je
passai en revue toute la flotte. C'était
merveille de voir avec quel art de mise
en scène on avait distribué les rôles à
tous ces acteurs d'acier. Chacun avait
jeté l'ancre dans un replï du fleuve, où
quelque souvenir srlorieux de l'histoire
anglaise demeurait accroché. Le Sap-
phire et le Forward montaient la garde
devant le chantier où Pierre le Grand
travailla comme ouvrier le Pathfinder
veillait sur l'hôpital. de Greénwich, où
dorment les reliques sacrées de Nelson
le Juno mouillait à l'endroit précis d'où
sir John Franklin s'élança en 1845 sur
son fameux Erebus, et une bande de cui-
Tassés marquaient la place où Elisabeth
passa ses troupes en revue à l'heure an-
goissante où l'invincible Armada cer-
nait les côtes anglaises. Ainsi le pré-
sent, à chaque minute, rappelait le passé,
et la puissance d'aujourd'hui évoquait
les dangers, les douleurs et les gloires
d'autrefois Mais bientôt le vapeur
qui m'emportait fit un brusque coude et
au détour du fleuve un spectacle inou-
bliable se dressa devant moi. Quarante-
3iuit cuirassés étaient là, entre Southend
est Sheerness, rangés en ligne de bataille.
Quarante-huit monstres impeccablement
alignés, espoir suprême et suprême res-
source dé l'Angleterre De loin. avec
toutes ces cheminées fumantes, on eût
dit quelque usine fantastique. De près,
on demeurait ahuri et confondu. Des
milliers dp chaloupes, portant des ma-
rins ou des visiteurs, glissaient, se croi-
saient, s'accrochaient aux quarante-huit
remparts flottants tel un tourbillon de
moucherons volant autour d'une ruche.
îamais féerie plus formidable n'aura été
jouée Sur la scène du monde. »
Mais il n'y a "de pièces de théâtre va-
lant d'être retenues que celles qui par-
lent à l'âme celles qui se contentent
d'amuser les yeux sont seulement un
peu de poussière brillante qu'emporte
le vent. Or, l'Angleterre voulut que la
pièce qu'elle montait parlât à l'âme bri-
Pendant huit jours. Londres et le
Royaume-Uni tout entier furent admis
à visiter la flotte enfermée dans la Ta-
mise. Et n'entendez pas par là qu'on au-
torisa à monter à bord quelques parle-
mentaires accompagnés de dames du
monde. Non, on organisa la plus mer-
veilleuse leçon de choses qu'un gouver-
nement puisse donner à une nation. On
emmena à bord des Dreadnought.les tail-
leurs de Tooley street .et les fripiers de
,Whitechapel, et les bijoutiers de Picca-
dilly. On emmena les commerçants, les
étudiants et le peuple, le peuple surtout,
afin qu'il imprègne bien son esprit, son
cœur, sa mémoire de ce spectacle de
force, afin que chacun, même le plus
grossier et le plus épais, eût bien le sen-
timent de ce qu'était la marine de l'An-
Et la plus belle réception, celle à la-
quelle on donna' le plus d'éclat, ce ne fut
pas la réception de la famille royale, ni
celle des lords de l'amirauté, ni celle des
députés ce fut celle des marchands de
la Cité de Londres, à la tête de laquelle
se trouvait le lord-maire. Pour les repré-
sentants du commerce, pour les artisans
de la richesse nationale, pour les grands
travailleurs du royaume, la flotte de la
Tamise jugea qu'elle ne hisserait jamais
assez de banderoles à ses mâtures. On
doubla, le jour de la visite, les pavoise-
ments, les orchestres et les illumina-
tions, et pour les boutiquiers on fit ce
qu'on n'avait, pas fait pour le roi on or-
ganisa une attaque 'du grand Dread-
nouqht par toute la flottille de sous-ma-
rins.
« Messieurs, disait récemment un
Bous-secrétaire d'Etat britannique à une
délégation d'ouvriers. la marine anglaise
est. une société anonyme dont chaque
citoyen anglais est actionnaire et dont
nous ne sommes que les administra-
teurs. »
En cette semaine de juillet 1909, les
actionnaires de la marine anglaise ont
pu voir que la société était bien adminis-
trée et que le dividende de sécurité et
d'orgueil qu'on leur versait était un des
plus élevés que l'empire britannique ait.
jamais connus
Cependant, il n'y. a point de médaille
sans revers, point de fête sans deuil.
L'assemblage et la,dislocation de ce*
énorme armée s'est accomplie avec quel-
que dommage, et la représentation de
la Tamise aura coûté à la marine an-
glaise un sous-marin c6ûlé, un torpilleur
coupé en deux, deux autres torpilleurs
gravement endommagés, un croiseur
échoué. Au total trente vies humaines
perdues, plusieurs millions engloutis.
J'ai reclierché dans les journaux an-
glais des détails sur la catastrophe, mais
j'ai eu quelque peine à les trouver parmi
les comptes rendus de fêtes. J'ai voulu
voir s'il y aurait quelque critique em-
portée, quelque parole amère. quelque
blîme ému, comme en provoquent les
entrepreneurs de spectacles qui ont mal
organisé le service d'ordre à la sortie
mais je n'ai recueilli que des paroles de
remerciement et de louange pour le gou-
vernement. qui avait donné au pays cette
représentation de saine et virile beauté.
Et quand j'eiis# replié les feuilles bri-
tanniques, encore chaudes d'enthousias-
me, je ne pus m'empêcher de songer à
un autre peuple qui vit non loin de la
Tamise et qui, si pareils accidents se
fassent produits, n'eût pas manqué de
réclamer des enquêtes, des mises ert ju-
gement et des exécutions, de crier, d'ac-
cuser, de récriminer, de polémiquer, de
déblatérer et d'ailleurs de ne rien
faire pour empêcher que cela se repro-
duise.
Stéphane Lauzatme.
.PROPOS D'UN PARISIEN
Un certain docteur berlinois, M. von Ja-
gemann, a constaté que les députés de son
pays ne sont pas toujours à la hauteur de
leur mission. Pas possible M. von Ja-
gemann propose donc la création d'une uni-
versité parlementaire dont seuls les élèves
diplômés auront le droit de légiférer. Cet
original dit ceci
Il faut être diplômé pour soigner un
panaris, alors que le premier venu peut, du
jour au lendemain, gouverner. C'est illo-
gique.
Au fait, pourquoi ne reprendrions-nous
pas l'idée du herr doctor ? Je vois cela très
bien, l'université parlementaire. Quand un
garnement se serait fait chasser de par-
tout, son père dirait
Je vais le fourrer à l'école des dépu-
tés. Là, plus il criera, plus il sera gros-
sier, paresseux, ignare, menteur, plus il
donnera de horions à ses camarades, et
plus il aura de bons points
Nous avons déjà la conférence Molé où
de jeunes avocats font du parlementarisme
en chambre, en attendant qu'ils en fassent
à la Chambre mais l'école des députés
donnerait un enseignement complet. On y
apprendrait tout ce qu'il faut savoir pour
être représentant du peuple. Quelle joie
pour les parents qui auraient un fils « pre-
mier prix de bruits de pupitre » ou « ac-
cessit de cris d'animaux » Naturellement,
dans cet heureux établissement, tous les
élèves, même les cancres, promettraient
beaucoup promettre, c'est en effet bien
le moins que puisse faire un élève-député
Malheureusement, au bout de peu d'an-
nées, il y aurait autant de diplômés de
l'université parlementaire qu'il y a de mé-
decins ou d'avocats et comme, eux non
plus, n'auraient pas de clients, cela ferait
encore quelques milliers de ratés de plus.
Si bien que plus :d'une fois, en montant
dans un vieux fiacre cahotant. nous enten-
drions le cocher murmurer
Voilà ma guimbarde. Et dire qu'a-
vec mon diplôme, j'aurais pu conduire lè.
char de l'Etat Cï-ément Vautel.
AMÉLILLÂ^
Les pertes espagnoles
Les pertes marocaines
MÉuiLA, 31 juillet. Les hostilités ont
cessé depuis le combat du 27 juillet, dans
lequel le générai Pintas et cinq des six co-
lonels de brigade furent tués. Les pertes
sont évaluées au total à 30 officiers et 500
hommes.
Du côté des Rifains, qui ont manifesté
une grande bravoure, les pertes sont éva-
luées à près de 2,000 hommes.
Les pertes totales du côté des Espagnols,
depuis le 9 juillet, ont été d'environ 90 offi-
ciers et 1,000 hommes.
Aujourd'hui, l'artillerie a lancé quelques
obus contre les avant-postes rifains.
(Times, euvoyé spécial.).
ides renforts débarquent
Madrid, 1er août. On mande de Mélilla
Le Pielago et le Léon-XIH sont arrivés.
Deux bataillons sont débarqués ils ont
été reçus par les généraux Real et Arizon.
Hier soir, l'artillerie a canonné le camp
ennemi, protégeant ainsi son convoi de ra-
vitaillement pour les postes avancés.
(flouas.)
L'AÉROPLANE IDÉAL
Coûterait i Ir. 75, s'adapterait à toutes
les bicyclettes et permettrait de fouler à
-3 centimètres au-dessus du sol.
CROIENT
POUVOIR PRÉDIRE
On la prévoit à six mois de distance,
Mais, hélas! ce n'est qu'à Terre-Neuve
De quelle utilité serait, pour l'agricul-
ture et même pour l'industrie, la connais-
sance exacte des lois qui permettraient à
longue échéance d'annoncer les caractères
généraux des saisons
Des études météorologiques ont été entre-
prises dans ce sens par un certain nombre
d'hommes éminents, parmi lesquels il faut
citer en premier lieù M. Teisserenc de Bort.
En son cabinet de travail de la rue Du-
mont-dUrville, où il s'embastille de cartes
météorologiques, de documents, df, graphi-
ques, M. Teisserenc de Bort nous dit
De nombreuses recherches ont été fai-
tes pour relier les caractères du temps à des
périodes. définies, par exemple à la position
relative des astres. M. A. Poincaré, inspec-
teur général des ponts et chaussées, a mon-
tré ainsi, il y a quelques années, que le mou-
vement de la lune en déclinaison fait varier
les limites polaires des alizés.
La période des taches solaires. paralt
avoir des relations assez marquées avec
certains phénomènes, en particulier avec le
régime des pluies dans les Indes. Une com-
mission internationale, due à l'initiative de
sir Normann Lockyer, préside à ces rechar-
nnes.
M. HILDEBRANDSON M. TEISSERENC DE BORT
•)) Si on étudie la carte générale du globe,
on voit qu'il existe un certain nombre de
grands centres de fortes et de faibles pres-
sions qui se retrouvent chaque jour, mais
se déplacent légèrement autour de leur posi-
tion moyenne.
» Depuis trente ans, j'ai étudié ces ré-
gions de fortes et de faibles pressions, de
qui dépendent les caractères de nos saisons
et auxquelles j'ai donné le nom de grands
centres d'action de l'atmosphère. Des mou-
vements de ces centres, on peut prévoir le
caractère des saisons. •
n En été, lorsque :les hautes pressions
océaniennes, dont le centre est voisin des
Açores, s'étendent sur le sud de l'Angle-
terre et l'ouest de l'Europe, nous jouissons
1 d'un temps normal ciel beau ou peu nua-
geux et température estivale. Si, au con-
traire, ces hautes pressions sont refoulées
vers le sud, elles laissent le champ libre
aux tourbillons atmosphériques avec bas-
ses pressions qui d'ordinaire Ise tiennent
dans les parages de l'Islande le régime
des vents d'ouest avec pluies douces pré-
domine alors sur l'Europe occidentale. Si
ces hautes pressions remontent vers le
.nord de l'Océan, sans s'étendre sur l'Eu-
rope, nous avons en France des vents
froids assez intenses, entrecoupés de pluies
et de giboulées.
» En huer, les phénomènes sont tout
aussi caractéristiques. Si ces hautes pres-
sions envahissent l'Europe et se joignent
à celles de elles forment une sorte
de mamelon d'air qui s'oppose à l'arrivé
des vents du large *et des dépressions ba-
rométriques. L'air est Deu agité et le ré-
gime continental avec froid vif s'établit sur
nos régions.
» Les différences de temnérature des fleu-
ves ou courants marins: comme le Gulf-
Stream, influent sur le mouvement des cen-
tres d'action et aident à prévoir le sens ds
leur direction.
» Le professeur Hildebrandsson, le sa-
vant météorologiste suédois, s'est adonné
depuis quelques années à des recherches
sur les relations des grands centres d'ac
tion et des courants marins. En une série
de courbes fort suggestives, il a fait voir,
dit M. Teisserenc de Bort, que la tempéra-
ture au cap Nord en été est oproosée à celle
du printemps suivant en Islande. Le prin-
temps de l'extrême'nord de l'Amérique a
la même allure que celui d'Islande en mars
de Vannée précédente.
» De la même façon, par suite des mêmes
observations, on peut déduire, à six mois
de distance, quel sera l'été à Terre-Neuve,
d'après la température observée antériea-
rement en Islande.
» La température à St-Johns de Terre-
Neuve atteint en effet son maximum en
juillet, les années où il y a le plus de glace
dans l'Atlantique, en dehors de Terre-
Neuve. Ce fait inattendu s'explique parce
que beaucoup de glace au large devant une
côte. en refroidissant l'air, détermine la
production d'une haute pression barométri-
que et en été une haute pression est accom-
pagnée sur terre d'une température élevée.
» La branche du courant polaire, passant
à la fin de l'hiver au nord-est de l'Islande,
continue vers le sud-est et arrive jusque
dans la mer du Nord, provoquant une tem-
pérature plus ou moins basse et une pres-
sion plus ou moins haute sur cette partie
de la mer. C'est là la cause de la haute pres-
sion qui règne ordinairement au printemps.
Cette distribution de la pression amène
des vents du nord assez froids sur le nord
de l'Eûrope jusqu'en Hongrie. L'allure -e
la pression de l'air au printemps au cap
Nord est régulièrement opposée à celle de
la température simultanée à Debreczin, en
Hongrie. t
» ce sont la. conclut M. Teisserenc de
Bort, des faits fort curieux et dignes d'ob-
servation.
» Une commission internationale, réunie
il y a trois mois à Monaco, s'occupe de l'or-
ganisation d'un réseau météorologique as-
sez étendu pour embrasser les phénomènes
d'ensemble et pouvoir suivre les compensa-
tions qui s'établissent
̃ » Un grand nombre des stations néces-
saires existent déjà, mais il v en a, comme
le Spitzberg, la région du Mz;;b et quelques
îles du Pacifique, où il faudra tout or-
ganiser,, observations météorologiques et
moyens de communication. La télégraphia
sans til pourra encore, dans cette circons-
tance, rendre de signalés services. On peut
espérer qu'avec ces moyens d'informations
on pourra déduire les mouvements des cen-
tres'd'action et prévoir le temps a longue
LES FUTURS CHEFS
DE NOTRE
ARMÉE
Quels seront les deux successeurs
des généraux Brun et de Lacroix j
Avant son élévation au ministère de la
guerre, le général Brun était à la fois chef
de l'état-major général de l'armée et dési-
gné ouvertement pour succéder au général
de Lacroix. D'ores et déjà on se préoccupe
de la désignation des deux titulaires de ces
importantes fonctions.
Le nouveau chef de l'état-major général
pourrait être le général Laiton de Ladebat,
actuellement sous-chef de l'état-major. Ce
serait la solution automatique.
Le général d'Amade a également de très
grandes chances. Les partisans de ce choix
font valoir les brillantes qualités, dont le
général a fait preuve au milieu de circons-
tances difficiles. Outre sa valeur militaire,
ils louent fort sa puissance de travail et ses
remarquables qualités d'orateur.
Le successeur du général de Lacroix qui,
comme on le sait, sera atteint par la limite
d'âge le 30 août prochain, semble devoir
être le général Dalstein, gouverneur mili-
taire de Paris. Si ce choix était ratifié, le
nouveau généralissime n'exercerait que très
peu de temps ses fonctions, car lui aussi
\'501'0.' atteint par la limite d'âge le 24 octobre
1910.
Ajoutons qu'il parait certain que le géné-
ral Picquart, ancien ministre de la guerre,
sera nommé membre du conseil supérieur
de la guerre.
Quoi qu'il en soit, c'est au conseil des
ministres qu'il appartient de prendre une
décision définitive. Tout nous porte à croire
que ces questions seront examinées au
cours du prochain conseil, demain mardi.
LE FEU DÉVORE A OSAKA
TREIZE MILLE MAISONS
Toioo, 1" août Ce matin à six heures
l'incendie à Osaka était maîtrisé.
Le nombre des bâtiments qui ont été dé-
truits est évalué à 13.000. (Reuter.)
Une prouesse de l'air
Mourmelon-le-Grand, ier août. Dépêche
particulière du « Matin ». Aujourd'hui,
vers 5 heures du matin, Sommer, par un
vol magrifique de 1 heure 50 minutes 30 se-
condes, entre quinze et trente mètres de
hauteur, a battu officieusement le record
français de durée. Parti à 4 la. 48 il a atterri
à 6 h. 38' 30". Un procès-verbal de la perfor-
mance a été signé par une cinquantaine de
témoins.
Le soir, devant une foule considérable,
Sommer a fait un second vol de 26 minutes,
arrêté à la nuit.
Ainsi; M. Sommer se classe en tête des
aviateurs qui expérimentent ou font des es-
sais en France.
Les hommes volants prenant l'habitude
soit d'accomplir des prouesses sensation-
nelles, soit de batue des records, il nous
a semblé intéressant de donner un petit
tableau des meilleures performances faites
jusqu'à ce jour.
On remarquera les progrès réalisés de-
puis le commencement de cette année. Si, à
la fin de 1J08, les frères Wright pouvaient
seuls se targuer de rester une heure dans
les airs, leur situation de recordTnen semble
très ébranlée. Sommer, Henry Farman, La-
tham, Paulhan, Tissandier ont doublé le
cap de l'heure.
Ne vous étonnez pas, nous disait avant-
hier Henry Farman au banquet Blériot, si
dans quelques jours, mon ami Sommer bat
le record de durée.
L'AVIATEUR SOMMER
LES RECORDS D'AVIATION
2 h. 20' 25" W. WRIGHT (biplan Wright), Le Mans. 91 décembre 1908. R
i h. 54' 53" W. WRIGHT (biplân Wright), Le Mans, 18 décembre 1908.
i h, 50' 30" SOMMER (biplan Farman), Châlons, 1 août 1909.
i h. 23' H. FARMAN (biplan Farman, Ghâlons, 19 juillet 1999.
1 h. 31' O. WRIGHT (biplan Wright). Fort-Myer, 20 juillet 1909.
1 h. V'31" LATHAM (monoplan Antoinette), Châlons, 5 juin 1909.
i T 19" PAULHAN (biplan Voisin), Douai, 15 juillet 1909.
1 3' TISSANDIER (biplan Wright), Pau. 20 mai 1909.
Oh. 53' 30" CURTISS (biplan Herrtdg), Long-Island,17 juillet 1909.
Oh. 43' BLÉRIOT (monoplan Blériot), :EtamfOS à Orléans.iS juillet 1909.
0 h. 33' BLÉRIOT (id.) traversée de la Manche, 25 juillet 1909.
0 h.29'53" DELAGRANGE (biplan Voisin), issy, 6 septembre t90&
Péclarcifion de Ma Is-volsk
.0ui0iFS des affairés étrangères de MMMê: "'l
A bord de r "Étoile-Polaire"
L'envoyé spécial du Matin est admis
à visiter le yacht impérial russe
et il a une conversation
avec M. Isvolsky
Le ministre rend hommage
à la triple entente
Cherbourg, 1er août. Dépêche de notre
envoyé spécial. Le programme se déroule
sans accroc ni changement et avec cette ré-
gularité des choses officielles qui relève du
fatalisme..
A Theure dite, où à peu près, les gestes
prévus s'accomplissent et le soleil, dans le
ciel tout bleu, met, seul, un peu de gaîté
sur le camp retranché qui entoure le tsar et
le chef de l'Etat.
Les précautions prises hier, déjà draco*
niennes, ont été doublées.,
Pour aller à bord du Vérité, il fant pren-
dre à bord du Buffle des laissez-passer que
l'on dépose ensuite à la counée d'un contre-
torpilleur.
Les portiers-consignes de 1 arsenal sont
doublés de commissaires spéciaux ceints
d'une' écharpe. Des promeneurs, également
spéciaux, arpentent les avenues qui condui-
sent au port de guerre et dans les rues, j'ai
croisé plusieurs Russes qui, sous la conduite
de M. Bint, battent Cherbourg à la recherche
d'anarchistes connus.
Car c'est la fameuse nouvelle Sarinkoff
a échappé à la surveillance étroite dont il
était l'objet Sarinkoff, le nihiliste retors,
qui participa à tant d'attentats, a disparu,
et les anarchistes sont pour la police ce oue
les écueils sont pour les marins, c'est lors-
qu'ils sont invisibles qu'on les redoute. b
Cette consigne sévère a causé ce matin un
incident comique. Un colonel de gendarmerie
russe, mandé à bord du Standart's'est vu re-
fuser une embarcation. Il a exhibé un coupe-
file qui ne valait rien et le ciel seul sait
ce oui lui serait arrivé si sa bonne fortune
n'avait amené près de lui M. Henmon, en
visite dans l'arsenal avec le président de la
République. Explications, excuses, départ.
Sauvé
Tels sont les incidents
En dehors de ces à-côtés qui donnent un
peu de galté, rien.
Le déjeuner
L'empereur et l'impératrice ont déjeuné à
une heure à bord du Vérité.
L'impératrice portait une robe en crèpe de
Chine gris perle d'une grande simplicité
avec un chapeau garni de roses blanches
surmonté d'une aigrette également blanche.
La table était ornée d'orchidées, d'horten-
sias bleus, de roses roses, d'oeillets Olga, et
le menu fut le suivant
Cantaloups frappés au Porto
Œufs brouillés aux truffes
Truites saumonées glacées française
Cœurs de filet de bœuf villageoise
Blancs de volaille à l'ivoire
Timbales à la Montespan.
Citrons doux au marasquin
Canetons nantais bigarrade
Jambons d'York
Glaces au Xérès
Salade
Flageolets nouveaux à la créme
Glaces Montmorency
Dessert
La musique de la flotte a fait entendre des
morceaux de Tschaïkowsky, de Glinka, de
Bizet, de Saint-Saëns, de Bruneau, etc.
A cinq heures, le thé est servi stir la di-
Instantané du Matig.
Le tsar, assis à côté de M. Panières, assiste à la revue navale.
Au centre de la digue, à près de deux ki-
lomètres de toute côte, il est un fort; dit
Fort Central. C'est une tour aux murs épais,
garnis d'embrasures et de meurtrières, cou-
ronnée d'un parapet crénelé qui entoure une
plate-forme. C'est là que se dresse la tente
impériale, en toile rude, garnie de pavillons
et de damas. Au large, les sous-marins plon-
gent, les contre-torpilleurs décrivent des
ronds dans l'eau, les canots circulent sans
interruption. Sur un contre-torpilleur, la
presse asiste aux ébats des enfants impé-
riaux.
Cette digue voulue par les hommes, dres-
sée par leur volonté au-dessus des eaux,
c'est tout ce que la famille impériale verra
de la terre de France.
Un lieutenant de vaisseau m'affirme, et je
lui laisse la responsabilité de cette boutade,
que le tsarévitch aurait ainsi défini la Fran-
ce « Un mur avec des canons et du thé,
entouré d'eau de toutes parts
Après le thé, retour à bord du Standart, et
le soir, dîner offert nar Leurs Majestés à M.
le président de la République à bord du yacht
impérial.
Conférences diplomatiques
Tandis que se déroule lé programme des
fêtes officielles, la diplomatie des deux na-
tions amies et alliées travaille. Elle travaille
sans relâché conférence ce matin, à bord
du Standart conférence cet après-midi, à
bord de l'Etoile-Polaire.
A bord du Standarl, c'est l'empereur lui-
même qui a tenu à voir M.' Pichon pour
s'entretenir avec lui des vues générales de
la politique russe.
A bord de l'Etoile-Polaire, l'entretien a eu
lieu entre MM. Isvolsky, Pichon, Louis, no-
tre ambassatleur/à Saint-Pétersbourg, Néli-
dov, ambassadeur de Russie à Paris. Cette
conférence a duré plus de deux heures.
Convoqué pour quatre heures par M. Is-
volsky, à qui j'avais demandé une audience,
j'ai dû- attendre plus d'une heure la fin de
la conférence.
Gp&ce. à l'àaiabiiité du édinmaaàafft de
̃Y Etoile-Polaire, cette heure m'a paru courtes
Sous la conduite d'un officier, j'ai visité tout
le yacht construit autrefois peur servir auS
croisières d'Alexandre III. VEloile-Polair^
est une réduction du Standart, qui a seules
ment huit cents tonneaux de plus.
L"' Étoile-Polaire
Actuellement, c'est le yacht dont l'impéra»
trice Marie se sert habituellement dans ses
déplacements. Les appartements sont sim.
pies, la salle manger vaste, avec une ta-
ble en fer à cheval. A l'arrière, une plage
couvert, fermée par des panneaux vitrés
un boudoir, une chambre tendus de cretonne
à fleurs blenes un fumoir où l'empereur
Alexandre travaillait jadis. Aux murs, desf
photographies de la famille royale de Dane-
mark, des vues de ports, .quelques marins,
des rubans fanés qui ont orné des bouquets
souvenirs mélancoliques ou joyeux d'heure(
intimes. Sur une vitre, l'impératrice Ma«
rie a inscrit avec un diamant des noms e(
des dates, étapes de sa vie. Ces mémoires
tracés sur le verre avec une bague fragile
ont à la fois de la candeur et de l'humilité,
puisqu'il faut pour les graver une pierre
précieuse et qu'un choc léger peut les briser
et les détruire. Vanité des vanités.
Cinq heures un quart la conférence est
terminée. Sur la coupée tribord, MM. Pu
chon et Louis hèlent le canot qui les amè-<
nera en retard à la digue. Je me hâte vers)
l'échelle et je suis introduit auprès du mif
nistre.
Ce que dit M. Isvolsky
C'est dans le salon du rouf, où vient d'a<
voir lieu la conférence, que M. Isvolsky mf
reçoit. Le ministre a l'air content et, tout d(
suite, nous causons.
M. Isvolsky a la coquetterie de notre lans
gue il la parle lentement, mais avec un(%
précision absolue.
L'entrevue d'aujourd'hui, me dit-it^
n'est plus, cûïrune les
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RELIANT PAR SES FILS SPÉCIAUX LES QUATRE PREMIÈRES CAPITALES DU GLOBE
Une flotte dans un fleuve
Le mois de juillet 1909 restera à jamais
mémorable par le nombre de spectacles
grandioses ou épiqub3– curiçux^ou poi-
"̃•gfifâîîtS' qu'il nous aura offerts.
Aussi le publie français, perdu dans
la -multiplicité des affiches.qui sollicitè-
rent son regard, est-il excusable de n'a-
voir jeté qu'un œil distrait sur une scène
étrange qui s'est déroulée à nos portes.
Cette scène n'eut pas de précédent dans
l'histoire et n'aura peut-être jamais de
répétition elle vaut qu'on s'y arrête.
Donc; un matin de la quinzaine pas-
sée, le soleil qui se leva sur la Manche
contempla une chose énorme la flotte
.anglaise tout entière, comprenant cent
quarante-neuf navires vieux cuiras-
sés -et mastodontes modernes, croiseurs
majestueux et agiles contre-torpilleurs,
canonnières minuscules et invisibles
sous-marins vint lentement s'engouf-
frer dans la Tamise. Elle formait une
procession bigarrée et terrifiante qui s'é-
tendait sur une cinquantaine de kilomè-
tres. Elle remonta, crachant la vapeur,
tout le cours du fleuve jusau'à ce, que sa
tète atteignît le palais de Westminster
à Londres, c'est-à-dire le cœur même de
l'empire britannique puis/pendant une
semaine entière, elle resta immobile,
jouissant, fière et hautaine, de sa mons-
trueuse prise de possession. Des ponts
de Londres, on pouvait côté des ba-
teaux-mouches voir émerger les péris-
copes des sous-marins, tandis qu'un peu
plns loin les arbres de Gravesend et les
clochers de Southend voisinaient avec la
mâture écrasante du Venus ou avec les
'tourelles légendaires du Vrèadnought.
«Un soir, m'écrit un ami de Londres,
'je descendis la Tamise en vapeur et je
passai en revue toute la flotte. C'était
merveille de voir avec quel art de mise
en scène on avait distribué les rôles à
tous ces acteurs d'acier. Chacun avait
jeté l'ancre dans un replï du fleuve, où
quelque souvenir srlorieux de l'histoire
anglaise demeurait accroché. Le Sap-
phire et le Forward montaient la garde
devant le chantier où Pierre le Grand
travailla comme ouvrier le Pathfinder
veillait sur l'hôpital. de Greénwich, où
dorment les reliques sacrées de Nelson
le Juno mouillait à l'endroit précis d'où
sir John Franklin s'élança en 1845 sur
son fameux Erebus, et une bande de cui-
Tassés marquaient la place où Elisabeth
passa ses troupes en revue à l'heure an-
goissante où l'invincible Armada cer-
nait les côtes anglaises. Ainsi le pré-
sent, à chaque minute, rappelait le passé,
et la puissance d'aujourd'hui évoquait
les dangers, les douleurs et les gloires
d'autrefois Mais bientôt le vapeur
qui m'emportait fit un brusque coude et
au détour du fleuve un spectacle inou-
bliable se dressa devant moi. Quarante-
3iuit cuirassés étaient là, entre Southend
est Sheerness, rangés en ligne de bataille.
Quarante-huit monstres impeccablement
alignés, espoir suprême et suprême res-
source dé l'Angleterre De loin. avec
toutes ces cheminées fumantes, on eût
dit quelque usine fantastique. De près,
on demeurait ahuri et confondu. Des
milliers dp chaloupes, portant des ma-
rins ou des visiteurs, glissaient, se croi-
saient, s'accrochaient aux quarante-huit
remparts flottants tel un tourbillon de
moucherons volant autour d'une ruche.
îamais féerie plus formidable n'aura été
jouée Sur la scène du monde. »
Mais il n'y a "de pièces de théâtre va-
lant d'être retenues que celles qui par-
lent à l'âme celles qui se contentent
d'amuser les yeux sont seulement un
peu de poussière brillante qu'emporte
le vent. Or, l'Angleterre voulut que la
pièce qu'elle montait parlât à l'âme bri-
Pendant huit jours. Londres et le
Royaume-Uni tout entier furent admis
à visiter la flotte enfermée dans la Ta-
mise. Et n'entendez pas par là qu'on au-
torisa à monter à bord quelques parle-
mentaires accompagnés de dames du
monde. Non, on organisa la plus mer-
veilleuse leçon de choses qu'un gouver-
nement puisse donner à une nation. On
emmena à bord des Dreadnought.les tail-
leurs de Tooley street .et les fripiers de
,Whitechapel, et les bijoutiers de Picca-
dilly. On emmena les commerçants, les
étudiants et le peuple, le peuple surtout,
afin qu'il imprègne bien son esprit, son
cœur, sa mémoire de ce spectacle de
force, afin que chacun, même le plus
grossier et le plus épais, eût bien le sen-
timent de ce qu'était la marine de l'An-
Et la plus belle réception, celle à la-
quelle on donna' le plus d'éclat, ce ne fut
pas la réception de la famille royale, ni
celle des lords de l'amirauté, ni celle des
députés ce fut celle des marchands de
la Cité de Londres, à la tête de laquelle
se trouvait le lord-maire. Pour les repré-
sentants du commerce, pour les artisans
de la richesse nationale, pour les grands
travailleurs du royaume, la flotte de la
Tamise jugea qu'elle ne hisserait jamais
assez de banderoles à ses mâtures. On
doubla, le jour de la visite, les pavoise-
ments, les orchestres et les illumina-
tions, et pour les boutiquiers on fit ce
qu'on n'avait, pas fait pour le roi on or-
ganisa une attaque 'du grand Dread-
nouqht par toute la flottille de sous-ma-
rins.
« Messieurs, disait récemment un
Bous-secrétaire d'Etat britannique à une
délégation d'ouvriers. la marine anglaise
est. une société anonyme dont chaque
citoyen anglais est actionnaire et dont
nous ne sommes que les administra-
teurs. »
En cette semaine de juillet 1909, les
actionnaires de la marine anglaise ont
pu voir que la société était bien adminis-
trée et que le dividende de sécurité et
d'orgueil qu'on leur versait était un des
plus élevés que l'empire britannique ait.
jamais connus
Cependant, il n'y. a point de médaille
sans revers, point de fête sans deuil.
L'assemblage et la,dislocation de ce*
énorme armée s'est accomplie avec quel-
que dommage, et la représentation de
la Tamise aura coûté à la marine an-
glaise un sous-marin c6ûlé, un torpilleur
coupé en deux, deux autres torpilleurs
gravement endommagés, un croiseur
échoué. Au total trente vies humaines
perdues, plusieurs millions engloutis.
J'ai reclierché dans les journaux an-
glais des détails sur la catastrophe, mais
j'ai eu quelque peine à les trouver parmi
les comptes rendus de fêtes. J'ai voulu
voir s'il y aurait quelque critique em-
portée, quelque parole amère. quelque
blîme ému, comme en provoquent les
entrepreneurs de spectacles qui ont mal
organisé le service d'ordre à la sortie
mais je n'ai recueilli que des paroles de
remerciement et de louange pour le gou-
vernement. qui avait donné au pays cette
représentation de saine et virile beauté.
Et quand j'eiis# replié les feuilles bri-
tanniques, encore chaudes d'enthousias-
me, je ne pus m'empêcher de songer à
un autre peuple qui vit non loin de la
Tamise et qui, si pareils accidents se
fassent produits, n'eût pas manqué de
réclamer des enquêtes, des mises ert ju-
gement et des exécutions, de crier, d'ac-
cuser, de récriminer, de polémiquer, de
déblatérer et d'ailleurs de ne rien
faire pour empêcher que cela se repro-
duise.
Stéphane Lauzatme.
.PROPOS D'UN PARISIEN
Un certain docteur berlinois, M. von Ja-
gemann, a constaté que les députés de son
pays ne sont pas toujours à la hauteur de
leur mission. Pas possible M. von Ja-
gemann propose donc la création d'une uni-
versité parlementaire dont seuls les élèves
diplômés auront le droit de légiférer. Cet
original dit ceci
Il faut être diplômé pour soigner un
panaris, alors que le premier venu peut, du
jour au lendemain, gouverner. C'est illo-
gique.
Au fait, pourquoi ne reprendrions-nous
pas l'idée du herr doctor ? Je vois cela très
bien, l'université parlementaire. Quand un
garnement se serait fait chasser de par-
tout, son père dirait
Je vais le fourrer à l'école des dépu-
tés. Là, plus il criera, plus il sera gros-
sier, paresseux, ignare, menteur, plus il
donnera de horions à ses camarades, et
plus il aura de bons points
Nous avons déjà la conférence Molé où
de jeunes avocats font du parlementarisme
en chambre, en attendant qu'ils en fassent
à la Chambre mais l'école des députés
donnerait un enseignement complet. On y
apprendrait tout ce qu'il faut savoir pour
être représentant du peuple. Quelle joie
pour les parents qui auraient un fils « pre-
mier prix de bruits de pupitre » ou « ac-
cessit de cris d'animaux » Naturellement,
dans cet heureux établissement, tous les
élèves, même les cancres, promettraient
beaucoup promettre, c'est en effet bien
le moins que puisse faire un élève-député
Malheureusement, au bout de peu d'an-
nées, il y aurait autant de diplômés de
l'université parlementaire qu'il y a de mé-
decins ou d'avocats et comme, eux non
plus, n'auraient pas de clients, cela ferait
encore quelques milliers de ratés de plus.
Si bien que plus :d'une fois, en montant
dans un vieux fiacre cahotant. nous enten-
drions le cocher murmurer
Voilà ma guimbarde. Et dire qu'a-
vec mon diplôme, j'aurais pu conduire lè.
char de l'Etat Cï-ément Vautel.
AMÉLILLÂ^
Les pertes espagnoles
Les pertes marocaines
MÉuiLA, 31 juillet. Les hostilités ont
cessé depuis le combat du 27 juillet, dans
lequel le générai Pintas et cinq des six co-
lonels de brigade furent tués. Les pertes
sont évaluées au total à 30 officiers et 500
hommes.
Du côté des Rifains, qui ont manifesté
une grande bravoure, les pertes sont éva-
luées à près de 2,000 hommes.
Les pertes totales du côté des Espagnols,
depuis le 9 juillet, ont été d'environ 90 offi-
ciers et 1,000 hommes.
Aujourd'hui, l'artillerie a lancé quelques
obus contre les avant-postes rifains.
(Times, euvoyé spécial.).
ides renforts débarquent
Madrid, 1er août. On mande de Mélilla
Le Pielago et le Léon-XIH sont arrivés.
Deux bataillons sont débarqués ils ont
été reçus par les généraux Real et Arizon.
Hier soir, l'artillerie a canonné le camp
ennemi, protégeant ainsi son convoi de ra-
vitaillement pour les postes avancés.
(flouas.)
L'AÉROPLANE IDÉAL
Coûterait i Ir. 75, s'adapterait à toutes
les bicyclettes et permettrait de fouler à
-3 centimètres au-dessus du sol.
CROIENT
POUVOIR PRÉDIRE
On la prévoit à six mois de distance,
Mais, hélas! ce n'est qu'à Terre-Neuve
De quelle utilité serait, pour l'agricul-
ture et même pour l'industrie, la connais-
sance exacte des lois qui permettraient à
longue échéance d'annoncer les caractères
généraux des saisons
Des études météorologiques ont été entre-
prises dans ce sens par un certain nombre
d'hommes éminents, parmi lesquels il faut
citer en premier lieù M. Teisserenc de Bort.
En son cabinet de travail de la rue Du-
mont-dUrville, où il s'embastille de cartes
météorologiques, de documents, df, graphi-
ques, M. Teisserenc de Bort nous dit
De nombreuses recherches ont été fai-
tes pour relier les caractères du temps à des
périodes. définies, par exemple à la position
relative des astres. M. A. Poincaré, inspec-
teur général des ponts et chaussées, a mon-
tré ainsi, il y a quelques années, que le mou-
vement de la lune en déclinaison fait varier
les limites polaires des alizés.
La période des taches solaires. paralt
avoir des relations assez marquées avec
certains phénomènes, en particulier avec le
régime des pluies dans les Indes. Une com-
mission internationale, due à l'initiative de
sir Normann Lockyer, préside à ces rechar-
nnes.
M. HILDEBRANDSON M. TEISSERENC DE BORT
•)) Si on étudie la carte générale du globe,
on voit qu'il existe un certain nombre de
grands centres de fortes et de faibles pres-
sions qui se retrouvent chaque jour, mais
se déplacent légèrement autour de leur posi-
tion moyenne.
» Depuis trente ans, j'ai étudié ces ré-
gions de fortes et de faibles pressions, de
qui dépendent les caractères de nos saisons
et auxquelles j'ai donné le nom de grands
centres d'action de l'atmosphère. Des mou-
vements de ces centres, on peut prévoir le
caractère des saisons. •
n En été, lorsque :les hautes pressions
océaniennes, dont le centre est voisin des
Açores, s'étendent sur le sud de l'Angle-
terre et l'ouest de l'Europe, nous jouissons
1 d'un temps normal ciel beau ou peu nua-
geux et température estivale. Si, au con-
traire, ces hautes pressions sont refoulées
vers le sud, elles laissent le champ libre
aux tourbillons atmosphériques avec bas-
ses pressions qui d'ordinaire Ise tiennent
dans les parages de l'Islande le régime
des vents d'ouest avec pluies douces pré-
domine alors sur l'Europe occidentale. Si
ces hautes pressions remontent vers le
.nord de l'Océan, sans s'étendre sur l'Eu-
rope, nous avons en France des vents
froids assez intenses, entrecoupés de pluies
et de giboulées.
» En huer, les phénomènes sont tout
aussi caractéristiques. Si ces hautes pres-
sions envahissent l'Europe et se joignent
à celles de elles forment une sorte
de mamelon d'air qui s'oppose à l'arrivé
des vents du large *et des dépressions ba-
rométriques. L'air est Deu agité et le ré-
gime continental avec froid vif s'établit sur
nos régions.
» Les différences de temnérature des fleu-
ves ou courants marins: comme le Gulf-
Stream, influent sur le mouvement des cen-
tres d'action et aident à prévoir le sens ds
leur direction.
» Le professeur Hildebrandsson, le sa-
vant météorologiste suédois, s'est adonné
depuis quelques années à des recherches
sur les relations des grands centres d'ac
tion et des courants marins. En une série
de courbes fort suggestives, il a fait voir,
dit M. Teisserenc de Bort, que la tempéra-
ture au cap Nord en été est oproosée à celle
du printemps suivant en Islande. Le prin-
temps de l'extrême'nord de l'Amérique a
la même allure que celui d'Islande en mars
de Vannée précédente.
» De la même façon, par suite des mêmes
observations, on peut déduire, à six mois
de distance, quel sera l'été à Terre-Neuve,
d'après la température observée antériea-
rement en Islande.
» La température à St-Johns de Terre-
Neuve atteint en effet son maximum en
juillet, les années où il y a le plus de glace
dans l'Atlantique, en dehors de Terre-
Neuve. Ce fait inattendu s'explique parce
que beaucoup de glace au large devant une
côte. en refroidissant l'air, détermine la
production d'une haute pression barométri-
que et en été une haute pression est accom-
pagnée sur terre d'une température élevée.
» La branche du courant polaire, passant
à la fin de l'hiver au nord-est de l'Islande,
continue vers le sud-est et arrive jusque
dans la mer du Nord, provoquant une tem-
pérature plus ou moins basse et une pres-
sion plus ou moins haute sur cette partie
de la mer. C'est là la cause de la haute pres-
sion qui règne ordinairement au printemps.
Cette distribution de la pression amène
des vents du nord assez froids sur le nord
de l'Eûrope jusqu'en Hongrie. L'allure -e
la pression de l'air au printemps au cap
Nord est régulièrement opposée à celle de
la température simultanée à Debreczin, en
Hongrie. t
» ce sont la. conclut M. Teisserenc de
Bort, des faits fort curieux et dignes d'ob-
servation.
» Une commission internationale, réunie
il y a trois mois à Monaco, s'occupe de l'or-
ganisation d'un réseau météorologique as-
sez étendu pour embrasser les phénomènes
d'ensemble et pouvoir suivre les compensa-
tions qui s'établissent
̃ » Un grand nombre des stations néces-
saires existent déjà, mais il v en a, comme
le Spitzberg, la région du Mz;;b et quelques
îles du Pacifique, où il faudra tout or-
ganiser,, observations météorologiques et
moyens de communication. La télégraphia
sans til pourra encore, dans cette circons-
tance, rendre de signalés services. On peut
espérer qu'avec ces moyens d'informations
on pourra déduire les mouvements des cen-
tres'd'action et prévoir le temps a longue
LES FUTURS CHEFS
DE NOTRE
ARMÉE
Quels seront les deux successeurs
des généraux Brun et de Lacroix j
Avant son élévation au ministère de la
guerre, le général Brun était à la fois chef
de l'état-major général de l'armée et dési-
gné ouvertement pour succéder au général
de Lacroix. D'ores et déjà on se préoccupe
de la désignation des deux titulaires de ces
importantes fonctions.
Le nouveau chef de l'état-major général
pourrait être le général Laiton de Ladebat,
actuellement sous-chef de l'état-major. Ce
serait la solution automatique.
Le général d'Amade a également de très
grandes chances. Les partisans de ce choix
font valoir les brillantes qualités, dont le
général a fait preuve au milieu de circons-
tances difficiles. Outre sa valeur militaire,
ils louent fort sa puissance de travail et ses
remarquables qualités d'orateur.
Le successeur du général de Lacroix qui,
comme on le sait, sera atteint par la limite
d'âge le 30 août prochain, semble devoir
être le général Dalstein, gouverneur mili-
taire de Paris. Si ce choix était ratifié, le
nouveau généralissime n'exercerait que très
peu de temps ses fonctions, car lui aussi
\'501'0.' atteint par la limite d'âge le 24 octobre
1910.
Ajoutons qu'il parait certain que le géné-
ral Picquart, ancien ministre de la guerre,
sera nommé membre du conseil supérieur
de la guerre.
Quoi qu'il en soit, c'est au conseil des
ministres qu'il appartient de prendre une
décision définitive. Tout nous porte à croire
que ces questions seront examinées au
cours du prochain conseil, demain mardi.
LE FEU DÉVORE A OSAKA
TREIZE MILLE MAISONS
Toioo, 1" août Ce matin à six heures
l'incendie à Osaka était maîtrisé.
Le nombre des bâtiments qui ont été dé-
truits est évalué à 13.000. (Reuter.)
Une prouesse de l'air
Mourmelon-le-Grand, ier août. Dépêche
particulière du « Matin ». Aujourd'hui,
vers 5 heures du matin, Sommer, par un
vol magrifique de 1 heure 50 minutes 30 se-
condes, entre quinze et trente mètres de
hauteur, a battu officieusement le record
français de durée. Parti à 4 la. 48 il a atterri
à 6 h. 38' 30". Un procès-verbal de la perfor-
mance a été signé par une cinquantaine de
témoins.
Le soir, devant une foule considérable,
Sommer a fait un second vol de 26 minutes,
arrêté à la nuit.
Ainsi; M. Sommer se classe en tête des
aviateurs qui expérimentent ou font des es-
sais en France.
Les hommes volants prenant l'habitude
soit d'accomplir des prouesses sensation-
nelles, soit de batue des records, il nous
a semblé intéressant de donner un petit
tableau des meilleures performances faites
jusqu'à ce jour.
On remarquera les progrès réalisés de-
puis le commencement de cette année. Si, à
la fin de 1J08, les frères Wright pouvaient
seuls se targuer de rester une heure dans
les airs, leur situation de recordTnen semble
très ébranlée. Sommer, Henry Farman, La-
tham, Paulhan, Tissandier ont doublé le
cap de l'heure.
Ne vous étonnez pas, nous disait avant-
hier Henry Farman au banquet Blériot, si
dans quelques jours, mon ami Sommer bat
le record de durée.
L'AVIATEUR SOMMER
LES RECORDS D'AVIATION
2 h. 20' 25" W. WRIGHT (biplan Wright), Le Mans. 91 décembre 1908. R
i h. 54' 53" W. WRIGHT (biplân Wright), Le Mans, 18 décembre 1908.
i h, 50' 30" SOMMER (biplan Farman), Châlons, 1 août 1909.
i h. 23' H. FARMAN (biplan Farman, Ghâlons, 19 juillet 1999.
1 h. 31' O. WRIGHT (biplan Wright). Fort-Myer, 20 juillet 1909.
1 h. V'31" LATHAM (monoplan Antoinette), Châlons, 5 juin 1909.
i T 19" PAULHAN (biplan Voisin), Douai, 15 juillet 1909.
1 3' TISSANDIER (biplan Wright), Pau. 20 mai 1909.
Oh. 53' 30" CURTISS (biplan Herrtdg), Long-Island,17 juillet 1909.
Oh. 43' BLÉRIOT (monoplan Blériot), :EtamfOS à Orléans.iS juillet 1909.
0 h. 33' BLÉRIOT (id.) traversée de la Manche, 25 juillet 1909.
0 h.29'53" DELAGRANGE (biplan Voisin), issy, 6 septembre t90&
Péclarcifion de Ma Is-volsk
.0ui0iFS des affairés étrangères de MMMê: "'l
A bord de r "Étoile-Polaire"
L'envoyé spécial du Matin est admis
à visiter le yacht impérial russe
et il a une conversation
avec M. Isvolsky
Le ministre rend hommage
à la triple entente
Cherbourg, 1er août. Dépêche de notre
envoyé spécial. Le programme se déroule
sans accroc ni changement et avec cette ré-
gularité des choses officielles qui relève du
fatalisme..
A Theure dite, où à peu près, les gestes
prévus s'accomplissent et le soleil, dans le
ciel tout bleu, met, seul, un peu de gaîté
sur le camp retranché qui entoure le tsar et
le chef de l'Etat.
Les précautions prises hier, déjà draco*
niennes, ont été doublées.,
Pour aller à bord du Vérité, il fant pren-
dre à bord du Buffle des laissez-passer que
l'on dépose ensuite à la counée d'un contre-
torpilleur.
Les portiers-consignes de 1 arsenal sont
doublés de commissaires spéciaux ceints
d'une' écharpe. Des promeneurs, également
spéciaux, arpentent les avenues qui condui-
sent au port de guerre et dans les rues, j'ai
croisé plusieurs Russes qui, sous la conduite
de M. Bint, battent Cherbourg à la recherche
d'anarchistes connus.
Car c'est la fameuse nouvelle Sarinkoff
a échappé à la surveillance étroite dont il
était l'objet Sarinkoff, le nihiliste retors,
qui participa à tant d'attentats, a disparu,
et les anarchistes sont pour la police ce oue
les écueils sont pour les marins, c'est lors-
qu'ils sont invisibles qu'on les redoute. b
Cette consigne sévère a causé ce matin un
incident comique. Un colonel de gendarmerie
russe, mandé à bord du Standart's'est vu re-
fuser une embarcation. Il a exhibé un coupe-
file qui ne valait rien et le ciel seul sait
ce oui lui serait arrivé si sa bonne fortune
n'avait amené près de lui M. Henmon, en
visite dans l'arsenal avec le président de la
République. Explications, excuses, départ.
Sauvé
Tels sont les incidents
En dehors de ces à-côtés qui donnent un
peu de galté, rien.
Le déjeuner
L'empereur et l'impératrice ont déjeuné à
une heure à bord du Vérité.
L'impératrice portait une robe en crèpe de
Chine gris perle d'une grande simplicité
avec un chapeau garni de roses blanches
surmonté d'une aigrette également blanche.
La table était ornée d'orchidées, d'horten-
sias bleus, de roses roses, d'oeillets Olga, et
le menu fut le suivant
Cantaloups frappés au Porto
Œufs brouillés aux truffes
Truites saumonées glacées française
Cœurs de filet de bœuf villageoise
Blancs de volaille à l'ivoire
Timbales à la Montespan.
Citrons doux au marasquin
Canetons nantais bigarrade
Jambons d'York
Glaces au Xérès
Salade
Flageolets nouveaux à la créme
Glaces Montmorency
Dessert
La musique de la flotte a fait entendre des
morceaux de Tschaïkowsky, de Glinka, de
Bizet, de Saint-Saëns, de Bruneau, etc.
A cinq heures, le thé est servi stir la di-
Instantané du Matig.
Le tsar, assis à côté de M. Panières, assiste à la revue navale.
Au centre de la digue, à près de deux ki-
lomètres de toute côte, il est un fort; dit
Fort Central. C'est une tour aux murs épais,
garnis d'embrasures et de meurtrières, cou-
ronnée d'un parapet crénelé qui entoure une
plate-forme. C'est là que se dresse la tente
impériale, en toile rude, garnie de pavillons
et de damas. Au large, les sous-marins plon-
gent, les contre-torpilleurs décrivent des
ronds dans l'eau, les canots circulent sans
interruption. Sur un contre-torpilleur, la
presse asiste aux ébats des enfants impé-
riaux.
Cette digue voulue par les hommes, dres-
sée par leur volonté au-dessus des eaux,
c'est tout ce que la famille impériale verra
de la terre de France.
Un lieutenant de vaisseau m'affirme, et je
lui laisse la responsabilité de cette boutade,
que le tsarévitch aurait ainsi défini la Fran-
ce « Un mur avec des canons et du thé,
entouré d'eau de toutes parts
Après le thé, retour à bord du Standart, et
le soir, dîner offert nar Leurs Majestés à M.
le président de la République à bord du yacht
impérial.
Conférences diplomatiques
Tandis que se déroule lé programme des
fêtes officielles, la diplomatie des deux na-
tions amies et alliées travaille. Elle travaille
sans relâché conférence ce matin, à bord
du Standart conférence cet après-midi, à
bord de l'Etoile-Polaire.
A bord du Standarl, c'est l'empereur lui-
même qui a tenu à voir M.' Pichon pour
s'entretenir avec lui des vues générales de
la politique russe.
A bord de l'Etoile-Polaire, l'entretien a eu
lieu entre MM. Isvolsky, Pichon, Louis, no-
tre ambassatleur/à Saint-Pétersbourg, Néli-
dov, ambassadeur de Russie à Paris. Cette
conférence a duré plus de deux heures.
Convoqué pour quatre heures par M. Is-
volsky, à qui j'avais demandé une audience,
j'ai dû- attendre plus d'une heure la fin de
la conférence.
Gp&ce. à l'àaiabiiité du édinmaaàafft de
̃Y Etoile-Polaire, cette heure m'a paru courtes
Sous la conduite d'un officier, j'ai visité tout
le yacht construit autrefois peur servir auS
croisières d'Alexandre III. VEloile-Polair^
est une réduction du Standart, qui a seules
ment huit cents tonneaux de plus.
L"' Étoile-Polaire
Actuellement, c'est le yacht dont l'impéra»
trice Marie se sert habituellement dans ses
déplacements. Les appartements sont sim.
pies, la salle manger vaste, avec une ta-
ble en fer à cheval. A l'arrière, une plage
couvert, fermée par des panneaux vitrés
un boudoir, une chambre tendus de cretonne
à fleurs blenes un fumoir où l'empereur
Alexandre travaillait jadis. Aux murs, desf
photographies de la famille royale de Dane-
mark, des vues de ports, .quelques marins,
des rubans fanés qui ont orné des bouquets
souvenirs mélancoliques ou joyeux d'heure(
intimes. Sur une vitre, l'impératrice Ma«
rie a inscrit avec un diamant des noms e(
des dates, étapes de sa vie. Ces mémoires
tracés sur le verre avec une bague fragile
ont à la fois de la candeur et de l'humilité,
puisqu'il faut pour les graver une pierre
précieuse et qu'un choc léger peut les briser
et les détruire. Vanité des vanités.
Cinq heures un quart la conférence est
terminée. Sur la coupée tribord, MM. Pu
chon et Louis hèlent le canot qui les amè-<
nera en retard à la digue. Je me hâte vers)
l'échelle et je suis introduit auprès du mif
nistre.
Ce que dit M. Isvolsky
C'est dans le salon du rouf, où vient d'a<
voir lieu la conférence, que M. Isvolsky mf
reçoit. Le ministre a l'air content et, tout d(
suite, nous causons.
M. Isvolsky a la coquetterie de notre lans
gue il la parle lentement, mais avec un(%
précision absolue.
L'entrevue d'aujourd'hui, me dit-it^
n'est plus, cûïrune les
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