Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1909-04-29
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 29 avril 1909 29 avril 1909
Description : 1909/04/29 (Numéro 9193). 1909/04/29 (Numéro 9193).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2008
Vingfc-Sixîème Année. N° 9193 n
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RELIANT PAR SES FILS SPÉCIAUX LES QUATRE PREMIÈRES CAPITALES DU GLOBE
JJeudi 29 Avril
TOUT AUGMENTE LE BUDGET SURTOUT,
LA FRANCE COURT A L'ABIME
Il peut être intéressant de donner,
pour ceux qui n'ont pas le temps de pé-
nétrer dans l'étude détaillée du budget,
les grandes divisions de nos dépenses,
de lés grouper par nature et de montrer
unes par rapport aux autres, enfin com-
ment, dans leur ensemble, elles vont
grossissant, pour porter Bientôt les cnn-
fres dès' dépensès. publiques, si des
transformations profondes ne sont pas
apportées à notre organisme social, au
total de cinq milliards.
Les dépenses du budget de 1909 se
sont élevées à la somme de 4,005,224,676
francs, Ainsi le chiffre de 4 milliards est
aujourd'hui dépassé et l'on a atteint ce
qu'on appelait il. y ,a deux ans l'Hima-
laya des budgets. Nous allons: montrer
comment, d'escalade en escalade, on s'é-
lève maintenant à des cimes d'une hau-
teur inconnue sur notre planète.:
Si, pour prendre un point Se. repère.
On compare le budget de 1909 au pre-
jnier budget du vingtième siècle, le bud-
get de 1901, on constate que celui-ci s'é-
levait à la somme de 3,554.354,212 fr.
En huit ans, les dépenses publiques ce
sont donc augmentées de 450.870.464
francs.
Comment, dans cet accroissement des
charges, se sont comportés les grands
groupes de dépenses ?
La dette publique en 1901 était de
1,333,632,453 fer. En 1909, elle s'élève à
1,395,675,355 fr., soit un accroissement
de 62,042,902 frapes.
Les pouvoirs publics représentaient
en 1901 une dépense de 13.287,100 fr.
Celle-ci S'élève'en 1909 à 19.612, 660 fr.,
soit une augmentation de 6,325,560 fr.
Œuvres sociales.– Ces pauvres qui
constituent actuellement les éléments
déjà importants du budget social, à l'in-
térieur du budget général, sont répar-
ties dans les divers ministères sous les
rubriques suivantes mutualité, sa-
peurs-pompiers, assistance médicale,
enfants assistés, protection du premier
âge, assistance aux vieillards, retraites
aux ouvriers mineurs, caisses de. chô-
mage, inspection du travail.. L'ensemble
de ces chapitres comportait-en 1901 ume'
• dépewse de 13,673,455 fr. Au budget de
l«a,, la d<5ponno ont do *>
soit un accroissement de 58,733,145
Défense nationale. Le budget de la
défense nationale (guerre, marine et co-
lonies) s'élevait en 1901 à 1.111,612,112
francs. Il est maintenant, avec les dé-
penses du service de deux ans, de
1 214 693,109 fr. Il s'est donc accru en
huit ans de 103,080.997 francs.
L'instruction publique, avec ses ser-
vices généraux, l'enseignement etjes
constructions scolaires, avait au budget
de 1901 des crédits s'élevant à 205,145,737
francs; au budget de 1909, les crédits
sont de 273,000,600 fr. Donc un accrois-
sement de 67,854,863 francs.
Le budget de la protection agricole,
commerciale et maritime a suivi le mou-
vement général. Le service des primes
(marine marchande, filature, séricicul-
tué, lin et chanvre, encouragement aux
pêches) comportait en 1901 une dépense
de 33,776,000 fr. Il comporte maintenant
un ensemble de crédits s'élevant à
54,400,200 fr., c'est-à-dire une augmen-
tation de 20,624,200 francs.
Les dépenses des services généraux
des ministères, qui étaient en 1901 de
382711,788 francs, sont en 1909 de
389,648,557 fr.soit un accroissement de
6,936,769 francs.
Les frais de régie (finances, postes et
télégraphes et divers), qui s'élevaient au
budget de 1901 à 420,329,405 fr., attei-
gnent au budget de 1909 la somme de
545,647,195 fr., soit une augmentation
de 125,317,790 francs.
Enfin, pour être complet, les rembour-
sements (finances, postes et télégraphes
et autres) restent au budget de 1909 sen-
siblement au même chiffre qu'au bud-
get de 1901 (à 50,000 fr. près), à 40 mil-
lions environ.
Voilà l'ensemble des dépenses et leur
marche ascendante. Quelle conclusion
s'en 'dégage-t-il ? Evidemment celle-ci,
qui apparaît de toute évidence c'est que
si;, rien n'est modifié dans notre organi-
sation administrative et sociale, il n'y a
qu'à .prévoir d'énormes augmentations.
Comment, en effet, se présentent pour
l'avenir ces différentes catégoriès ?
D'abord, lés dépenses prévues sous les
rubriques dette, pouvoirs publies, ins-
truction et administration sont, surtout
ces deux dernières, à tendance très mar-
de relèvement. Malgré tout ce
qu'on a fait pour l'instruction, il faut
prévoir de nouvelles augmentations, et
en ce qui touche l'administration il n'est
pas douteux que l'agitation qui se mani-
festé en ce moment se traduira. par des
relèvements importants de crédits au
budget.
Ces rubriques étant retranchées, il
reste trois budgets qui se distinguent
nettement dans le budget général le
budget des régies d'Etat, le budget so-
cial, le budget de la défense nationale.
Or ces budgets s'annoncent comme en
pleine période d'extension.
Le budget des régies de fEtat s'élève
à 545,647,195 fr. en 1909, en augmenta-
tion, comme il a été dit, de 125,317.790
francs sur 190i, soit exactement en huit
ans le quart en plus. Sur cet accroisse-
ment, on trouve 25,559,551 .fr. pour le
ministère des finances et 98,629,639 fr.
pour le sous-secrétariat des postes et té-
légraphes.
Pour le ministère des finances, la
grosse part de l'augmentation incombe
aux manufactures. Gelles-ci coûtaient
en i901' 86 millions. Files exigent en
1909 98 millions, soit l? millions de
plus.
Quant aux postes et tëlég-raphes. il est
assez difficile de dégager toutes les cau-
ses de l'augmentation de 98 millions;
Elle est liée au développement du, trafic
(création de lignes, renforcement du
personnel, extension de tous les servi-
ces) et amélioration des conditions des
employés et ouvriers.
A- ces; services s'ajoutera encore, au
titre du ministère des travaux publics;
la nouvelles, des chemins de fer de
l'Etat, .-̃
Toutes ces. dépenses vont nécessaire-
ment s'accroître dans un avenir très
prochain.
Lc budgets social est maintenant de
72,406,600 fr.; avec le développement
des œuvres en cours et la misé en appli-
cation des nouvelles oeuvres., (retraites
aux travailleurs et retraites aux em-
ployés de chemins de .fer), il faut admet-
tre au 'prochain budget un accroisse-
ment d'environ 200 millions.'
Le budget de la défense nationale s'é«
lève .actuellement à 1 ',214.693,109; francs.
Il faut prévoir comme augmentation
pour la guerre, 55 millions (réforme de
l'artillerie), et pour la marine, 30 mil-
lions (mise au point du matériel et des
approvisionnements).
Mais il y a d'autres dépenses certaines
dans un délaï rappcoché il y a le pro-
gramme du ministère de la guerre (no-
tamment la réfection du fusil), avec 500
millions de dépenses, et le programme
de la marine, avec 200 millions.
La conclusion est que- le budget de
1909 étant de 4,005,224,676 francs, avec
les accroissements indiqués, si l'on chif-
fre sans artifice et sans dissimulation les
réformes en cours; le budget de 1910
jdoit être de 4 milliards 500 millions.
Et dans moins de cinq ans le budget
de'la France; à la vitesse acquise, dépas-
sera 5 milliards:
C'est la course à l'abîme. La France
plïé déjà sous le faix 'de' ses 'charges
financières. Il faut s'arrêter et, réformer
à la fois nos mœurs politiques, nos pra-
tiques administratives et nos méthodes
sociales.
A. Gervais,
sénateur de ta seine.
CE QUE SERA LE F MAI
Jour dé manifestation
Non de grève générale
'Quelle est- la tactique adoptée par le
comité confédéral pour le l" mai prochain ?
il ra lui-même, en un manifeste, ainsi in-
diquée • ''̃
C est en chômant tous le 1er mal que les
gouvernants pourront se rendre compte de
notre force. C'esd en revendiquant tous au
1er niai que nos patrons pourront se rendre
compte de notre désir d'émancipation:
Nous voulons un meilléur salaire et sur-
tout moins d'heures de travail. Et notre vo-
lonté nous l'affirmerons au l^'mai par des
manifestations imposantes et des meetings
nombreux.̃"̃
Donc, si les conseils du comité confédé-
ral– autrement dit dé la C. G. T. sont
suivis par la masse des travailleurs, le
l** mai prochain sera un jour de chômage
et de'revendication.
Mais si chômage veut dire repos, il n'en
est,pas de même du-mot revendication, qui
a quelque chose, d'agressif..
De son côté, le citoyen Pataud a déclaré
La grève générale n'aura jamais lieu
le 1er mai. Pour être efficace, elle doit sur-
prendre. Nous ne sommes pas assez bêtes
pour marcher quand tout est prêt contre
nous.
Et lui-même, ce jour-là, ira à Dunkerque.
Le citoyen Niel conférenciera à Romilly-
sur-Seine Yvetot, à Lausanne et Genève
Nègre, des instituteurs, à Angers Merr-
heim, à Saint-Nazaire Garnery, au Vi-
meu Bousquet, à Lyon Griffuelhes à
Orléans^ Delpech, à Brive Lévy, à Ren-
nes Luquet, Ep'ernay Simonnët, des
P. T. T. à Lorient Le Guery, à Dijon, etc.
il: ne restera donc personne à Paris.
Détrompez-vous Le soin d'organiser le;
1™ mai'dans la capitale a été confié: à deux
organisations qui sont à l'àvant-garde des
troupes.révolutionnaires J'Union des syndi-
cats de la Seine (autrement dit la Bourse du
travail de Paris) et l'Union du bâtiment, qui
comprend, du terrassier au couvreur, toutes
les corporations qui vivent du bâtiment.
L'Union des syndicats a battu, pour le 1er
mai, le rappel de toutes les troupes syndica-
listes, et le secret a été gardé sur la/forme
que devraient prendre'les manifestations im-
posantes décrétées pour ce jour.
A propos de tête de veau
Toulon, 28 avril. Dépêche particulière
du Matin ». Encore une mutinerie sur
un cuirassé Celle-ci eut lieu avant-hier, à
bord' dd Saint-Louis, pourtant pavillon du
contre-amiral Chocheprat, commandant Ia-
40 division de l'escadre.
Le Saint-Louis est actuellement dans l'ar-
senal, échoué dans un bassin. On s'était ef-
forcé de. cacher cette mutinerie, mais; les
hommes dé l'équipage du cuirassé ont parlé
et ont raconté qu'avant-hier on avait déli-
vré, pour le-repas du soir, de la tête de veau
reconnue avariée par le médecin de 2° classe
Cependant le médecin supérieur déclara que
cette viande pouvait être servie. Les hom-
mes n'en voulurent point et réclamèrent une
nourriture saine. Trois d'entré eux furent
alors punis de prison, mais leurs camarades
ne l'entendirent point ainsi et déclarèrent
qu'ils n'accepteraient pas que quelques-uns
d'entre eux soient frappés. Ils firent un tel
vacarme que les punis durent être relâchés,
tandis que devant la gravité du fapage,
soixante hommes du Masséna étaient tenus
prêts intervenir. Mais l'équipage du Saint-
Louis se borna à refuser de desservir les ta-
bles et tous les hommes allèrent se coucher.
Le vice-amiral de Jon,quières a été informé
de ces graves incidentes, mais jusqu'à pré-
ssât .âycuîve sanction- û'a été prise.
Comment faillit être tué le comte Witte
Gomment fut tué le député de gauche Soloss
Le mystérieux assassiné
[On sait qu'un terroriste du nom de Féodo-
row tenta; il y deux ans, de tuer le premier
ministre Witte. Il sut se soustraire à la p#ùce
et se réfugier en France. Aujourd'hui, le gou-
vernement russe adresse parla voie diploma-
tique au gouvernement français une demande
d'extradition concernant Féodorow. Voici, sur
cet attentat et-son tardif corollaire, les sensa-
tionnelles révélations faites par Féodorow au
comité révolutionnaire russe et qu'on veut bien
nous1 communiquer.]
Le 27 mai 1907 des enfants trouvaient sur
la ligne du chemin de fer Irinoysky à 7 kilo-
mètres de Pétersbourg le cadavre d'un jeu-
ne homme défiguré et méconnaissable. A
côté ,de, lui. gisaient pêle-mêle des produits
chimiques et des accessoires dont se ser-
vent ordinairement les terroristes pour con-
fectionner leurs bombes. L'enquête ouverte
pour établir le nom de la victime et les cir-
constances du crime n'aboutissait pas,
lorsqu'une note émanant du parti socialiste
fit savoir que le. mystérieux- assassiné était
un agent provocateur appartenant aux bàn-
des des Cent-Noirs; exécuté par ceux qu'il
avait trompés.' Cet agent se nommait A.-I.
Kazantgeff, gérant et ami du comte Bouks-
geyden, directeur de la chancellerie du gou-
verneur générai de Moscou,, le ..grand-duc
Serg£.' ̃
L'assassin
Quelles circonstances avaient précédé et
amené ce drame, comment le parti socia-
liste-révolutionnaire avait été mis au cou-
rant c'est ce que nous allons raconter. Un
matin, le lendemain de la découverte dû cri-
me,. un jeune homme, hagard, vivement agi-
té se présentait chez quelques personnalités
du parti révolutionnaire et demandait la' fa-
veur d'un entretien. Bien qu'il n'eût aucun
mot de passe et sur les apparences de sa sin-
cérité on consentit à le recevoir.
Je suis, dit-il, un grand misérable,
je viens me livrer à votre justice C'est moi
qui ai asaassiné le dépulé de gauche Soloss,
c'est aussi moi qui ai tué l'homme qu'on a
retrouvé sur la ligne d'Irinov. J'espère que
vous. allez me châtier et m'exécuter, sinon
c'est moi qui vais me suicider.
On eut toutes les peines du monde à cal-
mer son agitation croissante et à -le convain-
cre qu'on ne voulait nullement le tuer et que
le mieux était de s'expliquer et de tirer son
affaire au clair..
Le comte Witte l'échappe belle
Voici alors le récit qu'il fit:
Je me nomme Féodorow ouvrier
moi-même, je fis par l'intermédiaire d'un
autre, ouvrier de mes amis la connaissance
d'un irïdMdu nommé Kazantzeff, qui se' pré-
senta moi oommo r&volaiioaaaire maxima-
"liste:' 'Quelques temps après Kazantzéfl.
me raconta que le comte Witte étant le plus'
redoutable adversaire du peuple, le Parti
avait résolu de le frapper. Il me demanda si
je consentirais à.être l'instrument de cette
œuvre libératrice. Persuadé de travailler
pour la Révolution, j'acceptai, et il fut déci-
dé que moi et un de mes amis que j'entraî-
nai dans cette affaire nous pénétrerions sur
les toits de la demeure du comte Witte et
que par la cheminée nous descendrions dans
les appartements deux bombes à horlogerie.
» II fut ainsi fait. A neuf heures du matin
nous descendîmes les bombes, mais contrai-
rement à notre attente elles n'éclatèrent pas.
Le lendemain, à ,1'instigation de Kazantzeff,
nous retournions avec des poids de fer que
par les cheminées nous devions jeter sur les
bombes pour les faire exploser lorsque nous
apprîmes que nos engins avaient été décou-
e'rts.
» Tel est le premier attentat qui me fut
suggéré par Kazantzeff, que je perdis quel-
que temps de vue.
«Je tue Soloss »
Peu après, Kazantzeff revint et il me pro-
posa d'aller à Moscou pour une affaire
urgente, toujours décidée par le Parti, me
disait-il. J'acceptai et là il me déclara qu'un
membre du Parti ayant dérobé dans la
caisse 100.000 roubles,; je devais l'exécuter
pour que ceux qui détenaient cette somme,
pris de terreur, la rendissent. Il me montra
une maison avec une cour à double issue,
près de laquelle il serait facile de réaliser
notre entreprisé et de s'enfuir. Un matin il
me désigna brusquement le coupable et, bien
qu'avec un peu d'hésitation, je le suivis jus-
que devant la maison à. double issue. La. je
m'approchai de lui'et je. lui tirai à cinq
pas quatre coups de revolver. Je m'enfuis
par la cour comme il avait été convenu.
Doutes et remords
mon crime n'avait que trop bien
réussi. Je le sus le lendemain par les jour-
naux. Par eux aussi, je connus le nom de'
ma victime, et on devine mon étonnement
douloureux quand j'appris que j'avais tué le
député de gauche Soloss, et qu'on accusait
les Bandes Noires dp ce forfait. Des doutes
terribles m'assiégèrent et,: vainement, Ka-
̃zântzeff essaya de les écarter. De plus en
plus, il m'apparaissait comme un faux révo-
lutionnaire. J'éludai les propositions qu'il
me fit d'un attentat contre le docteur Belski
et d'une grande expropriation,
« C'est un ,Cent-Noir /))
C'est alors que je retrouvai l'ami qui
m'avait fait connaître Kazantzeff. Je lui fis
part de mes soupçons et nous résolûmes
d'éclaircir tout cela. Nous allâmes un matin
chez Kazantzeff et, profitant d'un moment
d'absence, nous découvrîmes dans ses tiroirs
des manifestes, des programmes et des insi-
gnes de la Ligue du Peuple russe. Notre
conviction était faite. L'horreur de ma situa-'
tion m'apparut et je me proposai de tirer
à la fois vengeance des erreurs où j'avais été
entraîné et des crimes commis.
« le fais justice!))
«Lorsque peu après, Kazantzeff nous pro-
posa, à mon ami et à moi, de retourner à
Pétersbourg, pour organiser un nouvel
attentat, nous feignîmes d'accepter. Il nous
donna rendez-vous sur la ligne dirinov. Il
vint, et c'est alors que je le poignardai.
Faites maintenant de moi ce que vous vou-
drez. »
Extradera-t-on ?
Tout ceci n'est pas un roman. Ce récit est
exact en tous points. Féodorow, réfugié en
France, est, comme on l'a vu par ailleurs,
par l'article de W.-L. Bôurtzew, mêlé de très
près à cette affaire, sous le coup d'une de-
mande d'extradition de la part du gouverne-
ment russe. Il ne demande qu'à aller s'exr
pliquer devant les juges de son pays. Cette
affaire ne fait d'ailleurs que commencer. Il
faut s'attendre autant et plus peut-être en-
core que dans l'affaire Azevf, à une série de
révélations stupéfiantes,
Abdul
On croit qu'il sera exécuté
-LES'
Tandis que le nouveau sultan, partant de Dolina-Bagtchë, fait le tour de sa capitale (ligne de croix), le sultan, décbtu
descendu d'Yildiz à Tcheragan, est emmené par un train spécial vers l'exU de Salonique.•'
Conbtantinople, 28 avril, 1 h. 30 soir.
Dépêche 'particulière du « Matin
Ce matin, de bonne heure, je reçus avis
du départ d'Abdu] Hamid. Je courus im-
médiatement chercher la confirmation
de cette nouvelle.
Certains prétendaient que ce départ
était une fuite.
Il est vrai qu'il y a eu « départ n, mais
faux qu'il y ait eu « fuite n.
Cette nuit, vers trois heures du matin,
sur des ordres particulièrement secrets,
un train spécial fut formé, comprenant
un wagon-salon et quelques wagons de
première classe.
Abdul Hamid fut conduit à la gare
dans une voiture fermée, encadrée de
plusieurs officiers en tenue de campa-
gne. Quelques voitures suivaient celle
du « prisonnier Il.
Le sultan déchu mit pied à terre à la
garde, entouré* des officiers qui ne le qui t-
tèrent pas un instant.
On. le fit monter de suite dans le wa-
gon-salon, pendant que quelques-unes
de ses femmes prenaient place dans les
autres voitures avec des serviteurs res-
tés fidèles au souverain détrôné.
Au dernier moment, les officiers pri-
rent place deux d'entre eux s'instal-
lèrent dans le wagon occupé par Abdul
Hamid et le train s'ébranla.
Abdul Hamid est conduit à Salonique.
Il sera interné dans la propriété Alatini.
Certains disent qu'il sera traduit devant
une cour martiale J'ai le sentiment que
c'est une façon de dire qu'il sera exécuté
et que la cour martiale n'intervient que
pour sauver les apparences, car je crois
que sa mort est décidée.
Durant tout le trajet, Abdul Hamid
eut le visage bouleversé par la frayeur.
Il tremblait de tous ses membres et
avait une seule préoccupation, celle de
sauver sa vie.
« Ne me tuez pas disait-il aux offi-
cïers qui l'accompagnaient. Mais la con-
signe de ceux-ci était de ne rien répon-
Le bruit court que le prince Sabahed-
dine serait mis en liberté. La chose est,
en tout cas, attendue. Cette arrestation
eut lieu pour écarter toute difficulé pou-
vant provenir de la proche parenté du
prince avec Abdul Hamid au moment
de la déposition.
La déchéance ayant été prononcée,
cette arrestation n'a plus de raison
d'être. Du reste, les télégrammes de Pa-
ris annonçant la mauvaise impression
produite par cette arrestation précipi-
teront sa mise en liberté.
Abdul Eamid arrive à Salonique
Salomque, 28 avril. Dépêche parti-
culière du « Matin ».– Abdul Hamid
est arrivé ce soir à dix heures en train
spécial, sous la conduite de Fethi.bey.
Il descendit à la gare militaire.
Quelques' personnes l'escortent, cet-
trente gendarmse à l'aspect assez éner-
Il refuse de monter en automobile,
mais prend place dans une voiture qui
le conduit à la villa Allatini.
Toutes mesures militaires sont prises.
Le "Fetva" '̃
CoNStANTiNOPLK, 28 avril, 5 heures du
soir. Dépêche particulière du « Ma-
tin». Voici le texte du fetva dont je
vous ai déjà parlé.
Cet acte se compose de deux parties
qui sont une question et une réponse.
La question au cheik-ul-islam est ain-
si conçue
« Lorsque le commandeur des croyants
supprimé certaines questions importan-
tes et légales des Livres- sacrés, lorsqu'il
interdit, déchire et brûle Les mêmes li-
vres, lorsque ses dépenses dilapident le
trésor public et qu'il s'en chnpafe illéga-
lement; lorsque, sans motifs légitimes, il
tue, ernprisonne,exile ses sujets et prend
l'habitude de commettre des tyrannies
de toute espèce, lorsqu'après avoir juré
de revenir à la vertu il viole son serment
et persiste à provoquer de violentes ré-
rolutions capables de troubler complè-
tentent la situation et les questions de-
l'Islam; lorsqu'il fomente des massacres-
et que, pour faire disparaître cette ty,
rannie il parvient des demandes de dé-
position-de tous les pays' musulmans
lorsque son ̃ maintien offre un danger,
certain, tandis que- sa ehute ne peut être
que favorable, tant et si bien que des.
hommes compétents jugent nécessaire
de lui proposer d'abdiquer le sultanat. et.
le kalifat sous peine d'être détrôné.
La réponse "du chéik-ûl-iâlam fut un
seul mot « Oui. »
Parmi toutes choses reprochées à Ab-
dul Hamid dans ce réquisitoire, il n'en
pas une seule qui ne, soit vraie.
Il supprima des livres connus d'his-
toire du droit musulman.
Il fit brûler des livres trouvas en Tur-
quie, interdit: qu'on les enseignât dans
la faculté de droit.
II taxa lés provinces pour doter ses fil-
les et ses esclaves.
Il ordonna des massacres d'Armé-
niens.
Les exils: et les disparitions d'Otta
mans ne se comptent plus.
Vous remarquerez que, dans ce réqui-
sitoire,le mot Constitution n'est pas pro-
noncé. ".̃
Lé Chériat, en effet, ne. reconnaît pas
ce mot.
Les massacres en Asie Mineure
Les nouvelles de l'Asie Mineure qui
sont parvenues à Paris sont très maù-:
vaises. ̃ '̃: ̃ •. ̃ ,̃
Rien ne fait mieux ressortir l'énor-
mité des massacres de chrétiens par-les
musulmans qui ont eu lieu à Adana,
Mersine, Alexandrette, etc., que le fait
que 3,200 réfugiés chrétiens sont actuel-
lement à bord des trois, croiseurs fran-
çais qui se trouvent dans le golfe
d'Alexandrette.
On ignore complètement l'étendue des
massacres dans l'intérieur de l'Asie Mi-
neure, mais on a les plus vives craintes
à ce sujet.
Lfi
ATTEND
LA HAYE,. 28 avril, 10 h. 44 du matin.
Dépêche particulière du « Matin ».
Le médecin dè la cour ne quitte plus
la chambre de la reine,' les premières
douleurs de l'enfantement ayant com-
mencé.
LA Haye, 28 avril, 8 h. 9 du soir. Dé-
pêche particulière du « Matin '».
chaque minute les bruits les plus fantai-
sistes sont mis en circulation, mais, jus-
qu'ici, c'est-à-dire jusqu'à huit heures du
soir, la délivrance n'a pas encore eu
lieu.
Devant le palais, une foule énorme
PROPOS D'UN PARISIEN
Gilbert compara la vie à un banquet
permettez-moi de la comparer à un music-
hall dont le programme .comporte, .entre
autres numéros sensationnels, le Citoyen
français dans ses transformations.
Dans le bon vieux! temps, le- papa et la
maman de Théodore disaient au coin du
feu: •̃̃̃' '.̃ ''̃̃̃'
-Notre fils est timide, respectueux, de
goûts modestes. Il met la tranquillité au
dessus de tout et n'est évidemment pas
taillé pour les luttes de la vie. C'est pour-
quoi nous en ferons un fonctionnaire
Or, qu'est-il arrivé Théodore, si timi-
de, si respectueux, si peu exigeant, si mal
taillé pour la lutte, se met en grève, parle
de sabotage et traite son ministre de haut
en bas. Chacun en est ébaubi à la manière
de la' poule qui avait couvé des canards.
Voici une autre transformation plus éton-
riante encore. Jadis, le conservateur n'a-
vait qu'un mot â la bouche l'ordre. Quand
il avait parlé du « parti dé l'ôrdre de la
« discipline sociale et des « hiérarchies
nécessaires », il avait tout dit et allait
chasser le cerf. C'est bien changé. Voici
un dialogue de conservateurs, père et fils
LE- fils. Je suis assez content de
moi. Cet après-midi, j'ai été condamné à
cinq jours de prison pour rébellion, outra-
ges aux agents et tapage nocturne.
LE PÈRE. ̃ Moi, j'ai voté pour le can-
didat socialiste unifié.
LE. fils. Je regrette de n'avoir pu
cogner sur les flics. Mon rêve, c'est d'as-
sommer un commissaire de police.
LE PÈRE. Qu'un candidat anarchiste
se présente il aura ma voix.
LE FILS. Mort aux v.
LE PÈRE. vive la sociale
Tels sont en effet les sentiments et opi-
nions des conservateurs à la mode. Ils ap-
pellent cela la « politique du pire », bien
qu'ils ne s'agisse, en somme, que de la
pire des politiques.
Il y a aussi d'autres transformations, par
exemple celle du révolutionnaire devenu
partisan de l'ordre,' mais nous n'en fini-
rions pas si nous devions énumérer toutes
ces surprenantes métamorphoses. Evidem-
ment, cela va tout de même, mais j'ai re-
marqué que lorsqu'on marche la tête en
bas, on ne va ni loin, ni vite, ni longtemps.
Clément VaIîtèl.
L'ÉTAT D'flP
DÈS
Dans' renseignement
M. ̃ Cambier, préstdent de la Fédération des
amicales d'instituteurs, a fait connaître aux
lecteurs du Matin, les sentiments de la Féqé-
ration. M. Courrèges, secrétaire général, leur
apprend aujourd'hui les détails de son orga-
nisation. '•'̃ ̃
Dans sa réponse à M. Demartial, M,
Nègre, s'exprime ainsi
ci Quant à la Fédération des amicales
d'instituteurs, qui est signalée comme
parlant au sein du comité au nom.de
95:000 membres, elle' ne constitue pas
un organisme bien défini. Les amicales
sont à peu. près indépendantes et il n'y,a
dans la fédération ni organisme régulier
centralisateur, ni représentation efféc-
tive. ̃̃̃•̃:•̃
Je regrette que .M. Nègre ne soit pas
mieux informé.
Notre fédération se compose exacte-
ment de 116 associations départementa-
les et coloniales qui paient régulière-
ment une cotisation assez élevée. Ces
associations sont placées sous le régiriu
de la loi de 1901. Il y en a quelques-unes
;qui ont pris la forme syndicale avant le
semblant d'interdiction qui découle des
votes du Parlement ces syndicats, aux-
quels on ne saurait discuter la légalité,
sont restés fidèles à la fédérationl
Ml n'est pas un département qui n'ait
s,on association, professionnelle primaire
affiliée à la Fédération nationale. La lé-
dération compte plus de 90.000 membres
du personnel enseignant primaire, sui
115.000 eh exercice. Peu d'organisations
atteignent cette proportion de 85 0/0 d'as-
sodés. Nous,avons un budget, une caisse,
de réserve, une caisse de défense, un
conseil «judiciaire. Notre action: s'exerce
jusque devant, le Conseil d'Etat^ où plu-
sieurs affaires contentieuses ont été ré-
glées à notre avantage ou sont en cours
de règlement.
Voilà l'organisme fédéral que M. Nè.
gre qualifie d'indéfini. Mais il me sem-
ble que M. Nègre s'est trouve en contact
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RELIANT PAR SES FILS SPÉCIAUX LES QUATRE PREMIÈRES CAPITALES DU GLOBE
JJeudi 29 Avril
TOUT AUGMENTE LE BUDGET SURTOUT,
LA FRANCE COURT A L'ABIME
Il peut être intéressant de donner,
pour ceux qui n'ont pas le temps de pé-
nétrer dans l'étude détaillée du budget,
les grandes divisions de nos dépenses,
de lés grouper par nature et de montrer
unes par rapport aux autres, enfin com-
ment, dans leur ensemble, elles vont
grossissant, pour porter Bientôt les cnn-
fres dès' dépensès. publiques, si des
transformations profondes ne sont pas
apportées à notre organisme social, au
total de cinq milliards.
Les dépenses du budget de 1909 se
sont élevées à la somme de 4,005,224,676
francs, Ainsi le chiffre de 4 milliards est
aujourd'hui dépassé et l'on a atteint ce
qu'on appelait il. y ,a deux ans l'Hima-
laya des budgets. Nous allons: montrer
comment, d'escalade en escalade, on s'é-
lève maintenant à des cimes d'une hau-
teur inconnue sur notre planète.:
Si, pour prendre un point Se. repère.
On compare le budget de 1909 au pre-
jnier budget du vingtième siècle, le bud-
get de 1901, on constate que celui-ci s'é-
levait à la somme de 3,554.354,212 fr.
En huit ans, les dépenses publiques ce
sont donc augmentées de 450.870.464
francs.
Comment, dans cet accroissement des
charges, se sont comportés les grands
groupes de dépenses ?
La dette publique en 1901 était de
1,333,632,453 fer. En 1909, elle s'élève à
1,395,675,355 fr., soit un accroissement
de 62,042,902 frapes.
Les pouvoirs publics représentaient
en 1901 une dépense de 13.287,100 fr.
Celle-ci S'élève'en 1909 à 19.612, 660 fr.,
soit une augmentation de 6,325,560 fr.
Œuvres sociales.– Ces pauvres qui
constituent actuellement les éléments
déjà importants du budget social, à l'in-
térieur du budget général, sont répar-
ties dans les divers ministères sous les
rubriques suivantes mutualité, sa-
peurs-pompiers, assistance médicale,
enfants assistés, protection du premier
âge, assistance aux vieillards, retraites
aux ouvriers mineurs, caisses de. chô-
mage, inspection du travail.. L'ensemble
de ces chapitres comportait-en 1901 ume'
• dépewse de 13,673,455 fr. Au budget de
l«a,, la d<5ponno ont do *>
soit un accroissement de 58,733,145
Défense nationale. Le budget de la
défense nationale (guerre, marine et co-
lonies) s'élevait en 1901 à 1.111,612,112
francs. Il est maintenant, avec les dé-
penses du service de deux ans, de
1 214 693,109 fr. Il s'est donc accru en
huit ans de 103,080.997 francs.
L'instruction publique, avec ses ser-
vices généraux, l'enseignement etjes
constructions scolaires, avait au budget
de 1901 des crédits s'élevant à 205,145,737
francs; au budget de 1909, les crédits
sont de 273,000,600 fr. Donc un accrois-
sement de 67,854,863 francs.
Le budget de la protection agricole,
commerciale et maritime a suivi le mou-
vement général. Le service des primes
(marine marchande, filature, séricicul-
tué, lin et chanvre, encouragement aux
pêches) comportait en 1901 une dépense
de 33,776,000 fr. Il comporte maintenant
un ensemble de crédits s'élevant à
54,400,200 fr., c'est-à-dire une augmen-
tation de 20,624,200 francs.
Les dépenses des services généraux
des ministères, qui étaient en 1901 de
382711,788 francs, sont en 1909 de
389,648,557 fr.soit un accroissement de
6,936,769 francs.
Les frais de régie (finances, postes et
télégraphes et divers), qui s'élevaient au
budget de 1901 à 420,329,405 fr., attei-
gnent au budget de 1909 la somme de
545,647,195 fr., soit une augmentation
de 125,317,790 francs.
Enfin, pour être complet, les rembour-
sements (finances, postes et télégraphes
et autres) restent au budget de 1909 sen-
siblement au même chiffre qu'au bud-
get de 1901 (à 50,000 fr. près), à 40 mil-
lions environ.
Voilà l'ensemble des dépenses et leur
marche ascendante. Quelle conclusion
s'en 'dégage-t-il ? Evidemment celle-ci,
qui apparaît de toute évidence c'est que
si;, rien n'est modifié dans notre organi-
sation administrative et sociale, il n'y a
qu'à .prévoir d'énormes augmentations.
Comment, en effet, se présentent pour
l'avenir ces différentes catégoriès ?
D'abord, lés dépenses prévues sous les
rubriques dette, pouvoirs publies, ins-
truction et administration sont, surtout
ces deux dernières, à tendance très mar-
de relèvement. Malgré tout ce
qu'on a fait pour l'instruction, il faut
prévoir de nouvelles augmentations, et
en ce qui touche l'administration il n'est
pas douteux que l'agitation qui se mani-
festé en ce moment se traduira. par des
relèvements importants de crédits au
budget.
Ces rubriques étant retranchées, il
reste trois budgets qui se distinguent
nettement dans le budget général le
budget des régies d'Etat, le budget so-
cial, le budget de la défense nationale.
Or ces budgets s'annoncent comme en
pleine période d'extension.
Le budget des régies de fEtat s'élève
à 545,647,195 fr. en 1909, en augmenta-
tion, comme il a été dit, de 125,317.790
francs sur 190i, soit exactement en huit
ans le quart en plus. Sur cet accroisse-
ment, on trouve 25,559,551 .fr. pour le
ministère des finances et 98,629,639 fr.
pour le sous-secrétariat des postes et té-
légraphes.
Pour le ministère des finances, la
grosse part de l'augmentation incombe
aux manufactures. Gelles-ci coûtaient
en i901' 86 millions. Files exigent en
1909 98 millions, soit l? millions de
plus.
Quant aux postes et tëlég-raphes. il est
assez difficile de dégager toutes les cau-
ses de l'augmentation de 98 millions;
Elle est liée au développement du, trafic
(création de lignes, renforcement du
personnel, extension de tous les servi-
ces) et amélioration des conditions des
employés et ouvriers.
A- ces; services s'ajoutera encore, au
titre du ministère des travaux publics;
la nouvelles, des chemins de fer de
l'Etat, .-̃
Toutes ces. dépenses vont nécessaire-
ment s'accroître dans un avenir très
prochain.
Lc budgets social est maintenant de
72,406,600 fr.; avec le développement
des œuvres en cours et la misé en appli-
cation des nouvelles oeuvres., (retraites
aux travailleurs et retraites aux em-
ployés de chemins de .fer), il faut admet-
tre au 'prochain budget un accroisse-
ment d'environ 200 millions.'
Le budget de la défense nationale s'é«
lève .actuellement à 1 ',214.693,109; francs.
Il faut prévoir comme augmentation
pour la guerre, 55 millions (réforme de
l'artillerie), et pour la marine, 30 mil-
lions (mise au point du matériel et des
approvisionnements).
Mais il y a d'autres dépenses certaines
dans un délaï rappcoché il y a le pro-
gramme du ministère de la guerre (no-
tamment la réfection du fusil), avec 500
millions de dépenses, et le programme
de la marine, avec 200 millions.
La conclusion est que- le budget de
1909 étant de 4,005,224,676 francs, avec
les accroissements indiqués, si l'on chif-
fre sans artifice et sans dissimulation les
réformes en cours; le budget de 1910
jdoit être de 4 milliards 500 millions.
Et dans moins de cinq ans le budget
de'la France; à la vitesse acquise, dépas-
sera 5 milliards:
C'est la course à l'abîme. La France
plïé déjà sous le faix 'de' ses 'charges
financières. Il faut s'arrêter et, réformer
à la fois nos mœurs politiques, nos pra-
tiques administratives et nos méthodes
sociales.
A. Gervais,
sénateur de ta seine.
CE QUE SERA LE F MAI
Jour dé manifestation
Non de grève générale
'Quelle est- la tactique adoptée par le
comité confédéral pour le l" mai prochain ?
il ra lui-même, en un manifeste, ainsi in-
diquée • ''̃
C est en chômant tous le 1er mal que les
gouvernants pourront se rendre compte de
notre force. C'esd en revendiquant tous au
1er niai que nos patrons pourront se rendre
compte de notre désir d'émancipation:
Nous voulons un meilléur salaire et sur-
tout moins d'heures de travail. Et notre vo-
lonté nous l'affirmerons au l^'mai par des
manifestations imposantes et des meetings
nombreux.̃"̃
Donc, si les conseils du comité confédé-
ral– autrement dit dé la C. G. T. sont
suivis par la masse des travailleurs, le
l** mai prochain sera un jour de chômage
et de'revendication.
Mais si chômage veut dire repos, il n'en
est,pas de même du-mot revendication, qui
a quelque chose, d'agressif..
De son côté, le citoyen Pataud a déclaré
La grève générale n'aura jamais lieu
le 1er mai. Pour être efficace, elle doit sur-
prendre. Nous ne sommes pas assez bêtes
pour marcher quand tout est prêt contre
nous.
Et lui-même, ce jour-là, ira à Dunkerque.
Le citoyen Niel conférenciera à Romilly-
sur-Seine Yvetot, à Lausanne et Genève
Nègre, des instituteurs, à Angers Merr-
heim, à Saint-Nazaire Garnery, au Vi-
meu Bousquet, à Lyon Griffuelhes à
Orléans^ Delpech, à Brive Lévy, à Ren-
nes Luquet, Ep'ernay Simonnët, des
P. T. T. à Lorient Le Guery, à Dijon, etc.
il: ne restera donc personne à Paris.
Détrompez-vous Le soin d'organiser le;
1™ mai'dans la capitale a été confié: à deux
organisations qui sont à l'àvant-garde des
troupes.révolutionnaires J'Union des syndi-
cats de la Seine (autrement dit la Bourse du
travail de Paris) et l'Union du bâtiment, qui
comprend, du terrassier au couvreur, toutes
les corporations qui vivent du bâtiment.
L'Union des syndicats a battu, pour le 1er
mai, le rappel de toutes les troupes syndica-
listes, et le secret a été gardé sur la/forme
que devraient prendre'les manifestations im-
posantes décrétées pour ce jour.
A propos de tête de veau
Toulon, 28 avril. Dépêche particulière
du Matin ». Encore une mutinerie sur
un cuirassé Celle-ci eut lieu avant-hier, à
bord' dd Saint-Louis, pourtant pavillon du
contre-amiral Chocheprat, commandant Ia-
40 division de l'escadre.
Le Saint-Louis est actuellement dans l'ar-
senal, échoué dans un bassin. On s'était ef-
forcé de. cacher cette mutinerie, mais; les
hommes dé l'équipage du cuirassé ont parlé
et ont raconté qu'avant-hier on avait déli-
vré, pour le-repas du soir, de la tête de veau
reconnue avariée par le médecin de 2° classe
Cependant le médecin supérieur déclara que
cette viande pouvait être servie. Les hom-
mes n'en voulurent point et réclamèrent une
nourriture saine. Trois d'entré eux furent
alors punis de prison, mais leurs camarades
ne l'entendirent point ainsi et déclarèrent
qu'ils n'accepteraient pas que quelques-uns
d'entre eux soient frappés. Ils firent un tel
vacarme que les punis durent être relâchés,
tandis que devant la gravité du fapage,
soixante hommes du Masséna étaient tenus
prêts intervenir. Mais l'équipage du Saint-
Louis se borna à refuser de desservir les ta-
bles et tous les hommes allèrent se coucher.
Le vice-amiral de Jon,quières a été informé
de ces graves incidentes, mais jusqu'à pré-
ssât .âycuîve sanction- û'a été prise.
Comment faillit être tué le comte Witte
Gomment fut tué le député de gauche Soloss
Le mystérieux assassiné
[On sait qu'un terroriste du nom de Féodo-
row tenta; il y deux ans, de tuer le premier
ministre Witte. Il sut se soustraire à la p#ùce
et se réfugier en France. Aujourd'hui, le gou-
vernement russe adresse parla voie diploma-
tique au gouvernement français une demande
d'extradition concernant Féodorow. Voici, sur
cet attentat et-son tardif corollaire, les sensa-
tionnelles révélations faites par Féodorow au
comité révolutionnaire russe et qu'on veut bien
nous1 communiquer.]
Le 27 mai 1907 des enfants trouvaient sur
la ligne du chemin de fer Irinoysky à 7 kilo-
mètres de Pétersbourg le cadavre d'un jeu-
ne homme défiguré et méconnaissable. A
côté ,de, lui. gisaient pêle-mêle des produits
chimiques et des accessoires dont se ser-
vent ordinairement les terroristes pour con-
fectionner leurs bombes. L'enquête ouverte
pour établir le nom de la victime et les cir-
constances du crime n'aboutissait pas,
lorsqu'une note émanant du parti socialiste
fit savoir que le. mystérieux- assassiné était
un agent provocateur appartenant aux bàn-
des des Cent-Noirs; exécuté par ceux qu'il
avait trompés.' Cet agent se nommait A.-I.
Kazantgeff, gérant et ami du comte Bouks-
geyden, directeur de la chancellerie du gou-
verneur générai de Moscou,, le ..grand-duc
Serg£.' ̃
L'assassin
Quelles circonstances avaient précédé et
amené ce drame, comment le parti socia-
liste-révolutionnaire avait été mis au cou-
rant c'est ce que nous allons raconter. Un
matin, le lendemain de la découverte dû cri-
me,. un jeune homme, hagard, vivement agi-
té se présentait chez quelques personnalités
du parti révolutionnaire et demandait la' fa-
veur d'un entretien. Bien qu'il n'eût aucun
mot de passe et sur les apparences de sa sin-
cérité on consentit à le recevoir.
Je suis, dit-il, un grand misérable,
je viens me livrer à votre justice C'est moi
qui ai asaassiné le dépulé de gauche Soloss,
c'est aussi moi qui ai tué l'homme qu'on a
retrouvé sur la ligne d'Irinov. J'espère que
vous. allez me châtier et m'exécuter, sinon
c'est moi qui vais me suicider.
On eut toutes les peines du monde à cal-
mer son agitation croissante et à -le convain-
cre qu'on ne voulait nullement le tuer et que
le mieux était de s'expliquer et de tirer son
affaire au clair..
Le comte Witte l'échappe belle
Voici alors le récit qu'il fit:
Je me nomme Féodorow ouvrier
moi-même, je fis par l'intermédiaire d'un
autre, ouvrier de mes amis la connaissance
d'un irïdMdu nommé Kazantzeff, qui se' pré-
senta moi oommo r&volaiioaaaire maxima-
"liste:' 'Quelques temps après Kazantzéfl.
me raconta que le comte Witte étant le plus'
redoutable adversaire du peuple, le Parti
avait résolu de le frapper. Il me demanda si
je consentirais à.être l'instrument de cette
œuvre libératrice. Persuadé de travailler
pour la Révolution, j'acceptai, et il fut déci-
dé que moi et un de mes amis que j'entraî-
nai dans cette affaire nous pénétrerions sur
les toits de la demeure du comte Witte et
que par la cheminée nous descendrions dans
les appartements deux bombes à horlogerie.
» II fut ainsi fait. A neuf heures du matin
nous descendîmes les bombes, mais contrai-
rement à notre attente elles n'éclatèrent pas.
Le lendemain, à ,1'instigation de Kazantzeff,
nous retournions avec des poids de fer que
par les cheminées nous devions jeter sur les
bombes pour les faire exploser lorsque nous
apprîmes que nos engins avaient été décou-
e'rts.
» Tel est le premier attentat qui me fut
suggéré par Kazantzeff, que je perdis quel-
que temps de vue.
«Je tue Soloss »
Peu après, Kazantzeff revint et il me pro-
posa d'aller à Moscou pour une affaire
urgente, toujours décidée par le Parti, me
disait-il. J'acceptai et là il me déclara qu'un
membre du Parti ayant dérobé dans la
caisse 100.000 roubles,; je devais l'exécuter
pour que ceux qui détenaient cette somme,
pris de terreur, la rendissent. Il me montra
une maison avec une cour à double issue,
près de laquelle il serait facile de réaliser
notre entreprisé et de s'enfuir. Un matin il
me désigna brusquement le coupable et, bien
qu'avec un peu d'hésitation, je le suivis jus-
que devant la maison à. double issue. La. je
m'approchai de lui'et je. lui tirai à cinq
pas quatre coups de revolver. Je m'enfuis
par la cour comme il avait été convenu.
Doutes et remords
mon crime n'avait que trop bien
réussi. Je le sus le lendemain par les jour-
naux. Par eux aussi, je connus le nom de'
ma victime, et on devine mon étonnement
douloureux quand j'appris que j'avais tué le
député de gauche Soloss, et qu'on accusait
les Bandes Noires dp ce forfait. Des doutes
terribles m'assiégèrent et,: vainement, Ka-
̃zântzeff essaya de les écarter. De plus en
plus, il m'apparaissait comme un faux révo-
lutionnaire. J'éludai les propositions qu'il
me fit d'un attentat contre le docteur Belski
et d'une grande expropriation,
« C'est un ,Cent-Noir /))
C'est alors que je retrouvai l'ami qui
m'avait fait connaître Kazantzeff. Je lui fis
part de mes soupçons et nous résolûmes
d'éclaircir tout cela. Nous allâmes un matin
chez Kazantzeff et, profitant d'un moment
d'absence, nous découvrîmes dans ses tiroirs
des manifestes, des programmes et des insi-
gnes de la Ligue du Peuple russe. Notre
conviction était faite. L'horreur de ma situa-'
tion m'apparut et je me proposai de tirer
à la fois vengeance des erreurs où j'avais été
entraîné et des crimes commis.
« le fais justice!))
«Lorsque peu après, Kazantzeff nous pro-
posa, à mon ami et à moi, de retourner à
Pétersbourg, pour organiser un nouvel
attentat, nous feignîmes d'accepter. Il nous
donna rendez-vous sur la ligne dirinov. Il
vint, et c'est alors que je le poignardai.
Faites maintenant de moi ce que vous vou-
drez. »
Extradera-t-on ?
Tout ceci n'est pas un roman. Ce récit est
exact en tous points. Féodorow, réfugié en
France, est, comme on l'a vu par ailleurs,
par l'article de W.-L. Bôurtzew, mêlé de très
près à cette affaire, sous le coup d'une de-
mande d'extradition de la part du gouverne-
ment russe. Il ne demande qu'à aller s'exr
pliquer devant les juges de son pays. Cette
affaire ne fait d'ailleurs que commencer. Il
faut s'attendre autant et plus peut-être en-
core que dans l'affaire Azevf, à une série de
révélations stupéfiantes,
Abdul
On croit qu'il sera exécuté
-LES'
Tandis que le nouveau sultan, partant de Dolina-Bagtchë, fait le tour de sa capitale (ligne de croix), le sultan, décbtu
descendu d'Yildiz à Tcheragan, est emmené par un train spécial vers l'exU de Salonique.•'
Conbtantinople, 28 avril, 1 h. 30 soir.
Dépêche 'particulière du « Matin
Ce matin, de bonne heure, je reçus avis
du départ d'Abdu] Hamid. Je courus im-
médiatement chercher la confirmation
de cette nouvelle.
Certains prétendaient que ce départ
était une fuite.
Il est vrai qu'il y a eu « départ n, mais
faux qu'il y ait eu « fuite n.
Cette nuit, vers trois heures du matin,
sur des ordres particulièrement secrets,
un train spécial fut formé, comprenant
un wagon-salon et quelques wagons de
première classe.
Abdul Hamid fut conduit à la gare
dans une voiture fermée, encadrée de
plusieurs officiers en tenue de campa-
gne. Quelques voitures suivaient celle
du « prisonnier Il.
Le sultan déchu mit pied à terre à la
garde, entouré* des officiers qui ne le qui t-
tèrent pas un instant.
On. le fit monter de suite dans le wa-
gon-salon, pendant que quelques-unes
de ses femmes prenaient place dans les
autres voitures avec des serviteurs res-
tés fidèles au souverain détrôné.
Au dernier moment, les officiers pri-
rent place deux d'entre eux s'instal-
lèrent dans le wagon occupé par Abdul
Hamid et le train s'ébranla.
Abdul Hamid est conduit à Salonique.
Il sera interné dans la propriété Alatini.
Certains disent qu'il sera traduit devant
une cour martiale J'ai le sentiment que
c'est une façon de dire qu'il sera exécuté
et que la cour martiale n'intervient que
pour sauver les apparences, car je crois
que sa mort est décidée.
Durant tout le trajet, Abdul Hamid
eut le visage bouleversé par la frayeur.
Il tremblait de tous ses membres et
avait une seule préoccupation, celle de
sauver sa vie.
« Ne me tuez pas disait-il aux offi-
cïers qui l'accompagnaient. Mais la con-
signe de ceux-ci était de ne rien répon-
Le bruit court que le prince Sabahed-
dine serait mis en liberté. La chose est,
en tout cas, attendue. Cette arrestation
eut lieu pour écarter toute difficulé pou-
vant provenir de la proche parenté du
prince avec Abdul Hamid au moment
de la déposition.
La déchéance ayant été prononcée,
cette arrestation n'a plus de raison
d'être. Du reste, les télégrammes de Pa-
ris annonçant la mauvaise impression
produite par cette arrestation précipi-
teront sa mise en liberté.
Abdul Eamid arrive à Salonique
Salomque, 28 avril. Dépêche parti-
culière du « Matin ».– Abdul Hamid
est arrivé ce soir à dix heures en train
spécial, sous la conduite de Fethi.bey.
Il descendit à la gare militaire.
Quelques' personnes l'escortent, cet-
trente gendarmse à l'aspect assez éner-
Il refuse de monter en automobile,
mais prend place dans une voiture qui
le conduit à la villa Allatini.
Toutes mesures militaires sont prises.
Le "Fetva" '̃
CoNStANTiNOPLK, 28 avril, 5 heures du
soir. Dépêche particulière du « Ma-
tin». Voici le texte du fetva dont je
vous ai déjà parlé.
Cet acte se compose de deux parties
qui sont une question et une réponse.
La question au cheik-ul-islam est ain-
si conçue
« Lorsque le commandeur des croyants
supprimé certaines questions importan-
tes et légales des Livres- sacrés, lorsqu'il
interdit, déchire et brûle Les mêmes li-
vres, lorsque ses dépenses dilapident le
trésor public et qu'il s'en chnpafe illéga-
lement; lorsque, sans motifs légitimes, il
tue, ernprisonne,exile ses sujets et prend
l'habitude de commettre des tyrannies
de toute espèce, lorsqu'après avoir juré
de revenir à la vertu il viole son serment
et persiste à provoquer de violentes ré-
rolutions capables de troubler complè-
tentent la situation et les questions de-
l'Islam; lorsqu'il fomente des massacres-
et que, pour faire disparaître cette ty,
rannie il parvient des demandes de dé-
position-de tous les pays' musulmans
lorsque son ̃ maintien offre un danger,
certain, tandis que- sa ehute ne peut être
que favorable, tant et si bien que des.
hommes compétents jugent nécessaire
de lui proposer d'abdiquer le sultanat. et.
le kalifat sous peine d'être détrôné.
La réponse "du chéik-ûl-iâlam fut un
seul mot « Oui. »
Parmi toutes choses reprochées à Ab-
dul Hamid dans ce réquisitoire, il n'en
pas une seule qui ne, soit vraie.
Il supprima des livres connus d'his-
toire du droit musulman.
Il fit brûler des livres trouvas en Tur-
quie, interdit: qu'on les enseignât dans
la faculté de droit.
II taxa lés provinces pour doter ses fil-
les et ses esclaves.
Il ordonna des massacres d'Armé-
niens.
Les exils: et les disparitions d'Otta
mans ne se comptent plus.
Vous remarquerez que, dans ce réqui-
sitoire,le mot Constitution n'est pas pro-
noncé. ".̃
Lé Chériat, en effet, ne. reconnaît pas
ce mot.
Les massacres en Asie Mineure
Les nouvelles de l'Asie Mineure qui
sont parvenues à Paris sont très maù-:
vaises. ̃ '̃: ̃ •. ̃ ,̃
Rien ne fait mieux ressortir l'énor-
mité des massacres de chrétiens par-les
musulmans qui ont eu lieu à Adana,
Mersine, Alexandrette, etc., que le fait
que 3,200 réfugiés chrétiens sont actuel-
lement à bord des trois, croiseurs fran-
çais qui se trouvent dans le golfe
d'Alexandrette.
On ignore complètement l'étendue des
massacres dans l'intérieur de l'Asie Mi-
neure, mais on a les plus vives craintes
à ce sujet.
Lfi
ATTEND
LA HAYE,. 28 avril, 10 h. 44 du matin.
Dépêche particulière du « Matin ».
Le médecin dè la cour ne quitte plus
la chambre de la reine,' les premières
douleurs de l'enfantement ayant com-
mencé.
LA Haye, 28 avril, 8 h. 9 du soir. Dé-
pêche particulière du « Matin '».
chaque minute les bruits les plus fantai-
sistes sont mis en circulation, mais, jus-
qu'ici, c'est-à-dire jusqu'à huit heures du
soir, la délivrance n'a pas encore eu
lieu.
Devant le palais, une foule énorme
PROPOS D'UN PARISIEN
Gilbert compara la vie à un banquet
permettez-moi de la comparer à un music-
hall dont le programme .comporte, .entre
autres numéros sensationnels, le Citoyen
français dans ses transformations.
Dans le bon vieux! temps, le- papa et la
maman de Théodore disaient au coin du
feu: •̃̃̃' '.̃ ''̃̃̃'
-Notre fils est timide, respectueux, de
goûts modestes. Il met la tranquillité au
dessus de tout et n'est évidemment pas
taillé pour les luttes de la vie. C'est pour-
quoi nous en ferons un fonctionnaire
Or, qu'est-il arrivé Théodore, si timi-
de, si respectueux, si peu exigeant, si mal
taillé pour la lutte, se met en grève, parle
de sabotage et traite son ministre de haut
en bas. Chacun en est ébaubi à la manière
de la' poule qui avait couvé des canards.
Voici une autre transformation plus éton-
riante encore. Jadis, le conservateur n'a-
vait qu'un mot â la bouche l'ordre. Quand
il avait parlé du « parti dé l'ôrdre de la
« discipline sociale et des « hiérarchies
nécessaires », il avait tout dit et allait
chasser le cerf. C'est bien changé. Voici
un dialogue de conservateurs, père et fils
LE- fils. Je suis assez content de
moi. Cet après-midi, j'ai été condamné à
cinq jours de prison pour rébellion, outra-
ges aux agents et tapage nocturne.
LE PÈRE. ̃ Moi, j'ai voté pour le can-
didat socialiste unifié.
LE. fils. Je regrette de n'avoir pu
cogner sur les flics. Mon rêve, c'est d'as-
sommer un commissaire de police.
LE PÈRE. Qu'un candidat anarchiste
se présente il aura ma voix.
LE FILS. Mort aux v.
LE PÈRE. vive la sociale
Tels sont en effet les sentiments et opi-
nions des conservateurs à la mode. Ils ap-
pellent cela la « politique du pire », bien
qu'ils ne s'agisse, en somme, que de la
pire des politiques.
Il y a aussi d'autres transformations, par
exemple celle du révolutionnaire devenu
partisan de l'ordre,' mais nous n'en fini-
rions pas si nous devions énumérer toutes
ces surprenantes métamorphoses. Evidem-
ment, cela va tout de même, mais j'ai re-
marqué que lorsqu'on marche la tête en
bas, on ne va ni loin, ni vite, ni longtemps.
Clément VaIîtèl.
L'ÉTAT D'flP
DÈS
Dans' renseignement
M. ̃ Cambier, préstdent de la Fédération des
amicales d'instituteurs, a fait connaître aux
lecteurs du Matin, les sentiments de la Féqé-
ration. M. Courrèges, secrétaire général, leur
apprend aujourd'hui les détails de son orga-
nisation. '•'̃ ̃
Dans sa réponse à M. Demartial, M,
Nègre, s'exprime ainsi
ci Quant à la Fédération des amicales
d'instituteurs, qui est signalée comme
parlant au sein du comité au nom.de
95:000 membres, elle' ne constitue pas
un organisme bien défini. Les amicales
sont à peu. près indépendantes et il n'y,a
dans la fédération ni organisme régulier
centralisateur, ni représentation efféc-
tive. ̃̃̃•̃:•̃
Je regrette que .M. Nègre ne soit pas
mieux informé.
Notre fédération se compose exacte-
ment de 116 associations départementa-
les et coloniales qui paient régulière-
ment une cotisation assez élevée. Ces
associations sont placées sous le régiriu
de la loi de 1901. Il y en a quelques-unes
;qui ont pris la forme syndicale avant le
semblant d'interdiction qui découle des
votes du Parlement ces syndicats, aux-
quels on ne saurait discuter la légalité,
sont restés fidèles à la fédérationl
Ml n'est pas un département qui n'ait
s,on association, professionnelle primaire
affiliée à la Fédération nationale. La lé-
dération compte plus de 90.000 membres
du personnel enseignant primaire, sui
115.000 eh exercice. Peu d'organisations
atteignent cette proportion de 85 0/0 d'as-
sodés. Nous,avons un budget, une caisse,
de réserve, une caisse de défense, un
conseil «judiciaire. Notre action: s'exerce
jusque devant, le Conseil d'Etat^ où plu-
sieurs affaires contentieuses ont été ré-
glées à notre avantage ou sont en cours
de règlement.
Voilà l'organisme fédéral que M. Nè.
gre qualifie d'indéfini. Mais il me sem-
ble que M. Nègre s'est trouve en contact
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