Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1911-12-23
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 23 décembre 1911 23 décembre 1911
Description : 1911/12/23 (Numéro 12838). 1911/12/23 (Numéro 12838).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/06/2008
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Hygiène et médecine
chinoises
Ou a beaucoup écrit sur la médecine
des Chinois, et le plus souvent, ce sont
relations de seconde main qui ne nous
renseignent qu'inexactement ou impar-
faitement. Par bonne fortune, nous
avons eu en mains des documents pui-
sés, à la source même, et dont la qualité
de leurs auteurs nous est un sûr garant
d'authenticité et de véracité.
Voici, d'après le docteur E. Jeanselme,
professeur agrégé à la Faculté de méde-
cine de Paris, et qui a fait de longs sé-
jours en Extrême-Orient, un aperçu de
l'hygiène, publique et privée, dans ces
pays lointains.
Dans une capitale, comme Yunnan-
Sen, où vivent 70,000 à 80,000 habi-
tants, c'est à peine si quelques charret-
tes à bras circulent par la ville pour
recevoir les immondices; en réalité, ce
sont les chiens et les porcs qui sont
chargés du service de la voirie, mais ne
cherchez pas, dans les détritus de toute
sorte qui souillent la rue, des fragments
de papier imprimé les caractères d'im-
primerie sont, pour les Chinois, en
quelque sorte sacrés et ils ont coutume
de jeter les feuilles écrites*, hors d'usa-
ge, dans des corbeilles accrochées aux
façades des maisons à certaines épo-
ques, ces corbeilles sont apportées à la
pagode, où leur contenu est brûlé dans
de petits fours crématoires, spéciale-
ment affectés à cette opération.
Dans cette même capitale, il n'y a pas
d'égouts, et la vidange se fait en plein
jour au moyen de seaux de bois non
couverts.
L'hygiène privée du Chinois ne laisse
pas moins à désirer. La demeure du
mandarin ne vaut guère mieux que
l'auberge, au point de vue hygiénique,
bien qu'elle soit, d'apparence, plus con-
fortable.
Comme dans les habitations gréco-
romaines, tous les appartements pren-
nent jour sur une cour intérieure enca-
drée d'un portique. Les pièces d'appa-
rat, toujours situées au rez-de-chaussée,
ne sont fermées que par des vantaux de
bois, au nombre de six à huit, qu'on
ouvre les jours de réception afin que le
public, massé dans la cour, puisse as-
sister à l'audience comme à un spec-
tacle.
Quant aux pièces, réservées à l'habi-
tation privée, elles sont petites, à demi-
obscures, ne prenant jour que par une
étroite fenêtre, dont le panneau peut
être fixe ou s'ouvrir à la façon d'une ta-
batière.
Les chambres n'étant pas élevées sur
caves, l'humidité les pénètre aisément
le soleil y pénètre rarement, du reste
par contre, l'air y entre trop. Les por-
tes sont mal jointes les claires-voies
sont recouvertes d'une mince feuille de
papier de riz, presque toujours en lam-
beaux aussi les bronchites sont-elles
fréquentes.
Dans chaque chambre, nous dit, d'au-
tre part, le docteur Pierre Richard, tout
le mobilier se réduit, ou à peu près, au
kang, « lit de camp en maçonnerie que
recouvrent des nattes ou des couvertu-
res crasseuses, et où l'on s'assied, où
l'on se couche, où l'on mange, où l'on
fait tout ». Sous le kang on allume des
herbes sèches, raclées péniblement dans
la plaine et, pour mieux lutter contre le
froid, on y adjoint un réchaud, où brû-
lent des morceaux de charbon, au ris-
que de s'asphyxier, si les ouvertures
étaient hermétiquement closes ce qui,
comme nous venons de le dire, n'arrive
jamais.
L'alimentation ne le cède en rien à
l'habitat le Chinois mange peu ou pas
de viande une fois par semaine, on
voit sur sa table du lard ou du porc
frais les autres jours, il se contente à
peu près exclusivement de riz ou de
bouillie de millet quelques-uns, les
plus fortunés, se gorgent de sucreries
et de mets épicés, et, comme ils font,
outre cela, peu d'exercice, la graisse
ne tarde pas à les envahir.
Ceux qui ne sont pas dans l'aisance
s'en tiennent à des oignons des légu- j
mes verts en été, des choux conservés
en hiver et des pâtes.
Ordinairement, le Chinois manae en
silence et avec lenteur, ainsi qu'il con-
vient a un végétarien qui doit broyer;
et insaliver un gros bol alimentaire. Il
ne boit jamais durant le repas; mais
celui-ci terminé, il avale plusieurs tas-
ses de thé ou d'une infusion chaude.
Comme le débit de thé tient en Chine
V
la place que le cabaret occupe en Occi-
dent, l'alcoolisme y fait peu de ravages.
On l'y constate, cependant, chez les
consommateurs d'eaux-de-vie de riz il
est des régions où l'abus de cette li-
queur est extrêmement répandu les
dyspepsies, les maladies du foie en sont
la conséquence.
Ce ne sont pas les seules maladies qui
frappent les Chinois !e paludisme, la
dysenterie y font aussi de grands rava-
ges, indépendamment des fléaux épidé-
miques tels que la variole, la lèpre et
la peste.
Il subsiste des préjugés indéracinés,
contre lesquels la lutte sera longue
mais nos médecins des colonies ont dé-
jà obtenu des résultats intéressants. Les
malades guéris par eux font des dé-
monstrations de profond respect, lors-
que leur sauveur repasse dans leur vil-
lage. Ils appellent leurs amis et connais-
sances, leur montrant les cicatrices de
leurs plaies,vantant l'habileté du sa-
vant d'Occident. Celui-ci pénètre plus
facilement dans les intérieurs, est ad-
mis avec moins d'hésitation au foyer
les femmes consentent à se laisser exa-
miner, bien que la Chinoise éprouve
toujours beaucoup de répulsion pour
l'Européen.
L'étranger est pour elle un diable et
sa première pensée est de fuir à son
approche, comme si elle voyait en lui
un suppôt de Satan
Le bonze, le devin gardent toute leur
autorité, conservent tout leur prestige.
Les paysans ne ma,nquent pas de s'a-
dresser à eux d'abord, et ce n'est qu'en
cas d'insuccès et quand leur état devient
désespéré, qu'ils recourent à nos con-
frères.
Le plus généralement, ils se procu-
rent, dans les temples, moyennant fi-
nances, des feuilles de papier jaune,
sur lesquelles sont imprimées soit une
tête de buffle, soit une tête de chien, ou
les deux à la fois. Le papier est réduit
en cendres, puis avalé. Nous sommes là
en pleine magie mais on utilise égale-
ment les ressources de la pharmacopée.
Le médecin chinois n'a chez lui que
les drogues les plus usuelles pour les
autres il se rend chez l'herboriste qui
lui vend, en plus ou moins grande quan-
tité, la plante ou la substance qui lui
est demandée.
Contrairement à ce qui se passe chez
nous, le médecin compose toujours et
dose lui-même ses médicaments il est
à la fois docteur et pharmacien il fait
l'ordonnance et il la remplit seulement,
comme il n'a pas les fonds nécessaires
pour avoir des provisions, il achète au
jour le jour ce qui lui est nécessaire.
Le praticien qui a une belle clientèle
ne sort que pour les malades alités ou
pour ceux qui peuvent le rémunérer
convenablement les autres se rendent
à sa consultation, ou envoient un des
leurs chargé d'expliquer le mal dont
ils souffrent.
On dit que les Chinois iépugnent à
toute amputation que le sacrifice d'un
membre est considéré par eux comme
un crime envers la famille. Cela pou-
vait être vrai- autrefois mais ces allé-
gations sont exagérées, pour le moins,
à l'heure actuelle. Depuis que les méde-
cins européens ont commencé à exercer
en Chine cette répugnance a notable-
ment diminué.
Mais d'autres préjugés à l'égard de
notre mode de traitement des maladies
sont en voie de disparition il appar-
tient à nos médecins, ces excellents
agents de pénétration pacifique, de
poursuivre une œuvre si bien commen-
cée et d'étendre à ces races, qui nous
connaissent encore si mal, les bienfaits
de la civilisation et du progrès.
Docteur CABANES.
Important succès
des Turcs
Les Italiens auraient été contraints d'évacuer
l'oasis de Zanzaur.
Les nouvelles les plus contradictoires ont
été publiées au sujet de l'important engage-
ment du 19 décembre entre les troupes tur-
ques et italiennes il semble cependant, d'a-
près les dernières informations, que ce com-
bat ait été plutôt un revers pour la colonne
Fava. Celle-ci, en effet, qui se proposait
pour objectif l'occupation de l'oasis de Bir-
tobras, dut battre en retraite devant les con-
tingents arabes et regagner le camp d'Aïn
Zara. D'autre part, d'après une dépêche de
Constantinople, les Italiens auraient subi
un nouvel échec, particulièrement impor-
tant, dans l'oasis de Zanzaur, et ils auraient
été contraints d'évacuer cette ville à la sui-
te d'une sanglante rencontre qui leur aurait
coùté 40 morts et 300 blessés.
Enfin, contrairement à certaines informa-
tions, le gouvernement ottoman serait ré-
solu à poursuivre les hostilités avec la der-
nière énergie.
Dans l'oasis du Zanzaur
Constantinople, décembre,.
Une dépêche du commandant lex troupes
de Tripolilaine aancnce que tes troupes ita-
lienne* gui occupent Zanzaur ont essayé de
détruire les communications létégraphiques
turques dans cette région, mais elles ont dû
se replier sur Zanzaur deuant la résistance
des Turcs et des Arabes.
Le lendemain, les Turcs et Les Arabes ont'
attaqué Zanzaur et les Italiens ont dû éva-
cuer la villa. Its auraient perdu, 40 morts,
donf S officiers, et auraient eu plus de 300
blessés. Les Turcs et les Arabes auraient eu
9 morts et Turcs et
Résistance à outrance
Constanlinople, 22 déccmbre.
Une note officieuse, rappelant fes déclara-
tions (allas samedi par Sald pacha au su.jet
de la paix, ajoute que la Porte, loin de son-
(jer Il formuler des propositions de paix, est j
résolue plus que jamais à ta résistanee
Dans la mer Rouge
(lonst-antinople, ̃£> décembre.
D'après des renseignements officiels, un
cioisfur italien a bombardé un poste mi-
litaire rte l'ile de Safer. sur \n côte de l'Yé-
mçn. Le croiseur italien a capturé dans la
mer Rouge le vapeur turc Menzaleh, qui
se rendait à Hodeidah et à bord duquel se
trouvait une somme de 750,000 francs.
UNE SCÈNE D'HORREUR AU PÈRE-LACHAISE
La tombe de Mme Lantelme
profanée par des voleurs
Après avoir pénétré dans le caveau, les malfaiteurs ont défoncé
le cercueil. Ils voulaient s'emparer des bijoux de la morte,
mais ceux-ci échappèrent à leur convoitise
Une profanation odieuse a été accomplie
dans la nuit d'hier au cimetière d'i Père-La-,
chaise: la sépulture de la,,
charmante arliste dont on se rapnclle lit
mort tragique dans le Rhin, a été violée par
des cambrioleurs audacieux qui pensaient
trouver sur la morte les bijoux dont des
mains pieuses l'avaient parée avant de la
conduire à su dernière demeure.
Mme Lantelme, qui était, on le sait, l'épouse
de M. Edwards, avait été transportée dans
le caveau de la famille Edwards, situé dans
la 89e division, près de l'avenue transver-
sale n° 1. C'est un monument en grès poli,
haut de six mètres, large de cinq entouré
d'une grille la face principale est surmon-
tée d'une urne funéraire sous laquelle sont
gravés ces mots ci Requies xlcrna. Fa-
mille Edwards. Un vitrail éclaire la cha-
pelle funéraire.
La découverte du crime
Or, hier matin, vers huit heures, un fos-
soyeur, en passant devant le caveau, cons-
tata que le vitrail avait été brisé il crut
tout d'abord que ce fait pouvait s'expliquer
par la tempête de la nuit cependant, et pour
plus de sûreté, il s'approcha du monument,
en fit le tour, et s'aperçut avec surprise,
que la grille en avait été forcée. Le brave
homme se rendit aussitôt chez le conser-
vateur du cimetière et le mit au courant de
ses observations.
Le conservateur, avant de se rendre sur
les lieux, fit prévenir M. Deslandes, com-
missaire de police du quartier du Père-La-
chaise, lequel vint le rejoindre avec son se-
crétaire, M. Constant Poggi. L'enquête com-
mença aussitôt.
Avant de pénétrer dans le monument, le
magistrat jeta d'abord un coup d'oeil à tra-
vers le vitrail, dont le grillage protecteur
avait été soulevé avec soin, par une main
habile il constata qu'une statue de la Vier-
ge et un Christ avaient été enlevés le fos-
soyeur, en explorant les tombes voisines,
retrouva les deux objets, qu'on avait en-
fouis, quelques mètres plus loin, derrière
la tombe de Mme Thérèse-Caroline Si-
mon. Les voleurs n'avaient donc pas voulu
se charger de ces objets, dont la valeur pécu-
niaire ne leur avait pas paru suffisante ils
avaient, par conséquent, visé les bijoux que
l'on avait dit placés dans le cercueil, notam-
ment un collier de perles qui, avait-on ra-
conté, représentait 250,000 francs.
11 fallait, pour constater le vol, descendre
dans le caveau. Or, une odeur épouvantable
se dégageait. Il était impossible de s'ap-
procher du cercueil.
M. Desla,ndes décida de faire aérer et dé-
sinfecter la fosse.
Les sapeurs-pompiers de la caserne de la
rue Haxo arrivèrent peu après, avec un ap-
pareil de ventilation puissant.
La omrcuell mu fmu I
Il était à peine en fonctions qu'un incident
terrifiant se produisit le feu se déclarait au
triple cercueil de Mme Lantelme
On dut appeler en hâte une nouvelle
équipe de pompiers. Le commencement
d'incendie fut rapidement maîtrisé.
Quelle en était la cause ? On l'ignore exac-
tement jusqu'ici. On suppose que les pro-
fanateurs avaient jeté une allumette encore
en ignition dans la ouate dont le cercueil
était bourré. et que le feu, après avoir cou-
vé longtemps, avait soudain éclaté dès l'ap-
pel d'air du ventilateur.
L'incendie éteint, M. Deslandes «fit fermer
les portes du caveau, en attendant de pou-
¡ voir procéder, dans l'après-midi, à de nou-
i veltes constatations moins superficielles que
j celles de la matinée, en présence du juge
d'instruction désigné par le parquet.
A midi, le commissaire se retira en lais-
sant le monument funéraire sous la' garde
de nombreux agents et de plusieurs gar-
diens du cimetière. La consigne était for-
melle: défense à quiconque de franchir un
rayon de cent mètres autour du monument,
défense également de fournir à qui que ce
soit le moindre renseignements.
Sous la pluie battante, le cimetière était
presque désert. De rares habitants du quar-
tier passant par hasard à proximité venaient
jeter un rapide coup d'oeil sur l'endroit où
Il s'était passé quelque chose et s'éloignaient
On retrouve les outil»
Cependant les recherches continuaient
aux alentours du caveau. A une quinzaine
de mètres plus loin un gardien, qui mar-
chait les yeux fixés terre, aperçut une tige
de bois rouge qui émergerait d'un tertre fu-
néraire fraîchement remué. Il allait passer
sans prêter plus d'attention à cette décou-
verte.
Qu'est-ce là ? interrogea M. Deslandes,
qui se trouvait aux côtés du gardien.
Une racine d'arbre, monsieur le com-
missaire.
Vous croyez ? Qu'on fouille tout de
méme!
On fouilla et l'on mit à jour un vilebrequin,
une pince-monseigneur et une petite pince
coupante, dite pince de gazier ou pince uni-
verselle et deux tournevis, qui furent trans-
portés au commissariat et mis sous scellés.
Puis, M. Deslandes poursuivit ses investi-
gations et arriva, peu à peu, à reconstituer
la scène du crime.
Les violateurs de sépulture étaient deux
au moins. La trace de leurs pas a été rele-
vée. Ils ont dû se laisser enfermer dans le
cimetière qu'ils ne connaissaient sans doute
pas très bien. Ils craignaient de ne pouvoir
trouver leur chemin, dans une nuit opaque,
sans lumière. Ils ont passé une partie de la
ntrit, à l'abri, sous les vastes corridors du
columbarium, édifié à quelques pas du ca-
veau Edwards.
Puis ils ont accompli leur forfait. Le plus
petit, le plus mince des deux, est entré dans
la chapelle funéraire après avoir, nous l'a-
vons dit, scié une grille et brisé un vitrail
très épais. Il a enlevé la statuette et le
Christ qui le gênaient. Enfin, il est entré. Il
a dévissé la serrure, de l'intérieur, et a
ouvert la porte à son complice, le « cos-
taud », l'homme aux poings noueux, aux
membres solides, aux nerfs plus solides en-
core, qui s'est attaqué au sépulcre.
La scène macabre
Le misérable a descellé la pierre tombale,
il l'a rejetée de côté et le voici maintenant
penché au-dessus du trou noir et profond, où
s'étagent de chaque côté les cases funérai-
res. En s'éclairant d'une lanterne sourde, il
scrute les ténèbres. Les cases sont vides.
Une seule, la première, en haut, à droite,
contient un cercueil. 11 n'y a pas à se trom-
per c'est celui de la pauvre Lantelme. C'est
là qu'il faut chercher.
Et l'ignoble voleur de morts, aidé de son
complice, sans doute, car ses seules forces
n'y auraient pu suffire, attire à lui la lourde
bière. la soulève légèrement, glisse dessous
une règle de bois épais et fort, puis fait pi-
voter d'un quart de cercle le pesant fardeau,
l'attire encore à lui jusqu'à, ce que enfin
l'extrémité qu'il tient s appuie sur le rebord
de la case opposée.
.Ainsi maintenant le cercueil est. en tra-
vers du caveau, on pourra travailler com-
modément.
Tout de suite, en effet, car il ne faut
pas perdre de temps, on se -met à 1'oeuvre,
Le malfaiteur, avec son. vilbrequin, a enlevé
les vis profondes de la bière. Le couvercle
est retiré. Il le pose sur un fauteuil qui est
là, dans le caveau. Maintenant, c'est' une j
ne de plomb qui s'offre, massive, unie.
j^iviolable en apparence.
L3 misérable prend sa pince. Des coups
martelleni le métal qui plie peu peu. Le
plat de l'outil s'insinue dans une fissure
une pesée voilà le cercueil de plomb à la
merc; du profanateur. Encore quelques
efforts, le dernier cercueil, la couche su-
préme de Mme Lantelme est sous sa main,
Sans émoi, sans respect, le bandit pour-
suit son effroyable entreprise. Et voici le
cercueil ouvert enfin. :\lais une odeur épou-
vantablc monte du lit ouaté de la Pauvre
morte. C'est atroce, effroyable. Le misé-
rable est obügé d'interrompre son horrible
besogne. Il recule de quelques pas. il suf-
fnque, près de s'évanouir. Faut-il en res-
ter là et s'enfuir?. Non! non! les bijoux
sont tout près. Ces bijoux qu'il est venu
chercher. la fortune Il n'y a.qu'à éten-
dre la, main.
D'ailleurs, le malfaiteur avait prévu. Il
a, par précaution, apporté un flacon d'éther.
Il en imbibe des morceaux d'ouate, il s'en
bourre la bouche et le nez et, surmontant
son dégoût, il se remet à la besogne horrible.
Le collier de pertes, le fameux collier de
deux cent cinquante mille francs, d'abord,
vite. vite. ou est-il ?. Là! là! Le ban-
dit tâte le cou desséché de la morte. Il
cherche. il fouille. rien. rien. Les ba-
gues alors, les précieuses bagues! Il
glisse, sous le blanc linceul, une main trem-
blante, il palpe les petits doigts raidis. Rien,
rien, encore rien. Alors on l'a volé! C'est
impossible On verra bien
D'un geste de colère, violemment, il arra-
che le coussin de satin blanc où repose la
tête de la pauvre Lantelme et le jette à terre.
Rien Rien
Le misérable, dans sa fureur aveugle, n'a
pays aperçu tes bijoux tant convoitées. Ils sont
là pourtant, tout près, contre le eou de la
morte, enveloppés dans un mouchoir de fine
lingerie. Il ne les a pas vus. Il n'a pas
entendu le petit bruit clair, pourtant, qu'ils
ont fait en retombant. Ils sont là toujours,
glissés maintenant sous le corps, arrêtés en-
tre les omoplates.
L'odieux voleur n'ira pas les prendre.
Il a pour à présent. son front ruisselle
d'une sueur glacée. Il a froid. il tremble.
ses dents claquent:
Vite, il fuit ce lieu d'horreur, et de mort.
Il entraîne avec lui son complice. Il court.
Mais quoi? Sa main saigne. Il s'est donc
blessé dans son effroyable travail. Com-
ment ?. Quand ?. Il n'avait rien senti.
Il laisse derrière lui des marqués san-
glantes, sur le mur de la petite chapelle,
sur les tombes voisines, sur le sol, partout.
On peut suivre ses traces, jusqu'au mur
de clôture de la rue des Rondeaux, là-bas,
ce mur qu'il a escaladé avec son complice.
Les voleurs vol-
Donc, ce hideux détrousseur de morts n'a
rien emporté. Sa criminelle entreprise a été
vaine. Il a. travaillé pour rien. Il a été volé
On le sait maintenant. Le docteur Dau-
riac en a donné l'assurance à M. le commis-
saire Deslandes c'est lui qui ensevelit la
malheureuse Lantelme, c'est lui qui plaça,
dans le cercueil, contre le cou de la morte,
les bijoux avec lesquels elle voulait être en-
terrée.
C'étaient, enveloppés, avons-nous dit, dans
un mouchoir de toile fine deux bagues en
plaine, ornées l'une d'une grosse perle
blanche, l'autre d'une grosse perle grise,
d'une valeur d'à peu près trente mille
francs un bracelet-chaînette avec perle-
pendentif, dite « perle poire » un- bracelet
esclavage » de style oriental, composé de
brillants. de perles baroques et d'émeraudes
en forme de cabochons un collier d'inté-
rieur, que Mme Lantelme portait dans les
Trois sultanes c'était, enfin, le fameux col-
lier de deux cent cinquante mille francs.
Il était fait due perles faussas.
Tous ces joyaux, ensemble, représentaient
une valeur de soixante à quatre-vingt mille
I francs.
Il y avait encore, dans le cercueil, un por-
trait miniature sur nacre, de M. Edwards.
Tout cela a. été retrouvé.
AT. Edwmrd» m été informé
M. le juge Boucard, désigné par le parquet
pour instruire cette affairé, a fait ,prévenir,
par télégramme, M, Edwards de J'outrage
fait à la dépouille de sa fetrime. Car M. Ed-
ward, qui est souffrant, est parti, voici une
semaine, pour Monte-Carlo. Il doit revenir
à Paris pour assister, le 25 décembre, au
service religieux qui sera célébré, comme
chaque mois, à Saint-Philippe du Roule
une messe Basse à laquelle assistent seule-
ment quelques parents et amis intimes.
Quand il est à Paris, M. Edwards se rend
chaque jour au Père-Lachaise et demeure
dans la chapelle, assis sur un fauteuil le
fauteuil dont les malfaiteurs se sont servis
pour déposer les couvercles des cercueils
brisés.
Mme Lantelme mère visitait chaque jour
aussi la tombe de sa fille. Elle devait partir
hier matin pour Bruxelles et c'est à la gare
même, au moment où elle montait dans le
train, qu'elle fut prévenue du crime commis
dans la nuit. Elle se fit aussitôt conduire au
Père-Lachaise, mais les agents du service
d'ordre l'empêchèrent d'approcher du tom-
beau. Alors la pauvre mère s'agenouilla au
bord d'une tombe et pleura.
(Voir la suile La nouvelle tenue
de l'infanterie
Le ministre de la Guerre a adopté les projets
de MM. Detaille et Scott.
Fatigue, mais radieux, crotté, mais exul-
tant de joie. le bon peintre militaire Geor-
ges Scott rentre dans son atelier, m'aper-
çoit, me tend la main, se laisse choir dans
un fauteuil et, dit
Ça y est.
Quoi?
Nous avons, aujourd'hui, présenté au
ministre de la Guerre, mon maitre Edouard
Detaille et moi, les types nouveaux d'uni-
formes que nous avons exécutés. Le géné-
[ rai Dubail était là, avec le commandant
Bertrand, le capitaine Picquet et M. Qé-
mentel, rapporteur du budget. Nos projets,
en ce qui concerne la tenue de ville, ont été
adoptés. En ce qui concerne la tenue de
campagne, ils ne sont pas encore au point
et nous les laissons de côté.
Alors, donnez-nous une idée de votre
œuvre.
Bien volontiers. Le casque que mon
maître et ami a créé est adopté pour l'artil-
lerie. Pour l'infanterie, nous en ferons un
autre modèle. dans quelque temps, mais
sous peu. Provisoirement, nous conservons
le képi.
La tenue de sortie sera la tenue actuelle
modifiée. Culotte rouge. Bandes molletières
bleues. Tunique à la française, avec sou-
bise par derrière, munie de quatre bou-
tons. Neuf boutons par devant au lieu de
sept. Les revers des manches rouges à pa-
rements bleus. Nous conserverons l'épau-
lette, mais nous la réduisons au diamètre
et à la hauteur des épaulettes du premier
Empire. Le col sera entièrement rouge avec
numéros bleu noir.
Et la cavalerie ?
Mêmes modifications. Les trompettes
des cuirassiers et des dragons auront la cri-
nière blanche au lieu de la crinière rouge.
̃– Pourquoi n'adopte.t-on pas tout de sui-
te le casque d'infanterie ?
On l'adopte, mais on va le faire es-
snyer par l'artillerie. Nous allons exécuter
plusieurs modèles, car celui que nous avons
présenté, fait avec des pièces de fortune,
n'ost pas définitif. Mais vous verrez ce sera
bien. Detaille a vraiment créé là une pièce
d'armure, logique, utile, légère et efficace.
Très bien, dis-je je vous laisse main-
tenant.
Voulez-vous une nouvelle ? Nous allons
montrer tout cela en masse, le 14 juillet pro-
chain, à Longchamps. Le public appréciera
et jugera. Paul LAGARDERE.
LE COUP DE MAIN DE LA RUE ORDENER
L'auto des bandits
retrouvée à Dieppe
ON CROIT QUE LES COUPABLES
SE SONT REFUGIES EN ANGLETERRE
Si l'on ne connaît pas encore l'identité des
cinq audacieux bandits qui attaquèrent le
garçon de caisse auxiliaire Ernest Caby, la
justice possède au moins une indication'pré-
cieûse. Sitôt leur coup fait, les auteurs de
l'attentat de la nie Ordener ont quitté Pa-
ris. Ils se sont rendus, dans leur automobile,
à Dieppe, d'où, vraisemblablement, ils on'
gagné Newhaven.
Cette certitude a été apportée, hier matin,
à M. Hamard, chef de ta sûreté parisienne,
par une dépêche du commissaire de police
de Dieppe. Une automobile mystérieuse ve-
nait d'être trouvée abandonnée, sur la pla-
ge de cette ville, à proximité de l'embarca-
dère des paquebots.
Voici. sur cette intéressante découverte,
les renseignements que nous avons reçus
de notre correspondant particulier
De singuliers voyageurs
Dieppe, 22 décembre.
L'automobile des bandits qui, en plein
Paris, ont dévalisé le garçon de recette
Caby", a.été retrouvée à Dieppe, et il est pro-
bable que cet événement mettra la justice
sur la voie des coupables.
Voici, maintenant, chronologiquement pour
ainsi dire, les circoa stances particulières
dans lesquelles les audacieux escarpes ont
dû laisser leur voiture entre les mains de la
police.
C'était hier soir, vers sept heures. Un
journalier nommé Bafet, habitant avec sa
famille dans des « trous » de la falaise du bas
Fort-Blanc, rentrait chez lui. portant les bou-
teilles de cidre qu'il venait de chercher pour
son dîner. Arrivé à l'extrémité de la rue
Alexandre-Dumas, à quelques pas du châ-
let de M. de Meur, avocat à la cour d'appel
de Paris, il aperçut, au milieu de la chaus-
sée, actuellement défoncée par les pluies et
les nombreux charrois qui s'y font journel-
lement, une automobile qui était absolu-
ment enlizée. Un individu essayait de met-
tre le moteur en marche, puis d'allumer les
lanternes, sans y réussir toutefois. Pour
travailler autour de la voiture, il avait dé-
posé terre un coussin.
Intrigué, M. Bafet resta quelques instants
à le regarder, et vit alors plusieurs indivi-
dus sortir de L'auto, causer avec leur com-
pagnon, puis se diriger vers la ville, empor-
tant plusieurs bidons à essence. Il pensa
qu'ils allaient chercher de quoi se re-
mettre en marche, ne s'en occupa plus et
rentra dans son trou de falaise, où il mit sa
femme au courant de ce qu'il venait de voir.
Mais, devant l'affreuse tempête qui régnait,
Mme fiafé'f lui demanda de rester au logis
an lieu de retourner près de ,-l'auto, comme
il en o*Hit l'intention.
Bafet, que j'ai pu rencontrer ce matin, m'a
dit que ces individus, au nombre de cinq,
lui avaient paru être de taille moyenne.
Mais, comme au moment où il les aperçut,
il n'y avait pas encore de bec de gaz allumé,
contrairement à l'habitude, il n'avait pu les
distinguer autrement. N'auraient-ils pas
éteint le réverbère pour ne pas être vus ?
Or, ce matin, quand les habitants des Go-
bes sortirent de chez eux, et que les charre-
tiers employés au transport du galet ra-
massé sur la grève arrivèrent pour prendre
leur travail, ils trouvèrent l'automobile res-
tée à la même place, l'avant toutné dans ta
direction de la falaise, un coussin du siège
dans la boue, et un autre sur le côté droit.
Un de ces hommes alla aussitôt prévenir
M. Cubain, directeur de l'Auto-garage, rue
de Sygogne, pensant que c'était une voiture
volée. Ce dernier arriva et constata qu'elle
ne lui appartenait pas. Néanmoins, à l'aide
de deux chevaux, il dégagea l'auto et ta con-
duisit dans son établissement.
La 668-X-8
Voici la description de ce véhicule mar-
qué Delaunay-Belleville. C'est une limou-
sine de dix chevaux, du type 14, à moteur
numéro 26T9 la carrosserie est peinte en
vert foncé, avec filets bruns des initiales
N. H. sont entrelacées sur la porte. Pneus
Michelin, pas de phares, carrosserie La-
chaverie, Uaches et Cie, avenue des Ternes,
stores jaunâtres, capitonnage intérieur cou-
leur café au lait clair.
Cette voiture avait un pneu d'arrière
crevé et les deux poignées de côté arra-
chées. Il n'y avait plus une goutte d'essence
dans le réservoir, tous les bidons retrouvés
dans la voiture étaient vides. On recueillit
à l'intérieur un chapeau melon, une peau
de bique, deux mouchoirs df- coton mar-
qués A. B. Dans le coffre, on trouva une
chambre à air éclatée 815-105, qui ne cor-
respond pas à celles des pneus, et des ou-
tils enveloppés.
Les numéros avaient été arrachés.
Sous les coussins intérieurs, on découvrit
une pince pour pesées.
Pendant que l'on procédait à ces consta-
tations, un ouvrier serrurier qui travaillait
à la grille de clôturé du casino donnant sur
la rue Alexandre-Dumas, vint rapporter
une plaque portant un numéro d'auto, qu'il
venait de trouver dans le bosquet où il était
occupé on voyait que cette plaque avait
été arrachée avec force. Appliquée aux bou-
lons de l'avant du châssis, elle correspon-
dait parfaitement. Elle portait le numéro
668 X-8.
Tous ces objets ont été saisis.
D'une enquête faite dans les hôtels de la
ville, il résulte qu'aucun des automobiliste»
n'y a été vu hier soir. Ils ont dû certaine-
ment prendre le paquebot de nuit pour
Newhaven.
A la gare maritime, l'employé qui était de
service au bureau des billets a délivré des
passages individuels, mais n'a pas vu plu-
sieurs personnes ensemble. Il se peut fort
bien que ces individus, au courant des habi-
tudes des steamers, soient montés au der-
nier moment directement à bord en pleine
mer, ils auront payé leurs places.
On sera bientôt fixé sur ce point, des ren-
seignements ayant été dmandés d'urgence
à Newhaven.
L'ENQUÊTE PARIS
Toute la journée d'hier, M. Dupuis, com-
missaire de police des Grandes-Carrières» et
le brigadier Fleury, du service des recher-
ches, ont poursuivi leurs investigation,
Le montant exact du vol
Ils ont établi, d'abord, que tes bandits
avaient exactement dérobé' à Caby
francs de numéraire et 120,000 francs de ti-
tres environ. On sait que le portefeuillë
contenant francs en billets de ban-
que, que le garçon de caisse avait dans l'une
ABONNEMENTS
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temps que le journal.
Hygiène et médecine
chinoises
Ou a beaucoup écrit sur la médecine
des Chinois, et le plus souvent, ce sont
relations de seconde main qui ne nous
renseignent qu'inexactement ou impar-
faitement. Par bonne fortune, nous
avons eu en mains des documents pui-
sés, à la source même, et dont la qualité
de leurs auteurs nous est un sûr garant
d'authenticité et de véracité.
Voici, d'après le docteur E. Jeanselme,
professeur agrégé à la Faculté de méde-
cine de Paris, et qui a fait de longs sé-
jours en Extrême-Orient, un aperçu de
l'hygiène, publique et privée, dans ces
pays lointains.
Dans une capitale, comme Yunnan-
Sen, où vivent 70,000 à 80,000 habi-
tants, c'est à peine si quelques charret-
tes à bras circulent par la ville pour
recevoir les immondices; en réalité, ce
sont les chiens et les porcs qui sont
chargés du service de la voirie, mais ne
cherchez pas, dans les détritus de toute
sorte qui souillent la rue, des fragments
de papier imprimé les caractères d'im-
primerie sont, pour les Chinois, en
quelque sorte sacrés et ils ont coutume
de jeter les feuilles écrites*, hors d'usa-
ge, dans des corbeilles accrochées aux
façades des maisons à certaines épo-
ques, ces corbeilles sont apportées à la
pagode, où leur contenu est brûlé dans
de petits fours crématoires, spéciale-
ment affectés à cette opération.
Dans cette même capitale, il n'y a pas
d'égouts, et la vidange se fait en plein
jour au moyen de seaux de bois non
couverts.
L'hygiène privée du Chinois ne laisse
pas moins à désirer. La demeure du
mandarin ne vaut guère mieux que
l'auberge, au point de vue hygiénique,
bien qu'elle soit, d'apparence, plus con-
fortable.
Comme dans les habitations gréco-
romaines, tous les appartements pren-
nent jour sur une cour intérieure enca-
drée d'un portique. Les pièces d'appa-
rat, toujours situées au rez-de-chaussée,
ne sont fermées que par des vantaux de
bois, au nombre de six à huit, qu'on
ouvre les jours de réception afin que le
public, massé dans la cour, puisse as-
sister à l'audience comme à un spec-
tacle.
Quant aux pièces, réservées à l'habi-
tation privée, elles sont petites, à demi-
obscures, ne prenant jour que par une
étroite fenêtre, dont le panneau peut
être fixe ou s'ouvrir à la façon d'une ta-
batière.
Les chambres n'étant pas élevées sur
caves, l'humidité les pénètre aisément
le soleil y pénètre rarement, du reste
par contre, l'air y entre trop. Les por-
tes sont mal jointes les claires-voies
sont recouvertes d'une mince feuille de
papier de riz, presque toujours en lam-
beaux aussi les bronchites sont-elles
fréquentes.
Dans chaque chambre, nous dit, d'au-
tre part, le docteur Pierre Richard, tout
le mobilier se réduit, ou à peu près, au
kang, « lit de camp en maçonnerie que
recouvrent des nattes ou des couvertu-
res crasseuses, et où l'on s'assied, où
l'on se couche, où l'on mange, où l'on
fait tout ». Sous le kang on allume des
herbes sèches, raclées péniblement dans
la plaine et, pour mieux lutter contre le
froid, on y adjoint un réchaud, où brû-
lent des morceaux de charbon, au ris-
que de s'asphyxier, si les ouvertures
étaient hermétiquement closes ce qui,
comme nous venons de le dire, n'arrive
jamais.
L'alimentation ne le cède en rien à
l'habitat le Chinois mange peu ou pas
de viande une fois par semaine, on
voit sur sa table du lard ou du porc
frais les autres jours, il se contente à
peu près exclusivement de riz ou de
bouillie de millet quelques-uns, les
plus fortunés, se gorgent de sucreries
et de mets épicés, et, comme ils font,
outre cela, peu d'exercice, la graisse
ne tarde pas à les envahir.
Ceux qui ne sont pas dans l'aisance
s'en tiennent à des oignons des légu- j
mes verts en été, des choux conservés
en hiver et des pâtes.
Ordinairement, le Chinois manae en
silence et avec lenteur, ainsi qu'il con-
vient a un végétarien qui doit broyer;
et insaliver un gros bol alimentaire. Il
ne boit jamais durant le repas; mais
celui-ci terminé, il avale plusieurs tas-
ses de thé ou d'une infusion chaude.
Comme le débit de thé tient en Chine
V
la place que le cabaret occupe en Occi-
dent, l'alcoolisme y fait peu de ravages.
On l'y constate, cependant, chez les
consommateurs d'eaux-de-vie de riz il
est des régions où l'abus de cette li-
queur est extrêmement répandu les
dyspepsies, les maladies du foie en sont
la conséquence.
Ce ne sont pas les seules maladies qui
frappent les Chinois !e paludisme, la
dysenterie y font aussi de grands rava-
ges, indépendamment des fléaux épidé-
miques tels que la variole, la lèpre et
la peste.
Il subsiste des préjugés indéracinés,
contre lesquels la lutte sera longue
mais nos médecins des colonies ont dé-
jà obtenu des résultats intéressants. Les
malades guéris par eux font des dé-
monstrations de profond respect, lors-
que leur sauveur repasse dans leur vil-
lage. Ils appellent leurs amis et connais-
sances, leur montrant les cicatrices de
leurs plaies,vantant l'habileté du sa-
vant d'Occident. Celui-ci pénètre plus
facilement dans les intérieurs, est ad-
mis avec moins d'hésitation au foyer
les femmes consentent à se laisser exa-
miner, bien que la Chinoise éprouve
toujours beaucoup de répulsion pour
l'Européen.
L'étranger est pour elle un diable et
sa première pensée est de fuir à son
approche, comme si elle voyait en lui
un suppôt de Satan
Le bonze, le devin gardent toute leur
autorité, conservent tout leur prestige.
Les paysans ne ma,nquent pas de s'a-
dresser à eux d'abord, et ce n'est qu'en
cas d'insuccès et quand leur état devient
désespéré, qu'ils recourent à nos con-
frères.
Le plus généralement, ils se procu-
rent, dans les temples, moyennant fi-
nances, des feuilles de papier jaune,
sur lesquelles sont imprimées soit une
tête de buffle, soit une tête de chien, ou
les deux à la fois. Le papier est réduit
en cendres, puis avalé. Nous sommes là
en pleine magie mais on utilise égale-
ment les ressources de la pharmacopée.
Le médecin chinois n'a chez lui que
les drogues les plus usuelles pour les
autres il se rend chez l'herboriste qui
lui vend, en plus ou moins grande quan-
tité, la plante ou la substance qui lui
est demandée.
Contrairement à ce qui se passe chez
nous, le médecin compose toujours et
dose lui-même ses médicaments il est
à la fois docteur et pharmacien il fait
l'ordonnance et il la remplit seulement,
comme il n'a pas les fonds nécessaires
pour avoir des provisions, il achète au
jour le jour ce qui lui est nécessaire.
Le praticien qui a une belle clientèle
ne sort que pour les malades alités ou
pour ceux qui peuvent le rémunérer
convenablement les autres se rendent
à sa consultation, ou envoient un des
leurs chargé d'expliquer le mal dont
ils souffrent.
On dit que les Chinois iépugnent à
toute amputation que le sacrifice d'un
membre est considéré par eux comme
un crime envers la famille. Cela pou-
vait être vrai- autrefois mais ces allé-
gations sont exagérées, pour le moins,
à l'heure actuelle. Depuis que les méde-
cins européens ont commencé à exercer
en Chine cette répugnance a notable-
ment diminué.
Mais d'autres préjugés à l'égard de
notre mode de traitement des maladies
sont en voie de disparition il appar-
tient à nos médecins, ces excellents
agents de pénétration pacifique, de
poursuivre une œuvre si bien commen-
cée et d'étendre à ces races, qui nous
connaissent encore si mal, les bienfaits
de la civilisation et du progrès.
Docteur CABANES.
Important succès
des Turcs
Les Italiens auraient été contraints d'évacuer
l'oasis de Zanzaur.
Les nouvelles les plus contradictoires ont
été publiées au sujet de l'important engage-
ment du 19 décembre entre les troupes tur-
ques et italiennes il semble cependant, d'a-
près les dernières informations, que ce com-
bat ait été plutôt un revers pour la colonne
Fava. Celle-ci, en effet, qui se proposait
pour objectif l'occupation de l'oasis de Bir-
tobras, dut battre en retraite devant les con-
tingents arabes et regagner le camp d'Aïn
Zara. D'autre part, d'après une dépêche de
Constantinople, les Italiens auraient subi
un nouvel échec, particulièrement impor-
tant, dans l'oasis de Zanzaur, et ils auraient
été contraints d'évacuer cette ville à la sui-
te d'une sanglante rencontre qui leur aurait
coùté 40 morts et 300 blessés.
Enfin, contrairement à certaines informa-
tions, le gouvernement ottoman serait ré-
solu à poursuivre les hostilités avec la der-
nière énergie.
Dans l'oasis du Zanzaur
Constantinople, décembre,.
Une dépêche du commandant lex troupes
de Tripolilaine aancnce que tes troupes ita-
lienne* gui occupent Zanzaur ont essayé de
détruire les communications létégraphiques
turques dans cette région, mais elles ont dû
se replier sur Zanzaur deuant la résistance
des Turcs et des Arabes.
Le lendemain, les Turcs et Les Arabes ont'
attaqué Zanzaur et les Italiens ont dû éva-
cuer la villa. Its auraient perdu, 40 morts,
donf S officiers, et auraient eu plus de 300
blessés. Les Turcs et les Arabes auraient eu
9 morts et Turcs et
Résistance à outrance
Constanlinople, 22 déccmbre.
Une note officieuse, rappelant fes déclara-
tions (allas samedi par Sald pacha au su.jet
de la paix, ajoute que la Porte, loin de son-
(jer Il formuler des propositions de paix, est j
résolue plus que jamais à ta résistanee
Dans la mer Rouge
(lonst-antinople, ̃£> décembre.
D'après des renseignements officiels, un
cioisfur italien a bombardé un poste mi-
litaire rte l'ile de Safer. sur \n côte de l'Yé-
mçn. Le croiseur italien a capturé dans la
mer Rouge le vapeur turc Menzaleh, qui
se rendait à Hodeidah et à bord duquel se
trouvait une somme de 750,000 francs.
UNE SCÈNE D'HORREUR AU PÈRE-LACHAISE
La tombe de Mme Lantelme
profanée par des voleurs
Après avoir pénétré dans le caveau, les malfaiteurs ont défoncé
le cercueil. Ils voulaient s'emparer des bijoux de la morte,
mais ceux-ci échappèrent à leur convoitise
Une profanation odieuse a été accomplie
dans la nuit d'hier au cimetière d'i Père-La-,
chaise: la sépulture de la,,
charmante arliste dont on se rapnclle lit
mort tragique dans le Rhin, a été violée par
des cambrioleurs audacieux qui pensaient
trouver sur la morte les bijoux dont des
mains pieuses l'avaient parée avant de la
conduire à su dernière demeure.
Mme Lantelme, qui était, on le sait, l'épouse
de M. Edwards, avait été transportée dans
le caveau de la famille Edwards, situé dans
la 89e division, près de l'avenue transver-
sale n° 1. C'est un monument en grès poli,
haut de six mètres, large de cinq entouré
d'une grille la face principale est surmon-
tée d'une urne funéraire sous laquelle sont
gravés ces mots ci Requies xlcrna. Fa-
mille Edwards. Un vitrail éclaire la cha-
pelle funéraire.
La découverte du crime
Or, hier matin, vers huit heures, un fos-
soyeur, en passant devant le caveau, cons-
tata que le vitrail avait été brisé il crut
tout d'abord que ce fait pouvait s'expliquer
par la tempête de la nuit cependant, et pour
plus de sûreté, il s'approcha du monument,
en fit le tour, et s'aperçut avec surprise,
que la grille en avait été forcée. Le brave
homme se rendit aussitôt chez le conser-
vateur du cimetière et le mit au courant de
ses observations.
Le conservateur, avant de se rendre sur
les lieux, fit prévenir M. Deslandes, com-
missaire de police du quartier du Père-La-
chaise, lequel vint le rejoindre avec son se-
crétaire, M. Constant Poggi. L'enquête com-
mença aussitôt.
Avant de pénétrer dans le monument, le
magistrat jeta d'abord un coup d'oeil à tra-
vers le vitrail, dont le grillage protecteur
avait été soulevé avec soin, par une main
habile il constata qu'une statue de la Vier-
ge et un Christ avaient été enlevés le fos-
soyeur, en explorant les tombes voisines,
retrouva les deux objets, qu'on avait en-
fouis, quelques mètres plus loin, derrière
la tombe de Mme Thérèse-Caroline Si-
mon. Les voleurs n'avaient donc pas voulu
se charger de ces objets, dont la valeur pécu-
niaire ne leur avait pas paru suffisante ils
avaient, par conséquent, visé les bijoux que
l'on avait dit placés dans le cercueil, notam-
ment un collier de perles qui, avait-on ra-
conté, représentait 250,000 francs.
11 fallait, pour constater le vol, descendre
dans le caveau. Or, une odeur épouvantable
se dégageait. Il était impossible de s'ap-
procher du cercueil.
M. Desla,ndes décida de faire aérer et dé-
sinfecter la fosse.
Les sapeurs-pompiers de la caserne de la
rue Haxo arrivèrent peu après, avec un ap-
pareil de ventilation puissant.
La omrcuell mu fmu I
Il était à peine en fonctions qu'un incident
terrifiant se produisit le feu se déclarait au
triple cercueil de Mme Lantelme
On dut appeler en hâte une nouvelle
équipe de pompiers. Le commencement
d'incendie fut rapidement maîtrisé.
Quelle en était la cause ? On l'ignore exac-
tement jusqu'ici. On suppose que les pro-
fanateurs avaient jeté une allumette encore
en ignition dans la ouate dont le cercueil
était bourré. et que le feu, après avoir cou-
vé longtemps, avait soudain éclaté dès l'ap-
pel d'air du ventilateur.
L'incendie éteint, M. Deslandes «fit fermer
les portes du caveau, en attendant de pou-
¡ voir procéder, dans l'après-midi, à de nou-
i veltes constatations moins superficielles que
j celles de la matinée, en présence du juge
d'instruction désigné par le parquet.
A midi, le commissaire se retira en lais-
sant le monument funéraire sous la' garde
de nombreux agents et de plusieurs gar-
diens du cimetière. La consigne était for-
melle: défense à quiconque de franchir un
rayon de cent mètres autour du monument,
défense également de fournir à qui que ce
soit le moindre renseignements.
Sous la pluie battante, le cimetière était
presque désert. De rares habitants du quar-
tier passant par hasard à proximité venaient
jeter un rapide coup d'oeil sur l'endroit où
Il s'était passé quelque chose et s'éloignaient
On retrouve les outil»
Cependant les recherches continuaient
aux alentours du caveau. A une quinzaine
de mètres plus loin un gardien, qui mar-
chait les yeux fixés terre, aperçut une tige
de bois rouge qui émergerait d'un tertre fu-
néraire fraîchement remué. Il allait passer
sans prêter plus d'attention à cette décou-
verte.
Qu'est-ce là ? interrogea M. Deslandes,
qui se trouvait aux côtés du gardien.
Une racine d'arbre, monsieur le com-
missaire.
Vous croyez ? Qu'on fouille tout de
méme!
On fouilla et l'on mit à jour un vilebrequin,
une pince-monseigneur et une petite pince
coupante, dite pince de gazier ou pince uni-
verselle et deux tournevis, qui furent trans-
portés au commissariat et mis sous scellés.
Puis, M. Deslandes poursuivit ses investi-
gations et arriva, peu à peu, à reconstituer
la scène du crime.
Les violateurs de sépulture étaient deux
au moins. La trace de leurs pas a été rele-
vée. Ils ont dû se laisser enfermer dans le
cimetière qu'ils ne connaissaient sans doute
pas très bien. Ils craignaient de ne pouvoir
trouver leur chemin, dans une nuit opaque,
sans lumière. Ils ont passé une partie de la
ntrit, à l'abri, sous les vastes corridors du
columbarium, édifié à quelques pas du ca-
veau Edwards.
Puis ils ont accompli leur forfait. Le plus
petit, le plus mince des deux, est entré dans
la chapelle funéraire après avoir, nous l'a-
vons dit, scié une grille et brisé un vitrail
très épais. Il a enlevé la statuette et le
Christ qui le gênaient. Enfin, il est entré. Il
a dévissé la serrure, de l'intérieur, et a
ouvert la porte à son complice, le « cos-
taud », l'homme aux poings noueux, aux
membres solides, aux nerfs plus solides en-
core, qui s'est attaqué au sépulcre.
La scène macabre
Le misérable a descellé la pierre tombale,
il l'a rejetée de côté et le voici maintenant
penché au-dessus du trou noir et profond, où
s'étagent de chaque côté les cases funérai-
res. En s'éclairant d'une lanterne sourde, il
scrute les ténèbres. Les cases sont vides.
Une seule, la première, en haut, à droite,
contient un cercueil. 11 n'y a pas à se trom-
per c'est celui de la pauvre Lantelme. C'est
là qu'il faut chercher.
Et l'ignoble voleur de morts, aidé de son
complice, sans doute, car ses seules forces
n'y auraient pu suffire, attire à lui la lourde
bière. la soulève légèrement, glisse dessous
une règle de bois épais et fort, puis fait pi-
voter d'un quart de cercle le pesant fardeau,
l'attire encore à lui jusqu'à, ce que enfin
l'extrémité qu'il tient s appuie sur le rebord
de la case opposée.
.Ainsi maintenant le cercueil est. en tra-
vers du caveau, on pourra travailler com-
modément.
Tout de suite, en effet, car il ne faut
pas perdre de temps, on se -met à 1'oeuvre,
Le malfaiteur, avec son. vilbrequin, a enlevé
les vis profondes de la bière. Le couvercle
est retiré. Il le pose sur un fauteuil qui est
là, dans le caveau. Maintenant, c'est' une j
ne de plomb qui s'offre, massive, unie.
j^iviolable en apparence.
L3 misérable prend sa pince. Des coups
martelleni le métal qui plie peu peu. Le
plat de l'outil s'insinue dans une fissure
une pesée voilà le cercueil de plomb à la
merc; du profanateur. Encore quelques
efforts, le dernier cercueil, la couche su-
préme de Mme Lantelme est sous sa main,
Sans émoi, sans respect, le bandit pour-
suit son effroyable entreprise. Et voici le
cercueil ouvert enfin. :\lais une odeur épou-
vantablc monte du lit ouaté de la Pauvre
morte. C'est atroce, effroyable. Le misé-
rable est obügé d'interrompre son horrible
besogne. Il recule de quelques pas. il suf-
fnque, près de s'évanouir. Faut-il en res-
ter là et s'enfuir?. Non! non! les bijoux
sont tout près. Ces bijoux qu'il est venu
chercher. la fortune Il n'y a.qu'à éten-
dre la, main.
D'ailleurs, le malfaiteur avait prévu. Il
a, par précaution, apporté un flacon d'éther.
Il en imbibe des morceaux d'ouate, il s'en
bourre la bouche et le nez et, surmontant
son dégoût, il se remet à la besogne horrible.
Le collier de pertes, le fameux collier de
deux cent cinquante mille francs, d'abord,
vite. vite. ou est-il ?. Là! là! Le ban-
dit tâte le cou desséché de la morte. Il
cherche. il fouille. rien. rien. Les ba-
gues alors, les précieuses bagues! Il
glisse, sous le blanc linceul, une main trem-
blante, il palpe les petits doigts raidis. Rien,
rien, encore rien. Alors on l'a volé! C'est
impossible On verra bien
D'un geste de colère, violemment, il arra-
che le coussin de satin blanc où repose la
tête de la pauvre Lantelme et le jette à terre.
Rien Rien
Le misérable, dans sa fureur aveugle, n'a
pays aperçu tes bijoux tant convoitées. Ils sont
là pourtant, tout près, contre le eou de la
morte, enveloppés dans un mouchoir de fine
lingerie. Il ne les a pas vus. Il n'a pas
entendu le petit bruit clair, pourtant, qu'ils
ont fait en retombant. Ils sont là toujours,
glissés maintenant sous le corps, arrêtés en-
tre les omoplates.
L'odieux voleur n'ira pas les prendre.
Il a pour à présent. son front ruisselle
d'une sueur glacée. Il a froid. il tremble.
ses dents claquent:
Vite, il fuit ce lieu d'horreur, et de mort.
Il entraîne avec lui son complice. Il court.
Mais quoi? Sa main saigne. Il s'est donc
blessé dans son effroyable travail. Com-
ment ?. Quand ?. Il n'avait rien senti.
Il laisse derrière lui des marqués san-
glantes, sur le mur de la petite chapelle,
sur les tombes voisines, sur le sol, partout.
On peut suivre ses traces, jusqu'au mur
de clôture de la rue des Rondeaux, là-bas,
ce mur qu'il a escaladé avec son complice.
Les voleurs vol-
Donc, ce hideux détrousseur de morts n'a
rien emporté. Sa criminelle entreprise a été
vaine. Il a. travaillé pour rien. Il a été volé
On le sait maintenant. Le docteur Dau-
riac en a donné l'assurance à M. le commis-
saire Deslandes c'est lui qui ensevelit la
malheureuse Lantelme, c'est lui qui plaça,
dans le cercueil, contre le cou de la morte,
les bijoux avec lesquels elle voulait être en-
terrée.
C'étaient, enveloppés, avons-nous dit, dans
un mouchoir de toile fine deux bagues en
plaine, ornées l'une d'une grosse perle
blanche, l'autre d'une grosse perle grise,
d'une valeur d'à peu près trente mille
francs un bracelet-chaînette avec perle-
pendentif, dite « perle poire » un- bracelet
esclavage » de style oriental, composé de
brillants. de perles baroques et d'émeraudes
en forme de cabochons un collier d'inté-
rieur, que Mme Lantelme portait dans les
Trois sultanes c'était, enfin, le fameux col-
lier de deux cent cinquante mille francs.
Il était fait due perles faussas.
Tous ces joyaux, ensemble, représentaient
une valeur de soixante à quatre-vingt mille
I francs.
Il y avait encore, dans le cercueil, un por-
trait miniature sur nacre, de M. Edwards.
Tout cela a. été retrouvé.
AT. Edwmrd» m été informé
M. le juge Boucard, désigné par le parquet
pour instruire cette affairé, a fait ,prévenir,
par télégramme, M, Edwards de J'outrage
fait à la dépouille de sa fetrime. Car M. Ed-
ward, qui est souffrant, est parti, voici une
semaine, pour Monte-Carlo. Il doit revenir
à Paris pour assister, le 25 décembre, au
service religieux qui sera célébré, comme
chaque mois, à Saint-Philippe du Roule
une messe Basse à laquelle assistent seule-
ment quelques parents et amis intimes.
Quand il est à Paris, M. Edwards se rend
chaque jour au Père-Lachaise et demeure
dans la chapelle, assis sur un fauteuil le
fauteuil dont les malfaiteurs se sont servis
pour déposer les couvercles des cercueils
brisés.
Mme Lantelme mère visitait chaque jour
aussi la tombe de sa fille. Elle devait partir
hier matin pour Bruxelles et c'est à la gare
même, au moment où elle montait dans le
train, qu'elle fut prévenue du crime commis
dans la nuit. Elle se fit aussitôt conduire au
Père-Lachaise, mais les agents du service
d'ordre l'empêchèrent d'approcher du tom-
beau. Alors la pauvre mère s'agenouilla au
bord d'une tombe et pleura.
(Voir la suile La nouvelle tenue
de l'infanterie
Le ministre de la Guerre a adopté les projets
de MM. Detaille et Scott.
Fatigue, mais radieux, crotté, mais exul-
tant de joie. le bon peintre militaire Geor-
ges Scott rentre dans son atelier, m'aper-
çoit, me tend la main, se laisse choir dans
un fauteuil et, dit
Ça y est.
Quoi?
Nous avons, aujourd'hui, présenté au
ministre de la Guerre, mon maitre Edouard
Detaille et moi, les types nouveaux d'uni-
formes que nous avons exécutés. Le géné-
[ rai Dubail était là, avec le commandant
Bertrand, le capitaine Picquet et M. Qé-
mentel, rapporteur du budget. Nos projets,
en ce qui concerne la tenue de ville, ont été
adoptés. En ce qui concerne la tenue de
campagne, ils ne sont pas encore au point
et nous les laissons de côté.
Alors, donnez-nous une idée de votre
œuvre.
Bien volontiers. Le casque que mon
maître et ami a créé est adopté pour l'artil-
lerie. Pour l'infanterie, nous en ferons un
autre modèle. dans quelque temps, mais
sous peu. Provisoirement, nous conservons
le képi.
La tenue de sortie sera la tenue actuelle
modifiée. Culotte rouge. Bandes molletières
bleues. Tunique à la française, avec sou-
bise par derrière, munie de quatre bou-
tons. Neuf boutons par devant au lieu de
sept. Les revers des manches rouges à pa-
rements bleus. Nous conserverons l'épau-
lette, mais nous la réduisons au diamètre
et à la hauteur des épaulettes du premier
Empire. Le col sera entièrement rouge avec
numéros bleu noir.
Et la cavalerie ?
Mêmes modifications. Les trompettes
des cuirassiers et des dragons auront la cri-
nière blanche au lieu de la crinière rouge.
̃– Pourquoi n'adopte.t-on pas tout de sui-
te le casque d'infanterie ?
On l'adopte, mais on va le faire es-
snyer par l'artillerie. Nous allons exécuter
plusieurs modèles, car celui que nous avons
présenté, fait avec des pièces de fortune,
n'ost pas définitif. Mais vous verrez ce sera
bien. Detaille a vraiment créé là une pièce
d'armure, logique, utile, légère et efficace.
Très bien, dis-je je vous laisse main-
tenant.
Voulez-vous une nouvelle ? Nous allons
montrer tout cela en masse, le 14 juillet pro-
chain, à Longchamps. Le public appréciera
et jugera. Paul LAGARDERE.
LE COUP DE MAIN DE LA RUE ORDENER
L'auto des bandits
retrouvée à Dieppe
ON CROIT QUE LES COUPABLES
SE SONT REFUGIES EN ANGLETERRE
Si l'on ne connaît pas encore l'identité des
cinq audacieux bandits qui attaquèrent le
garçon de caisse auxiliaire Ernest Caby, la
justice possède au moins une indication'pré-
cieûse. Sitôt leur coup fait, les auteurs de
l'attentat de la nie Ordener ont quitté Pa-
ris. Ils se sont rendus, dans leur automobile,
à Dieppe, d'où, vraisemblablement, ils on'
gagné Newhaven.
Cette certitude a été apportée, hier matin,
à M. Hamard, chef de ta sûreté parisienne,
par une dépêche du commissaire de police
de Dieppe. Une automobile mystérieuse ve-
nait d'être trouvée abandonnée, sur la pla-
ge de cette ville, à proximité de l'embarca-
dère des paquebots.
Voici. sur cette intéressante découverte,
les renseignements que nous avons reçus
de notre correspondant particulier
De singuliers voyageurs
Dieppe, 22 décembre.
L'automobile des bandits qui, en plein
Paris, ont dévalisé le garçon de recette
Caby", a.été retrouvée à Dieppe, et il est pro-
bable que cet événement mettra la justice
sur la voie des coupables.
Voici, maintenant, chronologiquement pour
ainsi dire, les circoa stances particulières
dans lesquelles les audacieux escarpes ont
dû laisser leur voiture entre les mains de la
police.
C'était hier soir, vers sept heures. Un
journalier nommé Bafet, habitant avec sa
famille dans des « trous » de la falaise du bas
Fort-Blanc, rentrait chez lui. portant les bou-
teilles de cidre qu'il venait de chercher pour
son dîner. Arrivé à l'extrémité de la rue
Alexandre-Dumas, à quelques pas du châ-
let de M. de Meur, avocat à la cour d'appel
de Paris, il aperçut, au milieu de la chaus-
sée, actuellement défoncée par les pluies et
les nombreux charrois qui s'y font journel-
lement, une automobile qui était absolu-
ment enlizée. Un individu essayait de met-
tre le moteur en marche, puis d'allumer les
lanternes, sans y réussir toutefois. Pour
travailler autour de la voiture, il avait dé-
posé terre un coussin.
Intrigué, M. Bafet resta quelques instants
à le regarder, et vit alors plusieurs indivi-
dus sortir de L'auto, causer avec leur com-
pagnon, puis se diriger vers la ville, empor-
tant plusieurs bidons à essence. Il pensa
qu'ils allaient chercher de quoi se re-
mettre en marche, ne s'en occupa plus et
rentra dans son trou de falaise, où il mit sa
femme au courant de ce qu'il venait de voir.
Mais, devant l'affreuse tempête qui régnait,
Mme fiafé'f lui demanda de rester au logis
an lieu de retourner près de ,-l'auto, comme
il en o*Hit l'intention.
Bafet, que j'ai pu rencontrer ce matin, m'a
dit que ces individus, au nombre de cinq,
lui avaient paru être de taille moyenne.
Mais, comme au moment où il les aperçut,
il n'y avait pas encore de bec de gaz allumé,
contrairement à l'habitude, il n'avait pu les
distinguer autrement. N'auraient-ils pas
éteint le réverbère pour ne pas être vus ?
Or, ce matin, quand les habitants des Go-
bes sortirent de chez eux, et que les charre-
tiers employés au transport du galet ra-
massé sur la grève arrivèrent pour prendre
leur travail, ils trouvèrent l'automobile res-
tée à la même place, l'avant toutné dans ta
direction de la falaise, un coussin du siège
dans la boue, et un autre sur le côté droit.
Un de ces hommes alla aussitôt prévenir
M. Cubain, directeur de l'Auto-garage, rue
de Sygogne, pensant que c'était une voiture
volée. Ce dernier arriva et constata qu'elle
ne lui appartenait pas. Néanmoins, à l'aide
de deux chevaux, il dégagea l'auto et ta con-
duisit dans son établissement.
La 668-X-8
Voici la description de ce véhicule mar-
qué Delaunay-Belleville. C'est une limou-
sine de dix chevaux, du type 14, à moteur
numéro 26T9 la carrosserie est peinte en
vert foncé, avec filets bruns des initiales
N. H. sont entrelacées sur la porte. Pneus
Michelin, pas de phares, carrosserie La-
chaverie, Uaches et Cie, avenue des Ternes,
stores jaunâtres, capitonnage intérieur cou-
leur café au lait clair.
Cette voiture avait un pneu d'arrière
crevé et les deux poignées de côté arra-
chées. Il n'y avait plus une goutte d'essence
dans le réservoir, tous les bidons retrouvés
dans la voiture étaient vides. On recueillit
à l'intérieur un chapeau melon, une peau
de bique, deux mouchoirs df- coton mar-
qués A. B. Dans le coffre, on trouva une
chambre à air éclatée 815-105, qui ne cor-
respond pas à celles des pneus, et des ou-
tils enveloppés.
Les numéros avaient été arrachés.
Sous les coussins intérieurs, on découvrit
une pince pour pesées.
Pendant que l'on procédait à ces consta-
tations, un ouvrier serrurier qui travaillait
à la grille de clôturé du casino donnant sur
la rue Alexandre-Dumas, vint rapporter
une plaque portant un numéro d'auto, qu'il
venait de trouver dans le bosquet où il était
occupé on voyait que cette plaque avait
été arrachée avec force. Appliquée aux bou-
lons de l'avant du châssis, elle correspon-
dait parfaitement. Elle portait le numéro
668 X-8.
Tous ces objets ont été saisis.
D'une enquête faite dans les hôtels de la
ville, il résulte qu'aucun des automobiliste»
n'y a été vu hier soir. Ils ont dû certaine-
ment prendre le paquebot de nuit pour
Newhaven.
A la gare maritime, l'employé qui était de
service au bureau des billets a délivré des
passages individuels, mais n'a pas vu plu-
sieurs personnes ensemble. Il se peut fort
bien que ces individus, au courant des habi-
tudes des steamers, soient montés au der-
nier moment directement à bord en pleine
mer, ils auront payé leurs places.
On sera bientôt fixé sur ce point, des ren-
seignements ayant été dmandés d'urgence
à Newhaven.
L'ENQUÊTE PARIS
Toute la journée d'hier, M. Dupuis, com-
missaire de police des Grandes-Carrières» et
le brigadier Fleury, du service des recher-
ches, ont poursuivi leurs investigation,
Le montant exact du vol
Ils ont établi, d'abord, que tes bandits
avaient exactement dérobé' à Caby
francs de numéraire et 120,000 francs de ti-
tres environ. On sait que le portefeuillë
contenant francs en billets de ban-
que, que le garçon de caisse avait dans l'une
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