Titre : Le Ménestrel : journal de musique
Éditeur : Heugel (Paris)
Date d'édition : 1928-12-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 44462 Nombre total de vues : 44462
Description : 21 décembre 1928 21 décembre 1928
Description : 1928/12/21 (A90,N51)-1928/12/27. 1928/12/21 (A90,N51)-1928/12/27.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5621962h
Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
LE • MÉNESTREL
( uuide, constamment varié, ici se diluant en sonorités
délicates ici chaleureux et vibrant, là soulignant les
énisodes par des rythmes et des sonorités qui les com-
mentent habilement, — tout cela sans jamais appuyer
ni s'attarder, sans perdre jamais le sens de la mesure et
et de la distinction. M. Georges Hue a trouvé, pour
créer l'atmosphère de rêve qui entoure ses fées, pour
décrire délicatement les évolutions du personnage de
Florine, pour dire la tendresse sincère de Riquet, une
fraîcheur d'inspiration, qu'une carrière déjà longue ne
semble pas avoir épuisée, — comme si les Fées elles-
mêmes, reconnaissantes, avaient renouvelé en lui le don
de jeunesse...
11 faut ajouter que MM. Ricou et Masson ont monté
l'ouvrage avec des soins particuliers, dans de très beaux
décors, et avec des costumes d'un goût parfait, dont les
couleurs gaies se fondent, sous un éclairage habile, en
harmonies savoureuses. Eux aussi ont collaboré direc-
tement avec Perrault, nous restituant, dans toute leur
fraîcheur, quelques-uns de ces tableaux aux teintes à la
fois vives et fondues, que nous ont laissés les peintres
du grand siècle. La mise en scène, extrêmement
vivante, les mouvements de la foule, l'allure des per-
sonnages, révèlent l'adresse et le goût très sûr de
M. Georges Ricou.
La partition a, d'autre part, été servie par une inter-
prétation de tout premier choix. M. Friant, en prince
Riquet, se montre, à son habitude, aussi délicieux chan-
teur qu'habile comédien. M. Bourdin (prince Avenant)
compose non moins habilement son personnage, dont
il fait un seigneur de haute allure, même dans ses
expressions les plus chaleureuses, d'où un heureux
contraste avec celui de Riquet, que le sentiment de sa
disgrâce rend craintif et modeste, plus directement
humain, pourrait-on dire, même sous ses habits prin-
ciers. M. Lafont a fait du roi Migonnet une figure plan-
tureuse, pleine de bonhomie et cependant de dignité.
M. Hérent, qui compose tous ses personnages avec tant
d'intelligence, nous apparaît tour à tour en ministre
subtil et en médecin moliéresque. M. Rousseau (l'Am-
bassadeur), M. Balbon (le marquis de Carabas),M. Pu-
jol (prince Galifron), M. Morturier (le gouverneur du
Palais), M. Vieuille (premier ministre), sont tous excel-
lents.
Le rôle de Florine était échu à M1Ie Luart, adroite
comédienne et chanteuse experte. MUe Ducuing (la
reine), Mll= Cornay (la Fée Tulipe), MUes Duman, Vera
"eeters, Lebard et Cernay l'entourent dignement. Les
choeurs, à la répétition générale, ont quelque peu man-
qué d'ensemble et de rythme. Mais ils ont d'assez nom-
breuses représentations en perspective pour se remettre
"aplomb. Les divertissements ont été réglés avec beau-
coup de goût par M"c Louise Virard. Et ce serait un
Brave oubli que de ne pas citer MM. Deshays et Ar-
nauld et M. Multzer, qui ont signé le très bel ensemble
des décors et des costumes.
L orchestre de POpéra-Comique, sous la direction
S1 intelligemment musicale de M. Albert Wolff, s'est
lré a son honneur d'une exécution qui réclamait beau-
coup de rythme et de couleur, et qui a été, de tout point,
Parfaite. ■
Raoul BRDNEL.
Voir à la 3" page de la couverture les Programmes
tes Concerts.
Folies-Wagram. — L'Orloft, opérette en trois actes et
douze tableaux, adaptation française de R. FEWUÈOL
et G. MERRY, musique de Bruno GRANICHSTAEDTEN.
Vous savez ce que c'est qu'un ambigu, au sens exact
du mot ? C'est une chose faite de contrastes et dont les
attractions sont en opposition l'une avec l'autre. Je ne
puis trouver mot plus exact pour définir, du moins dans
son état actuel, cette opérette Viennoise qui, comme
Teresina, nous arrive avec l'écho de retentissants suc-
cès. Le sujet, moderne et non historique, se prêtait,
évidemment, à cette sorte d'épanouissement, à ce feu
d'artifice de divertissements ; mais il pouvait provoquer
aussi bien une oeuvre sérieuse, un élégant opéra-co-
mique, qu'une opérette débridée, aux attractions de
music-hall. Ce qui l'empêche, dans ce déséquilibre
curieux, de sombrer jusqu'à ce genre revue, c'est la fer-
meté, l'harmonie, la tenue du rôle principal, qui, parmi
tant de fantoches, garde sa fierté, sa vraisemblance, sa
vérité.
L'Orloff est un diamant, seul reste d'une fortune éva-
nouie, jalousement conservé par le grand-duc Alexan-
dre Alexandrovitch, actuellement mécanicien, en Amé-
rique, chez deux grands constructeurs d'automobiles.
Qu'en fera-t-il? Le vendra-t-il? Non! le marchandage
que provoque cette pierre célèbre l'écoeure... Il l'offrira
donc à quelqu'un qui saura la conserver, qui la lui con-
servera : à une compatriote, une jeune ballerine Russe
dont il s'éprend. Mais ce ne sera pas sans avoir éprouvé
celle-ci et son amour, même assez cruellement, soit par
son incognito, qu'elle ne peut percer, et les humbles
fonctions qu'il remplit, soit par les tentations issues de
ce don royal, une fois que sa personnalité aura été
dénoncée. Ce spectacle d'un amour épuré par la dou-
leur n'est pas banal.
La musique est d'ailleurs expressive dans les mêmes
proportions. Dès que le personnage du grand-duc mé-
canicien est en scène, elle se relève et prend du style. Il
y a beaucoup de grâce dans les couplets de la cigarette,
au premier acte, et dans ceux que chante Alexandre
devant le portrait de Lydia au troisième ; il y a de l'ori-
ginalité et de la franchise dans ces échos de la patrie
Russe qu'apportent le duetto des cloches de Novgorod,
et la vieille chanson du premier acte, et encore la
valse pénétrante du second et la scène du bar. La
finesse de l'instrumentation orchestrale n'est pas moins
appréciable, et encore ce parti, assez fréquent, du dia-
logue continué par le chant et non arrêté par lui.
Mais alors, pourquoi, après l'emploi le plus classique
et le plus délicat du quatuor et des bois, faut-il que
nous entendions surgir soudain les plus gémissants et
disparates instruments de jazz? Cela achève Vollapodcida
de ce spectacle, qui n'aurait pas besoin de tant d'attrac-
tions à la mode pour être charmant. La mise en scène,
les décors, les danses, nous charmeraient de leurs sym-
phonies savoureuses, sans ce numéro annexe « Feux »,
aux prestigieuses projections colorées. Les couplets
piquants ou les scènes comiques en hors-d'ceuvre seraient
plus admissibles sans ces évolutions de girls, en femmes
ou en hommes. On est déconcerté d'en garder encore le
souvenir ou l'écho, quand arrive une scène comme celle
de la reconnaisance du prince par un moujick émigré :
il semble, en un instant très bref, très sobre, que sur-
gisse devant nous toute « la sainte Russie » d au-
trefois ! .
Ah' l'heureuse idée, achevant et harmonisant les
autres, que d'avoir été chercher André Baugé pour ce
— 341
( uuide, constamment varié, ici se diluant en sonorités
délicates ici chaleureux et vibrant, là soulignant les
énisodes par des rythmes et des sonorités qui les com-
mentent habilement, — tout cela sans jamais appuyer
ni s'attarder, sans perdre jamais le sens de la mesure et
et de la distinction. M. Georges Hue a trouvé, pour
créer l'atmosphère de rêve qui entoure ses fées, pour
décrire délicatement les évolutions du personnage de
Florine, pour dire la tendresse sincère de Riquet, une
fraîcheur d'inspiration, qu'une carrière déjà longue ne
semble pas avoir épuisée, — comme si les Fées elles-
mêmes, reconnaissantes, avaient renouvelé en lui le don
de jeunesse...
11 faut ajouter que MM. Ricou et Masson ont monté
l'ouvrage avec des soins particuliers, dans de très beaux
décors, et avec des costumes d'un goût parfait, dont les
couleurs gaies se fondent, sous un éclairage habile, en
harmonies savoureuses. Eux aussi ont collaboré direc-
tement avec Perrault, nous restituant, dans toute leur
fraîcheur, quelques-uns de ces tableaux aux teintes à la
fois vives et fondues, que nous ont laissés les peintres
du grand siècle. La mise en scène, extrêmement
vivante, les mouvements de la foule, l'allure des per-
sonnages, révèlent l'adresse et le goût très sûr de
M. Georges Ricou.
La partition a, d'autre part, été servie par une inter-
prétation de tout premier choix. M. Friant, en prince
Riquet, se montre, à son habitude, aussi délicieux chan-
teur qu'habile comédien. M. Bourdin (prince Avenant)
compose non moins habilement son personnage, dont
il fait un seigneur de haute allure, même dans ses
expressions les plus chaleureuses, d'où un heureux
contraste avec celui de Riquet, que le sentiment de sa
disgrâce rend craintif et modeste, plus directement
humain, pourrait-on dire, même sous ses habits prin-
ciers. M. Lafont a fait du roi Migonnet une figure plan-
tureuse, pleine de bonhomie et cependant de dignité.
M. Hérent, qui compose tous ses personnages avec tant
d'intelligence, nous apparaît tour à tour en ministre
subtil et en médecin moliéresque. M. Rousseau (l'Am-
bassadeur), M. Balbon (le marquis de Carabas),M. Pu-
jol (prince Galifron), M. Morturier (le gouverneur du
Palais), M. Vieuille (premier ministre), sont tous excel-
lents.
Le rôle de Florine était échu à M1Ie Luart, adroite
comédienne et chanteuse experte. MUe Ducuing (la
reine), Mll= Cornay (la Fée Tulipe), MUes Duman, Vera
"eeters, Lebard et Cernay l'entourent dignement. Les
choeurs, à la répétition générale, ont quelque peu man-
qué d'ensemble et de rythme. Mais ils ont d'assez nom-
breuses représentations en perspective pour se remettre
"aplomb. Les divertissements ont été réglés avec beau-
coup de goût par M"c Louise Virard. Et ce serait un
Brave oubli que de ne pas citer MM. Deshays et Ar-
nauld et M. Multzer, qui ont signé le très bel ensemble
des décors et des costumes.
L orchestre de POpéra-Comique, sous la direction
S1 intelligemment musicale de M. Albert Wolff, s'est
lré a son honneur d'une exécution qui réclamait beau-
coup de rythme et de couleur, et qui a été, de tout point,
Parfaite. ■
Raoul BRDNEL.
Voir à la 3" page de la couverture les Programmes
tes Concerts.
Folies-Wagram. — L'Orloft, opérette en trois actes et
douze tableaux, adaptation française de R. FEWUÈOL
et G. MERRY, musique de Bruno GRANICHSTAEDTEN.
Vous savez ce que c'est qu'un ambigu, au sens exact
du mot ? C'est une chose faite de contrastes et dont les
attractions sont en opposition l'une avec l'autre. Je ne
puis trouver mot plus exact pour définir, du moins dans
son état actuel, cette opérette Viennoise qui, comme
Teresina, nous arrive avec l'écho de retentissants suc-
cès. Le sujet, moderne et non historique, se prêtait,
évidemment, à cette sorte d'épanouissement, à ce feu
d'artifice de divertissements ; mais il pouvait provoquer
aussi bien une oeuvre sérieuse, un élégant opéra-co-
mique, qu'une opérette débridée, aux attractions de
music-hall. Ce qui l'empêche, dans ce déséquilibre
curieux, de sombrer jusqu'à ce genre revue, c'est la fer-
meté, l'harmonie, la tenue du rôle principal, qui, parmi
tant de fantoches, garde sa fierté, sa vraisemblance, sa
vérité.
L'Orloff est un diamant, seul reste d'une fortune éva-
nouie, jalousement conservé par le grand-duc Alexan-
dre Alexandrovitch, actuellement mécanicien, en Amé-
rique, chez deux grands constructeurs d'automobiles.
Qu'en fera-t-il? Le vendra-t-il? Non! le marchandage
que provoque cette pierre célèbre l'écoeure... Il l'offrira
donc à quelqu'un qui saura la conserver, qui la lui con-
servera : à une compatriote, une jeune ballerine Russe
dont il s'éprend. Mais ce ne sera pas sans avoir éprouvé
celle-ci et son amour, même assez cruellement, soit par
son incognito, qu'elle ne peut percer, et les humbles
fonctions qu'il remplit, soit par les tentations issues de
ce don royal, une fois que sa personnalité aura été
dénoncée. Ce spectacle d'un amour épuré par la dou-
leur n'est pas banal.
La musique est d'ailleurs expressive dans les mêmes
proportions. Dès que le personnage du grand-duc mé-
canicien est en scène, elle se relève et prend du style. Il
y a beaucoup de grâce dans les couplets de la cigarette,
au premier acte, et dans ceux que chante Alexandre
devant le portrait de Lydia au troisième ; il y a de l'ori-
ginalité et de la franchise dans ces échos de la patrie
Russe qu'apportent le duetto des cloches de Novgorod,
et la vieille chanson du premier acte, et encore la
valse pénétrante du second et la scène du bar. La
finesse de l'instrumentation orchestrale n'est pas moins
appréciable, et encore ce parti, assez fréquent, du dia-
logue continué par le chant et non arrêté par lui.
Mais alors, pourquoi, après l'emploi le plus classique
et le plus délicat du quatuor et des bois, faut-il que
nous entendions surgir soudain les plus gémissants et
disparates instruments de jazz? Cela achève Vollapodcida
de ce spectacle, qui n'aurait pas besoin de tant d'attrac-
tions à la mode pour être charmant. La mise en scène,
les décors, les danses, nous charmeraient de leurs sym-
phonies savoureuses, sans ce numéro annexe « Feux »,
aux prestigieuses projections colorées. Les couplets
piquants ou les scènes comiques en hors-d'ceuvre seraient
plus admissibles sans ces évolutions de girls, en femmes
ou en hommes. On est déconcerté d'en garder encore le
souvenir ou l'écho, quand arrive une scène comme celle
de la reconnaisance du prince par un moujick émigré :
il semble, en un instant très bref, très sobre, que sur-
gisse devant nous toute « la sainte Russie » d au-
trefois ! .
Ah' l'heureuse idée, achevant et harmonisant les
autres, que d'avoir été chercher André Baugé pour ce
— 341
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 96.82%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 96.82%.
- Collections numériques similaires Lefort Francisque Lefort Francisque /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Lefort Francisque" or dc.contributor adj "Lefort Francisque")Notice sur les travaux de fixation des dunes / par M. Lefort,... /ark:/12148/bpt6k329654n.highres Discours prononcés sur la tombe de M. Mary, inspecteur général des ponts et chaussées en retraite, membre du Conseil général de la Somme... 12 janvier 1870 / [par MM. Gayant, Reynaud et Lefort] /ark:/12148/bpt6k63724990.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 7/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5621962h/f7.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5621962h/f7.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5621962h/f7.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k5621962h/f7.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5621962h
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5621962h
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k5621962h/f7.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest