Titre : Le Ménestrel : journal de musique
Éditeur : Heugel (Paris)
Date d'édition : 1924-10-17
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 44462 Nombre total de vues : 44462
Description : 17 octobre 1924 17 octobre 1924
Description : 1924/10/17 (A86,N42)-1924/10/23. 1924/10/17 (A86,N42)-1924/10/23.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k56164370
Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
LE • MÉNESTREL
camarades de Mme Poolman-Meissner plus de cohé-
sion ; mais l'ensemble est extrêmement satisfaisant :
il n'y a pas de « trou » et rien ne vient briser l'action
d'une musique qui vous prend entier.
Le second spectacle était constitué par la Walkyrie.
Mme Poolmann-Meissner qui chantait Brunnhild a non
moins bien compris ce rôle que celui d'Yseult. Elle en
a fait ressortir l'humanité et sa voix a eu les accents qui
ont ému : déjà sous la vierge guerrière elle a fait pres-
sentir l'amoureuse que Siegfried éveillera à la vie et
qui sera torturée de toute la jalousie et de toute la dou-
leur d'une femme. M. Chris de Vos fut un Siegmund
de jolie voix et qui joua son personnage. M. Van Hel-
voirt-Pel était Wotan : ce rôle lui convint beaucoup
mieux que celui de Kurwenal ; il fut plein de majesté,
très humain, lui aussi, dans les « Adieux » ; il a de la
voix, il ne s'en gargarise pas, mais il lui donne l'am-
pleur voulue : c'est la caractéristique de toute cette
troupe ; personne ne cherche à attirer l'attention sur
soi : discipline vocale et mimique semblent être la consi-
gne.
L'orchestre Pasdeloup sonne fort bien sous la direc-
tion de M. Van Raalte.
Je n'ai aucunement aimé les décors de M. Komisar-
jewsky. Pierre DE LAPOMMERAYE.
Théâtre des Variétés. — Madame l'Archiduc, opérette-
bouffe en trois actes, d'Albert MILLAUD, musique de
Jacques OFFENBACH.
Du Théâtre Mogador, où l'oeuvre parut en décembre
1920, Mlle Edmée Favarta ramené Madame l'Archiduc
aux Variétés. « Aussi fine, mobile et spontanée comé-
dienne que chanteuse accomplie, à la voix exquise et à
la diction parfaite », écrivait alors Paul Bertrand ; les
éloges de notre collaborateur demeurent entièrement
justes. M. Pauley a pris le rôle de l'Archiduc, tenu il
y a quatre ans par M. Vilbert. Il amuse, on s'en doute,
énormément. Tous les autres personnages ont été bien
rendus, par M. Georges Foix, M. Koval, Mme Marthe
Ferrare, etc. Montée avec goût, et d'ailleurs habituée
au succès, il est certain que l'opérette de l'incomparable
maître triomphera de longs soirs aux Variétés.
J.-H. MORENO.
LA SEMAINE DRAMATIQUE
*B+ '
Porte-Saint-Martin. — Amour, pièce en quatre actes,
de M. KISTEMAECKERS.
M. Kistemaeckers, dans cette nouvelle pièce, a accen-
tué encore le procédé dramatique qu'il avait déjà em-
ployé dans PEsclave errante. Cette méthode est apparue
plus frappante aussi dans une oeuvre où il y a peu
d'action, simple histoire d'amour, d'événement banal
n'ayant d'intérêt que par le développement des carac-
tères.
Au lieu de nous faire assister à l'évolution des per-
sonnages, M. Kistemaeckers nous les présente avec leur
état d'âme déjà formé, le spectateur étant libre d'imagi-
ner la durée, les modes, les causes de la transformation
qui, pour lui, s'est passée pendant l'entr'acte; nous
n'assistons plus qu'au fait, à l'événement, ce qu'au cinéma
on appellerait l'épisode; juste ce qu'il faut d'explication
pour qu'on comprenne la situation; la conversation est
un acte et non une dissertation, on est pris dans le
mouvement, on ne peut s'en arracher, et si des objections
sont à formuler elles viennent à l'esprit après la repré-
sentation, jamais pendant, ce sont là qualités éminem-
ment dramatiques.
Le sujet par lui-même est sans originalité : un peintre
célèbre, Pierre Navarre, ayant dépassé la cinquantaine
et vingt ans de ménage, trouve le joug conjugal insup-
portable, depuis que le désir physique ne jette plus son
voile d'illusion sur les défauts de sa compagne légitime;
c'est l'histoire de bien des maris. A Benodetil rencontre
une brave petite bretonne, Marie, qui vient chaque jour
lui tenir compagnie pendant qu'il peint. La naïveté et
l'innocence de Marie le charment. Marie est obligée de
fuir la maison familiale, car son beau-père a voulu la
violenter, elle se réfugie auprès de Pierre Navarre.
Celui-ci offre à sa femme de recueillir l'enfant aban-
donnée : peut-être, à cette oeuvre de charité, l'amour
brûlera-t-il à nouveau dans le foyer couvert de cendres.
Sa femme refuse, supposant une rivale en Marie. Pierre,
qui jusqu'ici avaint craint de voir clair sur ses propres
sentiments, outré de l'injustice et de la dureté de sa
femme, s'enfuit avec Marie qui devient sa maîtresse.
Nous les retrouvons tous deux à Paris : Marie regrette
la mer, la plage, les pins, les rochers et peut-être
aussi les beaux et jeunes gars bretons; Pierre Navarre,
malgré tout, a cinquante ans. Un beau soir elle repart
comme elleétaitvenue, sans comprendre toute la douleur
qui brise le coeur de Pierre. Pierre cherche à la revoir,
il l'attend un soir d'hiver, dans le coin désert du bord de
l'Odet où ils seretrouvaientautrefois. Marie s'est mariée,
elle est heureuse. Ils se séparent. Pierre reste seul et
pleure à la fois sur son amour et sur sa jeunesse.
Cette aventure aurait pu être ennuyeuse, longue parce
que trop connue. M. Kistemaeckers a su par le procédé
dont je parlais plus haut la rendre vivante. Quelques
réserves qu'il y ait à faire sur ce qu'il y a aussi de con-
ventions de cette pratique nouvelle, le résultat obtenu
est incontestable.
M. Francen, dans le rôle de Pierre Navarre, s'est
montré un véritable artiste; grâce à ses gestes, à l'expres-
sion de son visage, aucune nuance de son rôle n'a
échappé (la méthode de M. Kistemaeckers exige du
comédien une incessanre collaboration). M",e Pitoeft
exagère les parties enfantines de son rôle, sa gentillesse
est forcée et maniérée; en revanche, quelle émotion elle
communique au public dans la tristesse, le désespoir
et la douleur. MUe Corciade à dû forcer sa nature pour
paraître en épouse acariâtre, nous l'avons retrouvée elle-
même au troisième acte où elle tente de reprendre son
mari; M. Dubosc a créé une pittoresque figure de
bohème moderne. Pierre D'OUVRAY.
Théâtre Marigny. — Jim, comédie en trois actes, de
MM. Romain COOLUS et HENNEQUIN.
Pourquoi les heureux auteurs de la Solicite d'Alarme
ne sont-ils pas tombés avec Jim sur la même veine?
On retrouve dans cette dernière pièce les mêmes qua-
lités, les mêmes ficelles, les mêmes trucs. Dans l'une
comme dans l'autre pièce, il s'agit des relations d'un
savant et de sa femme. Dans l'une comme dans l'autre,
ce savant étudie un langage baroque. Pourquoi ce qui
fit rire aux larmes dans l'un n'a-t-il pas même fait sou-
rire dans l'autre? Mystère de ce grand inconnu qu'est
l'âme des foules. Non certes que Jim soit chose
ennuyeuse, il y a de jolies scènes de comédie, d'amu-
427 —
camarades de Mme Poolman-Meissner plus de cohé-
sion ; mais l'ensemble est extrêmement satisfaisant :
il n'y a pas de « trou » et rien ne vient briser l'action
d'une musique qui vous prend entier.
Le second spectacle était constitué par la Walkyrie.
Mme Poolmann-Meissner qui chantait Brunnhild a non
moins bien compris ce rôle que celui d'Yseult. Elle en
a fait ressortir l'humanité et sa voix a eu les accents qui
ont ému : déjà sous la vierge guerrière elle a fait pres-
sentir l'amoureuse que Siegfried éveillera à la vie et
qui sera torturée de toute la jalousie et de toute la dou-
leur d'une femme. M. Chris de Vos fut un Siegmund
de jolie voix et qui joua son personnage. M. Van Hel-
voirt-Pel était Wotan : ce rôle lui convint beaucoup
mieux que celui de Kurwenal ; il fut plein de majesté,
très humain, lui aussi, dans les « Adieux » ; il a de la
voix, il ne s'en gargarise pas, mais il lui donne l'am-
pleur voulue : c'est la caractéristique de toute cette
troupe ; personne ne cherche à attirer l'attention sur
soi : discipline vocale et mimique semblent être la consi-
gne.
L'orchestre Pasdeloup sonne fort bien sous la direc-
tion de M. Van Raalte.
Je n'ai aucunement aimé les décors de M. Komisar-
jewsky. Pierre DE LAPOMMERAYE.
Théâtre des Variétés. — Madame l'Archiduc, opérette-
bouffe en trois actes, d'Albert MILLAUD, musique de
Jacques OFFENBACH.
Du Théâtre Mogador, où l'oeuvre parut en décembre
1920, Mlle Edmée Favarta ramené Madame l'Archiduc
aux Variétés. « Aussi fine, mobile et spontanée comé-
dienne que chanteuse accomplie, à la voix exquise et à
la diction parfaite », écrivait alors Paul Bertrand ; les
éloges de notre collaborateur demeurent entièrement
justes. M. Pauley a pris le rôle de l'Archiduc, tenu il
y a quatre ans par M. Vilbert. Il amuse, on s'en doute,
énormément. Tous les autres personnages ont été bien
rendus, par M. Georges Foix, M. Koval, Mme Marthe
Ferrare, etc. Montée avec goût, et d'ailleurs habituée
au succès, il est certain que l'opérette de l'incomparable
maître triomphera de longs soirs aux Variétés.
J.-H. MORENO.
LA SEMAINE DRAMATIQUE
*B+ '
Porte-Saint-Martin. — Amour, pièce en quatre actes,
de M. KISTEMAECKERS.
M. Kistemaeckers, dans cette nouvelle pièce, a accen-
tué encore le procédé dramatique qu'il avait déjà em-
ployé dans PEsclave errante. Cette méthode est apparue
plus frappante aussi dans une oeuvre où il y a peu
d'action, simple histoire d'amour, d'événement banal
n'ayant d'intérêt que par le développement des carac-
tères.
Au lieu de nous faire assister à l'évolution des per-
sonnages, M. Kistemaeckers nous les présente avec leur
état d'âme déjà formé, le spectateur étant libre d'imagi-
ner la durée, les modes, les causes de la transformation
qui, pour lui, s'est passée pendant l'entr'acte; nous
n'assistons plus qu'au fait, à l'événement, ce qu'au cinéma
on appellerait l'épisode; juste ce qu'il faut d'explication
pour qu'on comprenne la situation; la conversation est
un acte et non une dissertation, on est pris dans le
mouvement, on ne peut s'en arracher, et si des objections
sont à formuler elles viennent à l'esprit après la repré-
sentation, jamais pendant, ce sont là qualités éminem-
ment dramatiques.
Le sujet par lui-même est sans originalité : un peintre
célèbre, Pierre Navarre, ayant dépassé la cinquantaine
et vingt ans de ménage, trouve le joug conjugal insup-
portable, depuis que le désir physique ne jette plus son
voile d'illusion sur les défauts de sa compagne légitime;
c'est l'histoire de bien des maris. A Benodetil rencontre
une brave petite bretonne, Marie, qui vient chaque jour
lui tenir compagnie pendant qu'il peint. La naïveté et
l'innocence de Marie le charment. Marie est obligée de
fuir la maison familiale, car son beau-père a voulu la
violenter, elle se réfugie auprès de Pierre Navarre.
Celui-ci offre à sa femme de recueillir l'enfant aban-
donnée : peut-être, à cette oeuvre de charité, l'amour
brûlera-t-il à nouveau dans le foyer couvert de cendres.
Sa femme refuse, supposant une rivale en Marie. Pierre,
qui jusqu'ici avaint craint de voir clair sur ses propres
sentiments, outré de l'injustice et de la dureté de sa
femme, s'enfuit avec Marie qui devient sa maîtresse.
Nous les retrouvons tous deux à Paris : Marie regrette
la mer, la plage, les pins, les rochers et peut-être
aussi les beaux et jeunes gars bretons; Pierre Navarre,
malgré tout, a cinquante ans. Un beau soir elle repart
comme elleétaitvenue, sans comprendre toute la douleur
qui brise le coeur de Pierre. Pierre cherche à la revoir,
il l'attend un soir d'hiver, dans le coin désert du bord de
l'Odet où ils seretrouvaientautrefois. Marie s'est mariée,
elle est heureuse. Ils se séparent. Pierre reste seul et
pleure à la fois sur son amour et sur sa jeunesse.
Cette aventure aurait pu être ennuyeuse, longue parce
que trop connue. M. Kistemaeckers a su par le procédé
dont je parlais plus haut la rendre vivante. Quelques
réserves qu'il y ait à faire sur ce qu'il y a aussi de con-
ventions de cette pratique nouvelle, le résultat obtenu
est incontestable.
M. Francen, dans le rôle de Pierre Navarre, s'est
montré un véritable artiste; grâce à ses gestes, à l'expres-
sion de son visage, aucune nuance de son rôle n'a
échappé (la méthode de M. Kistemaeckers exige du
comédien une incessanre collaboration). M",e Pitoeft
exagère les parties enfantines de son rôle, sa gentillesse
est forcée et maniérée; en revanche, quelle émotion elle
communique au public dans la tristesse, le désespoir
et la douleur. MUe Corciade à dû forcer sa nature pour
paraître en épouse acariâtre, nous l'avons retrouvée elle-
même au troisième acte où elle tente de reprendre son
mari; M. Dubosc a créé une pittoresque figure de
bohème moderne. Pierre D'OUVRAY.
Théâtre Marigny. — Jim, comédie en trois actes, de
MM. Romain COOLUS et HENNEQUIN.
Pourquoi les heureux auteurs de la Solicite d'Alarme
ne sont-ils pas tombés avec Jim sur la même veine?
On retrouve dans cette dernière pièce les mêmes qua-
lités, les mêmes ficelles, les mêmes trucs. Dans l'une
comme dans l'autre pièce, il s'agit des relations d'un
savant et de sa femme. Dans l'une comme dans l'autre,
ce savant étudie un langage baroque. Pourquoi ce qui
fit rire aux larmes dans l'un n'a-t-il pas même fait sou-
rire dans l'autre? Mystère de ce grand inconnu qu'est
l'âme des foules. Non certes que Jim soit chose
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