Titre : Le Ménestrel : journal de musique
Éditeur : Heugel (Paris)
Date d'édition : 1924-10-24
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 44462 Nombre total de vues : 44462
Description : 24 octobre 1924 24 octobre 1924
Description : 1924/10/24 (A86,N43)-1924/10/30. 1924/10/24 (A86,N43)-1924/10/30.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5616439t
Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
LE • MÉNESTREL
lequel inclinait la jeune fille. Benoît, surmontant son
chagrin et son ressentiment, conseille à Pascal de
rejoindre Germaine; en lui parlant de son enfant, il ne
manquera pas de la reprendre. Et c'est lui, Benoît, qui,
en attendant, gardera la petite.
Pascal ne retrouve pas l'infidèle. Benoît alors loue
en banlieue une maisonnette où il s'installe avec Pascal
et l'enfant. Et le coeur refermé du vieux garçon s'ouvre
à la chaleur- de cette jeune âme. Pascal est sombre, il
ne peut oublier sa femme ; c'est Benoît qui sert de père
et de mère à la petite Lucette. Mais, au bout d'un an,
Germaine revient, repentante. Amoureux, et d'ailleurs
pensant à sa fille, Pascal ne la repousse pas, et l'enfant
est si heureuse ! Au lieu de trois on sera quatre dans la
maisonnette, s'écrie Benoît. Mais non, ce n'est pas
possible. Que fait-il là* maintenant? Pour Lucette il
n'est plus qu'une sorte.de vieil oncle effacé ; et Pascal,
ombrageux, est visiblement contrarié d'un tel projet. Et
le pauvre bonhomme s'en va sans rien dire...
Sujet traité d'une manière un peu grise qui est loin
d'être déplaisante, mais qui n'en rachète pas complète-
ment la banalité. Que resterait-il de la pièce si M. de
Féraudy n'en occupait constamment le centre, admi-
rable de vérité, de simplicité, merveilleux maître de la
demi-teinte?... Ases côtés, M. Desjardins, Mme Bretty,
tous deux excellents, et la petite X, qui joue déjà
avec une vive intelligence.
La première de Croquemitaine était encadrée par
l'Enigme de Paul Hervieu, pièce qui a pris beaucoup
d'âge, et par le Quitte pour la peur d'Alfred de Vigny,
délicat, distingué et inquiétant comme la haute société
du règne de Louis XVI et dont la grâce ne parvient pas
à cacher le fond pénible et même douloureux. Ce mé-
lange subtil de qualités généralement opposées, très
caractéristique de l'époque choisie par l'auteur, font de
Quitte pour la peur une manière de petit chef-d'oeuvre.
M. Denis d'Inès a véritablement incarné le personnage
du docteur Tronchin ; M. Escande a été un jeune duc
de grande allure, MUe Marie Bell une exquise petite
duchesse, restée si jeune fille jusque dans sa faute, et
M" 8 Andrée de Chauveron une soubrette de fort bonne
compagnie. Jacques HEUGEL.
Odéon. — Ysabeau, chronique de France en quatre actes,
de M. Paul FORTV
M. Paul Fort est tenté par nos annales françaises,
mais non point à la manière d'Alexandre Dumas père.
Au lieu de modifier l'histoire pour la rendre plus dra-
matique, il estime que les faits sont par eux-mêmes assez
émouvants, à condition toutefois de restituer aux per-
sonnages leur véritable mentalité et au milieu où ils
évoluent sou exacte couleur. Dans cette voie M. Paul
Fort a eu un guide sûr et peu connu, je veux dire Shake-
speare, non le Shakespeare de Macbeth, Hamlet ou
du Roi Lear, mais celui du Richard III et des Henri,
que bien peu de personnes relisent aujourd'hui. Je ne
doute pas que M. Paul Fort n'ait eu à l'esprit cette admi-
rable série où se développe la lutte des York et des Lan-
castre quand il commença de conter à son tour la rivalité
des Armagnacs et des Bourguignons. Une partie des
drames de Shakespeare a trait à cette période également
et, vue du côté anglais, présente un curieux aspect de
nos affaires de France.
Ysabeau, c'est Ysabeau de Bavière, femme de
Charles VI. Ce sont donc les malheurs du roi fou qui
vont défiler devant nous sous forme de ces images
qu'affectionne M. Paul Fort et qu'il excelle à enluminer.
L'histoire de Charles VI, d'intermittente folie, l'oppo-
sition d'Ysabeau et de la tendre Odette de Champdivers,
a souvent tenté les dramaturges; en cette revue musicale
qu'il nous suffise de rappeler le Charles VI, opéra de
Germain et Casimir Delavigne, musique de F. Halévy,
qui n'est plus guère célèbre que par son final :
Jetons le cri de délivrance
Et la victoire y répondra.
Vive le Roi ! Jamais en France,
Jamais, l'Anglais ne régnera !
Formule qu'en République on remplaça par : Guerre
aux tyrans, jamais, en France, etc., ce qui ne manque
pas d'un certain sel dans la bouche du dauphin, le futur
Charles VII.
M. Paul Fort ne s'est embarrassé ni de questions de
circonstances, ni de discipline dramatique : il a écrit, ainsi
que le titre l'indique, une véritable chronique ; les docu-
ments, comme pour son Louis XI, curieux homme, ne
lui manquaient pas, cette période du moyen âge est
éclairée de nombreux documents ; étudiés par un homnie
perspicace, poète, — car il faut être un peu poète pour
écrire l'histoire, —-ils prennent un relief extraordinaire.
M. Paul Fort a ressuscité tout ce moyen âge crédule,
pieux, ivre de luxure et de sang, où la vie comptait pour
peu de chose, où l'assassinat tenait lieu de conférence
diplomatique, où l'homme, proche encore de la bête, en
avait les appétits, la férocité et l'impudeur.
Ysabeau de Bavière est restée comme une sinistre
figure; on l'accuse d'avoir vendu la France à l'Angle-
terre, déjà ! comme si à cette époque on ne vendait pas
les provinces avec les filles et si la France ne s'était con-
stituée alors aussi bien à coups de dots qu'à coups
d'épées. M. Paul Fort en a fait un personnage de chair,
une amoureuse tout entière à son crime, puisque ce.lui
qu'elle aime est le frère même de son époux; elle a
de beaux cris de bête qui défend sa proie. Il y a vrai-
ment des scènes qui rappellent les plus belles de Shake-
speare.
Le pauvre roi Charles VI, victime de sa débauche,
voit peu à peu s'éteindre les lueurs de sa raison.
M. Balpêtré fut, en ce personnage, fort émouvant.
C'est un spectacle admirable pour grandes personnes,
il est malheureux qu'on ne puisse y conduire les enfants,
ils conserveraient peut-être de l'histoire de France une
plus juste et moins conventionnelle conception.
Il faut rendre hommage à la troupe de l'Odéon qui
donne tout entière. Citons M1Ie Germaine Laugier, une
Ysabeau sauvage et de belle allure, Mlle Jeanne Boitel,
touchante Odette, colombe égarée dans le repaire des
vautours; M. OEttly, Jean sans Peur flegmatique et rusé,
enfin MM. Gabrio et Adet, fort amusants en moines.
La mise en scène est très vivante, c'est une partie
essentielle de pareils spectacles. Pierre D'OUVRAY.
Théâtre de Paris. —La Tentation, pièce en quatre actes,
de M. Charles MÉRÉ.
La nouvelle oeuvre de M. Charles Méré se distingue
par les mêmes caractéristiques que les précédentes et
s'inspire des mêmes principes : l'action dramatique ne
résulte pas de l'évolution normale des caractères, mais
elle assujettit au contraire ceux-ci à des péripéties émou-
vantes, préparées et conduites avec une habileté supé-
rieure, mais visiblement fixées à l'avance, les person-
nages ayant pour seule mission de les justifier. On
pourra regretter ce que cette conception comporte d'arti-
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lequel inclinait la jeune fille. Benoît, surmontant son
chagrin et son ressentiment, conseille à Pascal de
rejoindre Germaine; en lui parlant de son enfant, il ne
manquera pas de la reprendre. Et c'est lui, Benoît, qui,
en attendant, gardera la petite.
Pascal ne retrouve pas l'infidèle. Benoît alors loue
en banlieue une maisonnette où il s'installe avec Pascal
et l'enfant. Et le coeur refermé du vieux garçon s'ouvre
à la chaleur- de cette jeune âme. Pascal est sombre, il
ne peut oublier sa femme ; c'est Benoît qui sert de père
et de mère à la petite Lucette. Mais, au bout d'un an,
Germaine revient, repentante. Amoureux, et d'ailleurs
pensant à sa fille, Pascal ne la repousse pas, et l'enfant
est si heureuse ! Au lieu de trois on sera quatre dans la
maisonnette, s'écrie Benoît. Mais non, ce n'est pas
possible. Que fait-il là* maintenant? Pour Lucette il
n'est plus qu'une sorte.de vieil oncle effacé ; et Pascal,
ombrageux, est visiblement contrarié d'un tel projet. Et
le pauvre bonhomme s'en va sans rien dire...
Sujet traité d'une manière un peu grise qui est loin
d'être déplaisante, mais qui n'en rachète pas complète-
ment la banalité. Que resterait-il de la pièce si M. de
Féraudy n'en occupait constamment le centre, admi-
rable de vérité, de simplicité, merveilleux maître de la
demi-teinte?... Ases côtés, M. Desjardins, Mme Bretty,
tous deux excellents, et la petite X, qui joue déjà
avec une vive intelligence.
La première de Croquemitaine était encadrée par
l'Enigme de Paul Hervieu, pièce qui a pris beaucoup
d'âge, et par le Quitte pour la peur d'Alfred de Vigny,
délicat, distingué et inquiétant comme la haute société
du règne de Louis XVI et dont la grâce ne parvient pas
à cacher le fond pénible et même douloureux. Ce mé-
lange subtil de qualités généralement opposées, très
caractéristique de l'époque choisie par l'auteur, font de
Quitte pour la peur une manière de petit chef-d'oeuvre.
M. Denis d'Inès a véritablement incarné le personnage
du docteur Tronchin ; M. Escande a été un jeune duc
de grande allure, MUe Marie Bell une exquise petite
duchesse, restée si jeune fille jusque dans sa faute, et
M" 8 Andrée de Chauveron une soubrette de fort bonne
compagnie. Jacques HEUGEL.
Odéon. — Ysabeau, chronique de France en quatre actes,
de M. Paul FORTV
M. Paul Fort est tenté par nos annales françaises,
mais non point à la manière d'Alexandre Dumas père.
Au lieu de modifier l'histoire pour la rendre plus dra-
matique, il estime que les faits sont par eux-mêmes assez
émouvants, à condition toutefois de restituer aux per-
sonnages leur véritable mentalité et au milieu où ils
évoluent sou exacte couleur. Dans cette voie M. Paul
Fort a eu un guide sûr et peu connu, je veux dire Shake-
speare, non le Shakespeare de Macbeth, Hamlet ou
du Roi Lear, mais celui du Richard III et des Henri,
que bien peu de personnes relisent aujourd'hui. Je ne
doute pas que M. Paul Fort n'ait eu à l'esprit cette admi-
rable série où se développe la lutte des York et des Lan-
castre quand il commença de conter à son tour la rivalité
des Armagnacs et des Bourguignons. Une partie des
drames de Shakespeare a trait à cette période également
et, vue du côté anglais, présente un curieux aspect de
nos affaires de France.
Ysabeau, c'est Ysabeau de Bavière, femme de
Charles VI. Ce sont donc les malheurs du roi fou qui
vont défiler devant nous sous forme de ces images
qu'affectionne M. Paul Fort et qu'il excelle à enluminer.
L'histoire de Charles VI, d'intermittente folie, l'oppo-
sition d'Ysabeau et de la tendre Odette de Champdivers,
a souvent tenté les dramaturges; en cette revue musicale
qu'il nous suffise de rappeler le Charles VI, opéra de
Germain et Casimir Delavigne, musique de F. Halévy,
qui n'est plus guère célèbre que par son final :
Jetons le cri de délivrance
Et la victoire y répondra.
Vive le Roi ! Jamais en France,
Jamais, l'Anglais ne régnera !
Formule qu'en République on remplaça par : Guerre
aux tyrans, jamais, en France, etc., ce qui ne manque
pas d'un certain sel dans la bouche du dauphin, le futur
Charles VII.
M. Paul Fort ne s'est embarrassé ni de questions de
circonstances, ni de discipline dramatique : il a écrit, ainsi
que le titre l'indique, une véritable chronique ; les docu-
ments, comme pour son Louis XI, curieux homme, ne
lui manquaient pas, cette période du moyen âge est
éclairée de nombreux documents ; étudiés par un homnie
perspicace, poète, — car il faut être un peu poète pour
écrire l'histoire, —-ils prennent un relief extraordinaire.
M. Paul Fort a ressuscité tout ce moyen âge crédule,
pieux, ivre de luxure et de sang, où la vie comptait pour
peu de chose, où l'assassinat tenait lieu de conférence
diplomatique, où l'homme, proche encore de la bête, en
avait les appétits, la férocité et l'impudeur.
Ysabeau de Bavière est restée comme une sinistre
figure; on l'accuse d'avoir vendu la France à l'Angle-
terre, déjà ! comme si à cette époque on ne vendait pas
les provinces avec les filles et si la France ne s'était con-
stituée alors aussi bien à coups de dots qu'à coups
d'épées. M. Paul Fort en a fait un personnage de chair,
une amoureuse tout entière à son crime, puisque ce.lui
qu'elle aime est le frère même de son époux; elle a
de beaux cris de bête qui défend sa proie. Il y a vrai-
ment des scènes qui rappellent les plus belles de Shake-
speare.
Le pauvre roi Charles VI, victime de sa débauche,
voit peu à peu s'éteindre les lueurs de sa raison.
M. Balpêtré fut, en ce personnage, fort émouvant.
C'est un spectacle admirable pour grandes personnes,
il est malheureux qu'on ne puisse y conduire les enfants,
ils conserveraient peut-être de l'histoire de France une
plus juste et moins conventionnelle conception.
Il faut rendre hommage à la troupe de l'Odéon qui
donne tout entière. Citons M1Ie Germaine Laugier, une
Ysabeau sauvage et de belle allure, Mlle Jeanne Boitel,
touchante Odette, colombe égarée dans le repaire des
vautours; M. OEttly, Jean sans Peur flegmatique et rusé,
enfin MM. Gabrio et Adet, fort amusants en moines.
La mise en scène est très vivante, c'est une partie
essentielle de pareils spectacles. Pierre D'OUVRAY.
Théâtre de Paris. —La Tentation, pièce en quatre actes,
de M. Charles MÉRÉ.
La nouvelle oeuvre de M. Charles Méré se distingue
par les mêmes caractéristiques que les précédentes et
s'inspire des mêmes principes : l'action dramatique ne
résulte pas de l'évolution normale des caractères, mais
elle assujettit au contraire ceux-ci à des péripéties émou-
vantes, préparées et conduites avec une habileté supé-
rieure, mais visiblement fixées à l'avance, les person-
nages ayant pour seule mission de les justifier. On
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