Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1903-03-18
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 mars 1903 18 mars 1903
Description : 1903/03/18 (Numéro 9637). 1903/03/18 (Numéro 9637).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Identifiant : ark:/12148/bpt6k5610013
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2008
VlNGT-HUITIËME ANNEE. N° 9637.
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MERCREDI 18 MARS 1903:
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Dernière Édition
Le célèbre serpent de mer, qui fut
légendaire vers le milieu du siècle,
eut qui hanta les rêves des contemporains
de Louis-Philippe, vient de reprendre
son rang dans l'actualité. On a coutume
de l'y voir reparaître à échéances régu-
lières les marins n'ont jamais renoncé
à le capturer de temps à autre on si-
gnale sa présence dans les mers loin-
tapines. vers les espaces immenses du
Pacifique qui s'étendent de l'Insulinde
à l'Amérique australe.
Cet animal terrible n'aime guère les
parages de l'Europe il fuit l'Atlantique
tt la Méditerranée avec un égal dédain
sans doute ces mers sont trop étroites
pour ses gigantesques dimensions peut-
être aussi redoute-t-il l'approche des
sceptiques.
Les personnes qui ont cru noter son
existence étaient jusqu'ici en général
peu instruites et rien ne prouvait
qu'elles n'avaient pas été les jouets d'une
illusion. Mais'tout récemment un offi-
cier de marine, commandant un torpil-
leur sur lés Côtes de Chine, a envoyé
quelques obus à un couple de ces fan-
tastiques reptiles. Bien mieux, un natu-
raliste qui a accompagné l'expédition
de la Belpica. dans la zone antarctique,
M. Racovitza, a fait une communication
très précise sur ce sujet fabuleux à la
Société zoologique de France, et, à l'ap-
ipui de ses dires, il a déposé un volume
consacré au serpent de mer par un sa-
,vant hollandais, M. Oudemans.
On répondra que la science a toutes
Éte audaces et qu'elle suppose le grand
public vraiment trop candide. L'auteur
du livre que nous signalons a noté plu-
Sieurs centaines d'observations et coor-
donné tous les renseignements recueil-
lis sur un être qui, s'il existait vraiment,
serait le plus monstrueux de la créa-
M. Oudemans a prétendu classer le
.Serpent ,d.a mer,, donner sa description,
pt n&êffle étudier ses moeurs. Le dessein
est .peut-être excessif, mais il reste cu-
Tieux.
En réalité, le grand serpent de mer
ne serait qu'un mammifère de la même
famille que la phoque ou l'otarie. Si l'on
a pu se tromper sur sa nature, c'est que
sa queue et son cou sont démesurément
allongés. Ce qui le caractériserait aussi,
c'est qu'il porterait sur le museau de
grosses moustaches raides. Il ne se dé-
velopperait pas sur moins de quatre-
vingts mètres, dont vingt seulement
pour le tronc. Il vivrait exclusivement
dans les océans où sa vitesse et ses di-
mensions lui permettraient de parcourir
en peu de temps des espaces considéra-
bles. Enfin, il voyagerait par couples et
ne se rapprocherait que très rarement
des côtes.
M. Oudemans décrit donc son sujet
comme s'il l'avait vu. C'est le comble de
la Science inductive. Le naturaliste hol-
landais, a même trouvé des disciples ou
tout au înoins éveillé des curiosités, car
l'amiral qui commandait notre station
navale de Chine a lancé une circulaire
à ses officiers en les invitant à profiter
de toutes les occasions pour saisir tout
ou partie du serpent de mer.
Le jour où l'animal aura été photo-
graphié, et il défendra sans doute
bien sâ-iête– et où son portrait sera
exposé dans tous les musées du monde,
on se montrera moins sceptique à son
égard. D'ici là-, il ne faut guère compter
qu'on acceptera son existence.
Il efet vrai que nous avons bien dû ad-
mettre parmi les êtres vivants et réels
les grands poulpes du Pacifique, qu'on
reléguait autrefois au rang des mythes.
Mais cés céphalopodes, quoique de belle
taille déjà, puisqu'ils atteignent vingt-
sept mètres, ne sauraient rivaliser avec
le célèbre reptile dont le Constitutionnel
releva un jour la trace. Et puis on nous
a apporté leur dépouille, tandis que
M. Oudemans ne nous offre que des té-
N4 Feuilleton du PETIT PARISIEN,
VIERGES DE FRANCE
GRAND ROMAN INEDIT
DEUXIÈME PARTIE
L'AMOUR ET LA HAINE
IV (suite)
Une Passion
Là sœpr bougonna encore
Elle est joliment née avant ses rentes,
Puis, -devant la pâleur de l'enfant, elle
tojouta, se sentant prise de compassion
Reconduis-la au couvent, Pauline. Et
veille à ce qu'elle avale une tasse de bouil-
lon ou de lait bien chaud, ce qu'elle préfé-
rera
Merci, ma sœur, soupira Cécile, vous
êtes bien bonne
Ne t'y fie pas, répondit la religieuse.
Mais notre mère me gronde quand je ne me
laisse pas mettre dedans par vous toutes.
Elle regarda vers le groupe des petites ou-
arrières, et ses yeux perçants les ayant sur-
prises arrêter ayant toutes leurs fourches
eh l'air, elle leva les bras en l'air, et cria
avec un: àecent tragique
Lày. Pour un instant que je m'absente,
les wjjnà.à ne rien faire, excepté à jacasser
comme des pies borgnes.
Allons, houp, vous autres, filez au monas-
tèi'tt et ne musez pas en route.
moignages peu précis et souvent contes-
tables.
La faune des temps préhistoriques
n'était pas plus riche que celle de notre
époque. Mais elle présentait en général
des dimensions supérieures. Que d'ef-
froyables combats les premiers hommes
ont dû poursuivre contre les fauves qui
assiégeaient leurs refraites dans les bois
ou les cavernes Le sort de l'Hindou des
hautes vallées du Bengale est peu envia-
ble, car il connaît des angoisses dont
nous sommes heureusement affranchis.
Le tigre ou la panthère le guettent au
détour du sentier le serpent corail ou
le serpent minute pénètrent dans sa
case, dans son lit et le tuent en peu
d'instants. C'est par dizaines de milliers
que les bêtes malfaisantes font des vic-
times chaque année entre l'Himalaya et
Ceylan. Mais combien plus vives encore
étaient les alarmes de nos ancêtres de
l'époque quaternaire Avec leurs haches
de pierre, ils se défendaient tant bien
que mal contre les ours géants qui les
broyaient entre leurs pattes. Encore ces
animaux étaient-ils les moins robustes
ou les moins grands dont la science ait
retrouve les ossements.
C'est toute une branche du savoir hu-
main qui s'est formée la paléontolo-
gie autour de la reconstitution de ces
êtres de la phase préhistorique. Il n'y a
guère qu'un siècle que les principes en
ont été posés, et l'on peut dire que c'est
un Français, Cuvier, qui en a trouvé
les bases, tout en la portant d'un seul
coup à un degré inouï de perfection.
Avec des vertèbres, des mâchoires,
des phalanges retrouvés dans les car-
rières des environs de Paris, cet illustre
novateur refit de toutes pièces quelques-
uns des grands animaux fossiles. D'Or-
bigny, Boucher de Perthes, Lyell, Dar-
win, Vogt, après lui, complétèrent son
œuvre.
La paléontologie entra dans une phase
plus intéressante lorsque, à la fin de la
monarchie de Juillet, les silex de la Som-
me révélèrent la présence de l'homme
sur la terre à une époque où elle avait
toujours été formellement niée. Puis
coup sur coup furent découverts le crâne
du Neanderthal en et les plaques
gravées des Eyzies en 1862. Dès lors, c:;
fut à pas de géants que la science pro-
gressa.
La faune que l'on a restaurée à l'aide
des ossements trouvés un peu partout,
dans les cavernes du Périgord et les
grottes de l'Ardenne, dans les carrières
de l'Angleterre méridionale et de la
Prusse rhénane, était fort différente de
celle de nos jours.
Si elle ne comportait pas des varié-
tés plus nombreuses, elle réunissait
souvent dans une même famille des
formes qui nous paraissent antagonis-
tes, qui en tout cas appartiennent à des
êtres très distincts.
Parmi les reptiles, le plésiosaure et
l'ichtyosaure comptaient entre les plus
développés. Le premier était souple et
agile, et les spécimens qu'on a exhumés
étaient munis de dents terriblement
pointues. Le second, au contraire, devait
avoir une démarche plutôt lente. L'igua-
nodon, long de vingt mètres, était en-
core plus redoutable.
Les pachydermes constituaient un ef-
fectif considérable dans le monde ani-
mal d'il y a des milliers d'années. Les
mammouths furent extraits dès le dix-
huitième siècle des glaces de la Sibérie,
au grand effroi des indigènes. Plus hauts
que l'éléphant, ils devaient s'élever à
trois ou quatre mètres au-dessus du sol.
Ils étaient fortement dépassés par le
mastodonte, dont les vertèbres ont été
retrouvées dans toute l'Amérique aus-
trale, et par le dinothérium, sorte d'hip-
popotame muni de défenses recourbées,
dont les premiers vestiges furent signa-
lés en Allemagne vers 1836.
Les bœufs les plus volumineux de no-
tre âge seraient des nains à côté des mé-
galonyx, et l'autruche du Cap ferait
triste figure en face de l'épiornis, dont
les œufs colossaux causent la stupéfac-
tion des populations malgaches. Et toute
cette gent bizarre s'ébattait librement à
l'ombre des forêts de fougères mons-
trueuses dont nos blocs de houille por-
Vous avez entendu l'ordre, monsieur,
dit Pauline, en se retournant vers la haie,
dès que la sœur Eponine fut un peu loin. 11
faut que nous nous en aillons.
Oh je vous en conjure, répondit Al-
berl restez encore un tout petit moment:
Pour qu'elle revienne ? Et comme sœur
Eponine est tout le contraire d'une bêle, elle
aura vite ftairé quelque chose. Or, entre cela
et vous découvrir, il ne se passera pas beau-
coup de temps, soyez-en convaincu.
Alors vous partez?.
Il le faut, monsieur. il le faut.
Et cette brèche du'parc dont parlait
tout à l'heure mon adorée petite Cécile?.
Oh! dis oui. Dis oui. conjura en-
core la frêle petite voix.
Entendez-là, l'enjôleuse. Et penser que
je ne peux rien lui refuser.
Merci. Merci
Eh bien, monsieur, ce soir, quand il
fera tout-à-fait obscur, faites le tour du
couvent. A un endroit déterminé, vous ver-
rez le mur écroulé sur une assez grande
distance.
L'avarice de notre mère supérieure, ne
l'ayant pas fait relever, on pourrait par là
prendre la clef des champs si l'envie en
venait.
Mais, comme on n'est pas trop malheu-
reuse au couvent, on se contente d'enjamber
les démolitions, de sauter le fossé qui est
derrière, pour aller tirer une petite bardée
dans les champs, de temps en temps.
Et vous y viendrez ce soir, avec ma
chère petite Cécile, mademoiselle ?.
Nous tacherons, monsieur.
A quelle heure y serez-vous?.
Nous ne pouvons pas le dire. Depuis
qu'il fait chaud, on nous permet de respirer
dans le pare avant d'aller nous coucher.
tent souvent les admirables empreintes:
Il faut croire pourtant que l'homme
était plus robuste et mieux constitué
que les éléphants, les ours et les rhino-
céros des temps lointains, puisque seul
il a subsisté, tandis que les espèces
géantes s'évanouissaient ou dégéné-
raient. Il a même étendu peu à peu son
aire de domination, et la famille des
grands fauves reculait devant lui. Jus-
qu'à une époque historique, les carnas-
siers ont vécu sur le sol d'Europe, puis
soudain, soit refroidissement du climat,
soit impuissance à lutter contre nos an-
cêtres, ils ont disparu.
Et la destruction de la faune se con-
tinue partout où l'homme apporte ses
engins perfectionnés. Le lion a déserté
l'Atlas et la vallée du Nil, le tigre s'est
enfui loin des grandes villes de l'Inde,
l'éléphant se fait rare au Congo. C'est au
dix-neuvième siècle qu'ont péri les der-
niers aurochs, ces bisons du vieux mon-
de, auxquels les forêts lithuaniennes
avaient offert un abri éphémère.
Le serpent de mer n'a qu'à se bien te-
nir; le jour où sa présence sera dûment
constatée et reconnue, l'industrie aura
bien vite trouvé son emploi. On ira le
chasser, comme on poursuit le phoque
ou la baleine dont les échantillons com-
mencent à se raréfier. Cet animal a été
fort sagace, en se refusant jusqu'ici aux
observations précises. Et malgré les gi-
gantesques dimensions qu'on lui prête,
il fera sagement en plongeant au plus
profond des eaux et en se dérobant
des admirateurs malintentionnés. Sinon
le sort du dinothérium le guette.
JEAN FROLLO
Faits du Jour.
HIEH
'le 'Sénat a procédé à une vérification
d'élection.
des congrégations, MM. Buisson, de Ramel,
Rock et Rabier.
*• L'état de siège a été proclamé à Coïm-
bre (Portugal).
•» Un drame de la jalousie s'est déroulé
dans h quartier des Grandes-Carrières. Un
fiintre en bâtiments a frappé de plusieurs
coups de cvufeau un de ses amis»
Une vieille femme près
de Cadillac (Gironde).
AUJOURD'HUI
Séance à la Chambre.
A l'Opéra-Comique, première représen-
tation de Muguette, de M. A/issa.
Courrier de Madagascar
(De notre correspondant particuUer\
Marseille, 17 mars.
Le paquebot le Yang-Tsé, des Messageries
maritimes, venant de Madagascar, est ar-
fivé ce matin, à huit heures, dans le bassin
de la Jolielte.
Les derniers Rebelles
Les nouvelles qui nous sont apportées par
ce oatrrrier sont très satisfaisantes. L'oeuvre
de colonisation et de pacification se pour-
suit avec sûreté. L'état des récoltes s'an-
nonce comme excellent, encore qu'on si-
gnale sur quelques points l'apparition des
criquets et que des pluies torrentielles aient
causé d'assez graves dégâts dans la pro-
vince de Majunga.
De l'intérieur de l'Ile, on signale la fin de
l'agitation et la disparition des bandes qui
l'entretenaient. Les dernières nouvelles re-
çues de la Tsiribihina annoncent d'une façon
presque certaine que le chef de bande Tsi-
ketraka a été tué par son sorcier Lelddjilo
et Zizia, son fils, ancien tirailleur, au mo-
ment où il allait se rendre à Anhalalobé.
Si cette nouvelle est confirmée, il ne reste
plus, sur la rive droite de la Tsiribihina,
que la petite bande de Tsirongato.
Sur la rive gauche, les bandes de Mano-
songa et Tsatsango se sont dispersées et
on a perdu leurs traces. La bande Tsikan-
dra, dans la Bevony, a réussi à déjouer
deux fois les tentalives de nos troupes. Le
projet de soumission de Tsikandra à Mian-
drivazo, dont il avait été question le trimes-
tre dernier, n'a pas abouti.
Dans le secteur du Mangoky, une bande
de fahavatos professionnels, ayant pour
chef Manandaka, et dont le point d'attache
ordinaire est sur la rive gauche du fleuve,
vallée de Sikily, a commis le 7 novembre, à
Mais comme nous avons très peu de temps
pour cette récréation-là, il vaut mieux at-
tendre que tout le monde soit couché.
Et moi, alors, comment devrai-je
Vous resterez à cet endroit de la brèche,
qui est toujours désert, monsieur. Et puis.
Elle poussa un soupir, et comme elle ne con-
tinuait pas, occupée qu'elle était à observer
la relig,ieuse criant et tempêtant à l'autre
bout du pré, Gaultier répéta la voix hale-
tante
Et puis ?. Et puis ?.
Eh bien vous nous prendrez quand
nous arriverons.
Allons, vite Cécile, continua-t-elle, en en-
traînant sa compagne, partons.
Maintenant que j'ai fait tout ce que tu as
voulu, il ne faut pas préoccuper sœur Epo-
nine.
Or, je la vois là-bas qui s'est retournée et
regarde avec une certaine insistance de notre
côté. Décampons, va, ma fille, c'est plus pru-
.Adieu, monsieur, murmura la douce
voix *e Cécile.
Après une petite pose, elle ajouta
Monsieur?. Comment vous appelez.
vous ?.
Albert.
Oh le joli nom. A ce soir, monsieur AI-
bert.
A ce soir, et surtout ne faites pas d'im-
prudences. S'il y a de l'air, couvrez-vous.
Oui, oui. n'ayez pas peur. A présent, je
ne serai plus jamais malade.
Elles partirent toutes les deux éprouvant
le même émoi compréhensible.
Est-ce qu'elles ne rêvaient pas?.
Et qu'était cette aventure si incroyable, si
merveilleuse, Que jamais, de mémoire de re-
Nosy-Ambotsy, dans le cercle de Tuleaa, un
double crime. Cette bande est intermittente.
Aussitôt le coup fait, elle s'est dispersée, et.
on n'a pu en saisir que des individus isoiés.
La bande Firazana, qui a tué le 22 octobre,
au sud d'Andramompasy, le sergent indigène
Korimanga-Osofy, est presque anéantit.
Son chef a été tué le 11 novembre, et ta plu-
part des autres se sont rendus. Enfin la
bande de Rafihahy, beau-frère d'Inapaka,
composée de seize hommes, surprise à Mn-
nampadahy, le 13 décembre, a laissé entre
nos mains trois fusils. Elle a fait ensuite sa
soumission à Bereroha. le 22 décembre, ren-
dant sept autres fusils à pierre.
Un Sinistre maritime
Les journaux de Madagascar signalent le
naufrage, sur les côtes de l'Ile, d'un voilier
hollandais.
Le 3 février, le cercle de Fort-Dauphin fai-
sait connaître qu'un grand voilier hollan-
dais en tôle, d'une centaine de mitres de
longueur, et qu'on avait tout d'abord pris
pour un vapeur, avait été jeté il la côte à
20 kilomètres environ de Manantenina,
après avoir touché les hauts-fonds, qui se
trouvent entm Ankaramandihy et Fitana-
malama.
Ce qui porte à penser qu'on se trouve en
présence d'un effroyable drame maritime,
c'est qu'on n'avait trouvé, au moment de la si-
nistre découverte de la coque désemparée,
aucun trace de l'équipage. Le pont, entiè-
rement rasé, n'avait plus aucun de ses trois
mats. Pas une embarcation de sauvetage ne
restait a bord, mais une photographie, trou-
vée par hasard. permet d'affirmer que l'équi-
page se composait de dix-huit personnes,
parmi lesquelles se trouvait une femme.
La garde et la surveillance de l'épave, que
le gros temps a mis à cheval sur des rochers,
où sa destruction complète n'est plus évi-
table, ont été aussitôt organsisées par les
soins de l'administrateur de la circonscrip-
tion de Ranomafana..
Le commandnnt du cercle, accompagné de
l'enseigne Hantz, s'est rendu en toute hâte,
sur les lieux de la catastrophe. Il a été re-
connu que le navire, tout en tôle d'acier,
était bien de nationalité hollandaise, que
son nom était Geenuinda-Gararda, et qu'il
avait été construit aux chantiers de Krim-
pen Aan, de Lek. Sa cargaison tout en-
tière était composée de madriers de sapin.
Des recherches actives ont été commen-
cées sans retard sur toute la côte, afin de
recueillir, s'il en est temps encore, les mal-
heureux naufragés, dont aucune trace cer-
taine n'avait encore été découverte il te
date du 14 février.
Un intéressant Album
Le gouverneur général de Madagascar a
envoyé au Président de ,la République un
album, l'enfermant des vuas du chemin de
fer d'Aruverano. Les matériaux employés
pour la eonfection de cet album, sont mal-
gaches. Chaque vue est fixée sur de la soie
d'araignées du Betsileo, ornée de broderies.
L'album est renfermé dans deux plateaux
en ébène, réunis par des charnières en or.
La dédicace est incrustée dans le plateau
supérieur. Cette oeuvre, très originale, a été
exécutée par les élèves indigènes de l'école
professionnelle de Tananàrive.
Le général G&Hiéni vient de prendre deux
arrêtés licenciant des écoles mixtes de Ta-
matave et de Tananàrive, et créant, dans ces
deux villes, des écoles laïques, dites écoles
préparatoires, pour les garçons d'origine
européenne. Le Journal officiel de hfada-
gascar enregistre la mort de l'enseigne de
vaisseau Théron, qui avait démissionné
pour s'installer colon à Ambauja, province
de Sambirano.
LE DÉPART DESÏÏRRE-lOVmS
(De notre correspondant particulier!
Saint-Malo, 17 mars.
La nouvelle de la venue du ministre de la
Marine s'est promptement répandue aux en-
virons, et depuis hier les visiteurs et les
curieux n'ont cessé d'afflue.r. Les routes
étaient sillonnées de voitures amenant les
coffres et les bagages des terre-neuviers ac-
compagné.s par leurs familles. La foule se
portait vers les navires en partance, Bur-
gundia et Notre-Dame-de-Salut amarrés au
quai Nord et au quai Sud.
Le ministre de la Marine est arrivé ce ma-
tin à six heures et est descendu à la sous-
préfecture, où la municipalité et les chefs
de service sont venus le saluer.
Je suis heureux, a dit M. Pelletan,
d'être venu an milieu de cette'grande popula-
tion maritime et d'apporter nos marins
l'expression de toute la sollicitude du gou-
vernement de la République.
Ils apprendront avec intérêt qu'à l'ave-
nir leur embarquement comptera du jour du
départ de Saint-Malo jusqu'au retour en
France. C'est une bonne nouvelle que j'ai
voulu leur apporter moi-même.
Le ministre s'est rendu aussitôt à bord du
Burgundia et a visité le paquebot avant
ligieuse, de pensionnaire ou d'orpheline, on l'avait vue. Il s'est arrangé pour la rencon-
n'avait vu la pareille ?. 1 trer le soir, dans le parc, au bout des labou-
Tout le ,reste de la soirée, le bouleverse- rés. Il en est devenu éperdument amoureux,
ment des deux enfants continua. et ils se sont mariés. On m'a dit qu'elle avait
Elles chuchotaient, elles faisaient des sup- mal tourné, je crois. Mais enfin, si elle l'eût
positions qui n'en finissaient plus. Malgré voulu, elle eût pu être heureuse, et si riche.
la surveillanre suraigüe des religieuses, Riche, soupira Cécile. Qu'est-ce que ça
quelques livres, tout au moins quelques me fait, pourvu qu'on m'aime ?.
feuillets de romans, ou bien des livraisons Mais certes, il me semble qu'il doit t'ai-
illustrées, ou bien encore des rez-de-chaus- mer, ton Albert, pour être ainsi venu te re-
sée de journaux, coupés et précieusement voir au bout d'un an.
conservés, franchissaient les murs de l'anti- Cécile comprima à deux mains son faible
que monastère. cœur qui battait à tout rompre.
Pauline et Cécile avaient fait comme les, Nous le saurons ce soir, dit-elle. Mais,
autres. si ses intentions sont honnêtes, si j'ai ;e bon-
Elles avaient dévoré ces lignes, quand il heur inespéré.qu'un être au monde veuille
leur en était tombé sous la main. me donner une affection profonde, une fa-
Et voilà que ce qui arrivait à l'une d'elles, mille, un intérieur quelque modeste qu'il
ressemblait à ces aventures. soit. à moi qui ne possède rien sur terre,
Est-ce que tu penses que vraiment il oh celui-là, vois-tu, ma Pauline, il pourra
m'aime, Pauline? demandait la petite ma- me demander ma vie s'il le veut. Le peu
lade. que je suis lui appartiendra jusque dans l'é-
Dam Ma mignonne, répondait l'au- ternité. Et mon cœur deviendra pour lui un
tre, ça en a l'air autel, où il régnera seul dans un culte d'ado-
Je ne peux pas le croire. Ça ne ce serait ration que rien ne sera capable de lasser ja-
jamais vu. mais.
Oh que si c'est arrivé des fois. Mais Pauline, un peu effrayée de l'exaltation de
c'est rare son amie, voulut la calmer.
Tu dis que c'est arrivé, est-ce que tu en On ne doit aimer comme cela que Dieu
sais des exemples, toi ?. seul, 6t-elle. Tu sais bien que nos mères
Oui. nous le disent toujours.
«in ai ils ? Tais-toi, dit Cécile, tu me fais mal.
J-equei, aïs Et plus bas, les yeux subitement cernés,
1 u as bien connu cette belle Jeanne elle ajouta
chonnet, qui avait des cheveux d'or comme Albert est déjà pour moi plus que Dieu.
ceux de la Vierge, et de jolis yeux de la cou- La soirée fut interminable. Mais comme
leur des bleuets, des yeux encadrés de cils les religieuses se lèvent l'été avant le jour,
noirs qui riaient toujours?. et qu'il y en avait dans le nombre quelques-
Oui, je l'ai vue autrefois. unes de jeunes et frêles, qui avaient besoin
Eh bien, elle a épousé le fils du boucher de sommeil, en général, à neuf heures, tou-
de Douvres. tes les lumières étaient éteintes au monas-
En venant au couvent porter la viande, il tère de la Délivronde»
l'embarquement des passagers. La visite a
duré une demi-heure.
Descendu à terre, le ministre a remercié
le maire de Saint-Malo de sa réception, puis
il est reste sur le quai d'embarquement jus-
qu'au moment où le Burgzrndia a levé l'an-
cre.
Ce navire, commandé par le capitaine
Buhé, avec h0 hommes d'équipage, a em-
mené 1,016 passagers.
Une foule considérable, massée sur les
remparts et le long des quais, a suivi le
navire jusqu'au môle, saluant ceux qui s'en
vont pour une dure campagne de près de
huit mois.
Le Burgundia a pris a son bord les capi-
taines et les équipages des goélettes saint-
pierraises dont les noms suivent
Anne-May, Alliance, Aanélie-Jntia, Amphi-
trite, Alsacienne, Anzéricain, Angler, Anas-
lasie, Adèle, Albatros, Augustine, Auguste-
Alarie, Aristide, Carmen, Bretagne, Bail-Bill,
Eugène, D.-P., Dictateur, Franchie, Flora.,
Féronia, Galilée, Georges, Granvillaise,
Grand-Master, Jeanne-Bcrthc, Jeanne-Au-
guste, J.-L.-C, Joseph-Marie., Jeune -Aristide,
Jeannette, Java, Mirande, Myosotis, Marie-
Augustine, Margot, Nevada, Lucretia, Marie-
Antoinette, Noèla, P.-F. 37, Petite-Marie,
Pervenche, PaiU-et-Fernand, Pacifique,
Rayen-de-Seleel, Regina, Sea-Queen, Sainte-
Anne, Saint-Pairaise, Union, Surprise. Sen-
sitii.-e, Xénophon.
Le ministre de la Marine a visité ensuite
le paquebot Notre-Dame-du-Salul, a fait le
tow des remparts de Saint-MaJo et visité les
quais.
Le ministre a déjeuné à midi la sous-
préfecture et est parti de Saint-Malo par le
train de 1 heure 55 pour renlrer à Paris par
la ligne de Normandie.
M. Baudin, ancien ministre des Travaux
publics, accompagnait M.. Pelle (an <îans ses
différentes visites.
DRAME DE Li JALOUSIE
Un peintre en bâtiments a frappé, hier
après-midi, un de ses amis de quatre coups
de couteau au cours d'une altercation sur-
venue entre eux à propos d'une femme qui
avait abandotnné l'un pour ailler vivre avec
l'autre.
Il y a environ quatre ana, le peintre en
question, Jacques Multi, sujet belge, faisait
la connaissance d'une ouvrière, Iienthe Mi-
roux, âgée de vingt ans, qui lui avait dit, être
seule au monde, tous ses parents étant dé-
cédés.
Jacques Multi, qui avait à peu près le
même âge que la jeune couturière, s'éprit
d'elle éperdument et résolut, d'en faire la
compagne de sa vie.
Le couple ailla s'installer rue Ordener. Lui
se rendait tous les matins il son travail,
après avoir accompagné sa maîtresse boule-
vard Ney, où se trouvait la maison de cou-
ture où la jeune femme était employée.
Ils étaient très unis et jamais la moindre
scène n'avait lieu entre eux. Berthe Miroux,
très affectueuse et d'un caractère très doux,
était une compagne charmante. Malheureu-
sement, il y a environ trois mois, un grand
changement s'opéra en elle. Berthe Miroux
devint nerveuse, s'irritant pour un rien,
adressant à tout propos et hors de propos
des réprimandes il son ami. L'existence de-
vint alore intolérable. Jacques Multi eut
beau s'ingénier à plaire à sa maîtresse, à
éviter tout sujet de querelle, rien n'y fit la
jeune couturière devenait chaque jour plus
acariâtre et plus maussade.
La Rupture
Il y a huit jours, comme il revenait de son
travail, Jacques Muiti trouva chez -lui une
lebtre à son adresse. Ayant reconnu l'écri-
ture de son amie, il décacheta la missive
d'une main fébrile et lut les lignes suivantes:
Ami,
Pardonne-moi la peine que je vais te faire. J'ai
bien hésité avant de t'écrire ces quelques mots,
car je sais combien tu m'aimes et comùien tu
souffriras en apprenant ce que j'ai résolu, mais il
vaut mieux que je ne te cache pas la vérité plus
longtemps. Eh bien si je suis devenue méchante
avec toi, c'est que j'en aime un autre. J'ai essayé
de lutter, de me dire que j'étais folle. que j'allais
être malheureuse, que tout notre passé d'amour
me défendait d'être infidèle, rien n'y a fait. La
passion est plus forte. Je te quitte donc en te di-
sant que je conserverai toujours, malgré fout, le
souvenir des bonnes heures que nous avons vé-
cues ensemble.
L'amant délaissé n'en pouvait croire ses
yeux. Il pensa tout d'abord à rechercher la
jeune femme et à la tuer. Il erra toute la
nuit par les rues en songeant comment
pourrait également se ver.ger de celui qui
lui avait volé sa maîtresse. Mais peu à peu
,le calme revint en son esprit.
C'est bien, finit-il par dire. Qu'elle vive
à sa guise je serai bien bêle de me chagri-
ner pour elle.
Il fut tout d'abord très ferme dans ses ré-
solutions. Sur ces entrefaites, il apprit que
sa maîtresse était allée vivre avec un de ses
camarades d'atelier, nommé Louis Friret.
Il se contenta de ne plus adresser la parole
à celui-ci. Mais, hier après-midi, il éprouva»
l'impérieux désir de revoir Berthe Miroux.
Il alla boulevard Ney attendre la jeune
couturière. Quand celle-ci l'aperçut, elle eut
un geste de terreur.
Oh! ne crains rien, lui dit le peintre,,
je ne te ferai point de mal. Je veux simpl»-'
ment causer quelques instants avec toi.
.Fatale Entrevu»
Rassurée, Bcrlhe Miroux accepta de se
rendre dans un débit de vins voisin. Mais
il peine étaient-ils attablés que Louis Friret
apparut. Le nouvel amant, étonné de l'atti-
tude sournoise de Jacques Multi, s'était dit
que son camarade méditait quelque mau-
vais coup et l'avait suivi. C'est ainsi qu'il
l'avait aperçu causant avec 'son ancienua
amie. Louis Friret entra donc dans le dé-
bit de vins et demanda à Berthe ce qu'elle
faisait là.
Mais je cause avec Jacques, répondit-
elle timidement.
Tu n'as à causer avec personne.
Jacques wulti se leva alors, tremblant de
rage, et fit observer qu'il avait bien le droit
de parler à celle qui avait partagé son exis-
tence pendant quatre années.
Louis Friret répliqua d'une façon qui dé-
plut à son interlocuteur, si bien que la dis-
cussion tourna bientôt au tragique. Les
deux hommes s'armèrent chacun d'un cou-
teau et se ruèrent l'un sur l'autre. Ce fut
Jacques Multi qui fut ie plus fort. Il attei-
gnit son adversaire à la jambe et il. la poi-
Irine. Pendant que des agents prévenus
conduisaient au commissariat des Grandes-
Carrières le meurtrier. on transportait la
blessé il l'hôpital Bichat. M.- Dupin, com-
missaire de police, allait t'interroger uns
heure plus tard. Mais Louis Friret se re-
fusa à porter plainte contre Jacques Mulli,
Il a eu raison, dit-il, de se défendre.
C'est moi qui ai eu les premiers torts en lui
prenant sa maîtresse.
M. Dupuis- s'est donc cmipnfé de consk
gner à sa disposition l amant délaisse.
LES CORSAIRES MODEM
L'Exploit de « l'Espadon n. Un nouvel Em-
ploi des Sous-Marins. Les Résultats
acquis.
L'épisode de l'al,taque très pacifique de la,
Champagne par l'Espadon marque une nou-
velle période dans l'emploi des sous-marin.
comme engins de guerre; jusqu'ici le sous-
marin ne s'est livré qu'à des exercices tacti-
quas contre des bâtiments de combat; les
expériences de Cherbourg, attaques contre
une escadre a l'ancre, contre une escadre en
marche, défense de l'entrée d'un port, ont été,
autant d'étapes dans l'établissement du rôle
du sous-marin dans des opérations de guerre
et on se souvient que le capitaine de fré-
gate. Heilmann, commandant la station des
sous-marins de Cherbourg, avait conclu, à la.
suite des opérations, que nos submersibles
étaient capables de se rendre dans un port
ennemi et d'y faire sauter les bâtiments qui y,
seraient, à l'ancre.
La Défensive et l'Offensive
Deux faits donc ont été acquis dans ces
expériences d'abord, que le sous-marin pro-
prement dit était un excelleni, engin pour la
défense des côtes, en second lieu que le sub-
mersible pouvait devenir autonome et aller
attaquer l'ennemi chez lui.
La navigation sous-marine est aujourd'hui
complète, elle possède tes éléments néces-
saires aux opérations navales, l'instrument
défensif et l'instrument offensif. Ce dernier
résulte de ce que l'on a pu augmenter le
rayon d'action du sous-marin.
Le double moteur, outre qu'il a permis la
marche à la surface dans des conditions
d'habitabilité supérieures à celles que pré-
sentaient les sous-marins du début, a
rendu cet immense service de rendre le ba-
teau indépendant de sa station d'approvi-
sionnement d'électricité. Grâce à lui, les ac-
cumulateurs électriques peuvent être rechar-
gés pendant la navigation à la surface et le
sous-marin n'est plus obltgé de rentrer au
port dès que ses ,accumulateurs sont épuisés»
Le submersible est capable d'accomplir
une croisière, à cercle restreint c'est vrai*
mais il peut faim acte de croiseur, partant
de corsaire.
La Guerre de Course
L'opération de l'Espadon contre la Chatn.
pagne est de celles qu'on peut ranger dans,
la guerre de course.
Depuis l'extension de la marine à vapeur,
les condit.ions de la guerre de course se- snnt
bien modifiées son champ d'action a été
considérablement restreint. Le navire à voi-
les pouvait naviguer pendant des mois et
même des années sans avoir besoin de se
ravitailler la mer n'avait pas de limita
pour lui, il se laissait entraîner par sa forv
tune au hasard des rencontres qu'il faisait,
Ce soir-là il n'y eut point d'exception à la
règle.
Pauline et Cécile occupaient précisément
deux lits au bout du dortoir, les derniers de,
la rangée.
Les lavabos étaient à côté.
Elles s'étaient couchées avec leurs cor«<
sets et leurs chaussures.
Revêtir à la hâte leurs petites robes d'in*
dienne fut, pour elles, plus rapide que loi
pensée.
Elles écoutèrent un instant.
Le silence le plus absolu régnait dan*
l'immense pièce.
A peine un souffle plus profond que les
autres s'entendait-il, à intervalles irrégu-
liers.
Toutes ces fillettes, saines et robustes, se
livrant encore au travail au grand air qui
les fatiguait un peu, dormaient à poings fer-
més dès qu'elles entraient dans leurs lits.
A l'autre bout du dortoir, devant une gran-
de statue de la Vierge, un lampion brûlait
dans un verre rempli d'huile.
Le lit de la surveillante était à côté.
Mais elle était encore plus fatiguée que
les jeunes filles, et son sommeil était telle-
ment profond que quand un malaise se pro.
duisait, il fallait la secouer à plusieurs re.
prises pour l'éveiller.
Tranquilles de ce Côté, Pauline et Cécité
se glissèrent dans le lavabo.
Cécile marchait la première,.
Où me mènes-tu ? demanda 'Pauline. T¥
n'y a pas de porte, que je sache, dans cette
pièce-ci.
Cécile lui montra ta fenêtre.
Nous pouvons l'enjamber, dit-elle. Et
passer par-la ne sera-t.-il pas moins dange-
reux que de traversée toupies eomdo£».4«_
six PAGES 5 centimes SIX PAGEs
MERCREDI 18 MARS 1903:
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ANNONCES
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Dernière Édition
Le célèbre serpent de mer, qui fut
légendaire vers le milieu du siècle,
eut qui hanta les rêves des contemporains
de Louis-Philippe, vient de reprendre
son rang dans l'actualité. On a coutume
de l'y voir reparaître à échéances régu-
lières les marins n'ont jamais renoncé
à le capturer de temps à autre on si-
gnale sa présence dans les mers loin-
tapines. vers les espaces immenses du
Pacifique qui s'étendent de l'Insulinde
à l'Amérique australe.
Cet animal terrible n'aime guère les
parages de l'Europe il fuit l'Atlantique
tt la Méditerranée avec un égal dédain
sans doute ces mers sont trop étroites
pour ses gigantesques dimensions peut-
être aussi redoute-t-il l'approche des
sceptiques.
Les personnes qui ont cru noter son
existence étaient jusqu'ici en général
peu instruites et rien ne prouvait
qu'elles n'avaient pas été les jouets d'une
illusion. Mais'tout récemment un offi-
cier de marine, commandant un torpil-
leur sur lés Côtes de Chine, a envoyé
quelques obus à un couple de ces fan-
tastiques reptiles. Bien mieux, un natu-
raliste qui a accompagné l'expédition
de la Belpica. dans la zone antarctique,
M. Racovitza, a fait une communication
très précise sur ce sujet fabuleux à la
Société zoologique de France, et, à l'ap-
ipui de ses dires, il a déposé un volume
consacré au serpent de mer par un sa-
,vant hollandais, M. Oudemans.
On répondra que la science a toutes
Éte audaces et qu'elle suppose le grand
public vraiment trop candide. L'auteur
du livre que nous signalons a noté plu-
Sieurs centaines d'observations et coor-
donné tous les renseignements recueil-
lis sur un être qui, s'il existait vraiment,
serait le plus monstrueux de la créa-
M. Oudemans a prétendu classer le
.Serpent ,d.a mer,, donner sa description,
pt n&êffle étudier ses moeurs. Le dessein
est .peut-être excessif, mais il reste cu-
Tieux.
En réalité, le grand serpent de mer
ne serait qu'un mammifère de la même
famille que la phoque ou l'otarie. Si l'on
a pu se tromper sur sa nature, c'est que
sa queue et son cou sont démesurément
allongés. Ce qui le caractériserait aussi,
c'est qu'il porterait sur le museau de
grosses moustaches raides. Il ne se dé-
velopperait pas sur moins de quatre-
vingts mètres, dont vingt seulement
pour le tronc. Il vivrait exclusivement
dans les océans où sa vitesse et ses di-
mensions lui permettraient de parcourir
en peu de temps des espaces considéra-
bles. Enfin, il voyagerait par couples et
ne se rapprocherait que très rarement
des côtes.
M. Oudemans décrit donc son sujet
comme s'il l'avait vu. C'est le comble de
la Science inductive. Le naturaliste hol-
landais, a même trouvé des disciples ou
tout au înoins éveillé des curiosités, car
l'amiral qui commandait notre station
navale de Chine a lancé une circulaire
à ses officiers en les invitant à profiter
de toutes les occasions pour saisir tout
ou partie du serpent de mer.
Le jour où l'animal aura été photo-
graphié, et il défendra sans doute
bien sâ-iête– et où son portrait sera
exposé dans tous les musées du monde,
on se montrera moins sceptique à son
égard. D'ici là-, il ne faut guère compter
qu'on acceptera son existence.
Il efet vrai que nous avons bien dû ad-
mettre parmi les êtres vivants et réels
les grands poulpes du Pacifique, qu'on
reléguait autrefois au rang des mythes.
Mais cés céphalopodes, quoique de belle
taille déjà, puisqu'ils atteignent vingt-
sept mètres, ne sauraient rivaliser avec
le célèbre reptile dont le Constitutionnel
releva un jour la trace. Et puis on nous
a apporté leur dépouille, tandis que
M. Oudemans ne nous offre que des té-
N4 Feuilleton du PETIT PARISIEN,
VIERGES DE FRANCE
GRAND ROMAN INEDIT
DEUXIÈME PARTIE
L'AMOUR ET LA HAINE
IV (suite)
Une Passion
Là sœpr bougonna encore
Elle est joliment née avant ses rentes,
Puis, -devant la pâleur de l'enfant, elle
tojouta, se sentant prise de compassion
Reconduis-la au couvent, Pauline. Et
veille à ce qu'elle avale une tasse de bouil-
lon ou de lait bien chaud, ce qu'elle préfé-
rera
Merci, ma sœur, soupira Cécile, vous
êtes bien bonne
Ne t'y fie pas, répondit la religieuse.
Mais notre mère me gronde quand je ne me
laisse pas mettre dedans par vous toutes.
Elle regarda vers le groupe des petites ou-
arrières, et ses yeux perçants les ayant sur-
prises arrêter ayant toutes leurs fourches
eh l'air, elle leva les bras en l'air, et cria
avec un: àecent tragique
Lày. Pour un instant que je m'absente,
les wjjnà.à ne rien faire, excepté à jacasser
comme des pies borgnes.
Allons, houp, vous autres, filez au monas-
tèi'tt et ne musez pas en route.
moignages peu précis et souvent contes-
tables.
La faune des temps préhistoriques
n'était pas plus riche que celle de notre
époque. Mais elle présentait en général
des dimensions supérieures. Que d'ef-
froyables combats les premiers hommes
ont dû poursuivre contre les fauves qui
assiégeaient leurs refraites dans les bois
ou les cavernes Le sort de l'Hindou des
hautes vallées du Bengale est peu envia-
ble, car il connaît des angoisses dont
nous sommes heureusement affranchis.
Le tigre ou la panthère le guettent au
détour du sentier le serpent corail ou
le serpent minute pénètrent dans sa
case, dans son lit et le tuent en peu
d'instants. C'est par dizaines de milliers
que les bêtes malfaisantes font des vic-
times chaque année entre l'Himalaya et
Ceylan. Mais combien plus vives encore
étaient les alarmes de nos ancêtres de
l'époque quaternaire Avec leurs haches
de pierre, ils se défendaient tant bien
que mal contre les ours géants qui les
broyaient entre leurs pattes. Encore ces
animaux étaient-ils les moins robustes
ou les moins grands dont la science ait
retrouve les ossements.
C'est toute une branche du savoir hu-
main qui s'est formée la paléontolo-
gie autour de la reconstitution de ces
êtres de la phase préhistorique. Il n'y a
guère qu'un siècle que les principes en
ont été posés, et l'on peut dire que c'est
un Français, Cuvier, qui en a trouvé
les bases, tout en la portant d'un seul
coup à un degré inouï de perfection.
Avec des vertèbres, des mâchoires,
des phalanges retrouvés dans les car-
rières des environs de Paris, cet illustre
novateur refit de toutes pièces quelques-
uns des grands animaux fossiles. D'Or-
bigny, Boucher de Perthes, Lyell, Dar-
win, Vogt, après lui, complétèrent son
œuvre.
La paléontologie entra dans une phase
plus intéressante lorsque, à la fin de la
monarchie de Juillet, les silex de la Som-
me révélèrent la présence de l'homme
sur la terre à une époque où elle avait
toujours été formellement niée. Puis
coup sur coup furent découverts le crâne
du Neanderthal en et les plaques
gravées des Eyzies en 1862. Dès lors, c:;
fut à pas de géants que la science pro-
gressa.
La faune que l'on a restaurée à l'aide
des ossements trouvés un peu partout,
dans les cavernes du Périgord et les
grottes de l'Ardenne, dans les carrières
de l'Angleterre méridionale et de la
Prusse rhénane, était fort différente de
celle de nos jours.
Si elle ne comportait pas des varié-
tés plus nombreuses, elle réunissait
souvent dans une même famille des
formes qui nous paraissent antagonis-
tes, qui en tout cas appartiennent à des
êtres très distincts.
Parmi les reptiles, le plésiosaure et
l'ichtyosaure comptaient entre les plus
développés. Le premier était souple et
agile, et les spécimens qu'on a exhumés
étaient munis de dents terriblement
pointues. Le second, au contraire, devait
avoir une démarche plutôt lente. L'igua-
nodon, long de vingt mètres, était en-
core plus redoutable.
Les pachydermes constituaient un ef-
fectif considérable dans le monde ani-
mal d'il y a des milliers d'années. Les
mammouths furent extraits dès le dix-
huitième siècle des glaces de la Sibérie,
au grand effroi des indigènes. Plus hauts
que l'éléphant, ils devaient s'élever à
trois ou quatre mètres au-dessus du sol.
Ils étaient fortement dépassés par le
mastodonte, dont les vertèbres ont été
retrouvées dans toute l'Amérique aus-
trale, et par le dinothérium, sorte d'hip-
popotame muni de défenses recourbées,
dont les premiers vestiges furent signa-
lés en Allemagne vers 1836.
Les bœufs les plus volumineux de no-
tre âge seraient des nains à côté des mé-
galonyx, et l'autruche du Cap ferait
triste figure en face de l'épiornis, dont
les œufs colossaux causent la stupéfac-
tion des populations malgaches. Et toute
cette gent bizarre s'ébattait librement à
l'ombre des forêts de fougères mons-
trueuses dont nos blocs de houille por-
Vous avez entendu l'ordre, monsieur,
dit Pauline, en se retournant vers la haie,
dès que la sœur Eponine fut un peu loin. 11
faut que nous nous en aillons.
Oh je vous en conjure, répondit Al-
berl restez encore un tout petit moment:
Pour qu'elle revienne ? Et comme sœur
Eponine est tout le contraire d'une bêle, elle
aura vite ftairé quelque chose. Or, entre cela
et vous découvrir, il ne se passera pas beau-
coup de temps, soyez-en convaincu.
Alors vous partez?.
Il le faut, monsieur. il le faut.
Et cette brèche du'parc dont parlait
tout à l'heure mon adorée petite Cécile?.
Oh! dis oui. Dis oui. conjura en-
core la frêle petite voix.
Entendez-là, l'enjôleuse. Et penser que
je ne peux rien lui refuser.
Merci. Merci
Eh bien, monsieur, ce soir, quand il
fera tout-à-fait obscur, faites le tour du
couvent. A un endroit déterminé, vous ver-
rez le mur écroulé sur une assez grande
distance.
L'avarice de notre mère supérieure, ne
l'ayant pas fait relever, on pourrait par là
prendre la clef des champs si l'envie en
venait.
Mais, comme on n'est pas trop malheu-
reuse au couvent, on se contente d'enjamber
les démolitions, de sauter le fossé qui est
derrière, pour aller tirer une petite bardée
dans les champs, de temps en temps.
Et vous y viendrez ce soir, avec ma
chère petite Cécile, mademoiselle ?.
Nous tacherons, monsieur.
A quelle heure y serez-vous?.
Nous ne pouvons pas le dire. Depuis
qu'il fait chaud, on nous permet de respirer
dans le pare avant d'aller nous coucher.
tent souvent les admirables empreintes:
Il faut croire pourtant que l'homme
était plus robuste et mieux constitué
que les éléphants, les ours et les rhino-
céros des temps lointains, puisque seul
il a subsisté, tandis que les espèces
géantes s'évanouissaient ou dégéné-
raient. Il a même étendu peu à peu son
aire de domination, et la famille des
grands fauves reculait devant lui. Jus-
qu'à une époque historique, les carnas-
siers ont vécu sur le sol d'Europe, puis
soudain, soit refroidissement du climat,
soit impuissance à lutter contre nos an-
cêtres, ils ont disparu.
Et la destruction de la faune se con-
tinue partout où l'homme apporte ses
engins perfectionnés. Le lion a déserté
l'Atlas et la vallée du Nil, le tigre s'est
enfui loin des grandes villes de l'Inde,
l'éléphant se fait rare au Congo. C'est au
dix-neuvième siècle qu'ont péri les der-
niers aurochs, ces bisons du vieux mon-
de, auxquels les forêts lithuaniennes
avaient offert un abri éphémère.
Le serpent de mer n'a qu'à se bien te-
nir; le jour où sa présence sera dûment
constatée et reconnue, l'industrie aura
bien vite trouvé son emploi. On ira le
chasser, comme on poursuit le phoque
ou la baleine dont les échantillons com-
mencent à se raréfier. Cet animal a été
fort sagace, en se refusant jusqu'ici aux
observations précises. Et malgré les gi-
gantesques dimensions qu'on lui prête,
il fera sagement en plongeant au plus
profond des eaux et en se dérobant
des admirateurs malintentionnés. Sinon
le sort du dinothérium le guette.
JEAN FROLLO
Faits du Jour.
HIEH
'le 'Sénat a procédé à une vérification
d'élection.
Rock et Rabier.
*• L'état de siège a été proclamé à Coïm-
bre (Portugal).
•» Un drame de la jalousie s'est déroulé
dans h quartier des Grandes-Carrières. Un
fiintre en bâtiments a frappé de plusieurs
coups de cvufeau un de ses amis»
Une vieille femme près
de Cadillac (Gironde).
AUJOURD'HUI
Séance à la Chambre.
A l'Opéra-Comique, première représen-
tation de Muguette, de M. A/issa.
Courrier de Madagascar
(De notre correspondant particuUer\
Marseille, 17 mars.
Le paquebot le Yang-Tsé, des Messageries
maritimes, venant de Madagascar, est ar-
fivé ce matin, à huit heures, dans le bassin
de la Jolielte.
Les derniers Rebelles
Les nouvelles qui nous sont apportées par
ce oatrrrier sont très satisfaisantes. L'oeuvre
de colonisation et de pacification se pour-
suit avec sûreté. L'état des récoltes s'an-
nonce comme excellent, encore qu'on si-
gnale sur quelques points l'apparition des
criquets et que des pluies torrentielles aient
causé d'assez graves dégâts dans la pro-
vince de Majunga.
De l'intérieur de l'Ile, on signale la fin de
l'agitation et la disparition des bandes qui
l'entretenaient. Les dernières nouvelles re-
çues de la Tsiribihina annoncent d'une façon
presque certaine que le chef de bande Tsi-
ketraka a été tué par son sorcier Lelddjilo
et Zizia, son fils, ancien tirailleur, au mo-
ment où il allait se rendre à Anhalalobé.
Si cette nouvelle est confirmée, il ne reste
plus, sur la rive droite de la Tsiribihina,
que la petite bande de Tsirongato.
Sur la rive gauche, les bandes de Mano-
songa et Tsatsango se sont dispersées et
on a perdu leurs traces. La bande Tsikan-
dra, dans la Bevony, a réussi à déjouer
deux fois les tentalives de nos troupes. Le
projet de soumission de Tsikandra à Mian-
drivazo, dont il avait été question le trimes-
tre dernier, n'a pas abouti.
Dans le secteur du Mangoky, une bande
de fahavatos professionnels, ayant pour
chef Manandaka, et dont le point d'attache
ordinaire est sur la rive gauche du fleuve,
vallée de Sikily, a commis le 7 novembre, à
Mais comme nous avons très peu de temps
pour cette récréation-là, il vaut mieux at-
tendre que tout le monde soit couché.
Et moi, alors, comment devrai-je
Vous resterez à cet endroit de la brèche,
qui est toujours désert, monsieur. Et puis.
Elle poussa un soupir, et comme elle ne con-
tinuait pas, occupée qu'elle était à observer
la relig,ieuse criant et tempêtant à l'autre
bout du pré, Gaultier répéta la voix hale-
tante
Et puis ?. Et puis ?.
Eh bien vous nous prendrez quand
nous arriverons.
Allons, vite Cécile, continua-t-elle, en en-
traînant sa compagne, partons.
Maintenant que j'ai fait tout ce que tu as
voulu, il ne faut pas préoccuper sœur Epo-
nine.
Or, je la vois là-bas qui s'est retournée et
regarde avec une certaine insistance de notre
côté. Décampons, va, ma fille, c'est plus pru-
.Adieu, monsieur, murmura la douce
voix *e Cécile.
Après une petite pose, elle ajouta
Monsieur?. Comment vous appelez.
vous ?.
Albert.
Oh le joli nom. A ce soir, monsieur AI-
bert.
A ce soir, et surtout ne faites pas d'im-
prudences. S'il y a de l'air, couvrez-vous.
Oui, oui. n'ayez pas peur. A présent, je
ne serai plus jamais malade.
Elles partirent toutes les deux éprouvant
le même émoi compréhensible.
Est-ce qu'elles ne rêvaient pas?.
Et qu'était cette aventure si incroyable, si
merveilleuse, Que jamais, de mémoire de re-
Nosy-Ambotsy, dans le cercle de Tuleaa, un
double crime. Cette bande est intermittente.
Aussitôt le coup fait, elle s'est dispersée, et.
on n'a pu en saisir que des individus isoiés.
La bande Firazana, qui a tué le 22 octobre,
au sud d'Andramompasy, le sergent indigène
Korimanga-Osofy, est presque anéantit.
Son chef a été tué le 11 novembre, et ta plu-
part des autres se sont rendus. Enfin la
bande de Rafihahy, beau-frère d'Inapaka,
composée de seize hommes, surprise à Mn-
nampadahy, le 13 décembre, a laissé entre
nos mains trois fusils. Elle a fait ensuite sa
soumission à Bereroha. le 22 décembre, ren-
dant sept autres fusils à pierre.
Un Sinistre maritime
Les journaux de Madagascar signalent le
naufrage, sur les côtes de l'Ile, d'un voilier
hollandais.
Le 3 février, le cercle de Fort-Dauphin fai-
sait connaître qu'un grand voilier hollan-
dais en tôle, d'une centaine de mitres de
longueur, et qu'on avait tout d'abord pris
pour un vapeur, avait été jeté il la côte à
20 kilomètres environ de Manantenina,
après avoir touché les hauts-fonds, qui se
trouvent entm Ankaramandihy et Fitana-
malama.
Ce qui porte à penser qu'on se trouve en
présence d'un effroyable drame maritime,
c'est qu'on n'avait trouvé, au moment de la si-
nistre découverte de la coque désemparée,
aucun trace de l'équipage. Le pont, entiè-
rement rasé, n'avait plus aucun de ses trois
mats. Pas une embarcation de sauvetage ne
restait a bord, mais une photographie, trou-
vée par hasard. permet d'affirmer que l'équi-
page se composait de dix-huit personnes,
parmi lesquelles se trouvait une femme.
La garde et la surveillance de l'épave, que
le gros temps a mis à cheval sur des rochers,
où sa destruction complète n'est plus évi-
table, ont été aussitôt organsisées par les
soins de l'administrateur de la circonscrip-
tion de Ranomafana..
Le commandnnt du cercle, accompagné de
l'enseigne Hantz, s'est rendu en toute hâte,
sur les lieux de la catastrophe. Il a été re-
connu que le navire, tout en tôle d'acier,
était bien de nationalité hollandaise, que
son nom était Geenuinda-Gararda, et qu'il
avait été construit aux chantiers de Krim-
pen Aan, de Lek. Sa cargaison tout en-
tière était composée de madriers de sapin.
Des recherches actives ont été commen-
cées sans retard sur toute la côte, afin de
recueillir, s'il en est temps encore, les mal-
heureux naufragés, dont aucune trace cer-
taine n'avait encore été découverte il te
date du 14 février.
Un intéressant Album
Le gouverneur général de Madagascar a
envoyé au Président de ,la République un
album, l'enfermant des vuas du chemin de
fer d'Aruverano. Les matériaux employés
pour la eonfection de cet album, sont mal-
gaches. Chaque vue est fixée sur de la soie
d'araignées du Betsileo, ornée de broderies.
L'album est renfermé dans deux plateaux
en ébène, réunis par des charnières en or.
La dédicace est incrustée dans le plateau
supérieur. Cette oeuvre, très originale, a été
exécutée par les élèves indigènes de l'école
professionnelle de Tananàrive.
Le général G&Hiéni vient de prendre deux
arrêtés licenciant des écoles mixtes de Ta-
matave et de Tananàrive, et créant, dans ces
deux villes, des écoles laïques, dites écoles
préparatoires, pour les garçons d'origine
européenne. Le Journal officiel de hfada-
gascar enregistre la mort de l'enseigne de
vaisseau Théron, qui avait démissionné
pour s'installer colon à Ambauja, province
de Sambirano.
LE DÉPART DESÏÏRRE-lOVmS
(De notre correspondant particulier!
Saint-Malo, 17 mars.
La nouvelle de la venue du ministre de la
Marine s'est promptement répandue aux en-
virons, et depuis hier les visiteurs et les
curieux n'ont cessé d'afflue.r. Les routes
étaient sillonnées de voitures amenant les
coffres et les bagages des terre-neuviers ac-
compagné.s par leurs familles. La foule se
portait vers les navires en partance, Bur-
gundia et Notre-Dame-de-Salut amarrés au
quai Nord et au quai Sud.
Le ministre de la Marine est arrivé ce ma-
tin à six heures et est descendu à la sous-
préfecture, où la municipalité et les chefs
de service sont venus le saluer.
Je suis heureux, a dit M. Pelletan,
d'être venu an milieu de cette'grande popula-
tion maritime et d'apporter nos marins
l'expression de toute la sollicitude du gou-
vernement de la République.
Ils apprendront avec intérêt qu'à l'ave-
nir leur embarquement comptera du jour du
départ de Saint-Malo jusqu'au retour en
France. C'est une bonne nouvelle que j'ai
voulu leur apporter moi-même.
Le ministre s'est rendu aussitôt à bord du
Burgundia et a visité le paquebot avant
ligieuse, de pensionnaire ou d'orpheline, on l'avait vue. Il s'est arrangé pour la rencon-
n'avait vu la pareille ?. 1 trer le soir, dans le parc, au bout des labou-
Tout le ,reste de la soirée, le bouleverse- rés. Il en est devenu éperdument amoureux,
ment des deux enfants continua. et ils se sont mariés. On m'a dit qu'elle avait
Elles chuchotaient, elles faisaient des sup- mal tourné, je crois. Mais enfin, si elle l'eût
positions qui n'en finissaient plus. Malgré voulu, elle eût pu être heureuse, et si riche.
la surveillanre suraigüe des religieuses, Riche, soupira Cécile. Qu'est-ce que ça
quelques livres, tout au moins quelques me fait, pourvu qu'on m'aime ?.
feuillets de romans, ou bien des livraisons Mais certes, il me semble qu'il doit t'ai-
illustrées, ou bien encore des rez-de-chaus- mer, ton Albert, pour être ainsi venu te re-
sée de journaux, coupés et précieusement voir au bout d'un an.
conservés, franchissaient les murs de l'anti- Cécile comprima à deux mains son faible
que monastère. cœur qui battait à tout rompre.
Pauline et Cécile avaient fait comme les, Nous le saurons ce soir, dit-elle. Mais,
autres. si ses intentions sont honnêtes, si j'ai ;e bon-
Elles avaient dévoré ces lignes, quand il heur inespéré.qu'un être au monde veuille
leur en était tombé sous la main. me donner une affection profonde, une fa-
Et voilà que ce qui arrivait à l'une d'elles, mille, un intérieur quelque modeste qu'il
ressemblait à ces aventures. soit. à moi qui ne possède rien sur terre,
Est-ce que tu penses que vraiment il oh celui-là, vois-tu, ma Pauline, il pourra
m'aime, Pauline? demandait la petite ma- me demander ma vie s'il le veut. Le peu
lade. que je suis lui appartiendra jusque dans l'é-
Dam Ma mignonne, répondait l'au- ternité. Et mon cœur deviendra pour lui un
tre, ça en a l'air autel, où il régnera seul dans un culte d'ado-
Je ne peux pas le croire. Ça ne ce serait ration que rien ne sera capable de lasser ja-
jamais vu. mais.
Oh que si c'est arrivé des fois. Mais Pauline, un peu effrayée de l'exaltation de
c'est rare son amie, voulut la calmer.
Tu dis que c'est arrivé, est-ce que tu en On ne doit aimer comme cela que Dieu
sais des exemples, toi ?. seul, 6t-elle. Tu sais bien que nos mères
Oui. nous le disent toujours.
«in ai ils ? Tais-toi, dit Cécile, tu me fais mal.
J-equei, aïs Et plus bas, les yeux subitement cernés,
1 u as bien connu cette belle Jeanne elle ajouta
chonnet, qui avait des cheveux d'or comme Albert est déjà pour moi plus que Dieu.
ceux de la Vierge, et de jolis yeux de la cou- La soirée fut interminable. Mais comme
leur des bleuets, des yeux encadrés de cils les religieuses se lèvent l'été avant le jour,
noirs qui riaient toujours?. et qu'il y en avait dans le nombre quelques-
Oui, je l'ai vue autrefois. unes de jeunes et frêles, qui avaient besoin
Eh bien, elle a épousé le fils du boucher de sommeil, en général, à neuf heures, tou-
de Douvres. tes les lumières étaient éteintes au monas-
En venant au couvent porter la viande, il tère de la Délivronde»
l'embarquement des passagers. La visite a
duré une demi-heure.
Descendu à terre, le ministre a remercié
le maire de Saint-Malo de sa réception, puis
il est reste sur le quai d'embarquement jus-
qu'au moment où le Burgzrndia a levé l'an-
cre.
Ce navire, commandé par le capitaine
Buhé, avec h0 hommes d'équipage, a em-
mené 1,016 passagers.
Une foule considérable, massée sur les
remparts et le long des quais, a suivi le
navire jusqu'au môle, saluant ceux qui s'en
vont pour une dure campagne de près de
huit mois.
Le Burgundia a pris a son bord les capi-
taines et les équipages des goélettes saint-
pierraises dont les noms suivent
Anne-May, Alliance, Aanélie-Jntia, Amphi-
trite, Alsacienne, Anzéricain, Angler, Anas-
lasie, Adèle, Albatros, Augustine, Auguste-
Alarie, Aristide, Carmen, Bretagne, Bail-Bill,
Eugène, D.-P., Dictateur, Franchie, Flora.,
Féronia, Galilée, Georges, Granvillaise,
Grand-Master, Jeanne-Bcrthc, Jeanne-Au-
guste, J.-L.-C, Joseph-Marie., Jeune -Aristide,
Jeannette, Java, Mirande, Myosotis, Marie-
Augustine, Margot, Nevada, Lucretia, Marie-
Antoinette, Noèla, P.-F. 37, Petite-Marie,
Pervenche, PaiU-et-Fernand, Pacifique,
Rayen-de-Seleel, Regina, Sea-Queen, Sainte-
Anne, Saint-Pairaise, Union, Surprise. Sen-
sitii.-e, Xénophon.
Le ministre de la Marine a visité ensuite
le paquebot Notre-Dame-du-Salul, a fait le
tow des remparts de Saint-MaJo et visité les
quais.
Le ministre a déjeuné à midi la sous-
préfecture et est parti de Saint-Malo par le
train de 1 heure 55 pour renlrer à Paris par
la ligne de Normandie.
M. Baudin, ancien ministre des Travaux
publics, accompagnait M.. Pelle (an <îans ses
différentes visites.
DRAME DE Li JALOUSIE
Un peintre en bâtiments a frappé, hier
après-midi, un de ses amis de quatre coups
de couteau au cours d'une altercation sur-
venue entre eux à propos d'une femme qui
avait abandotnné l'un pour ailler vivre avec
l'autre.
Il y a environ quatre ana, le peintre en
question, Jacques Multi, sujet belge, faisait
la connaissance d'une ouvrière, Iienthe Mi-
roux, âgée de vingt ans, qui lui avait dit, être
seule au monde, tous ses parents étant dé-
cédés.
Jacques Multi, qui avait à peu près le
même âge que la jeune couturière, s'éprit
d'elle éperdument et résolut, d'en faire la
compagne de sa vie.
Le couple ailla s'installer rue Ordener. Lui
se rendait tous les matins il son travail,
après avoir accompagné sa maîtresse boule-
vard Ney, où se trouvait la maison de cou-
ture où la jeune femme était employée.
Ils étaient très unis et jamais la moindre
scène n'avait lieu entre eux. Berthe Miroux,
très affectueuse et d'un caractère très doux,
était une compagne charmante. Malheureu-
sement, il y a environ trois mois, un grand
changement s'opéra en elle. Berthe Miroux
devint nerveuse, s'irritant pour un rien,
adressant à tout propos et hors de propos
des réprimandes il son ami. L'existence de-
vint alore intolérable. Jacques Multi eut
beau s'ingénier à plaire à sa maîtresse, à
éviter tout sujet de querelle, rien n'y fit la
jeune couturière devenait chaque jour plus
acariâtre et plus maussade.
La Rupture
Il y a huit jours, comme il revenait de son
travail, Jacques Muiti trouva chez -lui une
lebtre à son adresse. Ayant reconnu l'écri-
ture de son amie, il décacheta la missive
d'une main fébrile et lut les lignes suivantes:
Ami,
Pardonne-moi la peine que je vais te faire. J'ai
bien hésité avant de t'écrire ces quelques mots,
car je sais combien tu m'aimes et comùien tu
souffriras en apprenant ce que j'ai résolu, mais il
vaut mieux que je ne te cache pas la vérité plus
longtemps. Eh bien si je suis devenue méchante
avec toi, c'est que j'en aime un autre. J'ai essayé
de lutter, de me dire que j'étais folle. que j'allais
être malheureuse, que tout notre passé d'amour
me défendait d'être infidèle, rien n'y a fait. La
passion est plus forte. Je te quitte donc en te di-
sant que je conserverai toujours, malgré fout, le
souvenir des bonnes heures que nous avons vé-
cues ensemble.
L'amant délaissé n'en pouvait croire ses
yeux. Il pensa tout d'abord à rechercher la
jeune femme et à la tuer. Il erra toute la
nuit par les rues en songeant comment
pourrait également se ver.ger de celui qui
lui avait volé sa maîtresse. Mais peu à peu
,le calme revint en son esprit.
C'est bien, finit-il par dire. Qu'elle vive
à sa guise je serai bien bêle de me chagri-
ner pour elle.
Il fut tout d'abord très ferme dans ses ré-
solutions. Sur ces entrefaites, il apprit que
sa maîtresse était allée vivre avec un de ses
camarades d'atelier, nommé Louis Friret.
Il se contenta de ne plus adresser la parole
à celui-ci. Mais, hier après-midi, il éprouva»
l'impérieux désir de revoir Berthe Miroux.
Il alla boulevard Ney attendre la jeune
couturière. Quand celle-ci l'aperçut, elle eut
un geste de terreur.
Oh! ne crains rien, lui dit le peintre,,
je ne te ferai point de mal. Je veux simpl»-'
ment causer quelques instants avec toi.
.Fatale Entrevu»
Rassurée, Bcrlhe Miroux accepta de se
rendre dans un débit de vins voisin. Mais
il peine étaient-ils attablés que Louis Friret
apparut. Le nouvel amant, étonné de l'atti-
tude sournoise de Jacques Multi, s'était dit
que son camarade méditait quelque mau-
vais coup et l'avait suivi. C'est ainsi qu'il
l'avait aperçu causant avec 'son ancienua
amie. Louis Friret entra donc dans le dé-
bit de vins et demanda à Berthe ce qu'elle
faisait là.
Mais je cause avec Jacques, répondit-
elle timidement.
Tu n'as à causer avec personne.
Jacques wulti se leva alors, tremblant de
rage, et fit observer qu'il avait bien le droit
de parler à celle qui avait partagé son exis-
tence pendant quatre années.
Louis Friret répliqua d'une façon qui dé-
plut à son interlocuteur, si bien que la dis-
cussion tourna bientôt au tragique. Les
deux hommes s'armèrent chacun d'un cou-
teau et se ruèrent l'un sur l'autre. Ce fut
Jacques Multi qui fut ie plus fort. Il attei-
gnit son adversaire à la jambe et il. la poi-
Irine. Pendant que des agents prévenus
conduisaient au commissariat des Grandes-
Carrières le meurtrier. on transportait la
blessé il l'hôpital Bichat. M.- Dupin, com-
missaire de police, allait t'interroger uns
heure plus tard. Mais Louis Friret se re-
fusa à porter plainte contre Jacques Mulli,
Il a eu raison, dit-il, de se défendre.
C'est moi qui ai eu les premiers torts en lui
prenant sa maîtresse.
M. Dupuis- s'est donc cmipnfé de consk
gner à sa disposition l amant délaisse.
LES CORSAIRES MODEM
L'Exploit de « l'Espadon n. Un nouvel Em-
ploi des Sous-Marins. Les Résultats
acquis.
L'épisode de l'al,taque très pacifique de la,
Champagne par l'Espadon marque une nou-
velle période dans l'emploi des sous-marin.
comme engins de guerre; jusqu'ici le sous-
marin ne s'est livré qu'à des exercices tacti-
quas contre des bâtiments de combat; les
expériences de Cherbourg, attaques contre
une escadre a l'ancre, contre une escadre en
marche, défense de l'entrée d'un port, ont été,
autant d'étapes dans l'établissement du rôle
du sous-marin dans des opérations de guerre
et on se souvient que le capitaine de fré-
gate. Heilmann, commandant la station des
sous-marins de Cherbourg, avait conclu, à la.
suite des opérations, que nos submersibles
étaient capables de se rendre dans un port
ennemi et d'y faire sauter les bâtiments qui y,
seraient, à l'ancre.
La Défensive et l'Offensive
Deux faits donc ont été acquis dans ces
expériences d'abord, que le sous-marin pro-
prement dit était un excelleni, engin pour la
défense des côtes, en second lieu que le sub-
mersible pouvait devenir autonome et aller
attaquer l'ennemi chez lui.
La navigation sous-marine est aujourd'hui
complète, elle possède tes éléments néces-
saires aux opérations navales, l'instrument
défensif et l'instrument offensif. Ce dernier
résulte de ce que l'on a pu augmenter le
rayon d'action du sous-marin.
Le double moteur, outre qu'il a permis la
marche à la surface dans des conditions
d'habitabilité supérieures à celles que pré-
sentaient les sous-marins du début, a
rendu cet immense service de rendre le ba-
teau indépendant de sa station d'approvi-
sionnement d'électricité. Grâce à lui, les ac-
cumulateurs électriques peuvent être rechar-
gés pendant la navigation à la surface et le
sous-marin n'est plus obltgé de rentrer au
port dès que ses ,accumulateurs sont épuisés»
Le submersible est capable d'accomplir
une croisière, à cercle restreint c'est vrai*
mais il peut faim acte de croiseur, partant
de corsaire.
La Guerre de Course
L'opération de l'Espadon contre la Chatn.
pagne est de celles qu'on peut ranger dans,
la guerre de course.
Depuis l'extension de la marine à vapeur,
les condit.ions de la guerre de course se- snnt
bien modifiées son champ d'action a été
considérablement restreint. Le navire à voi-
les pouvait naviguer pendant des mois et
même des années sans avoir besoin de se
ravitailler la mer n'avait pas de limita
pour lui, il se laissait entraîner par sa forv
tune au hasard des rencontres qu'il faisait,
Ce soir-là il n'y eut point d'exception à la
règle.
Pauline et Cécile occupaient précisément
deux lits au bout du dortoir, les derniers de,
la rangée.
Les lavabos étaient à côté.
Elles s'étaient couchées avec leurs cor«<
sets et leurs chaussures.
Revêtir à la hâte leurs petites robes d'in*
dienne fut, pour elles, plus rapide que loi
pensée.
Elles écoutèrent un instant.
Le silence le plus absolu régnait dan*
l'immense pièce.
A peine un souffle plus profond que les
autres s'entendait-il, à intervalles irrégu-
liers.
Toutes ces fillettes, saines et robustes, se
livrant encore au travail au grand air qui
les fatiguait un peu, dormaient à poings fer-
més dès qu'elles entraient dans leurs lits.
A l'autre bout du dortoir, devant une gran-
de statue de la Vierge, un lampion brûlait
dans un verre rempli d'huile.
Le lit de la surveillante était à côté.
Mais elle était encore plus fatiguée que
les jeunes filles, et son sommeil était telle-
ment profond que quand un malaise se pro.
duisait, il fallait la secouer à plusieurs re.
prises pour l'éveiller.
Tranquilles de ce Côté, Pauline et Cécité
se glissèrent dans le lavabo.
Cécile marchait la première,.
Où me mènes-tu ? demanda 'Pauline. T¥
n'y a pas de porte, que je sache, dans cette
pièce-ci.
Cécile lui montra ta fenêtre.
Nous pouvons l'enjamber, dit-elle. Et
passer par-la ne sera-t.-il pas moins dange-
reux que de traversée toupies eomdo£».4«_
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