Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1896-05-15
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 15 mai 1896 15 mai 1896
Description : 1896/05/15 (A15,N16,SER5)-1896/05/31. 1896/05/15 (A15,N16,SER5)-1896/05/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5607738g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
254
L'AMI DE L'ENFANGE
« Jacques, si les bras ne sont plus bons, les
jambes vont encore tout à fait. Ne pourrais-je
trouver ici quelque travail qui s'arrangerait de
ça.7 - cl
—^ P.as besoin, mère, on travaille pour vous.
Vous n'avez qu'à vous promener... et à; soigner li
Martinou'», ajouta Jacques en riant. , 1;
La vieille hocha la tête e.f en effet, l'aprcs- é
midi, elle fit une longue promenade du côté de
la campagne. Quand elle en revint, le soir, elle c
tenait à la main un gros paquet de mouron
pour Martinou, et elle avait l'air radieux. v
« Tu avais raison, Jacques, dit-elle à son fils, t.
tu avais bien raison : me promener et soigner
Martinou, c'est tout juste ce qu'il me faut. »
Le lendemain, la grand'môre fit de nouveau
une longue promenade, en emportant avec elle
le plus grand panier de la famille, et elle le
rapporta si plein de mouron que les enfants lui
demandèrent si Martinou allait donner un grand
dîner.
La grand'mère prit un air mystérieux, plaça
le panier dans sa chambre en le recouvrant
soigneusement d'un linge, puis le matin suivant,
vers sept heures, elle disparut avec lui....
Quand elle rentra, au bout de quelque temps,
le panier était tout à fait vide de mouron, mais
il y avait au fond cino. petits paquets,... et au
déjeuner, quand toute la famille fut réunie, la
grand'mère arriva en disant :
s Qui veut une surprise ?
— Moi, moi, moi, firent les trois garçons.
— Justement, il y en aura pour tout le
inonde », repartit la grand'mère, et après avoir
donné à chacun des enfants un paquet mince
et long où il y avait un beau crayon neuf, elle
tendit a la maman et au papa d'autres paquets
qu'ils ouvrirent bien vite.
« Un mètre pliant, s'écria bientôt le maçon
tout étonné, j'ai justement perdu le mien.
— Un dé pour remplacer le mien qui com-
mence à se percer, fit joyeusement la coutu-
rière.
— Tout cela, dit la grand'mère, est le prix
de ma première promenade ; il y a là-bas, dans
la campagne, des champs de mouron et de
séneçon; hier j'en ai cueilli pour Martinou bien
plus qu'il ne lui en faut,... et ce matin j'ai vendu
une douzaine de bouquets, si gros, si fleuris et
si frais que tout le monde en voulait. Plusieurs
ménagères m'en ont commandé d'autres, et ce
sera maintenant mon métier tant que je pourrai
marcher : « Marchande de mouron ».... Ne dis
pas non, Jacques, je vpis bien que, ta femme et
toi, vous vous êtes gênés pour me recevoir. Les
quelques sous que je gagnerai aideront un peu
au ménage, et cela nous fera plaisir, à Martinou
et à moi. »
On eutbeau dire : la vieille Martine fit comme
elle avait décidé, et son petit métier prospéra,
car elle fut bientôt connue pour la meilleure
v des marchandes de . mouron.' Elle choisissait
chaque brin avec soin, comme si- c'était pour
Martinou. Jamais une mauvaise herbe, jamais
une tige trop mûre!,Et elle avait mille précau-
tions pour le garder frais malgré la chaleur.
Les ménagères prétendaient que leurs oiseaux
en raffolaient, et vraiment, quand la bonne
vieille arrivait dans certaines rues où les cages
étaient suspendues dehors aux fenêtres, -à me-
sure qu'elle passait, les oiseaux se mettaient à
chanter plus gaiement.
Probablement que, si l'on avait compris leur
langage, on aurait entendu que celui de la bou-
langère disait à celui de l'épicière, dont la cage
était accrochée très haut :
« Bonjour, madame Mél'asse! Comme vous
chantez de bon coeur ce matin !
— Oui, madame Bon-Pain, c'est que je vois
venir notre vieille marchande de mouron joli,
ti-ri-li!» • S. B.
ENTRETIENS
D UNE INSTITUTRICE AVEC SES ELEVES
tes lïts; (suite)l.
III
« Nous avions un moment laissé notre mate-
las pour planter des arbres en quinconces. Re-
venons à notre lit. De quelle couleur est ce
matelas ?
— Gris.
— Et quels dessins y a-t-il sur cette toile
grise ?
— Des fleurs.
— Souvent ce sont des raies comme sur cet
échantillon, ou des carreaux bleus et blancs
comme sur cet autre échantillon. Cela dépend
de la mode. Cette étoffe est de la toile de
chanvre; on fait aussi des étoffes à matelas en
coton (Montrer les échantillons qu'on a pu
réunir).
— Qu'y a-t-il sous ce matelas ?
— Une paillasse.
— Une paillasse très épaisse, faite en chaume
de blé. Ce n'est pas de la balle, comme dans le
lit d'enfant ; une grande personne y enfonce-
rait; ce sont les tiges ou pailles du blé. Pour-
quoi a-t-on fait quatre fentes à cette paillasse ?
— Pour remuer la paille.
— Et pourquoi remuer la paille ? Je vais
vous le dire. C'est d'abord pour qu'elle soit
unie, sans creux, ni bosses. Là où l'on s'est
couché toute une nuit, il se fait un creux. Si l'on
ne remuait pas la paille, le creux resterait et l'on
ne dormirait pas très bien dans ce creux. On
remue aussi la paille pour faire entrer.de l'air
dans la paillasse ; et, quand on arrange la pail-
lasse tous les jours de cette manière, les petites
bêtes qui voudraient aller s'y loger n'y vont
pas. Où met-on les grosses paillasses des
grands lits ces jours-ci?
— Au soleil.
; — On a ici l'excellente habitude de mettre
toute la literie au soleil, de la battre pour en
faire partir la poussière et de Jbien .nettoyer
l'intérieur du bois de lit. Gela se fait avant
1. Voir l'entretien précédent.
L'AMI DE L'ENFANGE
« Jacques, si les bras ne sont plus bons, les
jambes vont encore tout à fait. Ne pourrais-je
trouver ici quelque travail qui s'arrangerait de
ça.7 - cl
—^ P.as besoin, mère, on travaille pour vous.
Vous n'avez qu'à vous promener... et à; soigner li
Martinou'», ajouta Jacques en riant. , 1;
La vieille hocha la tête e.f en effet, l'aprcs- é
midi, elle fit une longue promenade du côté de
la campagne. Quand elle en revint, le soir, elle c
tenait à la main un gros paquet de mouron
pour Martinou, et elle avait l'air radieux. v
« Tu avais raison, Jacques, dit-elle à son fils, t.
tu avais bien raison : me promener et soigner
Martinou, c'est tout juste ce qu'il me faut. »
Le lendemain, la grand'môre fit de nouveau
une longue promenade, en emportant avec elle
le plus grand panier de la famille, et elle le
rapporta si plein de mouron que les enfants lui
demandèrent si Martinou allait donner un grand
dîner.
La grand'mère prit un air mystérieux, plaça
le panier dans sa chambre en le recouvrant
soigneusement d'un linge, puis le matin suivant,
vers sept heures, elle disparut avec lui....
Quand elle rentra, au bout de quelque temps,
le panier était tout à fait vide de mouron, mais
il y avait au fond cino. petits paquets,... et au
déjeuner, quand toute la famille fut réunie, la
grand'mère arriva en disant :
s Qui veut une surprise ?
— Moi, moi, moi, firent les trois garçons.
— Justement, il y en aura pour tout le
inonde », repartit la grand'mère, et après avoir
donné à chacun des enfants un paquet mince
et long où il y avait un beau crayon neuf, elle
tendit a la maman et au papa d'autres paquets
qu'ils ouvrirent bien vite.
« Un mètre pliant, s'écria bientôt le maçon
tout étonné, j'ai justement perdu le mien.
— Un dé pour remplacer le mien qui com-
mence à se percer, fit joyeusement la coutu-
rière.
— Tout cela, dit la grand'mère, est le prix
de ma première promenade ; il y a là-bas, dans
la campagne, des champs de mouron et de
séneçon; hier j'en ai cueilli pour Martinou bien
plus qu'il ne lui en faut,... et ce matin j'ai vendu
une douzaine de bouquets, si gros, si fleuris et
si frais que tout le monde en voulait. Plusieurs
ménagères m'en ont commandé d'autres, et ce
sera maintenant mon métier tant que je pourrai
marcher : « Marchande de mouron ».... Ne dis
pas non, Jacques, je vpis bien que, ta femme et
toi, vous vous êtes gênés pour me recevoir. Les
quelques sous que je gagnerai aideront un peu
au ménage, et cela nous fera plaisir, à Martinou
et à moi. »
On eutbeau dire : la vieille Martine fit comme
elle avait décidé, et son petit métier prospéra,
car elle fut bientôt connue pour la meilleure
v des marchandes de . mouron.' Elle choisissait
chaque brin avec soin, comme si- c'était pour
Martinou. Jamais une mauvaise herbe, jamais
une tige trop mûre!,Et elle avait mille précau-
tions pour le garder frais malgré la chaleur.
Les ménagères prétendaient que leurs oiseaux
en raffolaient, et vraiment, quand la bonne
vieille arrivait dans certaines rues où les cages
étaient suspendues dehors aux fenêtres, -à me-
sure qu'elle passait, les oiseaux se mettaient à
chanter plus gaiement.
Probablement que, si l'on avait compris leur
langage, on aurait entendu que celui de la bou-
langère disait à celui de l'épicière, dont la cage
était accrochée très haut :
« Bonjour, madame Mél'asse! Comme vous
chantez de bon coeur ce matin !
— Oui, madame Bon-Pain, c'est que je vois
venir notre vieille marchande de mouron joli,
ti-ri-li!» • S. B.
ENTRETIENS
D UNE INSTITUTRICE AVEC SES ELEVES
tes lïts; (suite)l.
III
« Nous avions un moment laissé notre mate-
las pour planter des arbres en quinconces. Re-
venons à notre lit. De quelle couleur est ce
matelas ?
— Gris.
— Et quels dessins y a-t-il sur cette toile
grise ?
— Des fleurs.
— Souvent ce sont des raies comme sur cet
échantillon, ou des carreaux bleus et blancs
comme sur cet autre échantillon. Cela dépend
de la mode. Cette étoffe est de la toile de
chanvre; on fait aussi des étoffes à matelas en
coton (Montrer les échantillons qu'on a pu
réunir).
— Qu'y a-t-il sous ce matelas ?
— Une paillasse.
— Une paillasse très épaisse, faite en chaume
de blé. Ce n'est pas de la balle, comme dans le
lit d'enfant ; une grande personne y enfonce-
rait; ce sont les tiges ou pailles du blé. Pour-
quoi a-t-on fait quatre fentes à cette paillasse ?
— Pour remuer la paille.
— Et pourquoi remuer la paille ? Je vais
vous le dire. C'est d'abord pour qu'elle soit
unie, sans creux, ni bosses. Là où l'on s'est
couché toute une nuit, il se fait un creux. Si l'on
ne remuait pas la paille, le creux resterait et l'on
ne dormirait pas très bien dans ce creux. On
remue aussi la paille pour faire entrer.de l'air
dans la paillasse ; et, quand on arrange la pail-
lasse tous les jours de cette manière, les petites
bêtes qui voudraient aller s'y loger n'y vont
pas. Où met-on les grosses paillasses des
grands lits ces jours-ci?
— Au soleil.
; — On a ici l'excellente habitude de mettre
toute la literie au soleil, de la battre pour en
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