Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1896-05-01
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mai 1896 01 mai 1896
Description : 1896/05/01 (A15,N15,SER5)-1896/05/14. 1896/05/01 (A15,N15,SER5)-1896/05/14.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k56077372
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
232
L'AMI DE L'ENFANCE
s'ils arrivent à dire d'eux-mêmes que l'on met di
sur :1a table à ouvrage son tricot, sa broderie, p;
sa couture, son dé, ses ciseaux; que l'on s'as-
soit on que l'on se repose, ou que l'on dort sur t(
un' fauteuil, et que l'on fait du feu dans la che- c!
minée, soit pour se chauffer, soit pour faire p
cuire certains aliments. t<
C'est assez, je le répète, et ce serait trop, si p
l'on exigeait d'un seul enfant certaines énumé- a
rations. Ainsi, pour la table à ouvrage (un luxe,
soit dit en passant, dans la plupart des familles, e
luxe totalement ignoré dans un certain nombre
d'autres), l'énumération indiquée plushautserait h
au-dessus du développement de ces petits ; on s
arriverait par interrogations successives. c
« Que fait ta'grand'mère?—Elle tricote. — f
Eh bien, si elle a une table à ouvrage, elle peut c
mettre son tricot dessus, ou dans le tiroir. Alors s
on peut mettre son tricot sur sa table àouvrage. I
-*- Que fait ta mère? — Elle eoud, elle raccom- s
mode, elle brode. —Eh bien, si elle a une table c
à ouvrage, elle peut y mettre sa couture, son
raccommodage, sa broderie. Et poui* coudre, de s
quoi se sert-elle? — D'un dé, d'une aiguille, de \
fil », etc. <
Faites ensuite compter sur les doigts, et 1
certainement il restera quelque chose de cet s
exercice. I
Les enfants de quatre à six ans verront les i
mêmes choses que leurs camarades.plus jeunes;
car, sur une image aussi simple, tout est à la. .
portée de tous; ils interpréteront en gros les
actes de la même manière, parce qu'il n'y a pas
deux interprétations possibles ; mais on peut :
1° lui demander plus de détails; 2° on'peut les
amener à condenser ces détails dans des phrases
moins rudimentaires; 3" il y a enfin l'idée mo-
rale qui doit subrepticement, je dirais presque
sournoisement, passer de l'image dans la petite
conscience de ces lecteurs.
Ainsi les enfants voient une vieille dame qui
a l'air très fâché, à tel point qu'ils devinent au
premier coup d'oeil que les deux garçons ont
commis un méfait pour lequel elle voulait leur
administrer une correction.
Eh bien, sans avoir l'air d'y toucher, sans
E rendre le ton doctoral du moraliste, vous dites :
a vieille dame aime que toute chose soit à sa
place : les aiguilles dans le porte-aiguilles, les
bobines de fil dans une petite boîte, les boutons
dans un sac, et elle ne peut souffrir que l'on
vienne mettre le désordre dans ses affaires
(Voilà l'idée d'ordre semée dans l'esprit defhos
petits élèves).
Aussi, quand elle voit tous ses boutons répan-
dus sur le parquet, elle trouve que les deux gar-
çons sont insupportables. ;
D'ailleurs, ils sont tout penauds; voyez la
ligure de celui qui nous fait face. Ah ! on leur
a si souvent défendu de toucher à la table à
ouvrage! Ils ont désobéi.
Tout s'arrangera, parce que la vieille grand'¬
mère est pleine de bonté etque les petits garçons
promettent une fois de plus de ne pas toucher
a ses affaires (Remarquez que nous semons en
passant, en même temps que l'idée d'ordre,
•l'idée de bonté et de pardon, l'idée d'une bonne
-résolution ;'■ ces idées germeront, si on leur
donne le temps de germer; si les enfants n'ont
pas lieu d'en être saturés).
L'inventaire des choses matérielles compor-
tera plus de détails. Il y a, au fauteuil, de
chaque côté du dossier, deux oreilles. C'est
pour que la personne assise puisse appuyer sa
tête pour dormir. Mais encore faut-il que cette
personne soit assez grande* La tête d'un enfant
assis ne pourrait arriver jusque-là.
11 y a, accrochées à la cheminée, des pincettes
et une pelle. Quel est leur usage?
Les pincettes servent à saisir un morceau de
bois ou de charbon brûlant pour le remettre, à
sa place, s'il a roulé sur le devant de la cheminée ;
c'est comme deux doigts en fer. Les doigts en
fer ne se brûlent pas, tandis que les doigts en
chair et en os se brûleraient cruellement s'ils
saisissaient du charbon ou du bois enflammé.
Les pincettes sont longues pour que les per-
sonnes qui s'en servent ne soient pas obligées
de se trop approcher du feu.
La pelle sert à ramasser la cendre, à l'enlever
s'il y en a trop dans la cheminée, à l'accumuler
derrière le bois ou le charbon pour que la
chaleur se répande mieux dans les chambres. Il
faut être très adroit et prudent pour se servir
sans danger des pelles et des pincettes. Les
grandes personnes sont adroites ; les enfants ne
sont pas adroits. Les enfants ne doivent pas
toucher le feu.
Récapitulation : Marcel et René sont en
vacances chez leur grand'mère, une bonne
grand'mère qui se met en quatre pour leur faire
plaisir. Mais elle tient à ce que sa maison soit
en ordre, et elle ne veut pas que l'on touche à
ses affaires. Elle dit à Marcel et à René : «Vous
avez vos jouets, vos outils, vos livres; respectez
ce qui est à moi ».
Les deux enfants ne sont pas encore aussi
ordonnés que leur grand'mère; ils laissent
i leurs affaires partout où ils se trouvent. Par
i exemple, ce matin, ils n'ont jamais pu trouver
t leurs ciseaux pour découper des images. Et
* comment découper sans ciseaux? « Allons prendre
ceux de grand'mère dans sa table à ouvrage. »
î Et comme les deux enfants cherchaient les
: ciseaux, renfermés dans une gaine, ils ont
i entendu des-pas, ils ont voulu fuir, ontaccroché,
3 bien malgré eux, le sac aux boutons, et... voilà
3 comment les malheurs arrivent,
i ' A vrai dire, ce n'est pas un malheur : c'est
s un accident. PAULINE KERGOMARD. .
TRAVAUX MANUELS
Tricot sans aiguilles (SUITE 4).
MÉTIER CIRCULAIRE N° 1 2 — DESSOUS DE PLAT
Chaînette faite avec de la ficelle. .
Ce dessous de plat se monte soit sur carton,
1. Voir VAmi de l'Bnfance, 1895, n" 18 et suivants.
2. Métiers circulaires pour tricot sans aiguilles (modèle
du Cours de l'Hôtel de Ville do Paris). N° 1, potit, le cent :
9 fr. 40. — N° 2, moyen, '<= cent : 18 fr. 75. — N° 3, grand,
le cent : 37 fr. 50 (Hachette et C").
L'AMI DE L'ENFANCE
s'ils arrivent à dire d'eux-mêmes que l'on met di
sur :1a table à ouvrage son tricot, sa broderie, p;
sa couture, son dé, ses ciseaux; que l'on s'as-
soit on que l'on se repose, ou que l'on dort sur t(
un' fauteuil, et que l'on fait du feu dans la che- c!
minée, soit pour se chauffer, soit pour faire p
cuire certains aliments. t<
C'est assez, je le répète, et ce serait trop, si p
l'on exigeait d'un seul enfant certaines énumé- a
rations. Ainsi, pour la table à ouvrage (un luxe,
soit dit en passant, dans la plupart des familles, e
luxe totalement ignoré dans un certain nombre
d'autres), l'énumération indiquée plushautserait h
au-dessus du développement de ces petits ; on s
arriverait par interrogations successives. c
« Que fait ta'grand'mère?—Elle tricote. — f
Eh bien, si elle a une table à ouvrage, elle peut c
mettre son tricot dessus, ou dans le tiroir. Alors s
on peut mettre son tricot sur sa table àouvrage. I
-*- Que fait ta mère? — Elle eoud, elle raccom- s
mode, elle brode. —Eh bien, si elle a une table c
à ouvrage, elle peut y mettre sa couture, son
raccommodage, sa broderie. Et poui* coudre, de s
quoi se sert-elle? — D'un dé, d'une aiguille, de \
fil », etc. <
Faites ensuite compter sur les doigts, et 1
certainement il restera quelque chose de cet s
exercice. I
Les enfants de quatre à six ans verront les i
mêmes choses que leurs camarades.plus jeunes;
car, sur une image aussi simple, tout est à la. .
portée de tous; ils interpréteront en gros les
actes de la même manière, parce qu'il n'y a pas
deux interprétations possibles ; mais on peut :
1° lui demander plus de détails; 2° on'peut les
amener à condenser ces détails dans des phrases
moins rudimentaires; 3" il y a enfin l'idée mo-
rale qui doit subrepticement, je dirais presque
sournoisement, passer de l'image dans la petite
conscience de ces lecteurs.
Ainsi les enfants voient une vieille dame qui
a l'air très fâché, à tel point qu'ils devinent au
premier coup d'oeil que les deux garçons ont
commis un méfait pour lequel elle voulait leur
administrer une correction.
Eh bien, sans avoir l'air d'y toucher, sans
E rendre le ton doctoral du moraliste, vous dites :
a vieille dame aime que toute chose soit à sa
place : les aiguilles dans le porte-aiguilles, les
bobines de fil dans une petite boîte, les boutons
dans un sac, et elle ne peut souffrir que l'on
vienne mettre le désordre dans ses affaires
(Voilà l'idée d'ordre semée dans l'esprit defhos
petits élèves).
Aussi, quand elle voit tous ses boutons répan-
dus sur le parquet, elle trouve que les deux gar-
çons sont insupportables. ;
D'ailleurs, ils sont tout penauds; voyez la
ligure de celui qui nous fait face. Ah ! on leur
a si souvent défendu de toucher à la table à
ouvrage! Ils ont désobéi.
Tout s'arrangera, parce que la vieille grand'¬
mère est pleine de bonté etque les petits garçons
promettent une fois de plus de ne pas toucher
a ses affaires (Remarquez que nous semons en
passant, en même temps que l'idée d'ordre,
•l'idée de bonté et de pardon, l'idée d'une bonne
-résolution ;'■ ces idées germeront, si on leur
donne le temps de germer; si les enfants n'ont
pas lieu d'en être saturés).
L'inventaire des choses matérielles compor-
tera plus de détails. Il y a, au fauteuil, de
chaque côté du dossier, deux oreilles. C'est
pour que la personne assise puisse appuyer sa
tête pour dormir. Mais encore faut-il que cette
personne soit assez grande* La tête d'un enfant
assis ne pourrait arriver jusque-là.
11 y a, accrochées à la cheminée, des pincettes
et une pelle. Quel est leur usage?
Les pincettes servent à saisir un morceau de
bois ou de charbon brûlant pour le remettre, à
sa place, s'il a roulé sur le devant de la cheminée ;
c'est comme deux doigts en fer. Les doigts en
fer ne se brûlent pas, tandis que les doigts en
chair et en os se brûleraient cruellement s'ils
saisissaient du charbon ou du bois enflammé.
Les pincettes sont longues pour que les per-
sonnes qui s'en servent ne soient pas obligées
de se trop approcher du feu.
La pelle sert à ramasser la cendre, à l'enlever
s'il y en a trop dans la cheminée, à l'accumuler
derrière le bois ou le charbon pour que la
chaleur se répande mieux dans les chambres. Il
faut être très adroit et prudent pour se servir
sans danger des pelles et des pincettes. Les
grandes personnes sont adroites ; les enfants ne
sont pas adroits. Les enfants ne doivent pas
toucher le feu.
Récapitulation : Marcel et René sont en
vacances chez leur grand'mère, une bonne
grand'mère qui se met en quatre pour leur faire
plaisir. Mais elle tient à ce que sa maison soit
en ordre, et elle ne veut pas que l'on touche à
ses affaires. Elle dit à Marcel et à René : «Vous
avez vos jouets, vos outils, vos livres; respectez
ce qui est à moi ».
Les deux enfants ne sont pas encore aussi
ordonnés que leur grand'mère; ils laissent
i leurs affaires partout où ils se trouvent. Par
i exemple, ce matin, ils n'ont jamais pu trouver
t leurs ciseaux pour découper des images. Et
* comment découper sans ciseaux? « Allons prendre
ceux de grand'mère dans sa table à ouvrage. »
î Et comme les deux enfants cherchaient les
: ciseaux, renfermés dans une gaine, ils ont
i entendu des-pas, ils ont voulu fuir, ontaccroché,
3 bien malgré eux, le sac aux boutons, et... voilà
3 comment les malheurs arrivent,
i ' A vrai dire, ce n'est pas un malheur : c'est
s un accident. PAULINE KERGOMARD. .
TRAVAUX MANUELS
Tricot sans aiguilles (SUITE 4).
MÉTIER CIRCULAIRE N° 1 2 — DESSOUS DE PLAT
Chaînette faite avec de la ficelle. .
Ce dessous de plat se monte soit sur carton,
1. Voir VAmi de l'Bnfance, 1895, n" 18 et suivants.
2. Métiers circulaires pour tricot sans aiguilles (modèle
du Cours de l'Hôtel de Ville do Paris). N° 1, potit, le cent :
9 fr. 40. — N° 2, moyen, '<= cent : 18 fr. 75. — N° 3, grand,
le cent : 37 fr. 50 (Hachette et C").
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