Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1896-04-15
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 15 avril 1896 15 avril 1896
Description : 1896/04/15 (A15,N14,SER5)-1896/04/30. 1896/04/15 (A15,N14,SER5)-1896/04/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5607736n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
216^
L'AMI DE L'ENFANCE-
PARTIE PRATIQUE
LANGUE MATERNELLE
Ce qu'on voit s-u.r les images
I
La petite amie dont je parle dans mon article (
de pédagogie reconnaît, ai-je dit, tout ce qui,
sur une image, lui rappelle ce qu'elle voit autour <
d'elle. Je crois que, si je lui montrais celle-ci, ;
elle poserait son petit doigt sur la personne ou ,
la chose qui la frapperait d'abord et la nomme- .
rail, en prononçant son nom avec la prononcia- ,
tion qui lui est spéciale. j
Pour elle, les individus sont des «m'sieux», ]
des «madame», des «gaçons», des s filles», des
■sbébés», et, chose intéressante, d'elle-même,
elle classe chacun dans sa catégorie. Je suis
donc presque sûre qu'elle distinguerait, non pas
d'un seul coup d'oeil — mais plutôt par décou-
vertes successives — un monsieur, une dame,
. trois filles, un garçon et un bébé. Chaque fois
son doigt suivrait son regard, il irait se poser sur
le petit portrait, la parole viendrait la dernière.
Les personnes reconnues, elle irait aux choses
— à moins qu'elle n'eût différemment engagé
sa petite lecture d'images — et elle ferait l'inven-
taire de la salle à manger : chaises, table, cou-
vert, lampe et bougies (oh! elle n'a pas encore
des mots pour tout cela!), vaisselle sur l'étagère.
Sa mère l'aiderait peut-être dans les moments
d'hésitation : «Et ça? lui dirait-elle. Et ça?»
Mais elle se garderait, comme de toute chose
inutile, d'entrer dans les détails, car ce sont
justement les détails qui fatiguent inutilement
ces petits cerveaux.
Il y a cependant une petite scène que la
fillette-pourrait voir et que sa mère pourrait
décrire en cinq mots : « Us font : à la santé ! »
-II ' ; '-
Les plus avancés de la petite section, ceux
de trois à quatre ans, n'auront aucune peine; à
■'. • deviner que le monsieur barbu, c'est le papa, et
que la femme placée en face de lui est la
maman. Le jeune garçon, les fillettes,,1a petite
fille sont leurs enfants.
Combien y a-t-il d'enfants? -^ Il y en a cinq.
C — Où sont-ils? — Ils sont à table, dans la
salle à manger. — Est-ce que tout lé monde
est assis? — Non.— Qui est assis? — II y a
le papa et la maman, puis deux soeurs, puis le
bébé. •— Qui est debout ? — Le grand frère, la
grande soeur. — Que font-ils? — Ils approchent
leur verre de celui de leur maman pour faire :
«A la santé».
C'est la fête de la maman, tout le monde
approchera son verre de celui de la maman.;
Tout le monde dira : « A la santé, maman ! »
et la maman sera très contente.
Les enfants de trois à quatre ans détailleront
plus minutieusement les objets. Sur la table, ii
y a d'abord la nappe (Montrez-la; de quelle
couleur est-elle?), des assiettes, des fourchettes,
des couteaux, une carafe.
Au-dessus de la table, la lampe et les bougies
sont suspendues. Contre le mur à gauche, il y
a des étagères sur lesquelles on amis des plats,
des assiettes, des carafes, tout ce que la maman
a de plus joli parmi sa vaisselle. Cela rend la
salle à manger plus jolie, pourvu que, tous les
malins, on essuie soigneusement, pour ne pas
laisser la poussière.
Dans le coin de la salle à manger, on voit le
poêle.
Les enfants de trois à quatre ans ne se
contenteront donc pas de nommer sèchement
les personnes et les choses, ils ajouteront ici un
petit détail, là une petite circonstance. Ils pour-
ront même dire qu'ils voient des personnes à
table, et que c'est la fête de la maman.
III
Dans la classe des grands, on peut essayer la
synthèse.
Voyez-vous beaucoup de personnes? Où
sont-elles?
— Elles sont à table.
— Que font-elles?
— Elles dînent (ou elles soupent, ou elles
prennent leur repas).
Autour de la table, il y aie père, la mère,
les enfants. On peut dire : « Le père, la mère, les
enfants sont à table, ils dînent». Mais on peut
dire aussi la même chose plus simplement : «11
y a, ou je vois une famille à table ».
Est-ce le repas demidi que prend cette famille?
Est-ce le repas du soir?
Ici, nous faisons appel au jugement de nos
petits élèves; il est bien probable que beaucoup
répondront au hasard ; il faudra donc faire
justifier la réponse de ceux qui ont dit juste; et,
s'ils ne savent pas par où prendre leur explica-
tion, leur montrer la lampe et les bougies. La
lampe est allumée ; les bougies aussi. Allume-
t-on les lampes et les bougies à midi? — Non. —
Pourquoi?-— Parce qu'il fait clair. ~- Les allu-
me-t-on le soir? — Oui. •— Pourquoi? — Parce
qu'il fait noir.
C'est donc le repas du soir que prend la
famille.
A ce moment de la lecture de l'image, ou à
tout autre (car il y a là matière à bien des
causeries), il sera bon d'appeler l'attention des
L'AMI DE L'ENFANCE-
PARTIE PRATIQUE
LANGUE MATERNELLE
Ce qu'on voit s-u.r les images
I
La petite amie dont je parle dans mon article (
de pédagogie reconnaît, ai-je dit, tout ce qui,
sur une image, lui rappelle ce qu'elle voit autour <
d'elle. Je crois que, si je lui montrais celle-ci, ;
elle poserait son petit doigt sur la personne ou ,
la chose qui la frapperait d'abord et la nomme- .
rail, en prononçant son nom avec la prononcia- ,
tion qui lui est spéciale. j
Pour elle, les individus sont des «m'sieux», ]
des «madame», des «gaçons», des s filles», des
■sbébés», et, chose intéressante, d'elle-même,
elle classe chacun dans sa catégorie. Je suis
donc presque sûre qu'elle distinguerait, non pas
d'un seul coup d'oeil — mais plutôt par décou-
vertes successives — un monsieur, une dame,
. trois filles, un garçon et un bébé. Chaque fois
son doigt suivrait son regard, il irait se poser sur
le petit portrait, la parole viendrait la dernière.
Les personnes reconnues, elle irait aux choses
— à moins qu'elle n'eût différemment engagé
sa petite lecture d'images — et elle ferait l'inven-
taire de la salle à manger : chaises, table, cou-
vert, lampe et bougies (oh! elle n'a pas encore
des mots pour tout cela!), vaisselle sur l'étagère.
Sa mère l'aiderait peut-être dans les moments
d'hésitation : «Et ça? lui dirait-elle. Et ça?»
Mais elle se garderait, comme de toute chose
inutile, d'entrer dans les détails, car ce sont
justement les détails qui fatiguent inutilement
ces petits cerveaux.
Il y a cependant une petite scène que la
fillette-pourrait voir et que sa mère pourrait
décrire en cinq mots : « Us font : à la santé ! »
-II ' ; '-
Les plus avancés de la petite section, ceux
de trois à quatre ans, n'auront aucune peine; à
■'. • deviner que le monsieur barbu, c'est le papa, et
que la femme placée en face de lui est la
maman. Le jeune garçon, les fillettes,,1a petite
fille sont leurs enfants.
Combien y a-t-il d'enfants? -^ Il y en a cinq.
C — Où sont-ils? — Ils sont à table, dans la
salle à manger. — Est-ce que tout lé monde
est assis? — Non.— Qui est assis? — II y a
le papa et la maman, puis deux soeurs, puis le
bébé. •— Qui est debout ? — Le grand frère, la
grande soeur. — Que font-ils? — Ils approchent
leur verre de celui de leur maman pour faire :
«A la santé».
C'est la fête de la maman, tout le monde
approchera son verre de celui de la maman.;
Tout le monde dira : « A la santé, maman ! »
et la maman sera très contente.
Les enfants de trois à quatre ans détailleront
plus minutieusement les objets. Sur la table, ii
y a d'abord la nappe (Montrez-la; de quelle
couleur est-elle?), des assiettes, des fourchettes,
des couteaux, une carafe.
Au-dessus de la table, la lampe et les bougies
sont suspendues. Contre le mur à gauche, il y
a des étagères sur lesquelles on amis des plats,
des assiettes, des carafes, tout ce que la maman
a de plus joli parmi sa vaisselle. Cela rend la
salle à manger plus jolie, pourvu que, tous les
malins, on essuie soigneusement, pour ne pas
laisser la poussière.
Dans le coin de la salle à manger, on voit le
poêle.
Les enfants de trois à quatre ans ne se
contenteront donc pas de nommer sèchement
les personnes et les choses, ils ajouteront ici un
petit détail, là une petite circonstance. Ils pour-
ront même dire qu'ils voient des personnes à
table, et que c'est la fête de la maman.
III
Dans la classe des grands, on peut essayer la
synthèse.
Voyez-vous beaucoup de personnes? Où
sont-elles?
— Elles sont à table.
— Que font-elles?
— Elles dînent (ou elles soupent, ou elles
prennent leur repas).
Autour de la table, il y aie père, la mère,
les enfants. On peut dire : « Le père, la mère, les
enfants sont à table, ils dînent». Mais on peut
dire aussi la même chose plus simplement : «11
y a, ou je vois une famille à table ».
Est-ce le repas demidi que prend cette famille?
Est-ce le repas du soir?
Ici, nous faisons appel au jugement de nos
petits élèves; il est bien probable que beaucoup
répondront au hasard ; il faudra donc faire
justifier la réponse de ceux qui ont dit juste; et,
s'ils ne savent pas par où prendre leur explica-
tion, leur montrer la lampe et les bougies. La
lampe est allumée ; les bougies aussi. Allume-
t-on les lampes et les bougies à midi? — Non. —
Pourquoi?-— Parce qu'il fait clair. ~- Les allu-
me-t-on le soir? — Oui. •— Pourquoi? — Parce
qu'il fait noir.
C'est donc le repas du soir que prend la
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