Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1902-03-06
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 06 mars 1902 06 mars 1902
Description : 1902/03/06 (Numéro 9260). 1902/03/06 (Numéro 9260).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Identifiant : ark:/12148/bpt6k5606281
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2008
VINGT-SEPTIÈME ANNÉE. N8
SIX PAGES -i- SIX PAGES
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JEUDI 6 MARS
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Dernière Édition
L'OUVRIÈRE
La femme joue dans l'industrie contem-
poraine, comme dans tous les domaines de
l'activité, un rôle qui va croissant. Il n'est
plus une fabrication qui puisse se passer de
ses services l'agilité de ses doigts, son
endurance au travail en font l'auxiliaire indis-
pensable, même dans les métiers d'où elle
semblait exclue jadis à tout jamais par sa
faiblesse physique. Et dans toutes les pro-
fessions où elle peut rivatiser sans infério-
rité avec l'homme, elle ne tarde pas à l'éli-
miner. C'est un des grands événements du
siècle écoulé et l'un ires plus gros de
conséquences que ce triomphe du labeur
féminin.
Les moralistes ont fort déploré que la
mère. la fille, l'épouse, f ussent ainsiravies au
foyer etsaisies parla manufacture. L'hygiène
n'y vaut pas celle du domicile familial et
les liens les plus chers, les plus tradition-
nels sonLsinon brisés, d u moins relâchés. Mi-
chelet. a écrit sur ce thème de très belles
pages et qui sont devenues de plus en plus
justes.
D'autres encore, envisageant surtout le
c£t» matériel, •-économique, d'un problème
social brusquement apparu, ont établi que
l'utilisation progressive de la femme en-
traîne une baisse continue des salaires. La
conclusion n'est pas complètement vraie,
mais il est indéniable que les hommes, dans
nombre de métiers, ont eu à souffrir de
cette concurrence difficile a supporter.
Quels que «oient d'ailleurs les inconvé-
nients d'un phénomène nous le
montrerons, il n'y a pas il. revenir sur
lui. Ses causes sont telles qu'il est impos-
sible. de le rayer d'uu Irait, de, plume. La
femme, dans la société moderne, est tenue
de gagner sa subsistance; elle y aboutit,
.grâce- à la dilTusion des connaissances, mais
aussi grâce au progrès du machinisme qui
substitue les r/kia-ges au bras humain et la
surveillance a l'effort proprement dit.
Il est curieux de noter par quelques' chif-
fres la part grandissHnle de l'élément fémi-
Cbez nous, l'ouvrière représentait ?> p.'O
du total des travailleurs de l'industrie et du
commerce en 1845; or, elle figurait
en 1893 et plus de 27<,0/0 en Le der-
nier recensement professionnel qui vient
d'être publié, nous fournit à cet égard des
ïlôftnéeti livs suggestives. T.-»« usiiwb. où,
l'on transforme les matières premières oc-
cupent exactement :i,0i8,#>0 femmes
157,000 sont employées dans les transports
et dans le commerce. Nous passons
sur,les carrières libérales, où se rencontrent
tant d'institutrices, d'artistes et même des
avocates et des doctoresses. Et nous lais-
sons aussi de côté l'agriculture, qui pour-
tant présente un effeclif de près de mil-
lions d'unités.
Mais la France n'est pas le seul pays où
l'activité féminine se soit développëe avec
cette rapidité. En Allemagne, oit les usines
et les ateliers abritent près d'un million
d'ouvrières, le contingent a doublé en treize
années. Aux Etats-Unis, les femmes attei-
gnent un quart de la population industrielle.
Et, si en Belgique et en Suède elles ne dé-
passent pas le septième ou le huitième,
elles égalent presque le chiffre des hommes
en Suisse, contrée de filatures et de tis-
sages. Il n'est pas jusqu'au Japon où,' de-
puis une dizaine d'années, elles n'aient af-
tlué dans les manufactures, chassant leurs
maris et leurs pères.
faut donc en prendre son parti. On ne
réagit pas contre un fait aussi général. Du
reste, la nécessité parle plus baut que les
dootrines, et comment aussi se passerait-on
des produits délicats et légers que la femme
excède à fabriqaeE et qui, sans elle, ne se-
raient poïnt''
Il est vrai qu'elle ne se restreint pas à
certaines professions pour lesquelles elle
paraît plus naturellement qualifiée et douée.
Jadis, même au milieu du dix-neuvième
siècle, elle ne sortait guère de la couture, de
la confection, des modes, de la lingerie,
bref, des métiers qui concouraient à parer
ses compagnes et elle-même. Là, sa rivalité
ne gênait pas l'homme, destiné à de plus
rudes labeurs. Mais aujourd'hui, son acti-
Ne 47. Feuilleton du Petit Parisikî*.
LA BAILLONNEE
GRAND ROMAN INÉDIT
TROISIÈME PABTIB
LE MENSONGE DE GERMAINE
Il (suite)
Une Lettre de VAbsent
Et celle que le jeune homme aimait d'un
amour absolu, indéracinable, de cet amour
qui ne s'éteindiait jamais, c'était Isabelle.
Isabelle, la soeur de Christian.
Celui-ci devinait ce qu'il pressentait de-
puis longtemps.
Maintenant, il comprenait la raison de ce
départ subit, de cet enrôlement précipi'.é
qu'il ne s'était pas expliqué jusqu'alors.
Une phrase de la lettre de Raymond avait
servi à l'éclairer
a Pourquoi ai-je obéi à cet ordre de celle
que si longtemps j'ai cru ma mère? »
Sans doute la mère de Raymond, sa
tante plutôt, avait surpris le secret du
jeune homme. Alors, dès qu'elle l'avait su,
épouvantée de la distance qui séparait Ray-
mond de celle dont il s'était épris, pour gué-
rir le malheureux de sa folie, elle lui avait
Va-t'en Pars au loin oublie 1
Reproduction et traduction réservée*.
vite se manifeste partout, et l'on pourrait
plus facilement citer les domaines d'où elle
reste exclue que cqu oiueUe a pris ferme-
ment pied.
Il n'est pas étonnant qu'elle l'ait emporté
dans la confiserie, dans la bonneterie, dans
la soierie où, d'après nos statistiques offi-
celles, elle est à peu près souveraine maî-
tresse. Ce sont là des industries qui n'exi-
gent pas un grand déploiement de vigueur
musculaire. Encore l'élément masculin en
a-t-il été éliminé avec une vitesse qui tient
du vertige et qui explique si elle ne jus-
Lilie pas de douloureuses prot,estations.
Mais la femme s'est imposée dans les
emplois commerciaux, dans les banques,
dans les administrations publiques, ce qui,
entre parenthèses, constitue la meilleure
réfutation de ceux qui mettaient en doute
ses qualités intellectuelles. Et surtout, elle
s'est, implantée dans certaines professions
longtemps exercées comme par droit de
naturn. par le sexe fort. Elle en est venue
il fabriquer presque toutes nos conserves
alimentaires et dans la savonnerie, la verre-
rie et la marbrerie, elle forme un effectif
fort respectable, le quart et. parfois le tiers
du total A coup sûr, ce n'est point là qu'on
eût cru la trouver, et Michelet n'avait pa's
prévu une telle extension du phénomène
qu'il déplorait en termes si éloquents.
Il est plus singulier encore et ici les
critiques peuvent s'exercer largement de
rencontrer des ouvrières dans l'extraction
minière. La Belgique en compte 9,000 qui
décharjent la houille à la surface, qui la
Irient, ou eneore la roulent au fond des ga-
leries souterraines. Votre recensement pro-
fessionnel en signale près de 5,000, pour la
France. Nous voudrions nous convaincre
qu'aucune d'elles ne vit dans les ténèbres
des puits, car ce labeur des charbonnages,
si dur, si périlleux, si rebutant, doit être
exclusivement pour l'homme.
Il a été beaucoup écrit sur le salaire de
la femme, et spécialement. de la Parisienne.
Hélas c'est un chapitre pénible de la vie
contemporaine. Ce salaire est trop souvent
juste au niveau des nnoessités les plus.ur-
genles, lorsqu'il ne demeure pas au-des-
sous. Les enquêtes qui ont été poursuivie
par l'Office du travail fournissent parfois
des conclusions désolantes.
Dans les filatures, la rémunération quo-
tidienne ne dépasse jamais 2 fr. mais
plus généralement elle reste inférieure à
2 francs. Telle est aussi la moyenne de la
couture, Les monographies dressées cet
égard nous apprennent qu'une ouvrière,
sans morte saison, arrive au maximum à
Mais eoni bien privées d'ouvrage six
ou sept mois durant, touchent à. peine;
500 francs? La contection n'est guère plus
attrayante, puisque, d'après nos enquê-
teurs, elle offrirait des salaires annuels de
à francs. Quant au travail à domi-
cile, supérieur à tous les autres au point de
vue de l'hygiène et dé la vie familiale, il est
loin d'èlre plus payé. M. Dagan estime,
au cours des recherches qu'il a publiées,
que les chenilleuses de Lyon ne reçoivent
guère plus de 200 francs et les dentellières
guère plus de francs pour les douze
mois.
Ces chiffres, qu'on ne saurait contester,
montrent combien l'existence de la femme,
même la plus laborieuse, est difficile et
précaire. Et pourtant, ce qui est son
honneur, et ce qui atteste son oourage
et sa ténacité, elle affronte les longues jour-
nées, les besognes fatigantes, pour rappor-
ter chaque semaine au logis les quelques
pièces blanches qui lui procureront une
maigre subsistance ou lui permettront de
collaborer avec son mari ü l'entretien du
ménage et des enfants.
Trait consolant, malgré tout L'ouvrière
française est encore mieux partagée que
celle d'Allemagne et de Belgique; notons
aussi que son salaire subit une hausse
faible mais constante, et que sa condition
tend à s'améliorer.
Les pouvoirs publics de notre pays sont
probablement ceux qui ont le plus prodigué
leurs efforts pour relever le sort de la
femme. S'il ne leur appartenait pas de s'in-
gérer dans des domaines qui relèvent du
contrat privé, ils ont pourtant et dès le mi-
lieu du siècle, inauguré par ailleurs une
phase d'active intervention.
Au nom de l'hygiènè, qui interdit de
tarir par le surmenage la force des tra-
Et l'oubli n'était pas venu.
l'ourtant c'était là le conseil que, Chris-
tian aussi, eût donné Raymond.
S'éloigner.
Fuir la présence d'Isabelle, puisque celle-
ci ne pouvait être il lui, pauvre, obscur, et
dont le nom c'était là l'obstacle invin-
cible avait été marqué au fer rouge par
les hommes.
Etre fort, effacer de Sa mémoire jusqu'au
souvenir même de la jeune fille.
Mais c'étaient des mots, cela
Est-ce que là-bas, sur le sol africain,
malgré la distance, malgré les années écou-
lées, Raymond ne souffrait pas d'une souf-
france infinie, sans guérison, et contre la-
quelle Christian, Christian qui l'aimait, ne
pouvait rien.!
Et voici qu'outre cette torture épouvanta-
ble, le pauvre garçon tremblait maintenant
pour celle qui l'avait élevé, et aussi pour sa
petite Germaine.
Pour l'une c'était la misère qu'il redou-
tait.
Pour l'autre la lâcheté des misérables que
la. pureté et la candeur d'une enfant n'arrê-
tent pas.
Certes, Christian se rendrait à la Petite-
Pas le lendemain, mais aujourd'hui même.
Et il veillerait discrètement, de loin, sur
Germaine, comme si, selon l'expression de
Raymond, elle fût vraiment sa propre sœur.
Sa soeur!
Son cœur se mit a battre plus fort à cette
pensée.
Pourtant il n'avait qu'une soeur, Isabelle,
« la belle héritière », la hautaine jeune tille
qui faisait l'ornement et la gloire des salons
où elle daignait parattre un instant, dans le
flot des lumières, à côté du comte, son
vailleurs, ils ont introduit un certain 1
nombre de les plus ré-
centes"" sont celles de 1892, de 1893 et
de 1900. Ils ont Hxé une limite à la ,journée
des ouvrières; ils ont proscrit en principe
le travail de nuit; ils ont déterminé. les
mesures sanitaires à prendre dans les ate-
liers ils ont réservé aux hommes adultes
des tâches trop écrasantes; ils ont été plus
loin encore, et l'on ue peut méconnaître
qu'en enjoignant aux patrons de donner des
sièges a. leurs employées, ils ne soient en-
tres dans une voie nouvelle de spéciali-
A coup sûr, cette législation protectrice,
qui ne trouve aucun précédent dans le
passé, est appelée iL se développer. Au fur
et à mesure que le rôle de la femme s'ac-
croît dans l'industrie, grandissent les devoirs
de l'Etat a son égard. Si son activité est
nécessaire a la cité, elle en est aussi la pa-
rure, elle en est l'avenir.
JEAN FROLLO
Faits du Jour
~~» Le voyage de M. Loubet en Russie est
annoncé officiellement pour le mois de mai.
La Chambre a terminé la discussion du
budget des Beaux-Arts et entamé l'examen du
budget des conventions.
La Chambre des communes anglaise a
procédé à un grand débat sur les crédits de la
guerre. Un amendement libéral sur les camps
de concentration a été rejeté à 121 voix de ma-
jorité.
Un petit garçon de onze ans a été tué
par sa grand'mère, près de Baume-les-Dames.
AU.IOURJD'HUI
Séances à la Chambre et au Sénat.
LE PRÉSIDENT EH RUSSIE
Hier, a son retour de Marly, le Président
de la République a reçu de M. le prince
Ouroussoff, ambassadeur de Russie il. Paris,
une. lettre autographe du tsar, confirmant
l'invitation déjà taile à M. Loubet par le
souverain russe, en septembre dernier,
avant son départ de Compiègne.
La lettre officielle d'invitation laisse à
M. Loubet le choix de la date pour le
voyage qu'il a promis au tsar de faire en
,Russie vers le milieu du printemps.
(te II* date, qui sera fixée dans l'un des
prochains conseils que tiendront les mem-
bres du gouvernement, suivra de quelques
jours, croyons-nous, celle où aura lieu, en
mai, le second tour de scrutin pour le re-
nouvellement de la Chambre. Suivant que
le premier tour de scrutin sera fixé au di-
manche 20 avril ou au dimanche 27, le se-
cond tour aura lieu soit le 4 mai, soit le 11.
Dans ces conditions, c'est au plus tard
le 15 ou le 16 mai que M. Loubet partirait
pour la Russie, où il passerait quatre jours.
D'après nos renseignements, il partirait
de toute façon avant le 20 mai, car son in-
tention est de rentrer à Paris avant le di-
manche 10r juin, date à laquelle commence-
ront les pouvoirs de la nouvelle Chambre,
1 celle-ci devant de plein droit se réunir le
lendemain lundi.
Le voyage du Président de la République
en Russie élait prévu depuis longtemps,
la suite des paroles prononcées par le tsar
après la revue de Bétheny. On savait que
M. Loubet ne tarderait pas à rendre, au
nom de la France, la visite faite il. notre
patrie par Nicolas II.
Mais l'importance d'un fait n'est pas dimi-
nuée'parce qu'il était attendu et il est per-
mis de penser, au contraire, que la présence
du Président de la République à Saint-
Pétersbourg sera la preuve de l'impuissance
diplomatique de tous ceux qui ont essayé
d'affaiblir la portée du traité entre les deux
puissances amies et alliées. L'intimité de-
meure entière, fortifiée même par le temps,
qui cimente ce qu'il ne détruit pas d'autant
plus solide que des difficultés ont été affron-
tées et résolues en commun.
L'alliance russe reste la base de notre po-
grand-père, dans l'éblouissement de ses in-
comparables toilettes.
Maintenant les pensées da jeune homme
changeaient de cours.
Son front s'était assombri; et une tristesse
voilait l'éclat de ses yeux.
Il murmura tout bas, comane s'il se fût par-
lé à lui-même
Toi, Raymond, tu souffres parce que
ton amour est condamné à la désespérance.
Je te plains sincèrement, de toute la pitié
de mon cœur. Mais, comme toi, je souffre,
je souffre parce que jamais non plus je ne
posséderai l'amour que je rêve, que j'ap-
pelle de toute mon âme l'amour de ma
mère.
Il ajouta dans un sourire amer
Et moi aussi je dois me taire. Et per-
sonne ne me plaint 1
III
L'Enquête
Tu m'emmènes, (:hristian ?
Mais. si tu veux, petite sœur.
Oh tu réponds cela parce que tu mis
que c'est le jour de réception de grand'mère
et qu'il m'est impossible de t'accompagner.
Sans ça
Sans ça, mademoiselle ?
Tu ne t'engagerais pas aussi facile-
ment.
Peut-être.
Au moins voici un aveu! Et c'est loinl,
où tu vas ?
Oui, très loin, dans un quartier popu-
rempli de vilaines voitures et de
gens en blouses.
Fi que ce doit être laid Et peut-on
savoir ce que tu vas faire dans un 51 :vilain
quartier.
Ah! voilà..
litiijuajiirangèi'e. Elle a contribué à nous
diehner la sécurité, et elle laisse là porte
ouverte il. l'éventualité des combinaisons
que l'avenir peut apporter. Aucune espé-
rance n'est interdite à deux nations dispo
sant de forees aussi considérables, le jour
où, malgré leurs aspirations pacifiques, des
événements imprévus surgiraient.
Pour la seconde fois, ce sera un spectacle
peu banal que celui du premier magistrat
de la République venant apporter au tsar
et à la Russie le salut cordial de la démo-
cratie française. On peut être certain que
M. Loubet, remplira cette mission avec la
dignité calme qui le caractérise, sans osten-
tation, plein du Sentimeut profond de son
devoir de chef d'Etat.
La Russie appréciera sa bonne gr&ee sou-
riante, qui fera la conquête de tous, de
ceux qui l'approcheront comme des foules
qui acclameront en lui la France elle-
même.
La nouvelle entrevue de l'empereur et
du Président de la République se passera
dans un cadre déjà plein de souvenirs. En
traversant la rade de Cronstad t< M. Loubet
pourra évoquer la mémoire d'Alexandre III,
lorsqu'il vint tendre la main à la République
sur le pont de notre vaisseau-amiral.
Alors, on jetait les fondations de l'édifice.
Il est bâti aujourd'hui, et il abrite les fortu-
nes des deux peuples, unis pour poursuivre
ensemble leurs destinées.
LES EVENEMENTS DE CHINE
Hong-Kong, f» mars.
La rébellion se propage rapidement dans
le Kouang-Si, à Kouei-Lin et Nan-N'ing, les
deux nouveaux ports à traité; des indices
de turbulence sont déjà visibles.
Le vice-roi de Canton a envoyé des
troupes pour réduire la rébellion. On a
placé une garnison d'un millier d'hommes
dans ces deux ports. On croit que les re-
belles sont d'anciens soldats du maréchal
Sou, licenciés après le départ de celui-ci.
Leur but est de renverser ladynaslie mand-
choue et de fonder une dynastie chinoise, et
de venir, en aide aux opprimées et aux néces-
siteux.
Pékin, 5 mars.
Le gouvernement a donné l'ordre au ma-
réchal Sou de reprendre le commandement
des rebelles; mais il est douteux qu'il puisse
les soumettre, parce qu'il fandrait d'abord
leur payer leur année de solde.
Pékin, 5 mars.
La légation de France a reçu un télé-
gramme annonçant qu'un officier français
a été tué par les rebelles dans te Kouang-
Si». près de la frontière du Tonkin.
Les Cavalcades
C'est aujourd'hui la mi-carême La magni-
fique apothéose de Victor Hugo aura cette
année quelque peu éclipsé les fêtes habituel-
les organisées par les Halles et Marchés pa-
risiens.
Léurs comités respectifs n'en ont pas moins
travaillé en silence, rivalisant de zèle et de
dévouement, pour mener à bien leur lourde
et délicate tâche.
Amuser Paris i Voilà qui n'est point aisé.
Mais rien ne saurait rebuter le comité de
nos grands marchés, pas même la défection
bien imprévue d'un élément dont le concours
était précieux les étudiants.
La jeunesse des écoles ne boude pas, cer-
tes quelques-uns de nos futurs avocats ou
médecins ont même donné leur adhésion au
comité des fêtes de la rive gauche. Mais ce
n'est plus là le bel emballement des années
dernières. Il convient de le déplorer car,
entre toutes les fêtes populaires, la mi-ca-
rême est celle qui est la plus profitable au
petit commerce, aux gagne-petit, a tous les
humbles exerçant mille et un métiers.
Foin des pensers moroses! Jetons un coup
d'oeil sur le programme élaboré les plus dif-
ficilés ont lieu d'être satisfaits, car cette
année la gaieté n'est point monopolisée.
Chaque quartier du centre aura sa part des
réjouissances populaires, chaque rive, droite
ou gauche, aura son cortège.
Le plus important sera évidemment celui
de la rive droite. Commençons donc par nous
océuperde lui.
C'est au marché du Temple qu'était dévolu
cette année le soin de choisir la Reine des
reines. L'élue, nous avons en temps voulu
fait son éloge, est Mlle Berthe Roche. C'est
vers elle qu'iront, sans nul doute, tous les
applaudissements de la foule, applaudisse-
ments mérités, car la jeune souveraine per-
Un secret
Il y a une comédie qui a pour titre
Il ne faut jurer de rien.
Ce qui veut dire que tu as un secret.
Mais non. Ça veut dire tout simple-
ment qu'il se peut que j'en aie un, ce qui
n'est pas du tout la même chose.
Christian, mon petit Christian, ce se-
cret tu vas le confier à ta petite sœur. Ap-
prends-moi ce que tu vas faire tout là-bas,
là-bas.
Tu veux que je te le dise.
Oui.
Tu seras satisfaite après,
Complètement satisfaite.
Eh bien je vais tout simplement ren-
dre une visite de politesse à la famille d'un
de mes anciens condisciples du lycée Carnot,
qui était en même temps le meilleur de mes
Je connais son nom?
Un pli creusa le front de Christian.
La conversation prenait un tour qui l'in-
quiétait.
Je ne pense pas. dit-il avec un com-
mencement de gêne.
Pourquoi dis-tu que tu ne penses pas ?
Il réprima un geste agacé.
Parce que tu ne l'as rencontré qu'une
seule fois. Il y a bien longtemps de cela.
Où donc 1
A un bazar de charité, chez la prin-
cesse de Pragant.
Tu me l'as présenté, n'est-ce gas ?
Oui.
Un grand garçon, timide, embarrassé.
Tu m'as dit son nom. Raymond, je crois;
mais le nom de famille m'échappe.
Il la regarda un peu surpris qu'elle se
eonvtnt si nettement de cette rencontre.
§Ue ajouta indifférente
sonnifie, sans aucune contestation, le travail
et la grâce parisienne.
Ce sont les Halles (Mlle Fosaier, reine), qui
ouvrirent la marche du cortège de la rive
droite. Char et costumes rappelleront le style
Louis XIV. l'uis viendra le Temple.
Du char de la Reine des reines, traîné par
six chevaux caparaçonnés, nous ne dirons
qu'une chose, c'est qu'il est fort réussi et
d'une moderne élégance. Mme Roche, en
costume art nouveau, y sera accompagnée de
ses quatre demoiselles d'honneur: Mlles lîer-
nard, Louise Stock, Louise Millaubach, Marthe
Girault, en fraîches toilettes blanche, rose,
bleue, et parme.
Le char de la Repopulation clôturera le
groupe du Temple.
Très réussi également le char et le cortège
de Mlle Girault, la reine du marché Saint-
Germain costumes style Louis Xiii.
Comme toujours, le marché Lenoir, dont
la reine est Mlle Josserand, fait preuve de la
plus grande tantaisie son char de la Lune
de miel est très original.
Ce matin, à onze heures un quart, la Reine
des reines, toutes les élues des marchés,
et leurs suites viendront, comme les années
précédentes, nous rendre visite l'hôtel du
Petit Parisien.
Le cortège se concentrera, à une heure de
l'après-midi, sur l'avenue des Champs-Ely-
sées. Voici l'itinéraire .définitif Départ ¡lune
heure et demie. Champs-Elysées, avenue Ma-
rigny, rue du I'aubourg-Saint-Honore ( arrêt à
l'Elysée), rue Royale, grands boulevards,
place de la République (trois heures et demie),
rue du Temple, rue de Turbigo, boulevard
de Sébastopol. pont au Change, boulevard du
Palais (arrêt à la préfecture de police, quatre
heures un quart), quai du Murché-A'euf, par-
vis Notre-Dame, rue et pont d'Aréole, place
de l'Hôtel-de-Ville (réception et dislocation).
Le cortège de la rive gauche se former
avenue Lowendal et suivra l'itinéraire sui-
vant
Rue Cambronne, rue Lecourhe, rue de Sè-
vres, boulevard Montparnasse, place de Ren-
nes. rue d'Odessa, rue de la Gaîté, avenue
du Maine, avenue d'Orléans, rue Denfert-
Rochereau, avenue de l'Observatoire, boule-
vard du Port-Royal, avenue des Gobelin,,
rue Claude-Bernard, rue Gay-Lussac, boule-
vard Saint-Michel, pont Saint-Michel, quai du
Marché-Neuf (arrêt à la préfecture de police),
place du Parvis-Xotre-Dame, rue d Arcole,
pont d'Arcole, place de l'Hôtel-de-Ville (arrêt
a l'Hôtel de Ville), rue de Rivoli, rue Lobau,
quai de l'Hôtel-de-Ville où se fera la disloca-
tion.
Il ne faut plus maintenant qu'un rayon de',
soleil la gaieté ne saurait faire défaut!
Tué par sa Grand'Mère
(De nolre correspondant particulier)
Besançon ,5 mars.
Un drame d'un caractère particulière-
ment douloureux et dont la uouvelle n'est
parvenue ici que tardivement s'est dérouté
dimanche dernier dans la commune de
Pierrefontaine -les Vanuis, arrondissement
de Baume-les-Dames, küomètres de
cette ville. Un petit garçon de onze ans en-
viron a été tué par sa grand'mère, qui a
agi, selon toutes probabilités, dans un ac-
cès de folie.
La petite victime, exactement âgée de
onze ans et demi, Jules Jacquot, demeu-
rait au Coinot avec ses grands-parents et
son père. C'était un enfant très doux, fort
robuste pour son âge, et qui déjà aidait, son
père, M. Charles Jacquot, cultivateur, dans
son dur labeur de tous les jours.
Dimanche, à midi, le garçonnet, tout
joyeux, revendait du catéchisme à la mai-
son familiale son grand-père et son père
s'étaient rendus au travail et ne devaient
rentrer que dans la soirée. La grand'mère,
âgée de soixante-douze ans environ, était
donc seule au logis.
L'enfant se rendit il l'écurie pour y voir
les porcs, et c'est à ce moment que se dé-
roula l'affreuse scène.
Aucun témoin n'y a assisté, de telle façon
qu'on en est réduit aux hypothèses. Voici
quelles ont dû en être les péripéties
L'aïeule s'approcha de son peüt-fils à pas
étouffés et le frappa à la tète d'un coup de
pioche. Sanglant, étourdi, mais non as-
sommé, le pauvre petit tenta sans doute de
s'enfuir et d'ouvrir une porte qui, bloquée
par un tas de fumier, résista à tous ses ef-
forts. Un deusième coup de pioche l'rabattit
sans vie sur le sol.
Une heure après, la grand'mère crimi-
I nelle allait se constituer prisonnière à la
gendarmerie où elle faisait le récit de son
abominable forfait. Le juge de paix, pré-
venu, se rendit aussitôt sur les lieux et pro-
céda aux premières constatations, en atten-
dant l'arrivée du parquet.
Ce meurtre n'a pu être commis que dans
un accès de folie, car Mme Jacquot adorait
son petit-fils qui avait pour elle la plus vive
affection.
I Telle est du moins l'opinion des habilants
Et vous vous voyez toujours ?
Non.
Brouillés ?
Je t'ai dit que j'allais faire une visite
a sa famille,
Et à lui
Non. Pas à lui J
Parce que
Parce qu'il a quitté la France.
Ah!
Il s'est engagé, en Afrique, dans un
régiment de spahis. Pendant deux ans, il a
fait partie d'une mission très périlleuse.
Drôle d'idée
Pourquoi ?
Pour rien. Il avait sans doute la vo-
cation du danger, ton ami.
Christian était un peu pale.
Peut-être répondit-il simplement.
Et, pour arrêter cet entretien qui lui était
pénible
Je me sauve. Au revoir, petite sœur.
Mais, comme avant de partir il la voyait
un peu songeuse
A quoi donc penses-tu, Isabelle ?
Ma foi, répliqua-t-elle avec un joli rire
qui sonna clair, je pense que, si j'ai été cu-
rieuse, j'en suis bien punie, puisque ton fa-
meux secret n'était pas plus intéressant que
cela.
Christian franchit la grille de l'hôtel, qu'un
domestique en livrée referma sur lui.
Une fois dehors, il s'orienta et s'achemina
dans la direction des Champs-Elysées.
Cette journée de printemps était radieuse-
ment belle.
Dans le ciel bleu voletaient les premières
hirondelles.
Sur les marronniers des avenues les bour-
geons déjà apparaissaient, et des pierrots,
de la région. qui avaient en parfaite estime
les pauvres gens si cruellement éprouvés.
ENTRE TIRAILLEURS
(De noire carre?pondant particulier!
Sousse, 5 mars,
Dans la soirée d'hier, vers sept heures,
le tirailleur indigène Kouider était assis
iL la buvette du Trocadt'ro, en compagnia
du sergent indigène Alila et de deux de
leurs compatriotes civils, lorqu'unc déto-
nation éclats.
Kouider, qui, le dos tourné à la routa
sur laquelle s'ouvrait la buvette fumait
paisiblement une cigarette, s'abattit comm»
une masse, foudroyé par une balle de fusil
qui, entrant par le flanc droit, traversa la
corps du malheureux de parr en part et
alla se loger dans la boiserie d'une fenêtre.
Le coup avait été tiré presque il bout por-
tant.
L'auteur de ce lâche crime, le tirailleur;
indigène Mufta, appartenant comme sa,.
victime et le sous-officier Alila la com-
pagnie, eommandée par le capitaine La-
doucelte, avait rejoint aussitôt le camp att
pas de course.
Mais le sergent, se souvint que, dans la
journée, Mufta lui avait dit Ce soir, je
tuerai Kouider ou je serai tue par lui. » It'
courut aussitôt à la police pour le dénon-
cer.
Mufta fut arrêté sur-le-champ et feignit
la plus vive surprise, mats on .découvrit
un fttsil lebel raché sous le lit du- sergent
Ahmed, déserteur depuis cinq jours. L'exa-
men du canon de l'arme révkrla qu'un coup
avait été récemment tiré, et. de plus, le le--
bel contenait encore une douille vide.
On ne s'explique pas comment le mer-
trier, qui était très mat noté, comme d'ail-
leurs sa victime elle-même, a pu sortir (lit
quartier et y rentrer sans être aperçu. Ou
ignore le mobile du crime.
L'AssassiiaH'iB Fillette
L'arrestation que la police croyait immi-
nente, n'a pas encore été opérée.
M. Le Poittevin, juge d'instruction, a eut
hier une entrevue avec M. Cochefert. chef
de la sûreté puis il a reçu le rapport da
docteur Socquet, le médecin légiste qui a
pratiqué l'autopsie du cadavre de la petite.
1 Angèle Chèze,.
ANGÈLE CHÈZE
Ce rapport conclut à la mort par stangula-
tion il l'aide d'une corde aucune trace il»
violences d'un caractère particulier n'a éta'
constatée sur le corps de la victime,
A Montmartre
MM. Cochefert, chef de la sûreté Mon-
niol, son secrétaire Barbaste, inspecteur
principal, et de nombreux agents ont passé
une grande partie de la journée d'hier à
Montmartre.
Une maison de la rue Caulaincourt a éfé
principalement surveillée et une souricière-
avait même été établie dans les environs,
mais l'individu rechorché n'a pas donné
signe de vie.
H parait à peu près certain, maintenant,,
que cet homme a réussi à gagner l'étran-
ger.
M. Cochefert croit, en effet, connaître le,.
coupable. Si nous sommes bien renseigna»,
l'individu soupçonné n'en serait pas U son
coup d'essai et aurait eu déjà maille à par-
tir avec la justice pour une affaire à peu
près identique celle qui nous qccupe,
En d'antres termes, on a, parait-il, de`
très bonnes raisons de croire que l'assassut
de la petite Chèze ne serait autre qu'uni
individu, qui, il y a trois ans environ, en-
leva dans les mémes circonstances une'
autre petite fille que toutefois il ne tua pes*
A part ce détail, l'affaire serait !a même.
La fillelte fut retrouvée vivante, mais U->
gotée. Comme cette dcrnière, elle n'avait,
subi aucune violence.
L'auteur du rapt fut retrouvé et arrêté^
à travers les branches, se pourchassaient
avec des pépiements aigus.
Des marchandes de fleurs passaient, pou*,
sant devant elles leurs petites charrettes (jul
disparaissaient sous des monceaux de vio-.
lettes liées en bouquets dont le parfum sub-
til vaguait dans l'air embaumé.
Partout éclatait la joie de vivre.
Arrivé au rond-point, Christian fit signe à
un cocher qui vint, cahin-caha, ranger son
véhicule au long du trottoir.
On y va, bourgeois On y va!
Et comme la mise élégante de son client
l'incfinait ù uu soudain respect^ il ques-
tionna
Où faut-il vous conduire, mon prince t
Cette demande toute naturelle interlo-
qua Christian.
Où il fallait le conduire?.
Il savait que la Petite Ménagère était si-
tuée boulevard de Magenta il se rappelait
même très bien son emplacement; mais le.
numéro lui était inconnu.
Il dit
Menez-moi devant l'église Saint-Lau-
rent.
De là, il n'aurait que quelques pas à faire,
pédestrement.
La voiture s'ébranla d'un train assez ra-
pide.
Chose curieuse, plus la distance qui sé-
parait le jeune homme de la Petite Ména-
gère diminuait, plus celui-ci se sentait en-
vahi par une émotion étrange, par une émo-
tion qu'il ne s'expliquait pas.
Ce ne pouvait être la mission dont Ray-:
mond l'avait chargé; elle était en vérité
toute simple.
(A svkrp.) Pierre Decouhceijue*
SIX PAGES -i- SIX PAGES
̃ ̃w.i,i,iii. m ̃̃ Wn, ,i..1 .w. i ̃ ii»
JEUDI 6 MARS
DIRECTION
iS, rue d'Enghien, PARIS
TELKPHONB X" 102.75 102-73 115,00
Les Manuscrits von iaxtrés ne sont pas rendus.
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Dernière Édition
L'OUVRIÈRE
La femme joue dans l'industrie contem-
poraine, comme dans tous les domaines de
l'activité, un rôle qui va croissant. Il n'est
plus une fabrication qui puisse se passer de
ses services l'agilité de ses doigts, son
endurance au travail en font l'auxiliaire indis-
pensable, même dans les métiers d'où elle
semblait exclue jadis à tout jamais par sa
faiblesse physique. Et dans toutes les pro-
fessions où elle peut rivatiser sans infério-
rité avec l'homme, elle ne tarde pas à l'éli-
miner. C'est un des grands événements du
siècle écoulé et l'un ires plus gros de
conséquences que ce triomphe du labeur
féminin.
Les moralistes ont fort déploré que la
mère. la fille, l'épouse, f ussent ainsiravies au
foyer etsaisies parla manufacture. L'hygiène
n'y vaut pas celle du domicile familial et
les liens les plus chers, les plus tradition-
nels sonLsinon brisés, d u moins relâchés. Mi-
chelet. a écrit sur ce thème de très belles
pages et qui sont devenues de plus en plus
justes.
D'autres encore, envisageant surtout le
c£t» matériel, •-économique, d'un problème
social brusquement apparu, ont établi que
l'utilisation progressive de la femme en-
traîne une baisse continue des salaires. La
conclusion n'est pas complètement vraie,
mais il est indéniable que les hommes, dans
nombre de métiers, ont eu à souffrir de
cette concurrence difficile a supporter.
Quels que «oient d'ailleurs les inconvé-
nients d'un phénomène nous le
montrerons, il n'y a pas il. revenir sur
lui. Ses causes sont telles qu'il est impos-
sible. de le rayer d'uu Irait, de, plume. La
femme, dans la société moderne, est tenue
de gagner sa subsistance; elle y aboutit,
.grâce- à la dilTusion des connaissances, mais
aussi grâce au progrès du machinisme qui
substitue les r/kia-ges au bras humain et la
surveillance a l'effort proprement dit.
Il est curieux de noter par quelques' chif-
fres la part grandissHnle de l'élément fémi-
Cbez nous, l'ouvrière représentait ?> p.'O
du total des travailleurs de l'industrie et du
commerce en 1845; or, elle figurait
en 1893 et plus de 27<,0/0 en Le der-
nier recensement professionnel qui vient
d'être publié, nous fournit à cet égard des
ïlôftnéeti livs suggestives. T.-»« usiiwb. où,
l'on transforme les matières premières oc-
cupent exactement :i,0i8,#>0 femmes
157,000 sont employées dans les transports
et dans le commerce. Nous passons
sur,les carrières libérales, où se rencontrent
tant d'institutrices, d'artistes et même des
avocates et des doctoresses. Et nous lais-
sons aussi de côté l'agriculture, qui pour-
tant présente un effeclif de près de mil-
lions d'unités.
Mais la France n'est pas le seul pays où
l'activité féminine se soit développëe avec
cette rapidité. En Allemagne, oit les usines
et les ateliers abritent près d'un million
d'ouvrières, le contingent a doublé en treize
années. Aux Etats-Unis, les femmes attei-
gnent un quart de la population industrielle.
Et, si en Belgique et en Suède elles ne dé-
passent pas le septième ou le huitième,
elles égalent presque le chiffre des hommes
en Suisse, contrée de filatures et de tis-
sages. Il n'est pas jusqu'au Japon où,' de-
puis une dizaine d'années, elles n'aient af-
tlué dans les manufactures, chassant leurs
maris et leurs pères.
faut donc en prendre son parti. On ne
réagit pas contre un fait aussi général. Du
reste, la nécessité parle plus baut que les
dootrines, et comment aussi se passerait-on
des produits délicats et légers que la femme
excède à fabriqaeE et qui, sans elle, ne se-
raient poïnt''
Il est vrai qu'elle ne se restreint pas à
certaines professions pour lesquelles elle
paraît plus naturellement qualifiée et douée.
Jadis, même au milieu du dix-neuvième
siècle, elle ne sortait guère de la couture, de
la confection, des modes, de la lingerie,
bref, des métiers qui concouraient à parer
ses compagnes et elle-même. Là, sa rivalité
ne gênait pas l'homme, destiné à de plus
rudes labeurs. Mais aujourd'hui, son acti-
Ne 47. Feuilleton du Petit Parisikî*.
LA BAILLONNEE
GRAND ROMAN INÉDIT
TROISIÈME PABTIB
LE MENSONGE DE GERMAINE
Il (suite)
Une Lettre de VAbsent
Et celle que le jeune homme aimait d'un
amour absolu, indéracinable, de cet amour
qui ne s'éteindiait jamais, c'était Isabelle.
Isabelle, la soeur de Christian.
Celui-ci devinait ce qu'il pressentait de-
puis longtemps.
Maintenant, il comprenait la raison de ce
départ subit, de cet enrôlement précipi'.é
qu'il ne s'était pas expliqué jusqu'alors.
Une phrase de la lettre de Raymond avait
servi à l'éclairer
a Pourquoi ai-je obéi à cet ordre de celle
que si longtemps j'ai cru ma mère? »
Sans doute la mère de Raymond, sa
tante plutôt, avait surpris le secret du
jeune homme. Alors, dès qu'elle l'avait su,
épouvantée de la distance qui séparait Ray-
mond de celle dont il s'était épris, pour gué-
rir le malheureux de sa folie, elle lui avait
Va-t'en Pars au loin oublie 1
Reproduction et traduction réservée*.
vite se manifeste partout, et l'on pourrait
plus facilement citer les domaines d'où elle
reste exclue que cqu oiueUe a pris ferme-
ment pied.
Il n'est pas étonnant qu'elle l'ait emporté
dans la confiserie, dans la bonneterie, dans
la soierie où, d'après nos statistiques offi-
celles, elle est à peu près souveraine maî-
tresse. Ce sont là des industries qui n'exi-
gent pas un grand déploiement de vigueur
musculaire. Encore l'élément masculin en
a-t-il été éliminé avec une vitesse qui tient
du vertige et qui explique si elle ne jus-
Lilie pas de douloureuses prot,estations.
Mais la femme s'est imposée dans les
emplois commerciaux, dans les banques,
dans les administrations publiques, ce qui,
entre parenthèses, constitue la meilleure
réfutation de ceux qui mettaient en doute
ses qualités intellectuelles. Et surtout, elle
s'est, implantée dans certaines professions
longtemps exercées comme par droit de
naturn. par le sexe fort. Elle en est venue
il fabriquer presque toutes nos conserves
alimentaires et dans la savonnerie, la verre-
rie et la marbrerie, elle forme un effectif
fort respectable, le quart et. parfois le tiers
du total A coup sûr, ce n'est point là qu'on
eût cru la trouver, et Michelet n'avait pa's
prévu une telle extension du phénomène
qu'il déplorait en termes si éloquents.
Il est plus singulier encore et ici les
critiques peuvent s'exercer largement de
rencontrer des ouvrières dans l'extraction
minière. La Belgique en compte 9,000 qui
décharjent la houille à la surface, qui la
Irient, ou eneore la roulent au fond des ga-
leries souterraines. Votre recensement pro-
fessionnel en signale près de 5,000, pour la
France. Nous voudrions nous convaincre
qu'aucune d'elles ne vit dans les ténèbres
des puits, car ce labeur des charbonnages,
si dur, si périlleux, si rebutant, doit être
exclusivement pour l'homme.
Il a été beaucoup écrit sur le salaire de
la femme, et spécialement. de la Parisienne.
Hélas c'est un chapitre pénible de la vie
contemporaine. Ce salaire est trop souvent
juste au niveau des nnoessités les plus.ur-
genles, lorsqu'il ne demeure pas au-des-
sous. Les enquêtes qui ont été poursuivie
par l'Office du travail fournissent parfois
des conclusions désolantes.
Dans les filatures, la rémunération quo-
tidienne ne dépasse jamais 2 fr. mais
plus généralement elle reste inférieure à
2 francs. Telle est aussi la moyenne de la
couture, Les monographies dressées cet
égard nous apprennent qu'une ouvrière,
sans morte saison, arrive au maximum à
Mais eoni bien privées d'ouvrage six
ou sept mois durant, touchent à. peine;
500 francs? La contection n'est guère plus
attrayante, puisque, d'après nos enquê-
teurs, elle offrirait des salaires annuels de
à francs. Quant au travail à domi-
cile, supérieur à tous les autres au point de
vue de l'hygiène et dé la vie familiale, il est
loin d'èlre plus payé. M. Dagan estime,
au cours des recherches qu'il a publiées,
que les chenilleuses de Lyon ne reçoivent
guère plus de 200 francs et les dentellières
guère plus de francs pour les douze
mois.
Ces chiffres, qu'on ne saurait contester,
montrent combien l'existence de la femme,
même la plus laborieuse, est difficile et
précaire. Et pourtant, ce qui est son
honneur, et ce qui atteste son oourage
et sa ténacité, elle affronte les longues jour-
nées, les besognes fatigantes, pour rappor-
ter chaque semaine au logis les quelques
pièces blanches qui lui procureront une
maigre subsistance ou lui permettront de
collaborer avec son mari ü l'entretien du
ménage et des enfants.
Trait consolant, malgré tout L'ouvrière
française est encore mieux partagée que
celle d'Allemagne et de Belgique; notons
aussi que son salaire subit une hausse
faible mais constante, et que sa condition
tend à s'améliorer.
Les pouvoirs publics de notre pays sont
probablement ceux qui ont le plus prodigué
leurs efforts pour relever le sort de la
femme. S'il ne leur appartenait pas de s'in-
gérer dans des domaines qui relèvent du
contrat privé, ils ont pourtant et dès le mi-
lieu du siècle, inauguré par ailleurs une
phase d'active intervention.
Au nom de l'hygiènè, qui interdit de
tarir par le surmenage la force des tra-
Et l'oubli n'était pas venu.
l'ourtant c'était là le conseil que, Chris-
tian aussi, eût donné Raymond.
S'éloigner.
Fuir la présence d'Isabelle, puisque celle-
ci ne pouvait être il lui, pauvre, obscur, et
dont le nom c'était là l'obstacle invin-
cible avait été marqué au fer rouge par
les hommes.
Etre fort, effacer de Sa mémoire jusqu'au
souvenir même de la jeune fille.
Mais c'étaient des mots, cela
Est-ce que là-bas, sur le sol africain,
malgré la distance, malgré les années écou-
lées, Raymond ne souffrait pas d'une souf-
france infinie, sans guérison, et contre la-
quelle Christian, Christian qui l'aimait, ne
pouvait rien.!
Et voici qu'outre cette torture épouvanta-
ble, le pauvre garçon tremblait maintenant
pour celle qui l'avait élevé, et aussi pour sa
petite Germaine.
Pour l'une c'était la misère qu'il redou-
tait.
Pour l'autre la lâcheté des misérables que
la. pureté et la candeur d'une enfant n'arrê-
tent pas.
Certes, Christian se rendrait à la Petite-
Pas le lendemain, mais aujourd'hui même.
Et il veillerait discrètement, de loin, sur
Germaine, comme si, selon l'expression de
Raymond, elle fût vraiment sa propre sœur.
Sa soeur!
Son cœur se mit a battre plus fort à cette
pensée.
Pourtant il n'avait qu'une soeur, Isabelle,
« la belle héritière », la hautaine jeune tille
qui faisait l'ornement et la gloire des salons
où elle daignait parattre un instant, dans le
flot des lumières, à côté du comte, son
vailleurs, ils ont introduit un certain 1
nombre de les plus ré-
centes"" sont celles de 1892, de 1893 et
de 1900. Ils ont Hxé une limite à la ,journée
des ouvrières; ils ont proscrit en principe
le travail de nuit; ils ont déterminé. les
mesures sanitaires à prendre dans les ate-
liers ils ont réservé aux hommes adultes
des tâches trop écrasantes; ils ont été plus
loin encore, et l'on ue peut méconnaître
qu'en enjoignant aux patrons de donner des
sièges a. leurs employées, ils ne soient en-
tres dans une voie nouvelle de spéciali-
A coup sûr, cette législation protectrice,
qui ne trouve aucun précédent dans le
passé, est appelée iL se développer. Au fur
et à mesure que le rôle de la femme s'ac-
croît dans l'industrie, grandissent les devoirs
de l'Etat a son égard. Si son activité est
nécessaire a la cité, elle en est aussi la pa-
rure, elle en est l'avenir.
JEAN FROLLO
Faits du Jour
~~» Le voyage de M. Loubet en Russie est
annoncé officiellement pour le mois de mai.
La Chambre a terminé la discussion du
budget des Beaux-Arts et entamé l'examen du
budget des conventions.
La Chambre des communes anglaise a
procédé à un grand débat sur les crédits de la
guerre. Un amendement libéral sur les camps
de concentration a été rejeté à 121 voix de ma-
jorité.
Un petit garçon de onze ans a été tué
par sa grand'mère, près de Baume-les-Dames.
AU.IOURJD'HUI
Séances à la Chambre et au Sénat.
LE PRÉSIDENT EH RUSSIE
Hier, a son retour de Marly, le Président
de la République a reçu de M. le prince
Ouroussoff, ambassadeur de Russie il. Paris,
une. lettre autographe du tsar, confirmant
l'invitation déjà taile à M. Loubet par le
souverain russe, en septembre dernier,
avant son départ de Compiègne.
La lettre officielle d'invitation laisse à
M. Loubet le choix de la date pour le
voyage qu'il a promis au tsar de faire en
,Russie vers le milieu du printemps.
(te II* date, qui sera fixée dans l'un des
prochains conseils que tiendront les mem-
bres du gouvernement, suivra de quelques
jours, croyons-nous, celle où aura lieu, en
mai, le second tour de scrutin pour le re-
nouvellement de la Chambre. Suivant que
le premier tour de scrutin sera fixé au di-
manche 20 avril ou au dimanche 27, le se-
cond tour aura lieu soit le 4 mai, soit le 11.
Dans ces conditions, c'est au plus tard
le 15 ou le 16 mai que M. Loubet partirait
pour la Russie, où il passerait quatre jours.
D'après nos renseignements, il partirait
de toute façon avant le 20 mai, car son in-
tention est de rentrer à Paris avant le di-
manche 10r juin, date à laquelle commence-
ront les pouvoirs de la nouvelle Chambre,
1 celle-ci devant de plein droit se réunir le
lendemain lundi.
Le voyage du Président de la République
en Russie élait prévu depuis longtemps,
la suite des paroles prononcées par le tsar
après la revue de Bétheny. On savait que
M. Loubet ne tarderait pas à rendre, au
nom de la France, la visite faite il. notre
patrie par Nicolas II.
Mais l'importance d'un fait n'est pas dimi-
nuée'parce qu'il était attendu et il est per-
mis de penser, au contraire, que la présence
du Président de la République à Saint-
Pétersbourg sera la preuve de l'impuissance
diplomatique de tous ceux qui ont essayé
d'affaiblir la portée du traité entre les deux
puissances amies et alliées. L'intimité de-
meure entière, fortifiée même par le temps,
qui cimente ce qu'il ne détruit pas d'autant
plus solide que des difficultés ont été affron-
tées et résolues en commun.
L'alliance russe reste la base de notre po-
grand-père, dans l'éblouissement de ses in-
comparables toilettes.
Maintenant les pensées da jeune homme
changeaient de cours.
Son front s'était assombri; et une tristesse
voilait l'éclat de ses yeux.
Il murmura tout bas, comane s'il se fût par-
lé à lui-même
Toi, Raymond, tu souffres parce que
ton amour est condamné à la désespérance.
Je te plains sincèrement, de toute la pitié
de mon cœur. Mais, comme toi, je souffre,
je souffre parce que jamais non plus je ne
posséderai l'amour que je rêve, que j'ap-
pelle de toute mon âme l'amour de ma
mère.
Il ajouta dans un sourire amer
Et moi aussi je dois me taire. Et per-
sonne ne me plaint 1
III
L'Enquête
Tu m'emmènes, (:hristian ?
Mais. si tu veux, petite sœur.
Oh tu réponds cela parce que tu mis
que c'est le jour de réception de grand'mère
et qu'il m'est impossible de t'accompagner.
Sans ça
Sans ça, mademoiselle ?
Tu ne t'engagerais pas aussi facile-
ment.
Peut-être.
Au moins voici un aveu! Et c'est loinl,
où tu vas ?
Oui, très loin, dans un quartier popu-
rempli de vilaines voitures et de
gens en blouses.
Fi que ce doit être laid Et peut-on
savoir ce que tu vas faire dans un 51 :vilain
quartier.
Ah! voilà..
litiijuajiirangèi'e. Elle a contribué à nous
diehner la sécurité, et elle laisse là porte
ouverte il. l'éventualité des combinaisons
que l'avenir peut apporter. Aucune espé-
rance n'est interdite à deux nations dispo
sant de forees aussi considérables, le jour
où, malgré leurs aspirations pacifiques, des
événements imprévus surgiraient.
Pour la seconde fois, ce sera un spectacle
peu banal que celui du premier magistrat
de la République venant apporter au tsar
et à la Russie le salut cordial de la démo-
cratie française. On peut être certain que
M. Loubet, remplira cette mission avec la
dignité calme qui le caractérise, sans osten-
tation, plein du Sentimeut profond de son
devoir de chef d'Etat.
La Russie appréciera sa bonne gr&ee sou-
riante, qui fera la conquête de tous, de
ceux qui l'approcheront comme des foules
qui acclameront en lui la France elle-
même.
La nouvelle entrevue de l'empereur et
du Président de la République se passera
dans un cadre déjà plein de souvenirs. En
traversant la rade de Cronstad t< M. Loubet
pourra évoquer la mémoire d'Alexandre III,
lorsqu'il vint tendre la main à la République
sur le pont de notre vaisseau-amiral.
Alors, on jetait les fondations de l'édifice.
Il est bâti aujourd'hui, et il abrite les fortu-
nes des deux peuples, unis pour poursuivre
ensemble leurs destinées.
LES EVENEMENTS DE CHINE
Hong-Kong, f» mars.
La rébellion se propage rapidement dans
le Kouang-Si, à Kouei-Lin et Nan-N'ing, les
deux nouveaux ports à traité; des indices
de turbulence sont déjà visibles.
Le vice-roi de Canton a envoyé des
troupes pour réduire la rébellion. On a
placé une garnison d'un millier d'hommes
dans ces deux ports. On croit que les re-
belles sont d'anciens soldats du maréchal
Sou, licenciés après le départ de celui-ci.
Leur but est de renverser ladynaslie mand-
choue et de fonder une dynastie chinoise, et
de venir, en aide aux opprimées et aux néces-
siteux.
Pékin, 5 mars.
Le gouvernement a donné l'ordre au ma-
réchal Sou de reprendre le commandement
des rebelles; mais il est douteux qu'il puisse
les soumettre, parce qu'il fandrait d'abord
leur payer leur année de solde.
Pékin, 5 mars.
La légation de France a reçu un télé-
gramme annonçant qu'un officier français
a été tué par les rebelles dans te Kouang-
Si». près de la frontière du Tonkin.
Les Cavalcades
C'est aujourd'hui la mi-carême La magni-
fique apothéose de Victor Hugo aura cette
année quelque peu éclipsé les fêtes habituel-
les organisées par les Halles et Marchés pa-
risiens.
Léurs comités respectifs n'en ont pas moins
travaillé en silence, rivalisant de zèle et de
dévouement, pour mener à bien leur lourde
et délicate tâche.
Amuser Paris i Voilà qui n'est point aisé.
Mais rien ne saurait rebuter le comité de
nos grands marchés, pas même la défection
bien imprévue d'un élément dont le concours
était précieux les étudiants.
La jeunesse des écoles ne boude pas, cer-
tes quelques-uns de nos futurs avocats ou
médecins ont même donné leur adhésion au
comité des fêtes de la rive gauche. Mais ce
n'est plus là le bel emballement des années
dernières. Il convient de le déplorer car,
entre toutes les fêtes populaires, la mi-ca-
rême est celle qui est la plus profitable au
petit commerce, aux gagne-petit, a tous les
humbles exerçant mille et un métiers.
Foin des pensers moroses! Jetons un coup
d'oeil sur le programme élaboré les plus dif-
ficilés ont lieu d'être satisfaits, car cette
année la gaieté n'est point monopolisée.
Chaque quartier du centre aura sa part des
réjouissances populaires, chaque rive, droite
ou gauche, aura son cortège.
Le plus important sera évidemment celui
de la rive droite. Commençons donc par nous
océuperde lui.
C'est au marché du Temple qu'était dévolu
cette année le soin de choisir la Reine des
reines. L'élue, nous avons en temps voulu
fait son éloge, est Mlle Berthe Roche. C'est
vers elle qu'iront, sans nul doute, tous les
applaudissements de la foule, applaudisse-
ments mérités, car la jeune souveraine per-
Un secret
Il y a une comédie qui a pour titre
Il ne faut jurer de rien.
Ce qui veut dire que tu as un secret.
Mais non. Ça veut dire tout simple-
ment qu'il se peut que j'en aie un, ce qui
n'est pas du tout la même chose.
Christian, mon petit Christian, ce se-
cret tu vas le confier à ta petite sœur. Ap-
prends-moi ce que tu vas faire tout là-bas,
là-bas.
Tu veux que je te le dise.
Oui.
Tu seras satisfaite après,
Complètement satisfaite.
Eh bien je vais tout simplement ren-
dre une visite de politesse à la famille d'un
de mes anciens condisciples du lycée Carnot,
qui était en même temps le meilleur de mes
Je connais son nom?
Un pli creusa le front de Christian.
La conversation prenait un tour qui l'in-
quiétait.
Je ne pense pas. dit-il avec un com-
mencement de gêne.
Pourquoi dis-tu que tu ne penses pas ?
Il réprima un geste agacé.
Parce que tu ne l'as rencontré qu'une
seule fois. Il y a bien longtemps de cela.
Où donc 1
A un bazar de charité, chez la prin-
cesse de Pragant.
Tu me l'as présenté, n'est-ce gas ?
Oui.
Un grand garçon, timide, embarrassé.
Tu m'as dit son nom. Raymond, je crois;
mais le nom de famille m'échappe.
Il la regarda un peu surpris qu'elle se
eonvtnt si nettement de cette rencontre.
§Ue ajouta indifférente
sonnifie, sans aucune contestation, le travail
et la grâce parisienne.
Ce sont les Halles (Mlle Fosaier, reine), qui
ouvrirent la marche du cortège de la rive
droite. Char et costumes rappelleront le style
Louis XIV. l'uis viendra le Temple.
Du char de la Reine des reines, traîné par
six chevaux caparaçonnés, nous ne dirons
qu'une chose, c'est qu'il est fort réussi et
d'une moderne élégance. Mme Roche, en
costume art nouveau, y sera accompagnée de
ses quatre demoiselles d'honneur: Mlles lîer-
nard, Louise Stock, Louise Millaubach, Marthe
Girault, en fraîches toilettes blanche, rose,
bleue, et parme.
Le char de la Repopulation clôturera le
groupe du Temple.
Très réussi également le char et le cortège
de Mlle Girault, la reine du marché Saint-
Germain costumes style Louis Xiii.
Comme toujours, le marché Lenoir, dont
la reine est Mlle Josserand, fait preuve de la
plus grande tantaisie son char de la Lune
de miel est très original.
Ce matin, à onze heures un quart, la Reine
des reines, toutes les élues des marchés,
et leurs suites viendront, comme les années
précédentes, nous rendre visite l'hôtel du
Petit Parisien.
Le cortège se concentrera, à une heure de
l'après-midi, sur l'avenue des Champs-Ely-
sées. Voici l'itinéraire .définitif Départ ¡lune
heure et demie. Champs-Elysées, avenue Ma-
rigny, rue du I'aubourg-Saint-Honore ( arrêt à
l'Elysée), rue Royale, grands boulevards,
place de la République (trois heures et demie),
rue du Temple, rue de Turbigo, boulevard
de Sébastopol. pont au Change, boulevard du
Palais (arrêt à la préfecture de police, quatre
heures un quart), quai du Murché-A'euf, par-
vis Notre-Dame, rue et pont d'Aréole, place
de l'Hôtel-de-Ville (réception et dislocation).
Le cortège de la rive gauche se former
avenue Lowendal et suivra l'itinéraire sui-
vant
Rue Cambronne, rue Lecourhe, rue de Sè-
vres, boulevard Montparnasse, place de Ren-
nes. rue d'Odessa, rue de la Gaîté, avenue
du Maine, avenue d'Orléans, rue Denfert-
Rochereau, avenue de l'Observatoire, boule-
vard du Port-Royal, avenue des Gobelin,,
rue Claude-Bernard, rue Gay-Lussac, boule-
vard Saint-Michel, pont Saint-Michel, quai du
Marché-Neuf (arrêt à la préfecture de police),
place du Parvis-Xotre-Dame, rue d Arcole,
pont d'Arcole, place de l'Hôtel-de-Ville (arrêt
a l'Hôtel de Ville), rue de Rivoli, rue Lobau,
quai de l'Hôtel-de-Ville où se fera la disloca-
tion.
Il ne faut plus maintenant qu'un rayon de',
soleil la gaieté ne saurait faire défaut!
Tué par sa Grand'Mère
(De nolre correspondant particulier)
Besançon ,5 mars.
Un drame d'un caractère particulière-
ment douloureux et dont la uouvelle n'est
parvenue ici que tardivement s'est dérouté
dimanche dernier dans la commune de
Pierrefontaine -les Vanuis, arrondissement
de Baume-les-Dames, küomètres de
cette ville. Un petit garçon de onze ans en-
viron a été tué par sa grand'mère, qui a
agi, selon toutes probabilités, dans un ac-
cès de folie.
La petite victime, exactement âgée de
onze ans et demi, Jules Jacquot, demeu-
rait au Coinot avec ses grands-parents et
son père. C'était un enfant très doux, fort
robuste pour son âge, et qui déjà aidait, son
père, M. Charles Jacquot, cultivateur, dans
son dur labeur de tous les jours.
Dimanche, à midi, le garçonnet, tout
joyeux, revendait du catéchisme à la mai-
son familiale son grand-père et son père
s'étaient rendus au travail et ne devaient
rentrer que dans la soirée. La grand'mère,
âgée de soixante-douze ans environ, était
donc seule au logis.
L'enfant se rendit il l'écurie pour y voir
les porcs, et c'est à ce moment que se dé-
roula l'affreuse scène.
Aucun témoin n'y a assisté, de telle façon
qu'on en est réduit aux hypothèses. Voici
quelles ont dû en être les péripéties
L'aïeule s'approcha de son peüt-fils à pas
étouffés et le frappa à la tète d'un coup de
pioche. Sanglant, étourdi, mais non as-
sommé, le pauvre petit tenta sans doute de
s'enfuir et d'ouvrir une porte qui, bloquée
par un tas de fumier, résista à tous ses ef-
forts. Un deusième coup de pioche l'rabattit
sans vie sur le sol.
Une heure après, la grand'mère crimi-
I nelle allait se constituer prisonnière à la
gendarmerie où elle faisait le récit de son
abominable forfait. Le juge de paix, pré-
venu, se rendit aussitôt sur les lieux et pro-
céda aux premières constatations, en atten-
dant l'arrivée du parquet.
Ce meurtre n'a pu être commis que dans
un accès de folie, car Mme Jacquot adorait
son petit-fils qui avait pour elle la plus vive
affection.
I Telle est du moins l'opinion des habilants
Et vous vous voyez toujours ?
Non.
Brouillés ?
Je t'ai dit que j'allais faire une visite
a sa famille,
Et à lui
Non. Pas à lui J
Parce que
Parce qu'il a quitté la France.
Ah!
Il s'est engagé, en Afrique, dans un
régiment de spahis. Pendant deux ans, il a
fait partie d'une mission très périlleuse.
Drôle d'idée
Pourquoi ?
Pour rien. Il avait sans doute la vo-
cation du danger, ton ami.
Christian était un peu pale.
Peut-être répondit-il simplement.
Et, pour arrêter cet entretien qui lui était
pénible
Je me sauve. Au revoir, petite sœur.
Mais, comme avant de partir il la voyait
un peu songeuse
A quoi donc penses-tu, Isabelle ?
Ma foi, répliqua-t-elle avec un joli rire
qui sonna clair, je pense que, si j'ai été cu-
rieuse, j'en suis bien punie, puisque ton fa-
meux secret n'était pas plus intéressant que
cela.
Christian franchit la grille de l'hôtel, qu'un
domestique en livrée referma sur lui.
Une fois dehors, il s'orienta et s'achemina
dans la direction des Champs-Elysées.
Cette journée de printemps était radieuse-
ment belle.
Dans le ciel bleu voletaient les premières
hirondelles.
Sur les marronniers des avenues les bour-
geons déjà apparaissaient, et des pierrots,
de la région. qui avaient en parfaite estime
les pauvres gens si cruellement éprouvés.
ENTRE TIRAILLEURS
(De noire carre?pondant particulier!
Sousse, 5 mars,
Dans la soirée d'hier, vers sept heures,
le tirailleur indigène Kouider était assis
iL la buvette du Trocadt'ro, en compagnia
du sergent indigène Alila et de deux de
leurs compatriotes civils, lorqu'unc déto-
nation éclats.
Kouider, qui, le dos tourné à la routa
sur laquelle s'ouvrait la buvette fumait
paisiblement une cigarette, s'abattit comm»
une masse, foudroyé par une balle de fusil
qui, entrant par le flanc droit, traversa la
corps du malheureux de parr en part et
alla se loger dans la boiserie d'une fenêtre.
Le coup avait été tiré presque il bout por-
tant.
L'auteur de ce lâche crime, le tirailleur;
indigène Mufta, appartenant comme sa,.
victime et le sous-officier Alila la com-
pagnie, eommandée par le capitaine La-
doucelte, avait rejoint aussitôt le camp att
pas de course.
Mais le sergent, se souvint que, dans la
journée, Mufta lui avait dit Ce soir, je
tuerai Kouider ou je serai tue par lui. » It'
courut aussitôt à la police pour le dénon-
cer.
Mufta fut arrêté sur-le-champ et feignit
la plus vive surprise, mats on .découvrit
un fttsil lebel raché sous le lit du- sergent
Ahmed, déserteur depuis cinq jours. L'exa-
men du canon de l'arme révkrla qu'un coup
avait été récemment tiré, et. de plus, le le--
bel contenait encore une douille vide.
On ne s'explique pas comment le mer-
trier, qui était très mat noté, comme d'ail-
leurs sa victime elle-même, a pu sortir (lit
quartier et y rentrer sans être aperçu. Ou
ignore le mobile du crime.
L'AssassiiaH'iB Fillette
L'arrestation que la police croyait immi-
nente, n'a pas encore été opérée.
M. Le Poittevin, juge d'instruction, a eut
hier une entrevue avec M. Cochefert. chef
de la sûreté puis il a reçu le rapport da
docteur Socquet, le médecin légiste qui a
pratiqué l'autopsie du cadavre de la petite.
1 Angèle Chèze,.
ANGÈLE CHÈZE
Ce rapport conclut à la mort par stangula-
tion il l'aide d'une corde aucune trace il»
violences d'un caractère particulier n'a éta'
constatée sur le corps de la victime,
A Montmartre
MM. Cochefert, chef de la sûreté Mon-
niol, son secrétaire Barbaste, inspecteur
principal, et de nombreux agents ont passé
une grande partie de la journée d'hier à
Montmartre.
Une maison de la rue Caulaincourt a éfé
principalement surveillée et une souricière-
avait même été établie dans les environs,
mais l'individu rechorché n'a pas donné
signe de vie.
H parait à peu près certain, maintenant,,
que cet homme a réussi à gagner l'étran-
ger.
M. Cochefert croit, en effet, connaître le,.
coupable. Si nous sommes bien renseigna»,
l'individu soupçonné n'en serait pas U son
coup d'essai et aurait eu déjà maille à par-
tir avec la justice pour une affaire à peu
près identique celle qui nous qccupe,
En d'antres termes, on a, parait-il, de`
très bonnes raisons de croire que l'assassut
de la petite Chèze ne serait autre qu'uni
individu, qui, il y a trois ans environ, en-
leva dans les mémes circonstances une'
autre petite fille que toutefois il ne tua pes*
A part ce détail, l'affaire serait !a même.
La fillelte fut retrouvée vivante, mais U->
gotée. Comme cette dcrnière, elle n'avait,
subi aucune violence.
L'auteur du rapt fut retrouvé et arrêté^
à travers les branches, se pourchassaient
avec des pépiements aigus.
Des marchandes de fleurs passaient, pou*,
sant devant elles leurs petites charrettes (jul
disparaissaient sous des monceaux de vio-.
lettes liées en bouquets dont le parfum sub-
til vaguait dans l'air embaumé.
Partout éclatait la joie de vivre.
Arrivé au rond-point, Christian fit signe à
un cocher qui vint, cahin-caha, ranger son
véhicule au long du trottoir.
On y va, bourgeois On y va!
Et comme la mise élégante de son client
l'incfinait ù uu soudain respect^ il ques-
tionna
Où faut-il vous conduire, mon prince t
Cette demande toute naturelle interlo-
qua Christian.
Où il fallait le conduire?.
Il savait que la Petite Ménagère était si-
tuée boulevard de Magenta il se rappelait
même très bien son emplacement; mais le.
numéro lui était inconnu.
Il dit
Menez-moi devant l'église Saint-Lau-
rent.
De là, il n'aurait que quelques pas à faire,
pédestrement.
La voiture s'ébranla d'un train assez ra-
pide.
Chose curieuse, plus la distance qui sé-
parait le jeune homme de la Petite Ména-
gère diminuait, plus celui-ci se sentait en-
vahi par une émotion étrange, par une émo-
tion qu'il ne s'expliquait pas.
Ce ne pouvait être la mission dont Ray-:
mond l'avait chargé; elle était en vérité
toute simple.
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