Titre : Midinette : journal illustré
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1934-11-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328159378
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 6799 Nombre total de vues : 6799
Description : 09 novembre 1934 09 novembre 1934
Description : 1934/11/09 (N417). 1934/11/09 (N417).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5584784r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-83875
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/01/2011
13
MIDINETTE
coureurs de dot et la crainte d'être pris
pour un .de ceux-là l'avait empêché de
parler. /
Après une telle journée, après les heures
délicieuses passées à côté d'elle, sentant à
chaque mouvement du bateau la chair
chaude de ses bras nus le, pénétrer à tra-
vers la manche de cellular de sa chemise,
il était décidé à tenter une. démarche.
Il avait encore les yeux remplis de la
merveilleuse vision de, Claire allant pren-
dre son bain. Le bateau de plaisance de
l'armateur, cotre de. vingt tonneaux, avait
un rouf ponté divisé en cabines ; elle avait
été se mettre en maillot de bain et, excel-
lente nageuse, s'était jetée à l'eau très au
large de la côte; il l'avait suivie immé-
diatement et ils avaient été encore plus
isolés, nageant de conserve pendant près
d'une heure.
La déclaration d'amour avait eu lieu le
soir. Le château des Fauré de Bignon, à
la Baule, avait toujours de nombreux in-
vités au dîner, après lequel on jouait, on
dansait. Claire n'avait jamais été une pas-
sionnée de la danse qu'elle trouvait plus
ou moins ridicule, et rien ne pouvait lui
faire plus de plaisir que de causer, pen-
dant que les autres se trémoussaient.
Laissant le phonographe faire sauter les
passionnés, Georges de la Gravière. avait
entraîné Claire dans le magnifique jardin
et inconsciemment complice, elle, l'avait
suivi dans les charmilles ombreuses, parmi
les parfums dégagés par les roses en ce
soir d'été.
Il l'avait fait asseoir sur un banc et lui
prenant les mains, avait dit dans la nuit
complice :
— Claire, je vous en supplie, ne m'inter-
rompez pas, laissez-moi aller jusqu'au
bout. Si le secret que je veux vous confier
vous indispose, dites-le-moi franchement
. et je m'efforcerai de le repousser au fond
de mon coeur, allant chercher dans une
lointaine colonie l'oubli d'un trop beau
rêve, mais soyez assez bonne, de croire à
ma plus parfaite sincérité.
Il avait senti alors qu'une douce étreinte "
semblait l'encourager et que la main fié-
vreuse tremblait dans la sienne.. Cela lui
avait donné l'audace de continuer.
— Claire, je vous ai aimée dès la pre-
mière minute où je vous ai vue. Je ne me
suis paiï déclaré plus tôt, craignant de
me voir comparer à un des coureurs de.
dot qui sans cesse tourbillonnent autour
de vous. J'ai une belle fortune me, permet-
tant de demander à votre père de ne pas
mêler la question d'argent à un mariage
possible.
« De plus, la place que je veux prendre
dans la vie ne peut se combiner avec sa
maison d'armateur. Je suis sorti le nu-
méro un de, l'Ecole Centrale et si je suis
venu au Chantier de la Loire, c'est que je
veux pratiquer toutes les branches de l'in-
dustrie. J'ai voulu voir la construction des
bateaux, après avoir vu pendant deux ans
la construction des chemins dé fer au
Maroc. J'ai encore les mines à aborder,
après quoi je choisirai la branche dans
laquelle je ine lancerai définitivement et
dans laquelle je veux obtenir le maximum
pour faire le bonheur de celle qui sera la
compagne de ma vie.
L'obscurité de la nuit empêchait de voir
la figure de la jeune fille, mais au trem-
blement de ses mains, qu'il tenait toujours
dans les siennes, il lui était facile de se
convaincre que son émotion était in-
tense.
Accentuant la pression de ses mains, il
lui dit avec iplus de, force :
— Voulez - vous être cette compagne,
Claire? Voulez-vous mettre cette, jolie main
dans la main loyale que je vous offre?
Je vous jure de tout mettre en oeuvre pour
vous faire une vie idéale. Dites, Claire,
voulez-vous me croire, croire au bonheur
que je vous offre ?
Des larmes de joie étaient venues aux .
yeux de la jeune fille, elle sentait que
Georges était sincère, qu'il ne l'épouserait
pas pour son argent ou pour les bénéfices
a récolter de la situation de son père et ce
fut avec tout l'élan de son coeur qu'elle
répondit :
— Je vous crois, Georges, je vous crois
de, toute mon âme. La meute aux abois
vue jusqu'à présent autour de moi pou-
vait me laisser sceptique sur la conscience
des hommes, mais dès le premier jour
j'ai senti que vous n'étiez pas comme les
autres, quune chose existait pour vous,
autre, que l'argent, et surtout la vie de
paresse, qu'il permet.
« Sans le demander j'ai su la somme de
travail que vous fournissiez, alors qu'il
vous serait facile, de ne rien faire, et j'ai
commencé à penser à vous dès la première
minute. J'ai lu dans vos yeux la force
que prenait votre amour et mon âme se
réjouissait à en éclater. J'attendais votre
aveu de ce soir pour y répondre avec
joie que j'acceptais d'être votre compagne.
• Il avait glissé son bras autour de sa
taille souple et l'attirait à lui, elle n'oppo-
sait aucune, résistance, laissant tomber sa
tête, sur l'épaule de celui qu'elle considé-
rait désormais comme un fiancé.
— Voulez-vous, Claire, que nous allions
immédiatement annoncer la bonne nou-
velle à votre père ? Notre mariage, si vous
le voulez, aura lieu à la fin de l'année,
vers la Noël, ma soeur mariée à un atta-
ché d'ambassade revient du Japon à cette
époque, c'est la seule famille qui me reste,
je voudrais la voir assister à mon bonheur.
— Vous avez raison, Georges; votre soeur
doit être là ; maintenant que nous sommes
fiancés, le. temps nous paraîtra moins long
puisque nous nous verrons tous les jours.
Elle lui tendit ses lèvres et leur baiser
de fiançailles fut long, mais chaste ; c'était
une promesse, d'amour éternel qui, chez
Claire au moins, ne trahirait pas.
L'annonce du mariage prochain de
Mu» Fauré de Bignon fut un événement
à Nantes et mit en effervescence le clan
des épouseurs ; jusqu'au- dernier moment
ils avaient espéré un revirement chez la
jeune, fille. Le revirement s'était bien pro-
duit, mais c'était un nouveau venu qui en
avait profité.
La jeune fille paraissait divinement heu-
reuse, ses parents également ; le fiancé
semblait homme à ne pas se laisser mar-
cher sur le pied, il n'y avait rien à dire ;
MIDINETTE
coureurs de dot et la crainte d'être pris
pour un .de ceux-là l'avait empêché de
parler. /
Après une telle journée, après les heures
délicieuses passées à côté d'elle, sentant à
chaque mouvement du bateau la chair
chaude de ses bras nus le, pénétrer à tra-
vers la manche de cellular de sa chemise,
il était décidé à tenter une. démarche.
Il avait encore les yeux remplis de la
merveilleuse vision de, Claire allant pren-
dre son bain. Le bateau de plaisance de
l'armateur, cotre de. vingt tonneaux, avait
un rouf ponté divisé en cabines ; elle avait
été se mettre en maillot de bain et, excel-
lente nageuse, s'était jetée à l'eau très au
large de la côte; il l'avait suivie immé-
diatement et ils avaient été encore plus
isolés, nageant de conserve pendant près
d'une heure.
La déclaration d'amour avait eu lieu le
soir. Le château des Fauré de Bignon, à
la Baule, avait toujours de nombreux in-
vités au dîner, après lequel on jouait, on
dansait. Claire n'avait jamais été une pas-
sionnée de la danse qu'elle trouvait plus
ou moins ridicule, et rien ne pouvait lui
faire plus de plaisir que de causer, pen-
dant que les autres se trémoussaient.
Laissant le phonographe faire sauter les
passionnés, Georges de la Gravière. avait
entraîné Claire dans le magnifique jardin
et inconsciemment complice, elle, l'avait
suivi dans les charmilles ombreuses, parmi
les parfums dégagés par les roses en ce
soir d'été.
Il l'avait fait asseoir sur un banc et lui
prenant les mains, avait dit dans la nuit
complice :
— Claire, je vous en supplie, ne m'inter-
rompez pas, laissez-moi aller jusqu'au
bout. Si le secret que je veux vous confier
vous indispose, dites-le-moi franchement
. et je m'efforcerai de le repousser au fond
de mon coeur, allant chercher dans une
lointaine colonie l'oubli d'un trop beau
rêve, mais soyez assez bonne, de croire à
ma plus parfaite sincérité.
Il avait senti alors qu'une douce étreinte "
semblait l'encourager et que la main fié-
vreuse tremblait dans la sienne.. Cela lui
avait donné l'audace de continuer.
— Claire, je vous ai aimée dès la pre-
mière minute où je vous ai vue. Je ne me
suis paiï déclaré plus tôt, craignant de
me voir comparer à un des coureurs de.
dot qui sans cesse tourbillonnent autour
de vous. J'ai une belle fortune me, permet-
tant de demander à votre père de ne pas
mêler la question d'argent à un mariage
possible.
« De plus, la place que je veux prendre
dans la vie ne peut se combiner avec sa
maison d'armateur. Je suis sorti le nu-
méro un de, l'Ecole Centrale et si je suis
venu au Chantier de la Loire, c'est que je
veux pratiquer toutes les branches de l'in-
dustrie. J'ai voulu voir la construction des
bateaux, après avoir vu pendant deux ans
la construction des chemins dé fer au
Maroc. J'ai encore les mines à aborder,
après quoi je choisirai la branche dans
laquelle je ine lancerai définitivement et
dans laquelle je veux obtenir le maximum
pour faire le bonheur de celle qui sera la
compagne de ma vie.
L'obscurité de la nuit empêchait de voir
la figure de la jeune fille, mais au trem-
blement de ses mains, qu'il tenait toujours
dans les siennes, il lui était facile de se
convaincre que son émotion était in-
tense.
Accentuant la pression de ses mains, il
lui dit avec iplus de, force :
— Voulez - vous être cette compagne,
Claire? Voulez-vous mettre cette, jolie main
dans la main loyale que je vous offre?
Je vous jure de tout mettre en oeuvre pour
vous faire une vie idéale. Dites, Claire,
voulez-vous me croire, croire au bonheur
que je vous offre ?
Des larmes de joie étaient venues aux .
yeux de la jeune fille, elle sentait que
Georges était sincère, qu'il ne l'épouserait
pas pour son argent ou pour les bénéfices
a récolter de la situation de son père et ce
fut avec tout l'élan de son coeur qu'elle
répondit :
— Je vous crois, Georges, je vous crois
de, toute mon âme. La meute aux abois
vue jusqu'à présent autour de moi pou-
vait me laisser sceptique sur la conscience
des hommes, mais dès le premier jour
j'ai senti que vous n'étiez pas comme les
autres, quune chose existait pour vous,
autre, que l'argent, et surtout la vie de
paresse, qu'il permet.
« Sans le demander j'ai su la somme de
travail que vous fournissiez, alors qu'il
vous serait facile, de ne rien faire, et j'ai
commencé à penser à vous dès la première
minute. J'ai lu dans vos yeux la force
que prenait votre amour et mon âme se
réjouissait à en éclater. J'attendais votre
aveu de ce soir pour y répondre avec
joie que j'acceptais d'être votre compagne.
• Il avait glissé son bras autour de sa
taille souple et l'attirait à lui, elle n'oppo-
sait aucune, résistance, laissant tomber sa
tête, sur l'épaule de celui qu'elle considé-
rait désormais comme un fiancé.
— Voulez-vous, Claire, que nous allions
immédiatement annoncer la bonne nou-
velle à votre père ? Notre mariage, si vous
le voulez, aura lieu à la fin de l'année,
vers la Noël, ma soeur mariée à un atta-
ché d'ambassade revient du Japon à cette
époque, c'est la seule famille qui me reste,
je voudrais la voir assister à mon bonheur.
— Vous avez raison, Georges; votre soeur
doit être là ; maintenant que nous sommes
fiancés, le. temps nous paraîtra moins long
puisque nous nous verrons tous les jours.
Elle lui tendit ses lèvres et leur baiser
de fiançailles fut long, mais chaste ; c'était
une promesse, d'amour éternel qui, chez
Claire au moins, ne trahirait pas.
L'annonce du mariage prochain de
Mu» Fauré de Bignon fut un événement
à Nantes et mit en effervescence le clan
des épouseurs ; jusqu'au- dernier moment
ils avaient espéré un revirement chez la
jeune, fille. Le revirement s'était bien pro-
duit, mais c'était un nouveau venu qui en
avait profité.
La jeune fille paraissait divinement heu-
reuse, ses parents également ; le fiancé
semblait homme à ne pas se laisser mar-
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