Titre : Midinette : journal illustré
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1934-11-02
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328159378
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 6799 Nombre total de vues : 6799
Description : 02 novembre 1934 02 novembre 1934
Description : 1934/11/02 (A9,N416). 1934/11/02 (A9,N416).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5104973m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-83875
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/11/2021
13
MIDINETTE
aussi... Oh ! je ne vous de
mande pas de confidences,
chère madame... Entre onze
heures et minuit... Bien... Je
vais le lui dire... Parfait...
Mes respects, madame.
Et il raccrocha l’appareil.
Puis, se tournant vers Cau
chois qui, décomposé, livide,
tremblait de tous ses mem
bres :
— C’est ta femme... Elle dit
qu’elle sera rentrée entre
onze heures et minuit... Es-tu
tranquillisé maintenant ? fit
Pierre Toutet, affectant un
flegme qu’il ne possédait pas.
Puis il ajouta encore :
— Elle voulait me donner
des détails... des explica
tions... J’ai coupé court... Ces
affaires-là, ça ne regarde
que vous deux... Elle a dû
le comprendre et n’a pas in
sisté.
« Maintenant, mon vieux, un bon
conseil. Sois très calme quand elle ren
trera. Ne l’accueille ni par des excès de
tendresse ni par des cris furibonds. Af
fecte un air indifférent, au contraire. Le
médecin ne t’a pas donné cet avis-là, mais
moi je te le donne.
« Et si tu le suis, je suis persuadé que
la crise de... mettons de neurasthénie que
traverse ta femme est terminée.
— Tu crois ? fit le pauvre mari aba
sourdi.
— J’en suis certain.
« Maintenant, je m’en vais.
— Tu t’en vas ? Tu me laisses seul ?
— Mais, mon pauvre vieux, je n’ai plus
rien à faire ici. Et si tu as peur de rester
en tête à tête avec toi-même, tu as une
ressource... Sors !
— Pour aller où ?
— Je ne sais pas, moi... Au café... au ci
néma. Ce ne sont pas les endroits où l’on
peut se distraire qui manquent !
— Mais tu ne comprends donc pas que
partout où j’irai je m’ennuierai !
— C’est bien possible et c’est même cer
tain. Seulement, ça te changera tout de
même un peu les idées.
Pierre Toutet passa son pardessus, se
coiffa et dit encore :
— Ne m’en veux pas, mon pauvre vieux.
Mais pour venir auprès de toi, j’ai négligé
un rendez-vous extrêmement sérieux. Il
faut maintenant que j’y pense.
« Allons, adieu ! Je te téléphonerai de
main dans la matinée pour savoir com
ment les choses se sont passées. J’espère
bien que tu me répondras que vous êtes
rabibochés.
Mais François Cauchois s’était repris ;
une flamme se réveillait dans ses yeux
gris.
Il s’avança sur son ami et lui dit :
'—Pierre, je ne m’abuse pas. Voyons,
parle-moi franchement... comme au bon
vieux temps de notre jeunesse. Il y a cer-
tainement quelque chose dans ces fugues
de Claire.
La neurasthénie ! L’ambulisme ! Comme
elles ont bon dos toutes ces maladies ner
veuses à la mode !
— Oui, mon bon Pierre, il y a certaine
ment quelque chose...
Et la voix sourde, comme voulant s’af
firmer davantage dans sa conviction :
— Non, certainement, Pierre... Elle ne
me trompe pas... Elle ne peut pas me
tromper...
« Réponds-moi ! réponds-moi ! Toi, mon
plus intime ami, mon grand camarade.
Pierre Toutet fit appel à toute sa vo
lonté. Ah I il ne s’agissait pas de faiblir !...
de tout avouer, de faire part de ce qu’il
savait.
Il voyait déjà son ami, le canon du re
volver sur la tempe, ou bien, d’un geste,
élevant jusqu’à ses lèvres, la petite fiole
étiquetée « poison ».
— Tiens, poursuivit-il, veux-tu un conseil,
un bon conseil. Prends ton pardessus et
ton chapeau et descends avec moi.
« Tu m’attendras au Café du Sentier, en
feuilletant les « illustrés ». Cela vaudra
mieux ainsi pour toi.
« Allons, viens !
François Cauchois obéit presque machi
nalement à son camarade.
Ils sortirent. Pierre Toutet accompagna
François jusqu’à la porte de l’établisse
ment.
.Mais tous deux avaient l’esprit trop
tendu pour remarquer qu’un homme, à
l’allure pourtant indifférente, s’était atta
ché à leurs pas.
Et une fois qu’il fut seul, affalé sur une
banquette, le marchand de soieries pensa
amèrement, dans l’indifférence générale
de gens jouant aux cartes, aux dames, au
jacquet :
— Il m’abandonne, lui aussi. Ah! c’est
bien ça les amis ! Fiez-vous donc à eux !
CHAPITRE VI
L’HÔTEL DES VOYAGEURS
En raisonnant ainsi, le marchand de
soieries avait complètement tort. C’était,
MIDINETTE
aussi... Oh ! je ne vous de
mande pas de confidences,
chère madame... Entre onze
heures et minuit... Bien... Je
vais le lui dire... Parfait...
Mes respects, madame.
Et il raccrocha l’appareil.
Puis, se tournant vers Cau
chois qui, décomposé, livide,
tremblait de tous ses mem
bres :
— C’est ta femme... Elle dit
qu’elle sera rentrée entre
onze heures et minuit... Es-tu
tranquillisé maintenant ? fit
Pierre Toutet, affectant un
flegme qu’il ne possédait pas.
Puis il ajouta encore :
— Elle voulait me donner
des détails... des explica
tions... J’ai coupé court... Ces
affaires-là, ça ne regarde
que vous deux... Elle a dû
le comprendre et n’a pas in
sisté.
« Maintenant, mon vieux, un bon
conseil. Sois très calme quand elle ren
trera. Ne l’accueille ni par des excès de
tendresse ni par des cris furibonds. Af
fecte un air indifférent, au contraire. Le
médecin ne t’a pas donné cet avis-là, mais
moi je te le donne.
« Et si tu le suis, je suis persuadé que
la crise de... mettons de neurasthénie que
traverse ta femme est terminée.
— Tu crois ? fit le pauvre mari aba
sourdi.
— J’en suis certain.
« Maintenant, je m’en vais.
— Tu t’en vas ? Tu me laisses seul ?
— Mais, mon pauvre vieux, je n’ai plus
rien à faire ici. Et si tu as peur de rester
en tête à tête avec toi-même, tu as une
ressource... Sors !
— Pour aller où ?
— Je ne sais pas, moi... Au café... au ci
néma. Ce ne sont pas les endroits où l’on
peut se distraire qui manquent !
— Mais tu ne comprends donc pas que
partout où j’irai je m’ennuierai !
— C’est bien possible et c’est même cer
tain. Seulement, ça te changera tout de
même un peu les idées.
Pierre Toutet passa son pardessus, se
coiffa et dit encore :
— Ne m’en veux pas, mon pauvre vieux.
Mais pour venir auprès de toi, j’ai négligé
un rendez-vous extrêmement sérieux. Il
faut maintenant que j’y pense.
« Allons, adieu ! Je te téléphonerai de
main dans la matinée pour savoir com
ment les choses se sont passées. J’espère
bien que tu me répondras que vous êtes
rabibochés.
Mais François Cauchois s’était repris ;
une flamme se réveillait dans ses yeux
gris.
Il s’avança sur son ami et lui dit :
'—Pierre, je ne m’abuse pas. Voyons,
parle-moi franchement... comme au bon
vieux temps de notre jeunesse. Il y a cer-
tainement quelque chose dans ces fugues
de Claire.
La neurasthénie ! L’ambulisme ! Comme
elles ont bon dos toutes ces maladies ner
veuses à la mode !
— Oui, mon bon Pierre, il y a certaine
ment quelque chose...
Et la voix sourde, comme voulant s’af
firmer davantage dans sa conviction :
— Non, certainement, Pierre... Elle ne
me trompe pas... Elle ne peut pas me
tromper...
« Réponds-moi ! réponds-moi ! Toi, mon
plus intime ami, mon grand camarade.
Pierre Toutet fit appel à toute sa vo
lonté. Ah I il ne s’agissait pas de faiblir !...
de tout avouer, de faire part de ce qu’il
savait.
Il voyait déjà son ami, le canon du re
volver sur la tempe, ou bien, d’un geste,
élevant jusqu’à ses lèvres, la petite fiole
étiquetée « poison ».
— Tiens, poursuivit-il, veux-tu un conseil,
un bon conseil. Prends ton pardessus et
ton chapeau et descends avec moi.
« Tu m’attendras au Café du Sentier, en
feuilletant les « illustrés ». Cela vaudra
mieux ainsi pour toi.
« Allons, viens !
François Cauchois obéit presque machi
nalement à son camarade.
Ils sortirent. Pierre Toutet accompagna
François jusqu’à la porte de l’établisse
ment.
.Mais tous deux avaient l’esprit trop
tendu pour remarquer qu’un homme, à
l’allure pourtant indifférente, s’était atta
ché à leurs pas.
Et une fois qu’il fut seul, affalé sur une
banquette, le marchand de soieries pensa
amèrement, dans l’indifférence générale
de gens jouant aux cartes, aux dames, au
jacquet :
— Il m’abandonne, lui aussi. Ah! c’est
bien ça les amis ! Fiez-vous donc à eux !
CHAPITRE VI
L’HÔTEL DES VOYAGEURS
En raisonnant ainsi, le marchand de
soieries avait complètement tort. C’était,
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