Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-07-03
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 03 juillet 1898 03 juillet 1898
Description : 1898/07/03. 1898/07/03.
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/04/2008
DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE ENTIER
LA FRANCE DE DEMAIN
Il'est assez naturel que les gens mé-
contents du présent rêvent un avenir
souriant. Il est assez naturel que les gé-
nérations qui trouvent leur pauvre, mau-
vaise travaillent.ét s'agitent pour prépa-
rer aux générations qui viennent un sort
meilleur. C'est là le dernier devoir, d'ail-
leurs, qui sollicite la génération à la-
quelle j'appartiens, et il est à désirer
qu'après avoir méconnu les autres elle
comprenne et accomplisse celui-là.
Nous avons été une génération sacri-
fiée, car nous sommes arrivés à l'âge
adulte au moment où la destinée exi-
geait de nos devanciers le paiement due
teùrs fautes. Nous avons débouché dans
la vie pour voir s'effondrer la fortune mi-
litaire de ce pays-ci, et rious n'avons pas
sularestaurer.
Depuis le traité de Francfort, la seule
oeuvre que nous ayons accomplie, la
seule dans laquelle nous montrions une
supériorité incontestée, une supériorité
qu'aucun peuple ne saurait nous dispu-
ter est celle qui consiste à nous déchi-
rer nous-mêmes. Là, nous sommes pas-
Ses maîtres, car nous savons transfor-
mer en arme fratricide, en brandon de
guerre civile tout ce qui nous tombe sous
la main, depuis le simple fait-divers jus-
qu'au gros événement politique, depuis
les processions jusqu'à l'affaire Dreyfus.
Ecoutez les voix qui s'élèvent chaque
matin. Voici un groupe'qui affirme que
l'état-major est composé de traîtres et
d'imbéciles, que les officiers français
passent leur temps à martyriser leurs
soldats dans les intervalles des époques
historiques et périodiques où ils ren-
dent leur épée à l'ennemi.
Voici un autre groupe qui répond au'
premier en l'accusant d'être stipendié
par l'Allemagne et en demandant contre
lui les rigueurs du bras séculier.
De l'un à l'autre groupe, les menaces
d'exil et d'exécution se croisent, et, s'il
fallait juger les Français d'après ces
deux premières catégories, on serait
porté à les considérer comme un peuple
sanguinaire, à peine sorti des barbaries
primitives.
Pour nous reposer et nous rafraîchir
l'âme, nous avons les clameurs socia-
listes, transformant en dialogues polit i-
ques lés colloques réservés jusqu'à eux
pour les. cavernes de voleurs. Çeûx-là par-
lent d'exterminer lé bourgeois et,en atten-
dant, de lui prendre le peu qu'il possède.
Si les socialistes vous dégoûtent, mon-
tez plus haut: allez jusqu'au gouverne-
ment, présentement occupé par lés radi-
caux. Là, vous trouverez un président du
conseil qui se ditetqpi se croit peut-être
républicain occupé à établir un cabinet
qui aura pour mission d'exclure de la vie
publique, d'exproprier de leurs droits
politiques tous les gens qui ne pensent
pas comme lui.
Il sait, 'd'ailleurs, qu'il n'a qu'un cri à
proférer, qu'un geste à faire pour rallier
à son haillon de guerre. civile tous les
proscripteurs. Le cri, c'est celui de « A
bas les curés 1 Le geste, c'est celui par
lequel le franc-maçon en embarras ap-
pelle au secours.- C'est celui que le
ï. •. Brisson dessina en montant à la tri-
bune pour attaquer le cabinet Méline.
Il consiste à porter la main au-dessus
de sa tête, en en tenant les doigts écartés.
Donc le gouvernement actuel. est un
gouvernement de proscriptions et de pri-
vilèges.
Voilà où en sont les vaincus vingt-
huit ans après leur défaite. Ils en sont à
se dénier les uns aux autres la justice
que leurs vainqueurs leur rendaient. Les
Français traitent les Français plus mal
que les Prussiens ne les traitaient.
Chaque jour, il naît en Allemagne mille
enfants mâles de plus qu'en France.
Donc, chaque jour, l'armée allemande
augmenté d'un bataillon par. rapport à'
l'armée française.
Mais, chaque jour aussi, ce gain hu-
main et primordial est accompagné d'un
développement parallèle des ressources
matérielles contre lequel nous devons
réagir ou, plutôt, sur lequel nous devons
nous modeler, sous peine de déchoir
assez vite pour que la nationalité fran-
çaise ne survive pas au siècle qui vient.
C'est pour examiner cette situation et
pour en discuter les remèdes que, le jour
même du Grand Prix, Jules Lemaître et
Bonvalot avaient convoqué quelques
milliers de Parisiens à la Sorbonne.
Leurs conférences ont, paraît-il, obtenu
-un très grand succès,, et elles viennent
d'être reproduites dans une petite revue
que l'on appelle la France de demain
et qui est l'œuvre et l'outil du comité
Dupleix. Ce comité a pour but, chacun
le sait, la mise en valeur de notre empire
colonial. ̃ ̃ ̃ '•
Il est probable qu'une société par ac-
tions qui se fonderait pour l'exploitation
des sources ferrugineuses du Sahara
n'aurait qu'un succès d'émission limité.
De même, c'est une entreprise bien
Chanceuse que celle qui consiste à vou-
loir mettre en valeur le domaine colo-
nial d'une nation qui n'a pas d'armée
coloniale pour conquérir et pour défen-
dre ses colonies, et qui, en outre, ne
fournit à la colonisation ni colons ni
capitaux.
C'est pourquoi le comité Dupleix a
été amené à reconnaître qu'afin de ne
pas mettre la charrue devant les bœufs
il devait commencer par réformer nos
mœurs et nos habitudes et que c'était
en France d'abord qu'il fallait poursui-
vre le bien des colonies. C'est à cette
aeuvre qu'étaient attelés, l'autre diman-
ehe, Jules Lemaître et Bonvalot.
Jules Lemaître. avait pris pour tâche
la « réforme de l'enseignement», et Bon-
valot, la « critique des institutions ». Je
n'ai pas besoin de rappeler aux lecteurs
du Malin ce qu'a dit Jules Lemaître,
d'abord parce qu'un de mes collabora-
teurs en a déjà parlé et, ensuite, parce
que, tous les trois ou quatre ans, une
campagne analogue est menée dans la
presse. La question du latin est pour les
journalistes ce que les tapisseries com-
mencées sont pour les femmes on la
quitte, on la reprend et on la trouve
toujours au même niveau. De sorte que
ceux d'entre nous qui ont le malheur
d'avoir une mémoire implacable n'osent
plus en parler parce qu'ils seraient con-
traints de se répète*" et parce qu'ils
s'imaginent– bien à tort que le lecteur
se souvient de leurs articles.
Je ne. crois pas qu'on puisse bien
écrire le français sans connaître le latin
et le grec, mais, comme je crois aussi que
c'est un malheur pour une nation d'savoir
trop d'écrivains et d'orateurs, je regar-
derais comme très profitable la suppres-
sion dû baccalauréat, la réduction con-
sidérable du nômbre des lycées où l'on
fait des études classiques, la suppression
à peu près totale des' bourses réservées
Laces études, et, concurremment, le re-
haussement desdites études par la res-
tauration et le rétablissement de toutes
les gymnastiques intellectuelles qu'on a
dû supprimer pour mettre l'enseigne-
ment secondaire à la portée d'un plus
grand nombre d'intelligences..
N'étant point universitaire, Bonvalot
s'est attaché à une œuvre autre que la
démolition de l'Université. Il a mis en
lumière les incohérences de cette admi-
nistration dont nous disons depuis cent
ans que l'Europe nous l'envie, alors que,
depuis plus de cinquante ans, l'Europe
l'a dépassée.
Il avait la part belle. Deux choses
m'ont frappé dans les paroles de mon
ami Bonvalot, en dehors de la chaleur
communicative qu'il met à tout ce qu'il
fait et qui doit.lui assurer le succès.
Il y a d'abord l'effroyable statistique
de la dernière campagne de Madagascar.
Nous avons perdu le tiers des hommes
que nous avons envoyés là-bas. L'expé-
dition, qui a duré dix mois, a été, toutes
proportions gardées, aussi meurtrière
que la campagne du Mexique, qui a duré
cinq ans. Les sapeurs du génie ont perdu
66 0/0 de leur effectif. Le batail-
lon de ehasseurs à pied a perdu 63 hom-
mes sur 100. Enfin, le fameux 200g de li-
gne, qu'on avait formé avec tant de soin
et qui n'avait jamais combattu, n'était
plus représenté à Tananarive que par
163 homme.
Nous voilà bien loin de la fameuse
expédition contre les Achantjs, où les
Anglais ne perdirent que 65 hommes
sur 4,000..
Moralité Il nous faudrait une armée
coloniale dans le genre de l'armée an-
glaise. ;Nous. allons voir. si. le fameux
Cavaignac, qui tient déjà la clef de l'af-
faire Dreyfus, aurait, par surcroît, dans
son trousseau celle de l'armée coloniale.
La seconde chose qui m'a frappé, c'est
l'évocation du Touring-Club comme un
modèle de résultats prompts obtenus par
des efforts intelligemment combinés. Il
a suffi que les cyclistes se groupassent
pour faire marcher l'administration et
même les particuliers.
L'exemple est bien choisi, et la compa-
raison est ingénieuse. Il n'est pas inter-
dit, d'ailleurs, de penser que les Français
finiront par prendre un peu des mœurs
des cyclistes et comprendront les avan-
tages de la fédération, non pas cette fé-
dération idiote qui a consisté à remuer
de la terre pour gigoter dessus, mais de
cette fédération qui commence déjà à
poindre avec les syndicats agricoles et
qui consiste à mettre ensemble les gens
qui pensent de même pour qu'il agissent
de même.
Là est l'avenir. Là est la France de
demain;
LA JOURNÉE
HIER
A l'Intérieur Distribution, sous la
présidence de M. Léon Bourgeois, des ré-
compenses aux exposants de la Société
des artistes français. A Vlnstitut
Jugement du concours pour le prix de
Ronze (composition musicale). Au Pa-
lais Dernier tour de scrutin pour le
renouvellement du conseils de l'ordre
des avocats. Cyclisme Départ des
concurrents pour la grande course an-
nuelle de heures dite du « Bol d'or
Bourse ferme.
A l'Extérieur Il résulte des détails
télégraphiés sur la bataillede Santiago
què les Américains ne se sont rendus
maîtres des ouvrages avancés des Espa--
gnols qu'au prix de grands sacrifices
d'hommes. Ils avouent un millier de tués
ou blessés.
AUJOURD'HUI
Inauguration du monument de Maria
Deraisme au square des Epinettes.
Célébration du centenaire de Chateau-
briand. Fête annuelle des félibres, à
Sceaux, sous la présidence de M. André
l'heuriet. Concours de bébés la
mairie de Levallois. Clôture de la
première exposition interna tiona le d'au-
tornobiles, czu jardin des Tuileries. Le
par V Automobile-Club à la tour. Eiffel.-
courses à Auleuil.
LE MOT ET LA CHOSE
Le succès du cabinet Brisson dans
la séance do jeudi et ses 86 voix de
majorité ont fait oublier sa déclara-
tion le lendemain, on ne s'est plus
soucié de savoir ce qu'il avait dit.
On a eu tort, car M. Brisson, qui n'a ja-
mais passé pour un monsieur extrêmement
folâtre, cultive, pourtant, avec une virtuosité
supérieure l'art de se moquer du public. On
avait reproché au projet d'impôt sur le
revenu d'être progressif. Solennellement,
sans rire, M. Brisson a annoncé que son
parti renonçait à la progression et que l'im-
pôt serait dégressif.
C'est à peine si un député s'est écrié
« Mais c'est la même ctiose » M. Brisson
ne s'est pas laissé arrêter et a continué bra-
vement.
De sorte qu'à l'heure actuelle'il doit se
trouver d'honnêtes gens pour croire que les
radicaux ont fait une énorme concession, et
parmi eux sont les modérés, qui réclament
l'honneur d'avoir conçu le nouveau projet.
Ils se plaignent d'avoir été volés.
Or l'impôt progressif aurait commencé à
zéro pour arriver à mille. L'impôt dégressif
partira dé mille pour aboutir à zéro. Où est
la différence ?
En fait, avec l'impôt sur le revenu tel que
l'a énoncé l'autre jour M. Brisson, il y aura
en haut une élite qui paiera beaucoup, en
bas la masse qui ne paiera rien, avec cette
circonstance aggravante que.la masse étant
le nombre, c'est elle qui déterminera par
ses élus la somme de l'impôt à percevoir.
Quelle perspective t
BATAILLE SANGLANTE
DOUZE HEURES DE COMBAT
DEVANT SANTIAGO
Détails de l'action --Les fautes de tac-
tique des assaillants Feu meur-
trier des batteries espagnoles
Un millier d'Améri-
cains tués ou blessés.
[On a reçu de nouveaux détailssur la ba-
taille. qui s'est livrée aux environs de San-
itiago.
D'après les dépêches du général Shafter,
commandant en chef de l'armée américaine,
la journée a été exceptionnellement san-
glante.
Malgré les pertes énormes qu'il a subies,
le général américain prétend avoir réussi à
se rapprocher de Santiago. Mais l'objectif
principal de l'envahisseur, qui était, croit-on,
d'occuper, te fort Morro, afin de permettre
l'entrée de l'amiral Sampson dans la rade,
n'a certainement pas été atteint.]
New-York, 2 juillet. Le correspondant
du Herald à Playa del Este télégraphie les
détails.suivants sur le combat d'hier
Le général Shafter a vigoureusement at-
taqué, ce matin, par trois côtes différents,
les défenses extérieures de Santiago. Tan-
dis que les généraux Lawton et Wheeler
s'avançaient sur el Caney, le général Kent
marchait sur Aguadores.
En même temps, Garcia et les Cubains
s'approchaient d'el Caney par le sud-est, et
une autre division de l'armée américaine,
venant de l'est, se dirigeait sur Santiago.
Les troupes formaient plusieurs lignes soli-
des, depuis la côte jusqu'aux ouvrages sep-
tentrionaux de la défenso.
Les flotte américaine et espagnole ont
toutes deux pris part à l'action dès le dé-
but, les navires de l'amiral Sampson diri-
geant leurs feux sur les batteries nouvelle-
ment construites à Aguadores, et l'escadre
de l'amiral Cervera tirant sur les lignes
américaines et cubaines.
Le général Shafter, qui s'était porté sur
le front de la bataille, à'la tête des troupes,
avait engagé l'affaire par deux batteries
d'artillerie légère, qui ouvrirent le feu sur
el Caney.
Le-général Wheeler, avec de la cavalerie,
et les Cubains sous les ordres de Garcia se
joignirent rapidement au général Lawton
dans sa marche sur el Caney. Les Espa-
gnols défendirent les positions avec achar-
nement, mais les forces américaines, est cu-
baines, conquérant le terrain pied à pied,
réussirent bientôt à s'emparer des-ouvra-
ges avancés et à rejeter leurs adversaires
dans la ville.
̃ A la même heure, le général Kent, com-
mandant les forces du centre, se mit on
route pour Aguadores. C'est là qu'eut lieu
le plus fort du combat.
Pendant la première partie de la journée;
une lutte acharnée se déroula autour d'A-
guadores, où le général Linares comman-
dait en personne.
Les Espagnols répondaient par un feu
furieux aux Américains; la flotte améri-
caine lançait une pluie de feu sur les lignes
espagnoles..
L'amiral Sampson envoya trois de ses na-
vires attaquer les batteries récemment éle-
vées au sud du fort Morro. Celles-ci furent
réduites à l'état de ruinés.
Les Espagnols, tant ceux se trouvant à
Aguadores que ceux d'el Caney, durent
reculer sur Santiago.
Au cours de la bataille, qui a duré jusqu'à
la nuit, une compagnie américaine tout
entière a été détruite par les obus espagnols.
Actuellement, l'armée américaine forme
une ligne ininterrompue du sud-est au nord
de Santiago.
Ce n'est qu'aux portes de la ville que l'ar-
mée américaine s'est arrêtée.
Le résultat de la journée est entièrement
conforme aux prévisions du général Shaf-
ter.
Combat d'artillerie.
New-York, 2 juillet.-Un télégramme de
Santiago, 1er juillet, au World dit que le
premier combat d'artillerie de campagne
vient de se terminer, après avoir réduit au
silence les batterie espagnoles. On a com-
mis uap erreur en massant l'infanterie der-
rière'les batteries américaines c'est à cette
erreur qu'il faut attribuer le grand nombre
de morts et de blessés du côté des Améri-
cains.
Les forts et les tranchées espagnoles
avaient-riposté immédiatement au feu ou-
vert, à sept heures du matin, par la batterie
Capron. A sept heures un quart, la batterie
Grims ouvrit le feu à la droite du blockhaus
de San Juan. Les Américains se servaient
de poudre ordinaire, de sorte que la fumée
permit aux batteries de campagne espa-
gnoles de régler leur tir. On croit que ces
batteries de campagne étaientserviespardes
marins de l'amiral Cervera. s-
Les Espagnols employaient la poudre
sans fumée.
La batterie Grims avait de la difficulté à
connaître la position exacte des canons
ennemis, mais elle connaissait en général'
cette position d'une manière approximative,
et les Américains tiraient sans relâche. Peu
à peu, le feu des Espagnols se ralentit, puis
cessa.
Cinq Cubains sur les cent qui appuyaient
la, batterie Grims furent tues, ainsi que
deux canonniers. La cavalerie réguliôrë,uui
avait aussi pris part au combat, a eu plu-
sieurs blessés..
Deux dépêches officielles.
.Washington, 2 juillet -Le ministère de
la guerre a reçu, hier soir, du général Shaf-
ter la dépêche suivante, datée de Sû)oney
Nous avons eu un engagement très sérieux,
qui à duré de huit heures du matin au côucher
du soleil. Nous avons emporté les ouvrages
avancés, qui sont maintenant en notre posses-
sion. Entre nos lignes et la ville s'étend un
espace découvert de trois quarts de mille. De-
main matin, nos troupes seront retranchêes.et
nos forces seront considérablement augmen-
tées par celles de la division Lawton et de la
brigade Bates, qui se mettront en ligne cette
nuit devant Santiago. Ces troupes ont été enga-
gées autour d'el Caney, qu'elles ont occupe à
quatre heures de l'après-midi.
Je regrette d'avoir à dire que nous avons
plus de 400 hommes hors de combat. Lechillïe
des morts n'est pas élevé.
MADRID, 2 juillet. Une dépêche du gou-
verneur de Santiago en date du 1er juillet
donne les nouvelles suivantes
Hier, l'ennemi a fait avancer ses forcés jus-
qu'à une lieue de la place. J'attends l'attaque
pour aujourd'hui, car,en ce moment,», canon-
nade commence contre el Caney, où j'ai le gé-
néral Vara avec plusieurs compagnies.
En même temps, l'escadre approche, battant
pavillon de combat, sans doute pour proté-
ger les mouvements des troupes américaines,
sur Aguadores.
Hier, un ballon a été lâché pour reconnaître
nos positions.
Les renforts ne sont pas arrivés, et je suis
sans nouvelles de la colonne Escario, partie de
Manzanillo il y a neuf jours.
Les blessés américains.
WASHINGTON, 2 juillet. Le département
de la guerre a reçu, ce matin, à quatre heu-
res, la dépêché suivante du général Shaf-
ter
Je crains bien de ne pas avoir donné an
-chiffre suffisamment élevé comme étant celui
des pertes américaines.
Il faudrait envoyer ici un vaste vaisseau-hô-
pital parfaitement équipé.
,¡ Le chirurgien militaire en chef dit qu'il a du
travail pour quàrante médecins de plus. Le
vaisseau-hôpital devrait amener une chaloupe
et. dos embarcations pour transporter les bles-
ses.
«*On assure qu'une cinquantaine de chirur-
giens avec le matériel convenable seront
expédiés immédiatement.
Le médecin en chef de l'armée est celui-
!de la marine ont eu aujourd'hui une confé-
rence efont travaillé activement à préparer
les secours médicaux réclamés par le gé-
inéral Shafter..
On emploiera le navire-hôpital Salash,
qui se trouve.actuellement. dans le voisi-
nage de Santiago. Déjà le navire-hôpital Re-
,lief sst parti, ce matin, de New-York pour
Santiago. Ce navire est admirablement amé-
nagé pour le traitement de cinq cents mala-
Le secrétaire de la guerre a donné au gé-'
néral Shafter l'ordre de réquisitionner au-
tant de transports qu'il voudra pour servir
de vaisseaux-hôpitaux.
On a beaucoup remarqué, ce matin, à
Washington l'expression d'anxiété qui ré-
gnait sur les visages des chefs militaires.
Nouveaux détails.
WASHINGTON, 2 juillet. Une autre dé-'
pêche du général Shafter explique pourquoi
les pertes des Américains sont aussi im-
portantes.
La brousse; qui est très dense en cet en-
droit, empêche les évaluations exactes.
On n'a rien reçu aujourd'hui jusqu'à midi
sur la reprise de l'assaut.
Toutes les troupes de réserve de l'armée
américaine ont reçu l'ordre de se rendre sur
la ligne de combat pour la reprise de la ba-
taille-ce matin.
Les fortifications espagnoles étaient. très
fortes les obus lancés par les navires es-
pagnols ont fait, croit-on, de grands rava-
ges dans les rangs américains. Pendant une
suspension de combat, les soldats du
d'infanterie, qui avait été très éprouvé, ont
entonné un chant patriotique, auquel se
sont unis même les blessés.
Quand ils arrivèrent aux épàulémcnts,
les Américains se heurtèrent aux réseaux
de fil. de'fer barbelé, disposés de façon
protéger les Espagnols sur une hauteur de
huit pieds:
Arrivée dés renforts?
New-York, 2. juillet.' Une dépêche à
YEvening WorUfdalèe de Playa del Este,
2 juillet. Calixto Garcia, apprend que
le général Pando ..et six.mille'hommes de
renforts sont entrés dans Santiago..
[En ce qui ces renforts, la dépêche
ci-dessus peut être exacte; mais il est bonde
remarquer qu'une dépêche espagnole a annoncé
que le général Pando était à la Havane- et qu'il
devait y rester.]
L'affaire de Manzanillo.
Madiûd, 2 juillet. Le gouvernement a
reçu la dépêche suivante, en date d'hier:
« Dans la soirée, trois navires américains
se sont présentés devant Manzanillo. La
garnison et les canonnières se préparent à
la résistance.
u »Dans le combat d'hier devant ce port,
nous avons eu deux morts, un blessé griè7
vement et deux légèrement.
Le commandant de la canonnière Del-
gado-Parejo a- été contusionné. Dans la
ville, il y a eu cinq blessés, dont trois ci-
vils.
Trois navires ennemis ont canonné, en
facé de Tunas, la côte de Tayabacoa, dans
le but probable de débarquer des armes. »
Aux Philippines.
Madrid, 2 juillet. Le gouvernement re-
çoit la dépêche suivante du général Au-
gusti juin,
La situation continue h être dangcreuse; et
elle est semblable à celle que je vous annonçai
par mon télégramme du lu juin.
Quinze navires, allemands, français,japonais
et anglais, mouillent dans la baie, et, par leur
moyen, on est fréquemment en communica-
tion avec Hong-Kong- pour télégraphier.
Le général Monet, après avoir livré plusieurs
combats, est arrivé avec mille hommes àMaca-
bère.où il s'est fortifié.
Si l'ennemi poussait jusqu'à la capitale, j'ai
donné l'ordro il Monet de forcer le passage
pour venir mon aide, quoique je considère
cette opération comme difficile.
EN ESPAGNE
L'impression à Ma drid Appel sous
les drapeaux Attaques contre
le gouvernement
Matoud 2 juillet. De notre corres-
pondant particulier. Les renforts at-
tendus à Santiago n'étant pas encore arri-
vés, les troupes espagnoles engagées. dans
la bataille d hier ne dépassaient pas huit
mille hommes.
Le retard des renforts préoccupe vive-
ment ici. Il est certain que, s'ils avaient pu
arriver à temps, l'armée américaine aurait
difficilement réussi à s'emparer des ouvra-
ges avancés qui défendent l'accès de San-
tiago.
Un s'étonne beaucoup de l'inaction de
l'escadre de l'amiral Cervera, immobilisée
dans la baie de Santiago, mais l'on ignore
que c'est le maréchal Blanco, commandant
suprême à Cuba, qui en a décidé ainsi. Il
'télégraphie en termes laconiques, répon-
dant sans doute à une question du gouver-
nement, que l'escadre reste mouillée dans
ce port parce qu'il convient qu'elle y
reste, et qu'elle sortira quand le moment
opportun sera venu.
Une dépêche du gouverneur de Porto-
Rico annonce qu'on a- réussi à débarquer
presque toute la cargaison du paquebot
Antonio-Lopez, laquelle se compose de
canons, de fusils et de 2,000 tonnes de mu-
nitions.
Les trois destroyers qui ont accompagné
l'escadre de l'amiral Càmara jusqu'à Port-
Saïd vont retournerdnnsla péninsule.L'ami-
ral télégraphie qu'il ne veut pas exposer ces
petits bâtiments aux typhons qui régnent, à
cette époque de l'année, dans la mer de
Chine; il estime que le concours de ces
contre-torpilleurs ne lui est pas indispen-
sable et que les unités dont il dispose lui
suffiront pour livrer combat aux navires
américains.
La mobilisation.
MADRID, 2 juillet. La Gazette publie
un ordre royal appelant 26,000 hommes sous
les drapeaux.
Les droits de guerre.
MADNID, 2 juillet. –Les droits de guerre
qui ont été établis sont compris dans le
budget adopté par les Chambres.
Ces droits de guerre, qui sont applicables
à partir du 1er juillet, sont de 0/0 cal-
culés sur la valeur approximative des mar-
chandises exportées à l'étranger.
La surtaxe de 2 1/2 0/0 sur les marchan-
dises exportées à l'étranger ne comprend
pas le liège ni les vieux chiffons.
Les plombs argentifères paieront aussi
2 1/2 0/0 et 5 0/0 quand ils seront destinés
aux pays qui ont établi un droit d'iniporta-
tion sur ces articles.
Les droits d'exportation compris dans cet
article ne seront pas perçus quand le change
1 d'Espagne sur l'étranger sera au-dessus de
M. Romero Robledo.
Madrid, 2 juillet. A l'issue du banquet
qui lui a été offert. hier soir, M. Romero
Robledo a prononcé un violent discours
contre le gouvefnement, qu'il a accusé
de. demeurer inactif, sans idée directrice,
abannofnant tout aux généraux et aux ami-
raux.
II a insisté sur ce fait que, le moment
venu, la paix doit être traitée directement
avec l'ennemi..
.Selon M. Robledo, les institutions se-
raient en danger, mais, a-t-il ajouté, « Jana
tion reste, et, accomplissant notre devoir
d'Espagnols, nous devons défendre la pa-#
trie. »
4 heures du matin
TROP DE HATE
L'attaque de Santiago Opinion des
cercles militaires anglaise
Sacrifices inutiles.
LONDRES, 2 juillet. De notre corres-
ondant particulier. La lutte engagée
a Santiago depuis hier matin absorbe toute
l'attention du public anglais, qui croit y
voir le commencement do la fin de cette
guerre.
Dans les cercles militaires de Londres, on
se montre très surpris que le général Shaf-
ter ait engagé une action définitive sans at-
tendre l'arrivée des renforts considérables
en hommes et en canons qui sont actuelle-
ment en route et qui, semble-t-il, lui au-
raient beaucoup facilité la prise do San-
tiago.
Un se demande quel motif a pu décider le
général américain à risquer une aussi forte
partie contre un ennemi nombreux et
aguerri, protégé par des fortifications très
solides et armé d excellents canons.
Le motif semble aveir été d'enlever la
place avant que les renforts que le général
Pando conduit- à Santiago aient eu le temps
d'arriver.
Quelques-uns pensent aussi que les'Amé-
ricains, qui 'en sont encore complètement à
l'ardeur du début, ont voulu célébrer à San-
.tiagomêrrie la fête de l'indépendance des
Etats-Unis, dont l'anniversaire est le 4 juil-
let..̃ •̃ • .'̃̃̃̃
Le motif est bien américain. Mais, comme
ôn.le fait observer, ce n'est pas là la guerre.
Il est, en tout cas, probable que cette pen-
sée, si elle a Mté attaque, coûtera à l'ar-
mée américaine un grand nombre d'exis-
tences précieuses qui ne célébreront pas du
tout lia fête nationale.
L'impression générale est que les géné-
raux américains n'ont pas'agi avec une
grande prudence et qu'ils ont estimé leurs
adversaires beaucoup au-dessous de leur
valeur et de leur force.
Il- est hors °de doute que la lutte achar-
née commencée hier va se poursuivre sans
interruption et se terminera par la prise de
Santiago; mais l'occupation de cette place
aura certainement coûté beaucoup plus
d'efforts et de sacrifices que si l'attaque
avait été conduite plus scientifiquement et
avec moins de hâte.
5 heures du matin
NOUVELLES DE MADRID
Le combat de Santiago Echec des
Américains.
Madrid, 3 juillet. On n'a pas encore
reçu de télégramme, officiel au sujet du
combat devant Santiago, mais des dépêches
de source particulière affirment que les
Américains ont subi un véritable échec.
Les Espagnols en ont fait un grand nombre
de prisonniers.
Les ministres gardent une grande réserve
sur les délibérations qui ont été prises au-
jourd'hui au conseil..
Lire à la deuxième page
LES JOURNAUX DE CE MATIN
LES CONS EILLERS-DÉPUTÉS
Démission, de M. Astier Exemple
à suivre..
Quinze conseillers municipaux de Paris
sont députés depuis deux mois.et ils ne
pensent pas encore à donner leur démis-
sion. Depuis qu'ils sont députés, ils s'aper-
çoivent que leur présence est indispensable
à l'hôtel de ville et que, s'ils quittaient le
conseil, rien ne marcherait plus.
De fait, ils ne sont nulle part, ni à l'hôtel
de.ville ni au palais Bourbon. Ils pensent
conserver ainsi les deux mandats jusqu'en
novembre.
Dans la.dernière réunion du comité du
budget, M. Grébauval leur a donné une
bonne leçon, qu'ils ne semblent pas avoir
suffisamment comprise.
« Quinzè conseillers ont été"élus députés,
a-t-il dit: le conseil n'est plus au complet.
Attendons les nouvelles élections pour ré-
gler une question qui intéresse les finances
municipales. »
On ne fera plus rien à l'hôtel de ville jus-
qu'à ce que les députés soient remplacés.
La dernière séance de la session aura lieu
vendredi.C'est ce jour-là qu'ils doivent don-
ner leur démission. Ne pas le faire serait un
véritable scandale, puisqu'on ne peut rem-
plir les deux mandats. M.; Astier, conseiller
du quartier de Chaillot, a résolu de donner
sa démission mercredi, afin que le conseil
puisse le remplacer tout de suite à la vice-
présidence et que les électeurs puissent lui
donner un successeur avant la rentrée du
conseil.
Mais il est le seul qui, jusqu'ici, ait pris
cette décision. Les autres se montrent ré-
calcitrants.
Si encore ils réglaient la question de l'oc-
troi>
CONSEIL DE CABINET
A l'exception de M. Léon Bourgeois, qui
présidait la distribution des récompenses
aux artistes des deux Salons, les ministres
se sont réunis, hier matin, au ministère de
l'intérieur,'sous la présidence de M. Bris-
son; en un conseil de cabinet, auquel assis-
taient MM. Vallé et llSougeot, sous-secré-
taires d'Etat, bien que leurs nominations
n'aient pas encore été publiées par l'Offi-
ciel.
Après s'être occupé de l'interpellation
prochaine sur l'affaire Dreyfus, le conseil a
entendu M. Peytral, qui a exposé les con-
ditions dans lesquelles se présentait le bud-
get de 1899.
Le ministre des finances a prié ses collè-
gues de limiter les propositions de dépen-
se's de leurs départements respectifs de ma-
nière que, dans leur ensemble, elles ne dé-
passent pas les prévisions de recettes.
AVANCE AU GOUVERNEMENT OTTOMAN
Constantiijople, 2 juillet. La Banque
ottomane a fait, hier, une avance de 300,000
livres au gouvernement pour l'arriéré de
l'indemnité de guerre russe, moyennant la
garantie de la Dette publique.
M.LOCKROY& LA MARINE
LE PROGRAMME DU NOUVEAU
MINISTRE
Nos dépôts de charbon Torpilleurs
et « destroyers » Les leçons
de la guerre hispano-
américaine.
M. Lockroy, ministre de la marine, dont
on se rappelle les critiques violentes à l'a-
dresse de notre flotte formulées à diverses
reprises à la tribune de la Chambre, a bien:
voulu nous donner, hier, un aperçu des té-;
formes qu'il compté faire au ministère où il
a été,appelé.. ̃
« -Mes efforts porteront principalement
sur trois points
» Création, sur toutes les routes du globe
Susceptibles d'être parcourues par nos na-
vires de guerre, de stations ou dépôts très-
fortement fortifiés où la flotte trouver, en
cas de danger, un abri sûr et où elle pourra
se réapprovisionner eh charbon. Les sta-
tions que nous possédons sont très dhsuffl-'
santes, et, étant donné le faible ravon d'ac-'
tion de nos bâtiments, dû l'énorme con-
sommation des machines actuelles et a l'in-
suffisante capacité des soutes, il nous serait
impossible, en cas de guerre, de défendre
nos colonies ou de porter l'attaque en un
point quelconque du glôbe où nous pour-
rions frapper l'ennemi.
La vitesse.
Extension de la défense mobile. Les
forts ne suffisent pas pour défendre une
cfité ou un port. Il faut des garde-côtes et
des torpilleurs, sans parler des torpilles au-
tomobiles. Nous avons un grand nombre de
torpilleurs, nous sommes même la nation
du monde qui en possède le plus.-Mais leur
vitesse, jadis suffisante, ne l'est plus depuis
que les Anglais se sont mis à construire'
des contre-torpilleurs de trente et trente-
deux nœuds. Ce type de. contre-torpilleur
rapide, le destroyer, nous ne le possédons
pas, l'administration de la marine, pour des
raisons diverses, n'ayant pas jugé à propos
de suivre l'Angleterre dans ce genre decon-
struction. Il faut que nous le possédions,
» Création'de grands' croiseurs cuiràssés;
rapides, type vitesse
est aujourd'hui, à mon avis, le principal
élément de succès dans un combat. Or-il
n'est pas possible de doter nos grands cui-
rasses" actuels, en raison xlé l'énorme poids
de leur cuirasse, d'une vitesse suffisante. Il
faut donc construire dés unités susceptibles,
d'être dotées de'la vitesse nécessaire dés
croiseurs cuirassées,
» L'amiral Fournier' a soutenu que
toute notre flotte'actuelle peut être avanta-
geusement remplacée par, une centaine de'
croiseurs rapides' faiblement' '^tarasses.
Recevant les projectiles ennemis sous une
faible incidence, grâce à leur vitesse, qui
leur permettraitde choisir et de modifiera à
tout instant leur position de combat, ils
pourraient tenir tête aux cuirassés. Parta-
gez-vous cette opinion ?
» Pas tout à fait. Une flotte ne peut
pas se composer uniquement de croiseurs.
A côté dé ce genre de navires, il faut d'au-
tres unités. »
Cette restriction indiquerait que notre
nouveau ministre de la marine, tout en
donnant la préférence aux croiseurs, n'a-
bandonnerait pas tout à fait les cuirassés.
Il n'a, d'ailleurs, pas voulu être plus expli-
cite sur ce point.
« Et les cuirassés en cours de cons-
truction ?
» Ils seront achevés tels que leurs
plans ont été conçus. Car il n'est pas pos-
sible de modifier les parties essentielles
d'un navire, telles qué la coque, le cuiras-
sement, en cours de construction.
» Enfin, mon attention se portera sur la
réfection et la mise en état de combattre de
tous les navires composant notre flotte ac-
tuelle, dont beaucoup sont, comme je l'ai
dit maintes fois la Chambre, dans un état
déplorable, incapables de prendre la mer si
l'ordre leur en était donné, incapables de
soutenir un combat.
»̃ Tout cela peut être fait grâce au gros
crédit de 260 millions voté, a ma demande,
par le Parlement. Et il n'en coûtera rien
aux contribuables, l'argent devant être
fourni par la démolition des fortifications^
inutiles et la revente des terrains, non seu-
lement les fortifications de Paris/mais aussi
celles des villes de province où, conçues
dans l'ancien système, elles ne servent plus,
à rien. »
M. Lockroy termine ainsi
« La guerre hispano-américaine porte
déjà des enseignements dont il nous faut
profiter.
» Le succès de l'amiral Dewey aux Phi-
lippines a été dû surtout à la rapidité de
son action, et cette rapidité n'a été obtenue
que grâce à la vitesse des navires qu'il
commandait. D'autre part, l'amiral espagnol
Cervera n'a pu conduire sa flotte à Santiago
de Cuba, en passant, pour ainsi dire, sous
le nez des bâtiments américains, que parce
que ses navires étaient doués d'une vitesse
supérieure. Il faut donc que les navires
possèdent une vitesse supérieure.
La question du charbon.
» Vous pouvez constater d'autre part quelles
difficultés éprouvent les flottes ennemies;
tant la flotte espagnole que la flotte améri-
caine, pour s'approvisionner de charbon. Si
l'on dit, d'une façon générale, que l'argent
est le nerf de la guerre, on peut affirmer
que le charbon est, lui, le nerf de la guerre
navale.Il est donc indispensable que chaque
puissance possède, sur la route qui conduit
à ses colonies, de nombreux dépôts de char-
bon, fortement protégés. Il ne paraît pas
qu'en France nous nous soyons suffisam-
ment préoccupés, jusqu'ici, de cette impor-
tante question. Nous Sommes à peu près
dépourvus de dépôts de charbon, et nos na-
vires, en cas de guerre, risqueraient fort,
s'ils avaient à entreprendre une course loin-
taine pour défendre nos colonies menacées,
de se trouver immobilisés au bout de quel-
ques jours de marche.
» Créons donc des dépôts de charbon et
construisons des torpilleurs. »
M. EN ÉGYPTE
Le symbole des Pyramides-Appré.
ciations esthétiques M. Brisson
au harem A l'ombre des
sycomores Histoire
d'une piastre.
Tout comme Napoléon 1er, M. Henri Bris-
son visita, au début de sa carrière, les rives
du Nil et contempla les Pyramides. Nous
avons pu nous en convaincre par quelques
pages écrites en 1852 par le futur président
du conseil des ministres.
« J'ai les Pyramides devant mes fenêtres,
et je vois, chaque soir, le soleil se coucher
entre Chéops et Chéphren. »
C'était là un beau spectacle, on en con-
viendra. Il valait bien celui qu'offre la pai-
sible rue de Mazagran.
M. Henri Brisson se laissa donc aller à la
contemplation, et voici que, toute coup, des
pensées politiques lui vinrent. Feu Hervé
aurait dit :« Déjà
Les Pyramides, à son sens, sont le mons-
trueux symbole de la suppression de la
pensée, de l'élimination de l'intelligence
« Elles.sont accroupies sur le ventre de
l'Egypte comme le despotisme sur le cer-
LA FRANCE DE DEMAIN
Il'est assez naturel que les gens mé-
contents du présent rêvent un avenir
souriant. Il est assez naturel que les gé-
nérations qui trouvent leur pauvre, mau-
vaise travaillent.ét s'agitent pour prépa-
rer aux générations qui viennent un sort
meilleur. C'est là le dernier devoir, d'ail-
leurs, qui sollicite la génération à la-
quelle j'appartiens, et il est à désirer
qu'après avoir méconnu les autres elle
comprenne et accomplisse celui-là.
Nous avons été une génération sacri-
fiée, car nous sommes arrivés à l'âge
adulte au moment où la destinée exi-
geait de nos devanciers le paiement due
teùrs fautes. Nous avons débouché dans
la vie pour voir s'effondrer la fortune mi-
litaire de ce pays-ci, et rious n'avons pas
sularestaurer.
Depuis le traité de Francfort, la seule
oeuvre que nous ayons accomplie, la
seule dans laquelle nous montrions une
supériorité incontestée, une supériorité
qu'aucun peuple ne saurait nous dispu-
ter est celle qui consiste à nous déchi-
rer nous-mêmes. Là, nous sommes pas-
Ses maîtres, car nous savons transfor-
mer en arme fratricide, en brandon de
guerre civile tout ce qui nous tombe sous
la main, depuis le simple fait-divers jus-
qu'au gros événement politique, depuis
les processions jusqu'à l'affaire Dreyfus.
Ecoutez les voix qui s'élèvent chaque
matin. Voici un groupe'qui affirme que
l'état-major est composé de traîtres et
d'imbéciles, que les officiers français
passent leur temps à martyriser leurs
soldats dans les intervalles des époques
historiques et périodiques où ils ren-
dent leur épée à l'ennemi.
Voici un autre groupe qui répond au'
premier en l'accusant d'être stipendié
par l'Allemagne et en demandant contre
lui les rigueurs du bras séculier.
De l'un à l'autre groupe, les menaces
d'exil et d'exécution se croisent, et, s'il
fallait juger les Français d'après ces
deux premières catégories, on serait
porté à les considérer comme un peuple
sanguinaire, à peine sorti des barbaries
primitives.
Pour nous reposer et nous rafraîchir
l'âme, nous avons les clameurs socia-
listes, transformant en dialogues polit i-
ques lés colloques réservés jusqu'à eux
pour les. cavernes de voleurs. Çeûx-là par-
lent d'exterminer lé bourgeois et,en atten-
dant, de lui prendre le peu qu'il possède.
Si les socialistes vous dégoûtent, mon-
tez plus haut: allez jusqu'au gouverne-
ment, présentement occupé par lés radi-
caux. Là, vous trouverez un président du
conseil qui se ditetqpi se croit peut-être
républicain occupé à établir un cabinet
qui aura pour mission d'exclure de la vie
publique, d'exproprier de leurs droits
politiques tous les gens qui ne pensent
pas comme lui.
Il sait, 'd'ailleurs, qu'il n'a qu'un cri à
proférer, qu'un geste à faire pour rallier
à son haillon de guerre. civile tous les
proscripteurs. Le cri, c'est celui de « A
bas les curés 1 Le geste, c'est celui par
lequel le franc-maçon en embarras ap-
pelle au secours.- C'est celui que le
ï. •. Brisson dessina en montant à la tri-
bune pour attaquer le cabinet Méline.
Il consiste à porter la main au-dessus
de sa tête, en en tenant les doigts écartés.
Donc le gouvernement actuel. est un
gouvernement de proscriptions et de pri-
vilèges.
Voilà où en sont les vaincus vingt-
huit ans après leur défaite. Ils en sont à
se dénier les uns aux autres la justice
que leurs vainqueurs leur rendaient. Les
Français traitent les Français plus mal
que les Prussiens ne les traitaient.
Chaque jour, il naît en Allemagne mille
enfants mâles de plus qu'en France.
Donc, chaque jour, l'armée allemande
augmenté d'un bataillon par. rapport à'
l'armée française.
Mais, chaque jour aussi, ce gain hu-
main et primordial est accompagné d'un
développement parallèle des ressources
matérielles contre lequel nous devons
réagir ou, plutôt, sur lequel nous devons
nous modeler, sous peine de déchoir
assez vite pour que la nationalité fran-
çaise ne survive pas au siècle qui vient.
C'est pour examiner cette situation et
pour en discuter les remèdes que, le jour
même du Grand Prix, Jules Lemaître et
Bonvalot avaient convoqué quelques
milliers de Parisiens à la Sorbonne.
Leurs conférences ont, paraît-il, obtenu
-un très grand succès,, et elles viennent
d'être reproduites dans une petite revue
que l'on appelle la France de demain
et qui est l'œuvre et l'outil du comité
Dupleix. Ce comité a pour but, chacun
le sait, la mise en valeur de notre empire
colonial. ̃ ̃ ̃ '•
Il est probable qu'une société par ac-
tions qui se fonderait pour l'exploitation
des sources ferrugineuses du Sahara
n'aurait qu'un succès d'émission limité.
De même, c'est une entreprise bien
Chanceuse que celle qui consiste à vou-
loir mettre en valeur le domaine colo-
nial d'une nation qui n'a pas d'armée
coloniale pour conquérir et pour défen-
dre ses colonies, et qui, en outre, ne
fournit à la colonisation ni colons ni
capitaux.
C'est pourquoi le comité Dupleix a
été amené à reconnaître qu'afin de ne
pas mettre la charrue devant les bœufs
il devait commencer par réformer nos
mœurs et nos habitudes et que c'était
en France d'abord qu'il fallait poursui-
vre le bien des colonies. C'est à cette
aeuvre qu'étaient attelés, l'autre diman-
ehe, Jules Lemaître et Bonvalot.
Jules Lemaître. avait pris pour tâche
la « réforme de l'enseignement», et Bon-
valot, la « critique des institutions ». Je
n'ai pas besoin de rappeler aux lecteurs
du Malin ce qu'a dit Jules Lemaître,
d'abord parce qu'un de mes collabora-
teurs en a déjà parlé et, ensuite, parce
que, tous les trois ou quatre ans, une
campagne analogue est menée dans la
presse. La question du latin est pour les
journalistes ce que les tapisseries com-
mencées sont pour les femmes on la
quitte, on la reprend et on la trouve
toujours au même niveau. De sorte que
ceux d'entre nous qui ont le malheur
d'avoir une mémoire implacable n'osent
plus en parler parce qu'ils seraient con-
traints de se répète*" et parce qu'ils
s'imaginent– bien à tort que le lecteur
se souvient de leurs articles.
Je ne. crois pas qu'on puisse bien
écrire le français sans connaître le latin
et le grec, mais, comme je crois aussi que
c'est un malheur pour une nation d'savoir
trop d'écrivains et d'orateurs, je regar-
derais comme très profitable la suppres-
sion dû baccalauréat, la réduction con-
sidérable du nômbre des lycées où l'on
fait des études classiques, la suppression
à peu près totale des' bourses réservées
Laces études, et, concurremment, le re-
haussement desdites études par la res-
tauration et le rétablissement de toutes
les gymnastiques intellectuelles qu'on a
dû supprimer pour mettre l'enseigne-
ment secondaire à la portée d'un plus
grand nombre d'intelligences..
N'étant point universitaire, Bonvalot
s'est attaché à une œuvre autre que la
démolition de l'Université. Il a mis en
lumière les incohérences de cette admi-
nistration dont nous disons depuis cent
ans que l'Europe nous l'envie, alors que,
depuis plus de cinquante ans, l'Europe
l'a dépassée.
Il avait la part belle. Deux choses
m'ont frappé dans les paroles de mon
ami Bonvalot, en dehors de la chaleur
communicative qu'il met à tout ce qu'il
fait et qui doit.lui assurer le succès.
Il y a d'abord l'effroyable statistique
de la dernière campagne de Madagascar.
Nous avons perdu le tiers des hommes
que nous avons envoyés là-bas. L'expé-
dition, qui a duré dix mois, a été, toutes
proportions gardées, aussi meurtrière
que la campagne du Mexique, qui a duré
cinq ans. Les sapeurs du génie ont perdu
66 0/0 de leur effectif. Le batail-
lon de ehasseurs à pied a perdu 63 hom-
mes sur 100. Enfin, le fameux 200g de li-
gne, qu'on avait formé avec tant de soin
et qui n'avait jamais combattu, n'était
plus représenté à Tananarive que par
163 homme.
Nous voilà bien loin de la fameuse
expédition contre les Achantjs, où les
Anglais ne perdirent que 65 hommes
sur 4,000..
Moralité Il nous faudrait une armée
coloniale dans le genre de l'armée an-
glaise. ;Nous. allons voir. si. le fameux
Cavaignac, qui tient déjà la clef de l'af-
faire Dreyfus, aurait, par surcroît, dans
son trousseau celle de l'armée coloniale.
La seconde chose qui m'a frappé, c'est
l'évocation du Touring-Club comme un
modèle de résultats prompts obtenus par
des efforts intelligemment combinés. Il
a suffi que les cyclistes se groupassent
pour faire marcher l'administration et
même les particuliers.
L'exemple est bien choisi, et la compa-
raison est ingénieuse. Il n'est pas inter-
dit, d'ailleurs, de penser que les Français
finiront par prendre un peu des mœurs
des cyclistes et comprendront les avan-
tages de la fédération, non pas cette fé-
dération idiote qui a consisté à remuer
de la terre pour gigoter dessus, mais de
cette fédération qui commence déjà à
poindre avec les syndicats agricoles et
qui consiste à mettre ensemble les gens
qui pensent de même pour qu'il agissent
de même.
Là est l'avenir. Là est la France de
demain;
LA JOURNÉE
HIER
A l'Intérieur Distribution, sous la
présidence de M. Léon Bourgeois, des ré-
compenses aux exposants de la Société
des artistes français. A Vlnstitut
Jugement du concours pour le prix de
Ronze (composition musicale). Au Pa-
lais Dernier tour de scrutin pour le
renouvellement du conseils de l'ordre
des avocats. Cyclisme Départ des
concurrents pour la grande course an-
nuelle de heures dite du « Bol d'or
Bourse ferme.
A l'Extérieur Il résulte des détails
télégraphiés sur la bataillede Santiago
què les Américains ne se sont rendus
maîtres des ouvrages avancés des Espa--
gnols qu'au prix de grands sacrifices
d'hommes. Ils avouent un millier de tués
ou blessés.
AUJOURD'HUI
Inauguration du monument de Maria
Deraisme au square des Epinettes.
Célébration du centenaire de Chateau-
briand. Fête annuelle des félibres, à
Sceaux, sous la présidence de M. André
l'heuriet. Concours de bébés la
mairie de Levallois. Clôture de la
première exposition interna tiona le d'au-
tornobiles, czu jardin des Tuileries. Le
par V Automobile-Club à la tour. Eiffel.-
courses à Auleuil.
LE MOT ET LA CHOSE
Le succès du cabinet Brisson dans
la séance do jeudi et ses 86 voix de
majorité ont fait oublier sa déclara-
tion le lendemain, on ne s'est plus
soucié de savoir ce qu'il avait dit.
On a eu tort, car M. Brisson, qui n'a ja-
mais passé pour un monsieur extrêmement
folâtre, cultive, pourtant, avec une virtuosité
supérieure l'art de se moquer du public. On
avait reproché au projet d'impôt sur le
revenu d'être progressif. Solennellement,
sans rire, M. Brisson a annoncé que son
parti renonçait à la progression et que l'im-
pôt serait dégressif.
C'est à peine si un député s'est écrié
« Mais c'est la même ctiose » M. Brisson
ne s'est pas laissé arrêter et a continué bra-
vement.
De sorte qu'à l'heure actuelle'il doit se
trouver d'honnêtes gens pour croire que les
radicaux ont fait une énorme concession, et
parmi eux sont les modérés, qui réclament
l'honneur d'avoir conçu le nouveau projet.
Ils se plaignent d'avoir été volés.
Or l'impôt progressif aurait commencé à
zéro pour arriver à mille. L'impôt dégressif
partira dé mille pour aboutir à zéro. Où est
la différence ?
En fait, avec l'impôt sur le revenu tel que
l'a énoncé l'autre jour M. Brisson, il y aura
en haut une élite qui paiera beaucoup, en
bas la masse qui ne paiera rien, avec cette
circonstance aggravante que.la masse étant
le nombre, c'est elle qui déterminera par
ses élus la somme de l'impôt à percevoir.
Quelle perspective t
BATAILLE SANGLANTE
DOUZE HEURES DE COMBAT
DEVANT SANTIAGO
Détails de l'action --Les fautes de tac-
tique des assaillants Feu meur-
trier des batteries espagnoles
Un millier d'Améri-
cains tués ou blessés.
[On a reçu de nouveaux détailssur la ba-
taille. qui s'est livrée aux environs de San-
itiago.
D'après les dépêches du général Shafter,
commandant en chef de l'armée américaine,
la journée a été exceptionnellement san-
glante.
Malgré les pertes énormes qu'il a subies,
le général américain prétend avoir réussi à
se rapprocher de Santiago. Mais l'objectif
principal de l'envahisseur, qui était, croit-on,
d'occuper, te fort Morro, afin de permettre
l'entrée de l'amiral Sampson dans la rade,
n'a certainement pas été atteint.]
New-York, 2 juillet. Le correspondant
du Herald à Playa del Este télégraphie les
détails.suivants sur le combat d'hier
Le général Shafter a vigoureusement at-
taqué, ce matin, par trois côtes différents,
les défenses extérieures de Santiago. Tan-
dis que les généraux Lawton et Wheeler
s'avançaient sur el Caney, le général Kent
marchait sur Aguadores.
En même temps, Garcia et les Cubains
s'approchaient d'el Caney par le sud-est, et
une autre division de l'armée américaine,
venant de l'est, se dirigeait sur Santiago.
Les troupes formaient plusieurs lignes soli-
des, depuis la côte jusqu'aux ouvrages sep-
tentrionaux de la défenso.
Les flotte américaine et espagnole ont
toutes deux pris part à l'action dès le dé-
but, les navires de l'amiral Sampson diri-
geant leurs feux sur les batteries nouvelle-
ment construites à Aguadores, et l'escadre
de l'amiral Cervera tirant sur les lignes
américaines et cubaines.
Le général Shafter, qui s'était porté sur
le front de la bataille, à'la tête des troupes,
avait engagé l'affaire par deux batteries
d'artillerie légère, qui ouvrirent le feu sur
el Caney.
Le-général Wheeler, avec de la cavalerie,
et les Cubains sous les ordres de Garcia se
joignirent rapidement au général Lawton
dans sa marche sur el Caney. Les Espa-
gnols défendirent les positions avec achar-
nement, mais les forces américaines, est cu-
baines, conquérant le terrain pied à pied,
réussirent bientôt à s'emparer des-ouvra-
ges avancés et à rejeter leurs adversaires
dans la ville.
̃ A la même heure, le général Kent, com-
mandant les forces du centre, se mit on
route pour Aguadores. C'est là qu'eut lieu
le plus fort du combat.
Pendant la première partie de la journée;
une lutte acharnée se déroula autour d'A-
guadores, où le général Linares comman-
dait en personne.
Les Espagnols répondaient par un feu
furieux aux Américains; la flotte améri-
caine lançait une pluie de feu sur les lignes
espagnoles..
L'amiral Sampson envoya trois de ses na-
vires attaquer les batteries récemment éle-
vées au sud du fort Morro. Celles-ci furent
réduites à l'état de ruinés.
Les Espagnols, tant ceux se trouvant à
Aguadores que ceux d'el Caney, durent
reculer sur Santiago.
Au cours de la bataille, qui a duré jusqu'à
la nuit, une compagnie américaine tout
entière a été détruite par les obus espagnols.
Actuellement, l'armée américaine forme
une ligne ininterrompue du sud-est au nord
de Santiago.
Ce n'est qu'aux portes de la ville que l'ar-
mée américaine s'est arrêtée.
Le résultat de la journée est entièrement
conforme aux prévisions du général Shaf-
ter.
Combat d'artillerie.
New-York, 2 juillet.-Un télégramme de
Santiago, 1er juillet, au World dit que le
premier combat d'artillerie de campagne
vient de se terminer, après avoir réduit au
silence les batterie espagnoles. On a com-
mis uap erreur en massant l'infanterie der-
rière'les batteries américaines c'est à cette
erreur qu'il faut attribuer le grand nombre
de morts et de blessés du côté des Améri-
cains.
Les forts et les tranchées espagnoles
avaient-riposté immédiatement au feu ou-
vert, à sept heures du matin, par la batterie
Capron. A sept heures un quart, la batterie
Grims ouvrit le feu à la droite du blockhaus
de San Juan. Les Américains se servaient
de poudre ordinaire, de sorte que la fumée
permit aux batteries de campagne espa-
gnoles de régler leur tir. On croit que ces
batteries de campagne étaientserviespardes
marins de l'amiral Cervera. s-
Les Espagnols employaient la poudre
sans fumée.
La batterie Grims avait de la difficulté à
connaître la position exacte des canons
ennemis, mais elle connaissait en général'
cette position d'une manière approximative,
et les Américains tiraient sans relâche. Peu
à peu, le feu des Espagnols se ralentit, puis
cessa.
Cinq Cubains sur les cent qui appuyaient
la, batterie Grims furent tues, ainsi que
deux canonniers. La cavalerie réguliôrë,uui
avait aussi pris part au combat, a eu plu-
sieurs blessés..
Deux dépêches officielles.
.Washington, 2 juillet -Le ministère de
la guerre a reçu, hier soir, du général Shaf-
ter la dépêche suivante, datée de Sû)oney
Nous avons eu un engagement très sérieux,
qui à duré de huit heures du matin au côucher
du soleil. Nous avons emporté les ouvrages
avancés, qui sont maintenant en notre posses-
sion. Entre nos lignes et la ville s'étend un
espace découvert de trois quarts de mille. De-
main matin, nos troupes seront retranchêes.et
nos forces seront considérablement augmen-
tées par celles de la division Lawton et de la
brigade Bates, qui se mettront en ligne cette
nuit devant Santiago. Ces troupes ont été enga-
gées autour d'el Caney, qu'elles ont occupe à
quatre heures de l'après-midi.
Je regrette d'avoir à dire que nous avons
plus de 400 hommes hors de combat. Lechillïe
des morts n'est pas élevé.
MADRID, 2 juillet. Une dépêche du gou-
verneur de Santiago en date du 1er juillet
donne les nouvelles suivantes
Hier, l'ennemi a fait avancer ses forcés jus-
qu'à une lieue de la place. J'attends l'attaque
pour aujourd'hui, car,en ce moment,», canon-
nade commence contre el Caney, où j'ai le gé-
néral Vara avec plusieurs compagnies.
En même temps, l'escadre approche, battant
pavillon de combat, sans doute pour proté-
ger les mouvements des troupes américaines,
sur Aguadores.
Hier, un ballon a été lâché pour reconnaître
nos positions.
Les renforts ne sont pas arrivés, et je suis
sans nouvelles de la colonne Escario, partie de
Manzanillo il y a neuf jours.
Les blessés américains.
WASHINGTON, 2 juillet. Le département
de la guerre a reçu, ce matin, à quatre heu-
res, la dépêché suivante du général Shaf-
ter
Je crains bien de ne pas avoir donné an
-chiffre suffisamment élevé comme étant celui
des pertes américaines.
Il faudrait envoyer ici un vaste vaisseau-hô-
pital parfaitement équipé.
,¡ Le chirurgien militaire en chef dit qu'il a du
travail pour quàrante médecins de plus. Le
vaisseau-hôpital devrait amener une chaloupe
et. dos embarcations pour transporter les bles-
ses.
«*On assure qu'une cinquantaine de chirur-
giens avec le matériel convenable seront
expédiés immédiatement.
Le médecin en chef de l'armée est celui-
!de la marine ont eu aujourd'hui une confé-
rence efont travaillé activement à préparer
les secours médicaux réclamés par le gé-
inéral Shafter..
On emploiera le navire-hôpital Salash,
qui se trouve.actuellement. dans le voisi-
nage de Santiago. Déjà le navire-hôpital Re-
,lief sst parti, ce matin, de New-York pour
Santiago. Ce navire est admirablement amé-
nagé pour le traitement de cinq cents mala-
Le secrétaire de la guerre a donné au gé-'
néral Shafter l'ordre de réquisitionner au-
tant de transports qu'il voudra pour servir
de vaisseaux-hôpitaux.
On a beaucoup remarqué, ce matin, à
Washington l'expression d'anxiété qui ré-
gnait sur les visages des chefs militaires.
Nouveaux détails.
WASHINGTON, 2 juillet. Une autre dé-'
pêche du général Shafter explique pourquoi
les pertes des Américains sont aussi im-
portantes.
La brousse; qui est très dense en cet en-
droit, empêche les évaluations exactes.
On n'a rien reçu aujourd'hui jusqu'à midi
sur la reprise de l'assaut.
Toutes les troupes de réserve de l'armée
américaine ont reçu l'ordre de se rendre sur
la ligne de combat pour la reprise de la ba-
taille-ce matin.
Les fortifications espagnoles étaient. très
fortes les obus lancés par les navires es-
pagnols ont fait, croit-on, de grands rava-
ges dans les rangs américains. Pendant une
suspension de combat, les soldats du
d'infanterie, qui avait été très éprouvé, ont
entonné un chant patriotique, auquel se
sont unis même les blessés.
Quand ils arrivèrent aux épàulémcnts,
les Américains se heurtèrent aux réseaux
de fil. de'fer barbelé, disposés de façon
protéger les Espagnols sur une hauteur de
huit pieds:
Arrivée dés renforts?
New-York, 2. juillet.' Une dépêche à
YEvening WorUfdalèe de Playa del Este,
2 juillet. Calixto Garcia, apprend que
le général Pando ..et six.mille'hommes de
renforts sont entrés dans Santiago..
[En ce qui ces renforts, la dépêche
ci-dessus peut être exacte; mais il est bonde
remarquer qu'une dépêche espagnole a annoncé
que le général Pando était à la Havane- et qu'il
devait y rester.]
L'affaire de Manzanillo.
Madiûd, 2 juillet. Le gouvernement a
reçu la dépêche suivante, en date d'hier:
« Dans la soirée, trois navires américains
se sont présentés devant Manzanillo. La
garnison et les canonnières se préparent à
la résistance.
u »Dans le combat d'hier devant ce port,
nous avons eu deux morts, un blessé griè7
vement et deux légèrement.
Le commandant de la canonnière Del-
gado-Parejo a- été contusionné. Dans la
ville, il y a eu cinq blessés, dont trois ci-
vils.
Trois navires ennemis ont canonné, en
facé de Tunas, la côte de Tayabacoa, dans
le but probable de débarquer des armes. »
Aux Philippines.
Madrid, 2 juillet. Le gouvernement re-
çoit la dépêche suivante du général Au-
gusti juin,
La situation continue h être dangcreuse; et
elle est semblable à celle que je vous annonçai
par mon télégramme du lu juin.
Quinze navires, allemands, français,japonais
et anglais, mouillent dans la baie, et, par leur
moyen, on est fréquemment en communica-
tion avec Hong-Kong- pour télégraphier.
Le général Monet, après avoir livré plusieurs
combats, est arrivé avec mille hommes àMaca-
bère.où il s'est fortifié.
Si l'ennemi poussait jusqu'à la capitale, j'ai
donné l'ordro il Monet de forcer le passage
pour venir mon aide, quoique je considère
cette opération comme difficile.
EN ESPAGNE
L'impression à Ma drid Appel sous
les drapeaux Attaques contre
le gouvernement
Matoud 2 juillet. De notre corres-
pondant particulier. Les renforts at-
tendus à Santiago n'étant pas encore arri-
vés, les troupes espagnoles engagées. dans
la bataille d hier ne dépassaient pas huit
mille hommes.
Le retard des renforts préoccupe vive-
ment ici. Il est certain que, s'ils avaient pu
arriver à temps, l'armée américaine aurait
difficilement réussi à s'emparer des ouvra-
ges avancés qui défendent l'accès de San-
tiago.
Un s'étonne beaucoup de l'inaction de
l'escadre de l'amiral Cervera, immobilisée
dans la baie de Santiago, mais l'on ignore
que c'est le maréchal Blanco, commandant
suprême à Cuba, qui en a décidé ainsi. Il
'télégraphie en termes laconiques, répon-
dant sans doute à une question du gouver-
nement, que l'escadre reste mouillée dans
ce port parce qu'il convient qu'elle y
reste, et qu'elle sortira quand le moment
opportun sera venu.
Une dépêche du gouverneur de Porto-
Rico annonce qu'on a- réussi à débarquer
presque toute la cargaison du paquebot
Antonio-Lopez, laquelle se compose de
canons, de fusils et de 2,000 tonnes de mu-
nitions.
Les trois destroyers qui ont accompagné
l'escadre de l'amiral Càmara jusqu'à Port-
Saïd vont retournerdnnsla péninsule.L'ami-
ral télégraphie qu'il ne veut pas exposer ces
petits bâtiments aux typhons qui régnent, à
cette époque de l'année, dans la mer de
Chine; il estime que le concours de ces
contre-torpilleurs ne lui est pas indispen-
sable et que les unités dont il dispose lui
suffiront pour livrer combat aux navires
américains.
La mobilisation.
MADRID, 2 juillet. La Gazette publie
un ordre royal appelant 26,000 hommes sous
les drapeaux.
Les droits de guerre.
MADNID, 2 juillet. –Les droits de guerre
qui ont été établis sont compris dans le
budget adopté par les Chambres.
Ces droits de guerre, qui sont applicables
à partir du 1er juillet, sont de 0/0 cal-
culés sur la valeur approximative des mar-
chandises exportées à l'étranger.
La surtaxe de 2 1/2 0/0 sur les marchan-
dises exportées à l'étranger ne comprend
pas le liège ni les vieux chiffons.
Les plombs argentifères paieront aussi
2 1/2 0/0 et 5 0/0 quand ils seront destinés
aux pays qui ont établi un droit d'iniporta-
tion sur ces articles.
Les droits d'exportation compris dans cet
article ne seront pas perçus quand le change
1 d'Espagne sur l'étranger sera au-dessus de
M. Romero Robledo.
Madrid, 2 juillet. A l'issue du banquet
qui lui a été offert. hier soir, M. Romero
Robledo a prononcé un violent discours
contre le gouvefnement, qu'il a accusé
de. demeurer inactif, sans idée directrice,
abannofnant tout aux généraux et aux ami-
raux.
II a insisté sur ce fait que, le moment
venu, la paix doit être traitée directement
avec l'ennemi..
.Selon M. Robledo, les institutions se-
raient en danger, mais, a-t-il ajouté, « Jana
tion reste, et, accomplissant notre devoir
d'Espagnols, nous devons défendre la pa-#
trie. »
4 heures du matin
TROP DE HATE
L'attaque de Santiago Opinion des
cercles militaires anglaise
Sacrifices inutiles.
LONDRES, 2 juillet. De notre corres-
ondant particulier. La lutte engagée
a Santiago depuis hier matin absorbe toute
l'attention du public anglais, qui croit y
voir le commencement do la fin de cette
guerre.
Dans les cercles militaires de Londres, on
se montre très surpris que le général Shaf-
ter ait engagé une action définitive sans at-
tendre l'arrivée des renforts considérables
en hommes et en canons qui sont actuelle-
ment en route et qui, semble-t-il, lui au-
raient beaucoup facilité la prise do San-
tiago.
Un se demande quel motif a pu décider le
général américain à risquer une aussi forte
partie contre un ennemi nombreux et
aguerri, protégé par des fortifications très
solides et armé d excellents canons.
Le motif semble aveir été d'enlever la
place avant que les renforts que le général
Pando conduit- à Santiago aient eu le temps
d'arriver.
Quelques-uns pensent aussi que les'Amé-
ricains, qui 'en sont encore complètement à
l'ardeur du début, ont voulu célébrer à San-
.tiagomêrrie la fête de l'indépendance des
Etats-Unis, dont l'anniversaire est le 4 juil-
let..̃ •̃ • .'̃̃̃̃
Le motif est bien américain. Mais, comme
ôn.le fait observer, ce n'est pas là la guerre.
Il est, en tout cas, probable que cette pen-
sée, si elle a Mté attaque, coûtera à l'ar-
mée américaine un grand nombre d'exis-
tences précieuses qui ne célébreront pas du
tout lia fête nationale.
L'impression générale est que les géné-
raux américains n'ont pas'agi avec une
grande prudence et qu'ils ont estimé leurs
adversaires beaucoup au-dessous de leur
valeur et de leur force.
Il- est hors °de doute que la lutte achar-
née commencée hier va se poursuivre sans
interruption et se terminera par la prise de
Santiago; mais l'occupation de cette place
aura certainement coûté beaucoup plus
d'efforts et de sacrifices que si l'attaque
avait été conduite plus scientifiquement et
avec moins de hâte.
5 heures du matin
NOUVELLES DE MADRID
Le combat de Santiago Echec des
Américains.
Madrid, 3 juillet. On n'a pas encore
reçu de télégramme, officiel au sujet du
combat devant Santiago, mais des dépêches
de source particulière affirment que les
Américains ont subi un véritable échec.
Les Espagnols en ont fait un grand nombre
de prisonniers.
Les ministres gardent une grande réserve
sur les délibérations qui ont été prises au-
jourd'hui au conseil..
Lire à la deuxième page
LES JOURNAUX DE CE MATIN
LES CONS EILLERS-DÉPUTÉS
Démission, de M. Astier Exemple
à suivre..
Quinze conseillers municipaux de Paris
sont députés depuis deux mois.et ils ne
pensent pas encore à donner leur démis-
sion. Depuis qu'ils sont députés, ils s'aper-
çoivent que leur présence est indispensable
à l'hôtel de ville et que, s'ils quittaient le
conseil, rien ne marcherait plus.
De fait, ils ne sont nulle part, ni à l'hôtel
de.ville ni au palais Bourbon. Ils pensent
conserver ainsi les deux mandats jusqu'en
novembre.
Dans la.dernière réunion du comité du
budget, M. Grébauval leur a donné une
bonne leçon, qu'ils ne semblent pas avoir
suffisamment comprise.
« Quinzè conseillers ont été"élus députés,
a-t-il dit: le conseil n'est plus au complet.
Attendons les nouvelles élections pour ré-
gler une question qui intéresse les finances
municipales. »
On ne fera plus rien à l'hôtel de ville jus-
qu'à ce que les députés soient remplacés.
La dernière séance de la session aura lieu
vendredi.C'est ce jour-là qu'ils doivent don-
ner leur démission. Ne pas le faire serait un
véritable scandale, puisqu'on ne peut rem-
plir les deux mandats. M.; Astier, conseiller
du quartier de Chaillot, a résolu de donner
sa démission mercredi, afin que le conseil
puisse le remplacer tout de suite à la vice-
présidence et que les électeurs puissent lui
donner un successeur avant la rentrée du
conseil.
Mais il est le seul qui, jusqu'ici, ait pris
cette décision. Les autres se montrent ré-
calcitrants.
Si encore ils réglaient la question de l'oc-
troi>
CONSEIL DE CABINET
A l'exception de M. Léon Bourgeois, qui
présidait la distribution des récompenses
aux artistes des deux Salons, les ministres
se sont réunis, hier matin, au ministère de
l'intérieur,'sous la présidence de M. Bris-
son; en un conseil de cabinet, auquel assis-
taient MM. Vallé et llSougeot, sous-secré-
taires d'Etat, bien que leurs nominations
n'aient pas encore été publiées par l'Offi-
ciel.
Après s'être occupé de l'interpellation
prochaine sur l'affaire Dreyfus, le conseil a
entendu M. Peytral, qui a exposé les con-
ditions dans lesquelles se présentait le bud-
get de 1899.
Le ministre des finances a prié ses collè-
gues de limiter les propositions de dépen-
se's de leurs départements respectifs de ma-
nière que, dans leur ensemble, elles ne dé-
passent pas les prévisions de recettes.
AVANCE AU GOUVERNEMENT OTTOMAN
Constantiijople, 2 juillet. La Banque
ottomane a fait, hier, une avance de 300,000
livres au gouvernement pour l'arriéré de
l'indemnité de guerre russe, moyennant la
garantie de la Dette publique.
M.LOCKROY& LA MARINE
LE PROGRAMME DU NOUVEAU
MINISTRE
Nos dépôts de charbon Torpilleurs
et « destroyers » Les leçons
de la guerre hispano-
américaine.
M. Lockroy, ministre de la marine, dont
on se rappelle les critiques violentes à l'a-
dresse de notre flotte formulées à diverses
reprises à la tribune de la Chambre, a bien:
voulu nous donner, hier, un aperçu des té-;
formes qu'il compté faire au ministère où il
a été,appelé.. ̃
« -Mes efforts porteront principalement
sur trois points
» Création, sur toutes les routes du globe
Susceptibles d'être parcourues par nos na-
vires de guerre, de stations ou dépôts très-
fortement fortifiés où la flotte trouver, en
cas de danger, un abri sûr et où elle pourra
se réapprovisionner eh charbon. Les sta-
tions que nous possédons sont très dhsuffl-'
santes, et, étant donné le faible ravon d'ac-'
tion de nos bâtiments, dû l'énorme con-
sommation des machines actuelles et a l'in-
suffisante capacité des soutes, il nous serait
impossible, en cas de guerre, de défendre
nos colonies ou de porter l'attaque en un
point quelconque du glôbe où nous pour-
rions frapper l'ennemi.
La vitesse.
Extension de la défense mobile. Les
forts ne suffisent pas pour défendre une
cfité ou un port. Il faut des garde-côtes et
des torpilleurs, sans parler des torpilles au-
tomobiles. Nous avons un grand nombre de
torpilleurs, nous sommes même la nation
du monde qui en possède le plus.-Mais leur
vitesse, jadis suffisante, ne l'est plus depuis
que les Anglais se sont mis à construire'
des contre-torpilleurs de trente et trente-
deux nœuds. Ce type de. contre-torpilleur
rapide, le destroyer, nous ne le possédons
pas, l'administration de la marine, pour des
raisons diverses, n'ayant pas jugé à propos
de suivre l'Angleterre dans ce genre decon-
struction. Il faut que nous le possédions,
» Création'de grands' croiseurs cuiràssés;
rapides, type vitesse
est aujourd'hui, à mon avis, le principal
élément de succès dans un combat. Or-il
n'est pas possible de doter nos grands cui-
rasses" actuels, en raison xlé l'énorme poids
de leur cuirasse, d'une vitesse suffisante. Il
faut donc construire dés unités susceptibles,
d'être dotées de'la vitesse nécessaire dés
croiseurs cuirassées,
» L'amiral Fournier' a soutenu que
toute notre flotte'actuelle peut être avanta-
geusement remplacée par, une centaine de'
croiseurs rapides' faiblement' '^tarasses.
Recevant les projectiles ennemis sous une
faible incidence, grâce à leur vitesse, qui
leur permettraitde choisir et de modifiera à
tout instant leur position de combat, ils
pourraient tenir tête aux cuirassés. Parta-
gez-vous cette opinion ?
» Pas tout à fait. Une flotte ne peut
pas se composer uniquement de croiseurs.
A côté dé ce genre de navires, il faut d'au-
tres unités. »
Cette restriction indiquerait que notre
nouveau ministre de la marine, tout en
donnant la préférence aux croiseurs, n'a-
bandonnerait pas tout à fait les cuirassés.
Il n'a, d'ailleurs, pas voulu être plus expli-
cite sur ce point.
« Et les cuirassés en cours de cons-
truction ?
» Ils seront achevés tels que leurs
plans ont été conçus. Car il n'est pas pos-
sible de modifier les parties essentielles
d'un navire, telles qué la coque, le cuiras-
sement, en cours de construction.
» Enfin, mon attention se portera sur la
réfection et la mise en état de combattre de
tous les navires composant notre flotte ac-
tuelle, dont beaucoup sont, comme je l'ai
dit maintes fois la Chambre, dans un état
déplorable, incapables de prendre la mer si
l'ordre leur en était donné, incapables de
soutenir un combat.
»̃ Tout cela peut être fait grâce au gros
crédit de 260 millions voté, a ma demande,
par le Parlement. Et il n'en coûtera rien
aux contribuables, l'argent devant être
fourni par la démolition des fortifications^
inutiles et la revente des terrains, non seu-
lement les fortifications de Paris/mais aussi
celles des villes de province où, conçues
dans l'ancien système, elles ne servent plus,
à rien. »
M. Lockroy termine ainsi
« La guerre hispano-américaine porte
déjà des enseignements dont il nous faut
profiter.
» Le succès de l'amiral Dewey aux Phi-
lippines a été dû surtout à la rapidité de
son action, et cette rapidité n'a été obtenue
que grâce à la vitesse des navires qu'il
commandait. D'autre part, l'amiral espagnol
Cervera n'a pu conduire sa flotte à Santiago
de Cuba, en passant, pour ainsi dire, sous
le nez des bâtiments américains, que parce
que ses navires étaient doués d'une vitesse
supérieure. Il faut donc que les navires
possèdent une vitesse supérieure.
La question du charbon.
» Vous pouvez constater d'autre part quelles
difficultés éprouvent les flottes ennemies;
tant la flotte espagnole que la flotte améri-
caine, pour s'approvisionner de charbon. Si
l'on dit, d'une façon générale, que l'argent
est le nerf de la guerre, on peut affirmer
que le charbon est, lui, le nerf de la guerre
navale.Il est donc indispensable que chaque
puissance possède, sur la route qui conduit
à ses colonies, de nombreux dépôts de char-
bon, fortement protégés. Il ne paraît pas
qu'en France nous nous soyons suffisam-
ment préoccupés, jusqu'ici, de cette impor-
tante question. Nous Sommes à peu près
dépourvus de dépôts de charbon, et nos na-
vires, en cas de guerre, risqueraient fort,
s'ils avaient à entreprendre une course loin-
taine pour défendre nos colonies menacées,
de se trouver immobilisés au bout de quel-
ques jours de marche.
» Créons donc des dépôts de charbon et
construisons des torpilleurs. »
M. EN ÉGYPTE
Le symbole des Pyramides-Appré.
ciations esthétiques M. Brisson
au harem A l'ombre des
sycomores Histoire
d'une piastre.
Tout comme Napoléon 1er, M. Henri Bris-
son visita, au début de sa carrière, les rives
du Nil et contempla les Pyramides. Nous
avons pu nous en convaincre par quelques
pages écrites en 1852 par le futur président
du conseil des ministres.
« J'ai les Pyramides devant mes fenêtres,
et je vois, chaque soir, le soleil se coucher
entre Chéops et Chéphren. »
C'était là un beau spectacle, on en con-
viendra. Il valait bien celui qu'offre la pai-
sible rue de Mazagran.
M. Henri Brisson se laissa donc aller à la
contemplation, et voici que, toute coup, des
pensées politiques lui vinrent. Feu Hervé
aurait dit :« Déjà
Les Pyramides, à son sens, sont le mons-
trueux symbole de la suppression de la
pensée, de l'élimination de l'intelligence
« Elles.sont accroupies sur le ventre de
l'Egypte comme le despotisme sur le cer-
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