Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1888-12-01
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 décembre 1888 01 décembre 1888
Description : 1888/12/01 (Numéro 1744). 1888/12/01 (Numéro 1744).
Description : Note : 2ème édition. Note : 2ème édition.
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/04/2008
Cinquième année. Ne
CENTIMES
? Samedi
25, BTO3 »'AR6ENTBCIL I™ O 1 1 I & Fî O DE LA NUIT 25. KTJE
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RECEVANT PAR FILS ET SERVICES SPÉCIAUX LES DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE ENTIER
ÇH1QN1QUEPARIS1ENNE
Ecoutez-les. C'est fini. Après dix-huit ans,
c'est une affaire réglée. A des signes certains on
reconnaît que l'heure est. venue. Les dossiers,
cueillis au hasard de la fourchette, rappellent
Teste, Desplans-Cabières et Pellaprat. Les évé-
nements qui ont entraîné la chute de Louis-
Philippe se reproduisent sous 'la même forme.
L'incendie deChatelleraulf rappelle l'incendie du
Mourillon M. Floquet n'est qu'une pâle copie
de Guizot; la nouvelle génération aspire à pren-
dre le commandement.
Eh bien qu'elle le prenne. Les urnes vont
bientôt s'ouvrir,; le pays n'a qu'à nommer des
délégués nouveaux et tout battant neufs, à la
place de ceux qui ont cessé de plaire.
vieux ont été médiocres, tandis que les minis-
tres pris jeunes ont été l'honneur des monar-
chies européennes et des républiques où ils dlri-
gèrent les affaires. Le monde retentissait encore
de la lutte de Pitt et de Napoléon, deux hom-
mes qui conduisirent la politique à l'âge où les
Henri de Navarre, les Richelieu, les Mazarin,
les Cojbert, les Louvois, les d'Orange, les Guise,
les la Rovère, les Machiavel, enfin tous les
grands hommes, partis d'en bas ou nés aux en-
virons des trônes, commencèrent à gouverner
des Etats. La Convention, modèle d'énergie, fut
composée en grande partie de têtes jeunes,
et on h« doit pas oublier qu'elle sut opposer
quatorze armées à l'Europe. »
Si une République n'avait que dix-huit ans il
vivre, comme une monarchie, elle ne vaudrait
pas ce qu'elle coûte. Mais la République n'est
que.la boîte, vous pouvez la remplir comme
vous voulez. A quoi bon remuer des pavés ?
pourquoi prendre le fusil? Vous avez le bulletin
aejyietc, et il n'y a plus besoin de balles pour
mettre un homme sur le carreau. 1
Le prince qui monterait sur le trône demain
aurait, du reste, la besogne facile. Il trouverait
le pays armé, tout prêt pour la défense; une ar-
tillerie de premier ordre, un fusil nouveau aux
effets terribles, une armée exercée, des forte-
resses, un million d'hommes prêts à marcher.
Eh bien malgré tout, il n'en aurait pas pour
longtemps. Ceux-là même qui crient contre la
République seraient des premiers à la regretter.
Une république pacifique, dix-huit ans sans que
l'émeute ait ensanglanté le pavé, une liberté
sans précédents, et des ministres, trop fréquem-
ment renouvelées sans driute, mais qui tous ont
.poursuivi la grande œuvre de la défense natio-
nale, ce sont là.des souvenirs qui ne s'effaceront
pas.
La Patati 1. Encore un fantôme de l'Empire.
Mais il n'est pas trop tard pour parler encor
d'elle! Depuis qu'elle a chanté, deux jours se
sont passés, et, dans ce pays-ci, ces deux jours,
je lésais, fontencor du succès une fraîche nou-
velle.
En 1862, Adelina Patti dînait chez Villemes-
sant, 11, rue de la Paix, avec M. Patti père, Mau-
rice Strakosch et Mlle .Tagliafico. J'étais de la
fête, qui se renouvela plusieurs fois chez la Patti
même, rue Neuve-des-Capuciues. L'adorable fille
que c'était! vive, remuante, rieuse, elle avait
une poignée de main de bon enfant, de bon ca-
marade, d'amie sans phrase.
A cette époque, et pour me rendre agréable
en société, j'avalais volontiers du papier enflam-
mé. C'était chez moi un talent naturel et qui m'a
souvent servi quand la conversation venait à
languir.
La jeune Patti ouvrait do, grands yeux, plus
grands encore que d'habitude, et battait des
mains en disant avec effroi « Diavol'o I »
Le soir, c'était la Cenerentola, la Gazzà
ladra, Lucia di Lammermoor, Rosina, la
Tout Paris l'adorait, et l'hiver avait pour elle
autant de fleurs que le printemps.
La saison finie, Adelina Patti allait quelque-
fois déjeuner au Pré Catelan avec Mlle Ta-
gliafico. Elle était là comme Marie-Antoinette
au petit Trianon.
Et sur quel Paris elle régnait 1 Quelle inten-
sité de vie Quel mouvement f Quelle fête
•Oh 1 ce Paris Si l'Exposition de 89 allait nous
le rendre, ce serait le triomphe définitif de la
République.
Plus près que ce Tout-Paris, il y avait un
groupe d'adorateurs familiers. Adelina Patti
était la Laure idéale de plusieurs Pétrarques,
la Fornarina intangeable de plusieurs Raphaëls.
Mais n'étant ni marquis, ni ténor, il fallait ado-
rer et se taire. sans murmurer 1
La fatale nouvelle se répandit un soir. Comme
le cri Mirabeau est mort .qui frappa les Pa-
risiens de stupeur, cet autre cri la Patti se
marie! sonna comme un glas dans tous les
cœurs.
Je revis la diva à Londres. Elle passait en lan-
dau avec le marquis, son époux, devant Saint-
James hôtel. La voiture s'arrêta, le marquis
m'apprit que tous deux partaient le lendemain
pour Saint-Pétersbourg.
Depuis cette époque, je n'eus des nouvelles de
la marquise que par les journaux, qui eurent à
enregistrer ses succès et son divorce.
Mercredi, la diva a reparu. Toujours belle,
comme dit le chœur. La diva a quarante-cinq
ans, elle en paraît vingt. C'est la vraie Juliette,
pleine de grâce et de candeur. Elle porte ses
beaux cheveux noirs comme une couronne. Elle
dit, elle chante, elle phrase de façon à ce qu'à
onze heures il n'y a que des Roméo dans la
salle.
Un aimable clubiste, qui fut abonné du théâ-
tre Italien, a glissé ces mots dans un bouquet
Vous étiez loin de nous et longtemps mon oreille,
Adeline, a pâti.
Vous revenez enfin, et mon cœur se réveille.
Adelina Patti 1
En lisant la Snirée parisienne d'Un Mon-
sieur de l'Orchestre, j'ai vu avec plaisir que M.
Emile Blavet a remarqué dans la salle, au ha-
sard de la plume, Mme Emile Blavet et Mlle
Emile Blavet.
C'est d'un bon époux et d'un bon père.
J'ai reçu le premier numéro d'un journal qui
promet la collaboration de toutes les sommités
Seulement, dans ce premier numéro, l'article
principal est signé intérim.
Les faits divers ont raconté qu'un dentiste de
la rue Saint-Jacques, assez mal dans ses affai-
res, avait reçu la visite d'un riche proprié-
taire de Choisy-le-Roi, qui souffrait d'une dent.
Le dentiste déclara que l'extraction était in-
dispensable. L'opération devant, à son avis, être
très douloureuse, il obtint du client la permission
de l'endormir.
Quant celui-ci se réveilla, il avait encore sa
dent malade; l'opérateur, par une erreur singu-
lière, lui avait seulement extirpé son porte-
feuille, contenant cinq billets de mille francs.
La leçon ne devait pas être perdue.
Hier, un monsieur se présente chez un chi-
rurgien-dentiste très connu.
Tandis que le praticien prépare son chloro-
forme, le monsieur tire son porte-monnaie, qui
paraissait bien garni.
Vous paierez après, monsieur, dit le den-
tiste.
Oh! ce n'est pas pour payer, répUque le
monsieur, mais, comme vous allez m'endormir,
je veux savoir combien j'ai sur moi.
Une vieille coquette (du plus grand monde)
est en train de minauder au com de la che-
minée.
Deux ofûeiers de chasseurs, quise trouvent en
visite chez elle, se regardent avec inquiétude.
Oui, messieurs, dit la pomme cuite, quoique
je ne sois plus jeune, je reçois encore pas mal
de déclarations.
Tant mieux, s'écrie un des officiers, ce que
vous me dites ranime mes espérances.
Lesquelles? demande langoureusement
l'amoureuse sur le retour.
L'officier, avec force.
Nous reprendrons l'Alsace et la Lorraine 1
Comment cela?
Parce qu'il y a, encore de vrais braves
t baron de X. est un grand et fort gaillard
de vingt-neuf â trente ans, qui n'avait jamais
touché un fleuret.
Ayant vu plusieurs duels dans son entourage,
il pensa qu'il serait bon de se mettre à même de
défendre sa peau à l'occasion.
Il flt vénir un célèbre professeur d'épée et prit
sa leçon.
Au bout de dix minutes, le baron essoufflé se
laissa tomber sur une chaise.
Oufl s'écria-t-il, je n'en puis plus. Combien
de leçons d'épée faudra-t-il prendre?
Ma foi monsieur, dans six mois, vous se-
rez a même de tenir convenablement le terrain,
et dans un an, en travaillant bien, vous serez
d'une force appréciable.
Eh bien I tant pis fit le baron en soufflant,
j'aime mieux être tué.
M. de X. qui a écrit plusieurs ouvrages
scientifiques et qui sera membre do l'Académie
en 1899, est un des bavards les plus monotones
et les plus acharnés du monde parisien.
On affirme que, au bord do la mer, il fait
bâiller les huitres.
Quand il sort d'un salon, a dit Mme de P.
c'est comme s'il y entrait un homme d'esprit 1
AUMÉLIEN SCHOLL.
LE MATIN publiera demain un article de
M. J. CORNÉLY
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res choisis dans notre Catalogue publié
dans le supnlvment du vendredi 2 no-
vembre.
Si peu bégueule qu'on puisse être, aucunes
relations ni aucune polémique n'étant décem-
ment admissibles avec le signataire d'une lettre
parue hier dans le Cridu Peuple, c'est au direc-
teur de ce journal que le directeur du Matin a
dû adresser les quelques lignes qu'on va lire.
Notre seul but, nous tenons à y insister, a été
d'établir une fois de plus ce que valent, en tou-
tes occasions, les dires de messieurs les gyllis-
tes
Monsieur Edouard Vaitlant, directeur du
Giu DU PEUPLE,
Monsieur le Directeur,
Une nouvelle lettre signée « Auguste Chirac »,
que publie le Cri du Peuple, me révèle la fois que
je suis un « financier » et que je suis un « sé--
mite ».
Aucune de ces qualifications n'est assurément
blessante et ne vaudrait à ceux auxquels elles s'ap-
pliquent les rigueurs d'aucun tribunal siégeât-il
à Marseille.
Mais comme il est toujours édifiant de montrer
le degré de véracité que méritent les informations
des « justiciers », je dois déclarer que je ne suis
ni « financier » ni « sémite ».
Je suis tout simplement journaliste depuis douze
ans et je n'ai jamais été autre chose. Catholique je
le suis depuis quelque vingt ans de plus, c'est-à-
dire depuis ma naissance.
Votre correspondant est donc aussi exactement
enseigné dans ses lettres que dans ses livres.
C'est le seul intérêt tle cette petite rectification
que je vous demande de publier, en vous adres-
sant, monsieur le directeur, mes salutations con-
fraternelles.
ALF. Edwards.
LE BLOCUS DE ZANZIBAR
(D'UN CORRESPONDANT).
ZANZIBAR, 30 novembre, Les amiraux ont dé-
claré en état de blocus, à partir du 2 décembre, tout
le littoral de Zanzibar, sauf les ports et les terri-
toires des Somalis de Benadir.
Toute importation d'armes et de munitions sera
défendue; la traite sera rigoureusement réprimée.
UNE CCMPARAISON
(PAB EBBWCE SPÉCIAL)
Tunis, 30 novembre. Le journal arabe El-Ha-
dira comparant la situation de la Tunisie à celle de
l'Egypte, fait remarquer que la France s'est distin-
guée en Tunisie par des reformes et des améliora-
tions importantes, tandis que l'Angleterre a attiré
sur l'Egypte les calamités du mahdi.
LA RÈPUBLIQUE DU MEXIQUE
(D'UN CORRESPONDANT)
Mexico. 80 novembre. Le général Porflrio
Diaz, réélu pour quatre ans» inaugurera demain,
I» décembre. sa nouvelle période présidentielle
qui finira le 30 noYOïabre
LES RELATIONS DE L'ALLEMAGNE
ET DE L'AUTRICHE
La campagne allemande contre le comte
Taaffo Le prince de Reuss demande
se retirer La polémique des
journaux Une manœu-
vre prévue du
chancelier.
(PAn service spécial)
TIENNE, 30 novembre. Le bruit circule ici que
dans ses derniers entretiens avec l'empereur et M.
de Bismarck, le prince de Reuss aurait manifesté
le désir d'être bientôt remplacé à Vienne, en raison
de certaines difficultés qu'il aurait rencontrées
dans ces derniers temps. Il s'agit du comte Taaffe
et 'de sa politique, dont l'ambassadeur d'Allemagne
3 Vienne s'est montré l'adversaire dans plusieurs
circonstances.
On dit que le chancelier ne s'est pas rendu aux
raisons du prince et qu'il insiste pour qu'il reste à
son poste. Le chancelier a émis l'opinion qu'un
changement de personnages ministériels en Autri-
che dans un temps prochain est très probable. En
attendant, le prince de Reuss revient à Vienne.
Les polémiques des journaux de Berlin au sujet
de l'Autriche ne sont pas commandées, paraît-il,
liar la chancellerie allemande, mais elles sont favo-
rablement tolérées par elle.
Il faut chercher. l'explication de cette attitude peu
bienveillante à l'égard,de Vienne,
d'abord dans les plaintes depuis longtemps réité-
rées du prince de Reuss au sujet du comte Taaffe,
puis dans un incident qui a suivi le passage de
Guillaume à Vienne.
Un incident du voyage de Guillaume II.
M. de Bismarck a reçu, en effet, de Londres, vers
la fin du mois d'octobre une copie authentique
d'une lettre personnelle adressée par le prince im-
périal d'Autriche à un haut personnage anglais. La
lettre devait sans doute se rapporter à la présence
de Guillaume iL Vienne, car, mise sous ses yeux,
elle déplut fort à ce dernier, à tel point qu'il en fit
part l'empereur d'Autriche.
Maintenant, certaines personnes bien informées
m'affirment que toutes ces polémiques, ainsi que le
mécontentement de la cour Berlin, qui en est la
cause primordiale, auront une. suite. M. de Bis-
marck userait encore d'une vieille ruse il' ferait
mine de se rapprocher de la Russie et de tout lui sa-
crifier, afin de pouvoir peser ensuite plus facile-
ment sur Vienne, si c'est nécessaire. Mais il reste à
savoir si les Autrichiens n'éventeront pas la mèche
et se laisseront aussi facilement qu'autrefois pren-
dre aux menaces du chancelier..En tout cas, il n'y
a pas lieu, jusqu'à nouvel ordre, d'attendre un dé-
rangement sérieux dans l'état des choses entre
Vienne et Berlin.
Il. y a du froissement et du mécontentement, mais
la nécessité rapproche.
La presse hongroise, et notamment le Lloyd, de
Pesth, le Nemzet et le Pesti Naplo, s'élèvent
énergiquement, de leur côté, contre le singulier
langage que se plaisent à tenir, depuis quelque
temps, certains organes de la presse berlinoise à
l'égard de la monarchie austro-hongroise, langage
qu'ils qualifient de regrettable et d'inconve nant.
Les polémiques.
(d'un CORRESPONDANT)
Vienne, 30 novembre. On s'efforce aujourd'hui
dans les cercles officieux d'expliquer le caractère
des polémiques intervenues entre les journaux al-
lemands et autrichiens; elles prennent, en effet, un
caractère quasi scandaleux et peu propre à édifier
le monde sur les sentiments de sympathie récipro-
que de l'opinion dans les deux pays.
Aussi fait-on publier aujourd'uui dans la presse
de Vienne une note disant que le gouvernement al-
lemand n'a certainement pas inspiré les articles qui
ont paru ces derniers jours dans les journaux, ce-
pendant les plus marquants, de la capitale prus-
sienne, et on prévient en même temps que toute
cette polémique n'est qu'une « gaminerie politi-
que ». (Textuel.)
11 est bon de faire remarquer toutefois, en regard
de cette affirmation de la feuille viennoise officieuse,
que les organes recevant ordinairement les com-
munications du gouvernement allemand n'ont pas
encore été autorlsés à publier une note semblable.
Quoi qu'il en soit, il n'est pas sans intérêt de rap-
peler dans quelles circonstances les polémiques
qui suscitent une assez vive émotion en ce moment
à Berlin, Vienne et Pesth ont pris naissance,
C'est la presse française qui, la première, a donné,
au commencement de ce mois, des indications sur
la tendance de plus en plus marquée de l'Allema-
gne, surtout depuis le voyage de Guillaume 11, à
prendre parti dans les affaires intérieures de l'Au-
triche, et, comme signe caractéristique de cette si-
tuation, on parlait alors des sentiments hostiles du
représentant de la première de ces puissances, le
prmce de Reuss, à l'égard du premier ministre au-
trichien Taaffe et de sa politique.
ÉTRANGE HISTOIRE
Voleurs mis en liberté Un parquet qui
écoule de faux billets de banque.
(PAR SERVICE SPÉCIAL)
Pesth, 30 novembre. Un fait curieux qui donne
une haute idée de l'administration judiciaire en
Hongrie..
On découvre à Skohlwepszenburg une bande de
fabricants de faux billets de banque qu'on arrête.
Les billets sont saisis et il n',y avait plus qu'à juger
les voleurs, lorsqu'à la grande surprise de tout le
monde, ils sont mis en liberté.
Or voici la raison dû cette étrange mesure Le
juge d'instruction de l'endroit avait envoyé au par-
quet de Pesth les billets saisis, mais par une né-
gligence incroyable, la somme assez considérable
qu'ils représentaient fut reçue et encaissée par la
caisse du tribunal comme un simple envoi d'argent
ordinaire.
Les faux billets furent môme mis en circulation,
et on s'aperçut trop tard de l'erreur commise. De
sorte que des billets faux courent dans le public
par la faute même du parquet et que, comme con-
séquence, celui-ci a été mis dans l'impossibilité de
poursu ivre les délinquants.
TRiSTE ACCIDENT
(PAR SERVICE SPÉCIAL)
Rome, 30 novembre. Une maison en construc-
tion à Bergame s'est écroulée aujourd'hui, enseve-
lissant sous ses décombres sept maçons.
Trois de ces malheureux ont été retirés vivants
et deux morts.
Les deux autres n'ont pas encore été retrouvés.'
AUX CORTÈS
(d'un correspondant)
Madrid. 30 novembre, ^r- M. Martos est élu pré-
sident de la Chambre des députés par 160 voix con-
tre 17.
Les con servateùrs n'ont pas pris part au vote.
L'ASSASSIN DE MARINO
(PAR SERVICE SPÉCIAL)
Rome, 30 novembre, La nuit dernière, l'assas-
sin de la. petite fille de ikiarino, exténué de fatigue
et de faim, traqué par la police, s'est enfin livré aux
autorités de Frascati, demandant aussitôt un mor-
ceau de pain.
Il prétend avoir été ivro lorsqu'il commit le
crime.
LE DUE! DÉROULÈQE-BEiiiACH
Les causes de la rencontre Les procès-
verbaux.
À la sulte de divers articles de la Mépublique
française, dirigés contre M. Paul Déroulède, ce
dernier, à la date du mercredi novembre, a
adressé à M. Joseph Reinach la lettre suivante
Islousieur,
Dans ses numéros des et 27 novembre, le journal
que vous dirigea répète ou reproduit, comme venant
de moi, diverses phrases que je n'ai jamais pronon-
cées.'
Il est inexact qu'à l'assemblée générale de la Ligue
des patriotes j'aie dit, comme vous me le faites dire,
que vous étiez un-petit juif qui suffisiez à me dé-
goûter dcs Israélites vous ne suffisez à rien, mon-
sieur, pas même il cela.
Voici ma phrase textuelle, telle que vous la trouve-.
rez citée dans les autres journaux « Joseph lieinach!
ce petit juif qui FINIRAIT par' me dégoûter ctes is-
raeliles! »
Ce changement de verbq et de temps, qui n'enlève
rien il mon appréciation sur votre compte, modifie du
tout au tout, vuus le sentez bien, le jugement que je
suis supposé avoir porté sur l'ensemble de vos coreli-
Il est également inexact qu'il aucune heure, dans au-
cun lieu, en aucune circonstance, j'aie jamais « rendu
Il est de plus en plus inexact enlln que j'aie jamais
parlé d'assassiner ni de faire assassiner qui que ce
soit.
Curieux de savoir si vous voudrez me forcer à recou-
rir aux lois, aux justes lois de la République, pour ob-
tenir de vous l'insertion de cette lettre dans un de vos
plus prochains numéros, je commence d'abord par vous
'adresser directement.
Je vous laisse juge, monsieur, des sentiments avec
lesquels je puis avoir l'honneur d'être votre correspon-
dant malgré lui.
Paul Djihouléde.
Après avoir pris connaissance de cette lettre, M.
Roinach a envoyé deux de ses amis, MM. Jules
Roche et Mention, pour demander réparation à M.
Dérouléde.
Ce dernier a constitué pour témoins MM. La-
guerre et Laporte.
Les quatre témoins, iL leur pl'emière entrevue, ré-
digèrent d'un commun accord le procès-verbal sui-
vant
M. Joseph Reinach. directeur de la République fran-
aise, jugeant que les termes d'une lettre par laquelle
M. Paul Dérouliide lui demande une rectification au
compte rendu de son discours à la réunion de l'as-
semblée générale de la Ligue des patriotes constituent
une injure personnelle et directe, a chargé MM. Jules
Roche et Morillon de réclamer à M. Paul Dérouléde
une réparation par les armes.
M. Paul DéroulOdea constitué pour. témoins MM. La-
guerre et Gaston Laporte.
Une rencontre ayant été reconnue invispensabie. les
témoins do M. Joseph lteinaeh ont proposé les condi-
tions suivantes, qui ont été acceptées
Le duel aura lieu au pistolet de combat.Il sera
échangé deux balles au commandement et à vingt-cinq
pas.
Paris. le 29 novembre 1888.
Pour M. J. Reinach Pour M. Paul Dôroulède
Jules ROCHE G. Lagueuhe
Méiullon Gaston Lapobte.
La rencontre a eu lieu, hier matin, à neuf heures et
demie, à Ghâtillon, à l'endroit précis où a eu lieu le
duel Gambelta-Fourtou.
Le résultat en a été constaté dans le procès-ver-
bal suivant
La rencontre a eu lieu, il neuf heures du matin, aux
environs do Paris, suivant les conditions arrêtées. Deux
'balles ont été échangées sans résultat.
Paris, le 80 novembre 1888.
Pour M. P. Déroulède Pour M. J. Reinach
G. Laguemie. JULES Roche.
Gaston Lapoiite.. Mémllon.
Les adversaires ne se sont pas serré la main.
LES GRÈVES EN BELGIQUE
Grève partielle à Liège A Seraing
Craintes des autorités.
(PAR SERVICE SPÉCIAL)
Liège, 30 novembre. Les autorités sont ih-
quiètes et craignent que les grèves ne s'étendent.
Ce matin, à six heures, une grève s'est déclarée
subitement dans la fosse du Marmil, .dépendant
du charbonnage de Marihaye. Les ouvriers récla-
ment une augmentation de salaire. Ils ont été pous-
sés à la grève par un mineur étranger qu'on a vu
rôder pendant plusieurs jours aux environs. Le
trait (equipe) du soir n'est pas descendu eton craint
que la grève ne s'étendent a tout le charbonnage de
Marihaye.
Presque tous les ouvriers de la fosse de Seraing
ont également refusé de descendre. Ils réclament
aussi une augmentation de salaire.
Dans le centre.
(D'UN CORRESPONDANT)
Chahlehoi, 30 novembre. Le travail a repris
dans les puits de Mariemont et Bascoup.
La grève est considérée comme terminée,
DERNIER HOMMAGE
Funérailles du président de la Confédération
'helvétique Imposante cérémonie
(D'UN CORRESPONDANT)
Beiink 30 novembre. Les obsèques de M. F. G.
Hertenstein, président de la Confédération, ont eu
lieu aujourd'hui à onze heures. Les invités se sont
réunis au palais fédéral, pendant qu'un service re-
ligieux pour la famille était célébré au domicile du
défunt. Les membres de la famille étaient seuls
présents.
On a remarqué l'arrivée au palais de M. le colonel
Lichtenstein, envoyé spécial de la maison militaire
de M. le président de la République française. Il
avait à sa gauche, M. E. Arago, ambassadeur à
Berne. Le personnel de l'ambassade était en grand
uniforme.
Derrière le cercueil venaient les chefs d'armes et
les divisionnaires de l'armée fédérale, puis le Con-
seil fédéral et le corps diplomatique, les bureaux
des Chambres, le tribunal fédéral, les autorités can-
tonales .et communales bernoises.
Le cortège s'est rendu à la cathédrale, où le pas-
teur Schaffroth a prononcé un sermon de. circon-
stance.
A la sortie de la cathédrale, les troupes formant
la haie se sont jointes successivement au cortège,
qui s'est rendu au cimetière de la Linde, où les
salves d'usage ont été tirées par un détachement
d'infanterie.
Une foule énorme a assisté, respectueuse, au pas-
sage du cortège; sur tout. le parcours, les magasins
étaient fermés.
LE GRAND-DUC DE MECKLEMBOURG
•̃̃̃ (D'ON CORRESPONDANT)
CANNES, 30 novembre. Le grand-duc de Meck-
lembourg est arrivé avec sa suite à deux heures.
Il a ëté reçu sur le quai de la gare par le grand-
duc Michel de Russie.
LE SIÈGE DE SOUAKIM
(D'UN CORRESPONDANT)
LE Cahib, 30 novembre.- Lé premier détache-
ment anglais est parti aujourd'hui pour Spu&kim.
LE GAZ D'EAU,
UNE NOUVELLE EXPERIENCE DÉGK
SIVE EN ANGLETERRE
La France devancée par tous ses voisins
Une ville éclairée au gaz d'eau Le
combustible et la force motrice
•"̃•. Le gaz d'eau et le
gaz de houille.
Dans un de nos derniers articles, nous avons diï
que le gaz d'eau, après avoir été installé dans de
nombreux établissements en Allemagne, en Au.
triche, en Suisse, en Italie, venait d'être appliqué
pour la métallurgie, le soudage des tubes et l'éclai-
rage dans les importantes forges de Leedg. Depuis.
lors, nos voisins d'outre-Manche; plus pratiques?
qUe nous, n'ont pas hésité à acheter le monopole
des appareils à gaz d'eau le joli prix de 140,000 li.-1
vres, soit 3,500,000 francs.
Un de nos correspondants s'est enquis snr place,,
à Leeds, auprès du directeur, M. Samson Fox, de;
l'utilité et des avantages du gaz d'eau, et l'on va,
voir qu'à ce point de vue, les renseignements qu'il
a obtenus concordent pleinement avec ceux qu'ai
bien voulu nous fournir le docteur Laffont.
Les renseignements recueillis auprès de M. Sam-'
son en sont d'autant plus intéressants qu'à Leeds,
le gaz dépouille était livré aux consommateurs au,
prix dérisoire pour nous de 7 à 8 centimes le mè-
tre cube. Aussi ce qui frappe surtout ce savant in-
génieur c'est que la principale dépense consiste
dans les frais d'buttilage, de bureau, de main-d'œu-
vre, d'appareils lorsqu'on se sert du gaz de houille.
Aussi trouvë-t-il ridicule que quiconque possède
une machine à vapeur et une chaudière ne fabrique
pas lui-même, à peu de frais, au moyen des appa-
reils peu coûteux a gaz d'eau, le gaz d'éclairage et
de chauffage qui lui est nécessaire. Par ce moyen
il supprime même le charbon employé comme com-
bustible à sa chaudière, car le gaz générateur ou
Siemens, produit alternativement avec le gaz d'eau,
sera un excellent combustible amené par des
tuyaux sous les chaudières productrices de la va-
peur nécessaire à la formation du gaz d'eau.
La fabrication du gaz d'eau étant instantanée,
puisque dix minutes suffisent pour mettre en mar-
che les petits appareils, l'approvisionnement ongaz
d'eau peut être réglé selon les -besoins, ce qui ost
important en Angleterre et à Leeds en particulier,
où le temps devient subitement brumeux. Il paraît
même qu'à Leeds comme chez nous, le gaz da
houille laisse beaucoup à désirer, car notre interlo»
cuteur ajoute « Le gaz d'eau est toujours le môme,
a une composition fixe et n'est-pas, comme le gaz
de houille, généralement, le plus mauvais préci-
sèment lorsqu'il est le plus nécessaire. »
Mais ce n'est pas seulement le point de vue éclai-
rage qui a fait acheter aux Forges de i^eeds les ap-
pareils à gaz d'eau, ce sont surtout les exigences
des opérations métallurgiques. Pourle soudage des
tubes de forte épaisseur, soit 30 miît.iinètres et plus,
on avait besoin d'un combustible d'une intensité
calorifique plus puissante quo celle du gaz Siemens
ou du gaz de houille.qui ue peuvent amener l'auto-
soudure de tubes de cette et qui, em-
ployés pour des tubes du i5 millimètres, exigent
un.temps ot une main d'oeuvre tels que quatre ou-
vriers ne peuvent en souder que deux mètres 'par
jour, ce qui porte le prix du mètre à francs par
l'emploi du gaz d'eau, trois en soudent;
deux mètres soixante-quinze à l'heure, ce qui
abaisse le prix de revient de 33 4 francs le mètre.
La pression du gaz de houille, dit M. Samson
Fox, est tellement variable et produit un tel effet
sur la flamme qu'il nous était impossible do l'utili-
ser.
C'est ainsi que nous l'avons vu varier dans nos
ateliers aux différentes heures do la journée de
à 76 millimètres d'eau. »
C'est surtout cette considération qui fit adopter
le gaz d'eau dont nos lecteurs connaissent les appa-
reils producteurs, soit un générateur, un sembler
ou nettoyeur, un gazomètre et une caisse d'épura-
tion.
Expérience d'un an.
L'installation de Leeds date de septembre 1887 et
a fonctionné sans altération et sans réparation jus-
qu'à aujourd'hui, produisant 1,OJU mètres cubes de
gaz d'eau à l'heure. Dans Chaque générateur, cha-
que période de production du gaz d'eau, soit à 5
minutes, donne naissance à 128 mètres cubes du
gaz d'eau pur, et chaque période do production de
gaz Siemens donne naissance à 513nnjtres cubes
due ce gaz, aussi voit-on nettement et à vue d'œil
monter très rapidement la cloche du gazomètre. La
consommation par heure-et par générateur a été â
peu près de 500 Irilogs, e'est-à-direquo, comme nous
l'avait expliqué le docteur Laffont dans sa confé-
rence, 1 kilogramme de combustible donne 1 mètre
cube de gaz d'eau et 4 mètres cubes de gaz Sie-
mens.
Le directeur des Forges de Loods a bien voulu éga-
lement donner il. notre correspondant des détails
sur les prix de revient du gaz d'eau :«A Leeds, dit-
il, où le combustible nous ruvient a 10 fer. la tonne,
la main-d'œuvre à fr. par homme et par%jour,
le gaz d'eau nous revient à centimes par mille
pieds cubes, soit 1 centime 5 le mètres cube. »
M. Samson Fox a bien voulu faire visiter les bu-
reaux et les différentes pièces de l'administration
éclairées au moyen des becs à incandescence de M.
Olto Fahnehjelm que nous avons déjà admirés
chez M. Reissig et au laboratoire .du docteur Laf-
font, 31, boulevard Murât. A Loeds, la salle. des
dessinateurs, vaste hall à plafond lumineux, a par-
ticulièrement un aspect féerique, ot telle est la qua-
lité lumineuse de cet éclairage incandescent au gaz
d'eau, que l'on peut à volonté y donner l'éclairage
du jour ou la lumière du gaz d'eau, sans que le des-
sinateur penché sur son travail s'en aperçoie. ceci
ne nous étonne pas, car tout dernièrement, au bou-
levard Murât, le docteur Laifont invitant devant
nous des visiteurs à lire un journal à une certain
distance d'un bec Otto-Fahnehjelm et ayant subite-
ment remplacé le bec à gaz d'eau par un bec à gazr
de houille brûlant la même quantité de gaz deville,
les visiteurs se trouvèrent tout à coup comme plon-
gés dans l'obscurité, et il'leur fut indispensable de
réduire la distance de plus de moitié pour lire mô-
me indistinctement.
Nous ne rééditerons pas ici les autres avantages
hygiéniques du gaz d'eau sur le gaz de loouitle, que
M. Samson Fox a également signalés, puisque nous
en avons déjà parlé longuement nous dirons seu-
lement que ces avantages ont été appréciés à Leeds
puisque maintenant, non seulement les usines,
mais la ville même et les gares sont éclairées par
le gaz d'eau qui est utilisé en mêmo temps pour lir
chauffage et les fourneaux sans avoir besoin d'être
mélange préalablement l'air comme crola est né-
cessaire pour le gaz de houille qui nécessite l'em- ̃-
ploi de becs Bunsen.
Un emploi particulier "du gaz d'eau a vivement
intéressé notre correspondant à Leeds, c'est son
utilisation comme force motrice. Le directeur des
forges lui a montré des moteurs ù gaz ordinaire,
système Otto, de six chevaux de force, marchant au
gaz d'eau. Le travail de ces moteurs, qui n'étaient
cependant pas destinés à marcher au gaz d'eau et
se trouvaient ainsi dans des conditions défectueuses,
revenait, par cheval et par heure, à deux centimes.
Depuis quatorze jours il ne s'était formé aucun dé-
pOt d'hydrocarbure dans les soupapes, tiroirs ou
tuyaux, l'huile de graissage n'en était pas altérée,
la quantité d'eau employée au refroidissement avait
été considérablement moindre, les moteurs mar-
chaient avec beaucoup plus de régularité qu'avec le
gaz de houille.
La routine.
M. Samson Fox s'étonne que, vu la modicité des
appareils à gaz d'eau, toutes les usines et tou-
tes les industries ne l'emploient pas dès maintenant^
ne fût-ce que par économie. Si ce point de vue est
capital sa Angleterre, où le prix du gaz de houille
de 7 centimes a S3 centimes le métro cube,.
CENTIMES
? Samedi
25, BTO3 »'AR6ENTBCIL I™ O 1 1 I & Fî O DE LA NUIT 25. KTJE
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RECEVANT PAR FILS ET SERVICES SPÉCIAUX LES DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE ENTIER
ÇH1QN1QUEPARIS1ENNE
Ecoutez-les. C'est fini. Après dix-huit ans,
c'est une affaire réglée. A des signes certains on
reconnaît que l'heure est. venue. Les dossiers,
cueillis au hasard de la fourchette, rappellent
Teste, Desplans-Cabières et Pellaprat. Les évé-
nements qui ont entraîné la chute de Louis-
Philippe se reproduisent sous 'la même forme.
L'incendie deChatelleraulf rappelle l'incendie du
Mourillon M. Floquet n'est qu'une pâle copie
de Guizot; la nouvelle génération aspire à pren-
dre le commandement.
Eh bien qu'elle le prenne. Les urnes vont
bientôt s'ouvrir,; le pays n'a qu'à nommer des
délégués nouveaux et tout battant neufs, à la
place de ceux qui ont cessé de plaire.
vieux ont été médiocres, tandis que les minis-
tres pris jeunes ont été l'honneur des monar-
chies européennes et des républiques où ils dlri-
gèrent les affaires. Le monde retentissait encore
de la lutte de Pitt et de Napoléon, deux hom-
mes qui conduisirent la politique à l'âge où les
Henri de Navarre, les Richelieu, les Mazarin,
les Cojbert, les Louvois, les d'Orange, les Guise,
les la Rovère, les Machiavel, enfin tous les
grands hommes, partis d'en bas ou nés aux en-
virons des trônes, commencèrent à gouverner
des Etats. La Convention, modèle d'énergie, fut
composée en grande partie de têtes jeunes,
et on h« doit pas oublier qu'elle sut opposer
quatorze armées à l'Europe. »
Si une République n'avait que dix-huit ans il
vivre, comme une monarchie, elle ne vaudrait
pas ce qu'elle coûte. Mais la République n'est
que.la boîte, vous pouvez la remplir comme
vous voulez. A quoi bon remuer des pavés ?
pourquoi prendre le fusil? Vous avez le bulletin
aejyietc, et il n'y a plus besoin de balles pour
mettre un homme sur le carreau. 1
Le prince qui monterait sur le trône demain
aurait, du reste, la besogne facile. Il trouverait
le pays armé, tout prêt pour la défense; une ar-
tillerie de premier ordre, un fusil nouveau aux
effets terribles, une armée exercée, des forte-
resses, un million d'hommes prêts à marcher.
Eh bien malgré tout, il n'en aurait pas pour
longtemps. Ceux-là même qui crient contre la
République seraient des premiers à la regretter.
Une république pacifique, dix-huit ans sans que
l'émeute ait ensanglanté le pavé, une liberté
sans précédents, et des ministres, trop fréquem-
ment renouvelées sans driute, mais qui tous ont
.poursuivi la grande œuvre de la défense natio-
nale, ce sont là.des souvenirs qui ne s'effaceront
pas.
La Patati 1. Encore un fantôme de l'Empire.
Mais il n'est pas trop tard pour parler encor
d'elle! Depuis qu'elle a chanté, deux jours se
sont passés, et, dans ce pays-ci, ces deux jours,
je lésais, fontencor du succès une fraîche nou-
velle.
En 1862, Adelina Patti dînait chez Villemes-
sant, 11, rue de la Paix, avec M. Patti père, Mau-
rice Strakosch et Mlle .Tagliafico. J'étais de la
fête, qui se renouvela plusieurs fois chez la Patti
même, rue Neuve-des-Capuciues. L'adorable fille
que c'était! vive, remuante, rieuse, elle avait
une poignée de main de bon enfant, de bon ca-
marade, d'amie sans phrase.
A cette époque, et pour me rendre agréable
en société, j'avalais volontiers du papier enflam-
mé. C'était chez moi un talent naturel et qui m'a
souvent servi quand la conversation venait à
languir.
La jeune Patti ouvrait do, grands yeux, plus
grands encore que d'habitude, et battait des
mains en disant avec effroi « Diavol'o I »
Le soir, c'était la Cenerentola, la Gazzà
ladra, Lucia di Lammermoor, Rosina, la
Tout Paris l'adorait, et l'hiver avait pour elle
autant de fleurs que le printemps.
La saison finie, Adelina Patti allait quelque-
fois déjeuner au Pré Catelan avec Mlle Ta-
gliafico. Elle était là comme Marie-Antoinette
au petit Trianon.
Et sur quel Paris elle régnait 1 Quelle inten-
sité de vie Quel mouvement f Quelle fête
•Oh 1 ce Paris Si l'Exposition de 89 allait nous
le rendre, ce serait le triomphe définitif de la
République.
Plus près que ce Tout-Paris, il y avait un
groupe d'adorateurs familiers. Adelina Patti
était la Laure idéale de plusieurs Pétrarques,
la Fornarina intangeable de plusieurs Raphaëls.
Mais n'étant ni marquis, ni ténor, il fallait ado-
rer et se taire. sans murmurer 1
La fatale nouvelle se répandit un soir. Comme
le cri Mirabeau est mort .qui frappa les Pa-
risiens de stupeur, cet autre cri la Patti se
marie! sonna comme un glas dans tous les
cœurs.
Je revis la diva à Londres. Elle passait en lan-
dau avec le marquis, son époux, devant Saint-
James hôtel. La voiture s'arrêta, le marquis
m'apprit que tous deux partaient le lendemain
pour Saint-Pétersbourg.
Depuis cette époque, je n'eus des nouvelles de
la marquise que par les journaux, qui eurent à
enregistrer ses succès et son divorce.
Mercredi, la diva a reparu. Toujours belle,
comme dit le chœur. La diva a quarante-cinq
ans, elle en paraît vingt. C'est la vraie Juliette,
pleine de grâce et de candeur. Elle porte ses
beaux cheveux noirs comme une couronne. Elle
dit, elle chante, elle phrase de façon à ce qu'à
onze heures il n'y a que des Roméo dans la
salle.
Un aimable clubiste, qui fut abonné du théâ-
tre Italien, a glissé ces mots dans un bouquet
Vous étiez loin de nous et longtemps mon oreille,
Adeline, a pâti.
Vous revenez enfin, et mon cœur se réveille.
Adelina Patti 1
En lisant la Snirée parisienne d'Un Mon-
sieur de l'Orchestre, j'ai vu avec plaisir que M.
Emile Blavet a remarqué dans la salle, au ha-
sard de la plume, Mme Emile Blavet et Mlle
Emile Blavet.
C'est d'un bon époux et d'un bon père.
J'ai reçu le premier numéro d'un journal qui
promet la collaboration de toutes les sommités
Seulement, dans ce premier numéro, l'article
principal est signé intérim.
Les faits divers ont raconté qu'un dentiste de
la rue Saint-Jacques, assez mal dans ses affai-
res, avait reçu la visite d'un riche proprié-
taire de Choisy-le-Roi, qui souffrait d'une dent.
Le dentiste déclara que l'extraction était in-
dispensable. L'opération devant, à son avis, être
très douloureuse, il obtint du client la permission
de l'endormir.
Quant celui-ci se réveilla, il avait encore sa
dent malade; l'opérateur, par une erreur singu-
lière, lui avait seulement extirpé son porte-
feuille, contenant cinq billets de mille francs.
La leçon ne devait pas être perdue.
Hier, un monsieur se présente chez un chi-
rurgien-dentiste très connu.
Tandis que le praticien prépare son chloro-
forme, le monsieur tire son porte-monnaie, qui
paraissait bien garni.
Vous paierez après, monsieur, dit le den-
tiste.
Oh! ce n'est pas pour payer, répUque le
monsieur, mais, comme vous allez m'endormir,
je veux savoir combien j'ai sur moi.
Une vieille coquette (du plus grand monde)
est en train de minauder au com de la che-
minée.
Deux ofûeiers de chasseurs, quise trouvent en
visite chez elle, se regardent avec inquiétude.
Oui, messieurs, dit la pomme cuite, quoique
je ne sois plus jeune, je reçois encore pas mal
de déclarations.
Tant mieux, s'écrie un des officiers, ce que
vous me dites ranime mes espérances.
Lesquelles? demande langoureusement
l'amoureuse sur le retour.
L'officier, avec force.
Nous reprendrons l'Alsace et la Lorraine 1
Comment cela?
Parce qu'il y a, encore de vrais braves
t baron de X. est un grand et fort gaillard
de vingt-neuf â trente ans, qui n'avait jamais
touché un fleuret.
Ayant vu plusieurs duels dans son entourage,
il pensa qu'il serait bon de se mettre à même de
défendre sa peau à l'occasion.
Il flt vénir un célèbre professeur d'épée et prit
sa leçon.
Au bout de dix minutes, le baron essoufflé se
laissa tomber sur une chaise.
Oufl s'écria-t-il, je n'en puis plus. Combien
de leçons d'épée faudra-t-il prendre?
Ma foi monsieur, dans six mois, vous se-
rez a même de tenir convenablement le terrain,
et dans un an, en travaillant bien, vous serez
d'une force appréciable.
Eh bien I tant pis fit le baron en soufflant,
j'aime mieux être tué.
M. de X. qui a écrit plusieurs ouvrages
scientifiques et qui sera membre do l'Académie
en 1899, est un des bavards les plus monotones
et les plus acharnés du monde parisien.
On affirme que, au bord do la mer, il fait
bâiller les huitres.
Quand il sort d'un salon, a dit Mme de P.
c'est comme s'il y entrait un homme d'esprit 1
AUMÉLIEN SCHOLL.
LE MATIN publiera demain un article de
M. J. CORNÉLY
ABONNEMENT REMBOURSÉ
2'ous les abonnements on réabonne*
ments au MATIN sont intégralement
remboursés en livres, musique ou ara vu»
res choisis dans notre Catalogue publié
dans le supnlvment du vendredi 2 no-
vembre.
Si peu bégueule qu'on puisse être, aucunes
relations ni aucune polémique n'étant décem-
ment admissibles avec le signataire d'une lettre
parue hier dans le Cridu Peuple, c'est au direc-
teur de ce journal que le directeur du Matin a
dû adresser les quelques lignes qu'on va lire.
Notre seul but, nous tenons à y insister, a été
d'établir une fois de plus ce que valent, en tou-
tes occasions, les dires de messieurs les gyllis-
tes
Monsieur Edouard Vaitlant, directeur du
Giu DU PEUPLE,
Monsieur le Directeur,
Une nouvelle lettre signée « Auguste Chirac »,
que publie le Cri du Peuple, me révèle la fois que
je suis un « financier » et que je suis un « sé--
mite ».
Aucune de ces qualifications n'est assurément
blessante et ne vaudrait à ceux auxquels elles s'ap-
pliquent les rigueurs d'aucun tribunal siégeât-il
à Marseille.
Mais comme il est toujours édifiant de montrer
le degré de véracité que méritent les informations
des « justiciers », je dois déclarer que je ne suis
ni « financier » ni « sémite ».
Je suis tout simplement journaliste depuis douze
ans et je n'ai jamais été autre chose. Catholique je
le suis depuis quelque vingt ans de plus, c'est-à-
dire depuis ma naissance.
Votre correspondant est donc aussi exactement
enseigné dans ses lettres que dans ses livres.
C'est le seul intérêt tle cette petite rectification
que je vous demande de publier, en vous adres-
sant, monsieur le directeur, mes salutations con-
fraternelles.
ALF. Edwards.
LE BLOCUS DE ZANZIBAR
(D'UN CORRESPONDANT).
ZANZIBAR, 30 novembre, Les amiraux ont dé-
claré en état de blocus, à partir du 2 décembre, tout
le littoral de Zanzibar, sauf les ports et les terri-
toires des Somalis de Benadir.
Toute importation d'armes et de munitions sera
défendue; la traite sera rigoureusement réprimée.
UNE CCMPARAISON
(PAB EBBWCE SPÉCIAL)
Tunis, 30 novembre. Le journal arabe El-Ha-
dira comparant la situation de la Tunisie à celle de
l'Egypte, fait remarquer que la France s'est distin-
guée en Tunisie par des reformes et des améliora-
tions importantes, tandis que l'Angleterre a attiré
sur l'Egypte les calamités du mahdi.
LA RÈPUBLIQUE DU MEXIQUE
(D'UN CORRESPONDANT)
Mexico. 80 novembre. Le général Porflrio
Diaz, réélu pour quatre ans» inaugurera demain,
I» décembre. sa nouvelle période présidentielle
qui finira le 30 noYOïabre
LES RELATIONS DE L'ALLEMAGNE
ET DE L'AUTRICHE
La campagne allemande contre le comte
Taaffo Le prince de Reuss demande
se retirer La polémique des
journaux Une manœu-
vre prévue du
chancelier.
(PAn service spécial)
TIENNE, 30 novembre. Le bruit circule ici que
dans ses derniers entretiens avec l'empereur et M.
de Bismarck, le prince de Reuss aurait manifesté
le désir d'être bientôt remplacé à Vienne, en raison
de certaines difficultés qu'il aurait rencontrées
dans ces derniers temps. Il s'agit du comte Taaffe
et 'de sa politique, dont l'ambassadeur d'Allemagne
3 Vienne s'est montré l'adversaire dans plusieurs
circonstances.
On dit que le chancelier ne s'est pas rendu aux
raisons du prince et qu'il insiste pour qu'il reste à
son poste. Le chancelier a émis l'opinion qu'un
changement de personnages ministériels en Autri-
che dans un temps prochain est très probable. En
attendant, le prince de Reuss revient à Vienne.
Les polémiques des journaux de Berlin au sujet
de l'Autriche ne sont pas commandées, paraît-il,
liar la chancellerie allemande, mais elles sont favo-
rablement tolérées par elle.
Il faut chercher. l'explication de cette attitude peu
bienveillante à l'égard,de Vienne,
d'abord dans les plaintes depuis longtemps réité-
rées du prince de Reuss au sujet du comte Taaffe,
puis dans un incident qui a suivi le passage de
Guillaume à Vienne.
Un incident du voyage de Guillaume II.
M. de Bismarck a reçu, en effet, de Londres, vers
la fin du mois d'octobre une copie authentique
d'une lettre personnelle adressée par le prince im-
périal d'Autriche à un haut personnage anglais. La
lettre devait sans doute se rapporter à la présence
de Guillaume iL Vienne, car, mise sous ses yeux,
elle déplut fort à ce dernier, à tel point qu'il en fit
part l'empereur d'Autriche.
Maintenant, certaines personnes bien informées
m'affirment que toutes ces polémiques, ainsi que le
mécontentement de la cour Berlin, qui en est la
cause primordiale, auront une. suite. M. de Bis-
marck userait encore d'une vieille ruse il' ferait
mine de se rapprocher de la Russie et de tout lui sa-
crifier, afin de pouvoir peser ensuite plus facile-
ment sur Vienne, si c'est nécessaire. Mais il reste à
savoir si les Autrichiens n'éventeront pas la mèche
et se laisseront aussi facilement qu'autrefois pren-
dre aux menaces du chancelier..En tout cas, il n'y
a pas lieu, jusqu'à nouvel ordre, d'attendre un dé-
rangement sérieux dans l'état des choses entre
Vienne et Berlin.
Il. y a du froissement et du mécontentement, mais
la nécessité rapproche.
La presse hongroise, et notamment le Lloyd, de
Pesth, le Nemzet et le Pesti Naplo, s'élèvent
énergiquement, de leur côté, contre le singulier
langage que se plaisent à tenir, depuis quelque
temps, certains organes de la presse berlinoise à
l'égard de la monarchie austro-hongroise, langage
qu'ils qualifient de regrettable et d'inconve nant.
Les polémiques.
(d'un CORRESPONDANT)
Vienne, 30 novembre. On s'efforce aujourd'hui
dans les cercles officieux d'expliquer le caractère
des polémiques intervenues entre les journaux al-
lemands et autrichiens; elles prennent, en effet, un
caractère quasi scandaleux et peu propre à édifier
le monde sur les sentiments de sympathie récipro-
que de l'opinion dans les deux pays.
Aussi fait-on publier aujourd'uui dans la presse
de Vienne une note disant que le gouvernement al-
lemand n'a certainement pas inspiré les articles qui
ont paru ces derniers jours dans les journaux, ce-
pendant les plus marquants, de la capitale prus-
sienne, et on prévient en même temps que toute
cette polémique n'est qu'une « gaminerie politi-
que ». (Textuel.)
11 est bon de faire remarquer toutefois, en regard
de cette affirmation de la feuille viennoise officieuse,
que les organes recevant ordinairement les com-
munications du gouvernement allemand n'ont pas
encore été autorlsés à publier une note semblable.
Quoi qu'il en soit, il n'est pas sans intérêt de rap-
peler dans quelles circonstances les polémiques
qui suscitent une assez vive émotion en ce moment
à Berlin, Vienne et Pesth ont pris naissance,
C'est la presse française qui, la première, a donné,
au commencement de ce mois, des indications sur
la tendance de plus en plus marquée de l'Allema-
gne, surtout depuis le voyage de Guillaume 11, à
prendre parti dans les affaires intérieures de l'Au-
triche, et, comme signe caractéristique de cette si-
tuation, on parlait alors des sentiments hostiles du
représentant de la première de ces puissances, le
prmce de Reuss, à l'égard du premier ministre au-
trichien Taaffe et de sa politique.
ÉTRANGE HISTOIRE
Voleurs mis en liberté Un parquet qui
écoule de faux billets de banque.
(PAR SERVICE SPÉCIAL)
Pesth, 30 novembre. Un fait curieux qui donne
une haute idée de l'administration judiciaire en
Hongrie..
On découvre à Skohlwepszenburg une bande de
fabricants de faux billets de banque qu'on arrête.
Les billets sont saisis et il n',y avait plus qu'à juger
les voleurs, lorsqu'à la grande surprise de tout le
monde, ils sont mis en liberté.
Or voici la raison dû cette étrange mesure Le
juge d'instruction de l'endroit avait envoyé au par-
quet de Pesth les billets saisis, mais par une né-
gligence incroyable, la somme assez considérable
qu'ils représentaient fut reçue et encaissée par la
caisse du tribunal comme un simple envoi d'argent
ordinaire.
Les faux billets furent môme mis en circulation,
et on s'aperçut trop tard de l'erreur commise. De
sorte que des billets faux courent dans le public
par la faute même du parquet et que, comme con-
séquence, celui-ci a été mis dans l'impossibilité de
poursu ivre les délinquants.
TRiSTE ACCIDENT
(PAR SERVICE SPÉCIAL)
Rome, 30 novembre. Une maison en construc-
tion à Bergame s'est écroulée aujourd'hui, enseve-
lissant sous ses décombres sept maçons.
Trois de ces malheureux ont été retirés vivants
et deux morts.
Les deux autres n'ont pas encore été retrouvés.'
AUX CORTÈS
(d'un correspondant)
Madrid. 30 novembre, ^r- M. Martos est élu pré-
sident de la Chambre des députés par 160 voix con-
tre 17.
Les con servateùrs n'ont pas pris part au vote.
L'ASSASSIN DE MARINO
(PAR SERVICE SPÉCIAL)
Rome, 30 novembre, La nuit dernière, l'assas-
sin de la. petite fille de ikiarino, exténué de fatigue
et de faim, traqué par la police, s'est enfin livré aux
autorités de Frascati, demandant aussitôt un mor-
ceau de pain.
Il prétend avoir été ivro lorsqu'il commit le
crime.
LE DUE! DÉROULÈQE-BEiiiACH
Les causes de la rencontre Les procès-
verbaux.
À la sulte de divers articles de la Mépublique
française, dirigés contre M. Paul Déroulède, ce
dernier, à la date du mercredi novembre, a
adressé à M. Joseph Reinach la lettre suivante
Islousieur,
Dans ses numéros des et 27 novembre, le journal
que vous dirigea répète ou reproduit, comme venant
de moi, diverses phrases que je n'ai jamais pronon-
cées.'
Il est inexact qu'à l'assemblée générale de la Ligue
des patriotes j'aie dit, comme vous me le faites dire,
que vous étiez un-petit juif qui suffisiez à me dé-
goûter dcs Israélites vous ne suffisez à rien, mon-
sieur, pas même il cela.
Voici ma phrase textuelle, telle que vous la trouve-.
rez citée dans les autres journaux « Joseph lieinach!
ce petit juif qui FINIRAIT par' me dégoûter ctes is-
raeliles! »
Ce changement de verbq et de temps, qui n'enlève
rien il mon appréciation sur votre compte, modifie du
tout au tout, vuus le sentez bien, le jugement que je
suis supposé avoir porté sur l'ensemble de vos coreli-
Il est également inexact qu'il aucune heure, dans au-
cun lieu, en aucune circonstance, j'aie jamais « rendu
Il est de plus en plus inexact enlln que j'aie jamais
parlé d'assassiner ni de faire assassiner qui que ce
soit.
Curieux de savoir si vous voudrez me forcer à recou-
rir aux lois, aux justes lois de la République, pour ob-
tenir de vous l'insertion de cette lettre dans un de vos
plus prochains numéros, je commence d'abord par vous
'adresser directement.
Je vous laisse juge, monsieur, des sentiments avec
lesquels je puis avoir l'honneur d'être votre correspon-
dant malgré lui.
Paul Djihouléde.
Après avoir pris connaissance de cette lettre, M.
Roinach a envoyé deux de ses amis, MM. Jules
Roche et Mention, pour demander réparation à M.
Dérouléde.
Ce dernier a constitué pour témoins MM. La-
guerre et Laporte.
Les quatre témoins, iL leur pl'emière entrevue, ré-
digèrent d'un commun accord le procès-verbal sui-
vant
M. Joseph Reinach. directeur de la République fran-
aise, jugeant que les termes d'une lettre par laquelle
M. Paul Dérouliide lui demande une rectification au
compte rendu de son discours à la réunion de l'as-
semblée générale de la Ligue des patriotes constituent
une injure personnelle et directe, a chargé MM. Jules
Roche et Morillon de réclamer à M. Paul Dérouléde
une réparation par les armes.
M. Paul DéroulOdea constitué pour. témoins MM. La-
guerre et Gaston Laporte.
Une rencontre ayant été reconnue invispensabie. les
témoins do M. Joseph lteinaeh ont proposé les condi-
tions suivantes, qui ont été acceptées
Le duel aura lieu au pistolet de combat.Il sera
échangé deux balles au commandement et à vingt-cinq
pas.
Paris. le 29 novembre 1888.
Pour M. J. Reinach Pour M. Paul Dôroulède
Jules ROCHE G. Lagueuhe
Méiullon Gaston Lapobte.
La rencontre a eu lieu, hier matin, à neuf heures et
demie, à Ghâtillon, à l'endroit précis où a eu lieu le
duel Gambelta-Fourtou.
Le résultat en a été constaté dans le procès-ver-
bal suivant
La rencontre a eu lieu, il neuf heures du matin, aux
environs do Paris, suivant les conditions arrêtées. Deux
'balles ont été échangées sans résultat.
Paris, le 80 novembre 1888.
Pour M. P. Déroulède Pour M. J. Reinach
G. Laguemie. JULES Roche.
Gaston Lapoiite.. Mémllon.
Les adversaires ne se sont pas serré la main.
LES GRÈVES EN BELGIQUE
Grève partielle à Liège A Seraing
Craintes des autorités.
(PAR SERVICE SPÉCIAL)
Liège, 30 novembre. Les autorités sont ih-
quiètes et craignent que les grèves ne s'étendent.
Ce matin, à six heures, une grève s'est déclarée
subitement dans la fosse du Marmil, .dépendant
du charbonnage de Marihaye. Les ouvriers récla-
ment une augmentation de salaire. Ils ont été pous-
sés à la grève par un mineur étranger qu'on a vu
rôder pendant plusieurs jours aux environs. Le
trait (equipe) du soir n'est pas descendu eton craint
que la grève ne s'étendent a tout le charbonnage de
Marihaye.
Presque tous les ouvriers de la fosse de Seraing
ont également refusé de descendre. Ils réclament
aussi une augmentation de salaire.
Dans le centre.
(D'UN CORRESPONDANT)
Chahlehoi, 30 novembre. Le travail a repris
dans les puits de Mariemont et Bascoup.
La grève est considérée comme terminée,
DERNIER HOMMAGE
Funérailles du président de la Confédération
'helvétique Imposante cérémonie
(D'UN CORRESPONDANT)
Beiink 30 novembre. Les obsèques de M. F. G.
Hertenstein, président de la Confédération, ont eu
lieu aujourd'hui à onze heures. Les invités se sont
réunis au palais fédéral, pendant qu'un service re-
ligieux pour la famille était célébré au domicile du
défunt. Les membres de la famille étaient seuls
présents.
On a remarqué l'arrivée au palais de M. le colonel
Lichtenstein, envoyé spécial de la maison militaire
de M. le président de la République française. Il
avait à sa gauche, M. E. Arago, ambassadeur à
Berne. Le personnel de l'ambassade était en grand
uniforme.
Derrière le cercueil venaient les chefs d'armes et
les divisionnaires de l'armée fédérale, puis le Con-
seil fédéral et le corps diplomatique, les bureaux
des Chambres, le tribunal fédéral, les autorités can-
tonales .et communales bernoises.
Le cortège s'est rendu à la cathédrale, où le pas-
teur Schaffroth a prononcé un sermon de. circon-
stance.
A la sortie de la cathédrale, les troupes formant
la haie se sont jointes successivement au cortège,
qui s'est rendu au cimetière de la Linde, où les
salves d'usage ont été tirées par un détachement
d'infanterie.
Une foule énorme a assisté, respectueuse, au pas-
sage du cortège; sur tout. le parcours, les magasins
étaient fermés.
LE GRAND-DUC DE MECKLEMBOURG
•̃̃̃ (D'ON CORRESPONDANT)
CANNES, 30 novembre. Le grand-duc de Meck-
lembourg est arrivé avec sa suite à deux heures.
Il a ëté reçu sur le quai de la gare par le grand-
duc Michel de Russie.
LE SIÈGE DE SOUAKIM
(D'UN CORRESPONDANT)
LE Cahib, 30 novembre.- Lé premier détache-
ment anglais est parti aujourd'hui pour Spu&kim.
LE GAZ D'EAU,
UNE NOUVELLE EXPERIENCE DÉGK
SIVE EN ANGLETERRE
La France devancée par tous ses voisins
Une ville éclairée au gaz d'eau Le
combustible et la force motrice
•"̃•. Le gaz d'eau et le
gaz de houille.
Dans un de nos derniers articles, nous avons diï
que le gaz d'eau, après avoir été installé dans de
nombreux établissements en Allemagne, en Au.
triche, en Suisse, en Italie, venait d'être appliqué
pour la métallurgie, le soudage des tubes et l'éclai-
rage dans les importantes forges de Leedg. Depuis.
lors, nos voisins d'outre-Manche; plus pratiques?
qUe nous, n'ont pas hésité à acheter le monopole
des appareils à gaz d'eau le joli prix de 140,000 li.-1
vres, soit 3,500,000 francs.
Un de nos correspondants s'est enquis snr place,,
à Leeds, auprès du directeur, M. Samson Fox, de;
l'utilité et des avantages du gaz d'eau, et l'on va,
voir qu'à ce point de vue, les renseignements qu'il
a obtenus concordent pleinement avec ceux qu'ai
bien voulu nous fournir le docteur Laffont.
Les renseignements recueillis auprès de M. Sam-'
son en sont d'autant plus intéressants qu'à Leeds,
le gaz dépouille était livré aux consommateurs au,
prix dérisoire pour nous de 7 à 8 centimes le mè-
tre cube. Aussi ce qui frappe surtout ce savant in-
génieur c'est que la principale dépense consiste
dans les frais d'buttilage, de bureau, de main-d'œu-
vre, d'appareils lorsqu'on se sert du gaz de houille.
Aussi trouvë-t-il ridicule que quiconque possède
une machine à vapeur et une chaudière ne fabrique
pas lui-même, à peu de frais, au moyen des appa-
reils peu coûteux a gaz d'eau, le gaz d'éclairage et
de chauffage qui lui est nécessaire. Par ce moyen
il supprime même le charbon employé comme com-
bustible à sa chaudière, car le gaz générateur ou
Siemens, produit alternativement avec le gaz d'eau,
sera un excellent combustible amené par des
tuyaux sous les chaudières productrices de la va-
peur nécessaire à la formation du gaz d'eau.
La fabrication du gaz d'eau étant instantanée,
puisque dix minutes suffisent pour mettre en mar-
che les petits appareils, l'approvisionnement ongaz
d'eau peut être réglé selon les -besoins, ce qui ost
important en Angleterre et à Leeds en particulier,
où le temps devient subitement brumeux. Il paraît
même qu'à Leeds comme chez nous, le gaz da
houille laisse beaucoup à désirer, car notre interlo»
cuteur ajoute « Le gaz d'eau est toujours le môme,
a une composition fixe et n'est-pas, comme le gaz
de houille, généralement, le plus mauvais préci-
sèment lorsqu'il est le plus nécessaire. »
Mais ce n'est pas seulement le point de vue éclai-
rage qui a fait acheter aux Forges de i^eeds les ap-
pareils à gaz d'eau, ce sont surtout les exigences
des opérations métallurgiques. Pourle soudage des
tubes de forte épaisseur, soit 30 miît.iinètres et plus,
on avait besoin d'un combustible d'une intensité
calorifique plus puissante quo celle du gaz Siemens
ou du gaz de houille.qui ue peuvent amener l'auto-
soudure de tubes de cette et qui, em-
ployés pour des tubes du i5 millimètres, exigent
un.temps ot une main d'oeuvre tels que quatre ou-
vriers ne peuvent en souder que deux mètres 'par
jour, ce qui porte le prix du mètre à francs par
l'emploi du gaz d'eau, trois en soudent;
deux mètres soixante-quinze à l'heure, ce qui
abaisse le prix de revient de 33 4 francs le mètre.
La pression du gaz de houille, dit M. Samson
Fox, est tellement variable et produit un tel effet
sur la flamme qu'il nous était impossible do l'utili-
ser.
C'est ainsi que nous l'avons vu varier dans nos
ateliers aux différentes heures do la journée de
à 76 millimètres d'eau. »
C'est surtout cette considération qui fit adopter
le gaz d'eau dont nos lecteurs connaissent les appa-
reils producteurs, soit un générateur, un sembler
ou nettoyeur, un gazomètre et une caisse d'épura-
tion.
Expérience d'un an.
L'installation de Leeds date de septembre 1887 et
a fonctionné sans altération et sans réparation jus-
qu'à aujourd'hui, produisant 1,OJU mètres cubes de
gaz d'eau à l'heure. Dans Chaque générateur, cha-
que période de production du gaz d'eau, soit à 5
minutes, donne naissance à 128 mètres cubes du
gaz d'eau pur, et chaque période do production de
gaz Siemens donne naissance à 513nnjtres cubes
due ce gaz, aussi voit-on nettement et à vue d'œil
monter très rapidement la cloche du gazomètre. La
consommation par heure-et par générateur a été â
peu près de 500 Irilogs, e'est-à-direquo, comme nous
l'avait expliqué le docteur Laffont dans sa confé-
rence, 1 kilogramme de combustible donne 1 mètre
cube de gaz d'eau et 4 mètres cubes de gaz Sie-
mens.
Le directeur des Forges de Loods a bien voulu éga-
lement donner il. notre correspondant des détails
sur les prix de revient du gaz d'eau :«A Leeds, dit-
il, où le combustible nous ruvient a 10 fer. la tonne,
la main-d'œuvre à fr. par homme et par%jour,
le gaz d'eau nous revient à centimes par mille
pieds cubes, soit 1 centime 5 le mètres cube. »
M. Samson Fox a bien voulu faire visiter les bu-
reaux et les différentes pièces de l'administration
éclairées au moyen des becs à incandescence de M.
Olto Fahnehjelm que nous avons déjà admirés
chez M. Reissig et au laboratoire .du docteur Laf-
font, 31, boulevard Murât. A Loeds, la salle. des
dessinateurs, vaste hall à plafond lumineux, a par-
ticulièrement un aspect féerique, ot telle est la qua-
lité lumineuse de cet éclairage incandescent au gaz
d'eau, que l'on peut à volonté y donner l'éclairage
du jour ou la lumière du gaz d'eau, sans que le des-
sinateur penché sur son travail s'en aperçoie. ceci
ne nous étonne pas, car tout dernièrement, au bou-
levard Murât, le docteur Laifont invitant devant
nous des visiteurs à lire un journal à une certain
distance d'un bec Otto-Fahnehjelm et ayant subite-
ment remplacé le bec à gaz d'eau par un bec à gazr
de houille brûlant la même quantité de gaz deville,
les visiteurs se trouvèrent tout à coup comme plon-
gés dans l'obscurité, et il'leur fut indispensable de
réduire la distance de plus de moitié pour lire mô-
me indistinctement.
Nous ne rééditerons pas ici les autres avantages
hygiéniques du gaz d'eau sur le gaz de loouitle, que
M. Samson Fox a également signalés, puisque nous
en avons déjà parlé longuement nous dirons seu-
lement que ces avantages ont été appréciés à Leeds
puisque maintenant, non seulement les usines,
mais la ville même et les gares sont éclairées par
le gaz d'eau qui est utilisé en mêmo temps pour lir
chauffage et les fourneaux sans avoir besoin d'être
mélange préalablement l'air comme crola est né-
cessaire pour le gaz de houille qui nécessite l'em- ̃-
ploi de becs Bunsen.
Un emploi particulier "du gaz d'eau a vivement
intéressé notre correspondant à Leeds, c'est son
utilisation comme force motrice. Le directeur des
forges lui a montré des moteurs ù gaz ordinaire,
système Otto, de six chevaux de force, marchant au
gaz d'eau. Le travail de ces moteurs, qui n'étaient
cependant pas destinés à marcher au gaz d'eau et
se trouvaient ainsi dans des conditions défectueuses,
revenait, par cheval et par heure, à deux centimes.
Depuis quatorze jours il ne s'était formé aucun dé-
pOt d'hydrocarbure dans les soupapes, tiroirs ou
tuyaux, l'huile de graissage n'en était pas altérée,
la quantité d'eau employée au refroidissement avait
été considérablement moindre, les moteurs mar-
chaient avec beaucoup plus de régularité qu'avec le
gaz de houille.
La routine.
M. Samson Fox s'étonne que, vu la modicité des
appareils à gaz d'eau, toutes les usines et tou-
tes les industries ne l'emploient pas dès maintenant^
ne fût-ce que par économie. Si ce point de vue est
capital sa Angleterre, où le prix du gaz de houille
de 7 centimes a S3 centimes le métro cube,.
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