Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1886-10-07
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 octobre 1886 07 octobre 1886
Description : 1886/10/07 (Numéro 956). 1886/10/07 (Numéro 956).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/04/2008
Année. Sï* 9ë»4S PARIS ET I g#6'
EgDACTIOW^srù'dBmatla; DE € A NUIT
SEUL JOURNAL F R hU '-ÇJ -j S • B :E G IU NT, >ÀJL FI L S E T S E R VJCES_ S F É C 1 A U X L ES D E B N j ÈRES NOUVELLES -.0 E N TJ E B
t Français, élevez vos âmes, et vos résolutions
à la hauteur des effroyables périls qui fondent
sur la patrie 1
» 11 dépend encore de nous de lasser la mau-
vaise fortune et.de montrer à l'univers ce qu'est
un grand peuple qui ne veut pas périr et dont le
courage s'exalte au sein même des catastro-
phes. ̃ • • ̃•̃
t Metz a capitulé.
Un général sur qui'la France comptait, mê-
me après le Mexique, vient d'enlever à la patrie
en danger plus -de deux cent mille de. sos défen-
seurs
» Le maréchal Bazaine atrahi.
Il s'est fait le complice de l'envahisseur au
mépris de l'honneur de l'armée dont il avait la
garde, il a livré, sans même un suprême effort,
cent'vingt, mille combattants, vingt mille bles-
sés, ses fusils, ses canons, ses drapeaux, et la
plus forte citadelle de laFrance. Metz, vierge jus-
qu'à lui des souillures de l'étranger.
» Un tel crime est au-dessus même des châ-
timents de la justice ».
C'est le 30 octobre 1870 que Gambetta adres-
sait à la France cette proclamation enflammée,
qu'il portait sur Bazaine ce jugement qui sera
celui de l'histoire. C'est seulement le 7 mai 1872
que le général de Cissey; ministre de la guerre,
donnait l'ordre d'informer contre le maréchal
Bazaine, accusé d'avoir commis les crimes pré-
vus par les articles 209 et 210 du code de justice
militaire.
La justice allait avoir son cours, l'honneur de
la France et de-1'armée allaient être vengés. Ce
ne fut pas sans peine, sans qu'on se fût heurté à
des résistances presque invincibles. Tous les ca-
lomniateurs de la Défense nationale étaient pleins
pour Bazaine d'une indulgence aimable.. Le gé-
néral Changarnier, M. Thiers, le défendaient pas-
sionnément.
Le 29 mai 1871, le général Changarnier, à la
tribune de l'Assemblée nationale de Versailles,
s'exprimait ainsi: « Quoi qu'en aient dit des hom-
mes aigris par le malheur, qu'ils n'ont pas su
porter avec dignité, quoi qu'en aient dit des su-
balternes qui croient se grandir en accablant un
chef tomba de haut, il est faux) absolument faux
que le brave soldat de Borny et de Rezonville
nous ait volontairement, méthodiquement con-
duits à notre ruine. a
Le Journal officiel constate que ces paroles fu-
rent accueillies par des applaudissements pro-
longés et que l'orateur, en retournant à sa place,
reçut les félicitations empressées de ses collè-
gues.
Quelques instants après, M. Thiers, à son tour,
montait iL la. tribune et disait: «J'ai été heu-
r*ux d'entendre notre illustre collègue) le géné-
ral Changarnier' parler si dignement d'un de nos
grands hommes de guerre! »
Uela semble fort après quinze ans; on se- de-
mande' s'il est possible que le général Changar-
nier qui avait tout vu à Metz, que M. Thiers, il
qui ne manquait aucune source d'informations,
aient pu tenir un pareil langage. Rien de plus
M. Thiers n'avait jamais cru à la défense, il
n'avait jamais cru à Ici possibilité de continuer
la guerre. A Tours, il avait blâmé avec aigreur
la proclamation de Gambetta. Tous les jour-
naux qui envoyaient prendre chez lui le mot
d'ordre avaient plaidé pour Bazaine. En 1871,
il en était encore au fou furieux. Reconnaître la
trahison, c'eût été avouer qu'il avait pu se trom-
per. Il ne voulait pas entendre, il ne voulait pas
savoir, il refusa même de jeter les yeux sur le
livre du colonel d'Audlau dont je dirai tout à
l'heure un mot.
La situation 'du général Changarnier était dé-
licate. S'il avait, tout vu à Metz, il avait aussi été
mêlé à tout et sa responsabilité morale était
dans une certaine mesure engagée. Il s'était
hissé compromettre par Bazaine, il était allé le
,premier au quartier général prussien parler de
la capitulation de l'armée et de la reddition de
la place. Il avait fait quelque chose de plus, il
avait entravé tant qu'il avait pu les efforts
de ceux qui ne voulaient pas succomber sans
combattre. On s ait qu'un grand nombre d'officier s
supérieures, les généraux Aymard, de Courcy,
Cliuehant, Péchof, les colonels Boissonnet, Le-
val, Davoust, cl'Andlau et bien d'autres
a.vaient conçu le projet d'organiser une sortie
malgré Bazaine, malgré les maréchaux. Glinchant
Élevait prendre le commandement. Le général
Changarnier, prévenu, le manda chez lui et lui
adressa les reproches les plus violents. Ce fut
une scène incroyable. « Je n'aime pas les brail-
lards! » criait Changarnier, en menaçant du ton
et du geste le jeune général, en le poursui-
vant jusqu'à sa porte. Les braillards, c'é-
taient ceux qui mettaient le salut de la France
avant le respect d'une discipline aveugle. Ils
manquèrent aussi à la discipline les généraux La
Passet, de Laveaucoupet, Jeanningros, qui, mal-
gré les ordres de Bazaine, brûlèrent les dra-
peaux de leurs brigades. Ils manquèrent à la
discipline, ces nombreux officiers qui refusèrent
d'obéir à la capitulation, s'évadèrent des lignes
prussiennes et vinrent à Tours se mettre à la
disposition du gouvernement de la Défense na-
tionale.
Glinchant sortit de chez lègénéral Changarnier,
ému, troublé, hésitant. Le projet de sortie fut
abandonné, la discipline fut respectée et Bazaine
put capituler en paix.
On comprend maintenant le langage du géné-
ral Changarnier en 1871. Avouer le crime, c'eût
été confesser son aveuglement, «'eût été condam-
ner sa propre faiblesse.
L'opinion publique était saisie, mais elle ju-
geait d'instinct et sans avoir à sa disposition les
pièces du procès qui se plaidait devant elle. A Pa-
ris, on n'était pas renseigné sur ce qui s'était
passé à Metz; le côté technique des opérations
militaires était ignoré. On savait que Bazaine
avait livré de sanglantes batailles; on n'osait pas
croire qu'il avait de parti-pris stérilisé le sang
généreux-de Borny, de Gravelotte, de Saint-Pri-
vat. On n'avait qu'une idée très vague de l'inci-
tant Régnier et de la mission du général
Cest alors que fut publié le livre du colonel
dfAndlau, Mets, campagne et négociations. Ce
contre son çî^f. pOur
claire que le jour. La République /rançaise con-
sacra une série d'articles à l'ouvrage du colonel
d'Andlau. On y mettait particulièrement en lu-
mière tout ce qui avait rapport aux négociations
de Bazaine avec l'ennemi, à l'affaire ilegnier, à
la mission du général Boyer à Versailles, en un
mot à tout ce qui constituait la trahison, évi-
dente, palpable^ tangible.;
La marée de l'indignation et du mépris mon-
tait, mais M. Thiers tenait toujours bon; il s'en-
têtait à ne pas vouloir de poursuites.
Heureusement, pour obéir aux prescriptions
des lois militaires, on avait dû constituer un
conseil d'enquête devant lequel avaient été
renvoyés les signataires des capitulations con-
senties avec l'ennemi pendant la guerre. Ce
conseil, présidé par le maréchal Baraguey-
d'Hilliers, eut à s'occuper de Metz comme des
autres places fortes. Le vieux Baraguey-
d'Hilliers était un caractère inflexible, incapable.
de mollir, sur qui nulle considération étran-
gère ne pouvait influer. Le 9 août 1872 ,le con-
seil d'enquête rendit son avis, motivé qui était
écrasant. En voici les articles principaux
« Le conseil est d'avis que le maréchal Bazaine
a causé la perte d'une armée de 150,000 hommes
et de la place de Metz, que la responsabilité
lui incombe tout entière et que, comme comman-
dant en chef, il n'a pas fait ce que lui prescri-
vait le devoir militaire.
Le conseil blâme le maréchal d'avoir en-
avec l'ennemi des relations qui n'ont
abouti qu'à une capitulation sans exemple dans
l'histoire.
» Le conseil le blâme enfin d'avoir livré à
l'ennemi les drapeaux qu'il pouvait et devait dé-
truire, d'avoir mis ainsi le 'comble à l'humilia-
tion de braves soldats dont son devoir était de
sauvegarder l'honneur. »
Devant un pareil arrêt, Inséré au Journal of-
ficiel, M. Thiers ne pouvait pas ne pas s'incliner.
Il céda, et le général Serré de Rivière fut chargé
d'instruire l'affaire. Je ne crois pas que le géné-
ral de Rivière ait laissé de mémoires; c'est, dom-
mage on verrait dans ces souvenirs de quelles
sollicitations il fut assailli, et ce qu'il lui fallut
de fermeté pour accomplir jusqu'au bout son de-
voir. Si justice a été faite, si l'honneur de la
France a eu satisfaction, si l'armée de Metz, sacri-
fiée à la plus détestable ambition, a été vengée,
c'est au maréchal Baraguey-d'Hilliers et au gé-
néral Serré de Rivière qu'on le doit.
Quand on a le courage de relire, dansles comp-
tes rendus complets, le procès du maréchal Ba-
zaine, ce qui frappe le plus dans ce malheureux,
ce n'est pas sa fourberie, sa duplicité, l'art qu'il a
mis du premier au dernier jour à compromettre
et à tromper ses lieutenants, ce n'est pas l'inep-
tie avec laquelle il s'est laissé grossièrement
jouer pnr les Allemands, c'est sa prodigieuse in-
conscience. Il commit les actes les plus odieux
sans même paraître se douter de leur énormité.
En veut-on un exemple?
Le 29 septembre, le maréchal Bazaine, qui
avait clé.j-à ouvert des négociations avec l'ennemi
par l'intermédiaire de M. Régnier, reçoit de
Ferrières un télégramme ainsi conçu Le ma-
réchal Bazaine acceptera t-il, pour la reddition
de l'armée qui se trouve devant Metz les condi-
tions que stipulera M. Régnier, restant daus les
conditions qu'il tiendra de M. le maréchal? p
Bazaine répond par une lettre adressé au général
prussien Stiehle, et où on lit ce qui suit « J'ai
dit à Régnier que la seule chose que je pusse
faire, ce serait d'accepter une capitulation avec
les honneurs de la guerre, mais que je ne pou-
vais comprendre la place de Metz dans les con-
ventions ia intervenir. »
Nous sommes à la fin de septembre, et Bazaine
dans une communication officielle à l'ennemi,
prononce le mot de capitulation il sait que Paris
résiste, que les armées de province s'organi-
sent, il commande à cent cinquante mille hom-
mes, il a encore un mois de vivres et il parle de
capituler 1
Eh bien croirait- on que cette lettre qui était
conservée dans les archives militaires prussien-
nes, c'est Bazaine lui-même qui en a demandé
copie à Berlin, qui en a obtenu une expédition et
qui l'a insérée dans un mémoire justificatif ? Ai-
je tort d'écrire que jamais on ne vit pareille in-
conscience ? De quoi cette âme est-elle donc
faite?
On m'excusera, puisque depuis quelques jours
le théâtre fait du nom de Bazaine une actualité,
de m'être laissé aller à parler de ces choses. Il
est bon de ne pas les oublier. Il y a dans ces
cruels souvenirs de 1871 un cordial d'une amer-
tume salutaire.
RANc.
Le MATIN publiera demain un article da
M. ALEXANDRE HEPP.
UN BOURBON RÉPUBLICAIN
Les environs de la frontière espagnols in-
terdits au duc de Séville Décision
spontanée du gouvernement fran-
çais.
A la suite de la publication du récent manifeste
où le duc de Séville, évadé des îles Baléares, a fait
une profession de foi républicaine et s'est posé en
candidat à la présidence de la république espagnole,
le gouvernement français a « spontanément e ré-
solu de prendre, à l'égard du prince espagnol, des
mesures dé précaution ayant pour objet de lui in-
terdire de demeurer à proximité de 'la frontière des
Pyrénées. >
Le gouvernement vient de décider que le duc de
Séville ne pouvait résider, en France, qu'au nord
de la ligne formée par la Loire.
Averti de cette décision, le prince a alors fait sa-
voir qu'il avait l'intention de se fixer à Paris. Ce-
pendant, en raison de l'état de santé précaire d'un
de ses enfants et de la nécessité de régler certaines
questions d'intérêt, il a sollicité un délai de cinq
jours avant de quitter Tarbes, où il se trouve ac-
tuellement.
Ce délai, qui lui a été accordé, n'est pas encore
expiré présentement.
LE BUDGET DE LA SERBIE
fPAE SERVICE SPÉCIAL)
Semlin, 6 octobre. La commission du budget
de la Skoupchtina a décidé d'apporter dans les dé-
penses de;, réductions considérables qui mettront le
budget en parfait équilibre.
Le vote par la Skoupchtina des réformes projetées
taires du 4 octobre, qui ont toutes ètéfavo^Sles au
LE PRIKCE_BORGHÈSE
LA VIE ET LA FORTUNE r>'U,N
PRINCE ROMAIN
L'aristocratie romaine en deuil Al-
liances avec la noblesse française
Un parti de conciliation
à Rome.
Le prince don Marc-Antoine Borghèse, qui vient
'de mourir à l'âge de soixante-douze ans, était le
chef vénéré d'une des plus illustres et puissantes
familles de l'Italie, un des derniers survivants de
la vieille aristocratie romaine, de celle qui a gardé
les traditions du régime pontifical..
Sa mort, suivant de si près celle du vieux prince
don Alexandre Torlonia, achève de mettre en deuil
tous les nobles Romains, et de clore, pour cet hiver,
les rares salons qui restaient ouverts dans la Ville
éternelle.
La famille Borghèse.
L'illustration et la richesse de la famille Borghése
datent du régne de Clément VIII Aldobrandini,dont
le neveu, un Borghèse, acheta à l'encan les biens
des Cenci, après la condamnation capitale dont fu
rent frappés Béatrice Cenci et son frère. Plus tard,
les Borghèse fournirent eux-mêmes, en Paul V, un
souverain à Rome, et Un pape l'Eglise. C'est Paul V
qui consacra la basilique vaticune, et son nom, ins-
crit au milieu du fronton do Saint-Pierre, y semble
primer celui du prince des apôtres.
Après les Orsini et les Colonna, peut-être aussi
après les Massimi, qui se vantent de remonter jus-
qu'à la gens Fabia, les Borghèse comptent donc
parmi les plus anciens patriciens romains. Leurs
alliances sont des plus illustres; elle les fait parents
de plusieurs familles souveraines, notamment de la
famille de Savoie et dos Bonaparte.
Le prince don Marc-Antoine était fils d'une Laro-
chefoucauld, et il s'était marié en secondes noces
avec une Larochefoucauld d'Estissac, la princesse
actuellement douairière. Il tenait ainsi à la noblesse
française par des liens nombreux, et sa mort met en
deuil, en même temps que toute la noblesse romai-
ne, une partie de notre faubourg Saint-Germain.
Le nom des Borghèse n'est, du reste, pas près de
s'éteindre. Le prince laisse une nombreuse postérité.
Une fille unique de son premier mariage avec une
noble Anglaise est mariée à Florence au marquis
Gerine; son fils aîné, aujourd'hui chef de la famille,
don' Paul Borghése, prince de Sulmona, a épousé
une fille du comte Apponyi, dont il a plusieurs en-
fants viennent ensuite François, duc de Bomarzo,
marié à une Salviati; Jules, duc de Ceré, marié à
une Torlonia;, Félix, prince de Rossano; Camille,
Jean et Joseph, prince de Mongiolino.
Une sœur du prince défunt, a épousé le prince
Lancelotti, frère cadet du prince don Camille Mas-
sirno; ses autres frères sont don Camille, prince
Aldobrandini, et don Scipion, duc Salviati, marié
une Fitz-James.
Comme on le voit, les Borghèse, au contraire do
la plupart.des autres princes romarins, recherchent
les alliances étrangères; l'au dernier, le vieux
prince avait marié l'un de ses fils à la fille d'un
riche banquier beige.
La. fortune des Borghèse.
On évalue environ à trois millions de rentes la
fortune que laisse don Marc-Antoine. Ce gros re-
venu suppose un immense capital, car les biens-
fonds de cet opulent patrimoine sont d'un faible
rapport. Le prince possédait environ 20,000 heotares
do terres incultes dans la campagne romuine, qu'il
louait pour la pâture du bétail raison de 50 francs
l'hectare. Ses villas, notamment la fameuse villa
Borghôse, seule promenade publique de Rome, sur-
passeot assurément en frais d'entretien ce qu'elles
peuvent rapporter.
A Frascati, le prince Marc-Antoine a abandonné
la jouissance d'une ample partie de sa villa aux jé-
suites qui y ont établi le magnilique collège de Mon-
D'ailleurs, toute la côte si renommée de Frascati,
sauf la villa Torlonia, propriété du duc Léopold,
syndic de Rome, appartient aux Borghôse, puisque,
outre la villa du prince on y admire
la villa Aldobrandini et la villa Lancelotti, quis'est
annexé la villa Faiconleri. Les Borghèse sont donc
propriétaires d'un des plus beaux sites dü monde.
Le palais Borghése est le plus vaste de Rome il
occupe l'étendue d'un petit village, et contient, daus
la célèbre galerie ouverte au public, une collection
de tableaux d'un prix infini. Là se trouve le por-
trait do César Borgia par Raphaël d'autres chefs-
d'oeuvre du môme maître, et les ouvrageas les plus
illustres de toutes les écoleb. La villa Borghése, aux
portes de Rome, renferme aussi des œuvres incom-
parables de sculpture, notamment la fameuse sta-
tue, si décolletée, de la princesse Pauline Borghèse,
par Canova.
Outre ces immenses richesses immobilières, le
prince don Marc-Antoine et ses fils, rompant avec
la timidité et le nonchaloir traditionnel des princes
romains, s'étaient mêlés à une quantité d'affaires
financières et industrielles, qui accroissent chaque
année leur fortune.
La vie du prince.
Le prince don Marc-Antoine faisait un noble
usage de celle opulence. La fortune d'un patri-
cien romain appartient au public. Sa vie privée est
généralement simple; mais il soutient une quantité
(['oeuvres nopulaires qu'il préside et protège. Ses pa-
lais, ses jardins sont ouverts à tous. Il entretient
une multitude de clients, comme les patriciens de
la vieille Rome.
Sons le régne des papes, la maison des Borgkèse
comptait parmi les plus hospitalières.
La princesse prenait la part la plus active a tou-
tes les affaires, même politiques et religieuses. Une
vieille amitié d'enfarice la liait à Mgr Dupanloup,
évêque d'Orléans. C'est au palais Borghèse que le
bouillant prélat descendait, lors de ses nombreux
voyages à Rome. La»elironique dit qu'en huit jours
l'évêque usait une paire de chevaux magnifiques, et
qu'après un de ses séjours il fallait que le prince
Borghèse renouvelât ses écuries. Cependant, lors
du concile, Mgr Dupanloup n'eut pas recours à
l'hospitalité si généreuse de la princesse.
En ces derniers temps, le prince soutenait, au su-
jet de sa villa romaine, un difficile procès contre la
municipalité. Comme il avait manifesté l'intention
de la vendre à une compagnie, la municipalité ré-
clama un droit de préemption. Aussitôt le prince
ferma la villa, afin de mieux revendiquer la pléni-
tude de son droit, et déclara qu'elle resterait désor-
mais fermée. La ville fit valoir d'antiques servitu-
des établies par les papes, et aussi d'importantes
concessions faites au prince, en raison du caractère
public de sa villa. Un ordonnance de référé.obligea
lè prince à rouvrir les portes de la villa, et il s'exé-
cuta de bonne grâce. Le fond de l'affaire est pendant
devant les tribunaux, et les héritiers du prince au-
ront à soutenir ce difficile procès. Il est probable
que la villa est destinée à revenir à la ville de
Rome.
Les opinions du prince.
Le prince don Marc- Antoine était demeuré fidèle
au régime pontifical. Il résista courageusement aux
.pressantes avances qui lui furent faites s par le nou-
{yeaîi gouvernement, La majeure partie de ses rêve-
nus allait aux œuvras nies..
Son frère, le duc Salviati, alongtemps présidé l' As-
sociation générale du congrés catholiaue italien, et
il demeure le chef le plus immaculé du parti cléri-
cal romain, dit parti noir.
La rigidité de. ses principes n'empêchait pas don
Marc-Antoine de se grêler, comme nous l'ayons dit,
au courant de la vie moderne, à toutes les entre-
prises do la civilisation. Seulement, depuis la dé-
possession des papes, il avait fermé ses salons, et
ne recevait plus que des amis intimes.
ïvféanmoins, tous les, Français de distinction pré-
sentés au prince, étaient assurés de trouver au-
près de lui le plus cordial accueil.
Le fils aîné du prince, le.prinçe de Sulmona, a été,
à plusieurs reprises, élu conseiller municipal de
Rome. On dit que les jeunes princes Borghèse se dé-
partiraient un peu de l'absolue fidélité gardée aux
papes par leur père.
Ils sont à la tête d'une sorte de parti mixte, dé
parti de conciliation, qui a pour organe une revue
la Rassegna italiàna. Ils ne seraient pas éloignés
de partager les idées du père Curci, dont ils ont fa-
vorisé les conférences de carême, dans l'année 1883,
conférences qui firent quelque émoi.
Avéc le prince Borghèse disparaït donc un des re-
présentants les plus éminents d'une génération
d'autrefois.
Sa fortune se morcellera. Ses héritiers adopteront
sans douto un genre de vie un peu différent du
sien.
Sans avoir accompli d'actes historiques, le prince
Marc- Antoine menait un genre de vie typique il
soutenait dignement la tradition d'une longue suite
d'aïeux..
LA DOHAtToW. oTlHAinULY
A l'Institut Réunion- de la commission
administrative Acceptation par
l'Institut de la donation du
duc d'Aumal9.
C'est hier que la commission administrative de
l'Institut s'est réunie, au palais Mazarin, pour s'oc-
cuper de la auestion de la donation du domaine de
Chantilly.
Cette commission comprend quinze membres
MM. Xavier Marmier, Camille Doucet et Camille
Rousset, de l'Académie française; Wallon, Jourdain
et Debroche, de l'Académie des inscriptions et bel-
les-lettres; Bertrand, Becquerel et Frémy, de l'Aca-
démie des sciences; le vicomte -Delahorde, Questel
et Bailly, de l'Adémie des beaux-arts; Jules Simon,
Barthélémy Saint-Hilaire et Aucoc, de l'Académie
des sciences morales et politiques.
La séance de cotte commission s'est tenue une
heure, avant la séance trimestrielle des cinq aca-
démies.
Aussitôt la séance ouverte, M, le président a
donné connaissance a ses collègues des divers
extraits du testament de M. le duc d'Anmale et de
la correspondance qu'il a échangée avec ses manda-
taires, pièces que 10 Matin a publiées dès le début.
La commission n'avait pas, comme on l'a dit, it
préparer un projet d'acceptation pour l'Institut,
mais seulement à prendre officiellement connais-
sance des intentions du duc cl'Aumale avant de les
'trfihsmetji'o aux cinq académies, qui auront déci-
der de la suite qu'il convient de donner au projet,
du propriétaire de Cltanti-I-ly et de la procédure à
suivre.
Tous les membres ont voté des remerciementstrès
chaleureux au donateur.
La commission a proposé également à l'Institut
de lui donner mandat de s'entendre avec les repré-
sentants du duo d'Aumalcpourla rédaction de l'acte
do donation qui sera soumis à l'acceptation provi-
soire de l'Institut, en attendent que leçon eil d'Etat
en ait délibéré et que l'acceptation délinitive ait été
autorisée par le gouvernement.
Lv séance trimestrielle des cinq académies s'est
tenue ensuite, sous la présidence de M. Zeller.
En voici le procès -verbal qui naus est commu-
nique
« Le président donne la parole à M. Auc.oc, qui
propose l'Institut, 'au nom de la commission, cen-
trale administrative, la résolution suivante
« L'Institut de France, réuni en assemblée géné-
rale, après avoir pris connaissance des pièces rela-
tives à la donation qui lui est faite, par M, le duc
d'Aumale, du domaine de Chantilly;
» Adresse ai M. le duc d'Aumale l'expression de
sa vive reconnaissancepour cette généreuse et pa-
triotique libéralité, et charge sa commission admi-
nistrative centrale de faire le nécessaire pour régu-
lariser l'acceptation de la dunation. »
La commission centrale administrative de l'Ins-
titut ;u continué sa séance par l'audition du compte
rendu do M. Zeller sur les fêtes de Heidelberg.
La séance est levée il trois heures trente.
LES AFFAIRES O'ESPÂGflE
Enthousiasma à Madrid Le3 commuta-
tions de peine Crise ministérielle
M. Castelar.
(D'UN CORRESPONDAIT)
Makmd, 6 octobre. Hier soir, au théâtre Apolo,
a eu lieu une manifestation de sympathie pour la
régente, aux cris de Vive la rcine 1 vive Al-
phonse XIII!
L'état de siège sera levé incessamment.
Station des graciés.
(D'UN CORRESPONDANT)
MADHID, 6 octobre. Les insurgés militaires con-
damnés à mort ont eu leur peine commuée en celle
de la réclusion perpétuelle; ils seront envoyés aux
présides d'Afrique.
Les ministres, dans leur dernière réunion ont dé-
cidé de faire rechercher par tous les moyens possi-
bles les assassins du général Velarde et du colonel
Mirasol, et de proposer aux Cortès, dès la réouver-
ture de la session, d'accorder une pension supplé-
mentaire aux veuves de ces deux officiers.
Il est exact que le ministre de la marine a donné
sa démission.
Démissions des ministres.
(D'UN CORRESPONDANT)
MADUlD, 6 octobre. Le maréchal Jovellar, mi-
nistre de la guerre, ayant voté dans le conseil des
ministres contre la grâce des condamnés à mort, a
donné sa démission. ùn assure qu'il sera remplacé
par le général Castillo, qui n'a jamais pris part à
aucun pronunciamiento.
Le bruit court que le ministre de la marine est
également démissionnaire.
La crise.
(d'un CORRESPONDANT)
MADRID, 6 octobre. A la suite de la démission
du ministre de la guerre et du ministre de la ma-
rine, une crise ministérielle est ouverte.
Une dépêche de M. Castelar.
(d'un CORRESPONDANT)
Bordeaux, 6 octobre. M. Emilio Castelar vient
de télégraphier au journal El Globo, de Madrid
Félicitez en mon nom le ministère pour son acte
de clémence,et démontrez comment ce procédé doit
engager les républicains de tous les partis sans ex-
ception à suivre la politique de prbpagande pacifi-
dit sans réserve au parâça*
P&!fiTS_NOÎBS
LA SITUATION S'AGGRAVE EN
"BULGARIE
Le voyage du général Kaulbars Le3ôleo»
tions prochaines Agitation militaire
Bruits contradictoires Le
consul français- Mauvake
vfoi allemande.
(PAR service spécial)
SOFIA, 6 octobre. Le général Kaulbars, au lieu
de se rendre directement de Orhania à Plewna, a fai t
un détour pour visiter Vratza, ville où M. Zankofï
a été interné autrefois et dans laquelle il a laissé de
nombreux partisans.
Un groupe d'habitants a reçu le général et lui a
exprimé sa cuntianec dans la protection de la
Russie.
Le général Kalbars a renouvelé les déclaration*
qu'il a faites à Orhania.
Il a insisté pour l'ajournement des élections et en
faveur de la mise en liberté des officiers.
Le général Kaulbars, en quittant Vratza, a été
1 objet d'ovations de la part d'un certain nombre
de zankovistes. Il arrivera ce soir à Plevna.
a Le bruit a couru que le général renonçait
a poursuivre son voyage et allait retourner direc-
tement à Saint-Pétersbourg, mais ce,bruit ne seul'
ble pas fondé.
La correspondance du général.
(D'UN correspondant)
SorIA, 6 octobre. La correspondance échangea
ces derniers jours entre le gouvernement et le gré-
néral Kaulbars vient d'être envoyée aux agents di.
plomatiques.
Dans une dernière lettre, le général Kaulbars ré-
pète que la responsabilité des conséquences qui pour-
raient résulter du refus du gouvernement d'ajour-
ner la date des élections et de mettre en liberté les
officiers prisonniers, retombera sur les chefs actuels
du gouvernement.
Les pourparlers qui devaient s'engager entre l'a-
gent diplomatique de la Russie et le ministère pour
reporter Ies électionsià huit jours plus tard, ne sem-
blent pas avoir abouti, et on se prépare, à Sofia
comme ailleurs, aux élections,
La garnison da Routschouck,,
(d'un correspondant)
Sofia, 6 octobre. Le bruit qui a couru que la
garnison,de Routschouck s'était prononcée contre la
régence est sans fondement. Au contraire, il y a eu
de la part des officiers de cette ville, une protesta-
tion de dévouement au gouvernement actuel, à l'oc-
casion d'une. lettre que le général. Kaulbars avait
envoyée au commandant, le major Filoff, ppur l'in-
viter mettre en liberté les officiers arrêtés. Le
commandant s'y est refusé, en se référant aux or-
dres du gouvernement central. Cet incident fera
l'objet d'une note du gouvernement bulgare aux
puissances.
Quelques mécontents
(D'UN CORRESPONDANT.)
Sofia, b octobre. La nouvelle s'est répandue
que trois officiers de la garnison de Schoiimla
avaient manifesté leur mécontentement de l'or.ire
actuel des choses et avaient fait la menace de se dé-
clarer contre la régence, si celle ci ne différait pas
les élections et ne mettait pas en liberté les officiers
compromis.
Il y a eu, en effet, il est vrai, un échange d'ex-
plications entre ces officiers et le gouvernement;
mais, jusqu'à cette heure, les nouvelles récites ne
permettent pas de croire à un mouvement contre la
régence.
Autre version..
fD'UN correspondant)
Saint-Pétersbourg, 6 octobre. On mande <î&
Giurge-wo, le 3 octobre, aux journaux de Saint-Pé-
tersbourg, que le mouvement favorable aux deman-
dés do la Russe, commencé par la garnison do
iâifhoumla, est en pleine activité.
L'adhésion des garnisons Plevna, Slivno, ne pvrait pas douteuse.
La garnison de Schoumla a adressé hier au mi-
nistre de la guerre, à Sofia, le télégramme sui-
vant
« Convaincue queles droits et les intérêts de la
nation et du pays souffrent de l'état de choses ac-
tuel, la garnison émet le vœu que tous les auteurs
du coup d'Etat du août soient, mis en liberté, et
que la note du général Kaulbars, en date du 27 sep-
tembre, soit prise en considération, afin d'éviter
une rupture- entre les deux nations sœurs. S'il en
était autrement, la garnison se réserve d'agir sui.
vant sa propre impulsion. s
Le télégramme était signé des trois commandants
des régiments, MM. Khozaroif, Dikoff et Loudska-
tofi'.
On craint des troubles.
(D'UN CORRESPONDANT)
Sofia, "6 octobre. La tranquillité est parfailo ù.
Sofia, mais on redoute, Rousfchouk et à Yanuijfi
Journée de dimanche pendant laquelle doivent avoir
lieu les élections.
Le général- Kaulbars so trouvera probablement,
ce jour-là, en présence do manifestations, les ui:.e
hostiles, les autres favorables à la Russie, qui pour-.
raient entraîner des troubles graves.
L'attitude du consul français.
(d'un correspondant)
SoFIA, 6 octobre. Un journal allemand n en.
devoir dernièrement attribuer à l'agent diplomati-
que français à Sofia, M. Flesch,un rôle dans les in-
trigues qui ont précédé le renversement du princa
Alexandre.
Il accuse M. Flesch de favoriser en ce moment
même la politique russe.
Ce journal tire de l'attitude prêtée au représentant
de la France à Sofia des conséquences siir les vuec
de la politique générale du 'gouvernement français,
Il n'est pas besoin de dire que le récit en question
est simplement calomnieux, et que M. Flesch n'est
sorti en aucun cas de la réserve que comportait la
sens de ses instructions.
Russes et Allemands.
(D'UN CORRESPONDANT)
Saikt-Pétersbourg, G octobre. Le Nouveau
Terops et le Novosti font ressortir ironiquement la
publication de l'article d'hier de la Gazette de l'Al-
lemagne du Nord, précisément au moment où la
Russie se dispose à faire en Bulgarie une démarcha
décisive..
Le Nouveau Temps dit qu'il sufGt de constater
le fait et d'en tenir compte.
Faisant allusion à la nouvelle donnée par la Zas-
tava deNeusatz, d'une alliance secrète entre la Ser-
bie et la Bulgarie, le Swet conseille à la Russie
d'éviter les mesures brutales contre les Bulgares.
Il est préférable d'abandonner la Bulgarie à son'
sort ^lorsqu'elle se sera jelèe dans les bras des en.
nemis de la Russie, un temps viendra, où les Bal-
gares Comprendront d'eux-mêmes ce -que réclamer
EgDACTIOW^srù'dBmatla; DE € A NUIT
SEUL JOURNAL F R hU '-ÇJ -j S • B :E G IU NT, >ÀJL FI L S E T S E R VJCES_ S F É C 1 A U X L ES D E B N j ÈRES NOUVELLES -.0 E N TJ E B
t Français, élevez vos âmes, et vos résolutions
à la hauteur des effroyables périls qui fondent
sur la patrie 1
» 11 dépend encore de nous de lasser la mau-
vaise fortune et.de montrer à l'univers ce qu'est
un grand peuple qui ne veut pas périr et dont le
courage s'exalte au sein même des catastro-
phes. ̃ • • ̃•̃
t Metz a capitulé.
Un général sur qui'la France comptait, mê-
me après le Mexique, vient d'enlever à la patrie
en danger plus -de deux cent mille de. sos défen-
seurs
» Le maréchal Bazaine atrahi.
Il s'est fait le complice de l'envahisseur au
mépris de l'honneur de l'armée dont il avait la
garde, il a livré, sans même un suprême effort,
cent'vingt, mille combattants, vingt mille bles-
sés, ses fusils, ses canons, ses drapeaux, et la
plus forte citadelle de laFrance. Metz, vierge jus-
qu'à lui des souillures de l'étranger.
» Un tel crime est au-dessus même des châ-
timents de la justice ».
C'est le 30 octobre 1870 que Gambetta adres-
sait à la France cette proclamation enflammée,
qu'il portait sur Bazaine ce jugement qui sera
celui de l'histoire. C'est seulement le 7 mai 1872
que le général de Cissey; ministre de la guerre,
donnait l'ordre d'informer contre le maréchal
Bazaine, accusé d'avoir commis les crimes pré-
vus par les articles 209 et 210 du code de justice
militaire.
La justice allait avoir son cours, l'honneur de
la France et de-1'armée allaient être vengés. Ce
ne fut pas sans peine, sans qu'on se fût heurté à
des résistances presque invincibles. Tous les ca-
lomniateurs de la Défense nationale étaient pleins
pour Bazaine d'une indulgence aimable.. Le gé-
néral Changarnier, M. Thiers, le défendaient pas-
sionnément.
Le 29 mai 1871, le général Changarnier, à la
tribune de l'Assemblée nationale de Versailles,
s'exprimait ainsi: « Quoi qu'en aient dit des hom-
mes aigris par le malheur, qu'ils n'ont pas su
porter avec dignité, quoi qu'en aient dit des su-
balternes qui croient se grandir en accablant un
chef tomba de haut, il est faux) absolument faux
que le brave soldat de Borny et de Rezonville
nous ait volontairement, méthodiquement con-
duits à notre ruine. a
Le Journal officiel constate que ces paroles fu-
rent accueillies par des applaudissements pro-
longés et que l'orateur, en retournant à sa place,
reçut les félicitations empressées de ses collè-
gues.
Quelques instants après, M. Thiers, à son tour,
montait iL la. tribune et disait: «J'ai été heu-
r*ux d'entendre notre illustre collègue) le géné-
ral Changarnier' parler si dignement d'un de nos
grands hommes de guerre! »
Uela semble fort après quinze ans; on se- de-
mande' s'il est possible que le général Changar-
nier qui avait tout vu à Metz, que M. Thiers, il
qui ne manquait aucune source d'informations,
aient pu tenir un pareil langage. Rien de plus
M. Thiers n'avait jamais cru à la défense, il
n'avait jamais cru à Ici possibilité de continuer
la guerre. A Tours, il avait blâmé avec aigreur
la proclamation de Gambetta. Tous les jour-
naux qui envoyaient prendre chez lui le mot
d'ordre avaient plaidé pour Bazaine. En 1871,
il en était encore au fou furieux. Reconnaître la
trahison, c'eût été avouer qu'il avait pu se trom-
per. Il ne voulait pas entendre, il ne voulait pas
savoir, il refusa même de jeter les yeux sur le
livre du colonel d'Audlau dont je dirai tout à
l'heure un mot.
La situation 'du général Changarnier était dé-
licate. S'il avait, tout vu à Metz, il avait aussi été
mêlé à tout et sa responsabilité morale était
dans une certaine mesure engagée. Il s'était
hissé compromettre par Bazaine, il était allé le
,premier au quartier général prussien parler de
la capitulation de l'armée et de la reddition de
la place. Il avait fait quelque chose de plus, il
avait entravé tant qu'il avait pu les efforts
de ceux qui ne voulaient pas succomber sans
combattre. On s ait qu'un grand nombre d'officier s
supérieures, les généraux Aymard, de Courcy,
Cliuehant, Péchof, les colonels Boissonnet, Le-
val, Davoust, cl'Andlau et bien d'autres
a.vaient conçu le projet d'organiser une sortie
malgré Bazaine, malgré les maréchaux. Glinchant
Élevait prendre le commandement. Le général
Changarnier, prévenu, le manda chez lui et lui
adressa les reproches les plus violents. Ce fut
une scène incroyable. « Je n'aime pas les brail-
lards! » criait Changarnier, en menaçant du ton
et du geste le jeune général, en le poursui-
vant jusqu'à sa porte. Les braillards, c'é-
taient ceux qui mettaient le salut de la France
avant le respect d'une discipline aveugle. Ils
manquèrent aussi à la discipline les généraux La
Passet, de Laveaucoupet, Jeanningros, qui, mal-
gré les ordres de Bazaine, brûlèrent les dra-
peaux de leurs brigades. Ils manquèrent à la
discipline, ces nombreux officiers qui refusèrent
d'obéir à la capitulation, s'évadèrent des lignes
prussiennes et vinrent à Tours se mettre à la
disposition du gouvernement de la Défense na-
tionale.
Glinchant sortit de chez lègénéral Changarnier,
ému, troublé, hésitant. Le projet de sortie fut
abandonné, la discipline fut respectée et Bazaine
put capituler en paix.
On comprend maintenant le langage du géné-
ral Changarnier en 1871. Avouer le crime, c'eût
été confesser son aveuglement, «'eût été condam-
ner sa propre faiblesse.
L'opinion publique était saisie, mais elle ju-
geait d'instinct et sans avoir à sa disposition les
pièces du procès qui se plaidait devant elle. A Pa-
ris, on n'était pas renseigné sur ce qui s'était
passé à Metz; le côté technique des opérations
militaires était ignoré. On savait que Bazaine
avait livré de sanglantes batailles; on n'osait pas
croire qu'il avait de parti-pris stérilisé le sang
généreux-de Borny, de Gravelotte, de Saint-Pri-
vat. On n'avait qu'une idée très vague de l'inci-
tant Régnier et de la mission du général
Cest alors que fut publié le livre du colonel
dfAndlau, Mets, campagne et négociations. Ce
contre son çî^f. pOur
claire que le jour. La République /rançaise con-
sacra une série d'articles à l'ouvrage du colonel
d'Andlau. On y mettait particulièrement en lu-
mière tout ce qui avait rapport aux négociations
de Bazaine avec l'ennemi, à l'affaire ilegnier, à
la mission du général Boyer à Versailles, en un
mot à tout ce qui constituait la trahison, évi-
dente, palpable^ tangible.;
La marée de l'indignation et du mépris mon-
tait, mais M. Thiers tenait toujours bon; il s'en-
têtait à ne pas vouloir de poursuites.
Heureusement, pour obéir aux prescriptions
des lois militaires, on avait dû constituer un
conseil d'enquête devant lequel avaient été
renvoyés les signataires des capitulations con-
senties avec l'ennemi pendant la guerre. Ce
conseil, présidé par le maréchal Baraguey-
d'Hilliers, eut à s'occuper de Metz comme des
autres places fortes. Le vieux Baraguey-
d'Hilliers était un caractère inflexible, incapable.
de mollir, sur qui nulle considération étran-
gère ne pouvait influer. Le 9 août 1872 ,le con-
seil d'enquête rendit son avis, motivé qui était
écrasant. En voici les articles principaux
« Le conseil est d'avis que le maréchal Bazaine
a causé la perte d'une armée de 150,000 hommes
et de la place de Metz, que la responsabilité
lui incombe tout entière et que, comme comman-
dant en chef, il n'a pas fait ce que lui prescri-
vait le devoir militaire.
Le conseil blâme le maréchal d'avoir en-
avec l'ennemi des relations qui n'ont
abouti qu'à une capitulation sans exemple dans
l'histoire.
» Le conseil le blâme enfin d'avoir livré à
l'ennemi les drapeaux qu'il pouvait et devait dé-
truire, d'avoir mis ainsi le 'comble à l'humilia-
tion de braves soldats dont son devoir était de
sauvegarder l'honneur. »
Devant un pareil arrêt, Inséré au Journal of-
ficiel, M. Thiers ne pouvait pas ne pas s'incliner.
Il céda, et le général Serré de Rivière fut chargé
d'instruire l'affaire. Je ne crois pas que le géné-
ral de Rivière ait laissé de mémoires; c'est, dom-
mage on verrait dans ces souvenirs de quelles
sollicitations il fut assailli, et ce qu'il lui fallut
de fermeté pour accomplir jusqu'au bout son de-
voir. Si justice a été faite, si l'honneur de la
France a eu satisfaction, si l'armée de Metz, sacri-
fiée à la plus détestable ambition, a été vengée,
c'est au maréchal Baraguey-d'Hilliers et au gé-
néral Serré de Rivière qu'on le doit.
Quand on a le courage de relire, dansles comp-
tes rendus complets, le procès du maréchal Ba-
zaine, ce qui frappe le plus dans ce malheureux,
ce n'est pas sa fourberie, sa duplicité, l'art qu'il a
mis du premier au dernier jour à compromettre
et à tromper ses lieutenants, ce n'est pas l'inep-
tie avec laquelle il s'est laissé grossièrement
jouer pnr les Allemands, c'est sa prodigieuse in-
conscience. Il commit les actes les plus odieux
sans même paraître se douter de leur énormité.
En veut-on un exemple?
Le 29 septembre, le maréchal Bazaine, qui
avait clé.j-à ouvert des négociations avec l'ennemi
par l'intermédiaire de M. Régnier, reçoit de
Ferrières un télégramme ainsi conçu Le ma-
réchal Bazaine acceptera t-il, pour la reddition
de l'armée qui se trouve devant Metz les condi-
tions que stipulera M. Régnier, restant daus les
conditions qu'il tiendra de M. le maréchal? p
Bazaine répond par une lettre adressé au général
prussien Stiehle, et où on lit ce qui suit « J'ai
dit à Régnier que la seule chose que je pusse
faire, ce serait d'accepter une capitulation avec
les honneurs de la guerre, mais que je ne pou-
vais comprendre la place de Metz dans les con-
ventions ia intervenir. »
Nous sommes à la fin de septembre, et Bazaine
dans une communication officielle à l'ennemi,
prononce le mot de capitulation il sait que Paris
résiste, que les armées de province s'organi-
sent, il commande à cent cinquante mille hom-
mes, il a encore un mois de vivres et il parle de
capituler 1
Eh bien croirait- on que cette lettre qui était
conservée dans les archives militaires prussien-
nes, c'est Bazaine lui-même qui en a demandé
copie à Berlin, qui en a obtenu une expédition et
qui l'a insérée dans un mémoire justificatif ? Ai-
je tort d'écrire que jamais on ne vit pareille in-
conscience ? De quoi cette âme est-elle donc
faite?
On m'excusera, puisque depuis quelques jours
le théâtre fait du nom de Bazaine une actualité,
de m'être laissé aller à parler de ces choses. Il
est bon de ne pas les oublier. Il y a dans ces
cruels souvenirs de 1871 un cordial d'une amer-
tume salutaire.
RANc.
Le MATIN publiera demain un article da
M. ALEXANDRE HEPP.
UN BOURBON RÉPUBLICAIN
Les environs de la frontière espagnols in-
terdits au duc de Séville Décision
spontanée du gouvernement fran-
çais.
A la suite de la publication du récent manifeste
où le duc de Séville, évadé des îles Baléares, a fait
une profession de foi républicaine et s'est posé en
candidat à la présidence de la république espagnole,
le gouvernement français a « spontanément e ré-
solu de prendre, à l'égard du prince espagnol, des
mesures dé précaution ayant pour objet de lui in-
terdire de demeurer à proximité de 'la frontière des
Pyrénées. >
Le gouvernement vient de décider que le duc de
Séville ne pouvait résider, en France, qu'au nord
de la ligne formée par la Loire.
Averti de cette décision, le prince a alors fait sa-
voir qu'il avait l'intention de se fixer à Paris. Ce-
pendant, en raison de l'état de santé précaire d'un
de ses enfants et de la nécessité de régler certaines
questions d'intérêt, il a sollicité un délai de cinq
jours avant de quitter Tarbes, où il se trouve ac-
tuellement.
Ce délai, qui lui a été accordé, n'est pas encore
expiré présentement.
LE BUDGET DE LA SERBIE
fPAE SERVICE SPÉCIAL)
Semlin, 6 octobre. La commission du budget
de la Skoupchtina a décidé d'apporter dans les dé-
penses de;, réductions considérables qui mettront le
budget en parfait équilibre.
Le vote par la Skoupchtina des réformes projetées
taires du 4 octobre, qui ont toutes ètéfavo^Sles au
LE PRIKCE_BORGHÈSE
LA VIE ET LA FORTUNE r>'U,N
PRINCE ROMAIN
L'aristocratie romaine en deuil Al-
liances avec la noblesse française
Un parti de conciliation
à Rome.
Le prince don Marc-Antoine Borghèse, qui vient
'de mourir à l'âge de soixante-douze ans, était le
chef vénéré d'une des plus illustres et puissantes
familles de l'Italie, un des derniers survivants de
la vieille aristocratie romaine, de celle qui a gardé
les traditions du régime pontifical..
Sa mort, suivant de si près celle du vieux prince
don Alexandre Torlonia, achève de mettre en deuil
tous les nobles Romains, et de clore, pour cet hiver,
les rares salons qui restaient ouverts dans la Ville
éternelle.
La famille Borghèse.
L'illustration et la richesse de la famille Borghése
datent du régne de Clément VIII Aldobrandini,dont
le neveu, un Borghèse, acheta à l'encan les biens
des Cenci, après la condamnation capitale dont fu
rent frappés Béatrice Cenci et son frère. Plus tard,
les Borghèse fournirent eux-mêmes, en Paul V, un
souverain à Rome, et Un pape l'Eglise. C'est Paul V
qui consacra la basilique vaticune, et son nom, ins-
crit au milieu du fronton do Saint-Pierre, y semble
primer celui du prince des apôtres.
Après les Orsini et les Colonna, peut-être aussi
après les Massimi, qui se vantent de remonter jus-
qu'à la gens Fabia, les Borghèse comptent donc
parmi les plus anciens patriciens romains. Leurs
alliances sont des plus illustres; elle les fait parents
de plusieurs familles souveraines, notamment de la
famille de Savoie et dos Bonaparte.
Le prince don Marc-Antoine était fils d'une Laro-
chefoucauld, et il s'était marié en secondes noces
avec une Larochefoucauld d'Estissac, la princesse
actuellement douairière. Il tenait ainsi à la noblesse
française par des liens nombreux, et sa mort met en
deuil, en même temps que toute la noblesse romai-
ne, une partie de notre faubourg Saint-Germain.
Le nom des Borghèse n'est, du reste, pas près de
s'éteindre. Le prince laisse une nombreuse postérité.
Une fille unique de son premier mariage avec une
noble Anglaise est mariée à Florence au marquis
Gerine; son fils aîné, aujourd'hui chef de la famille,
don' Paul Borghése, prince de Sulmona, a épousé
une fille du comte Apponyi, dont il a plusieurs en-
fants viennent ensuite François, duc de Bomarzo,
marié à une Salviati; Jules, duc de Ceré, marié à
une Torlonia;, Félix, prince de Rossano; Camille,
Jean et Joseph, prince de Mongiolino.
Une sœur du prince défunt, a épousé le prince
Lancelotti, frère cadet du prince don Camille Mas-
sirno; ses autres frères sont don Camille, prince
Aldobrandini, et don Scipion, duc Salviati, marié
une Fitz-James.
Comme on le voit, les Borghèse, au contraire do
la plupart.des autres princes romarins, recherchent
les alliances étrangères; l'au dernier, le vieux
prince avait marié l'un de ses fils à la fille d'un
riche banquier beige.
La. fortune des Borghèse.
On évalue environ à trois millions de rentes la
fortune que laisse don Marc-Antoine. Ce gros re-
venu suppose un immense capital, car les biens-
fonds de cet opulent patrimoine sont d'un faible
rapport. Le prince possédait environ 20,000 heotares
do terres incultes dans la campagne romuine, qu'il
louait pour la pâture du bétail raison de 50 francs
l'hectare. Ses villas, notamment la fameuse villa
Borghôse, seule promenade publique de Rome, sur-
passeot assurément en frais d'entretien ce qu'elles
peuvent rapporter.
A Frascati, le prince Marc-Antoine a abandonné
la jouissance d'une ample partie de sa villa aux jé-
suites qui y ont établi le magnilique collège de Mon-
D'ailleurs, toute la côte si renommée de Frascati,
sauf la villa Torlonia, propriété du duc Léopold,
syndic de Rome, appartient aux Borghôse, puisque,
outre la villa du prince on y admire
la villa Aldobrandini et la villa Lancelotti, quis'est
annexé la villa Faiconleri. Les Borghèse sont donc
propriétaires d'un des plus beaux sites dü monde.
Le palais Borghése est le plus vaste de Rome il
occupe l'étendue d'un petit village, et contient, daus
la célèbre galerie ouverte au public, une collection
de tableaux d'un prix infini. Là se trouve le por-
trait do César Borgia par Raphaël d'autres chefs-
d'oeuvre du môme maître, et les ouvrageas les plus
illustres de toutes les écoleb. La villa Borghése, aux
portes de Rome, renferme aussi des œuvres incom-
parables de sculpture, notamment la fameuse sta-
tue, si décolletée, de la princesse Pauline Borghèse,
par Canova.
Outre ces immenses richesses immobilières, le
prince don Marc-Antoine et ses fils, rompant avec
la timidité et le nonchaloir traditionnel des princes
romains, s'étaient mêlés à une quantité d'affaires
financières et industrielles, qui accroissent chaque
année leur fortune.
La vie du prince.
Le prince don Marc-Antoine faisait un noble
usage de celle opulence. La fortune d'un patri-
cien romain appartient au public. Sa vie privée est
généralement simple; mais il soutient une quantité
(['oeuvres nopulaires qu'il préside et protège. Ses pa-
lais, ses jardins sont ouverts à tous. Il entretient
une multitude de clients, comme les patriciens de
la vieille Rome.
Sons le régne des papes, la maison des Borgkèse
comptait parmi les plus hospitalières.
La princesse prenait la part la plus active a tou-
tes les affaires, même politiques et religieuses. Une
vieille amitié d'enfarice la liait à Mgr Dupanloup,
évêque d'Orléans. C'est au palais Borghèse que le
bouillant prélat descendait, lors de ses nombreux
voyages à Rome. La»elironique dit qu'en huit jours
l'évêque usait une paire de chevaux magnifiques, et
qu'après un de ses séjours il fallait que le prince
Borghèse renouvelât ses écuries. Cependant, lors
du concile, Mgr Dupanloup n'eut pas recours à
l'hospitalité si généreuse de la princesse.
En ces derniers temps, le prince soutenait, au su-
jet de sa villa romaine, un difficile procès contre la
municipalité. Comme il avait manifesté l'intention
de la vendre à une compagnie, la municipalité ré-
clama un droit de préemption. Aussitôt le prince
ferma la villa, afin de mieux revendiquer la pléni-
tude de son droit, et déclara qu'elle resterait désor-
mais fermée. La ville fit valoir d'antiques servitu-
des établies par les papes, et aussi d'importantes
concessions faites au prince, en raison du caractère
public de sa villa. Un ordonnance de référé.obligea
lè prince à rouvrir les portes de la villa, et il s'exé-
cuta de bonne grâce. Le fond de l'affaire est pendant
devant les tribunaux, et les héritiers du prince au-
ront à soutenir ce difficile procès. Il est probable
que la villa est destinée à revenir à la ville de
Rome.
Les opinions du prince.
Le prince don Marc- Antoine était demeuré fidèle
au régime pontifical. Il résista courageusement aux
.pressantes avances qui lui furent faites s par le nou-
{yeaîi gouvernement, La majeure partie de ses rêve-
nus allait aux œuvras nies..
Son frère, le duc Salviati, alongtemps présidé l' As-
sociation générale du congrés catholiaue italien, et
il demeure le chef le plus immaculé du parti cléri-
cal romain, dit parti noir.
La rigidité de. ses principes n'empêchait pas don
Marc-Antoine de se grêler, comme nous l'ayons dit,
au courant de la vie moderne, à toutes les entre-
prises do la civilisation. Seulement, depuis la dé-
possession des papes, il avait fermé ses salons, et
ne recevait plus que des amis intimes.
ïvféanmoins, tous les, Français de distinction pré-
sentés au prince, étaient assurés de trouver au-
près de lui le plus cordial accueil.
Le fils aîné du prince, le.prinçe de Sulmona, a été,
à plusieurs reprises, élu conseiller municipal de
Rome. On dit que les jeunes princes Borghèse se dé-
partiraient un peu de l'absolue fidélité gardée aux
papes par leur père.
Ils sont à la tête d'une sorte de parti mixte, dé
parti de conciliation, qui a pour organe une revue
la Rassegna italiàna. Ils ne seraient pas éloignés
de partager les idées du père Curci, dont ils ont fa-
vorisé les conférences de carême, dans l'année 1883,
conférences qui firent quelque émoi.
Avéc le prince Borghèse disparaït donc un des re-
présentants les plus éminents d'une génération
d'autrefois.
Sa fortune se morcellera. Ses héritiers adopteront
sans douto un genre de vie un peu différent du
sien.
Sans avoir accompli d'actes historiques, le prince
Marc- Antoine menait un genre de vie typique il
soutenait dignement la tradition d'une longue suite
d'aïeux..
LA DOHAtToW. oTlHAinULY
A l'Institut Réunion- de la commission
administrative Acceptation par
l'Institut de la donation du
duc d'Aumal9.
C'est hier que la commission administrative de
l'Institut s'est réunie, au palais Mazarin, pour s'oc-
cuper de la auestion de la donation du domaine de
Chantilly.
Cette commission comprend quinze membres
MM. Xavier Marmier, Camille Doucet et Camille
Rousset, de l'Académie française; Wallon, Jourdain
et Debroche, de l'Académie des inscriptions et bel-
les-lettres; Bertrand, Becquerel et Frémy, de l'Aca-
démie des sciences; le vicomte -Delahorde, Questel
et Bailly, de l'Adémie des beaux-arts; Jules Simon,
Barthélémy Saint-Hilaire et Aucoc, de l'Académie
des sciences morales et politiques.
La séance de cotte commission s'est tenue une
heure, avant la séance trimestrielle des cinq aca-
démies.
Aussitôt la séance ouverte, M, le président a
donné connaissance a ses collègues des divers
extraits du testament de M. le duc d'Anmale et de
la correspondance qu'il a échangée avec ses manda-
taires, pièces que 10 Matin a publiées dès le début.
La commission n'avait pas, comme on l'a dit, it
préparer un projet d'acceptation pour l'Institut,
mais seulement à prendre officiellement connais-
sance des intentions du duc cl'Aumale avant de les
'trfihsmetji'o aux cinq académies, qui auront déci-
der de la suite qu'il convient de donner au projet,
du propriétaire de Cltanti-I-ly et de la procédure à
suivre.
Tous les membres ont voté des remerciementstrès
chaleureux au donateur.
La commission a proposé également à l'Institut
de lui donner mandat de s'entendre avec les repré-
sentants du duo d'Aumalcpourla rédaction de l'acte
do donation qui sera soumis à l'acceptation provi-
soire de l'Institut, en attendent que leçon eil d'Etat
en ait délibéré et que l'acceptation délinitive ait été
autorisée par le gouvernement.
Lv séance trimestrielle des cinq académies s'est
tenue ensuite, sous la présidence de M. Zeller.
En voici le procès -verbal qui naus est commu-
nique
« Le président donne la parole à M. Auc.oc, qui
propose l'Institut, 'au nom de la commission, cen-
trale administrative, la résolution suivante
« L'Institut de France, réuni en assemblée géné-
rale, après avoir pris connaissance des pièces rela-
tives à la donation qui lui est faite, par M, le duc
d'Aumale, du domaine de Chantilly;
» Adresse ai M. le duc d'Aumale l'expression de
sa vive reconnaissancepour cette généreuse et pa-
triotique libéralité, et charge sa commission admi-
nistrative centrale de faire le nécessaire pour régu-
lariser l'acceptation de la dunation. »
La commission centrale administrative de l'Ins-
titut ;u continué sa séance par l'audition du compte
rendu do M. Zeller sur les fêtes de Heidelberg.
La séance est levée il trois heures trente.
LES AFFAIRES O'ESPÂGflE
Enthousiasma à Madrid Le3 commuta-
tions de peine Crise ministérielle
M. Castelar.
(D'UN CORRESPONDAIT)
Makmd, 6 octobre. Hier soir, au théâtre Apolo,
a eu lieu une manifestation de sympathie pour la
régente, aux cris de Vive la rcine 1 vive Al-
phonse XIII!
L'état de siège sera levé incessamment.
Station des graciés.
(D'UN CORRESPONDANT)
MADHID, 6 octobre. Les insurgés militaires con-
damnés à mort ont eu leur peine commuée en celle
de la réclusion perpétuelle; ils seront envoyés aux
présides d'Afrique.
Les ministres, dans leur dernière réunion ont dé-
cidé de faire rechercher par tous les moyens possi-
bles les assassins du général Velarde et du colonel
Mirasol, et de proposer aux Cortès, dès la réouver-
ture de la session, d'accorder une pension supplé-
mentaire aux veuves de ces deux officiers.
Il est exact que le ministre de la marine a donné
sa démission.
Démissions des ministres.
(D'UN CORRESPONDANT)
MADUlD, 6 octobre. Le maréchal Jovellar, mi-
nistre de la guerre, ayant voté dans le conseil des
ministres contre la grâce des condamnés à mort, a
donné sa démission. ùn assure qu'il sera remplacé
par le général Castillo, qui n'a jamais pris part à
aucun pronunciamiento.
Le bruit court que le ministre de la marine est
également démissionnaire.
La crise.
(d'un CORRESPONDANT)
MADRID, 6 octobre. A la suite de la démission
du ministre de la guerre et du ministre de la ma-
rine, une crise ministérielle est ouverte.
Une dépêche de M. Castelar.
(d'un CORRESPONDANT)
Bordeaux, 6 octobre. M. Emilio Castelar vient
de télégraphier au journal El Globo, de Madrid
Félicitez en mon nom le ministère pour son acte
de clémence,et démontrez comment ce procédé doit
engager les républicains de tous les partis sans ex-
ception à suivre la politique de prbpagande pacifi-
dit sans réserve au parâça*
P&!fiTS_NOÎBS
LA SITUATION S'AGGRAVE EN
"BULGARIE
Le voyage du général Kaulbars Le3ôleo»
tions prochaines Agitation militaire
Bruits contradictoires Le
consul français- Mauvake
vfoi allemande.
(PAR service spécial)
SOFIA, 6 octobre. Le général Kaulbars, au lieu
de se rendre directement de Orhania à Plewna, a fai t
un détour pour visiter Vratza, ville où M. Zankofï
a été interné autrefois et dans laquelle il a laissé de
nombreux partisans.
Un groupe d'habitants a reçu le général et lui a
exprimé sa cuntianec dans la protection de la
Russie.
Le général Kalbars a renouvelé les déclaration*
qu'il a faites à Orhania.
Il a insisté pour l'ajournement des élections et en
faveur de la mise en liberté des officiers.
Le général Kaulbars, en quittant Vratza, a été
1 objet d'ovations de la part d'un certain nombre
de zankovistes. Il arrivera ce soir à Plevna.
a Le bruit a couru que le général renonçait
a poursuivre son voyage et allait retourner direc-
tement à Saint-Pétersbourg, mais ce,bruit ne seul'
ble pas fondé.
La correspondance du général.
(D'UN correspondant)
SorIA, 6 octobre. La correspondance échangea
ces derniers jours entre le gouvernement et le gré-
néral Kaulbars vient d'être envoyée aux agents di.
plomatiques.
Dans une dernière lettre, le général Kaulbars ré-
pète que la responsabilité des conséquences qui pour-
raient résulter du refus du gouvernement d'ajour-
ner la date des élections et de mettre en liberté les
officiers prisonniers, retombera sur les chefs actuels
du gouvernement.
Les pourparlers qui devaient s'engager entre l'a-
gent diplomatique de la Russie et le ministère pour
reporter Ies électionsià huit jours plus tard, ne sem-
blent pas avoir abouti, et on se prépare, à Sofia
comme ailleurs, aux élections,
La garnison da Routschouck,,
(d'un correspondant)
Sofia, 6 octobre. Le bruit qui a couru que la
garnison,de Routschouck s'était prononcée contre la
régence est sans fondement. Au contraire, il y a eu
de la part des officiers de cette ville, une protesta-
tion de dévouement au gouvernement actuel, à l'oc-
casion d'une. lettre que le général. Kaulbars avait
envoyée au commandant, le major Filoff, ppur l'in-
viter mettre en liberté les officiers arrêtés. Le
commandant s'y est refusé, en se référant aux or-
dres du gouvernement central. Cet incident fera
l'objet d'une note du gouvernement bulgare aux
puissances.
Quelques mécontents
(D'UN CORRESPONDANT.)
Sofia, b octobre. La nouvelle s'est répandue
que trois officiers de la garnison de Schoiimla
avaient manifesté leur mécontentement de l'or.ire
actuel des choses et avaient fait la menace de se dé-
clarer contre la régence, si celle ci ne différait pas
les élections et ne mettait pas en liberté les officiers
compromis.
Il y a eu, en effet, il est vrai, un échange d'ex-
plications entre ces officiers et le gouvernement;
mais, jusqu'à cette heure, les nouvelles récites ne
permettent pas de croire à un mouvement contre la
régence.
Autre version..
fD'UN correspondant)
Saint-Pétersbourg, 6 octobre. On mande <î&
Giurge-wo, le 3 octobre, aux journaux de Saint-Pé-
tersbourg, que le mouvement favorable aux deman-
dés do la Russe, commencé par la garnison do
iâifhoumla, est en pleine activité.
L'adhésion des garnisons Plevna, Slivno, ne pvrait pas douteuse.
La garnison de Schoumla a adressé hier au mi-
nistre de la guerre, à Sofia, le télégramme sui-
vant
« Convaincue queles droits et les intérêts de la
nation et du pays souffrent de l'état de choses ac-
tuel, la garnison émet le vœu que tous les auteurs
du coup d'Etat du août soient, mis en liberté, et
que la note du général Kaulbars, en date du 27 sep-
tembre, soit prise en considération, afin d'éviter
une rupture- entre les deux nations sœurs. S'il en
était autrement, la garnison se réserve d'agir sui.
vant sa propre impulsion. s
Le télégramme était signé des trois commandants
des régiments, MM. Khozaroif, Dikoff et Loudska-
tofi'.
On craint des troubles.
(D'UN CORRESPONDANT)
Sofia, "6 octobre. La tranquillité est parfailo ù.
Sofia, mais on redoute, Rousfchouk et à Yanuijfi
Journée de dimanche pendant laquelle doivent avoir
lieu les élections.
Le général- Kaulbars so trouvera probablement,
ce jour-là, en présence do manifestations, les ui:.e
hostiles, les autres favorables à la Russie, qui pour-.
raient entraîner des troubles graves.
L'attitude du consul français.
(d'un correspondant)
SoFIA, 6 octobre. Un journal allemand n en.
devoir dernièrement attribuer à l'agent diplomati-
que français à Sofia, M. Flesch,un rôle dans les in-
trigues qui ont précédé le renversement du princa
Alexandre.
Il accuse M. Flesch de favoriser en ce moment
même la politique russe.
Ce journal tire de l'attitude prêtée au représentant
de la France à Sofia des conséquences siir les vuec
de la politique générale du 'gouvernement français,
Il n'est pas besoin de dire que le récit en question
est simplement calomnieux, et que M. Flesch n'est
sorti en aucun cas de la réserve que comportait la
sens de ses instructions.
Russes et Allemands.
(D'UN CORRESPONDANT)
Saikt-Pétersbourg, G octobre. Le Nouveau
Terops et le Novosti font ressortir ironiquement la
publication de l'article d'hier de la Gazette de l'Al-
lemagne du Nord, précisément au moment où la
Russie se dispose à faire en Bulgarie une démarcha
décisive..
Le Nouveau Temps dit qu'il sufGt de constater
le fait et d'en tenir compte.
Faisant allusion à la nouvelle donnée par la Zas-
tava deNeusatz, d'une alliance secrète entre la Ser-
bie et la Bulgarie, le Swet conseille à la Russie
d'éviter les mesures brutales contre les Bulgares.
Il est préférable d'abandonner la Bulgarie à son'
sort ^lorsqu'elle se sera jelèe dans les bras des en.
nemis de la Russie, un temps viendra, où les Bal-
gares Comprendront d'eux-mêmes ce -que réclamer
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