Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-02-08
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 février 1898 08 février 1898
Description : 1898/02/08 (Numéro 2082). 1898/02/08 (Numéro 2082).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k548710p
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/05/2008
65* Année. Nouvelle série, n*208f
te Numéro ̃? 5» Oexxtix**es
Mardi 8 Féurier 7893
V MUE DE GIRARDIN
111, FONDATEUR
1 ABONNEMENTS:
ïroiamois. Six moi»; On tnj
fiMS! .». 5~fr. 9&50 lSflr."
,ï)iPARTEMENTs » 6 fr. 11 fr. » 22 fir.
jl|j tiTRARGER. Le port en sus.
Rédaction; 12, rue du Croissant! 12
Adresse télégraphique NALPRESSE, PARIS
> EMILE CI (ÏÏËlMEH
FÔNBA~R
fcÈS ANNONCES Él< ÈfSftL^afBS SONT REfJOEB
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Zola devant ses J~~es Vifs incidents
EXAmEN MÉDICAL DES TÉ 01 S ÉFAlLLANTS
DEIIffi IEM
FIN DE L'AUDIENCE
A cinq heures, l'audience était le-
:Véé.
L'arrêt sur les conclusions ne sera
rendu que demain.
i Ajoutons que, selon toutes probabi-
lités, M. le docteur Floquet, médecin
du Palais, sera commis par la cour
pour vérifier l'état de santé des té-
moins excusés pour cause de maladie.
Me Labori a notamment demandé
que Mlle de Comminges, dont le témoi-
fnage est indispensable, soit contrainte
e venir ou interrogée par une commis-
sion rogatoire.
Un bruit
p- Le bruit a couru que devant l'arrêt
de la Cour, restreignant le débat aux
faits du second Conseil de guerre, les
accusés allaient se pourvoir en cassa-
tion.
Dans ce cas, l'affaire Zola eût été
renvoyée à une autre session.
Mais nous ferons observer que, pour
que ce moyen eût été valable, il aurait
dû être invoqué aussitôt la lecture de
l'arrêt. Or, le débat a continué.
Pas de témoins militaires
On a annoncé cet après-midi que le gé-
néral Billot était à l'audience. L'informa-
tion était exacte. Mais c'est en curieux et
non comme témoin que le ministre de la
guerre a assisté à une partie des déBafs.
Ajoutons qu'à l'exception du général
Gonse, tous les témoins militaires font
défaut.
JL^A. CHAMBRE
lia séance
M. François ©eïoncle examine les-
questions' du Niger et du Nil.
M. lïelafosse, parlant du Tbnkin, en cri-
tique la conquête qui, selon lui, est oné-
reuse pour la France.
_BI. Goïtlet demande au ministre des af-
faires étrangères ce que compte faire notre
diplomatie au moment où se préparent en
Extrême-Orient des événements considéra-
bles;. ̃-̃̃̃•
aï. STanotr.iix lit sa réponse aux divers
orateurs qui l'ont précédé à la tribune.
.La France défendra, dit-il, .comme elle l'a
toujours fait, les droits de l'Egypte, du sou-
verain territorial et ceux des puissances.
Dans la question Gréco-Turque, la France
a cherché à rester dans le concert-européen,
tout en défendant les intérêts helléniques.'
En Chine, nous voulons qu'aucune atteinte
ne soit portée à nos droits et à nos inté-
rêts.
M. SSïlSei'aml au sujet de la question
Gréco-Turque regrette que la France n'ait
pas tenu dans le concert européen un rôle
conforme à ses aspirations républicaines.
Le député socialiste demande au président
du conseil de définir enfin le caractère de
l'alliance franco-russe.
M. sxëlinc se contente de déclarer que
Ja Russie est notre alliée et notre amie. Il
ajoute que de plus en plus la Russie, par le
développement de sa puissance intérieure,
deviendra l'arbitre du monde et se félicite.
qu'elle honore la France de son amitié. (Vio-
lents murmures à l'extrême gauche.)
INFORMATION ERRONÉE
Le bruit a couru de la démission de M.
Danbé, chef d'orchestre à l'Opéra-Comique.
M. Carré, en personne, vient de nous démen-
tir cette nouvelle.
̃̃ ̃;
LA CRUE DE L'ELBE 1
Prague, 7 février; La crue de l'Elbe
prend des proportions inquiétantes. Les
i, pluies continuent en Bohême.
'M JOURNEE
Comme on devait s'y attendre, dès
| le premiermoment, la discussion s'est
engagée entre la défense et l'accusation
j pour élargir ou resteindre le débat.
j Le ministère public a tenu à établir
j nettement que la prévention imputée
j à Emile Zola concernait exclusivement
lies insultes adressées par lui au pre-
mier conseil de guerre. Et la cour, se
1 rangeant à son avis, a décidé de n'ad-
mettre aucun débat, aucun témoi-
gnage sur des affaires connexes., ten-
dant simplement à faire devant la cour
d'assises une revision détournée du
procès Dreyfus.
Tous ceux qui, comme nous, ont dé-
fendu le respect de la chose jugée, ap-
prouveront l'attitude des magistrats
de la. cour, Mais il est .néanmoins per-
mis de regretter que le ministre de la
1 gtierre et les officiers cités par la dé-
fense n'aient pas appporté à la barre
leur témoignage. Il ne s'agit pas, en
effet, dans cette retentissante affaire,
de poursuivre seulement la répression
d'insultes adressées au tribunal mili-
taire. Il faut aussi, il faut surtout, que
la décision de justice mette fin à tout
commentaire, à toute discussion sur
le fond même de la question Dreyfus.
Il aurait été bon que le chef de l'armée
vînt solennellement déclarer la régula-
rité, la légimité du jugement qui a en-
voyé Dreyfus à l'île du Diable.
Quoi qu'il en soit, au moment où
va se elore enfin un débat qui n'a que
trop longtemps duré, il est bon d'atti-
rer l'attention publique sur la déclara-
tion faite ce matin par M. Chaulin-
Servinière, député de la Mayenne,
confirmant les aveux catégoriques de
Dreyfus au capitaine Lebrun-Renaud.
« Oui; a dit le traître, j'ai livré des
.documents à l'étranger, pour en obte-
nir de plus-importants. » On peut épi-
loguer sur des raisons de sentiment;
on peut faire sur les individus mis en
cause des études d'une psychologie
contestable. Mais nous sommes devant
le témoignage de M. Lebrun-Renaud,
en présence d'un fait. Et l'argument
est d'une force indiscutable..
LÉON BAILBY.
LE SÉNAT
I;a séance
Le Sénat reprend la discussion du projet
de loi portant modification du régime fiscal
des successions, donations et ventes de
meubles.
SïSS. Strauss et Cordeleï parlent, dans
un sens différent, de l'impôt gradué sur les
successions et de l'impôt progressif sur les
successions.
Une longue discussion s'engage à ce
propos.
l¥s affaires
BOURSE DES VALEURS
Fermeté de nos rentes. Baisse des fonds
étrangers.
Si l'on ne considérait aujourd'hui que le groupe
de nos rentes, on pourrait dire que le' marché ost
ferme, car nos fonds d'Etat conservent facilement
leurs cours de samedi.
Mais il n'en est pas de même pour les fonds
étrangers, sur lesquels pèsent des ventes assez nom-
breuses, et par suite, comme on le verra plus loin,
la baisse a été assez sensible.
L'attitude du marché n'est donc pas aussi satisfai-
sante qu'on pouvait le souhaiter," étant donné que les
acheteurs 'se montraient, en la précédente séance,
maigre la rareté des affaires, assez bien disposés.
Le 3 0/0 finit à 103 50; l'Amortissable reste à
101 00 au comptant; le 3 1/2 0/0 cote ltfO 55.
Voici encore une nouvelle baisse sur la rente ita-
lienne, qui clôture à 93 52. Les porteurs, comme on le
voit, procèdent à des ventes régulières.
La rente Espagnole, elle aussi, est assez malme-
née. Elle finit à Cl 60.
Enfin, le tassement s'accentue sur les fonds otto-
mans. Le Turc D vaut 22.35.
Sur les établissements de crédit, calme complet.
La Banque de Paris, le Foncier, le Lyonnais, s'éta-
blissent à leurs précédentes limites. Les transactions
sont, en somme, plus restreintes.
Même observation en ce qui concerne le groupe des
chemins de fer français. La cote est soutenue, mais
les opérations n'ont guère d'importance.
Les titres industriels sont très calmes. Le Suez
cote 342G, les Métaux 688.
Sur les Mines d'or, nous n'avons pas à noter d'in-
téressantes fluctuations.
LaCharteredvaut 82 25, l'East Rand 135, la Fer-
reira 639, la Robinson 227 50.
Le Rio est plus lourd à 705, la De Beers vaut 772.
BOURSE DE COMMERCE
5 HEURES
Farln. Elés Colza Lia Aleoo'1 Sucra»
Courant. 02 50 50 10 53 25 3S 75 44 31 37
Mars 62 25 28 85 53 25 38 75 43 75 3162
Mars Av. « 10 28 10 53 75 38 75 43 75 31 75
4 clemars 01 10 28 C5 32
4 lie mai. 59 CO 27 10 54 50 40 25 42 75 32 37
4dern. 54 50 40.. 39 50
4 d'Octo « 30
Sucres, stock a ce jour, 1.902.854 sacs; ea aug- I
mentation de 7.459 sacs sur samedi.
Marque de Corbeil, 66
Sucre roux 88% 28 à 28 50
Sucres raffinés en pains, 101 à 101 50
Doubles prîmes
Farines Blés e6tïa
i de mars. 3 50 à 1 75 à « i ?•
4 de mai.. 475 à 2 40 à 3 50 à 4
Sucrs3 Alcool
4 de mars. 2 à à
4 de mai. 2 50 /.à. 3 25*350
4 d'octobre 2 62 1/2 à 2 75 .«,
Primes simples
Fariaa» BIH
i de mars 1 75 à 90 à • • •
4 demai 2 40 à 1 20 i
Sucres. La tendance a été ferme en sympa-
thie avec les avis de l'étranger.
Dès le début du marché i! a été procédé à de gros
achats pour compte de la raffinerie, et les cours ioai
ainsi revenus à leur plus haut niveau d'avant-hier«
Blés et farines. Le marché a fait pranve
d'une bonne tenue sur le rapproché, sons l'influence
de la demande du découvert, stimulé par la diminu-
tion constante du stock des douze marques.
Le livrable, a été plutôt-délaissé aujourd'hui, et bien
qu'il" n'y- ait pas de changement à signaler dans, la si-
tuation, les prix, à défaut d'affaires, ont quelque peu
n«chi, ̃̃̃
LÀ 1 re ÂTTnïFMf.F'
XX J. JtjL O JLJ JL JCj ÂM %J JCLa
EMILE ZOLA DEVANT SES JUGES
Les interrogatoires. Débats acceptés. Autour du Palais. Intervention des
experts. La femme voilée. Vifs incidents. Pluie de conclusions.
C'est aujourd'hui qu'est venue devant la
cour d'assises de la Seine, présidée par M.
le conseiller Delegorgue, la fameuse affaire
Zola, tant attendue et, avant la lettre jsi com-
mentée.
Voici le compte rendu des débats et des
incidents qui ont précédé l'audience.
La place Dauphine offre une animation ex-
traordinaire depuis le matin.
Dès huit heures, les plus intrépides fai-
saient la queue le long des grilles en atten-
dant l'ouverture, des portes.
Sur le terre-plein de la place, des curieux,
qui se renouvellent sans cesse et s'amusent
à dénommer ceux qui entrent, magistrats ou
journalistes.
Boulevard du Palais, de même;-mais les
curieux sont dispersés dès qu'un groupe se
forme; aucun rassemblement n'est toléré.
La police est faite, à l'intérieur du Palais,
par les gardes du Palais, par les gardes mu-
nicipaux, dont le nombre a été sextuplé, et
par des agents en bourgeois, qui ne sont là
qu'en cas d'un coup de main nécessaire.
Au dehors, la moitié de l'effectif des gar-
diens de la paix du premier arrondissement
entourel'ilot du- Palais de Justice, aidé d'une
cinquantaine d'agents en bourgeois.
Les trois brigades de recherches et cent
agents de la sûreté sont chargés de la sur-
veillance occulte.
Dans la cour de l'hôtel du préfet de police
les trois premières brigades de réserve des
gardiens de la paix sont consignées et se
tiennent dans la cour.
Le service d'ordre extérieur et des cours
du Palais est dirigé par M. Touny, directeur
de la police municipale, et MM. Orsatti et
Bouvier," commissaires divisionnaires. On ne
prévoit d'ailleurs pas d'incidents sérieux,
sauf pour l'arrivée de M. Zola et le départ;
mais des précautions ont été prises pour le
dérober à la curiosité de la foule.
̃ On arriv8 :•
A dix heures vingt minutes, M. Henri Ro-
chefort arrive en voiture par la place Dau-
phine.
Il est l'objet d'une manifestation sympa-
thique de la foule qui crie à plusieurs repri-
ses « Vive Rochefort!»
M. Rochefort pénètre alors dans l'enceinte
du Palais et en attendant l'ouverture des
portes de la cour d'assises engage la con-
versation avec quelques journalistes.
Le général de Pellieux arrive à onze heu.
res moins dix minutes, en fiacre, par la place
Dauphine.
Il est en civil, sans aucune décoration il
passe inaperçu dans la foule.
M. Touny, directeur de la police munici-
pale, le reconnaît et l'accompagne jusqu'à
la- salle des témoins, où il attend l'ouverture
des portes.
A onze heures quarante minutes, très
exactement, M. Emile Zola arrive, en voi-
ture, par la place Dauphine.
Il est aussitôt reconnu et les rangs des
curieux, jusqu'alors maintenus, se rompent
instantanément.
La voiture est en un clin d'œil entourée et
plus de cinq cents personnes poussent les
cris « A bas Zolal » v
M. Emile Zola, très pâle, monte l'escalier
entouré par des agents et pénètre dans la
salle des Pas-Perdus.
Au dehors, l'ordre est vite rétabli. Les
manifestants vont se placer d'eux-mêmes
sur le terre-plein de la place Dauphine sans
que les gardiens de la paix aient à interve-
nir.
Toutefois un incident s'est produit, un in-
dividu ayant crié « Vive Zola », a été for-
:LE TRIBUNAL. ? MM. ZOLA ET CLEMENCEAU
ipeisin <3e notre envoyé spécial J. Belon)
| tement houspillé par la foule, qui voulait le
| jeter à la Seine. Les agents l'ont dégagé et
lui ont assuré une prudente retraite.
Les portes de la salle d'audience sont ou-
vertes à onze heures, le public qui fait la
queue depuis le matin s'engouffre. Une ving-
taine d'agents des brigades des recherches
se mêlent aux curieux et les encadrent en
cas d'incidents.
Les témoins entrent à leur tour, ainsi que
les rares privilégiés munis de cartes, et
aussi les journalistes du monde entier. Les
avocats arrivent en foule, le flot des robes
noires,augmente de minute en minute; à onze
heures et quart la salle est comble. Les re-
présentants, de la grande presse parisienne
sont là au grand complet, à leurs bancs or-
dinaires, aux bancs des accusés spéciale-
ment aménagés pour cela, dans tous les coins
où il y a un siège et une planchette pour
prendre des notes.
A onze heures et demie, les jurés de la
session montent dans leur salle, où va se
faire le tirage au sort et les récusations.
Le préfet de police est au Palais depuis
onze heures. Il s'assure lui-même de l'effi-
cacité de toutes lés mesures d'ordre prises,
d'accord avec le procureur général, allant à
l'intérieur et dans la salle même.
Toutes les ambassades étrangères sont re-
présentées. Les diplomates chargés d'assister
àl'audience se placent derrière la cour. Cet
espace habituellement libre est encombré de
fauteuils et de tabourets et plus de cent per-
sonnes y trouvent place.
Le débat commence
A onze hé'ures'cinquante, MM. Zola et Cle-
menceau pénètrent dans la salle d'audience
précédés de rhuissier-audiencier et de deux
gardes de Paris.
M. Zola, le front fortement dénudé, les
cheveux lissés en arrière, est, nous l'avons
déjà dit, en jaquette. M. Clemenceau a une
redingote noire.
M. Zola prend place à côté de M. Perrenx
devant les jurés. Derrière, M. Clemenceau
vient s'asseoir à côté de son frère, Me Albert
Clemenceau, et de M» Labori, défenseurs de
M. Zola, qui est assisté de MM. Hild et Mo-
nira, ses secrétaires.
A midi dix minutes, le président déclare
l'audience ouverte.
M. Deîegorgue prévient le public qu'on ne
commencera que lorsque tout le monde
sera assis et il ajoute que toute manifesta-
tion est interdite et qu'au moindre bruit il
fera évacuer la salle.
L'avocat général demande deux juges et
un juré supplémentaires ce que la cour ac-
corde.
M. Perrenx, gérant de l'Aurore, est d'abord
interrogé. Il décline ses noms et qualités.
Puis c'est M. Emile Zola, homme de let-
tres, âgé de cinquante-huit ans, 21 bis, rue
de Bruxelles.
Ils déclarent accepter les débats et ne
soulever aucun moyen de nullité de procé-
dure.
L'audience est suspendue et reprise à midi
trente.
M. Delegorgue est assisté des conseillers
Lhoste et Bousquet.
Le ministre de la guerre en grand unifor-
me est dans la salle des témoins.
Conclusions du ministère public
Pendant.la suspension d'audience, qui dure
jusqu'à midi cinquante, la foule est extrême-
ment tumultueuse.
Le président reçoit le serment des ju-
rés.
Le greffier, M. Wilmès.lit la plainte du
ministre de la guerre adressée au miaîstr*
de la justice! contre le gérant du journal
V Aurore et M. Emile Zola.
Il donne ensuite lecture de l'assignation
qui suivit cette plainte, et qui reproduit tous
les passages incriminés de l'article de M.
Zola « J'accuse ».
Le président. Vous êtes prévenu d'avoir
diffamé le conseil de guerre.
L'avocat général Van Cassel prend la pa-
role il -dit qu'il convient de faire l'exposé
de la prévention.
Il ne s'agit pas de discuter, car poser
la question c'est la résoudre.
La plainte du ministre relève la diffama-
tion contre le conseil de guerre qui a ac-
quitté le commandant Esterhazy et qu'on ac-
cuse d'avoir obéi à des ordres.
Le débat est là, et non ailleurs.
Il y a une diffamation nette, catégorique
une imputation calomnieuse contre un tribu-
nal militaire. Le ministre de la guerre a
chargé les jurés de faire justice.
Les débats ne dévieront pas, on ne fera
pas le jeu des prévenus. La loi est formelle.
Il -y a des attaques qu'on doit mépriser.
Agrandir le débat c'était l'obscurcir, c'était
empêcher la lumière.
Le plan des prévenus est de remettre en
discussion deux décisions deu conseils de
guerre. Toute tentative de ce genre serait
illégale, la Cour de cassation l'a formelle-
ment décidé.
L'avocat général entre ici dans de longs dé-
tails juridiques et invoque des précédents.
On ne peut faire indirectement, dit-il,
ce qu'il est défepdu de faire directement.
Il y a des lois qui ont tracé les règles de
la revision, entr'autres une loi nouvelle an-
térieure d'un an à l'affaire Dreyfus.
Pour cette affaire, on n'a fait aucune de-
mande.
On a tenté de faire condamner un inno-
cent. L'entreprise a échoué.
On n'a relevé aucun faux témoignage, ap-
porté aucun fait nouveau, aucune pièce in-
connue jusqu'alors. La vérité, c'est qu'on
veut, par un moyen révolutionnaire, provo-
quer un débat scandaleux, et c'est pour évi-
ter ce scandale que la plainte a limité la
prévention et écarté certains faits.
Les faits étrangers à la citation ne sont
pas liés à ceux visés. Ils sont bien distincts,
donc la limitation est facile. D'ailleurs les
membres du conseil de guerre ne sont pas
nominalement cités.
Il n'y a pas un faisceau de faits indivisi-
bles.
Tout a été régulier. Il n'y a pas à insister.
M. Van Cassel dépose des conclusions énu-
mérant les faits de la cause et demande à la
cour
« Attendu qu'il n'y a aucun lien entre les
divers passages de l'article, mais qu'on veut
faire dévier les débats pour attaquer un ju-
gement définitif et légal et que c'est contraire
à la loi.
t Plaise à la cour de direque ia preuve sur
certains faits ne sera pas admise. »
Plaidoirie avant la lettre
Me Labori." Tout est exceptionnel dans
cette affaire. M. l'avocat général a fait l'ex-
posé, non de l'affaire, mais- d'une exception
de procédure à l'opposition de la preuve
que veut faire M. Zola.
Le moment n'est pas venu de dire pour-
quoi on n'a pas introduit la demande en
revision. C'est peut-être à la fin de l'au-
dience que le fait sera produit et M. l'avocat
général demandera peut-être non la révision,
mais l'annulation du jugement.
Ce n'est pas le moment, parce que les ju-
rés ne connaissent pas l'affaire. La lumière
doit être faite. Il faut accordertous les droits
à la défense. L'accusation vient ici les mains
liées et ne s'exprime pas librement.
Ce serait peine perdue d'exposer l'af-
faire.
Nous apporterons des preuves, des témoi-
gnages, sans dire un mot qui offense la jus-
tice.
Les douze citoyens français qui siègent
ici connaîtront tout et se prononceront.
Me Labori lit les dernières lignes de l'ar-
ticle de M. Zola, contenant les conclusions
du pamphlet « J'accuse »."
C'est après cinq jours et cinq nuits d'in-
certitudes que le ministre s'est décidé àpor-
ter plainte et aujourd'hui on veut étrangler
le débat ?
Mais non C'est un torrent déchaîné, les
écluses sont ouvertes. L'opinion publique,
mal éclairée, mal guidée, se fait l'auxiliaire
de la justice.
Est-.ce sérieusement que l'on vient dire
que les trois paragraphes finaux de l'article
n'ont rien à faire avec l'ensemble de l'arti-
cle.
Le commandant Esterhazy a été poursuivi
comme Dreyfus pourle bordereau sur lequel
les experts ont déposé. On comprend que ces
experts n'éprouvent pas le besoin de paraî-
tre à la-barre, où la lumière sera complète.
Ils ne veulent que la correctionnelle. Mais
c'est ici qu'il faut qu'ils viennent. M. Zola les
attend.
Ce qui est certain, c'est que le bordereau
estla base des deux procès. Si le comman-
dant Esterhazy avait été condamné, Dreyfus
était innocent. Il a été acquitté. Nous en
reparlorons.
Ou on nous empêchera de tout prouver,
ou nous examinerons la situation de Dreyfus
et du commandant Esterhazy, acquitté par
ordre.
Il n'y a qu'à prendre la série des faits. Ils
s'enchaiuent. On ne peut arriver à prouver
la fin sans le commencement.
M0 Labori oppose la jurisprudence à la
thèse soutenue par l'avocat général.
En terminant, Mc Labori, dit qu'il arrivera o
à prouver qu'elle a été illégalement jugée, i
la chose jugée. Elle a été respectée parce 1
qu'on la croit légale. Mais là où il n'y a ni n
droit ni justice il n'y a plus de chose jugée. 1
M« Clemenceau présente quelques obser- 1
vations à son tour..
Surla, question de droit, critiquant. le >&• `i
quisitoire de M. l'avocat général et ajoutant l
qiae l'açdusàtioii Vôlit «Jstfeblre hé preo»
V|| qn on Voulait lui ttffiô'riàV, 51° Labori op*
pos"ô des conclusions combattant colles de
ministère publié.
Ces conclusions demandent a la cour d'au-'
toriser la preuve sur tous les faits de l'art»»'
cie de M. Zola. ̃
Conclusions ds L£° Labori
Attendu que l'illégalité qui aurait été com.
mise lors du jugement rendu en 189Ï contra:
le capitaine Dreyfus, aussi bien que l'acquit*'
tement prononcé en 1898 en faveur de M. 1»
commandant Esterhazy, par le i" conseil d»:
guerre, dans des conditions que les con-
cluants se réservent d'établir, ont été la suite!
et la conséquence d'uij ensemble de faits'
dont il est nécessaire de suivre l'enchevô-f
trementpour arriver à la démonstration des'
imputations relevées par M. le procureur
général;
Attendu qu'il est indispensable pour arri-*
ver à cette preuve de faire la lumièresur les1
faits articulés, sous les numéros 1,2,3,4,5,1
6, 7 et 8 de la série B de la notification faite'
à M. le procureur général suivant exploit de
Baitry, huissier à Paris, en date du 24 janvier
1898; jV
Attendu qu'il exisie entre tous ces faits eï
les faits retenus par l'accusation un lien'
étroit de connexité;
Attendu qu'il résulte d'une doctrine et'
d'une jurisprudence constantes que le juge
doit dans tous les cas admettre la preuve!
des faits pertinents et concluants se ratta-i
chant par les liens de la connexité et de1'
l'indivisibilité aux faits poursuivis
Par ces motifs:
Ordonner que les faits articulés et coté»'
sous les n°s 1,2,3,4,5,6, 7 et 8 de la série B'i
de la notification faite à M. le procureur géné«J
rai- suivant exploit de Baitry, huissier à'
Paris, en date du 24 janvier 1898, seront ad-j
mis en preuve comme connexes avec ceux! L
articulés et qualifiés dans la citation de M. j
le procureur général et indivisibles. )
Les experts
M° Cabanes, au nom des experts mis en/ f
cause, s'associe aux conclusions de M.l'avo-!
cat général et déclare se porter partie civile
il dépose à son tour des conclusions.
M» Labori se plaint de ne pas avoir été;'
préveuu de ces eonclusions et demande à'
être'autorisé à s'entendre avec son client etj
ses confrères sur l'incident avant la délibé-'
ration de la Cour. :j
Ma Cabanes, ancien procureur de la Repu-
blique, au nom des experts Belhomme, Va-i
rinard et Couard, dit qu'il n'y a pas de con-'
nexité entre tous les faits de la lettre, quoi-;
que ses clients soient honorés d'être outra-'
gés en même temps que les chefs les plus;
respectés de l'armée.
II développe longuement ses conclu-'
sions.
Une discussion confuse s'engage entre lea
divers avocats, tant sur l'interdiction deman*.
dée par M. l'avocat-général que sur Tinter-,
vention des experts.
Ceux-ci demandent à intervenir dans les
débats à cause de la connexité déclarée par la
défense et à être autorisés à se défendre à
ce sujet, tout en maintenant le principe de
leur procès en police correctionnelle. • î
A deux heures exactement la cour se re-
tire pour en délibérer.. v
La Cour passe outra
A 2 heures 45, la Cour revient avec un/
arrêt déclarant que,la plainte visant unique-'
ment le 1er conseil de guerre et précisant les'
articles diffamatoires, elle interdit par coa-i
séquent de mettre en question les faits qui1'
ne se rattachent pas à ceux-ci. Le respect/
de la chose jugée s'oppose à la preuve d'au-
tres faits.
En conséquence, cette preuve sera inter-^
dite à Perrenx et à Zola.
En ce qui concerne l'intervention des exs
perts, la cour déclare ne pouvoir admettre'
leur demande d'autant qu'ils peuvent tou-
jours intenter une action directe.
L'émunération dos témoins
On procède à l'énumération des témoins.'
Le président a reçu des lettres d'excuses de
MM. de Pressensé, général du Luxer, Fré-
déric Passy.
M. le garde des sceaux annonce qu'il a
reçu la requête de M. Zola tendant à faire
comparaître le ministre de la guerre, mais
que celui ci n'a pas été autorisé à déférer à
la convocation qui lui a été faite.
Les défenseurs font des réserves.
Le général Gonse demande à être entendu
un des premiers.
M. le président lit d'autres lettres d'excu-
ses de M. le commandant d'Ormesson, qui
ne peut déférer à la citation, ayant été rap-
porteur du conseil de guerre: ,̃•
Réserves des défenseurs.
Autres excuses du docteur Gibert, de MV
Casimir-Perier, qui ne peut éclairer la jus-;
tice sur des faits postérieurs à sa démission
dp Président de la République et ne pour-'
rait parler à cause des responsabilités cons-
titutionnelles. >
Incident du Paty de Clam
M. du Paty du Clam, qui a exercé des fonc-
tionsde magistrat, est tenu parle secretpro-'
fessionnel.
Mc Labori dit qu'il «'agit d'un témoin de la
plus haute importance à cause des affaires
Dreyfus et Esterhazy.il doit venir pour attes-
ter la bonne foi des prévenus; il a été mêlil
à des faits concernant le colonel Picquart qui'
a déposé une plainte contre lui entre les/
mains de M. Bertulus. Il doit s expliquer
en personne.
Le défenseur dépose des conclusions résu»;-
mant ses objections disant que les préve»:1
nus veulent faire la preuve des faits articu-j
lés; attendu que les concluants dans l'arti-f
cle ont constitué un tout et que leurbonn«j
foi ne peut être prouvée que par l'ensem-(
ble..
Les trois passages incriminés ne signifient
rien sans l'article tout entier. Le jury na •;
peut être éclairé qu'en connaissant ;les du
te Numéro ̃? 5» Oexxtix**es
Mardi 8 Féurier 7893
V MUE DE GIRARDIN
111, FONDATEUR
1 ABONNEMENTS:
ïroiamois. Six moi»; On tnj
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Rédaction; 12, rue du Croissant! 12
Adresse télégraphique NALPRESSE, PARIS
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fcÈS ANNONCES Él< ÈfSftL^afBS SONT REfJOEB
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6, ~x,~ 81:1~ ~c+~ ë
Dollingen et 0«, 16, rttë Orangé-Batelière
Administration 12, rue du Croissant, 12 {
Téléphone, 8 flls H" f 01^9– 103.80 1.30.-87 j
Zola devant ses J~~es Vifs incidents
EXAmEN MÉDICAL DES TÉ 01 S ÉFAlLLANTS
DEIIffi IEM
FIN DE L'AUDIENCE
A cinq heures, l'audience était le-
:Véé.
L'arrêt sur les conclusions ne sera
rendu que demain.
i Ajoutons que, selon toutes probabi-
lités, M. le docteur Floquet, médecin
du Palais, sera commis par la cour
pour vérifier l'état de santé des té-
moins excusés pour cause de maladie.
Me Labori a notamment demandé
que Mlle de Comminges, dont le témoi-
fnage est indispensable, soit contrainte
e venir ou interrogée par une commis-
sion rogatoire.
Un bruit
p- Le bruit a couru que devant l'arrêt
de la Cour, restreignant le débat aux
faits du second Conseil de guerre, les
accusés allaient se pourvoir en cassa-
tion.
Dans ce cas, l'affaire Zola eût été
renvoyée à une autre session.
Mais nous ferons observer que, pour
que ce moyen eût été valable, il aurait
dû être invoqué aussitôt la lecture de
l'arrêt. Or, le débat a continué.
Pas de témoins militaires
On a annoncé cet après-midi que le gé-
néral Billot était à l'audience. L'informa-
tion était exacte. Mais c'est en curieux et
non comme témoin que le ministre de la
guerre a assisté à une partie des déBafs.
Ajoutons qu'à l'exception du général
Gonse, tous les témoins militaires font
défaut.
JL^A. CHAMBRE
lia séance
M. François ©eïoncle examine les-
questions' du Niger et du Nil.
M. lïelafosse, parlant du Tbnkin, en cri-
tique la conquête qui, selon lui, est oné-
reuse pour la France.
_BI. Goïtlet demande au ministre des af-
faires étrangères ce que compte faire notre
diplomatie au moment où se préparent en
Extrême-Orient des événements considéra-
bles;. ̃-̃̃̃•
aï. STanotr.iix lit sa réponse aux divers
orateurs qui l'ont précédé à la tribune.
.La France défendra, dit-il, .comme elle l'a
toujours fait, les droits de l'Egypte, du sou-
verain territorial et ceux des puissances.
Dans la question Gréco-Turque, la France
a cherché à rester dans le concert-européen,
tout en défendant les intérêts helléniques.'
En Chine, nous voulons qu'aucune atteinte
ne soit portée à nos droits et à nos inté-
rêts.
M. SSïlSei'aml au sujet de la question
Gréco-Turque regrette que la France n'ait
pas tenu dans le concert européen un rôle
conforme à ses aspirations républicaines.
Le député socialiste demande au président
du conseil de définir enfin le caractère de
l'alliance franco-russe.
M. sxëlinc se contente de déclarer que
Ja Russie est notre alliée et notre amie. Il
ajoute que de plus en plus la Russie, par le
développement de sa puissance intérieure,
deviendra l'arbitre du monde et se félicite.
qu'elle honore la France de son amitié. (Vio-
lents murmures à l'extrême gauche.)
INFORMATION ERRONÉE
Le bruit a couru de la démission de M.
Danbé, chef d'orchestre à l'Opéra-Comique.
M. Carré, en personne, vient de nous démen-
tir cette nouvelle.
̃̃ ̃;
LA CRUE DE L'ELBE 1
Prague, 7 février; La crue de l'Elbe
prend des proportions inquiétantes. Les
i, pluies continuent en Bohême.
'M JOURNEE
Comme on devait s'y attendre, dès
| le premiermoment, la discussion s'est
engagée entre la défense et l'accusation
j pour élargir ou resteindre le débat.
j Le ministère public a tenu à établir
j nettement que la prévention imputée
j à Emile Zola concernait exclusivement
lies insultes adressées par lui au pre-
mier conseil de guerre. Et la cour, se
1 rangeant à son avis, a décidé de n'ad-
mettre aucun débat, aucun témoi-
gnage sur des affaires connexes., ten-
dant simplement à faire devant la cour
d'assises une revision détournée du
procès Dreyfus.
Tous ceux qui, comme nous, ont dé-
fendu le respect de la chose jugée, ap-
prouveront l'attitude des magistrats
de la. cour, Mais il est .néanmoins per-
mis de regretter que le ministre de la
1 gtierre et les officiers cités par la dé-
fense n'aient pas appporté à la barre
leur témoignage. Il ne s'agit pas, en
effet, dans cette retentissante affaire,
de poursuivre seulement la répression
d'insultes adressées au tribunal mili-
taire. Il faut aussi, il faut surtout, que
la décision de justice mette fin à tout
commentaire, à toute discussion sur
le fond même de la question Dreyfus.
Il aurait été bon que le chef de l'armée
vînt solennellement déclarer la régula-
rité, la légimité du jugement qui a en-
voyé Dreyfus à l'île du Diable.
Quoi qu'il en soit, au moment où
va se elore enfin un débat qui n'a que
trop longtemps duré, il est bon d'atti-
rer l'attention publique sur la déclara-
tion faite ce matin par M. Chaulin-
Servinière, député de la Mayenne,
confirmant les aveux catégoriques de
Dreyfus au capitaine Lebrun-Renaud.
« Oui; a dit le traître, j'ai livré des
.documents à l'étranger, pour en obte-
nir de plus-importants. » On peut épi-
loguer sur des raisons de sentiment;
on peut faire sur les individus mis en
cause des études d'une psychologie
contestable. Mais nous sommes devant
le témoignage de M. Lebrun-Renaud,
en présence d'un fait. Et l'argument
est d'une force indiscutable..
LÉON BAILBY.
LE SÉNAT
I;a séance
Le Sénat reprend la discussion du projet
de loi portant modification du régime fiscal
des successions, donations et ventes de
meubles.
SïSS. Strauss et Cordeleï parlent, dans
un sens différent, de l'impôt gradué sur les
successions et de l'impôt progressif sur les
successions.
Une longue discussion s'engage à ce
propos.
l¥s affaires
BOURSE DES VALEURS
Fermeté de nos rentes. Baisse des fonds
étrangers.
Si l'on ne considérait aujourd'hui que le groupe
de nos rentes, on pourrait dire que le' marché ost
ferme, car nos fonds d'Etat conservent facilement
leurs cours de samedi.
Mais il n'en est pas de même pour les fonds
étrangers, sur lesquels pèsent des ventes assez nom-
breuses, et par suite, comme on le verra plus loin,
la baisse a été assez sensible.
L'attitude du marché n'est donc pas aussi satisfai-
sante qu'on pouvait le souhaiter," étant donné que les
acheteurs 'se montraient, en la précédente séance,
maigre la rareté des affaires, assez bien disposés.
Le 3 0/0 finit à 103 50; l'Amortissable reste à
101 00 au comptant; le 3 1/2 0/0 cote ltfO 55.
Voici encore une nouvelle baisse sur la rente ita-
lienne, qui clôture à 93 52. Les porteurs, comme on le
voit, procèdent à des ventes régulières.
La rente Espagnole, elle aussi, est assez malme-
née. Elle finit à Cl 60.
Enfin, le tassement s'accentue sur les fonds otto-
mans. Le Turc D vaut 22.35.
Sur les établissements de crédit, calme complet.
La Banque de Paris, le Foncier, le Lyonnais, s'éta-
blissent à leurs précédentes limites. Les transactions
sont, en somme, plus restreintes.
Même observation en ce qui concerne le groupe des
chemins de fer français. La cote est soutenue, mais
les opérations n'ont guère d'importance.
Les titres industriels sont très calmes. Le Suez
cote 342G, les Métaux 688.
Sur les Mines d'or, nous n'avons pas à noter d'in-
téressantes fluctuations.
LaCharteredvaut 82 25, l'East Rand 135, la Fer-
reira 639, la Robinson 227 50.
Le Rio est plus lourd à 705, la De Beers vaut 772.
BOURSE DE COMMERCE
5 HEURES
Farln. Elés Colza Lia Aleoo'1 Sucra»
Courant. 02 50 50 10 53 25 3S 75 44 31 37
Mars 62 25 28 85 53 25 38 75 43 75 3162
Mars Av. « 10 28 10 53 75 38 75 43 75 31 75
4 clemars 01 10 28 C5 32
4 lie mai. 59 CO 27 10 54 50 40 25 42 75 32 37
4dern. 54 50 40.. 39 50
4 d'Octo « 30
Sucres, stock a ce jour, 1.902.854 sacs; ea aug- I
mentation de 7.459 sacs sur samedi.
Marque de Corbeil, 66
Sucre roux 88% 28 à 28 50
Sucres raffinés en pains, 101 à 101 50
Doubles prîmes
Farines Blés e6tïa
i de mars. 3 50 à 1 75 à « i ?•
4 de mai.. 475 à 2 40 à 3 50 à 4
Sucrs3 Alcool
4 de mars. 2 à à
4 de mai. 2 50 /.à. 3 25*350
4 d'octobre 2 62 1/2 à 2 75 .«,
Primes simples
Fariaa» BIH
i de mars 1 75 à 90 à • • •
4 demai 2 40 à 1 20 i
Sucres. La tendance a été ferme en sympa-
thie avec les avis de l'étranger.
Dès le début du marché i! a été procédé à de gros
achats pour compte de la raffinerie, et les cours ioai
ainsi revenus à leur plus haut niveau d'avant-hier«
Blés et farines. Le marché a fait pranve
d'une bonne tenue sur le rapproché, sons l'influence
de la demande du découvert, stimulé par la diminu-
tion constante du stock des douze marques.
Le livrable, a été plutôt-délaissé aujourd'hui, et bien
qu'il" n'y- ait pas de changement à signaler dans, la si-
tuation, les prix, à défaut d'affaires, ont quelque peu
n«chi, ̃̃̃
LÀ 1 re ÂTTnïFMf.F'
XX J. JtjL O JLJ JL JCj ÂM %J JCLa
EMILE ZOLA DEVANT SES JUGES
Les interrogatoires. Débats acceptés. Autour du Palais. Intervention des
experts. La femme voilée. Vifs incidents. Pluie de conclusions.
C'est aujourd'hui qu'est venue devant la
cour d'assises de la Seine, présidée par M.
le conseiller Delegorgue, la fameuse affaire
Zola, tant attendue et, avant la lettre jsi com-
mentée.
Voici le compte rendu des débats et des
incidents qui ont précédé l'audience.
La place Dauphine offre une animation ex-
traordinaire depuis le matin.
Dès huit heures, les plus intrépides fai-
saient la queue le long des grilles en atten-
dant l'ouverture, des portes.
Sur le terre-plein de la place, des curieux,
qui se renouvellent sans cesse et s'amusent
à dénommer ceux qui entrent, magistrats ou
journalistes.
Boulevard du Palais, de même;-mais les
curieux sont dispersés dès qu'un groupe se
forme; aucun rassemblement n'est toléré.
La police est faite, à l'intérieur du Palais,
par les gardes du Palais, par les gardes mu-
nicipaux, dont le nombre a été sextuplé, et
par des agents en bourgeois, qui ne sont là
qu'en cas d'un coup de main nécessaire.
Au dehors, la moitié de l'effectif des gar-
diens de la paix du premier arrondissement
entourel'ilot du- Palais de Justice, aidé d'une
cinquantaine d'agents en bourgeois.
Les trois brigades de recherches et cent
agents de la sûreté sont chargés de la sur-
veillance occulte.
Dans la cour de l'hôtel du préfet de police
les trois premières brigades de réserve des
gardiens de la paix sont consignées et se
tiennent dans la cour.
Le service d'ordre extérieur et des cours
du Palais est dirigé par M. Touny, directeur
de la police municipale, et MM. Orsatti et
Bouvier," commissaires divisionnaires. On ne
prévoit d'ailleurs pas d'incidents sérieux,
sauf pour l'arrivée de M. Zola et le départ;
mais des précautions ont été prises pour le
dérober à la curiosité de la foule.
̃ On arriv8 :•
A dix heures vingt minutes, M. Henri Ro-
chefort arrive en voiture par la place Dau-
phine.
Il est l'objet d'une manifestation sympa-
thique de la foule qui crie à plusieurs repri-
ses « Vive Rochefort!»
M. Rochefort pénètre alors dans l'enceinte
du Palais et en attendant l'ouverture des
portes de la cour d'assises engage la con-
versation avec quelques journalistes.
Le général de Pellieux arrive à onze heu.
res moins dix minutes, en fiacre, par la place
Dauphine.
Il est en civil, sans aucune décoration il
passe inaperçu dans la foule.
M. Touny, directeur de la police munici-
pale, le reconnaît et l'accompagne jusqu'à
la- salle des témoins, où il attend l'ouverture
des portes.
A onze heures quarante minutes, très
exactement, M. Emile Zola arrive, en voi-
ture, par la place Dauphine.
Il est aussitôt reconnu et les rangs des
curieux, jusqu'alors maintenus, se rompent
instantanément.
La voiture est en un clin d'œil entourée et
plus de cinq cents personnes poussent les
cris « A bas Zolal » v
M. Emile Zola, très pâle, monte l'escalier
entouré par des agents et pénètre dans la
salle des Pas-Perdus.
Au dehors, l'ordre est vite rétabli. Les
manifestants vont se placer d'eux-mêmes
sur le terre-plein de la place Dauphine sans
que les gardiens de la paix aient à interve-
nir.
Toutefois un incident s'est produit, un in-
dividu ayant crié « Vive Zola », a été for-
:LE TRIBUNAL. ? MM. ZOLA ET CLEMENCEAU
ipeisin <3e notre envoyé spécial J. Belon)
| tement houspillé par la foule, qui voulait le
| jeter à la Seine. Les agents l'ont dégagé et
lui ont assuré une prudente retraite.
Les portes de la salle d'audience sont ou-
vertes à onze heures, le public qui fait la
queue depuis le matin s'engouffre. Une ving-
taine d'agents des brigades des recherches
se mêlent aux curieux et les encadrent en
cas d'incidents.
Les témoins entrent à leur tour, ainsi que
les rares privilégiés munis de cartes, et
aussi les journalistes du monde entier. Les
avocats arrivent en foule, le flot des robes
noires,augmente de minute en minute; à onze
heures et quart la salle est comble. Les re-
présentants, de la grande presse parisienne
sont là au grand complet, à leurs bancs or-
dinaires, aux bancs des accusés spéciale-
ment aménagés pour cela, dans tous les coins
où il y a un siège et une planchette pour
prendre des notes.
A onze heures et demie, les jurés de la
session montent dans leur salle, où va se
faire le tirage au sort et les récusations.
Le préfet de police est au Palais depuis
onze heures. Il s'assure lui-même de l'effi-
cacité de toutes lés mesures d'ordre prises,
d'accord avec le procureur général, allant à
l'intérieur et dans la salle même.
Toutes les ambassades étrangères sont re-
présentées. Les diplomates chargés d'assister
àl'audience se placent derrière la cour. Cet
espace habituellement libre est encombré de
fauteuils et de tabourets et plus de cent per-
sonnes y trouvent place.
Le débat commence
A onze hé'ures'cinquante, MM. Zola et Cle-
menceau pénètrent dans la salle d'audience
précédés de rhuissier-audiencier et de deux
gardes de Paris.
M. Zola, le front fortement dénudé, les
cheveux lissés en arrière, est, nous l'avons
déjà dit, en jaquette. M. Clemenceau a une
redingote noire.
M. Zola prend place à côté de M. Perrenx
devant les jurés. Derrière, M. Clemenceau
vient s'asseoir à côté de son frère, Me Albert
Clemenceau, et de M» Labori, défenseurs de
M. Zola, qui est assisté de MM. Hild et Mo-
nira, ses secrétaires.
A midi dix minutes, le président déclare
l'audience ouverte.
M. Deîegorgue prévient le public qu'on ne
commencera que lorsque tout le monde
sera assis et il ajoute que toute manifesta-
tion est interdite et qu'au moindre bruit il
fera évacuer la salle.
L'avocat général demande deux juges et
un juré supplémentaires ce que la cour ac-
corde.
M. Perrenx, gérant de l'Aurore, est d'abord
interrogé. Il décline ses noms et qualités.
Puis c'est M. Emile Zola, homme de let-
tres, âgé de cinquante-huit ans, 21 bis, rue
de Bruxelles.
Ils déclarent accepter les débats et ne
soulever aucun moyen de nullité de procé-
dure.
L'audience est suspendue et reprise à midi
trente.
M. Delegorgue est assisté des conseillers
Lhoste et Bousquet.
Le ministre de la guerre en grand unifor-
me est dans la salle des témoins.
Conclusions du ministère public
Pendant.la suspension d'audience, qui dure
jusqu'à midi cinquante, la foule est extrême-
ment tumultueuse.
Le président reçoit le serment des ju-
rés.
Le greffier, M. Wilmès.lit la plainte du
ministre de la guerre adressée au miaîstr*
de la justice! contre le gérant du journal
V Aurore et M. Emile Zola.
Il donne ensuite lecture de l'assignation
qui suivit cette plainte, et qui reproduit tous
les passages incriminés de l'article de M.
Zola « J'accuse ».
Le président. Vous êtes prévenu d'avoir
diffamé le conseil de guerre.
L'avocat général Van Cassel prend la pa-
role il -dit qu'il convient de faire l'exposé
de la prévention.
Il ne s'agit pas de discuter, car poser
la question c'est la résoudre.
La plainte du ministre relève la diffama-
tion contre le conseil de guerre qui a ac-
quitté le commandant Esterhazy et qu'on ac-
cuse d'avoir obéi à des ordres.
Le débat est là, et non ailleurs.
Il y a une diffamation nette, catégorique
une imputation calomnieuse contre un tribu-
nal militaire. Le ministre de la guerre a
chargé les jurés de faire justice.
Les débats ne dévieront pas, on ne fera
pas le jeu des prévenus. La loi est formelle.
Il -y a des attaques qu'on doit mépriser.
Agrandir le débat c'était l'obscurcir, c'était
empêcher la lumière.
Le plan des prévenus est de remettre en
discussion deux décisions deu conseils de
guerre. Toute tentative de ce genre serait
illégale, la Cour de cassation l'a formelle-
ment décidé.
L'avocat général entre ici dans de longs dé-
tails juridiques et invoque des précédents.
On ne peut faire indirectement, dit-il,
ce qu'il est défepdu de faire directement.
Il y a des lois qui ont tracé les règles de
la revision, entr'autres une loi nouvelle an-
térieure d'un an à l'affaire Dreyfus.
Pour cette affaire, on n'a fait aucune de-
mande.
On a tenté de faire condamner un inno-
cent. L'entreprise a échoué.
On n'a relevé aucun faux témoignage, ap-
porté aucun fait nouveau, aucune pièce in-
connue jusqu'alors. La vérité, c'est qu'on
veut, par un moyen révolutionnaire, provo-
quer un débat scandaleux, et c'est pour évi-
ter ce scandale que la plainte a limité la
prévention et écarté certains faits.
Les faits étrangers à la citation ne sont
pas liés à ceux visés. Ils sont bien distincts,
donc la limitation est facile. D'ailleurs les
membres du conseil de guerre ne sont pas
nominalement cités.
Il n'y a pas un faisceau de faits indivisi-
bles.
Tout a été régulier. Il n'y a pas à insister.
M. Van Cassel dépose des conclusions énu-
mérant les faits de la cause et demande à la
cour
« Attendu qu'il n'y a aucun lien entre les
divers passages de l'article, mais qu'on veut
faire dévier les débats pour attaquer un ju-
gement définitif et légal et que c'est contraire
à la loi.
t Plaise à la cour de direque ia preuve sur
certains faits ne sera pas admise. »
Plaidoirie avant la lettre
Me Labori." Tout est exceptionnel dans
cette affaire. M. l'avocat général a fait l'ex-
posé, non de l'affaire, mais- d'une exception
de procédure à l'opposition de la preuve
que veut faire M. Zola.
Le moment n'est pas venu de dire pour-
quoi on n'a pas introduit la demande en
revision. C'est peut-être à la fin de l'au-
dience que le fait sera produit et M. l'avocat
général demandera peut-être non la révision,
mais l'annulation du jugement.
Ce n'est pas le moment, parce que les ju-
rés ne connaissent pas l'affaire. La lumière
doit être faite. Il faut accordertous les droits
à la défense. L'accusation vient ici les mains
liées et ne s'exprime pas librement.
Ce serait peine perdue d'exposer l'af-
faire.
Nous apporterons des preuves, des témoi-
gnages, sans dire un mot qui offense la jus-
tice.
Les douze citoyens français qui siègent
ici connaîtront tout et se prononceront.
Me Labori lit les dernières lignes de l'ar-
ticle de M. Zola, contenant les conclusions
du pamphlet « J'accuse »."
C'est après cinq jours et cinq nuits d'in-
certitudes que le ministre s'est décidé àpor-
ter plainte et aujourd'hui on veut étrangler
le débat ?
Mais non C'est un torrent déchaîné, les
écluses sont ouvertes. L'opinion publique,
mal éclairée, mal guidée, se fait l'auxiliaire
de la justice.
Est-.ce sérieusement que l'on vient dire
que les trois paragraphes finaux de l'article
n'ont rien à faire avec l'ensemble de l'arti-
cle.
Le commandant Esterhazy a été poursuivi
comme Dreyfus pourle bordereau sur lequel
les experts ont déposé. On comprend que ces
experts n'éprouvent pas le besoin de paraî-
tre à la-barre, où la lumière sera complète.
Ils ne veulent que la correctionnelle. Mais
c'est ici qu'il faut qu'ils viennent. M. Zola les
attend.
Ce qui est certain, c'est que le bordereau
estla base des deux procès. Si le comman-
dant Esterhazy avait été condamné, Dreyfus
était innocent. Il a été acquitté. Nous en
reparlorons.
Ou on nous empêchera de tout prouver,
ou nous examinerons la situation de Dreyfus
et du commandant Esterhazy, acquitté par
ordre.
Il n'y a qu'à prendre la série des faits. Ils
s'enchaiuent. On ne peut arriver à prouver
la fin sans le commencement.
M0 Labori oppose la jurisprudence à la
thèse soutenue par l'avocat général.
En terminant, Mc Labori, dit qu'il arrivera o
à prouver qu'elle a été illégalement jugée, i
la chose jugée. Elle a été respectée parce 1
qu'on la croit légale. Mais là où il n'y a ni n
droit ni justice il n'y a plus de chose jugée. 1
M« Clemenceau présente quelques obser- 1
vations à son tour..
Surla, question de droit, critiquant. le >&• `i
quisitoire de M. l'avocat général et ajoutant l
qiae l'açdusàtioii Vôlit «Jstfeblre hé preo»
V|| qn on Voulait lui ttffiô'riàV, 51° Labori op*
pos"ô des conclusions combattant colles de
ministère publié.
Ces conclusions demandent a la cour d'au-'
toriser la preuve sur tous les faits de l'art»»'
cie de M. Zola. ̃
Conclusions ds L£° Labori
Attendu que l'illégalité qui aurait été com.
mise lors du jugement rendu en 189Ï contra:
le capitaine Dreyfus, aussi bien que l'acquit*'
tement prononcé en 1898 en faveur de M. 1»
commandant Esterhazy, par le i" conseil d»:
guerre, dans des conditions que les con-
cluants se réservent d'établir, ont été la suite!
et la conséquence d'uij ensemble de faits'
dont il est nécessaire de suivre l'enchevô-f
trementpour arriver à la démonstration des'
imputations relevées par M. le procureur
général;
Attendu qu'il est indispensable pour arri-*
ver à cette preuve de faire la lumièresur les1
faits articulés, sous les numéros 1,2,3,4,5,1
6, 7 et 8 de la série B de la notification faite'
à M. le procureur général suivant exploit de
Baitry, huissier à Paris, en date du 24 janvier
1898; jV
Attendu qu'il exisie entre tous ces faits eï
les faits retenus par l'accusation un lien'
étroit de connexité;
Attendu qu'il résulte d'une doctrine et'
d'une jurisprudence constantes que le juge
doit dans tous les cas admettre la preuve!
des faits pertinents et concluants se ratta-i
chant par les liens de la connexité et de1'
l'indivisibilité aux faits poursuivis
Par ces motifs:
Ordonner que les faits articulés et coté»'
sous les n°s 1,2,3,4,5,6, 7 et 8 de la série B'i
de la notification faite à M. le procureur géné«J
rai- suivant exploit de Baitry, huissier à'
Paris, en date du 24 janvier 1898, seront ad-j
mis en preuve comme connexes avec ceux! L
articulés et qualifiés dans la citation de M. j
le procureur général et indivisibles. )
Les experts
M° Cabanes, au nom des experts mis en/ f
cause, s'associe aux conclusions de M.l'avo-!
cat général et déclare se porter partie civile
il dépose à son tour des conclusions.
M» Labori se plaint de ne pas avoir été;'
préveuu de ces eonclusions et demande à'
être'autorisé à s'entendre avec son client etj
ses confrères sur l'incident avant la délibé-'
ration de la Cour. :j
Ma Cabanes, ancien procureur de la Repu-
blique, au nom des experts Belhomme, Va-i
rinard et Couard, dit qu'il n'y a pas de con-'
nexité entre tous les faits de la lettre, quoi-;
que ses clients soient honorés d'être outra-'
gés en même temps que les chefs les plus;
respectés de l'armée.
II développe longuement ses conclu-'
sions.
Une discussion confuse s'engage entre lea
divers avocats, tant sur l'interdiction deman*.
dée par M. l'avocat-général que sur Tinter-,
vention des experts.
Ceux-ci demandent à intervenir dans les
débats à cause de la connexité déclarée par la
défense et à être autorisés à se défendre à
ce sujet, tout en maintenant le principe de
leur procès en police correctionnelle. • î
A deux heures exactement la cour se re-
tire pour en délibérer.. v
La Cour passe outra
A 2 heures 45, la Cour revient avec un/
arrêt déclarant que,la plainte visant unique-'
ment le 1er conseil de guerre et précisant les'
articles diffamatoires, elle interdit par coa-i
séquent de mettre en question les faits qui1'
ne se rattachent pas à ceux-ci. Le respect/
de la chose jugée s'oppose à la preuve d'au-
tres faits.
En conséquence, cette preuve sera inter-^
dite à Perrenx et à Zola.
En ce qui concerne l'intervention des exs
perts, la cour déclare ne pouvoir admettre'
leur demande d'autant qu'ils peuvent tou-
jours intenter une action directe.
L'émunération dos témoins
On procède à l'énumération des témoins.'
Le président a reçu des lettres d'excuses de
MM. de Pressensé, général du Luxer, Fré-
déric Passy.
M. le garde des sceaux annonce qu'il a
reçu la requête de M. Zola tendant à faire
comparaître le ministre de la guerre, mais
que celui ci n'a pas été autorisé à déférer à
la convocation qui lui a été faite.
Les défenseurs font des réserves.
Le général Gonse demande à être entendu
un des premiers.
M. le président lit d'autres lettres d'excu-
ses de M. le commandant d'Ormesson, qui
ne peut déférer à la citation, ayant été rap-
porteur du conseil de guerre: ,̃•
Réserves des défenseurs.
Autres excuses du docteur Gibert, de MV
Casimir-Perier, qui ne peut éclairer la jus-;
tice sur des faits postérieurs à sa démission
dp Président de la République et ne pour-'
rait parler à cause des responsabilités cons-
titutionnelles. >
Incident du Paty de Clam
M. du Paty du Clam, qui a exercé des fonc-
tionsde magistrat, est tenu parle secretpro-'
fessionnel.
Mc Labori dit qu'il «'agit d'un témoin de la
plus haute importance à cause des affaires
Dreyfus et Esterhazy.il doit venir pour attes-
ter la bonne foi des prévenus; il a été mêlil
à des faits concernant le colonel Picquart qui'
a déposé une plainte contre lui entre les/
mains de M. Bertulus. Il doit s expliquer
en personne.
Le défenseur dépose des conclusions résu»;-
mant ses objections disant que les préve»:1
nus veulent faire la preuve des faits articu-j
lés; attendu que les concluants dans l'arti-f
cle ont constitué un tout et que leurbonn«j
foi ne peut être prouvée que par l'ensem-(
ble..
Les trois passages incriminés ne signifient
rien sans l'article tout entier. Le jury na •;
peut être éclairé qu'en connaissant ;les du
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