Titre : La Rue : Paris pittoresque et populaire / rédacteur en chef Jules Vallès ; directeur Daniel Lévy
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-08-24
Contributeur : Vallès, Jules (1832-1885). Directeur de publication
Contributeur : Lévy, Daniel. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32863356f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 258 Nombre total de vues : 258
Description : 24 août 1867 24 août 1867
Description : 1867/08/24 (A1,N13). 1867/08/24 (A1,N13).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5458165h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES FOL-LC2-3093
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/12/2008
LA RUE
les toques froissées, brisées par les mouvements oratoires de leurs
propriétaires.
11 y a peu de choses à faire à la toque de Me Jules Favre ; il
en est très ménager et la manie avec précaution...
Mais il en est d'autres, celle de Me Hébert, par exemple
Ah ! celle-là est dansun état déplorable : elle est ployée, rompue,
brisée... car son maître la saisit à pleine main, avec une cruauté
dont on a peu d'exemples...
Au vestiaire, que vous trouverez silencieux, — s'échangent
ordinairement des propos mordants, spirituels, joyeux... et
d'autres encore...
Car, si les avocats sont tous gens d'esprit, tous sont très en-
thousiastes du beau sexe...
Or, ce qui se passe toutes les nuits au vestiaire, des gardiens
me l'ont redit avec épouvante :
Il paraît que toutes ces robes sortent le soir de leurs cartons
et qu'elles vont se promener à travers le Palais... elles s'arrêtent
salle des Pas-Perdus et là elles disent du mal de leurs propriétaires,
absolument comme les avocats en disent de leurs confrères
Qu'il serait joli de surprendre la conversation des toques !
EDOUARD DANGIK.
MONTMARTRE
On dit qu'on va percer de grandes rues à Montmartre, aplanir
la moitié des buttes et, de ce qui restera,faire un square-ombra-
ges réglementés, fleurs numérotées, gazons de parade, du bon
air mis en caserne.
Ce sera la dernière transformation delà vieille butte : déjà, de
tous ses moulins qui faisaient tapage et rayaient l'horizon de
leurs grands bras gris, il ne reste qu'un moulin bête et peintur-
luré où l'on va manger de la galette et jouer au tonneau. Un
grenadier en trompe l'oeil garde la poutre-maîtresse qui date de
1295 — à en croire une inscription, menteuse sans doute comme
toutes les inscriptions. Les guinguettes sont fermées, les lilas
sont coupés, les haies sont remplacées par des moellons, les jar-
dins sont transformés en terrains à bâtir ; pourtant Montmartre a
un charme à soi parmi toutes les banlieues, charme varié et
complexe, fait de bonnes et de mauvaises choses en même temps.
Montmartre est la grande usine de la corruption parisienne,
à moitié chemin de l'île Saint-Ouen et du quartier Rréda. Ses
hôtels garnis servent de transition entre le serrurier du premier
âge et le gandin de l'âge d'or. Quatre bals encombrés et pou-
dreux, la Heine Blanche, Y Elysée, la Houle Noire et le Château
Rouge préparent les jeunesses aux splendeurs de Mabillc.
C'est au Château Rouge qu'il se fait le plus d'affaires ; on peut
le dimanche, à l'Elysée, rencontrer quelques filles honnêtes qui
viennent y danser pour le plaisir ; la Roule Noire recrute la fleur
des bonnes du quartier; la Reine Rlanche est le rendez-vous de
« ces messieurs » très nombreux, très élégants, très florissants à
Montmartre. Ils ont un quartier général chez un mastroquet du
Vieux Chemin et des relations depuis la rue Lepic jusqu'à la rue
des Poissonniers. Quelques-uns sont doués de remarquables
aptitudes. J'en connais un qui fut agent d'élections très actif en
1848 et qui s'occupe aujourd'hui de publicité avec succès.
J'ai vu disparaître le bal Robert et l'Ermitage, réductions
malpropres de la Reine Rlanche.
Je ne citerai que pour avoir l'air bien informé le bal du Mou-
lin de la Galette, le Grand Turc et le Saton des Poissonniers. Gela
ne ressemble pasabsoulumentàces bals de Rellevillc où les dan-
seuses laissent leurs sabots au vestiaire, mais cela vient immé-
diatement au-dessus.
Le temps, qui change tout, a déplacé aussi les tables d'hôte de
Montmartre ; d'ailleurs elles ne pourraient plus vivre. La mère
R..., dans la rue Florentine, nous donnait en 18G0, pour vingt-
huit sous, le potage, le boeuf bouilli, un gigot, des légumes, une
salade, un dessert et une bouteille de vin, le tout supportable.
Eh ! l'heureux temps! les beaux appétits ! les intrigues qui se
nouaient pour avoir l'entame du gigot ! et les lansquenets où l'on
faisait charlemagneavec quinze francs devant les sourcils froncés
des perdants !
La table de six heures et celle de six heures et demie ne ca-
chaient point leur antipathie réciproque : le beau P... nous
enleva un jour une convive : ce fut un événement et des mots
cruels volèrent d'une salle à l'autre.
On n'a pas oublié non plus Mathilde, la quinquagénaire aux
yeux bleus, qui fit mourir d'amour un nonagénaire de grandes
manières, qui se nouait la serviette autour du cou avec une in-
comparable majesté — ni le père J... qui portait dans sa poche
une recommandation écrite de ne point le conduire à l'église,
dans le cas où il eût été frappé de mort subite dans la rue — ni
le docteur D... qui, par économie, avait été chercher au Prado
une femme pauvre et habituée à vivre de peu.
Et vous, mademoiselle Bibi, qui aviez la bouche si fraîche et
le sourire si éclatant ! etvous,Mariela brèche-dents, qui emprun-
tiez un rayon à la paisible gloire d'un rédacteur influent du
Siècle ! et vous Amélie, la reine du Mistron ! et tant d'autres que
j'oublie, que sont-elles, que sont-ils devenus !
Dix maisons comme celle de la rue Florentine avaient leur
public et leur publicité. Fiorentino mangeait volontiers le ma-
caroni à l'talienne de la Reine Blanche' et, dans la cité Véron, on
avait l'honneur de coudoyer madame Chantai, fille de madame
Ma, dépositaire du secret que vous savez.
Maintenant, pour retrouver la table d'hôte typique, il faut
pousser jusque dans les rues mornes et tranquilles des Bati-
gnolles, refuge des employés en retraite et des courtisanes ré-
duites à la portion congrue.
Avec tout cela, les filles proprement dites sont rares à Mont-
martre, mais la grisette y abonde sous toutes ses formes. On a
dit — quel est cet imbécile?—que la grisette était morte. C'est
sans doute pour s'excuser d'avoir inventé la lorctte.
La grisette est immortelle. Mimi Pinson n'a pas plus qu'autre-
fois le moyen d'habiter la chaussée d'Antin, mais venez la voir
à Montmartre.
Elles arrivent du travail, le pas pressé et menu, en robes
légères, nu-tête ou coiffées de petits chapeaux qu'elles ont faits
elles-mêmes, riant, causant, regardant, regardées, accostées, co-
quetant avec les messieurs, se fâchant quelquefois.
D'autres ont « leur affaire, » un amant jaloux qui va les prendre
à l'atelier, se défiant des surprises de l'asphalte.
Rigolcttc elle-même se retrouve là.
— Avec son pot de fleurs?
Avec son pot de fleurs et son clerc de notaire qui lui dit bonsoir
à la porte. v
Ce sont encore de gentils couplcsjd'ouvriers ; elle et lui, pro-
pres, vaillants, heureux, race saine qui fait des enfants sains et
de rudes travailleurs. Ils représentent le labeur bien supporté,
anobli parle devoir, embelli par la jeunesse.
A côté, hélas !. d'un pas plus lent, chargés d'enfants, de pa-
niers, de paquets de linge, marchent d'autres ménages, la femme
ébouriffée, l'enfant en loques, l'homme sombre, sordide, chan-
celant, rêvant à la soulographie de la veille et méditant celle du
lendemain.
A ce point, la femme disparaît : nous n'avons plus que la fe-
melle : honnêtes ou non, rien en elles ne rappelle l'être fin et
gracieux que fut une demoiselle, même sous le peignoir d'in-
dienne.
Soir et matin, les ateliers de Godillot vomissent sur Monlmar-
les toques froissées, brisées par les mouvements oratoires de leurs
propriétaires.
11 y a peu de choses à faire à la toque de Me Jules Favre ; il
en est très ménager et la manie avec précaution...
Mais il en est d'autres, celle de Me Hébert, par exemple
Ah ! celle-là est dansun état déplorable : elle est ployée, rompue,
brisée... car son maître la saisit à pleine main, avec une cruauté
dont on a peu d'exemples...
Au vestiaire, que vous trouverez silencieux, — s'échangent
ordinairement des propos mordants, spirituels, joyeux... et
d'autres encore...
Car, si les avocats sont tous gens d'esprit, tous sont très en-
thousiastes du beau sexe...
Or, ce qui se passe toutes les nuits au vestiaire, des gardiens
me l'ont redit avec épouvante :
Il paraît que toutes ces robes sortent le soir de leurs cartons
et qu'elles vont se promener à travers le Palais... elles s'arrêtent
salle des Pas-Perdus et là elles disent du mal de leurs propriétaires,
absolument comme les avocats en disent de leurs confrères
Qu'il serait joli de surprendre la conversation des toques !
EDOUARD DANGIK.
MONTMARTRE
On dit qu'on va percer de grandes rues à Montmartre, aplanir
la moitié des buttes et, de ce qui restera,faire un square-ombra-
ges réglementés, fleurs numérotées, gazons de parade, du bon
air mis en caserne.
Ce sera la dernière transformation delà vieille butte : déjà, de
tous ses moulins qui faisaient tapage et rayaient l'horizon de
leurs grands bras gris, il ne reste qu'un moulin bête et peintur-
luré où l'on va manger de la galette et jouer au tonneau. Un
grenadier en trompe l'oeil garde la poutre-maîtresse qui date de
1295 — à en croire une inscription, menteuse sans doute comme
toutes les inscriptions. Les guinguettes sont fermées, les lilas
sont coupés, les haies sont remplacées par des moellons, les jar-
dins sont transformés en terrains à bâtir ; pourtant Montmartre a
un charme à soi parmi toutes les banlieues, charme varié et
complexe, fait de bonnes et de mauvaises choses en même temps.
Montmartre est la grande usine de la corruption parisienne,
à moitié chemin de l'île Saint-Ouen et du quartier Rréda. Ses
hôtels garnis servent de transition entre le serrurier du premier
âge et le gandin de l'âge d'or. Quatre bals encombrés et pou-
dreux, la Heine Blanche, Y Elysée, la Houle Noire et le Château
Rouge préparent les jeunesses aux splendeurs de Mabillc.
C'est au Château Rouge qu'il se fait le plus d'affaires ; on peut
le dimanche, à l'Elysée, rencontrer quelques filles honnêtes qui
viennent y danser pour le plaisir ; la Roule Noire recrute la fleur
des bonnes du quartier; la Reine Rlanche est le rendez-vous de
« ces messieurs » très nombreux, très élégants, très florissants à
Montmartre. Ils ont un quartier général chez un mastroquet du
Vieux Chemin et des relations depuis la rue Lepic jusqu'à la rue
des Poissonniers. Quelques-uns sont doués de remarquables
aptitudes. J'en connais un qui fut agent d'élections très actif en
1848 et qui s'occupe aujourd'hui de publicité avec succès.
J'ai vu disparaître le bal Robert et l'Ermitage, réductions
malpropres de la Reine Rlanche.
Je ne citerai que pour avoir l'air bien informé le bal du Mou-
lin de la Galette, le Grand Turc et le Saton des Poissonniers. Gela
ne ressemble pasabsoulumentàces bals de Rellevillc où les dan-
seuses laissent leurs sabots au vestiaire, mais cela vient immé-
diatement au-dessus.
Le temps, qui change tout, a déplacé aussi les tables d'hôte de
Montmartre ; d'ailleurs elles ne pourraient plus vivre. La mère
R..., dans la rue Florentine, nous donnait en 18G0, pour vingt-
huit sous, le potage, le boeuf bouilli, un gigot, des légumes, une
salade, un dessert et une bouteille de vin, le tout supportable.
Eh ! l'heureux temps! les beaux appétits ! les intrigues qui se
nouaient pour avoir l'entame du gigot ! et les lansquenets où l'on
faisait charlemagneavec quinze francs devant les sourcils froncés
des perdants !
La table de six heures et celle de six heures et demie ne ca-
chaient point leur antipathie réciproque : le beau P... nous
enleva un jour une convive : ce fut un événement et des mots
cruels volèrent d'une salle à l'autre.
On n'a pas oublié non plus Mathilde, la quinquagénaire aux
yeux bleus, qui fit mourir d'amour un nonagénaire de grandes
manières, qui se nouait la serviette autour du cou avec une in-
comparable majesté — ni le père J... qui portait dans sa poche
une recommandation écrite de ne point le conduire à l'église,
dans le cas où il eût été frappé de mort subite dans la rue — ni
le docteur D... qui, par économie, avait été chercher au Prado
une femme pauvre et habituée à vivre de peu.
Et vous, mademoiselle Bibi, qui aviez la bouche si fraîche et
le sourire si éclatant ! etvous,Mariela brèche-dents, qui emprun-
tiez un rayon à la paisible gloire d'un rédacteur influent du
Siècle ! et vous Amélie, la reine du Mistron ! et tant d'autres que
j'oublie, que sont-elles, que sont-ils devenus !
Dix maisons comme celle de la rue Florentine avaient leur
public et leur publicité. Fiorentino mangeait volontiers le ma-
caroni à l'talienne de la Reine Blanche' et, dans la cité Véron, on
avait l'honneur de coudoyer madame Chantai, fille de madame
Ma, dépositaire du secret que vous savez.
Maintenant, pour retrouver la table d'hôte typique, il faut
pousser jusque dans les rues mornes et tranquilles des Bati-
gnolles, refuge des employés en retraite et des courtisanes ré-
duites à la portion congrue.
Avec tout cela, les filles proprement dites sont rares à Mont-
martre, mais la grisette y abonde sous toutes ses formes. On a
dit — quel est cet imbécile?—que la grisette était morte. C'est
sans doute pour s'excuser d'avoir inventé la lorctte.
La grisette est immortelle. Mimi Pinson n'a pas plus qu'autre-
fois le moyen d'habiter la chaussée d'Antin, mais venez la voir
à Montmartre.
Elles arrivent du travail, le pas pressé et menu, en robes
légères, nu-tête ou coiffées de petits chapeaux qu'elles ont faits
elles-mêmes, riant, causant, regardant, regardées, accostées, co-
quetant avec les messieurs, se fâchant quelquefois.
D'autres ont « leur affaire, » un amant jaloux qui va les prendre
à l'atelier, se défiant des surprises de l'asphalte.
Rigolcttc elle-même se retrouve là.
— Avec son pot de fleurs?
Avec son pot de fleurs et son clerc de notaire qui lui dit bonsoir
à la porte. v
Ce sont encore de gentils couplcsjd'ouvriers ; elle et lui, pro-
pres, vaillants, heureux, race saine qui fait des enfants sains et
de rudes travailleurs. Ils représentent le labeur bien supporté,
anobli parle devoir, embelli par la jeunesse.
A côté, hélas !. d'un pas plus lent, chargés d'enfants, de pa-
niers, de paquets de linge, marchent d'autres ménages, la femme
ébouriffée, l'enfant en loques, l'homme sombre, sordide, chan-
celant, rêvant à la soulographie de la veille et méditant celle du
lendemain.
A ce point, la femme disparaît : nous n'avons plus que la fe-
melle : honnêtes ou non, rien en elles ne rappelle l'être fin et
gracieux que fut une demoiselle, même sous le peignoir d'in-
dienne.
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