Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-11-15
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 novembre 1882 15 novembre 1882
Description : 1882/11/15 (Numéro 122). 1882/11/15 (Numéro 122).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k524426s
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
Mercredi 15 Novembre {§§S
.~AMS 2 A & Centime. DÉPARTEMENTS ET GARES CENTIMEà
Seizième Année Troisième Série Numéro 1ËS
33:. DE FESITE:
R<~ac
Du GAULOIS et PARIS-JOURNAL
ADMINISTRATION
DE DtX HEURES A CIXQ HEURES
ABONNEMENTS. PETtTES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS
9, boulevard des Italiens, 9 `
ANNONCES
MM. CH:. LAGrRA'N'CrE, CTER.F & &
6, PLACH DH LA. KOUKat;,
JEt & <'Adt)nnM<<\)
A9B.TTEB:'PTE, NSiS~fJEt&
D~reci'eM!'
Du GAULOIS et PARIS-JOURNAL
RÉDACTION j':
e, NoMtemraDE DEUX HEURES A MIKU!T
ABONNEMENTS
Fana ijepartemems
Un mois. 5t'r. Un mois. 6&.
Trois mois. 13 50 Trois mois. 16 fr.
Six mois. 27 tr. Six mois. 32 fr.
Un an. 54 fr. Un an. 64 fr..
Etranger
Trois mois (Union postale). 18 fr.
A partir du 1" décembre prochain, le
e caractères neufs.
,11 résoudra, par un heureux choix de
caractères, le problème d'être plus facile
à lire, tout en contenant exactement la
même quantité de matières.
MfttBC PjCPt F
NU nh b!ELLt
Revenus hier de leur province, séna-
teurs et députés rentrent en villégiature
& Paris.
Au Luxembourg comme au palais
Bourbon, vont pleuvoir à nouveau pro-
jets. rapports, feuilletons, amendements,
enûn toute cette paperasserie inutile et
oiseuse qui constitue la chair et le sang
d'un parlementarisme caduc, sans pres-
tige et déjà condamné à mort avant
d'avoir même essayé de vivre.
Chaque année, les législatures se suc-
cèdent toujours aussi fades et aussi im-
productives, et chaque mois les minis-
tères tombent, s'abattant les uns sur
les autres comme des capucins de
carte. `
\Bea!vrait être le titre de cette interminable
féerie qu'on s'obstine à jouer chaque
après-midi devant l'indifférence publi-
que, et que cependant on s'obstine à ne
pas retirer de l'afâche.
Ah que nous sommes vieux, et que,
comme le siècle qui nous encadre, nous s
avops bien quatre-vingt-deux ans 1
On nous dirait, cacochymes, et la jeu-
nesse d'aujourd'hui, avec sa marche in-
décise, ses gestes cassés et sa parole
hésitante, semble un produit de vieux,
et comme le fruit de sêni)es amours.
Plus de passion, plus d'ardeur, plus
d'enthousiasme et. guère d'espérances.
Hommes et choses, tout a changé et
si, par hasard, on se souvient de ceux
qui vivaient il y a cinquante ans, d'au-
cuns se demandent si nous sommes vrai-
ment les nls de tant de force et de tant
de verdeur.
Quand on rencontre quelques débris
de cette génération d'autrefois,– malgré
les rides, le dos voûté et les mains
tremblantes,–nous sommestout surpris
du charma qui s'exhale encore de leur
esprit, de leur façon d'être et de leur
manière de dire. Ce sont des arbres né-
tris, c'est vrai, mais ça et 14 une pousse
gourmande, s'échappant encore verte du
tronc desséché, nous indique, à nous
chétifs et malingres, ce que ces hommes
devaient être lorsqu'en pleine sève ils
portaient toutes leurs noraisons.
Pauvre dix-neuvième siècle, à nous
Français En voilà un dont la vie a été
accidentée et qui en a vu de toutes les
couleurs) I
Né au bruit du canon d'Austerlitz,
il devait connaître toutes les grandeurs
et toutes les déceptions. Après les cou-
ronnes de laurier et les palmes de la
victoire, le bonnet d'âne et, pour sou-
tenir sa vieillesse, la branche de roseau
qui lui perce la main quand il s'appuie
dessus.
Il s'est promené victorieux et triom-
phant à travers l'Europe entière, et cha-
(fue matin la victoire lui sonnait la
diane puis quand après tant de triom-
phes et de succès, au soir d'une grande
bataille perdue, il descend de cheval,
rentre dans sa demeure et y accroche
son épée, c'est pour s'improviser, dès
le lendemain, l'artiste le plus exquis, le
narrateur le plus charmant et l'écrivain
le; plus remarquable qu'il ait été donné à
son pays d'avoir enfanté jamais.
Après avoir étonné le monde par son
énergie, son audace et soncourage.voilâ
qu'il lui-prend fantaisie de le subjuguer
et de le séduire à coups de grâce et de
génie.
De même qu'il a annoté Horace avec son
roi, il inspire la passion et l'éloquence
à toute cette génération d'orateurs qui
dans l'espace d'une nuit devaient chan-
ger une dynastie de dix siècles par une
royauté nouvelle, faite à leur image, qui
eut ses beaux jours, mais qui en prépara
de bien tristes.
La cinquantaine arrive adulé, cour-
tisé et un peu gâté par trop de bien être,
il se met à aimer la table et prend du
ventre. On lui a si souvent répété qu'il
est irrésistible, qu'il arrive lui-même à
n'en point douter, et, alors il s'adonne
à boire les plus vieux crus, et essaie
d'aimer les plus jeunes femmes.
Comme il a la grâce, l'élégance, etqu'il
est charmant encore, on lui pardonne
tes fredaines et il abuse. Au reste, tou-
jours grand batailleur, friand de la
lame et prêt à toute heure à décrocher
sa rapière au premier appel, on se ptaît
à le voir courir au canon et chiSonner
encore lacollerette de la victoire.
Rentré chez lui, le monde l'admire
et l'acclame ou passe les océans pour
lui rendre visite; il donne des fêtes,
expose l'univers devant l'univers, et les
plus glorieux et les plus illustres s'em-
pressent de lui venir faire honneur dans
sa propre maison.
Après l'avoir entendu broder des nuits
entières ses rêves lès plus hyperboli-
ques et les plus délicieuses fantaisies qui
lui sont coutumiëres, quelqu'un dit:
< Comme il est léger et peu sérieux 1
Alors les autres de répondre Bah ) il
a tant d'esprit! »
Mais voilà qu'un matin on ne sait
ni pourquoi, ni comment s'étant re-
gardé dans la glace, il s'aperçoit avec
terreur qu'il est devenu chauve et
obèse. Ses dents, qui souriaient si
gracieusement hier encore, sont tom-
bées il ne se soutient plus les jam-
jb9B s'en vont, et, quand U essaie de
faire un pas, le jarret se montre raide et
la plante du pied écrase ~oï L'amour lui a cassé les reins et la
bonne nourriture lui a fourni le d!abëte.
L'heure de la dégringolade est venue
et il faut dételer.
Voilà la vieillesse avec tous ses dé-
goûts et toutes ses amertumes; ses jour-
nées somnolantes et ses nuits sans fin.
C'est alors que dans la maison entre
la servante maîtresse, et ce lion, ce fa-
shionable, ce dandy, comme on l'appelait
jadis, fera lui-même chauNer le café au
lait pour sa bonne et décrottera les bot-
tines de ses invités.
CoiNé d'un madras, du coton dans les
oreilles et blindé de flanelle, on le re-
mise, goutteux et impotent, dans une
bergère. Tout un monde inconnu, amis
et amants de la servante, ont pénétré
dans sa maison. On met ses réserves au
pillage, on gaspille ses provisions et
on vide sa cave.
Lui, succombant sous lefardeaudeses
faiblesses, s'en retourne insensiblement
vers l'enfance. Dompté et asservi par
Marianne, il déshérite ses nls au profit
d'une foule d'aventuriers, qui, en atten-
dant la succession, vendent ses vieux
habits.
On le natte.on le gronde, on Je ca-
jole, on l'intimide et. on le fait signer.
Médecins et avocats sont entrés chez
lui. On y braille, on y crie et on s'y dis-
pute mais, à l'heure du dîner, tous se
raccommodent, avides qu'ils sont, les
uns et les autres, de ne pas perdre une
miette du repas.
La maison, chaque jour, se remplit
d'inconnus, gens de peu, parvenus du
matin, venant de je ne sais où, de mau-
vaise compagnie, parlant haut, se cou-
pant la parole, soufnant dans leur verre
avant de boire et essuyant leur couteau
à la serviette. Alors, le pauvre vieux,
plein d'inquiétudes et d'angoisses, re-
garde d'un œil hébété tous ces convives
qu'il ne connaît pas, qu'il n'a jamais vus,
qui le tutoient, et qui ont uni par faire
de son chez lui leur chez-eux.
A ce délicat,. dont le goût était si nn et
le palais si susceptible, on verse de gran-
des verrées de ce gros vin de Cahors
qui grise et indigestionne.
Ce beau langage si simple et tout à la-
fois si imagé, et que jadis il parlait avec
une si cavalière élégance, il ne l'entend
plus. On l'assourdit avec un charabia
qui, comme le vin qu'il boit, vient,
aussi, du Midi.
Dans le fond de son âme, il se sou-
vient des grands jours de la jeunesse, et
il voudrait appeler à son secours les bel-
les années d'autrefois mais le refrain
que le passé murmure à son oreille est
étouNé sur-le-champ par les gaseonnades
et les criailleries de ses convives.
Indigné, il a des envies folles de pren-
dre sa canne et de chasser toute cette
cohue; mais impossible, son bras est
paralysé et sa main retombe inerte.
On couche dans ~on lit, on mange son
bien, on vide sa cave, et le pauvre vieux
assiste à tout cela t
Ce qu'il y a de plus atroce, c'est que
toute cette orgie de carnaval est permise
et autorisée, et c'est au nom de la fra-
ternité et de la légalité qu'on ridiculise
et dépouille ce malheureux vaincu.
Quand j'étais gamin, toujours Poli-
chinelle rossait le commissaire.
Et on riait. Cela ne paraissait pas tirer
& conséquence.
Aujourd'hui Polichinelle est devenu
le commissaire. Polichinelle est notre
maître. On ne rit plus.
Mais, qui rossera Polichinelle ? 2
LOUtS OAVYL
am mm
Nos Echos
AUJOURD'HU)
A 6 heures, diner au Grand-HOtet, admiMion
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la durée du d!ner, t'orchestre de
M. Desgranges jouera, dans itt nouvelle saUe de
musique.
MEMO
Potage tapioca Crécy y
Hora-d'œuvrè
Bar sauce câpres
Pommes de terre à la hollandaise
'` Côte de bœuf au ramequin
Jambon Grand-Hôtel
Volailles de la Bresse au cresson
Salade
Petits-pois à la. fra.nca.ise
Plum pudding au rhum
Glace
Dame blanche
Desserts
Le salon des dames est ouvert aux voya~Burs.
Piano, tables de jeux.- D!ner à la carte au res-
taurant.– Le jour et le soir, séances et leçons do
billard, par M. Gibelin. Café Divan.
Le programma du dîner-concert. (Voir à la
<° page.)
Musée CMvm, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matm à onze heures du soir.
Opéra, 7 h. 3/4. Le .Pfop/~c.
Français, 8 h. 1/4. Le .Moncte o~ !*on t'en-
nttte.
Opéra.-Comique,7h. 1/4. –R[de-JUoft. La ~Vtf~ de .Ss~-JecM. .P/nM-
MO/t et jBan
~E MONOE ET LA VtLLE
Le prince royal Frédéric de Dane-
mark et la princesse Louise, sa femme,
se sont embarqués, hier, pour Lubeck
ëtNeuwied.
Après un court séjour chez le prince
de Wied leur parent, Leurs Altesses
Royales se rendront à Paris, à Lon-
dres et, plus tard, à Athènes, d'où
Elles ne comptent retourner en Dane-
mark qu'au printemps prochain.
Toute la journée de lundi, dans les
clubs, les bureaux de juurnaux, sur le
boulevard, on s'abordait avec cette ques-
tion < Et le duel du Russe ? –Qu'est-
ce que c'est que le duel du Russe? Sa
vez-vous quelque chose sur le duel du
Russe ?"
Cel& reo~placaK; la qQesti[oa4a Bul<
gare, la question du chat, la question
romaine et autres scies du temps passé.
Plusieurs de nos confrères du matin,
entre autres le journal qui ne répond
pas (celui-ci fut le mi~ux dupé de tous),
avaient été victimes d'une mystifica-
tion.
On racontait avec grand luxe de dé-
tails et grand étalage d'initiales une
rencontre franco-russe terminée par une
double blessure grave.
Renseignements pris, tout est de fan-
taisie.
La communication avait été apportée
aux journaux qui l'ont accueillie par
une lettre signée comte de Brigode. Or,
le comte de Brigode, fils de Mme la ba-
ronne de Poilly et neveu du comte de
Lagrange, qui s'appelle marquis du
Haïlay depuis la récente mort de son
oncle, n'avait absolument rien écrit.
Ce gentilhomme n'est pas un volon-
taire du reportage.
Les initiales imprimées, les noms
qu'on a adaptés ensuite aux initiales ne
correspondent à rien qu'à des individua-
lités fort minces, si ce n'est même à des
ombres.
Bref, une /'M?m.!ble, comme on dit si élégamment.
MM. le comte Fossati-Reyneri. secré-
taire, et Bollat, attaché à l'ambassade
d'Italie à Paris, viennent d'être nommés
chevaliers de la Légion d'honneur.
Notre courrier de Ma.'rid:
Le baptême de l'Infante aura lieu sa-
medi.
San Altesse recevra, sur les fonts, les
prénoms de Marie-Thérèse Isabelle. Elle
aura le Pape pour parrain, et pour mar-
raine l'impératrice d'Autriche.
Le baby royal ne se doute pas heu-
reusement pour lui des désappointe-
ments et des déceptions que sa nais-
sance a causés dans l'entourage de la
cour.
En effet, si, au lieu d'une fille, la Reine
eût mis au monde un nls, il aurait plu
des grâces et des mercedes.
Un des ministres, le maire de Madrid,
plusieurs sénateurs avaient la promesse
d'être créés r~ygs de Castille. Le comte
de Velle, entre autres, aurait eu la
Grandesse. Des grands-cordons de
Charles III et d'Isabelle auraient été
distribués parmi les hauts dignitaires
du palais, et les hauts fonctionnaires de
l'administration. La marquise de la La-
guna.Ia marquise de Bendanase se-
raient mis au cou le cordon de Marie-
Louise, ainsi que la plupart des femmes
des chefs de mission accrédités près
Sa Majesté Catholique. La marquise de
Sierra-Bullones. la marquise de la Vega
de Armijo, la duchesse de Tetuan et la
comtesse de Xiquena auraient été nom-
mées dames de la Reine.
Partie remise n'est point perdue, D
a dit la reine Isabelle à son ms en dé-
barquant à Madrid. C'est ce que doivent
se dire, avec une certaine mélancolie,
tous ceux dont les illusions'se sont en-
volées avec les quinze coups de canon
qui annoncent la naissance d'une infante
au lieu des vingt et un coups qui an-
noncent celle d'un prince des Asturies ) 1
On parlait à mots couverts hier, sur
le boulevard, de la disparition subite
d'un ménage qui habite les environs
de Paris, et qui tient étroitement, mari
et femme, au monde théâtral.
Nous espérons que cette nouvelle ne
sera pas confirmée, et surtout que le
motif auquel on attribuait cette éclipse
n'est pas celui qu'on racontait.
Chamfort n'était pas seulement un
homme d'esprit, c'était un prophète,
et il prévoyait sans doute le délicieux
régime dont nous jouissons en l'an de
grâce 1882, lorsqu'il écrivit < Sans le
gouvernement, on ne rirait plus en
France. »
Du reste, les actualités d'il y a cent
ans et plus redeviennent les actualités
de l'heure présente.
Au temps où Law émettait les actions
du Mississipi, la sagesse des nations
émettait ces trois distiques qui se chan-
taient sur un air connu
L'an mil sept cent vingt,
L'argent est par les chemins.
L'an mil sept cent vingt-un,
Les biens sent tous en commun.
L'an mil sept cent vingt-deux,
Nous sommes tous des gueux.
L'air et la chanson ne sont-Ils pas tout
à fait de circonstance?
M. l'abbé Guyot, le célèbre mission-
naire dont nous avons annoncé l'arrivée
récente à Paris, est parti hier matin pour
Alger, ou l'a mandé S. Em. le cardinal
Lavigerie.
Son absence sera courte. Avant d'en-
treprendre un nouveau voyage au
Congo, M. l'abbé Guyot doit revenir à
Paris pour faire une conférence au salon
des œuvres du Cercle catholique.
Cette soirée sera certainement inté-
ressante, car M. l'abbé Guyot est un
causeur des plus agréables et des plus
érudits.
Pour venir de loin, cette petite his-
toire que nous dédions à notre Ca-
mescasse n'en est pas moins réjouis-
sante.
La scène se passe à Moscou, chez le
grand-maître de la police. Son Excel-
lence va se mettre au lit, lorsqu'on lui
transmet un télégramme ainsi conçu
< Quelqu'un va se présenter chez vous
en mon nom. Faites droit à ma de-
mande. Général KA.TEOFF.'
Une demi-heure plus tard, un mon-
sieur bien mis, introduit chez le grand-
maître de la police, lui tenait à peu près
ce langage
Le général KatkoN, en pleine dé-
veine à son cercle, prie Votre Excel-
lence de lui prêter trois mille roubles
dont il a le plus pressant besoin.
Son Excellence s'exécute. Faut-il ajou-
ter que le soi-disant émissaire du géné-
ral n'était qu'un audacieux niou, et que
tout Moscou fait des gorges chaudes de
cette mystification, qui lui coûte un peu
cher? Car M. KatkoS a beaucoup ri, mais
il ne s'est pas fendu d'un rouble 1
NOUVELLES A LA MAIN
Tout le monde sait que l'auteur de
Le ~o: 5'aMtMse était pair de France, sous
Louis-Philippe.
Un ancien croupier de Monaco disait
hier, à ce propos, à un de ses collègues
Sais-tu ce que diront, un jour, les
personnes qui se trouveront sur le pas-
sage du convoi de Victor Hugo ?
Ma foi, non.
Elles prononceront trois mots, que
nous avons dits sans cesse àla roulette
.RoM~e, p
Chez un coutelier. °
Un de nos confrères entre et, s'adres-
sant au marchand
Je voudrais une paire de ciseaux.
Quel genre de ciseaux, monsieur ? R
Les faut-il petits ou grands ?
Très grands, repond X. Je veux
des ciseaux pour écrire.
UN DOMtNO
MA CONVERSION!
SÉRÉNADE
MUSIQUE DESEMET
~,É`
Sous lè soleil de l'Espagne,
J'ai lâché mes faux dieux
Odieux! 1
Tra la la la la la la la).
o Et dans le ciel que je gagne,
o Jeveuxêtre~.M~M.v
Zi'MX'
.I".
D'une conversion si raide 1e
N'accusez que ces doux climats t
J'ai, sur la route de Tolède,
Trouvé mon chemin de Damas
C'est la faute à la République,
Qui m'accrédita près d'un Roi 1
D'Isabelle la Catholique,
La grâce descendit en moi
II
N'accusez pas les séguedilles t
Que chantent les bruns hidalgos t
Les yeux brillants sous les mantilles,
Les éventails, les fandangos 1
Ce n'est pas toi qui me subjugues,
Senora que l'on connaît bien ) 1
J'ai fait comme Clovis –pas Hugues 1
Sans qu'une femme y fût pour rien ) 1
J'ai quitté la mauvaise voie,
Et mes repentirs sont fervents
D'avoir, avant qu'on me renvoie,
Crocheté pas mal de couverts 1
Car Camescasse, qui m'imite,
Peut me répondre, entre quatre yeux,
Que le diable se faittrmite
Lors,seulement, qu'il se fait vieux t
IV
Tant pis, d'ailleurs, qu'on s'en gaudisse
Chez mes mandants que je connais
Je veux bien, mince préjudice,
Perdre mon Crédit Lyonnais ) 1
J'ai flairé les projets augustes
Qu'à Grévy son gendre inspirait:
Un ministère de Cinq Justes
Comme un gant. gris-perle m'irait 1
v.
On m'a ravi mon ambassade
Pour Des Michels, plus sérieux t
Croisade donc contre croisade 1
Saint Louis. et saint Andrieux 1
Gloire à qui, de ses cris prodigue,
Peut changer d'autels et de foi t
Assez crié
Crions un peu < Vive le Roi b
Sous le soleil de l'Espagne,,
J'ai lâché mes faux dieux
Odieux)
Tralala la la la la la!
Et dans le ciel que je gagne
Je veux être ~.Mt7~~K~
Z~H~/
` Tfalalalalalat 1 -`
PAUL FERRIER
B E? E~FSStS~F E~LE!E"E3
LE eH!J!T D n!EB
Toute la journée on a parlé de la santé
de M. Grévy.
On en a parlé à la Bourse, sur le bou-
levard, à la Chambre, dans les journaux.
Selon les uns, il s'agissait d'une simple
somnolence, après déjeuner; selon les
autres, d'une attaque. Une troisième
version disait un peu da fatigue.
Quatrième rumeur <: M. Grévy a fait
comme Louis XIV, il s'est purgé cema-
tin. sans même faire appeler Fagon.
Fagon, vous vous en souvenez, c'é-
tait le médecin de Louis XIV.
06 qui est certain, c'est que M. Grévy
a présidé, dans la matinée, le conseil
des ministres; c'est que, dans l'après-
midi, il n'est pas sorti; mais qu'il a
reçu à l'Etysée plusieurs personnes.
Il est non moins certain que laBourse
a baissé dans l'après-midi et que, dans
la soirée, les cours de la Petite Bourse
ont encore ûéchi.
Mais la baisse a surtout touché les
valeurs internationales, la Rente n'a été
que faiblement atteinte. Si la santé
du président de la République avait
causé le mouvement, il est vraisem-
blable que c'est les fonds d'Etat français
spécialement, et non pas les valeurs in-
ternationales, qui eussent été aNectées.
EnSQ, sans surfaire M. Grôvy, nous lui
faisons l'honneur de supposer que, s'il
était gravement indisposé, c'est par plus
de vingt-cinq centimes de baisse que
la sollicitude publique se traduirait.
M. Wilson assistait à la séance de la
Chambre, et son visage pas plus que sa
conversation ne témoignaient de la plus
légère inquiétude. A ceux qui lui ont
demandé des nouvelles de son beau-père,
il a répondu insoucieusement < Il va
parfaitement cet après-midi tout au
plus, dans la matinée, un léger malaise. »
L. OESMOUUNS
Bloc-Notes Parisien
€at'o!MS Bm'aM et PHeete d escHmte
L'école d'escrime française n'a plus de
président.
Carolus Duran, le successeur du malheu-
reux duc d'Elchingen, a donné sa démis-
sion.
Qu'est-ce que l'école française d'es-
crime ?
C'est moins une école qu'un cercle dont
s'honorent de faire partie beaucoup de
friands de la lame et de fanatiques de
l'épée.
S. M. l'empereur du Brésil, quand il
vient en Europe, y rencontre son neveu
Robert d'Orléans, duc de Chartres, et S.
A. I. le graad-duc Constantin y serre la
main à son vieil ennemi de Crimée le ma-
réchal Canrobert.
Celui qui passerait, de cinq à sept heures,
devant le numéro 14 de la rue Saint-Marc
pourrait, à certains jours, saluer d'un seul
coup de chapeau MM. Alfonso de Aldama,
le peintre Santiago Arcos, le vicomte d'Au-
bernon, notre confrère de l'TMA~M~M~
belge, Gaston Berardi le prince Georges
Bibesco, le prince de Brancovan, le vi-
comte de Bréon, Georges de Cassagnac,
Casimir-Perier, le vicomte Clauzel, Ed-
mond Dollfus, l'aimable Antonio de Ezpé-
leta, Fery d'Esclands, de Fontenillat, Char-
les Franconi, le comte Henri de Greffulhe,
Michel de Gunzburg, le prince d'Henin,
Henry Houssaye, le comte Kapnitz, le
baron de Lareinty, le comte Aymard de
La Rochefoucauld, le comte Alfred de
Latour-Maubourg, Ernest Legouvé, le
comte de Lyonne, le baron de Malouet,
le comte de Miramon, le comte Multedo,
le comte Lannes de Montebello, Jules
Morpurgo, le prince Stanislas Poniatowski,
le comte Nicolas Potocki, le marquis de
Sassenay, Alfred Saucède, le marquis de
Spinosa, Edgar et René Stern, le baron de
Vatry, le marquis et le comte de Viteau,
etc., etc.
Quelle raison grave a pu décider Carolus
Duran à se séparer de cette élite, à ren-
dre le bâton de commandement qu'il de-
vait à son suffrage unanime? Lui seul
pourra nous le dire. Allons chez Carolus
Duran.
A la limite du faubourg Saint-Germain
et du Luxembourg, tout au haut de la rue
Notre-Dame-des-Champs, est une sorte de
passage dont chaque maison contient quel-
quefois jusqu'à dix ateliers d'artistes. C'est
là, au numéro 11, qu'habite Je peintre de
~M.M!Mf, .MKMM~ la C~K~ yo-
maine, et de ~4 M ~o~ de la M~.
Quelques marches à monter, un petit
étage. <: M. Carolus Duran est-il visible ?
Oui, monsieur, entrez ) C'est la ré-
ponse invariable que reçoit quiconque se
présente, sans plus de formalités ni de fa-
çons.
Le domestique pousse une porte, sou-
lève une tapisserie, et. l'on se trouve au
milieu de douze à quinze personnes, cau-
sant, discutant, regardant, furetant le maî-
tre du logis, en veston de satin noir, fait
l'office de cicérone; il explique, démontre,
professe même il est très écouté.
Mais quand paraît le nouveau venu, il se
dégage du groupe et vient à sa rencontre,
le sourire aux lèvres. Une poignée de
main, on est chez soi. Voulez-vous un lé-
ger croquis? Carolus Duran a doublé
depuis quand? il n'importe le cap de la
quarantaine, qui n'a pas été pour lui le cap
des tempêtes, au contraire. Il a le teint
mat et bronzé des méridionaux; quoique
natif de Lille, il a si longtemps habité les
pays du soleil qu'il en a gardé quelque
chose. L'œil est sombre, avec des éclairs
rapides, mais timide et presque inquiet.
La taille, moyenne, est bien prise et cam-
brée comme celle de Barbey d'Aurevilly.
La tête est fière, crâne, haut portée le
geste prompt, décisif, avec une nuance
d'emphase. Un Van Dyck mâtiné de Ve-
lazquez.
Je jette en entrant un regard rapide sur
les chevalets, où, à côté d'un admirable
portrait de femme et du portrait du comte
N. de Camondo, en voie d'exécution, se
dresse une toile gigantesque, d'un mysti-
cisme voluptueusement païen, qui fera, je
vous le jure, un joli tapage au Salon de
i88j). Mais j'ai promis d'être discret.
En me voyant
Je vous devine, m'a-t-il dit avec un
sourire ce n'est pas au peintre que vous
voulez parler.
Non, c'est au président de l'Ecole
d'escrime.
Je ne le suis plus.
On me l'a dit, et je n'en ai rien voulu
croire. Que s'est-il donc passé?
Rien que de très simple. La boxe et
la canne avaient pris, rue Saint-Marc, des
proportions que certains membres de l'E-
cole trouvaient excessives. Ils ont prié la
commission, que je présidais, d'y mettre
un frein; et la commission, faisant droit à
leur requête, a décidé que les exercices de
canne et de boxe seraient clos à cinq heu-
res du soir. Là-dessus, les amateurs de ce
genre de sport ont protesté, et c'est à la
suite de cette protestation que j'ai résigné
mes pouvoirs de président.
Mais il n'y avait rien dans cette pro-
testation qui vous fût personnel ?
Rien, en effet. Et la preuve, c'est que
les signataires m'ont écrit une lettre des
plus courtoises et des plus sympathiques
pour me prier de reprendre ma démis-
sion.
–Et c'est ce que vous allezfaire?
Non, Ma résolution est définitive.
DéSnitive ? Je n'en crois pas un mot.
,–Qui vivra, verra 1
Nousverrons.
TOUT-P&RtS
db -1 --1
PET!TE BOURSE DU SOR
30/0.M30, 27. <
50/0. 11445,52,47.
Italien. 8980,89,89.02.
Turc. 1190,82.
Banque ottomane. 755, 757 50, 753 12:
Lots turcs. 5450.5462.
Egypte. 34812,34875,34750.
Extérieur nouveau. 627/8.
Rio. 60250,60625.605.
Pa.na.ma. 47625,480,47:75.
Phénix espagnol. 508 75.
Lombards. 29375.
MURSB BB MMS. H K~BRB
Derniers cours. Consolidés anglais,
i031/4. Egyptienne, 68 96; parité, 347 85.
Espagnol nouv., 63 &t parité, 63 90
Italien, 88 34 parité, 89 15. Turc, 11 96
parité. Il 67. Banque ottomane, SO 1/A; pa-
rité,760 75. Rio-Tinto, S4 3/16; parité, 610.
w
tSJS M F~t&i ~~t~
~.LEO~ SA Y
E T LA CRISE BUDGÉTAIRE
L'erreur d'addition commise par M.
Tirard ayant découvert des embarras
financiers qu'on ne soupçonnait pas,
nous, sommes allé consulter, sur notre
état budgétaire, l'homme qu'une longue
habitude de nos finances nous désignait,
en l'espèce, comme le meilleur avocat
consultant, M. Léon Say.
Nous lui passons la parole.'
Les journaux, dit M. Léon Say, se~
sont beaucoup servis, contre M. Tirard,
des cent millions qu'il prétend retrou-
ver et qu'il ne retrouve pas. La presse
a rencontré dans cette erreur de comp-
tabilité une bonne arme de polémique.
Mais je crois qu'on ne doit pas prendre
à la lettre tout ce qui a été écrit dans
les journaux. Evidemment, c'est une
erreur grave pour un ministre des finan-
ces de se tromper de cent millions, Mais
le mal n'est pas irréparable.
D'ou provient cette erreur ?
Il y a, comme vous le savez, deux
sortes de dépenses: les dépenses ordi-
naires et les dépenses extraordinaires.
Les crédits pour dépenses ordinaires
sont employés aux grands services pu-
blics permanents au payement des ren-
tes, au salaire des fonctionnaires, à l'en-
tretien des monuments publics, etc.
Les crédits pour dépenses extraordinai-
res sont imputés à des destinations ex-
traordinaires, temporaires, accidentelles,
tels que les grands travaux publics, la
construction des canaux, des ports; dës~
chemins de fer, etc. Il est pourvu à ces
dépenses par les excédents du budget
ordinaire et par des émissions de bons
du Trésor, par des expédients en un
mot.
Commeles ministres onttoujours des
projets très grands et comme ils veu-
lent avoir les coudées franches dans
leur budget, ils demandent toujours
beaucoup plus de millions qu'ils n'en
peuvent consommer. Et, chaque année,
il reste des reliquats de crédits. Pour les
chapitres du budget ordinaire, ces excé-
dents n'ont pas d'inconvénient. On an-
nute purement et simplement les crédits
votés et non intégralement dépensés.
Mais l'avidité des ministres qui se font
donner trop d'argent pour les dépenses
extraordinaires entraîne de grands
abus.
Les crédits extraordinaires étant af-
fectés à une construction, à une entre-
prise spéciale, il n'importe pas qu'ils
soient employés en 1882 et en 1883. L'es-
sentiel est qu'ils ne soient pas détournés
de leur affectation légale. Or, depuis
quelques années, il est arrivé que pour
les travaux publics on a voté des masses
de millions qui, n'étant pas tous em-
ployés, s'ajoutaient à la Un .de chaque
exercice à d'autres millions.
Dans le projet de budget pour 1883,
déposé par moi sur le bureau des Cham-
bres, j'avais restreint les crédits extra-
ordinaires et, évaluant à 193 millions
de francs le chiffre des annulations pos-
sibles de crédits, c'est-à-dire du reliquat
certain et vérifié de l'exercice 1882, j'a-
vais arrêté qu'aucune dépense extraor-
dinaire ne pourrait être entamée que
sur cet excédent de 193 millions.
Il faut ajouter que, par la convention
avec la Compagnie d'Orléans, j'avais al-
légé les charges de l'Etat, et que je lui
avais même ménagé des ressources.
Sur ces entrefaites, je quittai leini*
nistëre des finances, et M. Tirard me
remplaça. Il n'accepta pas la convention
avec l'Orléans. Du môme coup, l'Etat
se trouva démuni des ressources que
cette convention lui ménageait, et il fut
chargé de tout le fardeau dont elle le dé-
barrassait. Pour faire face aux nouvelles
dépenses, M. Tirard s'adressa a ses col-
lègues et en particulier au ministre des
travaux publics, M. Hérisson, qui dis-
pose du plus gros budget extraordi-
naire.
M. Tirardévaluaâ 160 millionsles re-
liquats disponibles de crédits extraordi-
naires qu'il pouvait faire entrer dans
son budget des recettes.
Mais à la commission du budget, M.
Ribot fit malicieusement observer que
les reliquats disponibles figuraient d~à
pour 193 millions et il demanda à M. Ti-
rard de prouver la disponibilité des nou-
veaux 160 millions dont il parlait. Le
ministre des finances, obligé de s'expli-
quer, en appela à son collègue des tra-
vaux publics, qui avoua une disponibilité
de 60 millions, mais nullement de 160
millions. Erreur 100 millions.
Le plus ridicule en cettequerelle. c'est
qu'il est absolument impossible de sa-
voir qui a raison dans ces évaluations,
de M. Tirard ou de M. Hérisson. Il n'y
a pas de contrôle immédiat possible ~e
.~AMS 2 A & Centime. DÉPARTEMENTS ET GARES CENTIMEà
Seizième Année Troisième Série Numéro 1ËS
33:. DE FESITE:
R<~ac
Du GAULOIS et PARIS-JOURNAL
ADMINISTRATION
ABONNEMENTS. PETtTES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS
9, boulevard des Italiens, 9 `
ANNONCES
MM. CH:. LAGrRA'N'CrE, CTER.F & &
6, PLACH DH LA. KOUKat;,
JEt & <'Adt)nnM<<\)
A9B.TTEB:'PTE, NSiS~fJEt&
D~reci'eM!'
Du GAULOIS et PARIS-JOURNAL
RÉDACTION j':
e, NoMtemra
ABONNEMENTS
Fana ijepartemems
Un mois. 5t'r. Un mois. 6&.
Trois mois. 13 50 Trois mois. 16 fr.
Six mois. 27 tr. Six mois. 32 fr.
Un an. 54 fr. Un an. 64 fr..
Etranger
Trois mois (Union postale). 18 fr.
A partir du 1" décembre prochain, le
e
,11 résoudra, par un heureux choix de
caractères, le problème d'être plus facile
à lire, tout en contenant exactement la
même quantité de matières.
MfttBC PjCPt F
NU nh b!ELLt
Revenus hier de leur province, séna-
teurs et députés rentrent en villégiature
& Paris.
Au Luxembourg comme au palais
Bourbon, vont pleuvoir à nouveau pro-
jets. rapports, feuilletons, amendements,
enûn toute cette paperasserie inutile et
oiseuse qui constitue la chair et le sang
d'un parlementarisme caduc, sans pres-
tige et déjà condamné à mort avant
d'avoir même essayé de vivre.
Chaque année, les législatures se suc-
cèdent toujours aussi fades et aussi im-
productives, et chaque mois les minis-
tères tombent, s'abattant les uns sur
les autres comme des capucins de
carte. `
\Bea!
féerie qu'on s'obstine à jouer chaque
après-midi devant l'indifférence publi-
que, et que cependant on s'obstine à ne
pas retirer de l'afâche.
Ah que nous sommes vieux, et que,
comme le siècle qui nous encadre, nous s
avops bien quatre-vingt-deux ans 1
On nous dirait, cacochymes, et la jeu-
nesse d'aujourd'hui, avec sa marche in-
décise, ses gestes cassés et sa parole
hésitante, semble un produit de vieux,
et comme le fruit de sêni)es amours.
Plus de passion, plus d'ardeur, plus
d'enthousiasme et. guère d'espérances.
Hommes et choses, tout a changé et
si, par hasard, on se souvient de ceux
qui vivaient il y a cinquante ans, d'au-
cuns se demandent si nous sommes vrai-
ment les nls de tant de force et de tant
de verdeur.
Quand on rencontre quelques débris
de cette génération d'autrefois,– malgré
les rides, le dos voûté et les mains
tremblantes,–nous sommestout surpris
du charma qui s'exhale encore de leur
esprit, de leur façon d'être et de leur
manière de dire. Ce sont des arbres né-
tris, c'est vrai, mais ça et 14 une pousse
gourmande, s'échappant encore verte du
tronc desséché, nous indique, à nous
chétifs et malingres, ce que ces hommes
devaient être lorsqu'en pleine sève ils
portaient toutes leurs noraisons.
Pauvre dix-neuvième siècle, à nous
Français En voilà un dont la vie a été
accidentée et qui en a vu de toutes les
couleurs) I
Né au bruit du canon d'Austerlitz,
il devait connaître toutes les grandeurs
et toutes les déceptions. Après les cou-
ronnes de laurier et les palmes de la
victoire, le bonnet d'âne et, pour sou-
tenir sa vieillesse, la branche de roseau
qui lui perce la main quand il s'appuie
dessus.
Il s'est promené victorieux et triom-
phant à travers l'Europe entière, et cha-
(fue matin la victoire lui sonnait la
diane puis quand après tant de triom-
phes et de succès, au soir d'une grande
bataille perdue, il descend de cheval,
rentre dans sa demeure et y accroche
son épée, c'est pour s'improviser, dès
le lendemain, l'artiste le plus exquis, le
narrateur le plus charmant et l'écrivain
le; plus remarquable qu'il ait été donné à
son pays d'avoir enfanté jamais.
Après avoir étonné le monde par son
énergie, son audace et soncourage.voilâ
qu'il lui-prend fantaisie de le subjuguer
et de le séduire à coups de grâce et de
génie.
De même qu'il a annoté Horace avec son
roi, il inspire la passion et l'éloquence
à toute cette génération d'orateurs qui
dans l'espace d'une nuit devaient chan-
ger une dynastie de dix siècles par une
royauté nouvelle, faite à leur image, qui
eut ses beaux jours, mais qui en prépara
de bien tristes.
La cinquantaine arrive adulé, cour-
tisé et un peu gâté par trop de bien être,
il se met à aimer la table et prend du
ventre. On lui a si souvent répété qu'il
est irrésistible, qu'il arrive lui-même à
n'en point douter, et, alors il s'adonne
à boire les plus vieux crus, et essaie
d'aimer les plus jeunes femmes.
Comme il a la grâce, l'élégance, etqu'il
est charmant encore, on lui pardonne
tes fredaines et il abuse. Au reste, tou-
jours grand batailleur, friand de la
lame et prêt à toute heure à décrocher
sa rapière au premier appel, on se ptaît
à le voir courir au canon et chiSonner
encore lacollerette de la victoire.
Rentré chez lui, le monde l'admire
et l'acclame ou passe les océans pour
lui rendre visite; il donne des fêtes,
expose l'univers devant l'univers, et les
plus glorieux et les plus illustres s'em-
pressent de lui venir faire honneur dans
sa propre maison.
Après l'avoir entendu broder des nuits
entières ses rêves lès plus hyperboli-
ques et les plus délicieuses fantaisies qui
lui sont coutumiëres, quelqu'un dit:
< Comme il est léger et peu sérieux 1
Alors les autres de répondre Bah ) il
a tant d'esprit! »
Mais voilà qu'un matin on ne sait
ni pourquoi, ni comment s'étant re-
gardé dans la glace, il s'aperçoit avec
terreur qu'il est devenu chauve et
obèse. Ses dents, qui souriaient si
gracieusement hier encore, sont tom-
bées il ne se soutient plus les jam-
jb9B s'en vont, et, quand U essaie de
faire un pas, le jarret se montre raide et
la plante du pied écrase ~oï
bonne nourriture lui a fourni le d!abëte.
L'heure de la dégringolade est venue
et il faut dételer.
Voilà la vieillesse avec tous ses dé-
goûts et toutes ses amertumes; ses jour-
nées somnolantes et ses nuits sans fin.
C'est alors que dans la maison entre
la servante maîtresse, et ce lion, ce fa-
shionable, ce dandy, comme on l'appelait
jadis, fera lui-même chauNer le café au
lait pour sa bonne et décrottera les bot-
tines de ses invités.
CoiNé d'un madras, du coton dans les
oreilles et blindé de flanelle, on le re-
mise, goutteux et impotent, dans une
bergère. Tout un monde inconnu, amis
et amants de la servante, ont pénétré
dans sa maison. On met ses réserves au
pillage, on gaspille ses provisions et
on vide sa cave.
Lui, succombant sous lefardeaudeses
faiblesses, s'en retourne insensiblement
vers l'enfance. Dompté et asservi par
Marianne, il déshérite ses nls au profit
d'une foule d'aventuriers, qui, en atten-
dant la succession, vendent ses vieux
habits.
On le natte.on le gronde, on Je ca-
jole, on l'intimide et. on le fait signer.
Médecins et avocats sont entrés chez
lui. On y braille, on y crie et on s'y dis-
pute mais, à l'heure du dîner, tous se
raccommodent, avides qu'ils sont, les
uns et les autres, de ne pas perdre une
miette du repas.
La maison, chaque jour, se remplit
d'inconnus, gens de peu, parvenus du
matin, venant de je ne sais où, de mau-
vaise compagnie, parlant haut, se cou-
pant la parole, soufnant dans leur verre
avant de boire et essuyant leur couteau
à la serviette. Alors, le pauvre vieux,
plein d'inquiétudes et d'angoisses, re-
garde d'un œil hébété tous ces convives
qu'il ne connaît pas, qu'il n'a jamais vus,
qui le tutoient, et qui ont uni par faire
de son chez lui leur chez-eux.
A ce délicat,. dont le goût était si nn et
le palais si susceptible, on verse de gran-
des verrées de ce gros vin de Cahors
qui grise et indigestionne.
Ce beau langage si simple et tout à la-
fois si imagé, et que jadis il parlait avec
une si cavalière élégance, il ne l'entend
plus. On l'assourdit avec un charabia
qui, comme le vin qu'il boit, vient,
aussi, du Midi.
Dans le fond de son âme, il se sou-
vient des grands jours de la jeunesse, et
il voudrait appeler à son secours les bel-
les années d'autrefois mais le refrain
que le passé murmure à son oreille est
étouNé sur-le-champ par les gaseonnades
et les criailleries de ses convives.
Indigné, il a des envies folles de pren-
dre sa canne et de chasser toute cette
cohue; mais impossible, son bras est
paralysé et sa main retombe inerte.
On couche dans ~on lit, on mange son
bien, on vide sa cave, et le pauvre vieux
assiste à tout cela t
Ce qu'il y a de plus atroce, c'est que
toute cette orgie de carnaval est permise
et autorisée, et c'est au nom de la fra-
ternité et de la légalité qu'on ridiculise
et dépouille ce malheureux vaincu.
Quand j'étais gamin, toujours Poli-
chinelle rossait le commissaire.
Et on riait. Cela ne paraissait pas tirer
& conséquence.
Aujourd'hui Polichinelle est devenu
le commissaire. Polichinelle est notre
maître. On ne rit plus.
Mais, qui rossera Polichinelle ? 2
LOUtS OAVYL
am mm
Nos Echos
AUJOURD'HU)
A 6 heures, diner au Grand-HOtet, admiMion
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la durée du d!ner, t'orchestre de
M. Desgranges jouera, dans itt nouvelle saUe de
musique.
MEMO
Potage tapioca Crécy y
Hora-d'œuvrè
Bar sauce câpres
Pommes de terre à la hollandaise
'` Côte de bœuf au ramequin
Jambon Grand-Hôtel
Volailles de la Bresse au cresson
Salade
Petits-pois à la. fra.nca.ise
Plum pudding au rhum
Glace
Dame blanche
Desserts
Le salon des dames est ouvert aux voya~Burs.
Piano, tables de jeux.- D!ner à la carte au res-
taurant.– Le jour et le soir, séances et leçons do
billard, par M. Gibelin. Café Divan.
Le programma du dîner-concert. (Voir à la
<° page.)
Musée CMvm, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matm à onze heures du soir.
Opéra, 7 h. 3/4. Le .Pfop/~c.
Français, 8 h. 1/4. Le .Moncte o~ !*on t'en-
nttte.
Opéra.-Comique,7h. 1/4. –R[
MO/t et jBan
~E MONOE ET LA VtLLE
Le prince royal Frédéric de Dane-
mark et la princesse Louise, sa femme,
se sont embarqués, hier, pour Lubeck
ëtNeuwied.
Après un court séjour chez le prince
de Wied leur parent, Leurs Altesses
Royales se rendront à Paris, à Lon-
dres et, plus tard, à Athènes, d'où
Elles ne comptent retourner en Dane-
mark qu'au printemps prochain.
Toute la journée de lundi, dans les
clubs, les bureaux de juurnaux, sur le
boulevard, on s'abordait avec cette ques-
tion < Et le duel du Russe ? –Qu'est-
ce que c'est que le duel du Russe? Sa
vez-vous quelque chose sur le duel du
Russe ?"
Cel& reo~placaK; la qQesti[oa4a Bul<
gare, la question du chat, la question
romaine et autres scies du temps passé.
Plusieurs de nos confrères du matin,
entre autres le journal qui ne répond
pas (celui-ci fut le mi~ux dupé de tous),
avaient été victimes d'une mystifica-
tion.
On racontait avec grand luxe de dé-
tails et grand étalage d'initiales une
rencontre franco-russe terminée par une
double blessure grave.
Renseignements pris, tout est de fan-
taisie.
La communication avait été apportée
aux journaux qui l'ont accueillie par
une lettre signée comte de Brigode. Or,
le comte de Brigode, fils de Mme la ba-
ronne de Poilly et neveu du comte de
Lagrange, qui s'appelle marquis du
Haïlay depuis la récente mort de son
oncle, n'avait absolument rien écrit.
Ce gentilhomme n'est pas un volon-
taire du reportage.
Les initiales imprimées, les noms
qu'on a adaptés ensuite aux initiales ne
correspondent à rien qu'à des individua-
lités fort minces, si ce n'est même à des
ombres.
Bref, une /'M?m.!
MM. le comte Fossati-Reyneri. secré-
taire, et Bollat, attaché à l'ambassade
d'Italie à Paris, viennent d'être nommés
chevaliers de la Légion d'honneur.
Notre courrier de Ma.'rid:
Le baptême de l'Infante aura lieu sa-
medi.
San Altesse recevra, sur les fonts, les
prénoms de Marie-Thérèse Isabelle. Elle
aura le Pape pour parrain, et pour mar-
raine l'impératrice d'Autriche.
Le baby royal ne se doute pas heu-
reusement pour lui des désappointe-
ments et des déceptions que sa nais-
sance a causés dans l'entourage de la
cour.
En effet, si, au lieu d'une fille, la Reine
eût mis au monde un nls, il aurait plu
des grâces et des mercedes.
Un des ministres, le maire de Madrid,
plusieurs sénateurs avaient la promesse
d'être créés r~ygs de Castille. Le comte
de Velle, entre autres, aurait eu la
Grandesse. Des grands-cordons de
Charles III et d'Isabelle auraient été
distribués parmi les hauts dignitaires
du palais, et les hauts fonctionnaires de
l'administration. La marquise de la La-
guna.Ia marquise de Bendanase se-
raient mis au cou le cordon de Marie-
Louise, ainsi que la plupart des femmes
des chefs de mission accrédités près
Sa Majesté Catholique. La marquise de
Sierra-Bullones. la marquise de la Vega
de Armijo, la duchesse de Tetuan et la
comtesse de Xiquena auraient été nom-
mées dames de la Reine.
Partie remise n'est point perdue, D
a dit la reine Isabelle à son ms en dé-
barquant à Madrid. C'est ce que doivent
se dire, avec une certaine mélancolie,
tous ceux dont les illusions'se sont en-
volées avec les quinze coups de canon
qui annoncent la naissance d'une infante
au lieu des vingt et un coups qui an-
noncent celle d'un prince des Asturies ) 1
On parlait à mots couverts hier, sur
le boulevard, de la disparition subite
d'un ménage qui habite les environs
de Paris, et qui tient étroitement, mari
et femme, au monde théâtral.
Nous espérons que cette nouvelle ne
sera pas confirmée, et surtout que le
motif auquel on attribuait cette éclipse
n'est pas celui qu'on racontait.
Chamfort n'était pas seulement un
homme d'esprit, c'était un prophète,
et il prévoyait sans doute le délicieux
régime dont nous jouissons en l'an de
grâce 1882, lorsqu'il écrivit < Sans le
gouvernement, on ne rirait plus en
France. »
Du reste, les actualités d'il y a cent
ans et plus redeviennent les actualités
de l'heure présente.
Au temps où Law émettait les actions
du Mississipi, la sagesse des nations
émettait ces trois distiques qui se chan-
taient sur un air connu
L'an mil sept cent vingt,
L'argent est par les chemins.
L'an mil sept cent vingt-un,
Les biens sent tous en commun.
L'an mil sept cent vingt-deux,
Nous sommes tous des gueux.
L'air et la chanson ne sont-Ils pas tout
à fait de circonstance?
M. l'abbé Guyot, le célèbre mission-
naire dont nous avons annoncé l'arrivée
récente à Paris, est parti hier matin pour
Alger, ou l'a mandé S. Em. le cardinal
Lavigerie.
Son absence sera courte. Avant d'en-
treprendre un nouveau voyage au
Congo, M. l'abbé Guyot doit revenir à
Paris pour faire une conférence au salon
des œuvres du Cercle catholique.
Cette soirée sera certainement inté-
ressante, car M. l'abbé Guyot est un
causeur des plus agréables et des plus
érudits.
Pour venir de loin, cette petite his-
toire que nous dédions à notre Ca-
mescasse n'en est pas moins réjouis-
sante.
La scène se passe à Moscou, chez le
grand-maître de la police. Son Excel-
lence va se mettre au lit, lorsqu'on lui
transmet un télégramme ainsi conçu
< Quelqu'un va se présenter chez vous
en mon nom. Faites droit à ma de-
mande. Général KA.TEOFF.'
Une demi-heure plus tard, un mon-
sieur bien mis, introduit chez le grand-
maître de la police, lui tenait à peu près
ce langage
Le général KatkoN, en pleine dé-
veine à son cercle, prie Votre Excel-
lence de lui prêter trois mille roubles
dont il a le plus pressant besoin.
Son Excellence s'exécute. Faut-il ajou-
ter que le soi-disant émissaire du géné-
ral n'était qu'un audacieux niou, et que
tout Moscou fait des gorges chaudes de
cette mystification, qui lui coûte un peu
cher? Car M. KatkoS a beaucoup ri, mais
il ne s'est pas fendu d'un rouble 1
NOUVELLES A LA MAIN
Tout le monde sait que l'auteur de
Le ~o: 5'aMtMse était pair de France, sous
Louis-Philippe.
Un ancien croupier de Monaco disait
hier, à ce propos, à un de ses collègues
Sais-tu ce que diront, un jour, les
personnes qui se trouveront sur le pas-
sage du convoi de Victor Hugo ?
Ma foi, non.
Elles prononceront trois mots, que
nous avons dits sans cesse àla roulette
.RoM~e, p
Chez un coutelier. °
Un de nos confrères entre et, s'adres-
sant au marchand
Je voudrais une paire de ciseaux.
Quel genre de ciseaux, monsieur ? R
Les faut-il petits ou grands ?
Très grands, repond X. Je veux
des ciseaux pour écrire.
UN DOMtNO
MA CONVERSION!
SÉRÉNADE
MUSIQUE DESEMET
~,É`
Sous lè soleil de l'Espagne,
J'ai lâché mes faux dieux
Odieux! 1
Tra la la la la la la la).
o Et dans le ciel que je gagne,
o Jeveuxêtre~.M~M.v
Zi'MX'
.I".
D'une conversion si raide 1e
N'accusez que ces doux climats t
J'ai, sur la route de Tolède,
Trouvé mon chemin de Damas
C'est la faute à la République,
Qui m'accrédita près d'un Roi 1
D'Isabelle la Catholique,
La grâce descendit en moi
II
N'accusez pas les séguedilles t
Que chantent les bruns hidalgos t
Les yeux brillants sous les mantilles,
Les éventails, les fandangos 1
Ce n'est pas toi qui me subjugues,
Senora que l'on connaît bien ) 1
J'ai fait comme Clovis –pas Hugues 1
Sans qu'une femme y fût pour rien ) 1
J'ai quitté la mauvaise voie,
Et mes repentirs sont fervents
D'avoir, avant qu'on me renvoie,
Crocheté pas mal de couverts 1
Car Camescasse, qui m'imite,
Peut me répondre, entre quatre yeux,
Que le diable se faittrmite
Lors,seulement, qu'il se fait vieux t
IV
Tant pis, d'ailleurs, qu'on s'en gaudisse
Chez mes mandants que je connais
Je veux bien, mince préjudice,
Perdre mon Crédit Lyonnais ) 1
J'ai flairé les projets augustes
Qu'à Grévy son gendre inspirait:
Un ministère de Cinq Justes
Comme un gant. gris-perle m'irait 1
v.
On m'a ravi mon ambassade
Pour Des Michels, plus sérieux t
Croisade donc contre croisade 1
Saint Louis. et saint Andrieux 1
Gloire à qui, de ses cris prodigue,
Peut changer d'autels et de foi t
Assez crié
Crions un peu < Vive le Roi b
Sous le soleil de l'Espagne,,
J'ai lâché mes faux dieux
Odieux)
Tralala la la la la la!
Et dans le ciel que je gagne
Je veux être ~.Mt7~~K~
Z~H~/
` Tfalalalalalat 1 -`
PAUL FERRIER
B E? E~FSStS~F E~LE!E"E3
LE eH!J!T D n!EB
Toute la journée on a parlé de la santé
de M. Grévy.
On en a parlé à la Bourse, sur le bou-
levard, à la Chambre, dans les journaux.
Selon les uns, il s'agissait d'une simple
somnolence, après déjeuner; selon les
autres, d'une attaque. Une troisième
version disait un peu da fatigue.
Quatrième rumeur <: M. Grévy a fait
comme Louis XIV, il s'est purgé cema-
tin. sans même faire appeler Fagon.
Fagon, vous vous en souvenez, c'é-
tait le médecin de Louis XIV.
06 qui est certain, c'est que M. Grévy
a présidé, dans la matinée, le conseil
des ministres; c'est que, dans l'après-
midi, il n'est pas sorti; mais qu'il a
reçu à l'Etysée plusieurs personnes.
Il est non moins certain que laBourse
a baissé dans l'après-midi et que, dans
la soirée, les cours de la Petite Bourse
ont encore ûéchi.
Mais la baisse a surtout touché les
valeurs internationales, la Rente n'a été
que faiblement atteinte. Si la santé
du président de la République avait
causé le mouvement, il est vraisem-
blable que c'est les fonds d'Etat français
spécialement, et non pas les valeurs in-
ternationales, qui eussent été aNectées.
EnSQ, sans surfaire M. Grôvy, nous lui
faisons l'honneur de supposer que, s'il
était gravement indisposé, c'est par plus
de vingt-cinq centimes de baisse que
la sollicitude publique se traduirait.
M. Wilson assistait à la séance de la
Chambre, et son visage pas plus que sa
conversation ne témoignaient de la plus
légère inquiétude. A ceux qui lui ont
demandé des nouvelles de son beau-père,
il a répondu insoucieusement < Il va
parfaitement cet après-midi tout au
plus, dans la matinée, un léger malaise. »
L. OESMOUUNS
Bloc-Notes Parisien
€at'o!MS Bm'aM et PHeete d escHmte
L'école d'escrime française n'a plus de
président.
Carolus Duran, le successeur du malheu-
reux duc d'Elchingen, a donné sa démis-
sion.
Qu'est-ce que l'école française d'es-
crime ?
C'est moins une école qu'un cercle dont
s'honorent de faire partie beaucoup de
friands de la lame et de fanatiques de
l'épée.
S. M. l'empereur du Brésil, quand il
vient en Europe, y rencontre son neveu
Robert d'Orléans, duc de Chartres, et S.
A. I. le graad-duc Constantin y serre la
main à son vieil ennemi de Crimée le ma-
réchal Canrobert.
Celui qui passerait, de cinq à sept heures,
devant le numéro 14 de la rue Saint-Marc
pourrait, à certains jours, saluer d'un seul
coup de chapeau MM. Alfonso de Aldama,
le peintre Santiago Arcos, le vicomte d'Au-
bernon, notre confrère de l'TMA~M~M~
belge, Gaston Berardi le prince Georges
Bibesco, le prince de Brancovan, le vi-
comte de Bréon, Georges de Cassagnac,
Casimir-Perier, le vicomte Clauzel, Ed-
mond Dollfus, l'aimable Antonio de Ezpé-
leta, Fery d'Esclands, de Fontenillat, Char-
les Franconi, le comte Henri de Greffulhe,
Michel de Gunzburg, le prince d'Henin,
Henry Houssaye, le comte Kapnitz, le
baron de Lareinty, le comte Aymard de
La Rochefoucauld, le comte Alfred de
Latour-Maubourg, Ernest Legouvé, le
comte de Lyonne, le baron de Malouet,
le comte de Miramon, le comte Multedo,
le comte Lannes de Montebello, Jules
Morpurgo, le prince Stanislas Poniatowski,
le comte Nicolas Potocki, le marquis de
Sassenay, Alfred Saucède, le marquis de
Spinosa, Edgar et René Stern, le baron de
Vatry, le marquis et le comte de Viteau,
etc., etc.
Quelle raison grave a pu décider Carolus
Duran à se séparer de cette élite, à ren-
dre le bâton de commandement qu'il de-
vait à son suffrage unanime? Lui seul
pourra nous le dire. Allons chez Carolus
Duran.
A la limite du faubourg Saint-Germain
et du Luxembourg, tout au haut de la rue
Notre-Dame-des-Champs, est une sorte de
passage dont chaque maison contient quel-
quefois jusqu'à dix ateliers d'artistes. C'est
là, au numéro 11, qu'habite Je peintre de
~M.M!Mf, .MKMM~ la C~K~ yo-
maine, et de ~4 M ~o~ de la M~.
Quelques marches à monter, un petit
étage. <: M. Carolus Duran est-il visible ?
Oui, monsieur, entrez ) C'est la ré-
ponse invariable que reçoit quiconque se
présente, sans plus de formalités ni de fa-
çons.
Le domestique pousse une porte, sou-
lève une tapisserie, et. l'on se trouve au
milieu de douze à quinze personnes, cau-
sant, discutant, regardant, furetant le maî-
tre du logis, en veston de satin noir, fait
l'office de cicérone; il explique, démontre,
professe même il est très écouté.
Mais quand paraît le nouveau venu, il se
dégage du groupe et vient à sa rencontre,
le sourire aux lèvres. Une poignée de
main, on est chez soi. Voulez-vous un lé-
ger croquis? Carolus Duran a doublé
depuis quand? il n'importe le cap de la
quarantaine, qui n'a pas été pour lui le cap
des tempêtes, au contraire. Il a le teint
mat et bronzé des méridionaux; quoique
natif de Lille, il a si longtemps habité les
pays du soleil qu'il en a gardé quelque
chose. L'œil est sombre, avec des éclairs
rapides, mais timide et presque inquiet.
La taille, moyenne, est bien prise et cam-
brée comme celle de Barbey d'Aurevilly.
La tête est fière, crâne, haut portée le
geste prompt, décisif, avec une nuance
d'emphase. Un Van Dyck mâtiné de Ve-
lazquez.
Je jette en entrant un regard rapide sur
les chevalets, où, à côté d'un admirable
portrait de femme et du portrait du comte
N. de Camondo, en voie d'exécution, se
dresse une toile gigantesque, d'un mysti-
cisme voluptueusement païen, qui fera, je
vous le jure, un joli tapage au Salon de
i88j). Mais j'ai promis d'être discret.
En me voyant
Je vous devine, m'a-t-il dit avec un
sourire ce n'est pas au peintre que vous
voulez parler.
Non, c'est au président de l'Ecole
d'escrime.
Je ne le suis plus.
On me l'a dit, et je n'en ai rien voulu
croire. Que s'est-il donc passé?
Rien que de très simple. La boxe et
la canne avaient pris, rue Saint-Marc, des
proportions que certains membres de l'E-
cole trouvaient excessives. Ils ont prié la
commission, que je présidais, d'y mettre
un frein; et la commission, faisant droit à
leur requête, a décidé que les exercices de
canne et de boxe seraient clos à cinq heu-
res du soir. Là-dessus, les amateurs de ce
genre de sport ont protesté, et c'est à la
suite de cette protestation que j'ai résigné
mes pouvoirs de président.
Mais il n'y avait rien dans cette pro-
testation qui vous fût personnel ?
Rien, en effet. Et la preuve, c'est que
les signataires m'ont écrit une lettre des
plus courtoises et des plus sympathiques
pour me prier de reprendre ma démis-
sion.
–Et c'est ce que vous allezfaire?
Non, Ma résolution est définitive.
DéSnitive ? Je n'en crois pas un mot.
,–Qui vivra, verra 1
Nousverrons.
TOUT-P&RtS
db -1 --1
PET!TE BOURSE DU SOR
30/0.M30, 27. <
50/0. 11445,52,47.
Italien. 8980,89,89.02.
Turc. 1190,82.
Banque ottomane. 755, 757 50, 753 12:
Lots turcs. 5450.5462.
Egypte. 34812,34875,34750.
Extérieur nouveau. 627/8.
Rio. 60250,60625.605.
Pa.na.ma. 47625,480,47:75.
Phénix espagnol. 508 75.
Lombards. 29375.
MURSB BB MMS. H K~BRB
Derniers cours. Consolidés anglais,
i031/4. Egyptienne, 68 96; parité, 347 85.
Espagnol nouv., 63 &t parité, 63 90
Italien, 88 34 parité, 89 15. Turc, 11 96
parité. Il 67. Banque ottomane, SO 1/A; pa-
rité,760 75. Rio-Tinto, S4 3/16; parité, 610.
w
tSJS M F~t&i ~~t~
~.LEO~ SA Y
E T LA CRISE BUDGÉTAIRE
L'erreur d'addition commise par M.
Tirard ayant découvert des embarras
financiers qu'on ne soupçonnait pas,
nous, sommes allé consulter, sur notre
état budgétaire, l'homme qu'une longue
habitude de nos finances nous désignait,
en l'espèce, comme le meilleur avocat
consultant, M. Léon Say.
Nous lui passons la parole.'
Les journaux, dit M. Léon Say, se~
sont beaucoup servis, contre M. Tirard,
des cent millions qu'il prétend retrou-
ver et qu'il ne retrouve pas. La presse
a rencontré dans cette erreur de comp-
tabilité une bonne arme de polémique.
Mais je crois qu'on ne doit pas prendre
à la lettre tout ce qui a été écrit dans
les journaux. Evidemment, c'est une
erreur grave pour un ministre des finan-
ces de se tromper de cent millions, Mais
le mal n'est pas irréparable.
D'ou provient cette erreur ?
Il y a, comme vous le savez, deux
sortes de dépenses: les dépenses ordi-
naires et les dépenses extraordinaires.
Les crédits pour dépenses ordinaires
sont employés aux grands services pu-
blics permanents au payement des ren-
tes, au salaire des fonctionnaires, à l'en-
tretien des monuments publics, etc.
Les crédits pour dépenses extraordinai-
res sont imputés à des destinations ex-
traordinaires, temporaires, accidentelles,
tels que les grands travaux publics, la
construction des canaux, des ports; dës~
chemins de fer, etc. Il est pourvu à ces
dépenses par les excédents du budget
ordinaire et par des émissions de bons
du Trésor, par des expédients en un
mot.
Commeles ministres onttoujours des
projets très grands et comme ils veu-
lent avoir les coudées franches dans
leur budget, ils demandent toujours
beaucoup plus de millions qu'ils n'en
peuvent consommer. Et, chaque année,
il reste des reliquats de crédits. Pour les
chapitres du budget ordinaire, ces excé-
dents n'ont pas d'inconvénient. On an-
nute purement et simplement les crédits
votés et non intégralement dépensés.
Mais l'avidité des ministres qui se font
donner trop d'argent pour les dépenses
extraordinaires entraîne de grands
abus.
Les crédits extraordinaires étant af-
fectés à une construction, à une entre-
prise spéciale, il n'importe pas qu'ils
soient employés en 1882 et en 1883. L'es-
sentiel est qu'ils ne soient pas détournés
de leur affectation légale. Or, depuis
quelques années, il est arrivé que pour
les travaux publics on a voté des masses
de millions qui, n'étant pas tous em-
ployés, s'ajoutaient à la Un .de chaque
exercice à d'autres millions.
Dans le projet de budget pour 1883,
déposé par moi sur le bureau des Cham-
bres, j'avais restreint les crédits extra-
ordinaires et, évaluant à 193 millions
de francs le chiffre des annulations pos-
sibles de crédits, c'est-à-dire du reliquat
certain et vérifié de l'exercice 1882, j'a-
vais arrêté qu'aucune dépense extraor-
dinaire ne pourrait être entamée que
sur cet excédent de 193 millions.
Il faut ajouter que, par la convention
avec la Compagnie d'Orléans, j'avais al-
légé les charges de l'Etat, et que je lui
avais même ménagé des ressources.
Sur ces entrefaites, je quittai leini*
nistëre des finances, et M. Tirard me
remplaça. Il n'accepta pas la convention
avec l'Orléans. Du môme coup, l'Etat
se trouva démuni des ressources que
cette convention lui ménageait, et il fut
chargé de tout le fardeau dont elle le dé-
barrassait. Pour faire face aux nouvelles
dépenses, M. Tirard s'adressa a ses col-
lègues et en particulier au ministre des
travaux publics, M. Hérisson, qui dis-
pose du plus gros budget extraordi-
naire.
M. Tirardévaluaâ 160 millionsles re-
liquats disponibles de crédits extraordi-
naires qu'il pouvait faire entrer dans
son budget des recettes.
Mais à la commission du budget, M.
Ribot fit malicieusement observer que
les reliquats disponibles figuraient d~à
pour 193 millions et il demanda à M. Ti-
rard de prouver la disponibilité des nou-
veaux 160 millions dont il parlait. Le
ministre des finances, obligé de s'expli-
quer, en appela à son collègue des tra-
vaux publics, qui avoua une disponibilité
de 60 millions, mais nullement de 160
millions. Erreur 100 millions.
Le plus ridicule en cettequerelle. c'est
qu'il est absolument impossible de sa-
voir qui a raison dans ces évaluations,
de M. Tirard ou de M. Hérisson. Il n'y
a pas de contrôle immédiat possible ~e
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