Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-11-16
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 novembre 1882 16 novembre 1882
Description : 1882/11/16 (Numéro 123). 1882/11/16 (Numéro 123).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5244275
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
JeudiL 16 Nov~m~re i8M
fARIS F & S Centimes. DÉPARTEMENTS ET GARES ~<~ CENTIME~
Seizième Année Troisième Série Numéro 1~3
A~TT M tl X6. ~JtE~STE R,
Dtrec~eMr
Du GAULOIS et PARIS-JOURNAL
RÉDACTION J~
0, Bou!etartt
DEUEL'X.Ht!UtU!SAM:N~tT
ABONNEMENTS
Paris Départ.ements ~i.
Un mois. 5fr. Un mois. 6fr.
Trais mois. 1350 Trois mois. 16 fr.
Six mois' S7t')'.)-~ix mois. 32 fr.
Un an. 54 tr.j Un au. 64fr.
Etranger
Trois mois (Union postaluj. 18 fi.
:EE. IDE FETSTE
Bedacitettr .eft C/)e~
Du GAUI.OIS et PARIS-JOURNAL
ADMINISTRATION
< Bou!evnrDEDtXUEURESACtNQHEURHS
ABONNEMENTS, PET)T.ES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS
9, boulevard des Italiens, 9
ANNONCES
M:&t. en. LAGmATsr&K, cnRF & a:
U,PI,*CEDRt.AUU[J):SE,
JTt & ;'Adnt[rns~<'at:o/t du Joto'/tttt
A parur du l" décembre prochain, le
caractères neufs.
Il résoudra, par un heureux choix de
caractères, le problème d'être plus facile
à lire, tout en contenant exactement la
même quanti te de matières.
UNE'
'n~ns? i!?&'M'T? w'p
DuUiiLh iAMiLLb
Tout est dans Balzac. Balzac avait de-
viné, il y a cinquante ans, dans les cent
pages de la nouvelle qu'il a appelée !7Me
dOM~~e ~sMïMe, l'histoire de l'incendie de
la rue de Miroménil.
Le prince Camille de Polignac s'ap-
pelle le comte de Granville dans la Co-
~K~e /sident de cour suprême. Malheureux
dans son ménage, victime des vertus a
maladroites de sa femme, une provin-
ciale de Bayeux qui ne.sut pas se dépro-
vincialiser, Granville a. aimé, autrefois,
une demoiselle Caroline Crochard, et a
cru, pendant de longues années, que son c
faux ménage était le paradis. Mais, tôt
ou tard, le fruit défendu devient amer
Je sais bien que, donnes jours, on ne veut
plus croire à ces moralités là; on les si-
gne Joseph Prudhomme et on s'en mo-
que, ce qui n'empêche pas les représail-
les de la règle violée.
Mlle Crochard a eu des enfants du
comte de GranviUe, l'honnête homme
fourvoyé dans une liaison indigne de
lui. Un beau jour, elle le plante là. pour
suivre un aventurier de la plus veni-
meuseespècequi la ruine etiui fait vendre
jusqu'àses cheveux.Les nls adultérins
ont dégringolé avec leur mère dans la
fange, et voici le dénoûment Granville
a un ûts légitime, magistrat comme lui
et procureur du roi. On amène dans le
cabinet de celui ci un jeune homme ar-
rêté pour vol. Il déclare se nommer
Charles Crochard et se réclame du comte
de Granville, qu'il prétend être son
p&re.
< Charles Crochard a dit la vérité, &
est obligé d'avouer M. de Granville, ex-
piant dans cette confession la faute de
sa vie. Et il envoie sa démission au Roi
pour aller se cacher en Italie. surtout quand il a l'honneur de présider
une cour suprême, ne doit pas rougir
devant son nls. o
Je ne juge ni le père, ni le fils, ni la
mère, dans la triste histoire d'hier qui
livre à la chronique le grand nom des
Polignac. Chacun plaidera sa cause de-
vant la justice et devant l'opinion. On
dirait qu'il y a des familles, comme des
hommes, auxquelles le repos et l'obscu-
rité sont interdits. La destinée voue les
Polignac aux regards de la galerie. Il
faut qu'ils occupent la scène, bon gré,
mal gré. Nous avons tous connu plus
ou moins le gendre de feu Mirés, ce
brillant prince Alphonse de Polignac,
si curieusement doué, poète, soldat,
mathématicien, traducteur de F~Ms< en
vers français, qui mourut prématuré-
ment et dont la vèuve est aujourd'hui
Mme la comtesse Rozan. A quoi, s'il
avait vécu. n'aurait-il pas pu parvenir 1
Celui là semblait ambitieux de toutes
les renommées et 6 gai aux plus hautes
fortunes. Son frère, le prince Camille,
paraissait au contraire n'a voir plus qu'un
désir en ce monde, après les agitations
de sa jeunesse :vhre oublié) et voilà
que le triste ro~s~ ~w j'eM~e ~o~MMg
~M~ye qui porte son nom introduit dans
sa maison, à la lueur d'un incendie, les
perquisitions de la curiosité publique.
Le demi Polignac qui s'est fait arrêter
revendiquant, le pétrole à la main, sa
part de la fortune paternelle, n'était pas
tout à fait un inconnu pour nous. Il n'est
guère de bureau de journa.1 qui n'ait vu
apparaître au moins une fois cette sin-
gulière figure de candidat à l'impres-
,6!on. Ces aspirants journalistes m'ins-
pirent toujours une pitié profonde. Ils
ignorent qu'un journal a beau, comme
le tonneau ouvert des Danaïdes. écouler
sans cesse les torrents d'encre qu'on
lui verse, par un miracle dont personne
n'a trouvé l'explication, il est toujours
plein. Jamais on n'a vu aucune gazette
manquer de cet aliment qu'on appelle la
erien n'est plus rare qu'un article reco-
pié. Il y a pourtant des débutants qui
parviennent à pénétrer dans la place,
sans cela comment y seraient entrés
ceux qui l'occupent? R
On a raconté que M. de Girardin ou-
vrit les colonnes de la.-P'nmco à ce jeune
homme, à ce Poligcac, qui se présentait
à lui comme le martyr d'un état civil in-
complet. L'auteur d'~MMmanquer de s'intéresser à un cas so-
eia.t qui, par quelques côtés, lui rappelait
le sien. Mais le talent, la persévérance,
peut-être la santé, manquaient au jeune
Camille.
Vous tendez la perche à un homme qui
se débat avec les flots, encore faut-il
qu'il ait la force de la saisir. Cette con-
dition d'enfant irrégulier, sur laquelle
on a déjà beaucoup péroré et qui conti-
nuera à alimenter d'innombrables plai-
doyers jusqu'au jour où, le système ~e
M. EUsôe Reclus ayant triomphé, tous
les enfants seront égaux dans le natura-
lisme universel, peut être une force de
plus pour les forts, mais elle terrasse'
les faibles.
Rien ne favorise la médiocrité comme
les lisières et les bourrelets d'une édu-
cation bourgeoise.'Celui qui, à peine
entré dans la vie, s'aperçoit qu'il ne doit
compter que sur lui-même pour faire
son chemin, s'il a en lui FétoSe d'un
homme, se développera plus vite et ira
plus loin que ceux dont tous les pas sont
guidés, soutenus, quelquefois gênés par
la sollicitude de la famille. Avec les
meilleures intentions du monde, les pa-
rents jouent parfois le rôle d'un étei-
gnoir. Mais encore faut-il qu'il y ait
une lumière à éteindre.
t =~
Dans sa préface du -F~s Maceux qui ont le plus éloquemment tourné
et retourné le problème, M. Alexandre
Dumas fils, trace d'une main impitoyable
le programme de la paternité < Je
trouve, a-t-il écrit, que le père qui met
au monde un enfant volontairement (et
c'est toujours volontairement) sans lui
assurer les moyens matériels, moraux et
sociaux de vivre, sans se reconnaître
responsable ennn de tous les dégâts
consécutifs, est un malfaiteur qu'il faut
classer entre les voleurs et les assas-
sins. »
Mais. ô sévère législateur si tous les
pères pouvaient remptir le devoir que
vous leur prescrivez, il n'y aurait plus de
misère en ce monde, et la Société serait
délivrée de la plaie principale qui ronge
son nanc. Chacun ayant eu un père, pu-
blic ou caché, si tous les pères~e?~ à leurs enfants les moyens,
matériels, moraux et sociaux de vivre
le pain ne manquerait plus à personne.
Par malheur, ou est le moyen d'assu-
rer ses enfants, contre les coups du sort
et contre eux-mêmes ? 9
Le père ne peut que tâcher, selon les
moyens dont lui-même dispose, de ga-
rantir les petits êtres auxquels il donne
le jour contre' la faim, le froid, la soif.
Mais, l'avenir n'appartient pas au père
le plus vigilant. Un père est un homme,
et par conséquent sa prévoyance est
bornée comme tout ce qui tient à
l'humanité, comme la vie elle-même.
Certes, il est féroce de lancer dans
le combat des enfants nus et désar-
més, sans se soucier des blessures qui
les attendent; mais ne demandez pas
aux pères ce qui n'est pas à la portée de
l'homme, d'entourer leurs enfants d'une
protection qui rende ceux-ci invulnéra-
bles comme une cuirassé sans défaut.
Hommes, nous ne pouvons donner le
jour qu'à des hommes, c'est-à-dire à des
créa. ures comme nous-mêmes.jouets des
circonstances extérieures et de leurs
propres passions.
L'enfant peut ne faire qu'une bouchée
de la fortune que lui a laissée son père
il peut gaspiller de même le capital d'in-
telligence et d'instruction dont il est
possesseur, sans en tirer aucun fruit.
Sera-ce la faute du père? Lui demande-
rez-vous compte jusqu'au bout de la des-
tinée de ceux qui sont sortis de lui ? En
exagérant la responsabilité du père, on
crée une effrayante irresponsabilité au
pront des enfants.
=~t
En ce qui concerne le prince Camille
de Polignac et son fils, on saura bientôt
ce qu'il convient de penser. Le pétrole,
en tout cas, n'est pas un argument re-
commandable, bien que j'accorde qu'il
puisse y avoir, même au pétrole, des
circonstances atténuantes. Mais ceux qui
ont l'honneur de connaître le prince de
Polignac, admettront difficilement son
insensibilité paternelle. Jusqu'ici, tout
le monde a parlé, excepté lui. Avant de
le condamner, c'est le moins que l'on
entende ses explications. Il a voix au
chapitre, je suppose. Il se peut qu'il lui
convienne cependant de laisser dire et
de laisser faire, plutôt que de livrer,
même à la justice, des détails intimes
sur la vie d'une femme qui paraît avoir
été presque la sienne. La situation où il
se trouve placé nous paraît des plus dé-
licates pour un galant homme. Les dou-
bles familles, les bigamies morales, si
l'on peut ainsi parler, ne constituent pas
comme la bigamie légale,des cas penda-
bles mais elles engendrent presque
toujours des conséquences inexorables.
POPt'MOT
Nos Echos
` r
AUJOURD'HUt
A 6 heures. d!ner au Grand-Hôtal, admission
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la. durée du d!ner, t'orchestre da
M. Deagrangea jouera dans la nouveUa aalle de
musique.
MEMO
Potage pot-au-feu
Hors-d'œuvre
Soles à la Ma.zarin
Pommes de terre à l'anglaise
Filet de bœuf & la. printanière
Vol-au-vent Bna.noière
Faisans dorés bardés sur croustades
Salade
Choux-Heurs gratinés au parmesan
G&teau Louisiane
Glace Chateaubriand
Desserts
La salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, tables de jeux.- Dîner à ta carte au res-
taurant.– Le jour et le soir, séances et leçons de
billard, par M. Gibelin. Café Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir A l*
< page.)
Musée Grévm, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matm à onze heures du soir.
~=
Français, S h. 1/4. Ma~e~oneHe de jBe~e-
A~e.
Opéra-Comique, 8 h. .Ro~o et Jt/.He~e.
LE MONDE ET LA VtLLE
Les renseignements que l'agence Ha-
vas donne de la santé du président de
la République confirment les informa-
tions que le GaM~s a publiées hier sur
le même sujet. Voici la note de l'Agence
ofncieuse
Le président de la République, complètement
rétabli de sa. légère indisposition, a. pu signer
hier soir les décrets envoyés des divers minis-
tères et a reçu ce matin quelques amis.
Ajoutons que M. Grévy a pu suppor-
ter une promenade qu'om lui a fait faire
en voiture recevoir M. Decrais, qui est
venu prendre congé de lui, avant d'aller
prendre possession de l'ambassade de
France au Quirinal; et enfin qu'il s'est
couché à dix heures du soir.
M. de Bacourt, qui, depuis deux mois,
remplissait à Rome l'intérim de chargé
d'affaires de France près le roi d'Italie,
pendant la convalescence du marquis
de Reverseaux, est de retour à Paris. Il
a été reçu par M. le ministre desaSaires
étrangères.
L'incident de Poitiers est entré dans
une nouvelle phase. Le gouvernement
a compris combien il était difficile à
Mgr Belot des Minières de rester à la
tête de son diocèse. Et, à la suite de
longs pourparlers qui semblaient ne
devoir pas finir, et d'un voyage de l'é-
vêque à Paris, M. Flourens s'est
rendu lui-même à Bordeaux pour déci-
der le cardinal-archevêque à prendre
Mgr Belot comme coadjuteur. Le. direc-
teur des cultes est arrivé le samedi et
est reparti le lundi, sans avoir pu déci-
der S. Em. Mgr Donnet.
On avait espéré ensuite faire agréer
Mgr Lamazou et envoyer à Limoges,
pour le remplacer, Mgr Belot des Mi-
nières. Mais î'éminent cardinal, malgré
son grand âge, a insisté pour qu'on M i
.laissât gouverner seul et à sa guise son
vaste diocèse.
L'ajïaire en est là.
Signalé à l'observatoire de Montsou-
ris le passage d'un météore.
La jeune et jolie Mme de Belbœuf, ar-
rivée hier soir à Paris, n'y & fait que
toucher barre et est repartie ce matin
pour ses terres.
A propos du Crzmme dont la représentation est interdite
en France il se produit un fait qui
nous montre dans toute sa beauté ce
qu'on est convenu d'appeler la division
des pouvoirs publics.
Des artistes forains jouent, en ce mo-
ment, à Montparnasse, une pièce bâtie
sur ce même sujet et portant le même
titre, et ce avec l'agrément de l'auto-
rité.
On nous répond à cela que les théâtres
ressortissent au ministère de l'intérieur,
et les foires à la préfecture de police.
La théorie des deux morales est dis-
tancée.
Du même tonneau.
Vous entrez dans un musée. Vous
voyez une statue sur son piédestal, et
vous ne vous doutez pas que ce piédes-
tal relève des travaux publics et la sta-
tue des beaux-arts.
Cela est pourtant. De sorte que, si le
ministre des beaux-arts voyait un chef-
d'œuvre de la statuaire sur un piédestal
menaçant ruine, il ne pourrait conjurer
la catastrophe qu'après en avoir, au préa-
lable, référé à son collègue des travaux
publics.
Et, tandis que les rapports se promè-
neraient de bureau en bureau, statue
et piédestal auraient vingt fois le temps
de s'en aller en miettes.
~f!
Une anecdote à ce snjet.
M.Turquet, alors sous-secrétaire d'E-
tat aux beaux-arts, visitait un jour la
manufacture de Sèvres. Il arrive dans
une salie où ne pénétrait qu'un jour
terne et crasseux.
Mais, monsieur, dit M. Tarquet au
directeur, ces vitres sont d'une malpro-
preté sordide.
Au dehors, c'est vrai. Mais voyez
comme elles reluisent à l'intérieur.
Eh bien, qu'on les lave au dehors 1
Impossible t Ce n'est pas de notre
compétence. L'extérieur de la manufac-
ture est du domaine des travaux pu-
blics. L'intérieur seul est du domaine
des beaux-arts.
N'est-ce pas admirable?
Mme la duchesse de Newcastle. di-
vorcée, comme on sait, et remariée à
M.HohIer, vient d'arriver, avec sa ûlle
cadette, à Paris, où elle passera l'hiver.
Sa fille aînée, lady Emilie Clinton, qui
a épousé il y a quelques mois le prince
Alfonso Doria, duc d'Avigliap.0, est par-
tie pour Rome.
Gaietés parlementaires:
Une rencontre à l'épée, motivée par
des polémiques remontant à la période
électorale, a eu lieu hier matin entre M.
Cornudet, député d'Aubusson, et M. De-
lignières, rédacteur en chef de la Dé-
MoeraMc eh< Ce~~re.
Les témoins de M. Cornudet étaient
MM. Royer, député de la Meuse, et Pa-
ris.
Les témoins de M. Delignières étaient
MM. Cheaeau, député du Cher, et Drey-
fus, secrétaire de M. Wilson.
M. Delignières a reçu, sous le bras,
un coup d'épée qui a mis na au combat.
Paris comptera cet hiver un salon di-
plomatique de plus, celui de Mme Mena-
brea, marquise de Valdora, la nouvelle
ambassadrice d'Italie.
Partout où elle a passé, à Turin d'a-
bord, puis à Florence, à .Rome, et enfin
à Londres, la marquise a toujours su
grouper et retenir autour d'elle les plus
éminentes personnalités politiques, litté-
raires, scientiûques et artistiques.
Anglaise d'origine, elle laisse dans la
haute société britannique les plus vifs et
les plus unanimes regrets.
Le général et Mme Menabrea seront
accompagnés à Paris par leur nls uni-
que, le comte L. Menabrea, chambellan
du roi Humbert, et qui aura le titre
d'attaché honoraire d'ambassade.
M. Fernande j&uerrero, consul de
France à Adra, un des plus zélés fonc-
tionnaires du département des affaires
étrangères, épouse sa cousine, la belle
Mme Munoz del Cano, née Redonda.
La diplomatie anglaise vient de perdre
un de ses membres les plus distingués,
sir Andrew Buchanan, décédé dimanche
soir. en son château de Craigend, près
de Glasgow.
Attaché à l'ambassade anglaise de
Constantinople dès 1825, sir Andrew
Buchanan, dont la mère appartenait
à la famille des efait une carrière rapide et brillante,
passant de Constantinople à Rio-de-Ja-
neirô et de là, après un nouveau séjour
sur le Bosphore, à Washington, Saint-
Pétersbourg, Florence, Berne, Copen-
hague, Madrid et La Haye. Nommé am-
bassadeur à Berlin, lors de l'avènement
de M. de Bismarck au ministère de
Prusse, il quitta ce poste, en 1864, pour
celui d'ambassadeur auprès de la Cour
du Czar. En 187l il échangea l'&mbas-
sade de Saint-Pétersbourg contre celle
de Vienne. Ce n'est qu'en 1877, après
cinquante-deux ans de service, que sir
Buchanan avait pris sa. rëtraJLte.
On a de mauvaises nouvelles de la
santé de M. Tresca, membre de l'Acadé-
mie des sciences, professeur de mécani-
que industrielle au Conservatoire des
arts et métiers.
L'honorable académicien n'a que
soixante-huit ans.
M. P. Jourde, directeur du ~M. Duverdy, directeur de la G'a;,xe«e des
T'y~MMaM~; M. Lafntte. directeur du
FoMteur du .y(fêla presse parisienne, ont été reçus
hier par M. Hubbard, secrétaire géné-
ral de la Chambre des députés.
Le but de cette entrevue était l'exa-
men de questions purement techniques;
le nouveau syndicat de la presse, élu par
les journaux sans distinction de nuances
politiques, ayant mission de défendre
uniquement les intérêts professionnels
de la corporation.
La nouvelle que nous avions donnée,
sou~ toutes réserves, de l'arrestation, à
Saint-Pétersbourg, de M. Piotre Mers-
koff, est heureusement démentie par
l'arrivée à Paris de plusieurs lettres ré-
centes du correspondant du Fo~an~.
Nous sommes heureux, en félicitant
notre confrère, de rectifier les erreurs
du télégraphe.
Des gens bien informés nous affir-
ment même que Piotre MerskoS est un
vrai nom, et non pas le pseudonyme de
l'ex sportsman dont nous avons parlé.
Dont acte.
NOUVELLES A LA MAIN
Les bonnes amies sont en train de bê-
cher une absente. L'opération terminée,
l'une d'elle ajoute, comme palliatif:
Mais, au moins, on peut dire, à sa
louange, qu'elle n'a pas la mine trom-
peuse.
Le fait est, dit une autre, qu'on lui
donnerait le < diable sans confession 1
Avant-hier, dans un dîner diploma-
tique.
Les convives appartiennent aux natio-
nalités les plus diverses. Mme M. la
femme d'un de ces messieurs, qui est
polyglotte et qui jouit d'un embonpoint
excessif cause avec chacun d'eux dans
son idiome natal.
Mais, ma chère, lui dit tout à coup
une vieille dame évidemment sans
malice vous êtes donc la tour de Ba-
beit i
Tête des diplomates.
UN DOMtNO
LA Cm A DEROBE N
AiR f,o! C
Un soir, àl'Odéon,
Déroulède, grognon,
Armé d'un grand bâton
A grosse boule en plomb,
Vint s'asseoir au balcon,
Pour appliquer un ~MOK
A Mayer, qui, dit-on,
Ne le trouva pas bon.
Voilà
Voilà
L'histoire à ce stick-là l
A Pa-
Nama, a
On n'a pas idé' d'ça
Plus vaillant que Tancrède,
Paul Déroulède, aède
Renommé, tape raide..
Maypr, sans lutter, cède
Au bon stick de Tolède
Que brandit Déroulède,
Puis appelle à son aide
Un homme noir qui plaide.
Voilà,
Voilà, etc.
L'aède fut mené
Au juge courroucé:
Le juge a condamné
L'aède et confisqué
Le gros bâton plombé 1
Courte moralité
Qui n'a pas mérité
Tant de sévérité,
Pleure sa liberté.
Voilà
Voilà
L'histoire à ce stick-là ) l
A Pa-
Nam'a;
On n'a pas idé' d'ça
M)Rt.tTON <<
l, PETtTE BOURSE GU SOtR
30/0. M35.25. <
30/OAmortissa.blenouv. 8060.
50/0. 11447,42,45.
Italien. 89 35, 40, 30.
Turc. 1190,18,1195.
Banque ottomane. 757 50, 760 62, 768 75.
Egypte. 34812,34843.
Extérieur nouveau. 62 7/S.
Rio. 61250,61312,61250.
Pa.nama. 479 37.
D'10' 3,937 50.
Phénix espagnol. 49750,500.
Lombards. 29375.
!M)M!SN M MMtRES.i~OYEMBRB
Derniers cours. Consolidés anglais,
i02 1/4. Egyptienne, 6 0/0 68 3/8 parité,
356 35. Espagnol nouv. 63 78; parité, 62 84
Italien, 88 7/16, parité, 89 37. Turc, 11 90
parité. il 67. Banque ottomane, 20 09 pa-
rit6,756 75. Rio-Tinto, 24 3/16 parité, 610.
SOU~EMtRS D'HIER
E T P Ë:R ) L S D'AUJOURD'HU)
Hier, c'était la Sainte-Eugénie, la fête
de celle qui fat impératrice des Fran-
çais.
II n'y a plus de fête ici-bas pour la vic-
time vivante qui pleure un mari et un
fils, et qui ne peut même plus regretter
son trône perdu, tant elle a subi, depuis,
de déchirements plus cruels que l'éva-
nouissement de sa grandeur 1
Beaucoup de fleurs, d'hommages, de
vœux, de respectueux souvenirs sont
partis hier de Paris à destination de
Chislehurst.
Nous avons beau vivre dans un siècle
oublieux, tout ne s'efface pas des mé-
moires humaines. Nous avons beau
aussi être en République, c'est à-dire
sous un régime où il est convenu que les
hommes ne sont rien et que les institu-
tions sont tout, voici vingt-quatre heu-
res que, pour une légère indisposition
du Président, les cervelles sont en l'air,
et qu'un supplément d'inquiétude a,en-
vahi les esprits, déjà bien anxieux.
Quand le chef de l'Etat s'appelait
Louis-Philippe ou Napoléon III, les ré-
publicains disaient, avec mépris =
« Qu'est-ce qu'un état de choses où la
sécurité pubdque dépend de ce qu'il y a
de plus fragile en ce monde la vie d'un
homme, et où un accès de nëvre peut
faire chanceler l'édifice social sur sa
base? Si nous avions la République,
c'est-à-dire le gouvernement de tous, on
n'en serait pas réduit à confondre l'Etat
avec un homme, et à mêler sa santé per-
sonnelle avec la santé publique.
Eh bien, nous l'avons, ce soi-disant
gouvernement idéal, et le Président ne
peut pas prendre médecine ou avoir un
étourdissement sans que la France se
sente mal partout.
M. Grévy joue pourtant, ostensible-
ment du moins, un rôle bien secondaire.
Il laisse tout faire, intervient le moins
possible, s'efface, se tapit dans son coin;
sa présidence est comme si elle n'était
nas
Mais il est si bien dans les nécessités
de l'esprit humain, dans les besoins de
l'esprit français en particulier, de per-
sonnifier le gouvernement dans un
homme, qu'il n'est pas permis à un sep-
tuagénaire, quand ce septuagénaire est
l'hôte de l'Elysée, de ressenti r un moment
de lassitude, sans que le pays tremble.
Ce n'est pas que l'on tienne outre me-
sureâM. Grrévy; maison tient au person-
nage, quel qu'il soit, qui représente le
pouvoir, si incertain que soit ce pou-
voir, si médiocre que soit ce person-
nage.
Avec une monarchie héréditaire, le
remède esta côté du mal. Un roi ou un
empereur vient-il à mourir, son héri-
tier est là, prêt à lui succéder. Vous me
direz que les révolutions n'ont guère
permis, depuis soixante ans, aux nls de
continuer le règne de leurs pères. Ce
n'est pas ce que les révolutions ont fait
de plus beau, car, à chaque trône qu'el-
les ont brisé, le pays est tombé un peu
plus bas.
Que M. Grévy meure, et la Républi-
que se sentira très malade. On ose à
peine envisager cette perspective, et
pourtant, qu'est-ce que M. Grrévy? Quel
bien a-t-il su faire? Quel mal a-t-il su
empêcher ? Mais il y est, et le besoin de
stabilité est tellement inhérent à notre
nature, que l'idée qu'il peut disparaître
trouble beaucoup plus que sa présence
ne rassure.
M. Grévy mort; quel successeur lui
donner ? Un seul a des chances prépon-
dérantes le gâchis.
Voici une demi-douzaine de candidats
à la présidence vacante: MM.Gram-
betta, Wilson, Brisson, Chanzy, Freyci-
net, qui encore ? 2
Vienne à s'ouvrir le Congrès, on voit
la lutte. On ne peut pas prévoir le ré-
sultat.
Le résultat serait probablement la
suppression de la .présidence de la Ré-
publique. L'amendement Grévy d'autre-
fois triompherait, par une ironie du
sort, après la mort de son auteur. Or,
une république sans président fait peur.
On se rappelle avec horreur la tyrannie
sanglante de la Convention. Marcherons-
nous donc, avec des acteurs moindres,
à de pareils drames ?
C'est ainsi que la République est une
menace perpétuelle, une cascade de
maux qui doivent tomber sur notre tête
et peut-être la faire tomber.
En être venu à considérer comme un
péril public l'indisposition d'un Grévy 1
On en est là, pourtant, il n'y a pas à se
le dissimuler.
Si l'Impératrice en deuil, dont c'était
hier la fête, n'était pas retirée de toutes
les choses de ce monde.quelles réilexions
elle aurait pu faire, en ce jour, sur l'a-
moindrissement du pays qui a connu
tant de grandeurs et que ses misères
ont réduit à trembler quand un Grrévv
a la Rèvre 1 1
tt. M f6t
LES PARISIENNES
tmpress!ons de retonr
La Parisienne n'est vraiment rentrée
dans sa bonne ville que lorsqu'elle a par-
couru à pied tous les recoins de son petit
royaume; tant qu'elle ne l'aura pas visité,
elle est encore en voyage ses pensées
flottent aux branches des arbres roux dé
son parc, dans les brouillards de ses étangs,
dans les brumes bleuâtres des horizons de
son domaine. Elle arrive son chez-ello
l'éveille à peine, car il est ensommeillé
lui-même. Elle sort. Où est son Paris ? I)
pleut tant pis, elle sera courageuse pour
le revoir. La jupe courte à tuyaux raides,
la casaque serrée, perchée sur des talons-
échasses, s'appuyant sur le parapluie-canne,
voilée seulement jusqu'aux narines pour
aspirer Paris plus à son aise, elle trotte.
Elle trotte seule car elle est presque
une amoureuse qui va à un rendez-vous
rendez vous permis et toujours nouveau,
que chaque année Paris donne à qui l'aime.
La vraie Parisienne s'est déjà demandé ce
qu'il a préparé pour elle: un manchon
nouveau est une politesse qu'il lui fait, un
vêtement seyant est une coquetterie; et,
ces fêtes-là, la Parisienne ne peut les devi-
ner à l'avance. Ses loges au théâtre, elle
sait où elles sont; les bals, elle les prévoit;
ils viendront sans surprise; mais le chignon
nouvellement inventé, le collier ~M! ï~<'K<
de sortir, comme disent les marchands,
voilà ce qui la tient en éveil. A côté donc
de la réception officielle que Paris fait à la
Parisienne,il y a la petite réception intime,
et celle-là estjd'autant plus intéressante
qu'elle s'adresse à toutes.
Au-dessous d'une fortune considérable,
bien des luxes sont impossibles mais le
Paris des rues est aux demi-fortunes. Ayez
200,000 ou 20,000 livres de rentes, peu im-
porte les vitrines des magasins sont à'
tout le monde et voilà pourquoi les Pari-
siennes sont promeneuses.
On les accuse d'être souvent dehors, ou
les soupçonne, on les condamne, on incri-
mine ces heures passées hors du logis
soyons indulgents comment voulez-veus
qu'elle abrège, qu'elle rentre à heure dite,
la Parisienne, qui reprend possession de
son pays. Elle flâne, elle s'arrête ne faut-
il pas qu'elle respire ces champs de vio-
lettes qui cheminent à côté d'elle; qu'elle
regarde ces massifs de chrysanthèmes, ces
forteresses de dahlias? Quelle est celle qui
résistera à fleurir la boutonnière de sa ca-
saque ?
La Parisienne est fleuriste elle-même
d'un coup de ses dents blanches, elle
coupe donc le fil qui fait le bouquet trop
rond, ajoute quelques brins de mimosa au
haut et au bas de la gerbe, et voilà sa poi-
trine ornée. Alors elle se presse mais les
vitrines privilégiées l'arrêtent encore.
Quelle est la femme qui, par la pensée, ne,
glisse son corps à la place du mannequin
dans les jupes cloutées de j~is, -:uutachëes
de pastilles d'anis, dans les pelisses de ve-
lours frappé aux doublures de nuances
fauves et cuivre; qui ne pose sur la tête
les toques de lophophore, de pintades, de
coqs de bruyère, de poules-brahmapontras,
de simples poulettes de Crèvecœur, car'
toute la basse-cour figurera cette année sur
leur têtes
Qui ne cligne tendrement les yeux de-
vant les brillants et les fils de perles éten~
dus sur du velours bleu, et ne flaire la vi-
trine de fleurs naturelles, jardins féeriques,
sans dragons et où de lilliputiennes sta-
tuettes de saxe se cachent comme des sta-
tues de marbre dans un parc?
Et la Parisienne trotte toujours pourtant;
mais elle regarde les bonbons qui com-
mencent à s'habiller car tout le monde
sait que les bonbons, l'été, sont simplement
dans des valises; elle reprend sa course,
mais comment ne pas s'arrêter devant les
couvertures alléchantes des livres nou-
veaux ?
Il y a là des nuances qu'elle accepterait
pour des robes mais il faut rentrer, la nuit
vient. Quelle heure est-il? Elle s'arrête
encore aux affiches de théâtre, car ces feuil-
lets bariolés sont peut-être ceux que la
Parisienne lit le plus souvent. Quel est le
nom en vedette ? Et tous ses souvenirs de
théâtre lui reviennent, avec les causettes
qu'elle y a faites, les rencontres, les escar-
mouches qui s'y sont engagées et leurs sui-
tes. Lanuit vient décidément, et alors avant
de quitter la rue, elle veut voir son Paris
éclairé son Paris de la nuit.
Il est tard, elle devrait rentrer qui plus
est, elle devrait être au coin de son feu où
on l'attend. Mais point entre Paris et elle,
l'intimité est rétablie elle a peine ~à s'en
arracher, et son pas se ralentit sans qu'elle
le veuille. Elle se plaît là elle' est ennn
revenue, elle a retrouvé son élément.
L'ordre règne à Paris, la Parisienne est sa-
tisfaite et in petto se dit < Il était temps.
Un peu plus, on allait commencer sans
moi t
CRATtH
i-
rËmnm DE nmm~
Les paroles inutiles, quand elles ne
sont pas pis encore qu'inutiles, ont re-
commencé. Qui donc dira la parole
utile ?
Il faudrait avoir le courage de le pro-
clamer bien haut la prospérité fran-
çaise, sous la troisième République, e§t
en train d'aller rejoindre la gloire fran-
çaise au magasin des mots qui ne ser-
vent plus qu'à désigner des choses dis-
parues.
Quelle est aujourd'hui la condition des
chefs de nos grandes industries ?
Assaillis de menaces quotidiennes
opprimés par les grèves, abandonnés
par un gouvernement impuissant ou in-
diSérent.quand ils ne se voient pas accu-
sés et trahis par lui obligés d'élever
sans cesse le prix de la main-d'œuvre,
en même temps que l'inquiétude par&-
lyse les transactions, ils sentent le ter-
rain manquer Sous leurs pieds.
En même temps, des contribûtioas à
fARIS F & S Centimes. DÉPARTEMENTS ET GARES ~<~ CENTIME~
Seizième Année Troisième Série Numéro 1~3
A~TT M tl X6. ~JtE~STE R,
Dtrec~eMr
Du GAULOIS et PARIS-JOURNAL
RÉDACTION J~
0, Bou!etartt
DEUEL'X.Ht!UtU!SAM:N~tT
ABONNEMENTS
Paris Départ.ements ~i.
Un mois. 5fr. Un mois. 6fr.
Trais mois. 1350 Trois mois. 16 fr.
Six mois' S7t')'.)-~ix mois. 32 fr.
Un an. 54 tr.j Un au. 64fr.
Etranger
Trois mois (Union postaluj. 18 fi.
:EE. IDE FETSTE
Bedacitettr .eft C/)e~
Du GAUI.OIS et PARIS-JOURNAL
ADMINISTRATION
< Bou!evnrDEDtXUEURESACtNQHEURHS
ABONNEMENTS, PET)T.ES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS
9, boulevard des Italiens, 9
ANNONCES
M:&t. en. LAGmATsr&K, cnRF & a:
U,PI,*CEDRt.AUU[J):SE,
JTt & ;'Adnt[rns~<'at:o/t du Joto'/tttt
A parur du l" décembre prochain, le
caractères neufs.
Il résoudra, par un heureux choix de
caractères, le problème d'être plus facile
à lire, tout en contenant exactement la
même quanti te de matières.
UNE'
'n~ns? i!?&'M'T? w'p
DuUiiLh iAMiLLb
Tout est dans Balzac. Balzac avait de-
viné, il y a cinquante ans, dans les cent
pages de la nouvelle qu'il a appelée !7Me
dOM~~e ~sMïMe, l'histoire de l'incendie de
la rue de Miroménil.
Le prince Camille de Polignac s'ap-
pelle le comte de Granville dans la Co-
~K~e /
dans son ménage, victime des vertus a
maladroites de sa femme, une provin-
ciale de Bayeux qui ne.sut pas se dépro-
vincialiser, Granville a. aimé, autrefois,
une demoiselle Caroline Crochard, et a
cru, pendant de longues années, que son c
faux ménage était le paradis. Mais, tôt
ou tard, le fruit défendu devient amer
Je sais bien que, donnes jours, on ne veut
plus croire à ces moralités là; on les si-
gne Joseph Prudhomme et on s'en mo-
que, ce qui n'empêche pas les représail-
les de la règle violée.
Mlle Crochard a eu des enfants du
comte de GranviUe, l'honnête homme
fourvoyé dans une liaison indigne de
lui. Un beau jour, elle le plante là. pour
suivre un aventurier de la plus veni-
meuseespècequi la ruine etiui fait vendre
jusqu'àses cheveux.Les nls adultérins
ont dégringolé avec leur mère dans la
fange, et voici le dénoûment Granville
a un ûts légitime, magistrat comme lui
et procureur du roi. On amène dans le
cabinet de celui ci un jeune homme ar-
rêté pour vol. Il déclare se nommer
Charles Crochard et se réclame du comte
de Granville, qu'il prétend être son
p&re.
< Charles Crochard a dit la vérité, &
est obligé d'avouer M. de Granville, ex-
piant dans cette confession la faute de
sa vie. Et il envoie sa démission au Roi
pour aller se cacher en Italie.
une cour suprême, ne doit pas rougir
devant son nls. o
Je ne juge ni le père, ni le fils, ni la
mère, dans la triste histoire d'hier qui
livre à la chronique le grand nom des
Polignac. Chacun plaidera sa cause de-
vant la justice et devant l'opinion. On
dirait qu'il y a des familles, comme des
hommes, auxquelles le repos et l'obscu-
rité sont interdits. La destinée voue les
Polignac aux regards de la galerie. Il
faut qu'ils occupent la scène, bon gré,
mal gré. Nous avons tous connu plus
ou moins le gendre de feu Mirés, ce
brillant prince Alphonse de Polignac,
si curieusement doué, poète, soldat,
mathématicien, traducteur de F~Ms< en
vers français, qui mourut prématuré-
ment et dont la vèuve est aujourd'hui
Mme la comtesse Rozan. A quoi, s'il
avait vécu. n'aurait-il pas pu parvenir 1
Celui là semblait ambitieux de toutes
les renommées et 6 gai aux plus hautes
fortunes. Son frère, le prince Camille,
paraissait au contraire n'a voir plus qu'un
désir en ce monde, après les agitations
de sa jeunesse :vhre oublié) et voilà
que le triste ro~s~ ~w j'eM~e ~o~MMg
~M~ye qui porte son nom introduit dans
sa maison, à la lueur d'un incendie, les
perquisitions de la curiosité publique.
Le demi Polignac qui s'est fait arrêter
revendiquant, le pétrole à la main, sa
part de la fortune paternelle, n'était pas
tout à fait un inconnu pour nous. Il n'est
guère de bureau de journa.1 qui n'ait vu
apparaître au moins une fois cette sin-
gulière figure de candidat à l'impres-
,6!on. Ces aspirants journalistes m'ins-
pirent toujours une pitié profonde. Ils
ignorent qu'un journal a beau, comme
le tonneau ouvert des Danaïdes. écouler
sans cesse les torrents d'encre qu'on
lui verse, par un miracle dont personne
n'a trouvé l'explication, il est toujours
plein. Jamais on n'a vu aucune gazette
manquer de cet aliment qu'on appelle la
erien n'est plus rare qu'un article reco-
pié. Il y a pourtant des débutants qui
parviennent à pénétrer dans la place,
sans cela comment y seraient entrés
ceux qui l'occupent? R
On a raconté que M. de Girardin ou-
vrit les colonnes de la.-P'nmco à ce jeune
homme, à ce Poligcac, qui se présentait
à lui comme le martyr d'un état civil in-
complet. L'auteur d'~MMmanquer de s'intéresser à un cas so-
eia.t qui, par quelques côtés, lui rappelait
le sien. Mais le talent, la persévérance,
peut-être la santé, manquaient au jeune
Camille.
Vous tendez la perche à un homme qui
se débat avec les flots, encore faut-il
qu'il ait la force de la saisir. Cette con-
dition d'enfant irrégulier, sur laquelle
on a déjà beaucoup péroré et qui conti-
nuera à alimenter d'innombrables plai-
doyers jusqu'au jour où, le système ~e
M. EUsôe Reclus ayant triomphé, tous
les enfants seront égaux dans le natura-
lisme universel, peut être une force de
plus pour les forts, mais elle terrasse'
les faibles.
Rien ne favorise la médiocrité comme
les lisières et les bourrelets d'une édu-
cation bourgeoise.'Celui qui, à peine
entré dans la vie, s'aperçoit qu'il ne doit
compter que sur lui-même pour faire
son chemin, s'il a en lui FétoSe d'un
homme, se développera plus vite et ira
plus loin que ceux dont tous les pas sont
guidés, soutenus, quelquefois gênés par
la sollicitude de la famille. Avec les
meilleures intentions du monde, les pa-
rents jouent parfois le rôle d'un étei-
gnoir. Mais encore faut-il qu'il y ait
une lumière à éteindre.
t =~
Dans sa préface du -F~s Ma
et retourné le problème, M. Alexandre
Dumas fils, trace d'une main impitoyable
le programme de la paternité < Je
trouve, a-t-il écrit, que le père qui met
au monde un enfant volontairement (et
c'est toujours volontairement) sans lui
assurer les moyens matériels, moraux et
sociaux de vivre, sans se reconnaître
responsable ennn de tous les dégâts
consécutifs, est un malfaiteur qu'il faut
classer entre les voleurs et les assas-
sins. »
Mais. ô sévère législateur si tous les
pères pouvaient remptir le devoir que
vous leur prescrivez, il n'y aurait plus de
misère en ce monde, et la Société serait
délivrée de la plaie principale qui ronge
son nanc. Chacun ayant eu un père, pu-
blic ou caché, si tous les pères
matériels, moraux et sociaux de vivre
le pain ne manquerait plus à personne.
Par malheur, ou est le moyen d'assu-
rer ses enfants, contre les coups du sort
et contre eux-mêmes ? 9
Le père ne peut que tâcher, selon les
moyens dont lui-même dispose, de ga-
rantir les petits êtres auxquels il donne
le jour contre' la faim, le froid, la soif.
Mais, l'avenir n'appartient pas au père
le plus vigilant. Un père est un homme,
et par conséquent sa prévoyance est
bornée comme tout ce qui tient à
l'humanité, comme la vie elle-même.
Certes, il est féroce de lancer dans
le combat des enfants nus et désar-
més, sans se soucier des blessures qui
les attendent; mais ne demandez pas
aux pères ce qui n'est pas à la portée de
l'homme, d'entourer leurs enfants d'une
protection qui rende ceux-ci invulnéra-
bles comme une cuirassé sans défaut.
Hommes, nous ne pouvons donner le
jour qu'à des hommes, c'est-à-dire à des
créa. ures comme nous-mêmes.jouets des
circonstances extérieures et de leurs
propres passions.
L'enfant peut ne faire qu'une bouchée
de la fortune que lui a laissée son père
il peut gaspiller de même le capital d'in-
telligence et d'instruction dont il est
possesseur, sans en tirer aucun fruit.
Sera-ce la faute du père? Lui demande-
rez-vous compte jusqu'au bout de la des-
tinée de ceux qui sont sortis de lui ? En
exagérant la responsabilité du père, on
crée une effrayante irresponsabilité au
pront des enfants.
=~t
En ce qui concerne le prince Camille
de Polignac et son fils, on saura bientôt
ce qu'il convient de penser. Le pétrole,
en tout cas, n'est pas un argument re-
commandable, bien que j'accorde qu'il
puisse y avoir, même au pétrole, des
circonstances atténuantes. Mais ceux qui
ont l'honneur de connaître le prince de
Polignac, admettront difficilement son
insensibilité paternelle. Jusqu'ici, tout
le monde a parlé, excepté lui. Avant de
le condamner, c'est le moins que l'on
entende ses explications. Il a voix au
chapitre, je suppose. Il se peut qu'il lui
convienne cependant de laisser dire et
de laisser faire, plutôt que de livrer,
même à la justice, des détails intimes
sur la vie d'une femme qui paraît avoir
été presque la sienne. La situation où il
se trouve placé nous paraît des plus dé-
licates pour un galant homme. Les dou-
bles familles, les bigamies morales, si
l'on peut ainsi parler, ne constituent pas
comme la bigamie légale,des cas penda-
bles mais elles engendrent presque
toujours des conséquences inexorables.
POPt'MOT
Nos Echos
` r
AUJOURD'HUt
A 6 heures. d!ner au Grand-Hôtal, admission
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la. durée du d!ner, t'orchestre da
M. Deagrangea jouera dans la nouveUa aalle de
musique.
MEMO
Potage pot-au-feu
Hors-d'œuvre
Soles à la Ma.zarin
Pommes de terre à l'anglaise
Filet de bœuf & la. printanière
Vol-au-vent Bna.noière
Faisans dorés bardés sur croustades
Salade
Choux-Heurs gratinés au parmesan
G&teau Louisiane
Glace Chateaubriand
Desserts
La salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, tables de jeux.- Dîner à ta carte au res-
taurant.– Le jour et le soir, séances et leçons de
billard, par M. Gibelin. Café Divan.
Le programme du dîner-concert. (Voir A l*
< page.)
Musée Grévm, 10, boulevard Montmartre.
De onze heures du matm à onze heures du soir.
~=
Français, S h. 1/4. Ma~e~oneHe de jBe~e-
A~e.
Opéra-Comique, 8 h. .Ro~o et Jt/.He~e.
LE MONDE ET LA VtLLE
Les renseignements que l'agence Ha-
vas donne de la santé du président de
la République confirment les informa-
tions que le GaM~s a publiées hier sur
le même sujet. Voici la note de l'Agence
ofncieuse
Le président de la République, complètement
rétabli de sa. légère indisposition, a. pu signer
hier soir les décrets envoyés des divers minis-
tères et a reçu ce matin quelques amis.
Ajoutons que M. Grévy a pu suppor-
ter une promenade qu'om lui a fait faire
en voiture recevoir M. Decrais, qui est
venu prendre congé de lui, avant d'aller
prendre possession de l'ambassade de
France au Quirinal; et enfin qu'il s'est
couché à dix heures du soir.
M. de Bacourt, qui, depuis deux mois,
remplissait à Rome l'intérim de chargé
d'affaires de France près le roi d'Italie,
pendant la convalescence du marquis
de Reverseaux, est de retour à Paris. Il
a été reçu par M. le ministre desaSaires
étrangères.
L'incident de Poitiers est entré dans
une nouvelle phase. Le gouvernement
a compris combien il était difficile à
Mgr Belot des Minières de rester à la
tête de son diocèse. Et, à la suite de
longs pourparlers qui semblaient ne
devoir pas finir, et d'un voyage de l'é-
vêque à Paris, M. Flourens s'est
rendu lui-même à Bordeaux pour déci-
der le cardinal-archevêque à prendre
Mgr Belot comme coadjuteur. Le. direc-
teur des cultes est arrivé le samedi et
est reparti le lundi, sans avoir pu déci-
der S. Em. Mgr Donnet.
On avait espéré ensuite faire agréer
Mgr Lamazou et envoyer à Limoges,
pour le remplacer, Mgr Belot des Mi-
nières. Mais î'éminent cardinal, malgré
son grand âge, a insisté pour qu'on M i
.laissât gouverner seul et à sa guise son
vaste diocèse.
L'ajïaire en est là.
Signalé à l'observatoire de Montsou-
ris le passage d'un météore.
La jeune et jolie Mme de Belbœuf, ar-
rivée hier soir à Paris, n'y & fait que
toucher barre et est repartie ce matin
pour ses terres.
A propos du Crzmme dont la représentation est interdite
en France il se produit un fait qui
nous montre dans toute sa beauté ce
qu'on est convenu d'appeler la division
des pouvoirs publics.
Des artistes forains jouent, en ce mo-
ment, à Montparnasse, une pièce bâtie
sur ce même sujet et portant le même
titre, et ce avec l'agrément de l'auto-
rité.
On nous répond à cela que les théâtres
ressortissent au ministère de l'intérieur,
et les foires à la préfecture de police.
La théorie des deux morales est dis-
tancée.
Du même tonneau.
Vous entrez dans un musée. Vous
voyez une statue sur son piédestal, et
vous ne vous doutez pas que ce piédes-
tal relève des travaux publics et la sta-
tue des beaux-arts.
Cela est pourtant. De sorte que, si le
ministre des beaux-arts voyait un chef-
d'œuvre de la statuaire sur un piédestal
menaçant ruine, il ne pourrait conjurer
la catastrophe qu'après en avoir, au préa-
lable, référé à son collègue des travaux
publics.
Et, tandis que les rapports se promè-
neraient de bureau en bureau, statue
et piédestal auraient vingt fois le temps
de s'en aller en miettes.
~f!
Une anecdote à ce snjet.
M.Turquet, alors sous-secrétaire d'E-
tat aux beaux-arts, visitait un jour la
manufacture de Sèvres. Il arrive dans
une salie où ne pénétrait qu'un jour
terne et crasseux.
Mais, monsieur, dit M. Tarquet au
directeur, ces vitres sont d'une malpro-
preté sordide.
Au dehors, c'est vrai. Mais voyez
comme elles reluisent à l'intérieur.
Eh bien, qu'on les lave au dehors 1
Impossible t Ce n'est pas de notre
compétence. L'extérieur de la manufac-
ture est du domaine des travaux pu-
blics. L'intérieur seul est du domaine
des beaux-arts.
N'est-ce pas admirable?
Mme la duchesse de Newcastle. di-
vorcée, comme on sait, et remariée à
M.HohIer, vient d'arriver, avec sa ûlle
cadette, à Paris, où elle passera l'hiver.
Sa fille aînée, lady Emilie Clinton, qui
a épousé il y a quelques mois le prince
Alfonso Doria, duc d'Avigliap.0, est par-
tie pour Rome.
Gaietés parlementaires:
Une rencontre à l'épée, motivée par
des polémiques remontant à la période
électorale, a eu lieu hier matin entre M.
Cornudet, député d'Aubusson, et M. De-
lignières, rédacteur en chef de la Dé-
MoeraMc eh< Ce~~re.
Les témoins de M. Cornudet étaient
MM. Royer, député de la Meuse, et Pa-
ris.
Les témoins de M. Delignières étaient
MM. Cheaeau, député du Cher, et Drey-
fus, secrétaire de M. Wilson.
M. Delignières a reçu, sous le bras,
un coup d'épée qui a mis na au combat.
Paris comptera cet hiver un salon di-
plomatique de plus, celui de Mme Mena-
brea, marquise de Valdora, la nouvelle
ambassadrice d'Italie.
Partout où elle a passé, à Turin d'a-
bord, puis à Florence, à .Rome, et enfin
à Londres, la marquise a toujours su
grouper et retenir autour d'elle les plus
éminentes personnalités politiques, litté-
raires, scientiûques et artistiques.
Anglaise d'origine, elle laisse dans la
haute société britannique les plus vifs et
les plus unanimes regrets.
Le général et Mme Menabrea seront
accompagnés à Paris par leur nls uni-
que, le comte L. Menabrea, chambellan
du roi Humbert, et qui aura le titre
d'attaché honoraire d'ambassade.
M. Fernande j&uerrero, consul de
France à Adra, un des plus zélés fonc-
tionnaires du département des affaires
étrangères, épouse sa cousine, la belle
Mme Munoz del Cano, née Redonda.
La diplomatie anglaise vient de perdre
un de ses membres les plus distingués,
sir Andrew Buchanan, décédé dimanche
soir. en son château de Craigend, près
de Glasgow.
Attaché à l'ambassade anglaise de
Constantinople dès 1825, sir Andrew
Buchanan, dont la mère appartenait
à la famille des e
passant de Constantinople à Rio-de-Ja-
neirô et de là, après un nouveau séjour
sur le Bosphore, à Washington, Saint-
Pétersbourg, Florence, Berne, Copen-
hague, Madrid et La Haye. Nommé am-
bassadeur à Berlin, lors de l'avènement
de M. de Bismarck au ministère de
Prusse, il quitta ce poste, en 1864, pour
celui d'ambassadeur auprès de la Cour
du Czar. En 187l il échangea l'&mbas-
sade de Saint-Pétersbourg contre celle
de Vienne. Ce n'est qu'en 1877, après
cinquante-deux ans de service, que sir
Buchanan avait pris sa. rëtraJLte.
On a de mauvaises nouvelles de la
santé de M. Tresca, membre de l'Acadé-
mie des sciences, professeur de mécani-
que industrielle au Conservatoire des
arts et métiers.
L'honorable académicien n'a que
soixante-huit ans.
M. P. Jourde, directeur du ~M. Duverdy, directeur de la G'a;,xe«e des
T'y~MMaM~; M. Lafntte. directeur du
FoM
hier par M. Hubbard, secrétaire géné-
ral de la Chambre des députés.
Le but de cette entrevue était l'exa-
men de questions purement techniques;
le nouveau syndicat de la presse, élu par
les journaux sans distinction de nuances
politiques, ayant mission de défendre
uniquement les intérêts professionnels
de la corporation.
La nouvelle que nous avions donnée,
sou~ toutes réserves, de l'arrestation, à
Saint-Pétersbourg, de M. Piotre Mers-
koff, est heureusement démentie par
l'arrivée à Paris de plusieurs lettres ré-
centes du correspondant du Fo~an~.
Nous sommes heureux, en félicitant
notre confrère, de rectifier les erreurs
du télégraphe.
Des gens bien informés nous affir-
ment même que Piotre MerskoS est un
vrai nom, et non pas le pseudonyme de
l'ex sportsman dont nous avons parlé.
Dont acte.
NOUVELLES A LA MAIN
Les bonnes amies sont en train de bê-
cher une absente. L'opération terminée,
l'une d'elle ajoute, comme palliatif:
Mais, au moins, on peut dire, à sa
louange, qu'elle n'a pas la mine trom-
peuse.
Le fait est, dit une autre, qu'on lui
donnerait le < diable sans confession 1
Avant-hier, dans un dîner diploma-
tique.
Les convives appartiennent aux natio-
nalités les plus diverses. Mme M. la
femme d'un de ces messieurs, qui est
polyglotte et qui jouit d'un embonpoint
excessif cause avec chacun d'eux dans
son idiome natal.
Mais, ma chère, lui dit tout à coup
une vieille dame évidemment sans
malice vous êtes donc la tour de Ba-
beit i
Tête des diplomates.
UN DOMtNO
LA Cm A DEROBE N
AiR f,o! C
Un soir, àl'Odéon,
Déroulède, grognon,
Armé d'un grand bâton
A grosse boule en plomb,
Vint s'asseoir au balcon,
Pour appliquer un ~MOK
A Mayer, qui, dit-on,
Ne le trouva pas bon.
Voilà
Voilà
L'histoire à ce stick-là l
A Pa-
Nama, a
On n'a pas idé' d'ça
Plus vaillant que Tancrède,
Paul Déroulède, aède
Renommé, tape raide..
Maypr, sans lutter, cède
Au bon stick de Tolède
Que brandit Déroulède,
Puis appelle à son aide
Un homme noir qui plaide.
Voilà,
Voilà, etc.
L'aède fut mené
Au juge courroucé:
Le juge a condamné
L'aède et confisqué
Le gros bâton plombé 1
Courte moralité
Qui n'a pas mérité
Tant de sévérité,
Pleure sa liberté.
Voilà
Voilà
L'histoire à ce stick-là ) l
A Pa-
Nam'a;
On n'a pas idé' d'ça
M)Rt.tTON <<
l, PETtTE BOURSE GU SOtR
30/0. M35.25. <
30/OAmortissa.blenouv. 8060.
50/0. 11447,42,45.
Italien. 89 35, 40, 30.
Turc. 1190,18,1195.
Banque ottomane. 757 50, 760 62, 768 75.
Egypte. 34812,34843.
Extérieur nouveau. 62 7/S.
Rio. 61250,61312,61250.
Pa.nama. 479 37.
D'10' 3,937 50.
Phénix espagnol. 49750,500.
Lombards. 29375.
!M)M!SN M MMtRES.i~OYEMBRB
Derniers cours. Consolidés anglais,
i02 1/4. Egyptienne, 6 0/0 68 3/8 parité,
356 35. Espagnol nouv. 63 78; parité, 62 84
Italien, 88 7/16, parité, 89 37. Turc, 11 90
parité. il 67. Banque ottomane, 20 09 pa-
rit6,756 75. Rio-Tinto, 24 3/16 parité, 610.
SOU~EMtRS D'HIER
E T P Ë:R ) L S D'AUJOURD'HU)
Hier, c'était la Sainte-Eugénie, la fête
de celle qui fat impératrice des Fran-
çais.
II n'y a plus de fête ici-bas pour la vic-
time vivante qui pleure un mari et un
fils, et qui ne peut même plus regretter
son trône perdu, tant elle a subi, depuis,
de déchirements plus cruels que l'éva-
nouissement de sa grandeur 1
Beaucoup de fleurs, d'hommages, de
vœux, de respectueux souvenirs sont
partis hier de Paris à destination de
Chislehurst.
Nous avons beau vivre dans un siècle
oublieux, tout ne s'efface pas des mé-
moires humaines. Nous avons beau
aussi être en République, c'est à-dire
sous un régime où il est convenu que les
hommes ne sont rien et que les institu-
tions sont tout, voici vingt-quatre heu-
res que, pour une légère indisposition
du Président, les cervelles sont en l'air,
et qu'un supplément d'inquiétude a,en-
vahi les esprits, déjà bien anxieux.
Quand le chef de l'Etat s'appelait
Louis-Philippe ou Napoléon III, les ré-
publicains disaient, avec mépris =
« Qu'est-ce qu'un état de choses où la
sécurité pubdque dépend de ce qu'il y a
de plus fragile en ce monde la vie d'un
homme, et où un accès de nëvre peut
faire chanceler l'édifice social sur sa
base? Si nous avions la République,
c'est-à-dire le gouvernement de tous, on
n'en serait pas réduit à confondre l'Etat
avec un homme, et à mêler sa santé per-
sonnelle avec la santé publique.
Eh bien, nous l'avons, ce soi-disant
gouvernement idéal, et le Président ne
peut pas prendre médecine ou avoir un
étourdissement sans que la France se
sente mal partout.
M. Grévy joue pourtant, ostensible-
ment du moins, un rôle bien secondaire.
Il laisse tout faire, intervient le moins
possible, s'efface, se tapit dans son coin;
sa présidence est comme si elle n'était
nas
Mais il est si bien dans les nécessités
de l'esprit humain, dans les besoins de
l'esprit français en particulier, de per-
sonnifier le gouvernement dans un
homme, qu'il n'est pas permis à un sep-
tuagénaire, quand ce septuagénaire est
l'hôte de l'Elysée, de ressenti r un moment
de lassitude, sans que le pays tremble.
Ce n'est pas que l'on tienne outre me-
sureâM. Grrévy; maison tient au person-
nage, quel qu'il soit, qui représente le
pouvoir, si incertain que soit ce pou-
voir, si médiocre que soit ce person-
nage.
Avec une monarchie héréditaire, le
remède esta côté du mal. Un roi ou un
empereur vient-il à mourir, son héri-
tier est là, prêt à lui succéder. Vous me
direz que les révolutions n'ont guère
permis, depuis soixante ans, aux nls de
continuer le règne de leurs pères. Ce
n'est pas ce que les révolutions ont fait
de plus beau, car, à chaque trône qu'el-
les ont brisé, le pays est tombé un peu
plus bas.
Que M. Grévy meure, et la Républi-
que se sentira très malade. On ose à
peine envisager cette perspective, et
pourtant, qu'est-ce que M. Grrévy? Quel
bien a-t-il su faire? Quel mal a-t-il su
empêcher ? Mais il y est, et le besoin de
stabilité est tellement inhérent à notre
nature, que l'idée qu'il peut disparaître
trouble beaucoup plus que sa présence
ne rassure.
M. Grévy mort; quel successeur lui
donner ? Un seul a des chances prépon-
dérantes le gâchis.
Voici une demi-douzaine de candidats
à la présidence vacante: MM.Gram-
betta, Wilson, Brisson, Chanzy, Freyci-
net, qui encore ? 2
Vienne à s'ouvrir le Congrès, on voit
la lutte. On ne peut pas prévoir le ré-
sultat.
Le résultat serait probablement la
suppression de la .présidence de la Ré-
publique. L'amendement Grévy d'autre-
fois triompherait, par une ironie du
sort, après la mort de son auteur. Or,
une république sans président fait peur.
On se rappelle avec horreur la tyrannie
sanglante de la Convention. Marcherons-
nous donc, avec des acteurs moindres,
à de pareils drames ?
C'est ainsi que la République est une
menace perpétuelle, une cascade de
maux qui doivent tomber sur notre tête
et peut-être la faire tomber.
En être venu à considérer comme un
péril public l'indisposition d'un Grévy 1
On en est là, pourtant, il n'y a pas à se
le dissimuler.
Si l'Impératrice en deuil, dont c'était
hier la fête, n'était pas retirée de toutes
les choses de ce monde.quelles réilexions
elle aurait pu faire, en ce jour, sur l'a-
moindrissement du pays qui a connu
tant de grandeurs et que ses misères
ont réduit à trembler quand un Grrévv
a la Rèvre 1 1
tt. M f6t
LES PARISIENNES
tmpress!ons de retonr
La Parisienne n'est vraiment rentrée
dans sa bonne ville que lorsqu'elle a par-
couru à pied tous les recoins de son petit
royaume; tant qu'elle ne l'aura pas visité,
elle est encore en voyage ses pensées
flottent aux branches des arbres roux dé
son parc, dans les brouillards de ses étangs,
dans les brumes bleuâtres des horizons de
son domaine. Elle arrive son chez-ello
l'éveille à peine, car il est ensommeillé
lui-même. Elle sort. Où est son Paris ? I)
pleut tant pis, elle sera courageuse pour
le revoir. La jupe courte à tuyaux raides,
la casaque serrée, perchée sur des talons-
échasses, s'appuyant sur le parapluie-canne,
voilée seulement jusqu'aux narines pour
aspirer Paris plus à son aise, elle trotte.
Elle trotte seule car elle est presque
une amoureuse qui va à un rendez-vous
rendez vous permis et toujours nouveau,
que chaque année Paris donne à qui l'aime.
La vraie Parisienne s'est déjà demandé ce
qu'il a préparé pour elle: un manchon
nouveau est une politesse qu'il lui fait, un
vêtement seyant est une coquetterie; et,
ces fêtes-là, la Parisienne ne peut les devi-
ner à l'avance. Ses loges au théâtre, elle
sait où elles sont; les bals, elle les prévoit;
ils viendront sans surprise; mais le chignon
nouvellement inventé, le collier ~M! ï~<'K<
de sortir, comme disent les marchands,
voilà ce qui la tient en éveil. A côté donc
de la réception officielle que Paris fait à la
Parisienne,il y a la petite réception intime,
et celle-là estjd'autant plus intéressante
qu'elle s'adresse à toutes.
Au-dessous d'une fortune considérable,
bien des luxes sont impossibles mais le
Paris des rues est aux demi-fortunes. Ayez
200,000 ou 20,000 livres de rentes, peu im-
porte les vitrines des magasins sont à'
tout le monde et voilà pourquoi les Pari-
siennes sont promeneuses.
On les accuse d'être souvent dehors, ou
les soupçonne, on les condamne, on incri-
mine ces heures passées hors du logis
soyons indulgents comment voulez-veus
qu'elle abrège, qu'elle rentre à heure dite,
la Parisienne, qui reprend possession de
son pays. Elle flâne, elle s'arrête ne faut-
il pas qu'elle respire ces champs de vio-
lettes qui cheminent à côté d'elle; qu'elle
regarde ces massifs de chrysanthèmes, ces
forteresses de dahlias? Quelle est celle qui
résistera à fleurir la boutonnière de sa ca-
saque ?
La Parisienne est fleuriste elle-même
d'un coup de ses dents blanches, elle
coupe donc le fil qui fait le bouquet trop
rond, ajoute quelques brins de mimosa au
haut et au bas de la gerbe, et voilà sa poi-
trine ornée. Alors elle se presse mais les
vitrines privilégiées l'arrêtent encore.
Quelle est la femme qui, par la pensée, ne,
glisse son corps à la place du mannequin
dans les jupes cloutées de j~is, -:uutachëes
de pastilles d'anis, dans les pelisses de ve-
lours frappé aux doublures de nuances
fauves et cuivre; qui ne pose sur la tête
les toques de lophophore, de pintades, de
coqs de bruyère, de poules-brahmapontras,
de simples poulettes de Crèvecœur, car'
toute la basse-cour figurera cette année sur
leur têtes
Qui ne cligne tendrement les yeux de-
vant les brillants et les fils de perles éten~
dus sur du velours bleu, et ne flaire la vi-
trine de fleurs naturelles, jardins féeriques,
sans dragons et où de lilliputiennes sta-
tuettes de saxe se cachent comme des sta-
tues de marbre dans un parc?
Et la Parisienne trotte toujours pourtant;
mais elle regarde les bonbons qui com-
mencent à s'habiller car tout le monde
sait que les bonbons, l'été, sont simplement
dans des valises; elle reprend sa course,
mais comment ne pas s'arrêter devant les
couvertures alléchantes des livres nou-
veaux ?
Il y a là des nuances qu'elle accepterait
pour des robes mais il faut rentrer, la nuit
vient. Quelle heure est-il? Elle s'arrête
encore aux affiches de théâtre, car ces feuil-
lets bariolés sont peut-être ceux que la
Parisienne lit le plus souvent. Quel est le
nom en vedette ? Et tous ses souvenirs de
théâtre lui reviennent, avec les causettes
qu'elle y a faites, les rencontres, les escar-
mouches qui s'y sont engagées et leurs sui-
tes. Lanuit vient décidément, et alors avant
de quitter la rue, elle veut voir son Paris
éclairé son Paris de la nuit.
Il est tard, elle devrait rentrer qui plus
est, elle devrait être au coin de son feu où
on l'attend. Mais point entre Paris et elle,
l'intimité est rétablie elle a peine ~à s'en
arracher, et son pas se ralentit sans qu'elle
le veuille. Elle se plaît là elle' est ennn
revenue, elle a retrouvé son élément.
L'ordre règne à Paris, la Parisienne est sa-
tisfaite et in petto se dit < Il était temps.
Un peu plus, on allait commencer sans
moi t
CRATtH
i-
rËmnm DE nmm~
Les paroles inutiles, quand elles ne
sont pas pis encore qu'inutiles, ont re-
commencé. Qui donc dira la parole
utile ?
Il faudrait avoir le courage de le pro-
clamer bien haut la prospérité fran-
çaise, sous la troisième République, e§t
en train d'aller rejoindre la gloire fran-
çaise au magasin des mots qui ne ser-
vent plus qu'à désigner des choses dis-
parues.
Quelle est aujourd'hui la condition des
chefs de nos grandes industries ?
Assaillis de menaces quotidiennes
opprimés par les grèves, abandonnés
par un gouvernement impuissant ou in-
diSérent.quand ils ne se voient pas accu-
sés et trahis par lui obligés d'élever
sans cesse le prix de la main-d'œuvre,
en même temps que l'inquiétude par&-
lyse les transactions, ils sentent le ter-
rain manquer Sous leurs pieds.
En même temps, des contribûtioas à
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