Titre : Le Gaulois : littéraire et politique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-11-17
Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication
Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication
Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 novembre 1882 17 novembre 1882
Description : 1882/11/17 (Numéro 124). 1882/11/17 (Numéro 124).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k524428j
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/02/2008
Vendredi 17 Novembre fS§S
~ARIS.2 ILS Centm-MS/– DÉPARTEMENTS ET ~-ÂRES ~~CENTIMEê
Seizième Année Troisième Série –~Numéro 184
AmTEttUB. ME~IBR
D[rec
Du GAULOIS et PARIS-JOURNAI.
RÉDACTION
0, Boatevard
9, DEDEUXUEUKESAMIKDIT Ii e n s f~
ABONNEMENTS
13:. DE HESITE
.Re~ac~Myen.CAey
Du GAULOIS et PARIS-JOURNAL
ADMINISTRATION
0, BDE DIX HEURES A CtKQ HEURES
ABONNEMENTS, PETITES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS
1 Paris Départements `
Un mois. 5fr. Un mois. 6fr.
Treismois. 13 50 Trois mois. 16 tr.
Six mois. 37t'r. Six mois. 32 fr.
Un~n. 5~ tr..jU!i an. 64 fr.
Etranger
Trois mois (Union postula. 18 fr.
A partir du 1" décembre prochain, le
caractères neufs.
Il résoudra, par un heureux choix de
caractères, le problème d'être plus facile
à lire, tout en contenant exactement la
même quantité de matières.
LE
MUET PAR MME
On a beaucoup parlé, hier à la Cham-
bre, du directeur des cultes, mais il n'a
pas parte. M. Flourens est resté muet
par ordre. Comme il connaît les choses
dont il aurait pu parler, naturellement
son ministre lui a fermé la bouche.
Parlons de M. Flourens, qui n a pas
parlé.
Vous le trouverez toujours, de deux
heures à quatre heures, dans un beau
rez-de-chaussée de la rue BeUechasse,
au numéro 66. Il est)à dans le toeaLqui
fut occupé, sous le régne déjà lointain
de Napoléon III, pa.rM.CoUet-Meygret,
directeur de la Sûreté générale; par M.
de Laguéronniêre, directeur de la librai-
rie, de l'imprimerie et de la presse. C'é-
tait un autre temps, d'autres hommes,
d'autres directeurs et d'autres ministres
qu'à présent. Passons.
M. Ftourens est assez bien de sa per-
sonne. Il est maigre il a te nez long; il
est blond, il porte la moustache et l'im-
périale, et ressemble fort à un officier
de cavalerie.
Plein de déférence pour l'habit ecclé-
siastique, le haut fonctionnaire se lève
à l'approche d'une soutane on s'aper-
çoit, alors, a.u temps qu'il met à dérou-
ler ses jambes et à développer son buste,
qu'il est. d'une taille des ptus avantageu-
ses. Ce grand corps se ploie et s'assou-
plit en révérences courtoises, tandis que
îes lignes un peu rudes du visage se
fondent en sourires exquis.
Tel est l'homme auquel il faut s'adres-
ser si l'on veut être évêque, si l'on am-
bitionne d'exercer le gouvernement des
âmes et de paître les brebis du grand
troupeau catholique. Les ministres pas-
sent, le département des cultes voyage
d'un ministère à l'autre: tantôt on le
soude à l'intérieur, tantôt on le visse a
la justice, tantôt on l'annexe à l'instruc-
tion publique. Tantôt il demeure place
Vendôme, tantôt il perche place Beau-
vau, tantôt on le loge rue de Grenelle.
Mais M. Flourens reste àson poste.
Il fallait être M. Paul Bert pour es-
sayer de le remplacer par M. Castagnary,
et bientôt on fut obligé de revenir à
l'indispensable M. Flourens.
Il n'y a rien, en effet, de plus igno-
rant que ces fortes têtes de l'athéisme
en matière de hiérarchie cléricale; ils
ne connaissent bien le Concordat ni
dans sa partie principale, ni dans ses
articles organiques; ils pensent vague-
ment à séparer l'Egtise de l'Etat, mais
ils croient bien que l'on peut épurer l'é-
piseopat aussi facilement qu'on a épuré
îes préfectures.
M. Ftourens, dti moins, sait mettre
des formes à une vilaine besogne.
Il sait comment on parle à un évêque
et aussi à ceux qui aspirent à le deve-
nir. < Monseigneur x ne lui écorche pas
la bouche. Il dit: < Monsieur l'abbé »
d'un ton respectueusement caressant, ce
qui ne l'empêche pas de travailler. en
dessous à la désagrégation du clergé ca
tholique, tout en étant à cheval sur le
Concordat comme Napoléon I" lui-
même.
On se demande quel peut bien être le
fond de sa pensée, quand on le voit tra-
vailler et tirailler ~o~ clergé dans tous
les sens. Un jour il tire de sa cervelle
une circulaire qui soumet les évoques à
la surveillance des autorités civiles en
ce qui touche la résidence-; un autre
jour, contrairement à l'esprit et à la let-
tre du Concordat dont il est partisan, il
parle de créer l'inamovibilité pour les
simples desservants. Voilà l'autorité
épiscopale frappée à la tête et au cœur.
Revenez d'une pareille alarme. Une
autre circulaire est lancée qui re-
met aux évêques le droit de retirer à
leurs chanoines le 'pain de la bou-
che. Ceux ci ne pourront toucher leur
traitement de l'Etat que sur un certificat
de bon canonicat. Ce certiûcat, c'est l'é-
vêque seul qui le délivre. Ces coups por-
tés en haut et en bas de la hiérarchie
ecclésiastique ont rempli de clameurs le
monde cléfical. Ils ont paru sourire au
monde ofSciel républicain et positiviste.
Ce n'est pas M. Lepère qui eût jamais
songé à se séparer de M. Flourens. Il
l'avait vu à l'œuvre dans une circons-
tance délicate et qui lui tenait au cœur.
Il existait un chanoine de Saint-De-
nis, nommé Mora, qui, tout en ayant,
pour la bonne règle, une résidence ofû-
cielle à Saint Denis, atlait de temps à
autre habiter au Vésinet. D'autre part,
M. le ministre Lepère connaissait, à
Auxerre, une dame qui avait un frère,
l'abbé Thomas, dont il voulait faire quel-
que chose. Je parle de l'abbé et non
dela.da.me.
M. le directeur des cultes fut bientôt
informé des dispositions de son minis-
tre et des raisons sentimentales qui le
poussaient à créer une prébende au
frère de la dame. Il eut même des rai-
sons de craindre que M. Lepère, sans
penser & mal, ne conçût le projet de
coiSer de la mître son ami Thomas.
Pour éviter que les choses ne vinssent
à cette extrémité, que ût le directeur
des cultes? Il s'avisa, de donner, au frère
de la personne à qui M. Lepère n'avait
rien à refuser, le canonicat de l'abbé
Mora. C'est pourquoi, contrairement à
toute rëglH et aux droits de l'inamovibi-
lité, malgré les cris de tout le chapitre,
hormis du primicier qui consentit à
l'exécution, le chanoine Mora fut arra-
ché de sastalle. L'abbé Thomas s'y vint
asseoir pendant quelques jours. Il s'en
retourna bientôt à Sens et n'a point re-
paru. M. FIourens n'a point trop mal
mené cette affaire. Depuis cette aven-
ture, M. Lepëre et son groupe font
grand cas de ses capacités et, de fait, le
vrai ministre inamovible, c'est M. Flou-
rens.
Le Cochery des cultes 1
Quoi qu'il en ait, il ne porte point la
marque de ce régime-ci. C'est un
homme de l'Empire qui a su se faire
donner par la République ce que l'Em-
pire lui promettait et quelque chose en
plus. L'Empire, en eNet, le forma. Con-
duit par M. Rouland, alors grand maî-
tre de l'Université, il fut admis de bonne
heure dans les emplois mimstériets et
introduit dans le conseil d'Etat à titre
d'auditeur. Dans ce temps heureux, il
épousa la fille d'un des sénateurs les plus
en renom, Michel Chevalier. Il a un in-
térieur charmant dans le quartier salu-
bre et lumineux qui avois'ne le bois de
Boulogne. Il vit dans une belle auréole
de paternité, avec six enfants. Allez, le
dimanche, entendre la messe dans l'é-
glise de l'Annonciation de Passy, vous
y verrez certainement M. le directeur
Flourens entouré de tous les siens, s'oc-
cupant du culte pour son propre compte.
Lisant l'ordinaire de la messe sur son
livre d'heures, M. FIourens n'a point du
tout le même aspect que dans ses au-
diences de la rue Bellechasse. Il semble
rentré en pleine possession de lui-mê-
me il a la physionomie eti'attituded'un
croyant de bon ton.
Homme d'âpres convoitises, de dou-
ces manières, d'un zèie républicain et
de mœurs monarchiques, d'une foi ca-
tholique et d'un esprit brouillon et in-
commode, féru de réformes, pourfen-
deur d'abus, autoritaire aujourd'hui avec
les prélats, libéral demain avec les prê-
tres émancipés. Cette famille des Flou-
rens était prédestinée à fournir à l'his-
toire contemporaine des types variés et
si éloignés, en apparence, qu'aucun lien
de parenté ne semble les unir. Le père
fut un savant très aimable qui rêva de
r,eculer les limites delà vie humaine;
il nt croire aux sexagénaires qu'iis tou-
chaient à peine à la maturité. Cette gra-
cieuse doctrine aidait à vivre; elle
égayait d'illusions enchanteresses le
crépuscule de l'existence.
Ce philosophe eut deux fils. L'aîné fut
de toutes les insurrections de 18SG à
1871. Il fut un des célèbres généraux de
la Commune, et eut la tête fendue; à
Rueil, d'un coup de sabre que lui asséna
un officier de dragons.
Le Flourens qui nous reste ne se fera
fendre volontiers ni la tête ni même l'o-
reille.
MYSTÈRE H
N os; Echos
AUJOURO'HU)
A 6 heuret, dinar au Grand-Hôtel, admission
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la durée du d!ner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera dans la nouvelle salle de
musique.
MENU
Potage mila.na.ise
Hors-d'œuvre
Filets de barbue à la dieppoise
Pommes de terre à la hollandaise
Pièce de bœuf aux cèpes à la bordelaise
Timbale de homards à l'américame
Dindonneau au cresson
Salade
Choux de Bruxelles au beurre noisette
Gâteau de riz à l'ancienne
Glace
Vanille et framboises
Desserta
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, tables de jeux.- D!ner à la carte au res-
taurant.– Le jour et le soir, séances et leçons de
billard, par M. Gibelin. Café Divan.
La programma du dîner-concert. (Voir à l*
4' page.)
~<=
Musée Grevm, 10, boulevard Montmartre.
De onze heure* du matm à onze heures du soir.
Opéra, 7 h. 3/4. Le Con~e Oyy. ~!oM.
Français, 8 h. 1/4. Les Cor&eaHa'.
Opéra-Comique, 8 h. .Mï~on.
LA POUTtOUE
Une incontestable inquiétude s'est
emparée du public inquiétude Rnan-
ciëre, inquiétude politique. La machine
craque de partout.
Naguère, on disait ( La France
baisse, mais la Bourse monte. Et il y
avait des Français assez peu Français
pnur en prendre leur parti. Aujour-
d'hui, tout baisse, tout s'en va en même
temps.
Il n'y a plus que des pessimistes. On
voit tout en noir, et, si vous dites aux
gens que le président de la République
est remis de sa très passagère indisposi-
tion, ils ne veulent pas vous croire. Di-
tes-leur qu'il est mort, ils vous répon-
dront < Je m'en doutais i
Ce n'est pas la séance d'hier à la
Chambre qui ramènera la foi dans l'ave-
nir des institutions républicaines.
A propos d'un crédit de 50,000 fr. des-
tiné à des dépenses de tournées pasto-
rales en Tunisie, et payé, malgré le re-
fus de la commission du budget, en
vertu d'un arrêté ministériel, une lutte
tout à fait éditante s'est engagée entre
les gauches le ministère actuel, le
ministère Freycinet, puis, en remon-
tant aux causes, le ministère Gambetta
se sont trouvés successivement sur la
-i~
sellette, dans une assez désagréable
< posture comme dit M. Jules Ferry.
On a passé la séance à chercher l'auteur
responsable de ce virement de SO.OOO fr.,
absolument comme M. Tirard cherche
les cent millions qui manquent à l'équi-
libre de son budget.
C'est un spectacle tout à fait miséra-
ble, et il recommencera samedi, grâce à
la maladresse du ministère, qui a de-
mandé le renvoi du vote.
D'ici là, on aura peut-être trouvé le
coupable qu'on a vainement cherché
hier. Faudra-t-il une enquête comme
pour l'affaire de Montceau-les-Mines ?
Mais, ce qui éclate dés aujourd'hui à
tous les yeux, c'est la haine profonde de
tous ces républicains les uns pour les
autres, c'est le désordre de leur admi-
nistration, c'est le mépris que, récipro-
quement, ils s'inspirent, et qu'ils méri-
tent si bien d'inspirer au pays.
Chaque séance, depuis ie commence-
ment de la session, porte un coup à la
République. H. P.
)LE MONDE ET LA V!H.E
Aujourd'hui, à une hwure, séance pu-
blique de l'Académie des inscriptions et
belles-lettres.
Il y a vraiment de bien drôles de ra-
contars.
Voici ce qu'on disait hier soir à la pe-
tite Bourse.
Un médecin qui sait tout ou, du
moins, qui est en situation de tout sa-
voir, aurait vendu, en sortant de tâter
le pouls à un client illustre, cinq cent
mille de rentes, ce qui aurait déterminé
la baisse qui s'est produite sur le mar-
ché.
Tant d'astuce entre-t-tl dans l'âme d'un docteur?
Tuer les malades, ça n'a rien d'invrai-
semblable de la part d'un médecin. Mais
la rente 1
Grande chasse et brillante réunion
mardi dernier chez le marquis de l'Ai-
gle.
Le rendez-vous était au Puits-d'Or-
léans, dans la forêt de l'Aigle.
Attaqué à la Malmère, sur les brisées
de Chartemague, un cerf à sa deuxième
tête, après s'être fait battre dans diver-
ses enceintes, a débouché, s'en est allé
à la rivière d'Aisne, a battu l'eau au
Carauvau, où il a été servi par Ernest,
après deux heures et demie de chasse.
Assistaient à cette chasse, les maîtres
d'équipage, le marquis et le comte de
l'Aigle, le marquis, le comte, et Mlle de
Ganay, le comte de Villeplaine, M.
Archdeacon et son fils, MM. Guillemot,
de Sernemont, le comte Lecoulteux de
Caumont; Gilbert-Boucher, sous-préfet
de Compiègne; le vicomte de Béthune,
officier du 13° de dragons. Suivaient en
voiture Mmes la comtesse de l'Aigle,
la marquise et la comtesse de Ganay, la
comtesse de Béthune, le comte et la
comtesse de Roydeville, la comtesse de
Gontaut-Biron, Mme Desmoulins, MM.
Fessart et de Serouf..
Mardi prochain chasse au sanglier.
Rendez-vous à la Breviëre.
S. A. S. le prince Aris-Songawa, on-
cle du Mikado, est arrivé hier matin, &
cinq heures, à Paris, retour de son
voyage en Espagne et en Portugal, et
est descendu au Grand Hôtel avec sa
suite, composée de Mayas et Nissi,
chambellans; Jamomoto, commandant;
Kato, trésorier; Isibachi, secrétaire.
Le prince a été reçu à la gare d'Or-
léans par M. Ohyanna, qui est en ce mo-
ment chargé des affaires de la légation
du Japon.
Son Altesse jpartira lundi matin pour
Londres.
Le bureau du conseil municipal de
Paris s'est réuni hier, sous la présidence
de M. de Bouteiller, pour dresser la liste
des invitations à la cérémonie de la
remise solennelle de la médaille d'or
oSerte par la ville à M. Savorgnan de
Brazza.
Les invitations sont relativement peu
nombreuses, par suite de l'exiguïté des
locaux.
En dehors de nos édiles, la salle des
délibérations du conseil municipal où
doit avoir lieu la cérémonie ne peut
guère contenir plus de cent vingt à cent
cinquante personnes.
Suite de notre écho d'hier sur la di-
vision des pouvoirs en France.
Il y a quelques années, la petite ville
de Rambervilliers résolut d'élever un
monument à la mémoire de ses enfants
morts pendant la guerre de 1870-'t871.
Une souscription fut ouverte, à la-
quelle le ministère des beaux-arts joi-
gnit son obole.
Le monument achevé, mis en place,
on s'aperçut qu'il manquait de l'argent
pour l'entourer d'une grille. Les res-
sources locales épuisées, on fit une se-
conde fois appel à la libéralité du minis-
tère des beaux-arts.
Désolé répondit ledit ministère
mais, les grilles, ça n'est pas de notre
ressort, ça regarde le ministre de l'in-
térieur.
On s'adressa donc au ministre de l'in-
térieur, lequel en écrivit au préfet, le-
quel en écrivit au sous-préfet, lequel en
écrivit au maire, lequel en écrivit à l'in-
génieur.
Et, comme il n'y avait pas d'agent
voyer dans l'endroit, l'ingénieur en
écrivit au garde champêtre, lequel nna-
lement accoucha d'un rapport concluant
à la nécessité d'une grille.
Et le monument de Rambervilliers eut
sa grille au bout de quatre ans l
A huitaine comme on dit au Pa<
lais,–l'inauguration de la société des
Chasses à courre de la Marche, qui de-
vait avoir lieu le 15 novembre.
C'est le cas ou jamais d'ajouter on
recule pour mieux sauter.
Un détail sur la fortune à venir de la
jeune ûUe de M. Albert Gigot, ancien
préfet de police, qui épouse ces jours-ci
M. Rossigneux.
Elle aura, du chef de sa no ère, fille de
riches commerçants auxerrois, une part,
dans le vignoble qui produit l'excellent
vin, dit: ~m ~e MM~raMïe et dont son
aïeul avait fait l'acquisition.
Voilà un bon cru pour égayer le dî-
ner de noces de Mlle Gigot.
On avait démenti le projet de mariage
de la princesse Elisabeth de Bavière
avec le prince Thomas d'Italie.
Nous apprenons de source certaine
que les fiançailles sont faites, et que M.
de Keudell, en arrivant à Rome, a té-
moigné à M. Mancini la satisfaction que
cause en Allemagne cette union prin-
cière.
M. Christian Host, l'éditeur bien connu,
libraire de l'Université de Copenhague,
vient d'adresser à-M~le préfet de la
Seine, §6 exemplaires de l'~M~otrg <~<
DaMeMarA, du professeur Allen, pour
être distribués aux bibliothèques muni-
cipales et libres de la ville de Paris et
du département de la Seine.
M. Host, dont la réputation d'érudi-
tion n'est plus à faire, a publié à ses
frais et avec des soins exceptionnels cet
ouvrage. En en dotant aujourd'hui les
bibliothèques de Paris, il afnrmë une
fois de plus la sympathie qui n'a cessé
d'exister entre le Danemark etia France.
Un des amis de la maison, qui fut un'
excellent collaborateur intermittent de
.Pa/'M-.TbMrM~, M. Edouard Boinvilliers,
ancien conseiller d'Etat, va faire paraî-
tre chez l'éditeur CalmannLévy uniivre
politique qui n'est rien moins que favo-
rable au parlementarisme, dont l'auteur
est~un ennemi notoire.
L'ouvrage est intitulé: -Psy~M~H~
de ~J, ~~0, ~70.
Il paraît qu'il s'appelait d'abord tout
crument ~s .Pa~eMteM~ MM~c~es.
Mais, au dernier moment, on recula
devant le trop de franchise de l'épi-
thëte.
M'est avis qu'on a bien fait de la ré-
server. Le parlement de 1882 aurait ré-
clamé si on l'eût décernée à d'autres.
Riche mariage, hier, à l'église russe
de Genève, où Mlle Marianne Kauchine
épousait le baron Guillaume Gerald
d'Hogguer, Hollandais, ancien grand-
maître du palais du prince Alexandre
de Bulgarie. Mlle Kauchine est la fille
du riche industriel Kauchine et de la
spirituelle Mme Kauchine, née Liouba
GourieS.
C'est par erreur qu'il a été dit, ces
jours-ci, que Mme la duchesse de New-
castle, aujourd'hui remariée, avait au-
trefois divorcé.
La duchesse est veuve depuis trois ans,
et c'est comme veuve qu'elle a pu con-
tracter un second mariage.
Il n'est pas exact non plus qu'elle soit
à Paris, ni qu'elle compte y venir cet
hiver.
Petit courrier d'outre-Rhin:.
On vient de découvrir dans l'église du
village d'Ober-Emmel sur la Sarre, dio-
cèse du Trêves, une vieille inscription
latine, portant cette curieuse prédiction:
< Quand saint Marc présentera l'a-
gneau pascal, que saint Antoine fêtera
la Pentecôte et que saint Jean, au jour
de la Fête-Dieu, vénérera le Christ dans
le Sacrement alors le monde sera
plein de gémissements et de sanglots. »
Or, ces indications chronologiques
répondent exactement au calendrier de
-1886. En effet, cette année-là, la Saint-
Marc (25 avrii)coïncidera avec Pâques,
la Saint-Antoine ('13 juin) avec la Pen-
tecôte, et la Saint-Jean (24 juin) avec la
Fête-Dieu.
Du reste, la même prophétie se trouve
dans Nostradamus, qui désigne l'année
1886 comme l'année /~Mes<6 de ce siècle.
Eh bien! vrai, je n'aurais pas cru que
nous dussions encore avoir trois ans de
répit ) 1
Le succès des mandolinistes se conti-
nue aux dîners-concerts du Grand-
Hôtel. Aussi, sur la demande du public,
ces artistes se feront entendre le mardi
et le vendredi au dîner-concert.
NOUVELLES A LA MAiN
Qu'on vienne encore parler de la re-
connaissance des enfants t
Un petit garçon, orphelin de mère,
avait été élevé, jusqu'à dix ans, par une
vieille bonne, qui l'avait soigné, choyé,
dorloté, comme s'il eût été son propre
fils.
Le père je ne sais pour quelle raison
fat un jour obligé de se priver de ses
services. Mais, craignant de causer un
vif chagrin à -l'enfant, il ne savait com-
ment lui annoncer cette nouvelle.
Mon chérf, lui dit il enfin, ta vieille
bonne nous quitte. Elle s'en va!
Elle s'en va ) s'écrie l'excellent pe-
tit cœur; mais pas avant de m'avoir
rendu les dix sous qu'elle me doit 1
Joli mot d'un autre enfant, et plein de
logique.
On servait depuis quelques jours à
Mlle Annette des œufs brouillés. Hier,
pour varier, on lui sert des ceufs au
plat.
Elle regarde avec attention les ronds
formés par le jaune, qui se détachaient
nettement sur le blanc.
Tiens, dit-eMe, aujourd'hui c'est le
jour des œufs débrouillés!
UN DOMtNO
UNE LECTURE
t>U
DUC D'AU MA LE
A- l'A.ca.tt.ciaMe
Belle chambrée au palais Mazarin.
L'Académie française a ses jeudis,
comme Mme Charbonneau. Mais il y a
jeudis et jeudis le bon ordinaire et
l'extra. Hier, c'était un extra et du plus
fin ragoût. M. le duc d'Aumale devait
lire à ses collègues un fragment inédit
de son Histoire t!M Gr~M~ CoM~.
Aussi la liste des habitués, des Mê-
les, de ceux qu'on appelle les piocheurs,
parce qu'ils vont à l'Académie comme
d'autres vont à leur bureau, s'était-elle
grossie des indifférents, des platoniques,
de ceux dont le zèle ne s'éveille que
lorsqu'une prime est offerte à leur di-
lettantisme, à leur sensualité de raf-
Bnés.
Il y avait là nous citons pêle-mêle,
pour ne désobliger personne MM.
Camille Doucet, Alexandre Dumas,
Cherbulliez, Jules Simon, le duc de Bro-
glie, Octave Feuillet, Sully-Prudhomme,
Nisard, Renan, le duc d'AudiSret-Pas-
quier, remis de son indisposition Cu-
villier-Fleury, le comte d'Ha.ussonvil!e,
Ernest Legouvé, John Lemoinne, Emile
Augier, Mézières, Camille Rousset, de
Viel-Castel, Henri Martin, Caro, Gaston
Boissier, Jules Sandeau, Rousse, Xavier
Marmier et le héros du jour, M. le duc
d'Aumale.
Au commencement de la séance,
M. le duc de Broglie a fait hom-
mage à l'Académie de deux études
historiques, récemment parues, sur
Fy~~tc II et M~r~-T/~rJ~e d'~M~-
c/M; et M. Camille Doucet, secrétaire
perpétuel, a donné lecture d'une lettre
de M. Dufaure, par laquelle le fils de
l'illustre homme d'Etat prie la noble
assemblée d'accepter le buste en marbre
de son père, exécuté par le sculpteur
Barnas, buste qui figurait au dernier
Salon.
Puis M. le duc d'Aumale a demandé
la parole et, au milieu de la plus pro-
fonde attention, a commencé sa lecture.
Le prince lit bien, sans lenteur ni hâte,
d'une voix vibrante et bien timbrée,
avec un léger nasillement qui n'est pas
sans charme. A certains endroits, sa
parole avait comme des éclats de clairon
qui, du reste, étaient tout à fait dans le
ton du fragment choisi. Il a raconté,
avec une piété vraiment filiale, les hé-
roïques épisodes de cette grande jour-
née du 19 mai 1613, de cette admirable
bataille de Rocroi, qui mit le prince de
Condé, alors duc d'Enghien, au rang
des premiers capitaines de son époque.
'Je ne sais quel superbe orgueil de race
éclate dans cette page, qui consacre le
plus glorieux souvenir d'une famille
illustre entre toutes les familles fran-
çaises. Le style en est sobre, ra-
pide, dépouillé de tout ornement pa-
rasite, d'une simplicité qui n'exclut ni
l'élévation ni le pittoresque. Le mor-
ceau tout entier est conçu dans une
forme mouvementée, presque dramati-
que, ce qui faisait dire à l'un des audi-
teurs
Hé 1 hé Son Altesse ne dédaigne
pas les coups de théâtre 1
Le fait est que cette lecture a obtenu,
devant ce public de délicats, le même
succès qu'une pièce à sensation devant
le comité de la Comédie-Française. Cela
est si vrai, que les auteurs dramatiques
ont été~es plus chauds àYéliciterle royal
historien. Alexandre Dumas surtout
s'est signalé par son enthousiasme.
Mis en goût par cette primeur, mes-
sieurs les Quarante ont, comme les lec-
teurs d'un feuilleton à eËet, demandé la
suite à jeudi. Le Dictionnaire attendra.
Avant de quitter l'Institut, j'ai voulu
savoir si M. Jules Simon y prendrait
bientôt domicile, comme secrétaire per-
pétuel de l'Académie des sciences mo-
rales et politiques.
La nouvelle de ce déménagement, que
tous nos confrères avaient annoncé,
est un simple canard auquel il convient
de couper les ailes. Le secrétaire perpé-
tuel de l'Académie française a seul le
droit de loger au palais Mazarin, et c'est
par pure tolérance que les secrétaires
perpétuels de l'Académie des beaux-arts
et de l'Académie des inscriptions et
belles-lettres jouissent du même droit.
M. Jules Simon n'aura donc pas à quit-
ter son cinquième étage de la place de
la Madeleine, où l'attachent tant et de
si vieux souvenirs.
Ainsi finissent les légendes t
MUtS LAMBERT
Bloc-Notes Parisien
M. FALGMËRES DEVANT 1/AM BE TRMMPME
Vous avez appris, ces jours-ci, grâce à
l'un de nos éminents collaborateurs, que
l'Arc de triomphe offrait un aspectinaccou-
tumé et proniait sur le ciel un majestueux
groupe équestre.
En effet, passant place de l'Etoile, et le-
vant les yeux en l'air, j'ai vu que la nou-
velle était vraie.
J'ai eu la curiosité d'aller demander à
M. Falguières, l'auteur, artiste d'un grand
talent, ce qu'il pensait de sa propre con-
ception. Je l'ai prié, même, de se faire, en
toute sincérité, le critique de son œuvre.
Et d'abord, m'a-t-il dit, l'idée de ce
couronnement ne vient pas de moi. Ren-
dons à Chalgrin ce qui appartient à Chal-
grin groupe équestre, aigle ou statue, l'ar-
chitecte voulait, à son monument, un faîte
décoratif quelconque. Etes-vous monté
quelquefots sur l'Arc de l'Etoile ?
9, boulevard des Italiens, 9
ANNONCES
MM. CH. IL.AGHtAT\rG!E, CERF & C'*
6,PLACHI)ELAHOUHSR,(i G
a rAdmMM
–Jamais..
–Vous êtes donc Parisien?
–Parisien.
Tout s'explique. Autrement, vous au-
riez vu que la plate-forme de l'attique ac-
cusait une sorte de piédestal très large et
destiné, évidemment, à recevoir quelque
chose.
Vraiment?
C'est aux dimensions de ce piédestal
que je me suis conformé pour exécuter
mon groupe, ou, plutôt, le simulacre da
mon groupe.
Une énorme maquette.
En plâtras, et en lattes cintrées. Il
n'y avait rien de plus curieux que la con-
fection de ce fantoche. Figurez vous un
sculpteur, un boueux, comme disent mes
élèves, aux beaux-arts, modelant un grou-
pe avec des planches contournées, une
sorte d'immense treillis plastique, laissant
voir le ciel par ses zébrures.
Je me promenais, chaque jour, dans mes
chevaux et dans mes statues, comme sous
les voûtes d'une grande ruine indienne;
l'impression était fort étrange et mes che-
vaux étaient tout plein d'azur.
Et la carcasse terminée?
La carcasse terminée, ce fut bien au-
tre chose des bandes de toile, enduites
de plâtre, s'appliquaient, morceau par
morceau, sur l'armature, et la modelaient
peu à-pëu chaque bande avait l'air d'im-
proviser une forme, un contour, un mé-
plat, et les maçons semblaient, ce jour-là,'
de merveilleux artistes. Là-dessus, le badi-
geon d'or obligatoire:
Et, l'œuvre achevée, quelle fut votre
impression?
Je descendis quatre à quatre !'Arc:d~
Triomphe, dégringolai l'avenue et me pla-
çai à cinq cents mètres: le groupe me pa-
rut se développer beaucoup trop en hau-
teur je remédierai à cela. Ah l c'est
qu'aussi j'ai eu toutes les peurs la peur
d'abord que mon groupe ne fût enterré,
absorbé, en quelque sorte, par cette masse
énorme; vous voyez ça d'ici une galette
allégorique La peur aussi qu'il ne fût trop
élégant, trop svelte une flèche de cathé-
drale, tout de suite.
Et, tel qu'il est?
Trop haut à cinq cents mètres, il se
trouve au point vu d'un peu plus loin. Il y
a quelque chose à trouver, et je trouvera!.
Ne vous semble-t-il pas aussi que
le groupe s'étale un peu sur la plate-forme ?
Sans doute, sans doute mais, que
voulez-vous ? j'ai voulu remplir le piédestal
tracé par Chalgrin vous voyez que cette
maquette était nécessaire; je la modifierai
et j'arriverai. J'ai fait là un beau rêve.
Le groupe définitif sera-t-il en bronze
ou en fonte?
En cuivre repoussé.
L'homme qui se faisait son propre criti-
que avec cette bonhomie charmante, vous
le connaissez il est simple, énergique et
her il a l'air d'un soldat, et c'est l'un de
nos plus délicats et de nos plus ardent-;
artistes.
Il vît loin de la grande ville, rue d'Assas,
par delà le Luxembourg. La maison qu'i!
habite ferme une impasse où chaque porte
ouvre sur un atelier, où le grand silence a
quelque chose de religieux il y fait très
froid mais très clair, dans cette solitude
peuplée de statues et les passants, tous
sculpteurs, ont l'air monacal.
Homme de famille et d'étude, être à
part, dans le mouvement actuel, Falguière
réalise assez bien le type du sculpteur.
C'est un délaissé aujourd'hui, car la
place est aux peintres, c'est un illumine,.
peut-être, un rêveur certainement, que tout
faiseur d'hommes en marbre ou en terre.
Mais demain lui appartient, car les peu-
ples civilisés finissent par les statues.
Avant de prendre congé deM. Falguières
je lui demandai ce qu'il exposerait au Salon
prochain.
Vous voyez, dit-il, cette esquisse en
terre glaise: une petite femme,– appelez-
la comme vous voudrez, qui jette son
corps en avant, portée sur un pied. Mais
pourrai-je l'exécuter à temps? Mon projet
de 1 Arc de Triomphe me prend corps et
âme.
TOUT-PAms
LA
SA~ÏiE DE M. CREVT
UN DIAGNOSTIC
A la Bourse, dans les cercles, dans les
journaux, partout et même ailleurs on ,>
se demande, depuis quelques jours
~elleestia maladie ou l'indisposition''
deM.Grévy.
Nous sommes allé demander la ré-
ppnse à un médecin. C'est un de nos
plus illustres docteurs, un de ces gué-
risseurs si mal vus aux pompes fané-
bres parce qu'ils ne font pas marcher
les anaires. La modestie de mon docteur
ne me permet pas de le désigner d'une
façon plus précise.
M. Gré vy n'est pas atteint d'une in-
disposition accidentelle.
Les vertiges qu'il ressent, les éva-
nouissements fréquents dans lesquels
il tombe, sont les symptômes d'une ms-
ladie que les médecins ont baptisée .la
sclérose. »
La sclérose anecte les artères. Ella ré-
s~te de suintements graisseux et de
dépôts calcaires dans les tissus qui com-
posent ~es artères.
Cette aSection accompagne la sénili~
Les artères atteintes de sclérose D'ont
plus leur souplesse élastique. Elles côm~
mencent par durcir, et, au for et à me-
sure que le dépôt calcaire s'augmente
elles se développent dans le sensinterne
et dans le sens externe.
Par le développement dans le sens in3
terne, le diamètre du vaisseau circula- r
toire de l'artère est rétréci. Il en ré-
sulte un obstacle à la bonne circulation
ÛUSâB~.
P~ledéveloppementdansie sensex
terne, 1 artère opère une pression sur
les tissus au milieu desquelles eUe cir-
cule. De cette pression quand l'artère
~ARIS.2 ILS Centm-MS/– DÉPARTEMENTS ET ~-ÂRES ~~CENTIMEê
Seizième Année Troisième Série –~Numéro 184
AmTEttUB. ME~IBR
D[rec
Du GAULOIS et PARIS-JOURNAI.
RÉDACTION
0, Boatevard
9, DEDEUXUEUKESAMIKDIT Ii e n s f~
ABONNEMENTS
13:. DE HESITE
.Re~ac~Myen.CAey
Du GAULOIS et PARIS-JOURNAL
ADMINISTRATION
0, B
ABONNEMENTS, PETITES ANNONCES
RENSEIGNEMENTS
1 Paris Départements `
Un mois. 5fr. Un mois. 6fr.
Treismois. 13 50 Trois mois. 16 tr.
Six mois. 37t'r. Six mois. 32 fr.
Un~n. 5~ tr..jU!i an. 64 fr.
Etranger
Trois mois (Union postula. 18 fr.
A partir du 1" décembre prochain, le
caractères neufs.
Il résoudra, par un heureux choix de
caractères, le problème d'être plus facile
à lire, tout en contenant exactement la
même quantité de matières.
LE
MUET PAR MME
On a beaucoup parlé, hier à la Cham-
bre, du directeur des cultes, mais il n'a
pas parte. M. Flourens est resté muet
par ordre. Comme il connaît les choses
dont il aurait pu parler, naturellement
son ministre lui a fermé la bouche.
Parlons de M. Flourens, qui n a pas
parlé.
Vous le trouverez toujours, de deux
heures à quatre heures, dans un beau
rez-de-chaussée de la rue BeUechasse,
au numéro 66. Il est)à dans le toeaLqui
fut occupé, sous le régne déjà lointain
de Napoléon III, pa.rM.CoUet-Meygret,
directeur de la Sûreté générale; par M.
de Laguéronniêre, directeur de la librai-
rie, de l'imprimerie et de la presse. C'é-
tait un autre temps, d'autres hommes,
d'autres directeurs et d'autres ministres
qu'à présent. Passons.
M. Ftourens est assez bien de sa per-
sonne. Il est maigre il a te nez long; il
est blond, il porte la moustache et l'im-
périale, et ressemble fort à un officier
de cavalerie.
Plein de déférence pour l'habit ecclé-
siastique, le haut fonctionnaire se lève
à l'approche d'une soutane on s'aper-
çoit, alors, a.u temps qu'il met à dérou-
ler ses jambes et à développer son buste,
qu'il est. d'une taille des ptus avantageu-
ses. Ce grand corps se ploie et s'assou-
plit en révérences courtoises, tandis que
îes lignes un peu rudes du visage se
fondent en sourires exquis.
Tel est l'homme auquel il faut s'adres-
ser si l'on veut être évêque, si l'on am-
bitionne d'exercer le gouvernement des
âmes et de paître les brebis du grand
troupeau catholique. Les ministres pas-
sent, le département des cultes voyage
d'un ministère à l'autre: tantôt on le
soude à l'intérieur, tantôt on le visse a
la justice, tantôt on l'annexe à l'instruc-
tion publique. Tantôt il demeure place
Vendôme, tantôt il perche place Beau-
vau, tantôt on le loge rue de Grenelle.
Mais M. Flourens reste àson poste.
Il fallait être M. Paul Bert pour es-
sayer de le remplacer par M. Castagnary,
et bientôt on fut obligé de revenir à
l'indispensable M. Flourens.
Il n'y a rien, en effet, de plus igno-
rant que ces fortes têtes de l'athéisme
en matière de hiérarchie cléricale; ils
ne connaissent bien le Concordat ni
dans sa partie principale, ni dans ses
articles organiques; ils pensent vague-
ment à séparer l'Egtise de l'Etat, mais
ils croient bien que l'on peut épurer l'é-
piseopat aussi facilement qu'on a épuré
îes préfectures.
M. Ftourens, dti moins, sait mettre
des formes à une vilaine besogne.
Il sait comment on parle à un évêque
et aussi à ceux qui aspirent à le deve-
nir. < Monseigneur x ne lui écorche pas
la bouche. Il dit: < Monsieur l'abbé »
d'un ton respectueusement caressant, ce
qui ne l'empêche pas de travailler. en
dessous à la désagrégation du clergé ca
tholique, tout en étant à cheval sur le
Concordat comme Napoléon I" lui-
même.
On se demande quel peut bien être le
fond de sa pensée, quand on le voit tra-
vailler et tirailler ~o~ clergé dans tous
les sens. Un jour il tire de sa cervelle
une circulaire qui soumet les évoques à
la surveillance des autorités civiles en
ce qui touche la résidence-; un autre
jour, contrairement à l'esprit et à la let-
tre du Concordat dont il est partisan, il
parle de créer l'inamovibilité pour les
simples desservants. Voilà l'autorité
épiscopale frappée à la tête et au cœur.
Revenez d'une pareille alarme. Une
autre circulaire est lancée qui re-
met aux évêques le droit de retirer à
leurs chanoines le 'pain de la bou-
che. Ceux ci ne pourront toucher leur
traitement de l'Etat que sur un certificat
de bon canonicat. Ce certiûcat, c'est l'é-
vêque seul qui le délivre. Ces coups por-
tés en haut et en bas de la hiérarchie
ecclésiastique ont rempli de clameurs le
monde cléfical. Ils ont paru sourire au
monde ofSciel républicain et positiviste.
Ce n'est pas M. Lepère qui eût jamais
songé à se séparer de M. Flourens. Il
l'avait vu à l'œuvre dans une circons-
tance délicate et qui lui tenait au cœur.
Il existait un chanoine de Saint-De-
nis, nommé Mora, qui, tout en ayant,
pour la bonne règle, une résidence ofû-
cielle à Saint Denis, atlait de temps à
autre habiter au Vésinet. D'autre part,
M. le ministre Lepère connaissait, à
Auxerre, une dame qui avait un frère,
l'abbé Thomas, dont il voulait faire quel-
que chose. Je parle de l'abbé et non
dela.da.me.
M. le directeur des cultes fut bientôt
informé des dispositions de son minis-
tre et des raisons sentimentales qui le
poussaient à créer une prébende au
frère de la dame. Il eut même des rai-
sons de craindre que M. Lepère, sans
penser & mal, ne conçût le projet de
coiSer de la mître son ami Thomas.
Pour éviter que les choses ne vinssent
à cette extrémité, que ût le directeur
des cultes? Il s'avisa, de donner, au frère
de la personne à qui M. Lepère n'avait
rien à refuser, le canonicat de l'abbé
Mora. C'est pourquoi, contrairement à
toute rëglH et aux droits de l'inamovibi-
lité, malgré les cris de tout le chapitre,
hormis du primicier qui consentit à
l'exécution, le chanoine Mora fut arra-
ché de sastalle. L'abbé Thomas s'y vint
asseoir pendant quelques jours. Il s'en
retourna bientôt à Sens et n'a point re-
paru. M. FIourens n'a point trop mal
mené cette affaire. Depuis cette aven-
ture, M. Lepëre et son groupe font
grand cas de ses capacités et, de fait, le
vrai ministre inamovible, c'est M. Flou-
rens.
Le Cochery des cultes 1
Quoi qu'il en ait, il ne porte point la
marque de ce régime-ci. C'est un
homme de l'Empire qui a su se faire
donner par la République ce que l'Em-
pire lui promettait et quelque chose en
plus. L'Empire, en eNet, le forma. Con-
duit par M. Rouland, alors grand maî-
tre de l'Université, il fut admis de bonne
heure dans les emplois mimstériets et
introduit dans le conseil d'Etat à titre
d'auditeur. Dans ce temps heureux, il
épousa la fille d'un des sénateurs les plus
en renom, Michel Chevalier. Il a un in-
térieur charmant dans le quartier salu-
bre et lumineux qui avois'ne le bois de
Boulogne. Il vit dans une belle auréole
de paternité, avec six enfants. Allez, le
dimanche, entendre la messe dans l'é-
glise de l'Annonciation de Passy, vous
y verrez certainement M. le directeur
Flourens entouré de tous les siens, s'oc-
cupant du culte pour son propre compte.
Lisant l'ordinaire de la messe sur son
livre d'heures, M. FIourens n'a point du
tout le même aspect que dans ses au-
diences de la rue Bellechasse. Il semble
rentré en pleine possession de lui-mê-
me il a la physionomie eti'attituded'un
croyant de bon ton.
Homme d'âpres convoitises, de dou-
ces manières, d'un zèie républicain et
de mœurs monarchiques, d'une foi ca-
tholique et d'un esprit brouillon et in-
commode, féru de réformes, pourfen-
deur d'abus, autoritaire aujourd'hui avec
les prélats, libéral demain avec les prê-
tres émancipés. Cette famille des Flou-
rens était prédestinée à fournir à l'his-
toire contemporaine des types variés et
si éloignés, en apparence, qu'aucun lien
de parenté ne semble les unir. Le père
fut un savant très aimable qui rêva de
r,eculer les limites delà vie humaine;
il nt croire aux sexagénaires qu'iis tou-
chaient à peine à la maturité. Cette gra-
cieuse doctrine aidait à vivre; elle
égayait d'illusions enchanteresses le
crépuscule de l'existence.
Ce philosophe eut deux fils. L'aîné fut
de toutes les insurrections de 18SG à
1871. Il fut un des célèbres généraux de
la Commune, et eut la tête fendue; à
Rueil, d'un coup de sabre que lui asséna
un officier de dragons.
Le Flourens qui nous reste ne se fera
fendre volontiers ni la tête ni même l'o-
reille.
MYSTÈRE H
N os; Echos
AUJOURO'HU)
A 6 heuret, dinar au Grand-Hôtel, admission
jusqu'à 6 heures et demie.
Pendant la durée du d!ner, l'orchestre de
M. Desgranges jouera dans la nouvelle salle de
musique.
MENU
Potage mila.na.ise
Hors-d'œuvre
Filets de barbue à la dieppoise
Pommes de terre à la hollandaise
Pièce de bœuf aux cèpes à la bordelaise
Timbale de homards à l'américame
Dindonneau au cresson
Salade
Choux de Bruxelles au beurre noisette
Gâteau de riz à l'ancienne
Glace
Vanille et framboises
Desserta
Le salon des dames est ouvert aux voyageurs.
Piano, tables de jeux.- D!ner à la carte au res-
taurant.– Le jour et le soir, séances et leçons de
billard, par M. Gibelin. Café Divan.
La programma du dîner-concert. (Voir à l*
4' page.)
~<=
Musée Grevm, 10, boulevard Montmartre.
De onze heure* du matm à onze heures du soir.
Opéra, 7 h. 3/4. Le Con~e Oyy. ~!oM.
Français, 8 h. 1/4. Les Cor&eaHa'.
Opéra-Comique, 8 h. .Mï~on.
LA POUTtOUE
Une incontestable inquiétude s'est
emparée du public inquiétude Rnan-
ciëre, inquiétude politique. La machine
craque de partout.
Naguère, on disait ( La France
baisse, mais la Bourse monte. Et il y
avait des Français assez peu Français
pnur en prendre leur parti. Aujour-
d'hui, tout baisse, tout s'en va en même
temps.
Il n'y a plus que des pessimistes. On
voit tout en noir, et, si vous dites aux
gens que le président de la République
est remis de sa très passagère indisposi-
tion, ils ne veulent pas vous croire. Di-
tes-leur qu'il est mort, ils vous répon-
dront < Je m'en doutais i
Ce n'est pas la séance d'hier à la
Chambre qui ramènera la foi dans l'ave-
nir des institutions républicaines.
A propos d'un crédit de 50,000 fr. des-
tiné à des dépenses de tournées pasto-
rales en Tunisie, et payé, malgré le re-
fus de la commission du budget, en
vertu d'un arrêté ministériel, une lutte
tout à fait éditante s'est engagée entre
les gauches le ministère actuel, le
ministère Freycinet, puis, en remon-
tant aux causes, le ministère Gambetta
se sont trouvés successivement sur la
-i~
sellette, dans une assez désagréable
< posture comme dit M. Jules Ferry.
On a passé la séance à chercher l'auteur
responsable de ce virement de SO.OOO fr.,
absolument comme M. Tirard cherche
les cent millions qui manquent à l'équi-
libre de son budget.
C'est un spectacle tout à fait miséra-
ble, et il recommencera samedi, grâce à
la maladresse du ministère, qui a de-
mandé le renvoi du vote.
D'ici là, on aura peut-être trouvé le
coupable qu'on a vainement cherché
hier. Faudra-t-il une enquête comme
pour l'affaire de Montceau-les-Mines ?
Mais, ce qui éclate dés aujourd'hui à
tous les yeux, c'est la haine profonde de
tous ces républicains les uns pour les
autres, c'est le désordre de leur admi-
nistration, c'est le mépris que, récipro-
quement, ils s'inspirent, et qu'ils méri-
tent si bien d'inspirer au pays.
Chaque séance, depuis ie commence-
ment de la session, porte un coup à la
République. H. P.
)LE MONDE ET LA V!H.E
Aujourd'hui, à une hwure, séance pu-
blique de l'Académie des inscriptions et
belles-lettres.
Il y a vraiment de bien drôles de ra-
contars.
Voici ce qu'on disait hier soir à la pe-
tite Bourse.
Un médecin qui sait tout ou, du
moins, qui est en situation de tout sa-
voir, aurait vendu, en sortant de tâter
le pouls à un client illustre, cinq cent
mille de rentes, ce qui aurait déterminé
la baisse qui s'est produite sur le mar-
ché.
Tant d'astuce entre-t-tl dans l'âme d'un docteur?
Tuer les malades, ça n'a rien d'invrai-
semblable de la part d'un médecin. Mais
la rente 1
Grande chasse et brillante réunion
mardi dernier chez le marquis de l'Ai-
gle.
Le rendez-vous était au Puits-d'Or-
léans, dans la forêt de l'Aigle.
Attaqué à la Malmère, sur les brisées
de Chartemague, un cerf à sa deuxième
tête, après s'être fait battre dans diver-
ses enceintes, a débouché, s'en est allé
à la rivière d'Aisne, a battu l'eau au
Carauvau, où il a été servi par Ernest,
après deux heures et demie de chasse.
Assistaient à cette chasse, les maîtres
d'équipage, le marquis et le comte de
l'Aigle, le marquis, le comte, et Mlle de
Ganay, le comte de Villeplaine, M.
Archdeacon et son fils, MM. Guillemot,
de Sernemont, le comte Lecoulteux de
Caumont; Gilbert-Boucher, sous-préfet
de Compiègne; le vicomte de Béthune,
officier du 13° de dragons. Suivaient en
voiture Mmes la comtesse de l'Aigle,
la marquise et la comtesse de Ganay, la
comtesse de Béthune, le comte et la
comtesse de Roydeville, la comtesse de
Gontaut-Biron, Mme Desmoulins, MM.
Fessart et de Serouf..
Mardi prochain chasse au sanglier.
Rendez-vous à la Breviëre.
S. A. S. le prince Aris-Songawa, on-
cle du Mikado, est arrivé hier matin, &
cinq heures, à Paris, retour de son
voyage en Espagne et en Portugal, et
est descendu au Grand Hôtel avec sa
suite, composée de Mayas et Nissi,
chambellans; Jamomoto, commandant;
Kato, trésorier; Isibachi, secrétaire.
Le prince a été reçu à la gare d'Or-
léans par M. Ohyanna, qui est en ce mo-
ment chargé des affaires de la légation
du Japon.
Son Altesse jpartira lundi matin pour
Londres.
Le bureau du conseil municipal de
Paris s'est réuni hier, sous la présidence
de M. de Bouteiller, pour dresser la liste
des invitations à la cérémonie de la
remise solennelle de la médaille d'or
oSerte par la ville à M. Savorgnan de
Brazza.
Les invitations sont relativement peu
nombreuses, par suite de l'exiguïté des
locaux.
En dehors de nos édiles, la salle des
délibérations du conseil municipal où
doit avoir lieu la cérémonie ne peut
guère contenir plus de cent vingt à cent
cinquante personnes.
Suite de notre écho d'hier sur la di-
vision des pouvoirs en France.
Il y a quelques années, la petite ville
de Rambervilliers résolut d'élever un
monument à la mémoire de ses enfants
morts pendant la guerre de 1870-'t871.
Une souscription fut ouverte, à la-
quelle le ministère des beaux-arts joi-
gnit son obole.
Le monument achevé, mis en place,
on s'aperçut qu'il manquait de l'argent
pour l'entourer d'une grille. Les res-
sources locales épuisées, on fit une se-
conde fois appel à la libéralité du minis-
tère des beaux-arts.
Désolé répondit ledit ministère
mais, les grilles, ça n'est pas de notre
ressort, ça regarde le ministre de l'in-
térieur.
On s'adressa donc au ministre de l'in-
térieur, lequel en écrivit au préfet, le-
quel en écrivit au sous-préfet, lequel en
écrivit au maire, lequel en écrivit à l'in-
génieur.
Et, comme il n'y avait pas d'agent
voyer dans l'endroit, l'ingénieur en
écrivit au garde champêtre, lequel nna-
lement accoucha d'un rapport concluant
à la nécessité d'une grille.
Et le monument de Rambervilliers eut
sa grille au bout de quatre ans l
A huitaine comme on dit au Pa<
lais,–l'inauguration de la société des
Chasses à courre de la Marche, qui de-
vait avoir lieu le 15 novembre.
C'est le cas ou jamais d'ajouter on
recule pour mieux sauter.
Un détail sur la fortune à venir de la
jeune ûUe de M. Albert Gigot, ancien
préfet de police, qui épouse ces jours-ci
M. Rossigneux.
Elle aura, du chef de sa no ère, fille de
riches commerçants auxerrois, une part,
dans le vignoble qui produit l'excellent
vin, dit: ~m ~e MM~raMïe et dont son
aïeul avait fait l'acquisition.
Voilà un bon cru pour égayer le dî-
ner de noces de Mlle Gigot.
On avait démenti le projet de mariage
de la princesse Elisabeth de Bavière
avec le prince Thomas d'Italie.
Nous apprenons de source certaine
que les fiançailles sont faites, et que M.
de Keudell, en arrivant à Rome, a té-
moigné à M. Mancini la satisfaction que
cause en Allemagne cette union prin-
cière.
M. Christian Host, l'éditeur bien connu,
libraire de l'Université de Copenhague,
vient d'adresser à-M~le préfet de la
Seine, §6 exemplaires de l'~M~otrg <~<
DaMeMarA, du professeur Allen, pour
être distribués aux bibliothèques muni-
cipales et libres de la ville de Paris et
du département de la Seine.
M. Host, dont la réputation d'érudi-
tion n'est plus à faire, a publié à ses
frais et avec des soins exceptionnels cet
ouvrage. En en dotant aujourd'hui les
bibliothèques de Paris, il afnrmë une
fois de plus la sympathie qui n'a cessé
d'exister entre le Danemark etia France.
Un des amis de la maison, qui fut un'
excellent collaborateur intermittent de
.Pa/'M-.TbMrM~, M. Edouard Boinvilliers,
ancien conseiller d'Etat, va faire paraî-
tre chez l'éditeur CalmannLévy uniivre
politique qui n'est rien moins que favo-
rable au parlementarisme, dont l'auteur
est~un ennemi notoire.
L'ouvrage est intitulé: -Psy~M~H~
de ~J, ~~0, ~70.
Il paraît qu'il s'appelait d'abord tout
crument ~s .Pa~eMteM~ MM~c~es.
Mais, au dernier moment, on recula
devant le trop de franchise de l'épi-
thëte.
M'est avis qu'on a bien fait de la ré-
server. Le parlement de 1882 aurait ré-
clamé si on l'eût décernée à d'autres.
Riche mariage, hier, à l'église russe
de Genève, où Mlle Marianne Kauchine
épousait le baron Guillaume Gerald
d'Hogguer, Hollandais, ancien grand-
maître du palais du prince Alexandre
de Bulgarie. Mlle Kauchine est la fille
du riche industriel Kauchine et de la
spirituelle Mme Kauchine, née Liouba
GourieS.
C'est par erreur qu'il a été dit, ces
jours-ci, que Mme la duchesse de New-
castle, aujourd'hui remariée, avait au-
trefois divorcé.
La duchesse est veuve depuis trois ans,
et c'est comme veuve qu'elle a pu con-
tracter un second mariage.
Il n'est pas exact non plus qu'elle soit
à Paris, ni qu'elle compte y venir cet
hiver.
Petit courrier d'outre-Rhin:.
On vient de découvrir dans l'église du
village d'Ober-Emmel sur la Sarre, dio-
cèse du Trêves, une vieille inscription
latine, portant cette curieuse prédiction:
< Quand saint Marc présentera l'a-
gneau pascal, que saint Antoine fêtera
la Pentecôte et que saint Jean, au jour
de la Fête-Dieu, vénérera le Christ dans
le Sacrement alors le monde sera
plein de gémissements et de sanglots. »
Or, ces indications chronologiques
répondent exactement au calendrier de
-1886. En effet, cette année-là, la Saint-
Marc (25 avrii)coïncidera avec Pâques,
la Saint-Antoine ('13 juin) avec la Pen-
tecôte, et la Saint-Jean (24 juin) avec la
Fête-Dieu.
Du reste, la même prophétie se trouve
dans Nostradamus, qui désigne l'année
1886 comme l'année /~Mes<6 de ce siècle.
Eh bien! vrai, je n'aurais pas cru que
nous dussions encore avoir trois ans de
répit ) 1
Le succès des mandolinistes se conti-
nue aux dîners-concerts du Grand-
Hôtel. Aussi, sur la demande du public,
ces artistes se feront entendre le mardi
et le vendredi au dîner-concert.
NOUVELLES A LA MAiN
Qu'on vienne encore parler de la re-
connaissance des enfants t
Un petit garçon, orphelin de mère,
avait été élevé, jusqu'à dix ans, par une
vieille bonne, qui l'avait soigné, choyé,
dorloté, comme s'il eût été son propre
fils.
Le père je ne sais pour quelle raison
fat un jour obligé de se priver de ses
services. Mais, craignant de causer un
vif chagrin à -l'enfant, il ne savait com-
ment lui annoncer cette nouvelle.
Mon chérf, lui dit il enfin, ta vieille
bonne nous quitte. Elle s'en va!
Elle s'en va ) s'écrie l'excellent pe-
tit cœur; mais pas avant de m'avoir
rendu les dix sous qu'elle me doit 1
Joli mot d'un autre enfant, et plein de
logique.
On servait depuis quelques jours à
Mlle Annette des œufs brouillés. Hier,
pour varier, on lui sert des ceufs au
plat.
Elle regarde avec attention les ronds
formés par le jaune, qui se détachaient
nettement sur le blanc.
Tiens, dit-eMe, aujourd'hui c'est le
jour des œufs débrouillés!
UN DOMtNO
UNE LECTURE
t>U
DUC D'AU MA LE
A- l'A.ca.tt.ciaMe
Belle chambrée au palais Mazarin.
L'Académie française a ses jeudis,
comme Mme Charbonneau. Mais il y a
jeudis et jeudis le bon ordinaire et
l'extra. Hier, c'était un extra et du plus
fin ragoût. M. le duc d'Aumale devait
lire à ses collègues un fragment inédit
de son Histoire t!M Gr~M~ CoM~.
Aussi la liste des habitués, des Mê-
les, de ceux qu'on appelle les piocheurs,
parce qu'ils vont à l'Académie comme
d'autres vont à leur bureau, s'était-elle
grossie des indifférents, des platoniques,
de ceux dont le zèle ne s'éveille que
lorsqu'une prime est offerte à leur di-
lettantisme, à leur sensualité de raf-
Bnés.
Il y avait là nous citons pêle-mêle,
pour ne désobliger personne MM.
Camille Doucet, Alexandre Dumas,
Cherbulliez, Jules Simon, le duc de Bro-
glie, Octave Feuillet, Sully-Prudhomme,
Nisard, Renan, le duc d'AudiSret-Pas-
quier, remis de son indisposition Cu-
villier-Fleury, le comte d'Ha.ussonvil!e,
Ernest Legouvé, John Lemoinne, Emile
Augier, Mézières, Camille Rousset, de
Viel-Castel, Henri Martin, Caro, Gaston
Boissier, Jules Sandeau, Rousse, Xavier
Marmier et le héros du jour, M. le duc
d'Aumale.
Au commencement de la séance,
M. le duc de Broglie a fait hom-
mage à l'Académie de deux études
historiques, récemment parues, sur
Fy~~tc II et M~r~-T/~rJ~e d'~M~-
c/M; et M. Camille Doucet, secrétaire
perpétuel, a donné lecture d'une lettre
de M. Dufaure, par laquelle le fils de
l'illustre homme d'Etat prie la noble
assemblée d'accepter le buste en marbre
de son père, exécuté par le sculpteur
Barnas, buste qui figurait au dernier
Salon.
Puis M. le duc d'Aumale a demandé
la parole et, au milieu de la plus pro-
fonde attention, a commencé sa lecture.
Le prince lit bien, sans lenteur ni hâte,
d'une voix vibrante et bien timbrée,
avec un léger nasillement qui n'est pas
sans charme. A certains endroits, sa
parole avait comme des éclats de clairon
qui, du reste, étaient tout à fait dans le
ton du fragment choisi. Il a raconté,
avec une piété vraiment filiale, les hé-
roïques épisodes de cette grande jour-
née du 19 mai 1613, de cette admirable
bataille de Rocroi, qui mit le prince de
Condé, alors duc d'Enghien, au rang
des premiers capitaines de son époque.
'Je ne sais quel superbe orgueil de race
éclate dans cette page, qui consacre le
plus glorieux souvenir d'une famille
illustre entre toutes les familles fran-
çaises. Le style en est sobre, ra-
pide, dépouillé de tout ornement pa-
rasite, d'une simplicité qui n'exclut ni
l'élévation ni le pittoresque. Le mor-
ceau tout entier est conçu dans une
forme mouvementée, presque dramati-
que, ce qui faisait dire à l'un des audi-
teurs
Hé 1 hé Son Altesse ne dédaigne
pas les coups de théâtre 1
Le fait est que cette lecture a obtenu,
devant ce public de délicats, le même
succès qu'une pièce à sensation devant
le comité de la Comédie-Française. Cela
est si vrai, que les auteurs dramatiques
ont été~es plus chauds àYéliciterle royal
historien. Alexandre Dumas surtout
s'est signalé par son enthousiasme.
Mis en goût par cette primeur, mes-
sieurs les Quarante ont, comme les lec-
teurs d'un feuilleton à eËet, demandé la
suite à jeudi. Le Dictionnaire attendra.
Avant de quitter l'Institut, j'ai voulu
savoir si M. Jules Simon y prendrait
bientôt domicile, comme secrétaire per-
pétuel de l'Académie des sciences mo-
rales et politiques.
La nouvelle de ce déménagement, que
tous nos confrères avaient annoncé,
est un simple canard auquel il convient
de couper les ailes. Le secrétaire perpé-
tuel de l'Académie française a seul le
droit de loger au palais Mazarin, et c'est
par pure tolérance que les secrétaires
perpétuels de l'Académie des beaux-arts
et de l'Académie des inscriptions et
belles-lettres jouissent du même droit.
M. Jules Simon n'aura donc pas à quit-
ter son cinquième étage de la place de
la Madeleine, où l'attachent tant et de
si vieux souvenirs.
Ainsi finissent les légendes t
MUtS LAMBERT
Bloc-Notes Parisien
M. FALGMËRES DEVANT 1/AM BE TRMMPME
Vous avez appris, ces jours-ci, grâce à
l'un de nos éminents collaborateurs, que
l'Arc de triomphe offrait un aspectinaccou-
tumé et proniait sur le ciel un majestueux
groupe équestre.
En effet, passant place de l'Etoile, et le-
vant les yeux en l'air, j'ai vu que la nou-
velle était vraie.
J'ai eu la curiosité d'aller demander à
M. Falguières, l'auteur, artiste d'un grand
talent, ce qu'il pensait de sa propre con-
ception. Je l'ai prié, même, de se faire, en
toute sincérité, le critique de son œuvre.
Et d'abord, m'a-t-il dit, l'idée de ce
couronnement ne vient pas de moi. Ren-
dons à Chalgrin ce qui appartient à Chal-
grin groupe équestre, aigle ou statue, l'ar-
chitecte voulait, à son monument, un faîte
décoratif quelconque. Etes-vous monté
quelquefots sur l'Arc de l'Etoile ?
9, boulevard des Italiens, 9
ANNONCES
MM. CH. IL.AGHtAT\rG!E, CERF & C'*
6,PLACHI)ELAHOUHSR,(i G
a rAdmMM
–Jamais..
–Vous êtes donc Parisien?
–Parisien.
Tout s'explique. Autrement, vous au-
riez vu que la plate-forme de l'attique ac-
cusait une sorte de piédestal très large et
destiné, évidemment, à recevoir quelque
chose.
Vraiment?
C'est aux dimensions de ce piédestal
que je me suis conformé pour exécuter
mon groupe, ou, plutôt, le simulacre da
mon groupe.
Une énorme maquette.
En plâtras, et en lattes cintrées. Il
n'y avait rien de plus curieux que la con-
fection de ce fantoche. Figurez vous un
sculpteur, un boueux, comme disent mes
élèves, aux beaux-arts, modelant un grou-
pe avec des planches contournées, une
sorte d'immense treillis plastique, laissant
voir le ciel par ses zébrures.
Je me promenais, chaque jour, dans mes
chevaux et dans mes statues, comme sous
les voûtes d'une grande ruine indienne;
l'impression était fort étrange et mes che-
vaux étaient tout plein d'azur.
Et la carcasse terminée?
La carcasse terminée, ce fut bien au-
tre chose des bandes de toile, enduites
de plâtre, s'appliquaient, morceau par
morceau, sur l'armature, et la modelaient
peu à-pëu chaque bande avait l'air d'im-
proviser une forme, un contour, un mé-
plat, et les maçons semblaient, ce jour-là,'
de merveilleux artistes. Là-dessus, le badi-
geon d'or obligatoire:
Et, l'œuvre achevée, quelle fut votre
impression?
Je descendis quatre à quatre !'Arc:d~
Triomphe, dégringolai l'avenue et me pla-
çai à cinq cents mètres: le groupe me pa-
rut se développer beaucoup trop en hau-
teur je remédierai à cela. Ah l c'est
qu'aussi j'ai eu toutes les peurs la peur
d'abord que mon groupe ne fût enterré,
absorbé, en quelque sorte, par cette masse
énorme; vous voyez ça d'ici une galette
allégorique La peur aussi qu'il ne fût trop
élégant, trop svelte une flèche de cathé-
drale, tout de suite.
Et, tel qu'il est?
Trop haut à cinq cents mètres, il se
trouve au point vu d'un peu plus loin. Il y
a quelque chose à trouver, et je trouvera!.
Ne vous semble-t-il pas aussi que
le groupe s'étale un peu sur la plate-forme ?
Sans doute, sans doute mais, que
voulez-vous ? j'ai voulu remplir le piédestal
tracé par Chalgrin vous voyez que cette
maquette était nécessaire; je la modifierai
et j'arriverai. J'ai fait là un beau rêve.
Le groupe définitif sera-t-il en bronze
ou en fonte?
En cuivre repoussé.
L'homme qui se faisait son propre criti-
que avec cette bonhomie charmante, vous
le connaissez il est simple, énergique et
her il a l'air d'un soldat, et c'est l'un de
nos plus délicats et de nos plus ardent-;
artistes.
Il vît loin de la grande ville, rue d'Assas,
par delà le Luxembourg. La maison qu'i!
habite ferme une impasse où chaque porte
ouvre sur un atelier, où le grand silence a
quelque chose de religieux il y fait très
froid mais très clair, dans cette solitude
peuplée de statues et les passants, tous
sculpteurs, ont l'air monacal.
Homme de famille et d'étude, être à
part, dans le mouvement actuel, Falguière
réalise assez bien le type du sculpteur.
C'est un délaissé aujourd'hui, car la
place est aux peintres, c'est un illumine,.
peut-être, un rêveur certainement, que tout
faiseur d'hommes en marbre ou en terre.
Mais demain lui appartient, car les peu-
ples civilisés finissent par les statues.
Avant de prendre congé deM. Falguières
je lui demandai ce qu'il exposerait au Salon
prochain.
Vous voyez, dit-il, cette esquisse en
terre glaise: une petite femme,– appelez-
la comme vous voudrez, qui jette son
corps en avant, portée sur un pied. Mais
pourrai-je l'exécuter à temps? Mon projet
de 1 Arc de Triomphe me prend corps et
âme.
TOUT-PAms
LA
SA~ÏiE DE M. CREVT
UN DIAGNOSTIC
A la Bourse, dans les cercles, dans les
journaux, partout et même ailleurs on ,>
se demande, depuis quelques jours
~elleestia maladie ou l'indisposition''
deM.Grévy.
Nous sommes allé demander la ré-
ppnse à un médecin. C'est un de nos
plus illustres docteurs, un de ces gué-
risseurs si mal vus aux pompes fané-
bres parce qu'ils ne font pas marcher
les anaires. La modestie de mon docteur
ne me permet pas de le désigner d'une
façon plus précise.
M. Gré vy n'est pas atteint d'une in-
disposition accidentelle.
Les vertiges qu'il ressent, les éva-
nouissements fréquents dans lesquels
il tombe, sont les symptômes d'une ms-
ladie que les médecins ont baptisée .la
sclérose. »
La sclérose anecte les artères. Ella ré-
s~te de suintements graisseux et de
dépôts calcaires dans les tissus qui com-
posent ~es artères.
Cette aSection accompagne la sénili~
Les artères atteintes de sclérose D'ont
plus leur souplesse élastique. Elles côm~
mencent par durcir, et, au for et à me-
sure que le dépôt calcaire s'augmente
elles se développent dans le sensinterne
et dans le sens externe.
Par le développement dans le sens in3
terne, le diamètre du vaisseau circula- r
toire de l'artère est rétréci. Il en ré-
sulte un obstacle à la bonne circulation
ÛUSâB~.
P~ledéveloppementdansie sensex
terne, 1 artère opère une pression sur
les tissus au milieu desquelles eUe cir-
cule. De cette pression quand l'artère
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