Titre : L'Indépendant des Basses-Pyrénées : paraissant les lundi, mercredi et vendredi ["puis" paraissant tous les jours excepté le dimanche "puis" journal républicain quotidien "puis" le mieux informé des journaux de la région]
Éditeur : [s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1898-07-07
Contributeur : Garet, Émile (1829-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34416250c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 juillet 1898 07 juillet 1898
Description : 1898/07/07 (A31,N226). 1898/07/07 (A31,N226).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau) Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau)
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau) Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5227183t
Source : Bibliothèque patrimoniale de Pau, Ee 3218
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/03/2020
Trenta-Unième Année. — N° 226.
Prix : 5 Centimes.
eudl 7 Juillet 1898.
L’INDEPENDANT
DES BASSES-PYRÉNÉES
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
t**'*0’*
[texte manquant]
AUO.V\KMH\TS t 3 MOIS 6 MOU 1 AI*
Pau, départ, et limitrophes 6 fr. » 10fr. 20 fr.
Autres départements 6 50 12 24
Maires et instituteurs des B.-Pyr.... 8 16
ÉTRANGER PRIX DU DÉPARTEMENT ET PORT EN SUS
RÉDACTION et ADMINISTRATION : fl, rue des Cordeliers, II _ PAU
Réducteur en Chefs Octave Al lSKKT
LA DIRECTION POLITIQUE APPARTIENT AU CONSEIL D'ADMINISTRATION OE LA SOCIÉTÉ OE L’ « INDÉPENDANT »
A M rnnrJJOu ftriVô‘rcon,'crne /cs Abonnements et les Annonces, doit être adressé à Pau
a M. Georges il AU Ht T, administrateur-comptable ; à Paris, aux diverses Agences pour les annonces.
_T-es Conscrits non Insérés ne sont pas rendus.
——■c— ■ -A- — 1 'i-' ■ — ” "
A IV N O X C E N
Annonces judiciaires 20 c. la ligne.
Annonces Ordinaires..... 25 —
Réclames 40 —-
Chronique locale ou faits divers 60 —
A FORFAIT POUR LES ANNONCES DE DURÉE
BOURNB I»K PARIS
(PAR oiricHi)
Cours du (J Juillet
* 0 0 Perpétuel 103 02 l[2
3 0/0 Amortissable 101.50
3 t * 0/0 1891 106 95
«OURS D’ODVIRTUR» du 0 Juillet
Communiqués par le CREDIT LYONNAIS
Agence de Pau, Place Royale.
Crédit Lyonnais 850
Brésilien 4 0 0 1889 00 00
Crédit Foncier 000
Uruguay. 0)00
Unique Ottomane 550
Kusse 3 0|0 1891 00 00
Actions Saragosse 120
italion 5 0/0 92 (W)
Actious nord Espagne 81 00
Extérieure 4 0j0 32 85
Midi (cours du 5 ) j" 1.485 00
Turc série D 22 60
nio Tinto
Portugais 3 0/0 00 00
Tharsis. 171
EXTRAIT DE LA COTE OFFICIELLE
Cours du 5 juillet
flanque de France 3 590
Société Générale 530 00
Orléans 1 89:) 00
Nord 2.200
Ouest 1.225 00
M 1.918 00
Est 1.095 00
Compagnie du Gaz 1.132
Canal de Suez 3 743 01
3 1/200 Russe 1894 102 0)
3 0 0 Anglais consolidé 111.23
4 O'O Autrichien, Or 102 95
4 0 0 Américain, Or 102 00
B 0/0 Argentin 451.00
oo^*S£:*A^N,' juillet — Change sur Paris,
s*, a 80 00, change sur Londres, 46 55.
LISBONNI, 5 juillet — Change sur Paris,
»<* ; change sur Londres, 29 50 ; or, 79 00.
BoaNoa-AtRas, 4 juil. — Prime or 172 00.
R10-DI JANEIRO, 4 juil. — Change sur
Londres. 7 3[8.
dros^n1!*)80’ 4 Cb»ne« sur Lon
TÉLÉGRAMMES
Service spécial de l’INDÉPBNDA \T
DÉPÊCHES DE LA NUIT
Paris, 5 juillet, soir.
, Le sixième Congrès maritime national
s est réuni aujourd’hui, à neuf heures du
soir, dans une des salles de l’hôtel des
chambres syndicales, rue de Landry.
Après vérification des pouvoirs, M. Pinard,
président du conseil d’administration de
aliauce syndicale du commerce et de l’in-
dustrie , a souhaité la bienvenue aux délé-
gués.
M. Durassier, directeur général de la ma-
nne marchande au ministère de la marine
assistait à cette première séance et il a pu
entendre quelques-unes des revendications
des travailleurs du commerce maritime.
Dix-huit Associations syndicales, compre-
nant plus de vingt mille marins inscrits
sont représentées, notamment les Syndicats
de Bordeaux, Marseille, Dunkerque, Nantes
Saint-Nazaire, Le Havre, Saint-Tropez, etc.
Le bureau dans sa séance de la matinée,
était composé de la façon suivante ; Prési-
dent, le capitaine Dupont de Bordeaux ; vi-
ce président, MM. Majurel de Marseille, se-
crétaires, MM. Brunelière, de Nantes, et
Lancry do Dunkerque,
Les travaux du Congrès dureront quatre
ou cinq jours. Ils seront clôturés par une
grande réunion publique à laquelle seront
convoqués les sénateurs et députés des
ports.
Cette après-midi, le Congrès a discuté la
question du relèvement de la marine mar-
chande.
Paris, 5 juillet.
Les propositions, lendant à modifier le
règlement de la Chambre, continuent à
pleuvoir sur le bi: eau de la Chambre. M.
Henry Maret vient d’en rédiger une consis-
tant à partager ta Chambre en dix commis-
sions de cinquante membres au minimum
ou de soixante-dix membres au maximum,
chacune, restant en exercice pendant une
année et correspondant chacune comme at-
tributions à l’un des ministères.
M. Lucien Cornet en présente une autre,
[ demandant que les noms des députés pré-
sents à chaque séance, soient pointés et
publiés au Journal Officiel. On procéde-
rait au pointage aux portes de gauche et de
droite de la salle des séances. Los députés
feraient constater leur présence en entrant.
Seuls les votes des députés reconnus pré-
sents seraient valables.
— Les propositions d’amnistie sont des
plus nombreuses.
Nous mentionnerons notamment celle de
MM. Coulant, Vaillant et de plusieurs de
leurs collègues socialistes réclamant l’am-
nistie pleine et entière pour les faits politi-
ques, faits de grèves et faits connexes et
visant également les faillites simples, c’est-
à-dire reconnues non frauduleuses ; celle
de MM. Drumont, Marchai, Firrnin Faure et
Morinaud, députés antijuifs d’Algérie, de-
mandant l’amnistie pleine et entière pour
tous les condamnés des troubles d’Algérie
survenus depuis le commencement de 1897,
celle de MM. Puech, Gervais, etc., accor-
dant l’amnistie à tous ceux qui ont été con-
damnés depuis trois ans, délai légal do la
réhabilitation ; enfin celle déposée par M.
Charles Housse, pour tous les délits de
presse et tous ceux se rattachant à des
faits de grève, exception des faits prévus
par la loi du 13 décembre 1893 et des délits
do presse se rattachant aux affaires de tra-
hison.
L’affaire Dreyfus.
Paris, 4 juillet, soir
La discussion de ce matin au Conseil des
ministres sur l’affaire Dreyfus a été dit le
Soir, particulièrement vive et l’accord n’a
pu se faire provisoirement entre les minis-
tres que grâce à des concessions et des
promesses mutuelles qui retarderont la dé-
sagrégation gouvernementale, plutôt qu’el-
les ne l’empêcheront.
11 semble même, poursuit le Soir, que
nous reproduisons sous réserves, qu’on
puisse, d’ores et déjà faire un classement
bien net des membres du gouvernement
tel qu’il résulterait de la discussion de ce
matin.
C'est ainsi que, d'une part, MM. Henri
Buisson, Delcassé, Peytral, Léon Bourgeois,
Lockroy, Maruéjouls, Mongeot, Trouillot,
Vallé .se tiennent sur une réserve significa-
tive, tandis que de l'autre, se sont déclarés
nettement contre la révision, MM. Cavai-
gnac, Sarrien et Viger.
Quant à M. Tillaye, c’est un indécis qui,
en bon normand, ne s’est prononcé ni pour
ni contre.
Au sujet des résolutions prises, nous
croyons savoir, dit le Soir, que M. Cavai-
gnac fera des déclarations très nettes et
très énergiques.
M. Cavaignac a insisté ce malin, à plu-
sieurs reprises, pour obtenir de ses collè-
gues l’autorisation de lire une pièce sus-
ceptible de satisfaire les impatients.
Il ne s’agit pas, comme on pourrait le
croire, du rapport Lebrun-Renaud, mais
d’un autre document auquel le ministre de
la guerre attache une importance capitale.
Ajoutons que M. Cavaignac n’a pas en-
core obtenu l’autorisation demandée et que
cette question sera définitivement réglée
au conseil de cabinet qui se tiendra jeudi
matin.
On voit que l’accord parfait ne règne pas
parmi les membres du cabinet Brisson et
que c’est précisément l’afiaire Dreyfus,
grâce à laquelle ils ont obtenu un crédit
provisoire de leur majorité, qui les divise
le plus.
Il est possible de prévoir dès aujourd’hui
que si la résistance de M. Henri Brisson
que soutient la majorité des ministres, per-
sistait, la semaine ne se passerait pas sans
que la dislocation ministérielle, encore à
l’état latent, ne » maaifbsUt publiquement
par un coup d’éclat.
Paris, 5 juillet.
Ou s’est beaucoup entretenu aujourd’hui,
dans les couloirs do l’interpellation sur
l’aff aire Dreyfus qui, comme on le sait, doit
être discutée jeudi, par la Chambre. Ou
s’est demandé quelles déclarations le minis-
tre de la guerre apportera à la tribune;
mais il a été impossible d'obtenir la moin-
dre indication précise sur ce point.
Les uns prétendent que M. Cavaiguac
donnera lecture du rapport Lebrun-Re-
nault et les autres affirment le contraire.
Les radicaux socialistes, nationalistes et
antijuifs paraissent décidés à voter pouo le
cabinet quoi qu’il fasse et quoi qu’il dise.
La requête que Mine Dreyfus vieut d’a-
dresser au garde des sceaux a fait l’objet
de nombreux commentaires. La plupart des
députés déclarent que cette requête 11e peut
avoir nucuue importance puisqu’elle n’est
appuyée prr aucun fait nouveau,
On fait remarquer que le ministre de la
justice est seul juge de la suite à donner à
la demande de Mme Dreyfus et qu’il peut,
soit la considérer comme nulle et non ave-
nue, soit la soumettre à l’examen de la
commission des grâces instituée au minis-
tère de la justice.
Paris, 5 juillet,
C’est défiinitivement le mercredi 20 juil-
let qu’auront lieu devant la neuvième cham-
bre, présidée par M. Richard, les débats du
procès en difiamation introduit par M. Zola
contre M. Judet et le Petit Journal à rai-
son des articles qu’on connaît sur les anté-
cédents du père de M. Zola.
La Hàvre, 5 juillet.
Ce matin, à neuf heures quarante, a eu
lieu le lancement du croiseur portugais
Sao-Rafael, L’opération a parfaitement
réussi. Le sous-préfet et les officiers portu-
gais étaient présents. La marraine était
Mme Rosa de Carvalho Vasconcellos, fem-
me du commandant du nouveau bâtiment.
Le Sao-Rafael est du même type que le
San-tiabriel, lancé le 7 mai ; sa longueur
est de 75 mètres, sa largeur de 10, et sa
force de 2.090 chevaux,
Marseille, 5 juillet.
Une correspondance particulière du Ton-
kin apporte les détails suivants sur l’assas-
sinat de M. Bourgoin, contrôleur des doua-
nes à Ben-Luc :
M. Bourgoin était étendu sur une chaise
longue. Tout à coup un de ses employés
indigènes le saisit par les épaules, tandis
que son cuisinier lui donnait un coup de
hache sur la tête.
Avec l’aide d’un troisième individu, ils
jetèrent le corps dans la rivière.
Deux des complices ont été arrêtés et
ont fait des aveux. Celui qui a donné le
coup de hache est en fuite.
Le corps de M. Bourgoin n’a pu être re-
trouvé.
Paris, 5 juillet, soir.
Le Journal Officiel publie les
décrets nommant MM. Vallé, sous-secré-
taire d’Etat à l’intérieur, et Mougeot, sous-
secrétaire d’Etat aux postes et télégraphes.
Toulon, 5 juillet.
Cette après-midi, à la caserne d’infante-
rie de marine, au Mourillon, le soldat Bois-
seau, à propos d’une discussion futile, a
frappé son camarade Hubert Leerret de
deux coups de couteau au coeur. La mort a
été instantanée. Boisseau, désespéré, a
voulu se suicider après son crime, mais on
l’u arrêté au moment où il allait mettre son
projet à exécution.
Bruxelles, 5 juillet.
Un grave accident s’est produit dimanche
soir, sur le champ de foire d'Enghien. Le
grand carroussel à vapeur marchait à toute
vitesse, quand un craquement se fit enten-
dre : le moulin s’efl’ondrait sur les nom-
breuses personnes qui occupaient les petits
chevaux.
Aussitôt le machiniste renversa la va-
peur et parvint à arrêter enfin le carroussel
qui tournait toujours en arrachant les po-
teaux de soutien.
On organisa les secours.Quinze personnes
étaient blessées, dont dix mortellement.
Tananarive, 5 juillet.
Le général Galliéni s’embarque aujour-
d’hui sur le croiseur « La-Pérouse » pour
se rendre d’abord à Nossi-Bé, où de grands
préparatifs sont faits pour le recevoir. Il
visitera ensuite tous les nouveaux postes de
la côte ouest et sud, et débarquera à Fort-
Dauphin, pour suivre la côte par terre jus-
qu’à Tananarive.
Londres, 5 juillet.
A la Chambre des communes, M. Curzon
dit que le gouverneur général de Madagas-
car a envoyé aux fonctionnaires une circu-
laire leur recommandant de faire tous leurs
efforts pour démontrer aux indigènes la su-
périorité des marchandises françaises sur
les marchandises anglaises, et faire donner
la préférence aux première.
11 poursuit ;
« Mais il n’y a pas, que je sache, de loi ni
de règlement interdisant à l’armée et à la
population de faire des achats aux négo-
ciants anglais.
» Je n’ai pas été informé que les autorités
françaises aient accordé l’exemption du
service militaire et de la corvée pour les
indigènes employés comme portefaix par
les Français.
» Je n’ai pas appris non plus que le nom-
bre des indigènes ait été limité par les au-
torités pour les nouvelles maisons anglai-
ses établies à Madagascar.
» Le gouvernement anglais va charger
l’ambassadeur d’Aigleterre à Paris de
faire au nouveau gouvernement français
des représentations au sujet du commerce
britannique à Madagascar. »
Affaires de Cuba
Paris, 5 juillet, soir.
L’agence nationale publie la dépêche sui-
vante :
Madrid, 5 juillet, 1 h. 30, soir.
Le général Augusli, gouverneur général
des Philipines, a télégrapié ce matin au
ministre de la guerre la dépêche suivante :
« La situation à Manille n’a pas changé.
Ma famille a pu s’échapper à l’aide d’une
chaloupe du village de Macabele où elle
était prisonnière des insurgés. Par un ha-
sard providentiel, après avoir erré toute la
nuit au milieu des vaisseaux américains,
elle a pu enfin aborder ici.
« J’apprends à l’instant que la colonne du
général Morel a été attaquée et est assiégée
par les insurgés dans Macabele. »
New-York, 5 juillet, soir.
D’après un rapport du général S iafter,
les Américains ont perdu dans les combats
autour de Santiago 150 tués et 850 biessés.
Il y a près de 3,500 prisonniers espa-
gnols. Ceux-ci estiment les perles des Es-
pagnols à sept mille tués et blessés.
New-York, 5 juillet, soir.
Le général Miles, commandant en chef
de t’armée américaine,partira demain avec
douze mille hommes de troupes pour San-
tiago. Après la prise de cette ville, les trou-
pes seront dirigées sur Porto-Rico.
L’escadre volante composée de dix vais-
seaux sous les ordres du commodore Wat-
son partira pour l’Espagne dans ie courant
da la semaine prochaine.
Dars les cercles gouvernementaux, à
Washington, on croit que l’Espagne ne de-
mandera pas encore la paix.
Madrid, 5 juillet, soir.
M. Sagasta a confirmé officiellement que
l’escadre Cervera a été battue, 1 ’Oquendo
incendié, VInfanta-Theresa coulé et l’ami-
ral Cervera prisonnier. La dépêche n’est
pas encore déchiffrée. Ces nouvelles ont été
confirmées par des télégrammes de quelques
naufragés à leur famille.
■Washington, 5 juillet, scir.
Le secrétaire de la marine, M. Long, a
reçu une dépêche annonçant l’entrée de
l’escadre américaine dans la baie deSan.ia-
go. Cette dépêche n’est pas confirmée.
Paris, 5 juillet, soir.
L’Agence Nationale publie les dépêches
suivantes :
New-York, 5 juillot, soir.
Le général Escario, à la tête d’une armée
de 6,090 hommes, est arrivé hier matin, à
quelques milles de Santiago. Dans le cou-
rant de la journée il a établi communication
avec le général Torral, qui a remplacé le
général Linarès à ia tète des troupes de
Santiago.
Le géné al Pando est encore à 30 milles
de Santiago. Sa colonne est encore plus
forte que celle du général Ejcario à laquelle
s’est réunie celle du général Pareja.
La marche en avant de ces troupes a
obligé Garcia à se replier sur le général
Lawton. Tout indique une résistance déses-
pérée de la part do la garnison de Santiago.
Washington, 5 juillet, s.
Le général Shafter confirme que lo géné-
ral Pando, avec 6,C90 hommes, est entré à
Santiago. Ces troupes ont déjà été distri-
buées dans les fortifications.
M. Mac-Kinley a télégraphié au général
Shafter et à l’amiral Sampson de conférer
sur la possibilité pour la flotte d'entrer
dans le port pour bombarder Santiago.
Rome, 5 juillet, s.
Le fait que le cardinal Hampolla a eu
plusieurs entrevues avec M. Merrv-del-Val,
ambassadeur d'Espagne, l’ait supposer à
Yltalie que l’Espagne pourrait s’adresser
de nouveau au Pape, afin qu’il intervienne
pour la conclusion de ta paix hispano-amé-
ricaine.
Ismaïlia, 5 juillet.
Dix navires et 3,264 hommes d'équipage
et soldats de l’amiral Camara passent à Is-
maïlia.
Les trois lorqilleurs ne passent pas le ca-
nal. Ou dit qu’ils retournent en Espagne 2
cause de la moussou de l’Océan Indien.
FEUILLETON DE L'INDÉPENDANT 12
CHARLES DE YIT1S
——•
LE ROMAN DE L’OUVRIÈRE !
PREMIÈRE PARTIE
LA DENTELLIÈRE
Germaine écoutait de toutes ses oreilles, ne
sachant où l’abbé allait en venir. Celui-ci sur-
prit son regard interrogateur :
— Vous aliez me comprendre, dit-il. Autre-
fois, avant la Révolution, les ouvriers étaient
groupés en corporations. Dan* ces corporations,
souvent enrichies par des dons charitables,
quelquefois même par des legs d’anciens ou
▼riers parvenus A ia fortune, le travailleur était
protégé depuis son entrée en apprentissage
jusqu’au jour des infirmités et de la vieillesse,
bans doute, comme toutes les choses humaines,
ccs institutions n’étaient point parfaites ; elles
péchaient par l’étroitesse des vues et l’absolu-
t!sme des idées ; cependant elles offraient, des
avantages qui n’ont’point été retrouvés dans la
liberté du travail au nom de laquelle on les a
détruites.
Plusieurs grandes dames, grandes surtout
par leur zèle et leur charité, vivement émues
dos difficultés que la vie réserve à leurs soeurs
pauvres, ont rêvé Je leur rendre en quelque
sorte les bienfaits des antiques corporations.
Quelques oeuvres analogues se sont déjà pro-
duites, mais toutes restreintes à un certain
métier, aux enfants de telle ou telle province,
à la maternité, à la vieillesse, tandis que nous
avons 1 ambition de centraliser, dans notre
syndicat général des ouvrières parisiennes de
1 aiguille, tous les âges, tous les besoins, tou-
tes les possibilités d’accidents de la vie ou-
vrière.
A «uoi bon vous détailler aujourd'hui l’en-
semble do nos desiderata ? Qu’il vous suffiso
de savoir que les charitables fondatrices de
cette belle oeuvre, ne voulant rien donner au
hasard, ni s’exposer à un echec ou se préparer
un regret, m’ont chargé d’étudier la question
sur place.
C’est pourquoi sur leur demande, on a bien
voulu me placer à Montmartre, dans cette
paroisse essentiellement ouvrière ou je suis
actuellement vicaire et c’est ici, Germaine,
que votre concours pourrait me devenir bien
précieux.
— Ne doutez pas, monsieur l’aumônier, que
je ne sois toute prête à vous le donner. Cepen-
dant que puis-je f
— Vous allez le savoir, mon enfant. Mais
avant tout, consenti l iez-vous à quitter ces ré-
gions tranquilles d’Auteuil pour habiter un
quartier populaire 1 Voudriez-vous vous mêler
avec prudence d’abord et plus tard de tout
coeur a la plèbe ouvrière qui y pullule, étudier
ses besoins, ses aspirations, ses vices môme et
nous donner à ce sujet toute la vérité que nous
avons besoin do connaître pour faire le bien T
— Oh ! mon père, dit Germaine, fort émuo,
quel travail d’investigations et de recherches
pouve/.-vous me demander que vous ne soyez
mille fois mieux que moi à même de fournir?
— Vous avez toujours vécu dans une sphère
aristocratique, mon enfant, et vous ignorez, les
difficultés de notre attitude en face du peuple.
Près de la masse, nous avons été tellement ca-
lomniés, vilipendés, que nous ne pouvons cher-
cher à nous en rapprocher sans exciter ses
soupçons et mettre sa défiance en garde, tandis
qu’à vous, Germaine, à votre douce bonté, à
votre belle jeunesse, toutes les portes, tous les
coeurs serait ouverts
— Oh ! monsieur l’aumôaicr, dit Germaine
V
consternée, est-il possible que Vous soyez ainsi
méconnus !
— Je ne vous dis là qu’une partie de nos dé-
boires, de notre impuissance: c’en est assez ce-
pendantpourvousfaire comprendre combien un
intermédiaire intelligent et de bonne volonté
nous serait indispensable auprès de ces pau-
vres ouvriers qui nous refusent leur confiance
et vous l’accorderaient sans doute.
Germaine sourit. Cette mission un peu ex-
traordinaire plaisait à sa vaillante nature.
— Üh ! mon père dit la jeune fille avec effroi,
que puis-je contre tout un peuplo !
— Ce n’est pas contre tout un peuple que je
vous envoie, mon enfant ; ma pensée, en ce
moment, s’arrête à une maison dont pas un
locataire ne connaît le chemin de l’église, où
aucun enfant n’a été baptisé, un véritable asile
de païens, sauf la bonne concierge, une ancien-
ne servante de ma mère, qui va encore quel-
quefois à la messe en cachette. C’est là que je
voudrais vous loger. Je vous envoie comme un
agneau au milieu des loups. Auprès de ces
gens plutôt grossiers qu’immoraux, votre vertu
ne courrait aucun risque.
Qu’en dites-vous Germaine?
— Je suis prête, mon père, dit résolument la
jeune fille. Disposez de moi.
A ces mots de renoncement et d’acceptation
qui retranchaient la jeune fille du monde où
elic avait été élevée, où elle avait vécu vingt
et un ans, pour la mêler aux couches inférieu-
res de la société, l’abbé eut un mouvement
d’hésitation. L’apôtre s’effaça un instant pour
faire plaee à l’ami ; il se trouva cruel.
— Pauvre petite ! dit-il ; ne vous engagez
pas sans réfléchir encore. Ce que je vous de-
mande sera peut-être bien dur pour vous.
Songez qu'il vous faudra renoncer à toute
société de votre rang, habiter un quartier ou
les maisons sont noires, les rues étroites, la
misère étalée au grand jour, où vous n aurez
aucune relation possible...
— Mais ou je serai perdue, oubliée, où je 11e
courais jamais risque d ètre rencontrée, recon-
nue repartit vivement Germaine. Celte consi-
dération me ferait accepter les désagréments
que vous me signalez, si l’honneur dotre
votre collaboratrice et la joie de vivre prés de
vous, de vous voir souvent, ne me décidaient
complètement.
— Ne vous faites pas illusion à ce sujet,
mon enfant ; vous ne me verrez jamais chez
vous et vous ne viendrez jamais chez moi ;
à moins de circonstances exceptionnelles ; —
le succès de notre oeuvre l’exige ainsi.
Germaine ne répondit pas.
— Dois-je vous laisser encore quelques jours
de réflexion ? demanda l’abbé.
(A suivre.)
Prix : 5 Centimes.
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Orléans 1 89:) 00
Nord 2.200
Ouest 1.225 00
M 1.918 00
Est 1.095 00
Compagnie du Gaz 1.132
Canal de Suez 3 743 01
3 1/200 Russe 1894 102 0)
3 0 0 Anglais consolidé 111.23
4 O'O Autrichien, Or 102 95
4 0 0 Américain, Or 102 00
B 0/0 Argentin 451.00
oo^*S£:*A^N,' juillet — Change sur Paris,
s*, a 80 00, change sur Londres, 46 55.
LISBONNI, 5 juillet — Change sur Paris,
»<* ; change sur Londres, 29 50 ; or, 79 00.
BoaNoa-AtRas, 4 juil. — Prime or 172 00.
R10-DI JANEIRO, 4 juil. — Change sur
Londres. 7 3[8.
dros^n1!*)80’ 4 Cb»ne« sur Lon
TÉLÉGRAMMES
Service spécial de l’INDÉPBNDA \T
DÉPÊCHES DE LA NUIT
Paris, 5 juillet, soir.
, Le sixième Congrès maritime national
s est réuni aujourd’hui, à neuf heures du
soir, dans une des salles de l’hôtel des
chambres syndicales, rue de Landry.
Après vérification des pouvoirs, M. Pinard,
président du conseil d’administration de
aliauce syndicale du commerce et de l’in-
dustrie , a souhaité la bienvenue aux délé-
gués.
M. Durassier, directeur général de la ma-
nne marchande au ministère de la marine
assistait à cette première séance et il a pu
entendre quelques-unes des revendications
des travailleurs du commerce maritime.
Dix-huit Associations syndicales, compre-
nant plus de vingt mille marins inscrits
sont représentées, notamment les Syndicats
de Bordeaux, Marseille, Dunkerque, Nantes
Saint-Nazaire, Le Havre, Saint-Tropez, etc.
Le bureau dans sa séance de la matinée,
était composé de la façon suivante ; Prési-
dent, le capitaine Dupont de Bordeaux ; vi-
ce président, MM. Majurel de Marseille, se-
crétaires, MM. Brunelière, de Nantes, et
Lancry do Dunkerque,
Les travaux du Congrès dureront quatre
ou cinq jours. Ils seront clôturés par une
grande réunion publique à laquelle seront
convoqués les sénateurs et députés des
ports.
Cette après-midi, le Congrès a discuté la
question du relèvement de la marine mar-
chande.
Paris, 5 juillet.
Les propositions, lendant à modifier le
règlement de la Chambre, continuent à
pleuvoir sur le bi: eau de la Chambre. M.
Henry Maret vient d’en rédiger une consis-
tant à partager ta Chambre en dix commis-
sions de cinquante membres au minimum
ou de soixante-dix membres au maximum,
chacune, restant en exercice pendant une
année et correspondant chacune comme at-
tributions à l’un des ministères.
M. Lucien Cornet en présente une autre,
[ demandant que les noms des députés pré-
sents à chaque séance, soient pointés et
publiés au Journal Officiel. On procéde-
rait au pointage aux portes de gauche et de
droite de la salle des séances. Los députés
feraient constater leur présence en entrant.
Seuls les votes des députés reconnus pré-
sents seraient valables.
— Les propositions d’amnistie sont des
plus nombreuses.
Nous mentionnerons notamment celle de
MM. Coulant, Vaillant et de plusieurs de
leurs collègues socialistes réclamant l’am-
nistie pleine et entière pour les faits politi-
ques, faits de grèves et faits connexes et
visant également les faillites simples, c’est-
à-dire reconnues non frauduleuses ; celle
de MM. Drumont, Marchai, Firrnin Faure et
Morinaud, députés antijuifs d’Algérie, de-
mandant l’amnistie pleine et entière pour
tous les condamnés des troubles d’Algérie
survenus depuis le commencement de 1897,
celle de MM. Puech, Gervais, etc., accor-
dant l’amnistie à tous ceux qui ont été con-
damnés depuis trois ans, délai légal do la
réhabilitation ; enfin celle déposée par M.
Charles Housse, pour tous les délits de
presse et tous ceux se rattachant à des
faits de grève, exception des faits prévus
par la loi du 13 décembre 1893 et des délits
do presse se rattachant aux affaires de tra-
hison.
L’affaire Dreyfus.
Paris, 4 juillet, soir
La discussion de ce matin au Conseil des
ministres sur l’affaire Dreyfus a été dit le
Soir, particulièrement vive et l’accord n’a
pu se faire provisoirement entre les minis-
tres que grâce à des concessions et des
promesses mutuelles qui retarderont la dé-
sagrégation gouvernementale, plutôt qu’el-
les ne l’empêcheront.
11 semble même, poursuit le Soir, que
nous reproduisons sous réserves, qu’on
puisse, d’ores et déjà faire un classement
bien net des membres du gouvernement
tel qu’il résulterait de la discussion de ce
matin.
C'est ainsi que, d'une part, MM. Henri
Buisson, Delcassé, Peytral, Léon Bourgeois,
Lockroy, Maruéjouls, Mongeot, Trouillot,
Vallé .se tiennent sur une réserve significa-
tive, tandis que de l'autre, se sont déclarés
nettement contre la révision, MM. Cavai-
gnac, Sarrien et Viger.
Quant à M. Tillaye, c’est un indécis qui,
en bon normand, ne s’est prononcé ni pour
ni contre.
Au sujet des résolutions prises, nous
croyons savoir, dit le Soir, que M. Cavai-
gnac fera des déclarations très nettes et
très énergiques.
M. Cavaignac a insisté ce malin, à plu-
sieurs reprises, pour obtenir de ses collè-
gues l’autorisation de lire une pièce sus-
ceptible de satisfaire les impatients.
Il ne s’agit pas, comme on pourrait le
croire, du rapport Lebrun-Renaud, mais
d’un autre document auquel le ministre de
la guerre attache une importance capitale.
Ajoutons que M. Cavaignac n’a pas en-
core obtenu l’autorisation demandée et que
cette question sera définitivement réglée
au conseil de cabinet qui se tiendra jeudi
matin.
On voit que l’accord parfait ne règne pas
parmi les membres du cabinet Brisson et
que c’est précisément l’afiaire Dreyfus,
grâce à laquelle ils ont obtenu un crédit
provisoire de leur majorité, qui les divise
le plus.
Il est possible de prévoir dès aujourd’hui
que si la résistance de M. Henri Brisson
que soutient la majorité des ministres, per-
sistait, la semaine ne se passerait pas sans
que la dislocation ministérielle, encore à
l’état latent, ne » maaifbsUt publiquement
par un coup d’éclat.
Paris, 5 juillet.
Ou s’est beaucoup entretenu aujourd’hui,
dans les couloirs do l’interpellation sur
l’aff aire Dreyfus qui, comme on le sait, doit
être discutée jeudi, par la Chambre. Ou
s’est demandé quelles déclarations le minis-
tre de la guerre apportera à la tribune;
mais il a été impossible d'obtenir la moin-
dre indication précise sur ce point.
Les uns prétendent que M. Cavaiguac
donnera lecture du rapport Lebrun-Re-
nault et les autres affirment le contraire.
Les radicaux socialistes, nationalistes et
antijuifs paraissent décidés à voter pouo le
cabinet quoi qu’il fasse et quoi qu’il dise.
La requête que Mine Dreyfus vieut d’a-
dresser au garde des sceaux a fait l’objet
de nombreux commentaires. La plupart des
députés déclarent que cette requête 11e peut
avoir nucuue importance puisqu’elle n’est
appuyée prr aucun fait nouveau,
On fait remarquer que le ministre de la
justice est seul juge de la suite à donner à
la demande de Mme Dreyfus et qu’il peut,
soit la considérer comme nulle et non ave-
nue, soit la soumettre à l’examen de la
commission des grâces instituée au minis-
tère de la justice.
Paris, 5 juillet,
C’est défiinitivement le mercredi 20 juil-
let qu’auront lieu devant la neuvième cham-
bre, présidée par M. Richard, les débats du
procès en difiamation introduit par M. Zola
contre M. Judet et le Petit Journal à rai-
son des articles qu’on connaît sur les anté-
cédents du père de M. Zola.
La Hàvre, 5 juillet.
Ce matin, à neuf heures quarante, a eu
lieu le lancement du croiseur portugais
Sao-Rafael, L’opération a parfaitement
réussi. Le sous-préfet et les officiers portu-
gais étaient présents. La marraine était
Mme Rosa de Carvalho Vasconcellos, fem-
me du commandant du nouveau bâtiment.
Le Sao-Rafael est du même type que le
San-tiabriel, lancé le 7 mai ; sa longueur
est de 75 mètres, sa largeur de 10, et sa
force de 2.090 chevaux,
Marseille, 5 juillet.
Une correspondance particulière du Ton-
kin apporte les détails suivants sur l’assas-
sinat de M. Bourgoin, contrôleur des doua-
nes à Ben-Luc :
M. Bourgoin était étendu sur une chaise
longue. Tout à coup un de ses employés
indigènes le saisit par les épaules, tandis
que son cuisinier lui donnait un coup de
hache sur la tête.
Avec l’aide d’un troisième individu, ils
jetèrent le corps dans la rivière.
Deux des complices ont été arrêtés et
ont fait des aveux. Celui qui a donné le
coup de hache est en fuite.
Le corps de M. Bourgoin n’a pu être re-
trouvé.
Paris, 5 juillet, soir.
Le Journal Officiel publie les
décrets nommant MM. Vallé, sous-secré-
taire d’Etat à l’intérieur, et Mougeot, sous-
secrétaire d’Etat aux postes et télégraphes.
Toulon, 5 juillet.
Cette après-midi, à la caserne d’infante-
rie de marine, au Mourillon, le soldat Bois-
seau, à propos d’une discussion futile, a
frappé son camarade Hubert Leerret de
deux coups de couteau au coeur. La mort a
été instantanée. Boisseau, désespéré, a
voulu se suicider après son crime, mais on
l’u arrêté au moment où il allait mettre son
projet à exécution.
Bruxelles, 5 juillet.
Un grave accident s’est produit dimanche
soir, sur le champ de foire d'Enghien. Le
grand carroussel à vapeur marchait à toute
vitesse, quand un craquement se fit enten-
dre : le moulin s’efl’ondrait sur les nom-
breuses personnes qui occupaient les petits
chevaux.
Aussitôt le machiniste renversa la va-
peur et parvint à arrêter enfin le carroussel
qui tournait toujours en arrachant les po-
teaux de soutien.
On organisa les secours.Quinze personnes
étaient blessées, dont dix mortellement.
Tananarive, 5 juillet.
Le général Galliéni s’embarque aujour-
d’hui sur le croiseur « La-Pérouse » pour
se rendre d’abord à Nossi-Bé, où de grands
préparatifs sont faits pour le recevoir. Il
visitera ensuite tous les nouveaux postes de
la côte ouest et sud, et débarquera à Fort-
Dauphin, pour suivre la côte par terre jus-
qu’à Tananarive.
Londres, 5 juillet.
A la Chambre des communes, M. Curzon
dit que le gouverneur général de Madagas-
car a envoyé aux fonctionnaires une circu-
laire leur recommandant de faire tous leurs
efforts pour démontrer aux indigènes la su-
périorité des marchandises françaises sur
les marchandises anglaises, et faire donner
la préférence aux première.
11 poursuit ;
« Mais il n’y a pas, que je sache, de loi ni
de règlement interdisant à l’armée et à la
population de faire des achats aux négo-
ciants anglais.
» Je n’ai pas été informé que les autorités
françaises aient accordé l’exemption du
service militaire et de la corvée pour les
indigènes employés comme portefaix par
les Français.
» Je n’ai pas appris non plus que le nom-
bre des indigènes ait été limité par les au-
torités pour les nouvelles maisons anglai-
ses établies à Madagascar.
» Le gouvernement anglais va charger
l’ambassadeur d’Aigleterre à Paris de
faire au nouveau gouvernement français
des représentations au sujet du commerce
britannique à Madagascar. »
Affaires de Cuba
Paris, 5 juillet, soir.
L’agence nationale publie la dépêche sui-
vante :
Madrid, 5 juillet, 1 h. 30, soir.
Le général Augusli, gouverneur général
des Philipines, a télégrapié ce matin au
ministre de la guerre la dépêche suivante :
« La situation à Manille n’a pas changé.
Ma famille a pu s’échapper à l’aide d’une
chaloupe du village de Macabele où elle
était prisonnière des insurgés. Par un ha-
sard providentiel, après avoir erré toute la
nuit au milieu des vaisseaux américains,
elle a pu enfin aborder ici.
« J’apprends à l’instant que la colonne du
général Morel a été attaquée et est assiégée
par les insurgés dans Macabele. »
New-York, 5 juillet, soir.
D’après un rapport du général S iafter,
les Américains ont perdu dans les combats
autour de Santiago 150 tués et 850 biessés.
Il y a près de 3,500 prisonniers espa-
gnols. Ceux-ci estiment les perles des Es-
pagnols à sept mille tués et blessés.
New-York, 5 juillet, soir.
Le général Miles, commandant en chef
de t’armée américaine,partira demain avec
douze mille hommes de troupes pour San-
tiago. Après la prise de cette ville, les trou-
pes seront dirigées sur Porto-Rico.
L’escadre volante composée de dix vais-
seaux sous les ordres du commodore Wat-
son partira pour l’Espagne dans ie courant
da la semaine prochaine.
Dars les cercles gouvernementaux, à
Washington, on croit que l’Espagne ne de-
mandera pas encore la paix.
Madrid, 5 juillet, soir.
M. Sagasta a confirmé officiellement que
l’escadre Cervera a été battue, 1 ’Oquendo
incendié, VInfanta-Theresa coulé et l’ami-
ral Cervera prisonnier. La dépêche n’est
pas encore déchiffrée. Ces nouvelles ont été
confirmées par des télégrammes de quelques
naufragés à leur famille.
■Washington, 5 juillet, scir.
Le secrétaire de la marine, M. Long, a
reçu une dépêche annonçant l’entrée de
l’escadre américaine dans la baie deSan.ia-
go. Cette dépêche n’est pas confirmée.
Paris, 5 juillet, soir.
L’Agence Nationale publie les dépêches
suivantes :
New-York, 5 juillot, soir.
Le général Escario, à la tête d’une armée
de 6,090 hommes, est arrivé hier matin, à
quelques milles de Santiago. Dans le cou-
rant de la journée il a établi communication
avec le général Torral, qui a remplacé le
général Linarès à ia tète des troupes de
Santiago.
Le géné al Pando est encore à 30 milles
de Santiago. Sa colonne est encore plus
forte que celle du général Ejcario à laquelle
s’est réunie celle du général Pareja.
La marche en avant de ces troupes a
obligé Garcia à se replier sur le général
Lawton. Tout indique une résistance déses-
pérée de la part do la garnison de Santiago.
Washington, 5 juillet, s.
Le général Shafter confirme que lo géné-
ral Pando, avec 6,C90 hommes, est entré à
Santiago. Ces troupes ont déjà été distri-
buées dans les fortifications.
M. Mac-Kinley a télégraphié au général
Shafter et à l’amiral Sampson de conférer
sur la possibilité pour la flotte d'entrer
dans le port pour bombarder Santiago.
Rome, 5 juillet, s.
Le fait que le cardinal Hampolla a eu
plusieurs entrevues avec M. Merrv-del-Val,
ambassadeur d'Espagne, l’ait supposer à
Yltalie que l’Espagne pourrait s’adresser
de nouveau au Pape, afin qu’il intervienne
pour la conclusion de ta paix hispano-amé-
ricaine.
Ismaïlia, 5 juillet.
Dix navires et 3,264 hommes d'équipage
et soldats de l’amiral Camara passent à Is-
maïlia.
Les trois lorqilleurs ne passent pas le ca-
nal. Ou dit qu’ils retournent en Espagne 2
cause de la moussou de l’Océan Indien.
FEUILLETON DE L'INDÉPENDANT 12
CHARLES DE YIT1S
——•
LE ROMAN DE L’OUVRIÈRE !
PREMIÈRE PARTIE
LA DENTELLIÈRE
Germaine écoutait de toutes ses oreilles, ne
sachant où l’abbé allait en venir. Celui-ci sur-
prit son regard interrogateur :
— Vous aliez me comprendre, dit-il. Autre-
fois, avant la Révolution, les ouvriers étaient
groupés en corporations. Dan* ces corporations,
souvent enrichies par des dons charitables,
quelquefois même par des legs d’anciens ou
▼riers parvenus A ia fortune, le travailleur était
protégé depuis son entrée en apprentissage
jusqu’au jour des infirmités et de la vieillesse,
bans doute, comme toutes les choses humaines,
ccs institutions n’étaient point parfaites ; elles
péchaient par l’étroitesse des vues et l’absolu-
t!sme des idées ; cependant elles offraient, des
avantages qui n’ont’point été retrouvés dans la
liberté du travail au nom de laquelle on les a
détruites.
Plusieurs grandes dames, grandes surtout
par leur zèle et leur charité, vivement émues
dos difficultés que la vie réserve à leurs soeurs
pauvres, ont rêvé Je leur rendre en quelque
sorte les bienfaits des antiques corporations.
Quelques oeuvres analogues se sont déjà pro-
duites, mais toutes restreintes à un certain
métier, aux enfants de telle ou telle province,
à la maternité, à la vieillesse, tandis que nous
avons 1 ambition de centraliser, dans notre
syndicat général des ouvrières parisiennes de
1 aiguille, tous les âges, tous les besoins, tou-
tes les possibilités d’accidents de la vie ou-
vrière.
A «uoi bon vous détailler aujourd'hui l’en-
semble do nos desiderata ? Qu’il vous suffiso
de savoir que les charitables fondatrices de
cette belle oeuvre, ne voulant rien donner au
hasard, ni s’exposer à un echec ou se préparer
un regret, m’ont chargé d’étudier la question
sur place.
C’est pourquoi sur leur demande, on a bien
voulu me placer à Montmartre, dans cette
paroisse essentiellement ouvrière ou je suis
actuellement vicaire et c’est ici, Germaine,
que votre concours pourrait me devenir bien
précieux.
— Ne doutez pas, monsieur l’aumônier, que
je ne sois toute prête à vous le donner. Cepen-
dant que puis-je f
— Vous allez le savoir, mon enfant. Mais
avant tout, consenti l iez-vous à quitter ces ré-
gions tranquilles d’Auteuil pour habiter un
quartier populaire 1 Voudriez-vous vous mêler
avec prudence d’abord et plus tard de tout
coeur a la plèbe ouvrière qui y pullule, étudier
ses besoins, ses aspirations, ses vices môme et
nous donner à ce sujet toute la vérité que nous
avons besoin do connaître pour faire le bien T
— Oh ! mon père, dit Germaine, fort émuo,
quel travail d’investigations et de recherches
pouve/.-vous me demander que vous ne soyez
mille fois mieux que moi à même de fournir?
— Vous avez toujours vécu dans une sphère
aristocratique, mon enfant, et vous ignorez, les
difficultés de notre attitude en face du peuple.
Près de la masse, nous avons été tellement ca-
lomniés, vilipendés, que nous ne pouvons cher-
cher à nous en rapprocher sans exciter ses
soupçons et mettre sa défiance en garde, tandis
qu’à vous, Germaine, à votre douce bonté, à
votre belle jeunesse, toutes les portes, tous les
coeurs serait ouverts
— Oh ! monsieur l’aumôaicr, dit Germaine
V
consternée, est-il possible que Vous soyez ainsi
méconnus !
— Je ne vous dis là qu’une partie de nos dé-
boires, de notre impuissance: c’en est assez ce-
pendantpourvousfaire comprendre combien un
intermédiaire intelligent et de bonne volonté
nous serait indispensable auprès de ces pau-
vres ouvriers qui nous refusent leur confiance
et vous l’accorderaient sans doute.
Germaine sourit. Cette mission un peu ex-
traordinaire plaisait à sa vaillante nature.
— Üh ! mon père dit la jeune fille avec effroi,
que puis-je contre tout un peuplo !
— Ce n’est pas contre tout un peuple que je
vous envoie, mon enfant ; ma pensée, en ce
moment, s’arrête à une maison dont pas un
locataire ne connaît le chemin de l’église, où
aucun enfant n’a été baptisé, un véritable asile
de païens, sauf la bonne concierge, une ancien-
ne servante de ma mère, qui va encore quel-
quefois à la messe en cachette. C’est là que je
voudrais vous loger. Je vous envoie comme un
agneau au milieu des loups. Auprès de ces
gens plutôt grossiers qu’immoraux, votre vertu
ne courrait aucun risque.
Qu’en dites-vous Germaine?
— Je suis prête, mon père, dit résolument la
jeune fille. Disposez de moi.
A ces mots de renoncement et d’acceptation
qui retranchaient la jeune fille du monde où
elic avait été élevée, où elle avait vécu vingt
et un ans, pour la mêler aux couches inférieu-
res de la société, l’abbé eut un mouvement
d’hésitation. L’apôtre s’effaça un instant pour
faire plaee à l’ami ; il se trouva cruel.
— Pauvre petite ! dit-il ; ne vous engagez
pas sans réfléchir encore. Ce que je vous de-
mande sera peut-être bien dur pour vous.
Songez qu'il vous faudra renoncer à toute
société de votre rang, habiter un quartier ou
les maisons sont noires, les rues étroites, la
misère étalée au grand jour, où vous n aurez
aucune relation possible...
— Mais ou je serai perdue, oubliée, où je 11e
courais jamais risque d ètre rencontrée, recon-
nue repartit vivement Germaine. Celte consi-
dération me ferait accepter les désagréments
que vous me signalez, si l’honneur dotre
votre collaboratrice et la joie de vivre prés de
vous, de vous voir souvent, ne me décidaient
complètement.
— Ne vous faites pas illusion à ce sujet,
mon enfant ; vous ne me verrez jamais chez
vous et vous ne viendrez jamais chez moi ;
à moins de circonstances exceptionnelles ; —
le succès de notre oeuvre l’exige ainsi.
Germaine ne répondit pas.
— Dois-je vous laisser encore quelques jours
de réflexion ? demanda l’abbé.
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