Titre : L'Indépendant des Basses-Pyrénées : paraissant les lundi, mercredi et vendredi ["puis" paraissant tous les jours excepté le dimanche "puis" journal républicain quotidien "puis" le mieux informé des journaux de la région]
Éditeur : [s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1898-01-11
Contributeur : Garet, Émile (1829-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34416250c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 janvier 1898 11 janvier 1898
Description : 1898/01/11 (A31,N73). 1898/01/11 (A31,N73).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau) Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau)
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau) Collection numérique : Bibliothèque Pireneas (Pau)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5227162n
Source : Bibliothèque patrimoniale de Pau, Ee 3218
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/03/2020
Tranta-Unlénie Année. — N<> 74fc
Prij : 5 Centlmqju
Mardi 11 Janvier 1898.
— .— 8g——^ 1 1 «armer 1898
L'INDEPENDANT
DES BASSES-PYRÉNÉES
Paraissant tous les Jours excepté le Dimanche
[texte manquant]
A*
>V
ABO.VXEMEX-ra. 8 MOIS 6 NOM 1 AN
Pau, départ, et limitrophes 6 fr. » 10 fr. 20 fr.
Autres départements 6 50 12 24
Maires et instituteurs des B.-Pyr.... 8 16
__ ÉTRANGER rnix nu DÉPARTEMENT ET PORT EN SUS
RÉDACTION et ADMINISTRATION : Il 1, rue de^Cordeljers, U _ PAD ““
Rédacteur en Chef t Octave AUBUKT
LA DIRECT10II POLITIQUE APPARTIENT AU CONSEIL D'ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ DE « L’INDÉPENDANT a
*M annoncca
Le» Manmcrlt» non li,Ar*» ne .ont pa. rendu». annonces.
..ANNONCES
Annonces judiciaires 20 c. la ligne.
Annonces Ordinaires « 6
Réclames . ’ * *’ 4 .
Chronique locale ou faits divers 60
A FORFAIT POUR LES ANNONCES DE DURÉE
BOURSE DE; PARIS
(PAR DBPBCHB)
Cours du 10 Janvier
3 0/0 Perpétuel 102.90
3 0/0 Amortissable 101.80
3 1/2 0/0 1894 107.15
EXTRAIT DE LA COTE OFFICIELLE
Cdürs du 8 Janvier.
Banque de France 3.500
Crédit Foncier 668
Crédit Lyonnais j 823
Société Générale 537
Océans 1.842 50
Nord 2.065
1.446
2“®*^ 1215
1.839
Est 1.085
Compagnie du Gaz 1'137
Canal de Suez 3.305
3 1/2 0/0 Russe 1894 i02.50
3 0/0 Anglais consolidé 113i20
4 0/0 Espagnol, extérieur 61 !l0
5 0 0 Italien 96.40
4 0'0 Autrichien, Or 103.30
î SAE £raéricain> Or 10s! 30
3 0/0 Portugais 21.35
5 0/0 Argentin 476 ’ 00
BARCELONE, ^ janvier. — Change sur Paris,
33 20 ; change sur Londres, 33 60.
««w’!2?0N,îs’ * janvier. — Change sur Paris,
7Jo 00 ; change sur Londres, 36 00 ; or, 47 1/2.
IÎBENM-.VTRES, 7 janvier.—Prime or 168 40.
RIO-DB-JANEIRO, 7 janvier. — Change sur
Londres. 6 15/16.
VALPARAISO, 7 janvior. — Change sur Lon-
dres, 17 7/16.
TÉLÉGRAMMES
Service spécial de l’INDÊPENDANT
DÉPÊCHES DE LA NUIT
Paris, 9 janvier, soir.
On lit dans la Presse de ce soir dimanche.
« Une révélation des plus sensationnelles
sera faite au Conseil de guerre. Il s’agit de
la correspondance secrète que, malgré la
surveillance du service pénitentiaire do File
du Diable, Dreyfus n'a cessé d’avoir avec sa
famille.
» C’est au ministère des colonies qu’a été
découvert récemment le procédé ingénieux
et forcément convenu à l’avance, employé
parle traitre et ses amis. Dreyfus rédigeait
ses lettres dens le style règlementaire, mais
do façon à placer par intervalles déterminé,
entre les correspondances, des lettres qui,
rassemblées, formaient une nouvelle cor^
rOspondanco dont la clé, découverte ces
temps derniers par des employés intelli-
gents, démontre péremptoirement que non
seulement Dreyfus a trahi, mais qu'il avait
des complices.
Paris, 9 janvier, soir.
A son arrivée au grelle de la maison mi-
litaire, le commandant Esterhazy a été
écroué comme le veut lu règlement. Il ôtait
accompagné de son avocat, M’Tézonas, et
du secrétaire de ce dernier, M. Jeanmaire.
Le commandant a été conduit à son loge-
ment provisoire. Selon la lettre du règle-
ment, il ne pourra communiquer, pendant
sou séjour au Cherche-Midi, avec les mem-
bres de sa famille ou ses amis qu’eu vertu
d’uuo autorisation spéciale.
Le Temps annonçait aujourd’hui que Me"
Domange et Labori se présenteraient de-
main pour Mathieu Dreyfus et pour Mme
Alfred Dreyfus.
Dans l’esprit du Code, Mathieu Dreyfus
ne peut être assisté d’un avocat. La faminé
Alfred Dreyfus ne peut pas non plus se
constituer partie civile. Le Code militaire
de 1857 est formel à cet égard.
D’après M* Tézenas, M'- 1 Démangé et
Labori pourront seulement être admis à
développer de courtes conclusions avant la
lecture de l’acte d’accusation.
— Un correspondant (l’un journal de pro-
vince a recueilli l’opinion suivante de M.
Varinard, l’expert en écritures, dont ôn a
parlé ces jours-ci :
Tout ce que je puis vous dire c’est |que je
trouve malhonnête le procédé qui a consisté
à donner des reproductions photographi-
ques exactes du bordereau alors qu’011 les
flanquait à droite de reproductions agran-
dies de l’écriture d’Esterhazy et à gauche
de reproductions réduites de celle de Drey-
fus. Ce qui veut dire : « Rien de plus que ce
que je vous ai dit que le procédé est mal-
honnête. »
Il faut remarquer que les reproductions
ont été faites par tous les journaux à la
solde du syndicat. •!
— Hier soir, une brochure intitulée « le
Procès Dreyfus » était distribuée rue du
Croissant, à cent sous le cent, à des came- ]
lots qui avaient l’ordre d’en inonder les [
boulevards et les places publiques.
Plusieurs de ces camelots, dit le Soir, I
ont déclaré avoir été embauchés par une
maison de la rue Montmartre pour crier I
demain dans les rues : « Dreyfus est inuo- I
cent ; Esterhazy est le seul coupable ! »
en cherchant à placer la brochure en ques-
tion.
Epinal, 9 janvier.
Hier a eu lieu, à Epinal le banquet des
membres de la Société agricole des engrais
do Girecourt, sous la présidence de M. Bou- I
cher, ministre du commerce.
Au dessert, le ministre; prenant la pa- I
rôle, a constaté les progrès accomplis par
l’agriculture et conseillé aux agriculteurs
de bien s’organiser en syndicats pour les
achats et à s’organiser aussi pour la vente.
Il salue l’association de ceux qui consom-
ment et qui produisent dans le but d’aug-
menter la prospérité commune.
Parlant de la réduction des droits d’en-
trée sur les alcools dénaturés, le ministre
fait remarquer quels avantages retireront
de cette réforme les cultivateurs et les pro-
ducteurs de pommes de terre et de bette-
raves.
M. Boucher soihaite en terminant, qu’il
se crée en France un grand parti agricole,
qui ne sépare jamais ses intérêts de ceux
de la République.
Troyes, 9 janvier.
Une petite fille de quatre ans habitant le
hameau de Villiers près Magnant a été vic-
time de mauvais traitements de la part de
sou beau-père, nommé Béliard, bûcheron,
âgé de 24 ans.
Réliard, en l’absence de sa femme qui est
la mère (te la flll,dto a frappé celle-ci, l’a
mordue lui arracnâ^ avec *es dents des
morceaux de chair et l’a mise ^ nu sur un
poêle. Il l’a ensuite enfermée dans un ,sac
et l’a emportée dans un four.
L’enfant est couverte de plaies.
Paris, 10 janvier, 1 h. m.
M. Charley, directeur du Grand-Théâtre
de Marseille, qui vieil d’être fermé par ar-
rêté du maire, ayant eu une discussion
avec M. Fauché, directeur du Bavard,
journal hebdomadaire, un envoi de témoins
s’ensuivit et une rencontre fut décidée.
Mais M. Charley, en recevant les conseils à
suivre sur le terrain, fut blessé au bras
par son propre professeur. Le duel a dû
être ajourné.
Leirneritz, 9 janvier.
Soixante-deux députés allemands de la
Diète de Bohême, réunis ici pour délibérer
s’ils devaient prendre part ou non aux dé-
bats de la Diète, ont déclaré unanimement
qu'ils y prendraient part.
Le Caire, 16 janvier.
Un bataillon de troupes anglaises est
parti hier soir pour Longsov où il s’em-
barquera pour Wady-Haifa. Un autre ba-
taillon partira vendredi ; il sera suivi par
uu détachement de cavalerie.
Les derviches continuent à se concentrer
à Metemmeh et Shendy, où des approvi-
sionnements arrivent de Omdurman. Une
grande activité règne à Omdurman. Le sir-
dav Kitcbener reste- encore à Wady-Hall'a.
Le chemin de fer, ùAssouan, sera achevé
dans quelques jours.
DÉPÊCHES DU MATIN
Paris, 10 janvier, 8 h. malin.
Hier soir, à sept heuras, le oommandant Ester-
hazy, en costume civil, s'est présenté pour se
constituer prisonnier au Cherche-Midi, où une
chambre avait été préparée pour le recevoir.
— Une Commission ait instituée au ministère
des Affaires étrangères pour la répartition de la
somme allouée A titre d'indemnité aux Français
qui ont subi des dommages à Haiti, antérieure-
ment au mois de décembre 1896.
-On dément que le maréchal Blanc 0 ait fait
des propositions aux chefs rebelles de Cuba.
Paris, 10 janvier, 10 h. matin.
Le MATIN, que nous ne reproduisons que sous
réserves et en lui laissant la responsabilité de
information, raconte que le Conseil de guerre
chargé de juger Dreyfus avait tout d'abord fait
bénéficier l'inoulpé de la minorité de faveur qui
entraînait l'acquittement, lorsque arrivèrent et
furent produites des pièces dérobées dans une
ambassade et d'une telle gravité que, sans en
rechercher l’authenticité, puisqu'elles venaient du
ministère de la guerre, les juges revinrent sur
leur verdict et A l'unanimité prononcèrent la con-
damnation.
Le MATIN ajoute que l'authenticité de ces piè-
ces va être discutée.
Paris 10 janvier 11 h. 55 m.
Affaire Esterhazy
Le Conseil de guerre s'est réuni ce matin. Il a
rejeté la demande de Mme Alfred Dreyfus, et
Mathieu Dreyfus tendant A intervenir aux débats
comme partie civile. Le Commissaire du gouver-
neiT?nt a rèclamé le huis-clos. Le Conseil a dé-
cidé que le puis-olos serait partiel. Les audien-
ces seront suspenJ.ues seulement pendant les dé-
positions ou la lecture des pièces concernant la
défense nationale.
DÉPÊCHES DU SOIR
4 h. 30 s.
OFFICIEL. — Le tableau d’avancement pour et
grade de garde-principal de deuxième classe
d'artillerie porte le nom de M. Michon.
Pour le grade de garde principal de 1« classe
M. Noël.
Pour le grade d'adjoint de 3• classe M. Com-
meuge.
Pour le service géographique MM. Robert, Bi
non et Ferran, tous A Bayonne.
Une information de l'agence Havas annonce
que M. Belleville ingénieur en chef des ponts et
chaussées a Bayonne est nommé à Rouen.
Affaire Esterhazy.
Le Conseil de guerre est entré en délibération
à 9 heures précises. Le général Luxer, président
fait introduire Esterhazy.
Le Conseil rejette la demande de Madame
Dreyfus tendant A assister aux débais "comp/eTs
On appelle les témoins. Le commissaire du
gouvernement demande le huis-clos.
Après une longue déliibération, le conseil dé-
cide par cinq voix contre deux que les débats
seront publics jusqu'A ce que la publicité paraî-
tra dangereuse pour la défense nationale.
L’ordre de mise en jugement porte qu'Ester-
hazy est inculpé d'avoir pratiqué des machina-
tions ou entretenu des intelligences avec une
puissance étrangère.
Le commandant Ravary lit son rapport, et dit
D’Esterhazy réfute toutes les accusations.
Le rapport est très sévère contre le colone
aicquart auquel il reproche des manquements
raves et toute absence de discrétion.
Le rapport conclut qu'aucune preuve ne
permet d'établir la haute trahison relevée cojniro
Esterhazy.
L'audience est suspendue de midi A deux heu-
res. Le Conseil de guerre décide que la séance
sera reprise a 2 h. 30.
La salle est comble. Le président dit à Ester-
hazy :
Vous êtes accusé du crime de haute trahison.
- Vous fûtes dénoncé par Mathieu Dreyfus qui
prétend que vous éies l'auteur de la lettre-mis-
sive et du bordereau attribués A son frère.
Esterhazy raconte alors qu'informé par une
lettre anonyme signée ESPERANZA de la trame
ourdie contre lui par le colonel Picquart, il partit
pour Paris.
Il alla au rendez-vous fixé par la lettre anony-
me. Il a eu quatre rendez-vous avec une femme
voilée, derrière le pont Alexandre. Il déclare ne
pas connaître la femme voilée.
L'audience continue.
6 h. 13.
CONSEIL DE GUERRE
Répondant A de nombreuses questions du pré-
sident, Esterhazy proteste contre les allégations
de Dreyfus.
On passe A l'audition des témoins.
Mathieu Dreyfus déclare qu'il suffit de compa-
rer les deux écritures : Celle d'Esterhazy et celle
du bordereau pour se convaincre qu'elles émanent
de la même main. Il ajoute que le fait pour Ester-
hazy d'avoir cherché A changer son écriture est
capital.
î M. Scheurer-Kestner dit qu'a la suite de la dé-
marché de Mathieu Dreyfus près de lui il a fait
une enquête personnelle et qu'il a acquis la con-
viction que lé bordereau n'émanait pas de
Dreyfus.
Il ajoute : Je ne puis pas dire que l'écriture du
bordereau soir celle d'Esterhazy (Bruit). Mais elle
ressemble beaucoup plus A cei.'n du commandant
qu'A celle de Dreyfus.
La séance est suspendue A 4 h. 30.
6 h. 55 s.
Après l'audition des témoins autant et Stock et
de la maîtresse d’EsL hazy, de Aï. Neill et du
gérant d'une agence du passage Jdé l'Opéra, le
conseil ordonne le huis-clos pour la suite des
débats.
HAVAS.
Pau, le 10 Janvier 1898.
IL A PARLÉ
M. Hubbard a parlé à Rayonne. La
Dépêche attache peu d’importance à
ce discours. La Gironde la raille dou-
cement. Mais c’est la France qui nous
édifie complètement sur la portée do
cette vieille harangue toujours mal
rajeunie que M. Hubbard traîne de
ville en ville.
Lisons la Franee. C’est à cet organe
qu’il appartient de donner au parti
FIUILLBTON DB L’INDÉPENDANT 45
CHARLES DBS GRANGES
LE
Roman d’nne Princesse
DEUXIÈME PARTIE
Choses d'Espagne
Obligé cependant de se conformer aux ordres
de Don Fernando et de se séparer do Beatrix
blessée, il rejoignit avec son bataillon l’état-
major de l’armée royale, et des que le corps
auquel il appartenait fut retourné dans ses
cantonnements, il avertit Sanchez, qu’il lui
fallait rentrer en France. C'était l’un des ca-
ractères de cette étrange année do guérillas-
volontaires : presque tous étant des habitants
du paya, propriétaires ou artisans, allaient et
revenaiant do chez eux A leur bataillon dans
lai intervalles des combats ; jamais les chefs
ne leur refusaient la permission de se retirer
■ntdiRTiiifflwla»— i—•— I
qu’ils seraient les premiers à revenir dès qu’il
y aurait des coups A donner ou à recevoir.
Pour René son congé é;ait d’autant plus
facile à obtenir qu’il était Français. Il ne de-
meura que le temps nécessaire pour reprendre
ses habits de lycéen et dans l’espoir d'arriver !
à temps à Mauléon pour y rencontrer encore
Béatrix et dona Hélèna rejoignant leur rési- I
dence de Pau, il traversa rapidement les mon-
tagnes et fut bientôt rentré chez sa tante.
Son père était revenu; mais les explications
que lui avait données Mlle Perkains lui avaient
semblé justifier suffisamment un voyage d’ex- I
cursion, et d’ailleurs, la gravité dès affaires
qui l’avaient appelé A Paris et qui décidément
compromettaient absolument tout ce qu’il pos-
sédait, le préoccupait d’une manière tellement
sérieuse, qu’il 11’était pas fâché que René fut
distrait de ses tristes nouvelles.
Mlle Perkains, enchantée do revoir René
revenu sain et sauf du théâtre de la guerre,
cherchait toutes les occasions possibles de le
faire causer et de lui demander des détails sur
tout ce qui lui était arrivé et sur la cour du
jeune Roi. Quant aux alfaires do son neveu
elle no semblait n’y attacher qu’une médiocre
importance : Ne vous inquiétez pas, disait-elle
souvent à M. et à Mme D’Elbène,Dieu n’aban-
donné jamais les siens ; ce qu’on perd d’un
côté on le retrouve d? Faillie. — Eh ! le grand
mal, si vous restiez t.vec moi et que vous re-
deveniez fous de vrais Basques, à commencer
par Hené qui a, j'en suis sûre maintenant, a
du vrai sang de Perkains dnns les veines.
M. D’Elbéns écoutait ces paroles avec une
ra onnaissLnce distraite, mais il avait pris
* r'r,r' n«v lui rj
I ———m— î——
I bien décidé â retourner à Paris, à se remettre
I vigoureusement au travail et à faire continuer
I 4 René ses études afin de lui donner une car
rière sérieuse et indiipendante. — Comme ce
plan ne pouvait s'effectuer cependant avant
quolques mois, il profitait des dispositions
hospitalières de Mlle Perkains.
René n’eut pas la satisfaction d’approcher
I cette fois de Béatrix que Don Fernanno avait
confiée, à Hemlaye, avec sa jeune femme, aux
soins de deux dames i» la Caridadv qui de-
vaient les accompagner jusqu'à Pau. Les voya-
geuses s’étaient arrêtées un jour seulement' à
Bayopne pour être bien sûres que l’émotion
ou l’état de sa blesauiti n’aurait pour la jeune
fille aucune conséquence fâcheuse.
René, qui 11e cessait d’êtro aux aguets sur la
route, s’élança, dès qu'il aperçut la voiture,
au devant des voyageuses. Mais Sanchez qui
Iss accompagnait arrivait avec des ordres sé-
vères que Don Fernando lui avait donnés
d’après une dépêche de dona Juana. 11 lui était
défendu de s’arrêter â Mauléon et de laisser
Béatrix avoir aucune communication avec
personne sur la route. Il appela donc Hené dès
qu’il le vit accourir et le prévint qu’il 11e pou-
vait parler ù aucune de ces daines par ordro
formel de son chef, ordre qu’il ne pouvait no
nas respecter. — Roui, très triste, s’arrêta, et
lui demanda do lui donner du moins des nou-
velles du Béatrix bleutée.
Mais celle-ci avait e ntendu et vu )o jeune
homme au tra vers ée la vitre qu'elle entrouvrit
un instant Ella lui f t signe do la main et lui
dit de loin ; Jn vais bien, très bien... N’ou-
bliez pas l’épi ngle d’o:\
- o - ..A -.. ^ 1 «... .1 î.. s j. x?...
nando étaient sacrés, ordonna au cocher de
fouetter ses chevaux, et la voiture disparut
bientôt derrière les rochers qui bordent la ri-
vière du Saison. René revint lentement chez
Mlle Perkains et en y entrant aperçut un
mulet fumant de sueur, arrêté â la porte. Il
pressa le pas et entra dans le salua où ses pa-
rents causaient avec la maîtresse delà maison.
Tout à coup un bruit épouvantable se fit en-
tendre du côté de la salle à manger. C’était
comme un grondement de tonnerre compliqué
du crépitement de ces grêles désastreuses dont
les campagnards gardent longtemps le sou-
venir.
Les portes battaient, les chaises tombaient
dans le vestibule. — Enfin apparut à fa porte,
poursuivi par Ridas qui tenait encore dans sa
main un lambeau de vêtement... un homme...
les cheveux en désordre, les habits déchirés,
la figure ruisselante do sueur, suffoqué par la
fureur... un véritable énerguinène... C’était
Des Tournailles en personne.
— Arrôtez-le ! arrètez-Ie ! criait Bidas...
il m'a insulté, il a insulté le pays Basque...
il mérite d’être pendu haut et court ..
— Misérable Carliste, criait Des Tournailles,
qui était parvenu ft reprendre haleine et s’ac-
crochait haletant à une table... brigand l
assassin ! scélérat !... oui je te dénoncera; au
gouvernement, et c’est moi qui te ferai pen-
dre !...
Mlle Perkains et ses hôtes s’étaient levés de
leur siège, surpris et effrayés. — Qu’est ce que
tout cela veut dire s'écriait la vieille demoi-
selle. Est-il possible de faire un pareil scandale
dans ma maison t... Bidas, expliquez-vous !
. . ..fi.’iffFtI :n.î:. A&ise,*»* ■. .-.tr rodtf, JPApg.
en secouant sa chevelure et en reprenant une
partie de sa dignité— Ce Monsieur, ou quelle
que soit sa position dans le monde... est un
misérable... Il a osé dire que tous les Carlis-
tes sont des brigands ! ..
— Oui, des brigands, et je le répète, hurla
Des Tournailles... et toi, qui les détends, tu es
dix fois plus brigands encore...
Bidas fit uu mouvement pour s’élancer sur
1 intrus. •• mais M. D’Elbène le prévint et se
plaçant entre eux... il dit d’un ton sevère à
Des Tournailles...
— Vous comprenez, Monsieur, que, décidé-
ment, vos manières et vos allures quand vous
nous gratifiez de votre présence ici... ne sont
pas supportables... Dites, je vous prie, ce qui
vous amèue dans cet équipage...
Je vais vous le dire.. .^Jacques..., je vais
vous le dire.., mais faites-moi le plaisir de
museler d'aboixl ce bouledogue, qui vient de
mettre mes habits eu morceaux... et que vous
appelez je crois... Bidas !
-Bouledogue!... attends, attends, s’écria
Bidas, en cherchant, malgré les efforts de M.
D’Elbène, à se rapprocher de lui Mais Mlla
Perkains s’interposa aussi et parvint à le dé-
tenniner à se retirer du côté du vestibule.
— Oui, je vais vous le dire, continua Des
Tournailles en rajustant tant bien que mal sa
cravate, ses habits et toute sa personne, qui
n’était jamais très élégante. Vous savez . na
m interrompe 1 pas... et que. ce domestique sa
taise.,. *
— Au,fait, Monsieur, au fait, interrompu
M. D Elbène extrêmement nerveux.
vew-vf.A I
Prij : 5 Centlmqju
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On lit dans la Presse de ce soir dimanche.
« Une révélation des plus sensationnelles
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la correspondance secrète que, malgré la
surveillance du service pénitentiaire do File
du Diable, Dreyfus n'a cessé d’avoir avec sa
famille.
» C’est au ministère des colonies qu’a été
découvert récemment le procédé ingénieux
et forcément convenu à l’avance, employé
parle traitre et ses amis. Dreyfus rédigeait
ses lettres dens le style règlementaire, mais
do façon à placer par intervalles déterminé,
entre les correspondances, des lettres qui,
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rOspondanco dont la clé, découverte ces
temps derniers par des employés intelli-
gents, démontre péremptoirement que non
seulement Dreyfus a trahi, mais qu'il avait
des complices.
Paris, 9 janvier, soir.
A son arrivée au grelle de la maison mi-
litaire, le commandant Esterhazy a été
écroué comme le veut lu règlement. Il ôtait
accompagné de son avocat, M’Tézonas, et
du secrétaire de ce dernier, M. Jeanmaire.
Le commandant a été conduit à son loge-
ment provisoire. Selon la lettre du règle-
ment, il ne pourra communiquer, pendant
sou séjour au Cherche-Midi, avec les mem-
bres de sa famille ou ses amis qu’eu vertu
d’uuo autorisation spéciale.
Le Temps annonçait aujourd’hui que Me"
Domange et Labori se présenteraient de-
main pour Mathieu Dreyfus et pour Mme
Alfred Dreyfus.
Dans l’esprit du Code, Mathieu Dreyfus
ne peut être assisté d’un avocat. La faminé
Alfred Dreyfus ne peut pas non plus se
constituer partie civile. Le Code militaire
de 1857 est formel à cet égard.
D’après M* Tézenas, M'- 1 Démangé et
Labori pourront seulement être admis à
développer de courtes conclusions avant la
lecture de l’acte d’accusation.
— Un correspondant (l’un journal de pro-
vince a recueilli l’opinion suivante de M.
Varinard, l’expert en écritures, dont ôn a
parlé ces jours-ci :
Tout ce que je puis vous dire c’est |que je
trouve malhonnête le procédé qui a consisté
à donner des reproductions photographi-
ques exactes du bordereau alors qu’011 les
flanquait à droite de reproductions agran-
dies de l’écriture d’Esterhazy et à gauche
de reproductions réduites de celle de Drey-
fus. Ce qui veut dire : « Rien de plus que ce
que je vous ai dit que le procédé est mal-
honnête. »
Il faut remarquer que les reproductions
ont été faites par tous les journaux à la
solde du syndicat. •!
— Hier soir, une brochure intitulée « le
Procès Dreyfus » était distribuée rue du
Croissant, à cent sous le cent, à des came- ]
lots qui avaient l’ordre d’en inonder les [
boulevards et les places publiques.
Plusieurs de ces camelots, dit le Soir, I
ont déclaré avoir été embauchés par une
maison de la rue Montmartre pour crier I
demain dans les rues : « Dreyfus est inuo- I
cent ; Esterhazy est le seul coupable ! »
en cherchant à placer la brochure en ques-
tion.
Epinal, 9 janvier.
Hier a eu lieu, à Epinal le banquet des
membres de la Société agricole des engrais
do Girecourt, sous la présidence de M. Bou- I
cher, ministre du commerce.
Au dessert, le ministre; prenant la pa- I
rôle, a constaté les progrès accomplis par
l’agriculture et conseillé aux agriculteurs
de bien s’organiser en syndicats pour les
achats et à s’organiser aussi pour la vente.
Il salue l’association de ceux qui consom-
ment et qui produisent dans le but d’aug-
menter la prospérité commune.
Parlant de la réduction des droits d’en-
trée sur les alcools dénaturés, le ministre
fait remarquer quels avantages retireront
de cette réforme les cultivateurs et les pro-
ducteurs de pommes de terre et de bette-
raves.
M. Boucher soihaite en terminant, qu’il
se crée en France un grand parti agricole,
qui ne sépare jamais ses intérêts de ceux
de la République.
Troyes, 9 janvier.
Une petite fille de quatre ans habitant le
hameau de Villiers près Magnant a été vic-
time de mauvais traitements de la part de
sou beau-père, nommé Béliard, bûcheron,
âgé de 24 ans.
Réliard, en l’absence de sa femme qui est
la mère (te la flll,dto a frappé celle-ci, l’a
mordue lui arracnâ^ avec *es dents des
morceaux de chair et l’a mise ^ nu sur un
poêle. Il l’a ensuite enfermée dans un ,sac
et l’a emportée dans un four.
L’enfant est couverte de plaies.
Paris, 10 janvier, 1 h. m.
M. Charley, directeur du Grand-Théâtre
de Marseille, qui vieil d’être fermé par ar-
rêté du maire, ayant eu une discussion
avec M. Fauché, directeur du Bavard,
journal hebdomadaire, un envoi de témoins
s’ensuivit et une rencontre fut décidée.
Mais M. Charley, en recevant les conseils à
suivre sur le terrain, fut blessé au bras
par son propre professeur. Le duel a dû
être ajourné.
Leirneritz, 9 janvier.
Soixante-deux députés allemands de la
Diète de Bohême, réunis ici pour délibérer
s’ils devaient prendre part ou non aux dé-
bats de la Diète, ont déclaré unanimement
qu'ils y prendraient part.
Le Caire, 16 janvier.
Un bataillon de troupes anglaises est
parti hier soir pour Longsov où il s’em-
barquera pour Wady-Haifa. Un autre ba-
taillon partira vendredi ; il sera suivi par
uu détachement de cavalerie.
Les derviches continuent à se concentrer
à Metemmeh et Shendy, où des approvi-
sionnements arrivent de Omdurman. Une
grande activité règne à Omdurman. Le sir-
dav Kitcbener reste- encore à Wady-Hall'a.
Le chemin de fer, ùAssouan, sera achevé
dans quelques jours.
DÉPÊCHES DU MATIN
Paris, 10 janvier, 8 h. malin.
Hier soir, à sept heuras, le oommandant Ester-
hazy, en costume civil, s'est présenté pour se
constituer prisonnier au Cherche-Midi, où une
chambre avait été préparée pour le recevoir.
— Une Commission ait instituée au ministère
des Affaires étrangères pour la répartition de la
somme allouée A titre d'indemnité aux Français
qui ont subi des dommages à Haiti, antérieure-
ment au mois de décembre 1896.
-On dément que le maréchal Blanc 0 ait fait
des propositions aux chefs rebelles de Cuba.
Paris, 10 janvier, 10 h. matin.
Le MATIN, que nous ne reproduisons que sous
réserves et en lui laissant la responsabilité de
information, raconte que le Conseil de guerre
chargé de juger Dreyfus avait tout d'abord fait
bénéficier l'inoulpé de la minorité de faveur qui
entraînait l'acquittement, lorsque arrivèrent et
furent produites des pièces dérobées dans une
ambassade et d'une telle gravité que, sans en
rechercher l’authenticité, puisqu'elles venaient du
ministère de la guerre, les juges revinrent sur
leur verdict et A l'unanimité prononcèrent la con-
damnation.
Le MATIN ajoute que l'authenticité de ces piè-
ces va être discutée.
Paris 10 janvier 11 h. 55 m.
Affaire Esterhazy
Le Conseil de guerre s'est réuni ce matin. Il a
rejeté la demande de Mme Alfred Dreyfus, et
Mathieu Dreyfus tendant A intervenir aux débats
comme partie civile. Le Commissaire du gouver-
neiT?nt a rèclamé le huis-clos. Le Conseil a dé-
cidé que le puis-olos serait partiel. Les audien-
ces seront suspenJ.ues seulement pendant les dé-
positions ou la lecture des pièces concernant la
défense nationale.
DÉPÊCHES DU SOIR
4 h. 30 s.
OFFICIEL. — Le tableau d’avancement pour et
grade de garde-principal de deuxième classe
d'artillerie porte le nom de M. Michon.
Pour le grade de garde principal de 1« classe
M. Noël.
Pour le grade d'adjoint de 3• classe M. Com-
meuge.
Pour le service géographique MM. Robert, Bi
non et Ferran, tous A Bayonne.
Une information de l'agence Havas annonce
que M. Belleville ingénieur en chef des ponts et
chaussées a Bayonne est nommé à Rouen.
Affaire Esterhazy.
Le Conseil de guerre est entré en délibération
à 9 heures précises. Le général Luxer, président
fait introduire Esterhazy.
Le Conseil rejette la demande de Madame
Dreyfus tendant A assister aux débais "comp/eTs
On appelle les témoins. Le commissaire du
gouvernement demande le huis-clos.
Après une longue déliibération, le conseil dé-
cide par cinq voix contre deux que les débats
seront publics jusqu'A ce que la publicité paraî-
tra dangereuse pour la défense nationale.
L’ordre de mise en jugement porte qu'Ester-
hazy est inculpé d'avoir pratiqué des machina-
tions ou entretenu des intelligences avec une
puissance étrangère.
Le commandant Ravary lit son rapport, et dit
D’Esterhazy réfute toutes les accusations.
Le rapport est très sévère contre le colone
aicquart auquel il reproche des manquements
raves et toute absence de discrétion.
Le rapport conclut qu'aucune preuve ne
permet d'établir la haute trahison relevée cojniro
Esterhazy.
L'audience est suspendue de midi A deux heu-
res. Le Conseil de guerre décide que la séance
sera reprise a 2 h. 30.
La salle est comble. Le président dit à Ester-
hazy :
Vous êtes accusé du crime de haute trahison.
- Vous fûtes dénoncé par Mathieu Dreyfus qui
prétend que vous éies l'auteur de la lettre-mis-
sive et du bordereau attribués A son frère.
Esterhazy raconte alors qu'informé par une
lettre anonyme signée ESPERANZA de la trame
ourdie contre lui par le colonel Picquart, il partit
pour Paris.
Il alla au rendez-vous fixé par la lettre anony-
me. Il a eu quatre rendez-vous avec une femme
voilée, derrière le pont Alexandre. Il déclare ne
pas connaître la femme voilée.
L'audience continue.
6 h. 13.
CONSEIL DE GUERRE
Répondant A de nombreuses questions du pré-
sident, Esterhazy proteste contre les allégations
de Dreyfus.
On passe A l'audition des témoins.
Mathieu Dreyfus déclare qu'il suffit de compa-
rer les deux écritures : Celle d'Esterhazy et celle
du bordereau pour se convaincre qu'elles émanent
de la même main. Il ajoute que le fait pour Ester-
hazy d'avoir cherché A changer son écriture est
capital.
î M. Scheurer-Kestner dit qu'a la suite de la dé-
marché de Mathieu Dreyfus près de lui il a fait
une enquête personnelle et qu'il a acquis la con-
viction que lé bordereau n'émanait pas de
Dreyfus.
Il ajoute : Je ne puis pas dire que l'écriture du
bordereau soir celle d'Esterhazy (Bruit). Mais elle
ressemble beaucoup plus A cei.'n du commandant
qu'A celle de Dreyfus.
La séance est suspendue A 4 h. 30.
6 h. 55 s.
Après l'audition des témoins autant et Stock et
de la maîtresse d’EsL hazy, de Aï. Neill et du
gérant d'une agence du passage Jdé l'Opéra, le
conseil ordonne le huis-clos pour la suite des
débats.
HAVAS.
Pau, le 10 Janvier 1898.
IL A PARLÉ
M. Hubbard a parlé à Rayonne. La
Dépêche attache peu d’importance à
ce discours. La Gironde la raille dou-
cement. Mais c’est la France qui nous
édifie complètement sur la portée do
cette vieille harangue toujours mal
rajeunie que M. Hubbard traîne de
ville en ville.
Lisons la Franee. C’est à cet organe
qu’il appartient de donner au parti
FIUILLBTON DB L’INDÉPENDANT 45
CHARLES DBS GRANGES
LE
Roman d’nne Princesse
DEUXIÈME PARTIE
Choses d'Espagne
Obligé cependant de se conformer aux ordres
de Don Fernando et de se séparer do Beatrix
blessée, il rejoignit avec son bataillon l’état-
major de l’armée royale, et des que le corps
auquel il appartenait fut retourné dans ses
cantonnements, il avertit Sanchez, qu’il lui
fallait rentrer en France. C'était l’un des ca-
ractères de cette étrange année do guérillas-
volontaires : presque tous étant des habitants
du paya, propriétaires ou artisans, allaient et
revenaiant do chez eux A leur bataillon dans
lai intervalles des combats ; jamais les chefs
ne leur refusaient la permission de se retirer
■ntdiRTiiifflwla»— i—•— I
qu’ils seraient les premiers à revenir dès qu’il
y aurait des coups A donner ou à recevoir.
Pour René son congé é;ait d’autant plus
facile à obtenir qu’il était Français. Il ne de-
meura que le temps nécessaire pour reprendre
ses habits de lycéen et dans l’espoir d'arriver !
à temps à Mauléon pour y rencontrer encore
Béatrix et dona Hélèna rejoignant leur rési- I
dence de Pau, il traversa rapidement les mon-
tagnes et fut bientôt rentré chez sa tante.
Son père était revenu; mais les explications
que lui avait données Mlle Perkains lui avaient
semblé justifier suffisamment un voyage d’ex- I
cursion, et d’ailleurs, la gravité dès affaires
qui l’avaient appelé A Paris et qui décidément
compromettaient absolument tout ce qu’il pos-
sédait, le préoccupait d’une manière tellement
sérieuse, qu’il 11’était pas fâché que René fut
distrait de ses tristes nouvelles.
Mlle Perkains, enchantée do revoir René
revenu sain et sauf du théâtre de la guerre,
cherchait toutes les occasions possibles de le
faire causer et de lui demander des détails sur
tout ce qui lui était arrivé et sur la cour du
jeune Roi. Quant aux alfaires do son neveu
elle no semblait n’y attacher qu’une médiocre
importance : Ne vous inquiétez pas, disait-elle
souvent à M. et à Mme D’Elbène,Dieu n’aban-
donné jamais les siens ; ce qu’on perd d’un
côté on le retrouve d? Faillie. — Eh ! le grand
mal, si vous restiez t.vec moi et que vous re-
deveniez fous de vrais Basques, à commencer
par Hené qui a, j'en suis sûre maintenant, a
du vrai sang de Perkains dnns les veines.
M. D’Elbéns écoutait ces paroles avec une
ra onnaissLnce distraite, mais il avait pris
* r'r,r' n«v lui rj
I ———m— î——
I bien décidé â retourner à Paris, à se remettre
I vigoureusement au travail et à faire continuer
I 4 René ses études afin de lui donner une car
rière sérieuse et indiipendante. — Comme ce
plan ne pouvait s'effectuer cependant avant
quolques mois, il profitait des dispositions
hospitalières de Mlle Perkains.
René n’eut pas la satisfaction d’approcher
I cette fois de Béatrix que Don Fernanno avait
confiée, à Hemlaye, avec sa jeune femme, aux
soins de deux dames i» la Caridadv qui de-
vaient les accompagner jusqu'à Pau. Les voya-
geuses s’étaient arrêtées un jour seulement' à
Bayopne pour être bien sûres que l’émotion
ou l’état de sa blesauiti n’aurait pour la jeune
fille aucune conséquence fâcheuse.
René, qui 11e cessait d’êtro aux aguets sur la
route, s’élança, dès qu'il aperçut la voiture,
au devant des voyageuses. Mais Sanchez qui
Iss accompagnait arrivait avec des ordres sé-
vères que Don Fernando lui avait donnés
d’après une dépêche de dona Juana. 11 lui était
défendu de s’arrêter â Mauléon et de laisser
Béatrix avoir aucune communication avec
personne sur la route. Il appela donc Hené dès
qu’il le vit accourir et le prévint qu’il 11e pou-
vait parler ù aucune de ces daines par ordro
formel de son chef, ordre qu’il ne pouvait no
nas respecter. — Roui, très triste, s’arrêta, et
lui demanda do lui donner du moins des nou-
velles du Béatrix bleutée.
Mais celle-ci avait e ntendu et vu )o jeune
homme au tra vers ée la vitre qu'elle entrouvrit
un instant Ella lui f t signe do la main et lui
dit de loin ; Jn vais bien, très bien... N’ou-
bliez pas l’épi ngle d’o:\
- o - ..A -.. ^ 1 «... .1 î.. s j. x?...
nando étaient sacrés, ordonna au cocher de
fouetter ses chevaux, et la voiture disparut
bientôt derrière les rochers qui bordent la ri-
vière du Saison. René revint lentement chez
Mlle Perkains et en y entrant aperçut un
mulet fumant de sueur, arrêté â la porte. Il
pressa le pas et entra dans le salua où ses pa-
rents causaient avec la maîtresse delà maison.
Tout à coup un bruit épouvantable se fit en-
tendre du côté de la salle à manger. C’était
comme un grondement de tonnerre compliqué
du crépitement de ces grêles désastreuses dont
les campagnards gardent longtemps le sou-
venir.
Les portes battaient, les chaises tombaient
dans le vestibule. — Enfin apparut à fa porte,
poursuivi par Ridas qui tenait encore dans sa
main un lambeau de vêtement... un homme...
les cheveux en désordre, les habits déchirés,
la figure ruisselante do sueur, suffoqué par la
fureur... un véritable énerguinène... C’était
Des Tournailles en personne.
— Arrôtez-le ! arrètez-Ie ! criait Bidas...
il m'a insulté, il a insulté le pays Basque...
il mérite d’être pendu haut et court ..
— Misérable Carliste, criait Des Tournailles,
qui était parvenu ft reprendre haleine et s’ac-
crochait haletant à une table... brigand l
assassin ! scélérat !... oui je te dénoncera; au
gouvernement, et c’est moi qui te ferai pen-
dre !...
Mlle Perkains et ses hôtes s’étaient levés de
leur siège, surpris et effrayés. — Qu’est ce que
tout cela veut dire s'écriait la vieille demoi-
selle. Est-il possible de faire un pareil scandale
dans ma maison t... Bidas, expliquez-vous !
. . ..fi.’iffFtI :n.î:. A&ise,*»* ■. .-.tr rodtf, JPApg.
en secouant sa chevelure et en reprenant une
partie de sa dignité— Ce Monsieur, ou quelle
que soit sa position dans le monde... est un
misérable... Il a osé dire que tous les Carlis-
tes sont des brigands ! ..
— Oui, des brigands, et je le répète, hurla
Des Tournailles... et toi, qui les détends, tu es
dix fois plus brigands encore...
Bidas fit uu mouvement pour s’élancer sur
1 intrus. •• mais M. D’Elbène le prévint et se
plaçant entre eux... il dit d’un ton sevère à
Des Tournailles...
— Vous comprenez, Monsieur, que, décidé-
ment, vos manières et vos allures quand vous
nous gratifiez de votre présence ici... ne sont
pas supportables... Dites, je vous prie, ce qui
vous amèue dans cet équipage...
Je vais vous le dire.. .^Jacques..., je vais
vous le dire.., mais faites-moi le plaisir de
museler d'aboixl ce bouledogue, qui vient de
mettre mes habits eu morceaux... et que vous
appelez je crois... Bidas !
-Bouledogue!... attends, attends, s’écria
Bidas, en cherchant, malgré les efforts de M.
D’Elbène, à se rapprocher de lui Mais Mlla
Perkains s’interposa aussi et parvint à le dé-
tenniner à se retirer du côté du vestibule.
— Oui, je vais vous le dire, continua Des
Tournailles en rajustant tant bien que mal sa
cravate, ses habits et toute sa personne, qui
n’était jamais très élégante. Vous savez . na
m interrompe 1 pas... et que. ce domestique sa
taise.,. *
— Au,fait, Monsieur, au fait, interrompu
M. D Elbène extrêmement nerveux.
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