Titre : Journal des débats politiques et littéraires
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1919-07-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb39294634r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 200316 Nombre total de vues : 200316
Description : 15 juillet 1919 15 juillet 1919
Description : 1919/07/15 (Numéro 196)-1919/07/16. 1919/07/15 (Numéro 196)-1919/07/16.
Description : Note : un seul numéro pour mardi et mercredi. Note : un seul numéro pour mardi et mercredi.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique... Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)
Description : Collection numérique : Histoire diplomatique :... Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k489043q
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/11/2007
13~ ANNÉE -N~ ~ee
t' F,*
~3?~ D~S TOUTE LA FRANCE TLe r~uméro 10 centiMies
1ee ~4C,7~ 0
M° 196- 131~ AMMÈE
~!ARD! i MERCREDI iC JMLLET i 919
PRIX DE L'ABONNEMENT
3MOtS CMOIS ÏAM
Pranee et Colonies. 10 fr. 20 fr. 4cTfr.
Étranger. i6f, 33 fr. 64fr/
0/! ~'c6M/!e
CHÈQUES POSTAUX: COMPTE N"382-PAms
'Les AheoMmMts jtartentdu 1' et du t6 de ch~M moX.
JOtmUj BES BËMTS
POHTMtJES N UïïËEMRES
MARD! i5 &MERCRED! ~6 ~UiLLEl' i9i9
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
i7, Rue des Pretres-Saint-Germain-t'Aulerrots
PA!S–i"
ADRESSE T~t.ÉGnAP!HOUF. DÉBATS-PARIS
TÉLÉPHONE GUTENBERG, 0~,00 03.01 03.Q2
~es ~/?/;o/?eM so/~ /'ecues oy/'ee~/Mp/?~
AUX BUREAUX DU JOURNAI.
JLeS N!anttSCjrV~ non ~n.'f.*<'ex ne <:nnt n~< fcn~n*
'SOMMAIRE Le Denté triompha),
Chez nos aHiés.
Le Jour triompha!. La m)se en jugement de GuiMaumeH.
Le Message du Président de !à Rëpubtique 'L'AMemagne après !a ratiiRcation.
aux armées. La Conférence de )a Paix.
Sous t'Are de Triomphe.–J.K.. LeConseiinationatsociatisto.
vsaowroW aW y ay W.w orvmow.oooooooovevow soaoos~sow m
la a a a
LÉ~O)Ji~~O~ AL
JI a été très grand. Les nations qui pas.
saient sous l'Arc de Triomphe et défi.
laient parmi les acclamations d'un peupt<
immense ont composé un spectacle inou-
bliable. Tout s'accordait pour qu'il fût
magnifique la beauté naturelle du
paysage, la clarté d'un ciel doucement
rayonnant, l'enthousiasme profond et
tendre .de millions d'êtres rassemblés
dans Paris et animés par ta même con-
science, des grandes choses qui s'accom-
plissaient. L'hist.oire retiendra ce jour
comme un des plus beaux et des plus no-
bles de nos annales, où il y a tant de
gloire, et aussi comme le symbole d'un
des plus émouvants efforts qu'aient faits
les peuples unis pour le salut de leur pa-
trie et l'avenir _del:) société humaine.
Le défilé militaire était à la mesure des
événements sans précédent dont il célé-
brait la fin glorieuse. H donnait la plus
grandiose impression de l'immensité de
l'entreprise qui a associé les peuples pour
leur défense. 11 donnait en même temps
la plus (iere idée de la part que notre
pays y a prise. Le destin a voulu que la
France fût, par sa situation géographique
et toute son histoire, à la frontière de la
liberLé du monde. C'est a Paris, sous
l'Arc de Triomphe, à l'ombre tutélaire des
magnifiques images de Rude, que les
vainqueurs de toutes les nations ont
voulu, a la fois,honorer leurs morts et cé-
lébrer leur victoire. En adressant ses re-
merciements au ministre de la guerre, le
président de la République a marqué en
termes heureux le caractère de la journée
triomphale grâce a l'effort de ses ar-
mées, '< la France a mérité, devant !e
monde au'rancfn. que sa fête nationale fut
désormais un jour de gloire pour toute
l'humanité. ))
Hier te peuple entier a eu le sentiment t
de cette union des armées alliées. II a
manifesté son admiration eb sa gratitude
avec beaucoup de tact et d'enthousiasme.
H avait acclamé d'abord avec respect le
défité magnifique et douloureux des mu-
tités. Apres un court intervalle de temps,
ont paru !es deux maréchaux toute l'as-
sistance a pu contempler avec émotion et
reconnaissance Je visage des victorieux.
Le maréchni Foch avait lagrandeur simple
du chef ardent et savant qui a su commu-
niquer sa volonté a des armées si nom-
breuses qu'aucun général d'aucun temps
n'en a connu de pareilles. Près de lui, le
maréchal .fou're faisait paraître la figure
déjà légendaire, pleine de bonhomie et
do solidité, de ceiuij.q~i reçut le pre-
mier choc de l'ennemi et, dans les heures
les plus difficiles, demeura inébranlable.
Ces deux chefs, symboles de la valeur et
de la science militaires françaises, en tête
du defité des nations victorieuses, quelle
incomparable vision! I
Le passage de tous nos Alliés a été fêté
avec cœur par la foute. EUe a fait une
ovation au général Pershing et à l'armée
américaine, qui avait une tenue superbe
et qui donnait une impression grandiose
de jeunesse et de force. EUe a applaudi
avec passion le maréchal Sir Dbuglas
Haig et les troupes de l'empire hritan- f
nique, magnifiques sous leurs drapeaux et
tout animées des disciplines et des tra-
ditions d'un grand peuple. Elle a acclamé
nos alliés italiens, si alertes et d'une si
bette allure; nos atliës japonais, d'une
tenue impeccable. Elle a eu, pour les au-
très nations qui ont connu de dures
épreuves, nos alliés belges, nos atliés
serbes, nos alliés roumains, nos alliés
polonais, nos alliés tchèques, des manifes-
talions spontanées où elle laissait para!-
tre qu'elle savait l'histoire delà guerre et
que, si elle ne faisait pas de distinction i
entre tous ceux qui ont combattu, elfe
gardait une émotion particulière pour i
ceux qui ont le plus souffert.
Mais comment dire l'accueii fait aux `
soldats de France? Le peuple avait vu `
passer déjà une éclatante et glorieuse é
partie du défité avec émotion et recon- `
naissance. Quand il a entendu les clai-
rons, et les tambours qui lui sontfami- J
licrs, quand il a reconnu l'uniforme bleu `
horizon déjà consacré par la gloire et si i
Lienaccordéàce théâtre lumineux, quand
Ha a vu paraître le cheval blanc du mare- `
cha) rétain et'deviné l'arrivée des siens, 1
aioj'sil s'est laissé emporter par le mou- `'
vement, de son cœur, et, durant le défile °
de tous les corps d'armée, des hommes; S
des chefs, des étendards et des drapeaux F
Déchirés et triomphants, des Castelnau,
des (.ouraud, des Mangin, des Rônarc'h f
et de tant d'autres, alors ce ne fut qu'un
long en d'amour. Il était impossible à
une foule de mcttrt: à la fois plus de
grandeur simple et plusde tendresse dans
t'exprcssion de ses sentiments, d'avoir
plus de tact et plus de chaleur, de mieux
se tenir et de dire mieux. La foule a été
digne d-c ceux qu'eDe recevait dans un
pareil jour.
Voità donc,un demi-siècte à peine, âpres
h funeste journée où les troupes alle- n:
mandes ont descendu les Champs-Elysées, ai
[ !e souvenir douloureux eiTacé. Voiià donc
la statue de Strasbourg libérée de son
crêpe et la defai te réparée. Voi'à le monde
délivré d'une menace monstrueuse, et qui
peut travailler à un avenirfmeilleu~. Toute
la France a dit hier s& pieuse et tendre
reconnaissance à ceux, à tous ceux qui
ont contribué à cette grande œuvre. Elle
a très noblement, selon )a formule de
M. le président de la République, associé
tes morts à l'apothéose des vivants. EUe a
magnifiquement honoré les soldats de
terre et de mer. Demain elle se remet au
travail, et elle sait qu'elle a beaucoup à
accomplir. Puisse le culte du jour triom-
pha!, les sentiments et les disciplines qu'il
évoque et les enseignements qu'il nous
donne, inspirer tou.t le pays, pour que
chacun, selon ses moyens et à sa place,
travaille a la constitution de ta France
nouvelle.
~f~M~f
P~/Z~T- ~fP~Z.f
A t'issue du detijc des Armées aUiees )e
président, de la MpuMique a adressé ia tettre
suivante a M. Oemeuceau, ministre de )a guerre
pt'f-Stdent du Conseit
Mon c/;f/' jDre'S;'(/en/,
~ent/an/ ~t/a/'an/e-sep~ ans. /a F/nce
s:n~scen~t C/;a~~s-y~M /a~ s~r
« ~a~s /7;H/Mi7/a~o~ (/e /a. f~/a~. Pf~-
~uara/i/e-sep~ f~s, SM/' /a p/ace t/e /a
Co~co~e, /ù; s/f~ue (/e S~'as6ou~ es~
y'cs/ee uot/c'e
Dans /< u~/Me/i~ û~g « yamar/s e~ccees /es t/e/
n:cf-<'s /ra~s ~e fe jocsse f/o;oK/-eK~ ~gs
c/ic~es /pc Je ?~o/
~oU/e7-/)Nssa~c « /;os oymc'es ~~0-
7-eHSCS. P<Ï/SS'M/ /HM /<0/ios so~n~. T~/scee e/ /H Z.or/-G/ne
so/~ accoH/'ues e~s-/?!MHgs~OHr /es ccc/a-
nie'o;;€seme~.
7'ous, hélas.' tt'élatdi2l pas là. Les nieil-
7'ous, /;e7a~ /i'e7a«~ p
/eu/-s a7-sa/!s c/e nos SHecf~ son/ ceH.r ~u<
/cn on~as connu ~&OH//ss<'men~o~'(.u.c
e/ Mrs gutson~mon~'s, ce~& nu<7.~en/a re/e'e Jes a/-n;es, ~s /-ey/-e/s e/ /a /-cco/
na~sance SH/f)!~ ~ue nous~ Jetons ces ~anf/cs
ncu/ /H/nt'neKses. ~.a na//on /'a comjor/s,
e/ a ~/euse/nen~ associe' /es /Ko/~s ~/te'ose f~es t'i~'an/s.
7~7/e <ï 7'cun< Jans ses oua/ions en/AoM-
s:as~es /es &a'Ms yu< son/ /'ei.'enHS f/e /a
~My'ye /n/?/"?!ps ou /7!H~7f's e~ ~e~ o[te
/es ~7'q/ec~7s/'ons /anea/ses e/ /es ~e7Nc/;emen/sa/es,
nos con/~yen/s co/on/ûM~ e/ nos /brces
/ne7?-o~o/o'/nes, /'a/nee me'e t/e /n< /es ~apeaMa? (/e /n/f!n/er;e,
e//ese7en/e, /'efM'a/;one//esc/tars c/'assaK/ e//e a
con/bncfu ma'y'e'c/!au.x c~e FA-ance, /es M/M/S c/te/'s ( (
~u/ on~ coni/nerne/e soMs /eH/'s o/Y/y-es e/ /es ) <
m~n~ues /)o//HS ~Mt e7a/e/~ p/Hs !/H/)as-
s/6/es enco/'c, /'an f/ern/er, sot
//eH7's.
7?/y~' y~ f7t'hc~t!fp ~t< ~M~<
'n,[t~ f
c~nce popM/a/re n'a pas /a!7 ae dts~'nc- c
~'on. 7T//e sait qu'il a /a~u le co/icou/'s ~e I
~o:!s ces cfe~ûKe/?:e/i~, ~OMpc'.s au/OHr ~H t
yoHfey'/ïe~:e/~ e~e /a ~ep~&~ue et f/es ~ou- e
ue/'ne/ptenfs alliés, /)ou/' cea/er le plus s
7'edot~a&/e péril ~oy~ a;7 e7e menacée la
~'&e~e.
JLa 7~N/!ce at~'a /e (/7'0!7 ~'e/c e7crne/-
yie~emen~ /?f/-e de /6f pc/ qu'elle a prise à t t
ce~e ~up;-re ~/ït'{,'e/'se//e. Ses a/'mees
sont restées suy la 6/-ec/ie efu des /:osi'z7~'s elles ont ~H le /on~ d
le plus t'os/e e~ plus e.~o.se' e~es c
on~ eu en /a'ce d'elles les M/iem/.<; /es plus r.
/?u;sson/s e//es 7H;etM'o~ accompli les e/ybr/s les plus p/'od/y/eH.r, il
elles on~ su& les pe~cs les jo/Hselles 0/2~ sner~ea 7'aue/ tout ce ~H'e//es h
o/i/ pu lui c~o/i/M;' c~H p7~'sen/.
-Pay- elles, la F/'aHee a /nc'e, f/f~'ay~ /e
7Hon(/<'so/na/ u/t ~o! de ~/o/g poM;- ~ou/e
/7!U~:(7nz7< rt
Pu~'yt!g~'a;py}ee//eM/H/e~compa7'a&/e /!OM/!eH/' de pn/c;' Nu no/M de c<
/a ~' << p/'csfc/enf, de /ro;/is/nau.r armées /rŒpa!'ses, /'e~'press;o~ pas-
spu&Hes.
Croye:,7)!ono/!e/'p/'c'Stf/CH/, dn!essen- p~
~Mcn/s~p't'oufs.
~ne' R. PoiXCARK. S€
Les ~e/e/o/7s du /n//7/s~e ~e/e ac
Aux armées aHiées le
M. Clemenceau a adressé la lettre sun-ante
~u mnt-Hcha) Foch, commandant en c~)ef~es ar-
Jtëes aiii~s si<
Moucher maréchal,
J'ai l'honneur de vous prier de trans- }o
mettre aux commandants des contingents sa
Utiés qui, ce matin, en tête de l'armée da
française~ ont dénié sous vos ordres, .avec
leurs glorieux dr.apeaux et étendards, les
félicitations du gouvernement. de la Ré-
publique.
Avec Paris, toute la France a fait fête
à nos grands~'liés, nèrement représentes
par d'admirables compagnons de, victou-e.
Dites à leurs chefs notre haute gratitude,
que nous achèverons d'une inébranlable
amitié.
Veuillez agréer, mon cher marécha!,
l'assurance de mes sentiments les meit-
leurs. Signé:'G.
S~n~:G. CLEMEKCEiU.
A t'armée française
M. Clemenceau, ministre de ]a .guerre, a
transmis au maréchal Pëtain, commandant en
chef des armées françaises, la lettre de fé)ici-
tattons que le président de )a Hepubfique lui a
adressée a la suite du dëdté:
Mon cher maréchal,
En m'associant aux sentiments expri-
més par le chef de l'Etat, j'y veux joindre
mon salut d'admiration patriotique à
l'adresse de l'armée française, grande par
ses chefs, grande par ses soldats.
Dans la magnificence de sa porte, de
gloire, Paris, où la France était accourue,
leur a fait un accueil comme nul triompha-
teur n'en a connu jamais. H n'y a pas,
dans notre belle Histoire, un plus beau
moment de notre Patrie. Qui de nous a vu
ce jour, a vécu.
Voici, dès demain, le retour aux !a-
beurs de la vie nationale. Tant d'hé-
roïque dévouement ne doit pas être perdu.
De la victoire de la guerre, il reste à faire
la victoire de la paix. La France compte
sur ses soldats citoyens..
Veuillez agréer, mon cher maréchal,
l'assurance de mes meilleurs sentiments.
.S~if.-G.Cr.EMEXCEAU.
M~ r~c r~w~
Le grisaille du matin hfëmit les rues. Et
déjà, puissant et monotone comme un bruit
ds marée, des faubourgs et de la banlieue,
des quartiers populeux et des quartiers ri-
ches, monte vers le parcours triomphal le
piétinement de la foule en marche..
Ds ne seront pas au premier rang-, ceux-là,
qui, pourtant, se sont levés avant l'aube. De
plus enthousiastes et de plus curieux gardent
leur place depuis la.veiHc.J'ai vu des vieilles
femmes, des ejifants, dimanche soir, roules
dans.des sacs, dans des couvertures, sur le
bon' de l'avenue des. Champs-Elysées, tandis
que Paris montait, versje cénotaphe, rendre'
hommage aux morts. Ces patients trouvaient.
qu'il vatait la peine de passer une nuit a Ia~
dure, par cette. veUte d'allëgrosse, afin de
mieux voir ceux qui. en avaient tant .passé
~âns; )a 'boue. 'et.-Fa.Bgoisse, au.petit poste et
jans la sape.
Le.ciel brumeux, s'éctaircit lentement. H
raut une voûte glorieuse a ce jour glorieux.
Et ia marée humaine enne de plus en plus,
déborde ies trottoirs, bloque les rues, .en-
vahit tout. 1,
C'est comme une .nuée immense de, visages
:t de. corps; imposstbiede disunguer non seu-
[ement les individus, mais des blocs même
i'individus. C'est une nappe vivante, frémis- t
;ante, une draperie d'êtres humains, un tout (
ndissolubte. infranchissabte, indescriptibie
}ui s'agite, qui attend et qui aime.
II y en a sur les fortifications qui bordent la
)orte Maillot, ityen a sur les toits, sur les I
enètres,. sur ies balcons, il y a de3 grappes 1
.uspendues par miracle sur des gouttières, Ÿ
ur des arbres, sur des kiosques, sur des sta- t
ues,i) y a des fouies sur les trottoirs, si
!enses que le moindre mouvement les fait
aciller ensemble; il y a un peuple immense
la Concorde, et l'escalier de la Madeleine,
urmonté d'un voite pourpre 'brode de lau- t
iers d'or, a i'air d'un siège d'assemblée ànti- n
ue dont les membres seraient plus nombreux C
ue des sautere![es sur un champ de blé. s
Toute cette foule innombrable est calme et r
ouriante;pas de protestations; des plaisan- s
:ries, des rires, la joie de voir et de vivre d
ne minute sacrae de l'histoire. La fatigue F
'une nuit de vëittc, les, fr.isspns .d'ijnë aube c
;a:che,!a courbature d'une station iongue et
ompacte n'ont point énerve te peuple, et, si
:s yeux brillent, c'est de curiosité, d'excita- à
on non pas de fièvre dangereuse. Toute
stte foule innombrable, calme, passionnée et
Mriantc attend..
.y:
Elle attend.Car ils vont bientôt passer, les
illustres et les anonymes, .héros baignés de
triomphe et héros obscurs, tous aussi splen-
dides, tous aussi chéris; ceux qui, de !çi~.
à lisent fait trembler le monde de g)oirc
douloureuse et d'espérance sacrée.
L'Arc de Triomphe semble attendre aussi.
Sur. ta place immense, vide et claire, débar-
rasse de ses chaînes.tristes de vaincu, ceintde
canons phsonniers.sjus le ciel empli de soleil,
il se dresse majestueux et serein, ouvrant son
porchcde gloire pour ce jour comme pour
l'éternité.
Prés de lui on est..tout isolé de la fou)c qui
mumure autour de la. triple rang-ee de cavaliers
porteurs de fanions frissonnants et.qui g-ardent
la place.
Ht dans cette enceinte vide, dans ce silence
relatif, la rumeur qui vient de s'élever là-bas,
la rumeur immense, violente et profonde
comme un élément de la nature, ia rumeur
qui croit, s'approche, balaye tous les sons,
tous !es sentiments, la rumeur qui monte du
pavé, tombe des branches, des fenêtres, des
toits–la rumeur d'une foule, d'un peuple qu
crie: sa joje délirante et ses larmes de bon-i
heur prend un caractère plus auguste et plus
poignant.
'Tout a l'heure, quand les mutilés sont pas-
sés, il y a eu une contrainte, une pudeur dans
!ës acclamations. Devant ces martyrs, les cris
l'osaient s'élever trop joyeux; et l'amour qui
tceompagnait ces meurtris voulait du recueil-
ementetde la tristesse.'
Mars .maintenant la clameur est ta, autour de
lous, sur nous, avec nous. Un peu de pous-
iiére. De l'avenue delà Grande-Armée
tvant-garde de toute la gloire qui vient–
iébouche. sabre au,clair, haut et fier un pe-
oton de gardes républicains. Le-"pas puis-
ant et rythmé de leurs chevaux ébranle les
taUes.Uspassent.
r
Et ,puis deux képis brodés de chêne d'o
deux'hommes qui chevauchent botte à bott
l'un en noir et rouge, Fautrë en gris. L'un e
'~6htstoire, sa légende. son. auréole; chact
d'eux à son immortalité. Us viennent lent
calmes,Iesyeux.'nxésdr6it et' haut. JIs s.
tuent'de leur'bâton'étoilé.'Ils entrent sous
voûte. La minute sacrée, s'éternise, et le v<
d'alouettes qui, à ce moment, s'élance de l'A)
de Triomphe semble vouloir aller la racont<
au monde..
Lecanon.gronde, la foule, clame, les syn
botes de toutes les nations défilent.
Américains; aux baïonnettes qui n'en fo
qu'une, cotffès de casques plats, au pas s~
perbe d'énergie contenue et de disciplif
guerrière, matelots au petit chapeau blanc, ar
cous athlétiques et nets, précédés d'un tan
bour-major,colosse Belges :dont les clairor
de cuivre brunis sonnent comme ils ontsonn
à Liège, à Ypres, à Passchendacle; Britann
ques dont les musiciens ont des peaux d
léopard sur la poitrine, et sur lesquels 1
profil brun et mystérieux des Hindous voisin
avec te jupon pittoresque des Ecossais Ita
liens en uniforme gris-vert,parmi lesquels le
cravates rouges'des Garibaldiens mettent de
taches de sang; Japonais au teint d'ambr
chaud et aux moustaches de jais, montés su
des chevaux nerveux evzones grecs aux long
bonnets et auxnûtes longues Polonais en blé
horizon, en ~/M~c( carrées, ayant tous su
l'épaule l'aigle blanc; Portugais vêtus d
bleu; Roumains eh tenue de campagne,'au;
faces de médaille; Serbes énergiques, proiit
busqués et démarche souple; Tchéco-Slo
vaques coiffes du béret hardi toutes_!esna
tiens et toutes les races, de la plaine et de h
montagne, des continents eL des iles, celle:
qui ont une histoire vieille et celles qui 1:
commencent, toutes celles qui ont aidé dan;
ia mesure de leurs forces contre l'asservisse.
ment et pour la liberté, toutes ont été accla.
mees, fêtées, toutes ont reçu l'eur part écla
tante dans le triomphe général, et tes grand:
chefs qui précédaient leurs troupes, et l'armé:
sublime des étendards.
Mais voici que 'la clameur se fait délirante
t'enthousiasme se fait de l'émotion la sympa'
thieadmirative, un élan d'amour.C'cst quelà'
bas, avenue de la Grande-Armée, derrière la
musique qui sonne -S'.Mt~-c-cMsf, ner,
simple et grand comme un triomphateur ro-
main, le maréchal Pétain arrive à la tête de
3es poilus.
Un frisson qui,de vague en vague.vase pro-
pager jusqu'au bout du parcours ébranle la
bute. Les neurs volent plus serrées, lé rvthme
ies cris se fait plus rapide la vibration dés
}rapeaux plus ailée.
Et le peuple de France salue les généraux
iont les noms rappellent des victoires Cas-
einau, Debeney, .Humbert, ~.udant, Maish'e,
)e~outte, Fayollc et Gouraud, Je mutilé
~perbé. ~qui, il y a juste un an, arrêtait la der-
rière des ruées allemandes, et Mangin,. au
.durire froid, qui, le premier,porta le coup.de
)out6ir de la grande offensive.
Et le peuple de France salue les étendards
mmortels, guenilles d'or et de pourpre,
roués par les éclats d'obus, dentelés parles
'ailes, portés a l'honneur par ceux qui les por-
erent à ta mort.
Et le peuple de France crie son amour ex-
~sié, sa reconnaissance infinie a ses poiius
ui viennent, passent sous l'Arc de Triomphe,
'engagent dans l'avenue triomphale; a tous,
ux fantassins a fourragère rouge, jaune ou
crte,. aux artilleurs, aux cavaliers, aux hom-
tes.des tan);s comme à ceux des avions dont
'ond; porte le drapeau, aux fusiliers marins
9mme aux légionnaires, comme aux tirailleurs
ronzés, comme aux Sénégalais d'ébénc.
L'enthousiasme populaire enfle a chaque
ouvelle troupe qui passe. Mais, admirable
e calme et de compréhension, la foule im-
)ensp, qui emporterait, si elle ie voulait, les
arrages comme un fétu, respecte volontaire-
ment la consigne. D'ailleurs elle'a devant elle
:,ux-ià mêmes pour qui monte sa clameur, les
3Jdats qui portent tous fourragères et déco-
dions. Ils assurent l'ordre si aimablement,
fraternellement, avec de bonnes paroles et
î bons sourires que la foule ne bouge pas.
arfois un cavalier, galamment, hisse sur son
teval une jeune femme fatiguée et rieuse.
Les neurs ptéuvent, i'atté~resse sacrée
monte des cœurs et des bouches, ta lumière
doréeemptitl'air.
L'avenue des Champs-Elysées~ bordée de
mâts où les drapeaux flottent comm~ des ailes,
serrée dans l'armature vivante de la foule,
rutilante de couleurs, éclatante de brrit,
monte vers l'Arc. de Triomphe.
Et de Jà haut, comme d'une source inépui-
sable et divine, coule le neuve g-torieux. Au
son des musiques claires, tandis oue pal-
pitent: tes étendards troués et chéris, dans
un ondoiement grandiose de baïonnettes et
de sabres, travers la poussière, ténue, mar-
chent les tég-ions du mondes qui Paris fait
uneapothéose.–J.K.
Les /e//c/erf/o/M
A)'oceasiondes fctes de !n Victoire, te roi
deg Betgës et ie roi de Crèce ont échange,
avecM.t'oincare, tes tëtccram'mps suivants:
Eruxe)Ies,14juinet.
Son 7?~c~c~?ce J/ons/eur Po//?c<7r<
~c's~en~f/e/ef~f'pH&ue/a/!ca~e.
Lejouroù, poui ta première fois de-
puis la fin des hosUiités, la France célèbre
la fë.t.e nationate, je veux vous adresser
tous mes vœux et, ceux que, du fond du
cœur, fa Belgique forme pour eHc. Nous
sommes neureux que des soldats belges
soient à Paris pour s'associer à la joie de
sa victoire. Notre pensée aujourd'hui va
toute vers la France,qui sort plus grande
encore des épreuves de Ix gueh'e.
,Kous lui souhaitons tous do jouir bien- i
tôt du bonheur des peuples pacifiques et
.laborieux. )<
labtiriem. ALBERT.
Sa Jt/a/es~e le /'o/ ~t/&c/
Je remercie Votre Majesté du nouveau
témoignage d'amitié qu'EUe donne à !a
France. Paris a acclamé ce matin les 1
vaiUantes troupes belges, et 'ia population
tout entière a saiué avec enthousiasme les
< j
r, drapeaux de l'admirable peuple qui, à
l'exemple de son roi e't de sa re(ne, a re-
fuse d'incliner le DroLt devant la Force.
b
RKYMOKOPOINCA!
Athènes, 14 juillet.
~onst'eMr jPoMc.are,
a ~res/c~en~ de la ~e~:<&He /7'ancac En ce jour solennel où la France'victo-
rieuse, champion vigoureux des droits
des peuples opprimés, célèbre sa fête na-
tionale, le peuple hellénique, animé de
sentiments de vive et profonde gratitude
à l'égard de la nation française, se trouve
mentalement à ses côtés, participant de
toutcceuràsajoie'd'avoir puissamment
contribué a l'œuvre libératrice, fier et
s heureux lui-même de s'être acquitté de
6 son devoir sacré aux côtés de ses vaillants
alliés. Je me joins au peuple pour adresser
s aussi bien à vous, Monsieur le président,
qu'à la nation française, amie tradition-
nelle de la Grèce, en même temps que ses
félicitations les plus cordiales, des vœux
ardents et chaleureux pour la prospérité
et la grandeur de la France.
r AmxAis'nRn, H.
Sa 3fa/es~e/eyot'~e Grèce,
t Très touché des sentiments que m'ex-
prime Votre Majesté, je La prie de bien
ïouloir transmettre au peuple heliénique
et à ta vatHante armée dont Paris a ap-
plaudi ce matin un beau détachement, les
vives félicitations et les vœux cordiaux de
la France, amie et alliée.
RAYMOND PoiNCARf;.
LE ~f/~ 7WO/W/
De ta porte Mai))ot à )a place
de )a Répubtique
D.ès l'aurore, toutes les rues et fes allées
du Bois qui donnent accès à la voie
triomphale sont barrées par des fantassins
ou par des dragons. Les portes de la ville,
dont les grilles s'ornent de drapeaux et de
grands panneaux aux armes de Paris, sont
fermées. Des piquets du 1G1'= d'infanterie
vont les garder jusqu'à ce qu'eHes S'ou-
vrent pour livrer passage au défilé des
troupes alliées. Dans le lointain, on en-
tend resonner les tambours. Ce sont les dé-
tachements des troupes qui gagnent leur
point ds concentration.
Vers sept heures moins un quart arrivent
enautomobite te maréchal Foch 'et le gê-
nera! Weygand, Une ovation salue le corn-
mandant en chef des armées alliées.
A sept heures un quart, une automobite
grise apparaît a !a sortie du bois: c'est le
marëcha! Joffrc qui arrive à son tour. Les
deux maréchaux se serrent cordialement
la main. Arrivent ensuite le générât Pau,
que le maréchal Foch salue d'un 't Bon-
jour, mon gênera), 1 amiral Ronarc'h, le
héros de Dixmude.
Des jeunes fittes apportent aux maré-
chaux des fteurs et des gerbes. Ceux-ci re-
mercient gracieusement. L'une des enfants
cependant se trompe elle apporte au ma-
réchal Joffre, qui devisait avec le maréchal
Foch, une magnifique )gerbe de Heurs qui
était destinée au commandant en chef des
armées alliées.
Dësqu'i! eut entendu tes premières phra-
ses du compilaient que récitait l'enfant, le
maréchat.!offre comprit que la gerbe et le
comptiment étaient a l'intention de Foch.
ti se tourna alors vers celui-ci, qui se re-
tira en disant
Joffre, c'est vous qu'on fait le com-
pliment prenez ta gerbe.
Un officier d'ordonnance arrangea tout
en emportant lui-m~me lesileurs.
Cependant, M. Autrand, préfet de la
Seine, M. Hvain, président du Conseil mu-
nicipa], arrivent en automobile et descen-
dent, devant ia gare de Ceinture.
Aux conseillers municipaux s'est joint
ALLépine, ancien préfet de police. Re-
connu par la foule, il est l'objet d'une
manifestation de sympathie.
A 7 heures 30,!esdeux maréchaux, à pied,
leur buton sous le bras, se dirigent vers
Paris. La municipalité se porte à leur ren-
contre, puis le président du Conseil muni-
cipal s'avance de quelques pas en avant
du groupe formé par les conseillers, et sa-
]us d'un gestclarge les maréchaux, qui s'in-
ciincnt en saluant militairement, tandis I,
que la foule, massée aux fenêtres, sur les
toits et sur les giacis des fortifications, ap-
plaudit. longuement.
M. Evain prononce alors l'allocution
suivante
Messieurs les maréchaux,
geucraux, officiers et soldats.
Au mois d'août 19)4, d'un seul. etan vous 1
avex bondi aux frontières. Des milliers et des t
mittio'stt entre vous sont, morts, mais, avec la
rage sacrée d'un peuple qui ne veut pas périr, ) t 1
pendant cinq ans, chaque jour, chaque nuit, vous [ f
avex subi sto'iquernent toutes ies atrocités que r
peut inventer )e génie de )a destruction et de ia
barbarie, et vous av< sauvé la Patrie des
aïeux..
Paris a jamais reconnaissant vous acciamc, s
car voici reprise par vous )a superbe chevau- 1
cheë de notre épopée a travers tessiecies. 1
Soidats de i'ideat, vous avex force ie destin. L
Montex vers i'Arc de Triomphe des vain- f
queurs votre vaillance y inscrit tes noms de (1
la Marne et de t'Yser/ceux.de'J.orette, de Ver- s
dun et tant d autres, à co)e de ceux d'Auster'
)i)x, d'Iena et de Friedtand. è
Cendres de Hoche, de Marceau, de Massena, c
frémissez d enthousiasme, te vent de ia Vie- c
toire soufne à nouveau dans J.es plis du dra- a
peau tricotore.. i
Le grognard de l'An Xacngenf.u-e )e P6i!u d
de I914' ~-ottiat français, héros obscur, sans r,
peur et sans reproche, sous t'egidp des .tottre, c
jes Foch et des Pétain. tu as terrasse le Mo-
~och sanguinaire et l'hère )e monde.
Sonne/. clairons, battez tambours la J'rance
~mmortet!c est debout dans sa'gtoire
M. Autrand, à son tour, prenc} parole s!
m ces termes d
Monsieur !c maréchal,
Mesgieur-
La Répubtique a décrète que tes vainqueurs
ie ia.ptus formidable des guerres connaitraient
'aceueii )e pius grandiose que ta capitaie de ta
~rance ait jamais réserve a des troupes victo-
'ieuses. ci
Imitant l'exemple donné jadis parieurs pré- n)
iecesseurs, dans. des circonstances assure- c!
ment moins émouvantes, tes membres de la
municipalité parisienne se tiennent à f'nntrce
deia vi))e. Hs offrent à teurs hôtes glorieux
tes prëmiees de t'enthousiasme popujaire. fts
s'inctinent avec. une pieté recueiUtc devant iea
nobles étendards dont, t aspect évoque ia turie
des combats.
Chefs et soldats de tagrandearmée du L~oit
et de )a Justice, soyex tes bienvenus
Les' acctamations, sur votre passade. ?ont
gronder comme un torrent. Tout un peupie va
vous crier son admiration et son attegre~e..
Ce peuple connait !a valeur sptendide des
trophées que vous lui rapportez.
Vous avez conjure te péril qui menaçait i'in-<
tégrite de notre sot, notre patrimoine morat,
notre rang dans le monde, tout ce qui fait
notre fierté, notre honneur et notre raison de
vivre. Par vous ont été sauvegardes l'héritage
de nos pét'es eti'avenirde nos fus. L'ennemi
qui méditait notre asservissement et notre
ruine, vous i'uvex mis a genoux. Exécutant le
testament de Gambetta, vous avez relevé Je
.défi jeté par un empire de proie à la justice
immanente. Vous nous avez rendu Metx et
Strasbourg, l'Alsace et la Lorraine.
La Victoire n'a été obtenue qu'a un prix
inouï. H vous, a fatiu rester stoïques au milieu
de iuttes en'royabtes, de souffrances sans nom',
endurées sur terre et sur mer. )jn iteuve de
sang a coûte. Etvousavex vu tomber, autour
de vous, comme les épis sous ta faux du mois-
sonneur. les morts innombrabies.
Ces morts vous accompagnent, tis sont. bien
qu'invisibles, au milieu de votre cortège ou
l'instinct mystérieux des veuves et dps mères
saura découvrir leur image chérie. Avec vous,
ils recevront en offrande leurs larmes et leurs
gerbes de Ue'urs. Mnsfmbje, vous pas~Rrex gous
cet Are de Triomphe dont la hauteur et Ja ma-
gnificence sont a. peine proportionnées a \otre
gloire.
Libérateurs de la Patrie, Vengeurs de t'tîu-
manité, Paris vous ouvre tout grand son cœuf
rempli de reconnaissance et d'amour.
Vivent t'armée et la marine! Vive nos braves
et loyaux allies Vive la France eterneUe
Le maréchal Foch, trcs ému, s'avance
de quelques pas et répond:
Croye/bien, messieurs, que nous sommea
très touches de t honneur que vous nous faites,
ainsi qu'a nos vaillantes troupes.. Vos senti-
ments de gratitude nous vont droit au cœur.
Le préfet et Je président donnent ensuite
l'accolade aux: deux maréchaux, tandis que
le public crie: «Vive ia France! Vivent:
les maréchaux Vivent ies poilus »
Après cette cérémonie, le maréchal Foch
et le maréchal Jotfre montent en autono-
bile et se dirigent vers l'Are de Triomphe,
pour porter leur hommage aux morts.
A l'intérieur de la voiture du commandant.
en chef des armées alliées, on remarque
une magniCque ~erbe de Heurs, barrée d'un
ruban aux couleurs de ia viiie de Paris en
lettres d'or sont écrits ces mots :~4H n)n;'<
cAa'/ ~oc/), <'omma/!efa/i~ f/! c/tf/' /<;s. o/'mecs
a/e'cs.
L'hommage aux morts
I! est huit heures. A l'entrée des Champs-
El-ysees;- face-an cénotaphe, se dresse la.
tribune présidentieUe, ou sbtit assis déjà il
M. Clemenceau, MM. DeschancI, Dubost,
Pichon, Leygues et de nombreuses person-
nalités. A gauche, la tribune parlemen-
taire, où se pressent do nombreux minis-
tres, députés et sénateurs. A droite, celle
du corps diptomatiquc. Plus bas, en-
fin, ceiio des généraux. A gauche du
cénotaphe,cent cinquante Alsaciennes-Lor-
raines forment un groupe aux couleurs
harmonieuses et chatoyantes.
Les maréchaux Joffre et Foch arrivent en
automobile devant ta tribune présidentielle
et y prennent place. Peu après; del6ns'ue=;
acclamations annoncent l'arrivée du prési-
dent de la népublique. M. Poincaré,recu par
le président du Conseil, se dirige aussitôt.
suivi do MM.Ctemenceau, Pichon, Leyg-ues,
Deschanel, Dubost et des deux maréchaux,
vers !e cénotaphe, devant lequel des Heurs
lui sont offertes par de jeunes Alsaciennes-
Lorraines.
Au milieu de l'émotion générale, !e pré-
sident s'avance et dépose sur le socle du
monument une magnifique couronne de
Heurs naturelies. Successivement, dix cou-
ronnes viennent aussi orner,en pieux hom-
mage, ia base dorée du cénotaphe qui ru-
tile au soleil.
Puis, tandis que le groupe officiel rega-
gne l'estrade derricre ie président, L s
maréchaux JoffrG et Foch s'éloignent rapi-
dement en automobile vérs la porte Mail-
lot pour prendre la tête du défilé.. r
Le défité
A huit heures vingt, les deux maréchaux'
sont de retour à ia Porte Ataiitot. Aussitôt
tes gardes républicains se mettent en mar-
che. A.huit heures vingt-neuf, le maréchat
Foch et le maréchal Joffre sont en soUe.
A huit heures trente exactement, tandi-:
~uc le canon tonne, io cortège se met en
marche. L'exécution du programme est
Darfatte. Dès que la foule aperçoit ies ma-
'échaux, eilo. les salué d'enthousiastes vi-
vats des neurs sont jetées, et chaque gé-
]ërat. chaque détachement aiiié o.) fran-
çais, sont accueitiis par des ovations frc-
létiques.
Sur la place de l'Etoile, le spectacle est
inique et grandiose. La foute énorme des
.pectateurs, juchés, perchés, dans tes ar-
)res, sur les toits, et sur les cheminées.
ncme rit et s'agite. A huit heures vingt,
me musique éciate. C'est c~iie du 2~ u'L.
anterie,qui précède uncoriegu émouva;
elui fies .mutiiés de ia guore. Certains
ont étendus sur des voiturettes com'ertcs
[ettcurs; les autres s'appuient s'r des~
.annes ou s'aident de béfjuiUes po'!r mar-
.hcr. Leurs drapeaux sont portés par dc<<
veugics, guidés par des camarade- La
ouie, profondément émue parla grandeuf
~o ce spectacic, les acclame de toutes .ses
precs, et, sur plus d'un visage, des larmes
outent. t..
Soudain, une fanfare éclate, ce sont les
rompette~de !a garde répuhiicai'te.
I') une 'acon impeccable les gardas pas-
eht..
Du itaut de l'Arc de Triomphe, partent
es fusées lumineuses; un drapeau est
issé: c'est .ie signai' des saives d'artit-
=' <
Ln long frisson parcourt )a foute; toutes
!S têtes et.tous )es regards se tournent
'rsia voûte immense; les deux maréchaux,
revauchant.côte a côte, apparaissant ca)-
~es, souriants. Ce toutes lcspoitrin"s s'é-
Mppent leurs noms l'air v
t' F,*
~3?~ D~S TOUTE LA FRANCE TLe r~uméro 10 centiMies
1ee ~4C,7~ 0
M° 196- 131~ AMMÈE
~!ARD! i MERCREDI iC JMLLET i 919
PRIX DE L'ABONNEMENT
3MOtS CMOIS ÏAM
Pranee et Colonies. 10 fr. 20 fr. 4cTfr.
Étranger. i6f, 33 fr. 64fr/
0/! ~'c6M/!e
CHÈQUES POSTAUX: COMPTE N"382-PAms
'Les AheoMmMts jtartentdu 1' et du t6 de ch~M moX.
JOtmUj BES BËMTS
POHTMtJES N UïïËEMRES
MARD! i5 &MERCRED! ~6 ~UiLLEl' i9i9
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
i7, Rue des Pretres-Saint-Germain-t'Aulerrots
PA!S–i"
ADRESSE T~t.ÉGnAP!HOUF. DÉBATS-PARIS
TÉLÉPHONE GUTENBERG, 0~,00 03.01 03.Q2
~es ~/?/;o/?eM so/~ /'ecues oy/'ee~/Mp/?~
AUX BUREAUX DU JOURNAI.
JLeS N!anttSCjrV~ non ~n.'f.*<'ex ne <:nnt n~< fcn~n*
'SOMMAIRE Le Denté triompha),
Chez nos aHiés.
Le Jour triompha!. La m)se en jugement de GuiMaumeH.
Le Message du Président de !à Rëpubtique 'L'AMemagne après !a ratiiRcation.
aux armées. La Conférence de )a Paix.
Sous t'Are de Triomphe.–J.K.. LeConseiinationatsociatisto.
vsaowroW aW y ay W.w orvmow.oooooooovevow soaoos~sow m
la a a a
LÉ~O)Ji~~O~ AL
JI a été très grand. Les nations qui pas.
saient sous l'Arc de Triomphe et défi.
laient parmi les acclamations d'un peupt<
immense ont composé un spectacle inou-
bliable. Tout s'accordait pour qu'il fût
magnifique la beauté naturelle du
paysage, la clarté d'un ciel doucement
rayonnant, l'enthousiasme profond et
tendre .de millions d'êtres rassemblés
dans Paris et animés par ta même con-
science, des grandes choses qui s'accom-
plissaient. L'hist.oire retiendra ce jour
comme un des plus beaux et des plus no-
bles de nos annales, où il y a tant de
gloire, et aussi comme le symbole d'un
des plus émouvants efforts qu'aient faits
les peuples unis pour le salut de leur pa-
trie et l'avenir _del:) société humaine.
Le défilé militaire était à la mesure des
événements sans précédent dont il célé-
brait la fin glorieuse. H donnait la plus
grandiose impression de l'immensité de
l'entreprise qui a associé les peuples pour
leur défense. 11 donnait en même temps
la plus (iere idée de la part que notre
pays y a prise. Le destin a voulu que la
France fût, par sa situation géographique
et toute son histoire, à la frontière de la
liberLé du monde. C'est a Paris, sous
l'Arc de Triomphe, à l'ombre tutélaire des
magnifiques images de Rude, que les
vainqueurs de toutes les nations ont
voulu, a la fois,honorer leurs morts et cé-
lébrer leur victoire. En adressant ses re-
merciements au ministre de la guerre, le
président de la République a marqué en
termes heureux le caractère de la journée
triomphale grâce a l'effort de ses ar-
mées, '< la France a mérité, devant !e
monde au'rancfn. que sa fête nationale fut
désormais un jour de gloire pour toute
l'humanité. ))
Hier te peuple entier a eu le sentiment t
de cette union des armées alliées. II a
manifesté son admiration eb sa gratitude
avec beaucoup de tact et d'enthousiasme.
H avait acclamé d'abord avec respect le
défité magnifique et douloureux des mu-
tités. Apres un court intervalle de temps,
ont paru !es deux maréchaux toute l'as-
sistance a pu contempler avec émotion et
reconnaissance Je visage des victorieux.
Le maréchni Foch avait lagrandeur simple
du chef ardent et savant qui a su commu-
niquer sa volonté a des armées si nom-
breuses qu'aucun général d'aucun temps
n'en a connu de pareilles. Près de lui, le
maréchal .fou're faisait paraître la figure
déjà légendaire, pleine de bonhomie et
do solidité, de ceiuij.q~i reçut le pre-
mier choc de l'ennemi et, dans les heures
les plus difficiles, demeura inébranlable.
Ces deux chefs, symboles de la valeur et
de la science militaires françaises, en tête
du defité des nations victorieuses, quelle
incomparable vision! I
Le passage de tous nos Alliés a été fêté
avec cœur par la foute. EUe a fait une
ovation au général Pershing et à l'armée
américaine, qui avait une tenue superbe
et qui donnait une impression grandiose
de jeunesse et de force. EUe a applaudi
avec passion le maréchal Sir Dbuglas
Haig et les troupes de l'empire hritan- f
nique, magnifiques sous leurs drapeaux et
tout animées des disciplines et des tra-
ditions d'un grand peuple. Elle a acclamé
nos alliés italiens, si alertes et d'une si
bette allure; nos atliës japonais, d'une
tenue impeccable. Elle a eu, pour les au-
très nations qui ont connu de dures
épreuves, nos alliés belges, nos atliés
serbes, nos alliés roumains, nos alliés
polonais, nos alliés tchèques, des manifes-
talions spontanées où elle laissait para!-
tre qu'elle savait l'histoire delà guerre et
que, si elle ne faisait pas de distinction i
entre tous ceux qui ont combattu, elfe
gardait une émotion particulière pour i
ceux qui ont le plus souffert.
Mais comment dire l'accueii fait aux `
soldats de France? Le peuple avait vu `
passer déjà une éclatante et glorieuse é
partie du défité avec émotion et recon- `
naissance. Quand il a entendu les clai-
rons, et les tambours qui lui sontfami- J
licrs, quand il a reconnu l'uniforme bleu `
horizon déjà consacré par la gloire et si i
Lienaccordéàce théâtre lumineux, quand
Ha a vu paraître le cheval blanc du mare- `
cha) rétain et'deviné l'arrivée des siens, 1
aioj'sil s'est laissé emporter par le mou- `'
vement, de son cœur, et, durant le défile °
de tous les corps d'armée, des hommes; S
des chefs, des étendards et des drapeaux F
Déchirés et triomphants, des Castelnau,
des (.ouraud, des Mangin, des Rônarc'h f
et de tant d'autres, alors ce ne fut qu'un
long en d'amour. Il était impossible à
une foule de mcttrt: à la fois plus de
grandeur simple et plusde tendresse dans
t'exprcssion de ses sentiments, d'avoir
plus de tact et plus de chaleur, de mieux
se tenir et de dire mieux. La foule a été
digne d-c ceux qu'eDe recevait dans un
pareil jour.
Voità donc,un demi-siècte à peine, âpres
h funeste journée où les troupes alle- n:
mandes ont descendu les Champs-Elysées, ai
[ !e souvenir douloureux eiTacé. Voiià donc
la statue de Strasbourg libérée de son
crêpe et la defai te réparée. Voi'à le monde
délivré d'une menace monstrueuse, et qui
peut travailler à un avenirfmeilleu~. Toute
la France a dit hier s& pieuse et tendre
reconnaissance à ceux, à tous ceux qui
ont contribué à cette grande œuvre. Elle
a très noblement, selon )a formule de
M. le président de la République, associé
tes morts à l'apothéose des vivants. EUe a
magnifiquement honoré les soldats de
terre et de mer. Demain elle se remet au
travail, et elle sait qu'elle a beaucoup à
accomplir. Puisse le culte du jour triom-
pha!, les sentiments et les disciplines qu'il
évoque et les enseignements qu'il nous
donne, inspirer tou.t le pays, pour que
chacun, selon ses moyens et à sa place,
travaille a la constitution de ta France
nouvelle.
~f~M~f
P~/Z~T- ~fP~Z.f
A t'issue du detijc des Armées aUiees )e
président, de la MpuMique a adressé ia tettre
suivante a M. Oemeuceau, ministre de )a guerre
pt'f-Stdent du Conseit
Mon c/;f/' jDre'S;'(/en/,
~ent/an/ ~t/a/'an/e-sep~ ans. /a F/nce
s:n
« ~a~s /7;H/Mi7/a~o~ (/e /a. f~/a~. Pf~-
~uara/i/e-sep~ f~s, SM/' /a p/ace t/e /a
Co~co~e, /ù; s/f~ue (/e S~'as6ou~ es~
y'cs/ee uot/c'e
Dans /<
n:cf-<'s /ra~s ~e fe jocsse f/o;oK/-eK~ ~gs
c/ic~es /pc Je ?~o/
~oU/e7-/)Nssa~c « /;os oymc'es ~~0-
7-eHSCS. P<Ï/SS'M/ /HM /
so/~ accoH/'ues e~s-/?!MHgs~OHr /es ccc/a-
nie'o;;€seme~.
7'ous, hélas.' tt'élatdi2l pas là. Les nieil-
7'ous, /;e7a~ /i'e7a«~ p
/eu/-s a7-sa/!s c/e nos SHecf~ son/ ceH.r ~u<
/cn on~as connu ~&OH//ss<'men~o~'(.u.c
e/ Mrs gutson~mon~'s, ce~& nu<7.~en/a re/e'e Jes a/-n;es, ~s /-ey/-e/s e/ /a /-cco/
na~sance SH/f)!~ ~ue nous~ Jetons ces ~anf/cs
ncu/ /H/nt'neKses. ~.a na//on /'a comjor/s,
e/ a ~/euse/nen~ associe' /es /Ko/~s ~/te'ose f~es t'i~'an/s.
7~7/e <ï 7'cun< Jans ses oua/ions en/AoM-
s:as~es /es &a'Ms yu< son/ /'ei.'enHS f/e /a
~My'ye /n/?/"?!ps ou /7!H~7f's e~ ~e~ o[te
/es ~7'q/ec~7
nos con/~yen/s co/on/ûM~ e/ nos /brces
/ne7?-o~o/o'/nes, /'a/nee me'e t/e /n< /es ~apeaMa? (/e /n/f!n/er;e,
e//ese7en
con/bncfu ma'y'e'c/!au.x c~e FA-ance, /es M/M/S c/te/'s ( (
~u/ on~ coni/nerne/e soMs /eH/'s o/Y/y-es e/ /es ) <
m~n~ues /)o//HS ~Mt e7a/e/~ p/Hs !/H/)as-
s/6/es enco/'c, /'an f/ern/er, sot
//eH7's.
7?/y~' y~ f7t'hc~t!fp ~t< ~M~<
'n,[t~ f
c~nce popM/a/re n'a pas /a!7 ae dts~'nc- c
~'on. 7T//e sait qu'il a /a~u le co/icou/'s ~e I
~o:!s ces cfe~ûKe/?:e/i~, ~OMpc'.s au/OHr ~H t
yoHfey'/ïe~:e/~ e~e /a ~ep~&~ue et f/es ~ou- e
ue/'ne/ptenfs alliés, /)ou/' cea/er le plus s
7'edot~a&/e péril ~oy~ a;7 e7e menacée la
~'&e~e.
JLa 7~N/!ce at~'a /e (/7'0!7 ~'e/c e7crne/-
yie~emen~ /?f/-e de /6f pc/ qu'elle a prise à t t
ce~e ~up;-re ~/ït'{,'e/'se//e. Ses a/'mees
sont restées suy la 6/-ec/ie efu des /:osi'z7~'s elles ont ~H le /on~ d
le plus t'os/e e~ plus e.~o.se' e~es c
on~ eu en /a'ce d'elles les M/iem/.<; /es plus r.
/?u;sson/s e//es 7H;etM'o~
elles on~ su& les pe~cs les jo/Hs
o/i/ pu lui c~o/i/M;' c~H p7~'sen/.
-Pay- elles, la F/'aHee a /nc'e, f/f~'ay~ /e
7Hon(/<'so/na/ u/t ~o! de ~/o/g poM;- ~ou/e
/7!U~:(7nz7< rt
Pu~'yt!g~'a;py}ee//eM/H/e~
/a ~'
s
Croye:,7)!ono/!e/'p/'c'Stf/CH/, dn!essen- p~
~Mcn/s~p't'oufs.
~ne' R. PoiXCARK. S€
Les ~e/e/o/7s du /n//7/s~e ~e/e ac
Aux armées aHiées le
M. Clemenceau a adressé la lettre sun-ante
~u mnt-Hcha) Foch, commandant en c~)ef~es ar-
Jtëes aiii~s si<
Moucher maréchal,
J'ai l'honneur de vous prier de trans- }o
mettre aux commandants des contingents sa
Utiés qui, ce matin, en tête de l'armée da
française~ ont dénié sous vos ordres, .avec
leurs glorieux dr.apeaux et étendards, les
félicitations du gouvernement. de la Ré-
publique.
Avec Paris, toute la France a fait fête
à nos grands~'liés, nèrement représentes
par d'admirables compagnons de, victou-e.
Dites à leurs chefs notre haute gratitude,
que nous achèverons d'une inébranlable
amitié.
Veuillez agréer, mon cher marécha!,
l'assurance de mes sentiments les meit-
leurs. Signé:'G.
S~n~:G. CLEMEKCEiU.
A t'armée française
M. Clemenceau, ministre de ]a .guerre, a
transmis au maréchal Pëtain, commandant en
chef des armées françaises, la lettre de fé)ici-
tattons que le président de )a Hepubfique lui a
adressée a la suite du dëdté:
Mon cher maréchal,
En m'associant aux sentiments expri-
més par le chef de l'Etat, j'y veux joindre
mon salut d'admiration patriotique à
l'adresse de l'armée française, grande par
ses chefs, grande par ses soldats.
Dans la magnificence de sa porte, de
gloire, Paris, où la France était accourue,
leur a fait un accueil comme nul triompha-
teur n'en a connu jamais. H n'y a pas,
dans notre belle Histoire, un plus beau
moment de notre Patrie. Qui de nous a vu
ce jour, a vécu.
Voici, dès demain, le retour aux !a-
beurs de la vie nationale. Tant d'hé-
roïque dévouement ne doit pas être perdu.
De la victoire de la guerre, il reste à faire
la victoire de la paix. La France compte
sur ses soldats citoyens..
Veuillez agréer, mon cher maréchal,
l'assurance de mes meilleurs sentiments.
.S~if.-G.Cr.EMEXCEAU.
M~ r~c r~w~
Le grisaille du matin hfëmit les rues. Et
déjà, puissant et monotone comme un bruit
ds marée, des faubourgs et de la banlieue,
des quartiers populeux et des quartiers ri-
ches, monte vers le parcours triomphal le
piétinement de la foule en marche..
Ds ne seront pas au premier rang-, ceux-là,
qui, pourtant, se sont levés avant l'aube. De
plus enthousiastes et de plus curieux gardent
leur place depuis la.veiHc.J'ai vu des vieilles
femmes, des ejifants, dimanche soir, roules
dans.des sacs, dans des couvertures, sur le
bon' de l'avenue des. Champs-Elysées, tandis
que Paris montait, versje cénotaphe, rendre'
hommage aux morts. Ces patients trouvaient.
qu'il vatait la peine de passer une nuit a Ia~
dure, par cette. veUte d'allëgrosse, afin de
mieux voir ceux qui. en avaient tant .passé
~âns; )a 'boue. 'et.-Fa.Bgoisse, au.petit poste et
jans la sape.
Le.ciel brumeux, s'éctaircit lentement. H
raut une voûte glorieuse a ce jour glorieux.
Et ia marée humaine enne de plus en plus,
déborde ies trottoirs, bloque les rues, .en-
vahit tout. 1,
C'est comme une .nuée immense de, visages
:t de. corps; imposstbiede disunguer non seu-
[ement les individus, mais des blocs même
i'individus. C'est une nappe vivante, frémis- t
;ante, une draperie d'êtres humains, un tout (
ndissolubte. infranchissabte, indescriptibie
}ui s'agite, qui attend et qui aime.
II y en a sur les fortifications qui bordent la
)orte Maillot, ityen a sur les toits, sur les I
enètres,. sur ies balcons, il y a de3 grappes 1
.uspendues par miracle sur des gouttières, Ÿ
ur des arbres, sur des kiosques, sur des sta- t
ues,i) y a des fouies sur les trottoirs, si
!enses que le moindre mouvement les fait
aciller ensemble; il y a un peuple immense
la Concorde, et l'escalier de la Madeleine,
urmonté d'un voite pourpre 'brode de lau- t
iers d'or, a i'air d'un siège d'assemblée ànti- n
ue dont les membres seraient plus nombreux C
ue des sautere![es sur un champ de blé. s
Toute cette foule innombrable est calme et r
ouriante;pas de protestations; des plaisan- s
:ries, des rires, la joie de voir et de vivre d
ne minute sacrae de l'histoire. La fatigue F
'une nuit de vëittc, les, fr.isspns .d'ijnë aube c
;a:che,!a courbature d'une station iongue et
ompacte n'ont point énerve te peuple, et, si
:s yeux brillent, c'est de curiosité, d'excita- à
on non pas de fièvre dangereuse. Toute
stte foule innombrable, calme, passionnée et
Mriantc attend..
.y:
Elle attend.Car ils vont bientôt passer, les
illustres et les anonymes, .héros baignés de
triomphe et héros obscurs, tous aussi splen-
dides, tous aussi chéris; ceux qui, de !çi~.
à lisent fait trembler le monde de g)oirc
douloureuse et d'espérance sacrée.
L'Arc de Triomphe semble attendre aussi.
Sur. ta place immense, vide et claire, débar-
rasse de ses chaînes.tristes de vaincu, ceintde
canons phsonniers.sjus le ciel empli de soleil,
il se dresse majestueux et serein, ouvrant son
porchcde gloire pour ce jour comme pour
l'éternité.
Prés de lui on est..tout isolé de la fou)c qui
mumure autour de la. triple rang-ee de cavaliers
porteurs de fanions frissonnants et.qui g-ardent
la place.
Ht dans cette enceinte vide, dans ce silence
relatif, la rumeur qui vient de s'élever là-bas,
la rumeur immense, violente et profonde
comme un élément de la nature, ia rumeur
qui croit, s'approche, balaye tous les sons,
tous !es sentiments, la rumeur qui monte du
pavé, tombe des branches, des fenêtres, des
toits–la rumeur d'une foule, d'un peuple qu
crie: sa joje délirante et ses larmes de bon-i
heur prend un caractère plus auguste et plus
poignant.
'Tout a l'heure, quand les mutilés sont pas-
sés, il y a eu une contrainte, une pudeur dans
!ës acclamations. Devant ces martyrs, les cris
l'osaient s'élever trop joyeux; et l'amour qui
tceompagnait ces meurtris voulait du recueil-
ementetde la tristesse.'
Mars .maintenant la clameur est ta, autour de
lous, sur nous, avec nous. Un peu de pous-
iiére. De l'avenue delà Grande-Armée
tvant-garde de toute la gloire qui vient–
iébouche. sabre au,clair, haut et fier un pe-
oton de gardes républicains. Le-"pas puis-
ant et rythmé de leurs chevaux ébranle les
taUes.Uspassent.
r
Et ,puis deux képis brodés de chêne d'o
deux'hommes qui chevauchent botte à bott
l'un en noir et rouge, Fautrë en gris. L'un e
'~6
d'eux à son immortalité. Us viennent lent
calmes,Iesyeux.'nxésdr6it et' haut. JIs s.
tuent'de leur'bâton'étoilé.'Ils entrent sous
voûte. La minute sacrée, s'éternise, et le v<
d'alouettes qui, à ce moment, s'élance de l'A)
de Triomphe semble vouloir aller la racont<
au monde..
Lecanon.gronde, la foule, clame, les syn
botes de toutes les nations défilent.
Américains; aux baïonnettes qui n'en fo
qu'une, cotffès de casques plats, au pas s~
perbe d'énergie contenue et de disciplif
guerrière, matelots au petit chapeau blanc, ar
cous athlétiques et nets, précédés d'un tan
bour-major,colosse Belges :dont les clairor
de cuivre brunis sonnent comme ils ontsonn
à Liège, à Ypres, à Passchendacle; Britann
ques dont les musiciens ont des peaux d
léopard sur la poitrine, et sur lesquels 1
profil brun et mystérieux des Hindous voisin
avec te jupon pittoresque des Ecossais Ita
liens en uniforme gris-vert,parmi lesquels le
cravates rouges'des Garibaldiens mettent de
taches de sang; Japonais au teint d'ambr
chaud et aux moustaches de jais, montés su
des chevaux nerveux evzones grecs aux long
bonnets et auxnûtes longues Polonais en blé
horizon, en ~/M~c( carrées, ayant tous su
l'épaule l'aigle blanc; Portugais vêtus d
bleu; Roumains eh tenue de campagne,'au;
faces de médaille; Serbes énergiques, proiit
busqués et démarche souple; Tchéco-Slo
vaques coiffes du béret hardi toutes_!esna
tiens et toutes les races, de la plaine et de h
montagne, des continents eL des iles, celle:
qui ont une histoire vieille et celles qui 1:
commencent, toutes celles qui ont aidé dan;
ia mesure de leurs forces contre l'asservisse.
ment et pour la liberté, toutes ont été accla.
mees, fêtées, toutes ont reçu l'eur part écla
tante dans le triomphe général, et tes grand:
chefs qui précédaient leurs troupes, et l'armé:
sublime des étendards.
Mais voici que 'la clameur se fait délirante
t'enthousiasme se fait de l'émotion la sympa'
thieadmirative, un élan d'amour.C'cst quelà'
bas, avenue de la Grande-Armée, derrière la
musique qui sonne -S'.Mt~-c-cMsf, ner,
simple et grand comme un triomphateur ro-
main, le maréchal Pétain arrive à la tête de
3es poilus.
Un frisson qui,de vague en vague.vase pro-
pager jusqu'au bout du parcours ébranle la
bute. Les neurs volent plus serrées, lé rvthme
ies cris se fait plus rapide la vibration dés
}rapeaux plus ailée.
Et le peuple de France salue les généraux
iont les noms rappellent des victoires Cas-
einau, Debeney, .Humbert, ~.udant, Maish'e,
)e~outte, Fayollc et Gouraud, Je mutilé
~perbé. ~qui, il y a juste un an, arrêtait la der-
rière des ruées allemandes, et Mangin,. au
.durire froid, qui, le premier,porta le coup.de
)out6ir de la grande offensive.
Et le peuple de France salue les étendards
mmortels, guenilles d'or et de pourpre,
roués par les éclats d'obus, dentelés parles
'ailes, portés a l'honneur par ceux qui les por-
erent à ta mort.
Et le peuple de France crie son amour ex-
~sié, sa reconnaissance infinie a ses poiius
ui viennent, passent sous l'Arc de Triomphe,
'engagent dans l'avenue triomphale; a tous,
ux fantassins a fourragère rouge, jaune ou
crte,. aux artilleurs, aux cavaliers, aux hom-
tes.des tan);s comme à ceux des avions dont
'ond; porte le drapeau, aux fusiliers marins
9mme aux légionnaires, comme aux tirailleurs
ronzés, comme aux Sénégalais d'ébénc.
L'enthousiasme populaire enfle a chaque
ouvelle troupe qui passe. Mais, admirable
e calme et de compréhension, la foule im-
)ensp, qui emporterait, si elle ie voulait, les
arrages comme un fétu, respecte volontaire-
ment la consigne. D'ailleurs elle'a devant elle
:,ux-ià mêmes pour qui monte sa clameur, les
3Jdats qui portent tous fourragères et déco-
dions. Ils assurent l'ordre si aimablement,
fraternellement, avec de bonnes paroles et
î bons sourires que la foule ne bouge pas.
arfois un cavalier, galamment, hisse sur son
teval une jeune femme fatiguée et rieuse.
Les neurs ptéuvent, i'atté~resse sacrée
monte des cœurs et des bouches, ta lumière
doréeemptitl'air.
L'avenue des Champs-Elysées~ bordée de
mâts où les drapeaux flottent comm~ des ailes,
serrée dans l'armature vivante de la foule,
rutilante de couleurs, éclatante de brrit,
monte vers l'Arc. de Triomphe.
Et de Jà haut, comme d'une source inépui-
sable et divine, coule le neuve g-torieux. Au
son des musiques claires, tandis oue pal-
pitent: tes étendards troués et chéris, dans
un ondoiement grandiose de baïonnettes et
de sabres, travers la poussière, ténue, mar-
chent les tég-ions du mondes qui Paris fait
uneapothéose.–J.K.
Les /e//c/erf/o/M
A)'oceasiondes fctes de !n Victoire, te roi
deg Betgës et ie roi de Crèce ont échange,
avecM.t'oincare, tes tëtccram'mps suivants:
Eruxe)Ies,14juinet.
Son 7?~c~c~?ce J/ons/eur Po//?c<7r<
~c's~en~f/e/ef~f'pH&ue/a/!ca~e.
Lejouroù, poui ta première fois de-
puis la fin des hosUiités, la France célèbre
la fë.t.e nationate, je veux vous adresser
tous mes vœux et, ceux que, du fond du
cœur, fa Belgique forme pour eHc. Nous
sommes neureux que des soldats belges
soient à Paris pour s'associer à la joie de
sa victoire. Notre pensée aujourd'hui va
toute vers la France,qui sort plus grande
encore des épreuves de Ix gueh'e.
,Kous lui souhaitons tous do jouir bien- i
tôt du bonheur des peuples pacifiques et
.laborieux. )<
labtiriem. ALBERT.
Sa Jt/a/es~e le /'o/ ~t/&c/
Je remercie Votre Majesté du nouveau
témoignage d'amitié qu'EUe donne à !a
France. Paris a acclamé ce matin les 1
vaiUantes troupes belges, et 'ia population
tout entière a saiué avec enthousiasme les
< j
r, drapeaux de l'admirable peuple qui, à
l'exemple de son roi e't de sa re(ne, a re-
fuse d'incliner le DroLt devant la Force.
b
RKYMOKOPOINCA!
Athènes, 14 juillet.
~onst'eMr jPoMc.are,
a ~res/c~en~ de la ~e~:<&He /7'anca
rieuse, champion vigoureux des droits
des peuples opprimés, célèbre sa fête na-
tionale, le peuple hellénique, animé de
sentiments de vive et profonde gratitude
à l'égard de la nation française, se trouve
mentalement à ses côtés, participant de
toutcceuràsajoie'd'avoir puissamment
contribué a l'œuvre libératrice, fier et
s heureux lui-même de s'être acquitté de
6 son devoir sacré aux côtés de ses vaillants
alliés. Je me joins au peuple pour adresser
s aussi bien à vous, Monsieur le président,
qu'à la nation française, amie tradition-
nelle de la Grèce, en même temps que ses
félicitations les plus cordiales, des vœux
ardents et chaleureux pour la prospérité
et la grandeur de la France.
r AmxAis'nRn, H.
Sa 3fa/es~e/eyot'~e Grèce,
t Très touché des sentiments que m'ex-
prime Votre Majesté, je La prie de bien
ïouloir transmettre au peuple heliénique
et à ta vatHante armée dont Paris a ap-
plaudi ce matin un beau détachement, les
vives félicitations et les vœux cordiaux de
la France, amie et alliée.
RAYMOND PoiNCARf;.
LE ~f/~ 7WO/W/
De ta porte Mai))ot à )a place
de )a Répubtique
D.ès l'aurore, toutes les rues et fes allées
du Bois qui donnent accès à la voie
triomphale sont barrées par des fantassins
ou par des dragons. Les portes de la ville,
dont les grilles s'ornent de drapeaux et de
grands panneaux aux armes de Paris, sont
fermées. Des piquets du 1G1'= d'infanterie
vont les garder jusqu'à ce qu'eHes S'ou-
vrent pour livrer passage au défilé des
troupes alliées. Dans le lointain, on en-
tend resonner les tambours. Ce sont les dé-
tachements des troupes qui gagnent leur
point ds concentration.
Vers sept heures moins un quart arrivent
enautomobite te maréchal Foch 'et le gê-
nera! Weygand, Une ovation salue le corn-
mandant en chef des armées alliées.
A sept heures un quart, une automobite
grise apparaît a !a sortie du bois: c'est le
marëcha! Joffrc qui arrive à son tour. Les
deux maréchaux se serrent cordialement
la main. Arrivent ensuite le générât Pau,
que le maréchal Foch salue d'un 't Bon-
jour, mon gênera), 1 amiral Ronarc'h, le
héros de Dixmude.
Des jeunes fittes apportent aux maré-
chaux des fteurs et des gerbes. Ceux-ci re-
mercient gracieusement. L'une des enfants
cependant se trompe elle apporte au ma-
réchal Joffre, qui devisait avec le maréchal
Foch, une magnifique )gerbe de Heurs qui
était destinée au commandant en chef des
armées alliées.
Dësqu'i! eut entendu tes premières phra-
ses du compilaient que récitait l'enfant, le
maréchat.!offre comprit que la gerbe et le
comptiment étaient a l'intention de Foch.
ti se tourna alors vers celui-ci, qui se re-
tira en disant
Joffre, c'est vous qu'on fait le com-
pliment prenez ta gerbe.
Un officier d'ordonnance arrangea tout
en emportant lui-m~me lesileurs.
Cependant, M. Autrand, préfet de la
Seine, M. Hvain, président du Conseil mu-
nicipa], arrivent en automobile et descen-
dent, devant ia gare de Ceinture.
Aux conseillers municipaux s'est joint
ALLépine, ancien préfet de police. Re-
connu par la foule, il est l'objet d'une
manifestation de sympathie.
A 7 heures 30,!esdeux maréchaux, à pied,
leur buton sous le bras, se dirigent vers
Paris. La municipalité se porte à leur ren-
contre, puis le président du Conseil muni-
cipal s'avance de quelques pas en avant
du groupe formé par les conseillers, et sa-
]us d'un gestclarge les maréchaux, qui s'in-
ciincnt en saluant militairement, tandis I,
que la foule, massée aux fenêtres, sur les
toits et sur les giacis des fortifications, ap-
plaudit. longuement.
M. Evain prononce alors l'allocution
suivante
Messieurs les maréchaux,
geucraux, officiers et soldats.
Au mois d'août 19)4, d'un seul. etan vous 1
avex bondi aux frontières. Des milliers et des t
mittio'stt entre vous sont, morts, mais, avec la
rage sacrée d'un peuple qui ne veut pas périr, ) t 1
pendant cinq ans, chaque jour, chaque nuit, vous [ f
avex subi sto'iquernent toutes ies atrocités que r
peut inventer )e génie de )a destruction et de ia
barbarie, et vous av< sauvé la Patrie des
aïeux..
Paris a jamais reconnaissant vous acciamc, s
car voici reprise par vous )a superbe chevau- 1
cheë de notre épopée a travers tessiecies. 1
Soidats de i'ideat, vous avex force ie destin. L
Montex vers i'Arc de Triomphe des vain- f
queurs votre vaillance y inscrit tes noms de (1
la Marne et de t'Yser/ceux.de'J.orette, de Ver- s
dun et tant d autres, à co)e de ceux d'Auster'
)i)x, d'Iena et de Friedtand. è
Cendres de Hoche, de Marceau, de Massena, c
frémissez d enthousiasme, te vent de ia Vie- c
toire soufne à nouveau dans J.es plis du dra- a
peau tricotore.. i
Le grognard de l'An Xacngenf.u-e )e P6i!u d
de I914' ~-ottiat français, héros obscur, sans r,
peur et sans reproche, sous t'egidp des .tottre, c
jes Foch et des Pétain. tu as terrasse le Mo-
~och sanguinaire et l'hère )e monde.
Sonne/. clairons, battez tambours la J'rance
~mmortet!c est debout dans sa'gtoire
M. Autrand, à son tour, prenc} parole s!
m ces termes d
Monsieur !c maréchal,
Mesgieur-
La Répubtique a décrète que tes vainqueurs
ie ia.ptus formidable des guerres connaitraient
'aceueii )e pius grandiose que ta capitaie de ta
~rance ait jamais réserve a des troupes victo-
'ieuses. ci
Imitant l'exemple donné jadis parieurs pré- n)
iecesseurs, dans. des circonstances assure- c!
ment moins émouvantes, tes membres de la
municipalité parisienne se tiennent à f'nntrce
deia vi))e. Hs offrent à teurs hôtes glorieux
tes prëmiees de t'enthousiasme popujaire. fts
s'inctinent avec. une pieté recueiUtc devant iea
nobles étendards dont, t aspect évoque ia turie
des combats.
Chefs et soldats de tagrandearmée du L~oit
et de )a Justice, soyex tes bienvenus
Les' acctamations, sur votre passade. ?ont
gronder comme un torrent. Tout un peupie va
vous crier son admiration et son attegre~e..
Ce peuple connait !a valeur sptendide des
trophées que vous lui rapportez.
Vous avez conjure te péril qui menaçait i'in-<
tégrite de notre sot, notre patrimoine morat,
notre rang dans le monde, tout ce qui fait
notre fierté, notre honneur et notre raison de
vivre. Par vous ont été sauvegardes l'héritage
de nos pét'es eti'avenirde nos fus. L'ennemi
qui méditait notre asservissement et notre
ruine, vous i'uvex mis a genoux. Exécutant le
testament de Gambetta, vous avez relevé Je
.défi jeté par un empire de proie à la justice
immanente. Vous nous avez rendu Metx et
Strasbourg, l'Alsace et la Lorraine.
La Victoire n'a été obtenue qu'a un prix
inouï. H vous, a fatiu rester stoïques au milieu
de iuttes en'royabtes, de souffrances sans nom',
endurées sur terre et sur mer. )jn iteuve de
sang a coûte. Etvousavex vu tomber, autour
de vous, comme les épis sous ta faux du mois-
sonneur. les morts innombrabies.
Ces morts vous accompagnent, tis sont. bien
qu'invisibles, au milieu de votre cortège ou
l'instinct mystérieux des veuves et dps mères
saura découvrir leur image chérie. Avec vous,
ils recevront en offrande leurs larmes et leurs
gerbes de Ue'urs. Mnsfmbje, vous pas~Rrex gous
cet Are de Triomphe dont la hauteur et Ja ma-
gnificence sont a. peine proportionnées a \otre
gloire.
Libérateurs de la Patrie, Vengeurs de t'tîu-
manité, Paris vous ouvre tout grand son cœuf
rempli de reconnaissance et d'amour.
Vivent t'armée et la marine! Vive nos braves
et loyaux allies Vive la France eterneUe
Le maréchal Foch, trcs ému, s'avance
de quelques pas et répond:
Croye/bien, messieurs, que nous sommea
très touches de t honneur que vous nous faites,
ainsi qu'a nos vaillantes troupes.. Vos senti-
ments de gratitude nous vont droit au cœur.
Le préfet et Je président donnent ensuite
l'accolade aux: deux maréchaux, tandis que
le public crie: «Vive ia France! Vivent:
les maréchaux Vivent ies poilus »
Après cette cérémonie, le maréchal Foch
et le maréchal Jotfre montent en autono-
bile et se dirigent vers l'Are de Triomphe,
pour porter leur hommage aux morts.
A l'intérieur de la voiture du commandant.
en chef des armées alliées, on remarque
une magniCque ~erbe de Heurs, barrée d'un
ruban aux couleurs de ia viiie de Paris en
lettres d'or sont écrits ces mots :~4H n)n;'<
cAa'/ ~oc/), <'omma/!efa/i~ f/! c/tf/' /<;s. o/'mecs
a/e'cs.
L'hommage aux morts
I! est huit heures. A l'entrée des Champs-
El-ysees;- face-an cénotaphe, se dresse la.
tribune présidentieUe, ou sbtit assis déjà il
M. Clemenceau, MM. DeschancI, Dubost,
Pichon, Leygues et de nombreuses person-
nalités. A gauche, la tribune parlemen-
taire, où se pressent do nombreux minis-
tres, députés et sénateurs. A droite, celle
du corps diptomatiquc. Plus bas, en-
fin, ceiio des généraux. A gauche du
cénotaphe,cent cinquante Alsaciennes-Lor-
raines forment un groupe aux couleurs
harmonieuses et chatoyantes.
Les maréchaux Joffre et Foch arrivent en
automobile devant ta tribune présidentielle
et y prennent place. Peu après; del6ns'ue=;
acclamations annoncent l'arrivée du prési-
dent de la népublique. M. Poincaré,recu par
le président du Conseil, se dirige aussitôt.
suivi do MM.Ctemenceau, Pichon, Leyg-ues,
Deschanel, Dubost et des deux maréchaux,
vers !e cénotaphe, devant lequel des Heurs
lui sont offertes par de jeunes Alsaciennes-
Lorraines.
Au milieu de l'émotion générale, !e pré-
sident s'avance et dépose sur le socle du
monument une magnifique couronne de
Heurs naturelies. Successivement, dix cou-
ronnes viennent aussi orner,en pieux hom-
mage, ia base dorée du cénotaphe qui ru-
tile au soleil.
Puis, tandis que le groupe officiel rega-
gne l'estrade derricre ie président, L s
maréchaux JoffrG et Foch s'éloignent rapi-
dement en automobile vérs la porte Mail-
lot pour prendre la tête du défilé.. r
Le défité
A huit heures vingt, les deux maréchaux'
sont de retour à ia Porte Ataiitot. Aussitôt
tes gardes républicains se mettent en mar-
che. A.huit heures vingt-neuf, le maréchat
Foch et le maréchal Joffre sont en soUe.
A huit heures trente exactement, tandi-:
~uc le canon tonne, io cortège se met en
marche. L'exécution du programme est
Darfatte. Dès que la foule aperçoit ies ma-
'échaux, eilo. les salué d'enthousiastes vi-
vats des neurs sont jetées, et chaque gé-
]ërat. chaque détachement aiiié o.) fran-
çais, sont accueitiis par des ovations frc-
létiques.
Sur la place de l'Etoile, le spectacle est
inique et grandiose. La foute énorme des
.pectateurs, juchés, perchés, dans tes ar-
)res, sur les toits, et sur les cheminées.
ncme rit et s'agite. A huit heures vingt,
me musique éciate. C'est c~iie du 2~ u'L.
anterie,qui précède uncoriegu émouva;
elui fies .mutiiés de ia guore. Certains
ont étendus sur des voiturettes com'ertcs
[ettcurs; les autres s'appuient s'r des~
.annes ou s'aident de béfjuiUes po'!r mar-
.hcr. Leurs drapeaux sont portés par dc<<
veugics, guidés par des camarade- La
ouie, profondément émue parla grandeuf
~o ce spectacic, les acclame de toutes .ses
precs, et, sur plus d'un visage, des larmes
outent. t..
Soudain, une fanfare éclate, ce sont les
rompette~de !a garde répuhiicai'te.
I') une 'acon impeccable les gardas pas-
eht..
Du itaut de l'Arc de Triomphe, partent
es fusées lumineuses; un drapeau est
issé: c'est .ie signai' des saives d'artit-
=' <
Ln long frisson parcourt )a foute; toutes
!S têtes et.tous )es regards se tournent
'rsia voûte immense; les deux maréchaux,
revauchant.côte a côte, apparaissant ca)-
~es, souriants. Ce toutes lcspoitrin"s s'é-
Mppent leurs noms l'air v
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 77.83%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 77.83%.
- Collections numériques similaires Abbaye Saint Victor Abbaye Saint Victor /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Abbaye Saint Victor" or dc.contributor adj "Abbaye Saint Victor")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k489043q/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k489043q/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k489043q/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k489043q/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k489043q
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k489043q
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k489043q/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest