Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1870-07-03
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 juillet 1870 03 juillet 1870
Description : 1870/07/03 (A5,N1536). 1870/07/03 (A5,N1536).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k47183572
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/02/2018
LA PETITE PRESSE
. 5 cent, le numéro.
JOURNAL QUOTIDIEN .
1
1
5 cent. le numéro.
'ABT1.NN'EM}¡NTS. - Tî'o%tnmtlg sfonwîs t«a<
' paris S fr. © fr. 19 fr.
.."t Départements 6 Il un
Administrateur: BOURIWLLIAT.
i
| 5me année — DIMANCHE 3 JUILLET 1870 — N. 1536 1
Rêdxctevren Chef.- A. de î5,\t,\TEiBa-Ba\aBLOîTHi
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, rnsftronol
ADMINISTRATION : O, quai Voltaire.
PARIS, 2 JUILLET 1870
OUVRIÈRES EN FRANCE
III
Riert qa'â Paris, il y a plus de cent mille
4>u'fri kr-es. L'immense majorité des femmes,
en f Jrance, est contrainte — par la nécessité
l1u 'Balaire — à donner à une profession, ii
uri métier, au travail des champs ou de l'a-
t'tlier, le temps qu'elle devrait — pour obéir
It la nature — consacrer à son mari, à ses
fsftflnts, èt son ménage.
j Pas une de ces déshéritées qui n'ait quel-
* que plainte à formuler, quelque amélioration'
> k son sort à demander, quelque réclamation
à faire entendre. Eh bien ! elle pourra s'a-
'* dresser à nous.
7 La Petite Presse ne saurait se faire l'écho
il", chaque individualité, son format n'y suf-
firait pas ; mais elle recevra les lettres de
toutes les ouvrières. Ces lettres seront clas-
sées par corps d'état; chaque corps d'état
aura son dossier; mon travail, à moi, con-
1 sistera à prendre ce dossier et à le résumer
en un ou deux articles. ~ '
Est-il utile d'ajouter que je me ferai une
loi d't-Lre impartial?
Lorsqu'on souffre, on est disposé à voir
tout en noir. Les ouvrières, victimes pour
la plupart de l'insuffisance des salaires, se-
l'ont peut-être injustes quelquefois en par-
lant des patrons qui les emploient ou des
intermédiaires dont elles dépendent.
Aussi j'interrogerai les patrons, les auteurs
spéciaux, tous ceux qui se sont occupés et
%Ï'occupenl du sort des classes laborieuses.
!IO C'est avec le pour et ; contre' sous les
jtujc que je ferai le tableau de chaque pro-
lessics.
Le plan de cette série d'études est des
plus simples. Je prends la liste des travaux
exercés par les femmes, et je commence
mon enquête pnr l'ordre alphabétique.
) AinM, à. VA> je trouva :
/ Aiguilles,
1 *
A rneublerowst,. •
Amorce?,
AnreMX,
Apprêts, etc.
Mes premiers articles • auront donc trait
aux ouvrières dont le travail sa rattache à
Ces diverses industries.
1
A coup sûr, l'œuvre que je tente sera in-
complète: tantôt je manquerai de temps;
tantôt c'est la place qui me fera défaut.
Tout au moins aurai-je donné le bon
exemple et tenu les promesses du program-
me des petils journaux à un eou, qui doi-
vent, non-seulement distraire, mais encore
instruire, non-seulement donner des nou-
velles, mais encore répandre les idées bon-
nes et utiles.
Qui sait si de cette enquête faite en
famille, — mais dans une famille de 600,000
lecteurs, —il ne sortira pas un progrès si pe-
tit qu'il soit? A défaut de ce progrès, nous
aurons eu du moins la joie infinie de créer une
tribune où les plus humbles, les plus paù-
vres, les plus illettrés auront pu se faire en-
tendre, comme le font ailleurs les grands
personnage?, les riches et les savants. ,
Il ne faudrait pas croire, du reste, que
toutes les misères soient dans le peuple : il
y a des ouvrières de qualité.
Marthe habite une mansarde au sixième
élage.
Elle 5e lève dès que parait le jour, et il
paraît de bonne heure si haut. Elle ouvre sa
fenêtre ou allume le feu, suivant la saison,
fait son lit, met tout en ordre, se baigne le
visage et les bras et va s'asseoir à sa table
de travail.
Elle y demeure toute la journée.
i Aux heures de repas, elle relève une des
ailes de la table qui est restée baissée, étend
dessus un naperon et y dispose proprement'
son pauvre couvert.
A neuf heures, le matin, une vieille femme
qui demeure sur le même palier qu'elle lui
apporte de l'eau, un petit pain d'un sou,
pour un sou de lait. C'est le déjeuner.
! La vieille revient vers les cinq heures de
l'après-midi, avec un hareng, ou deux œufs,
ou une livre de viande qui dure deux jours.
Çl'est le dlner. '
Marthe boit de l'eau et ne se permet de
prendre une,tasse de café, ce nectar des cou-
turières, qu'une fois ou deux fois par an.
Elle donne à la vieille cinq francs par
mois. Son loyer lui coûte dix francs. Joi-
gnez à cela l'éclairage, le chauffage, si chers
à Paris, le blanchissage, quelques menus
frais, une robe de laine pour l'hiver, deux
robes d'indienne pour l'été, sans compter
un châle, un mantelet et un chapeau qu'il
faut renouveler de loin en loin, vous ne se-
rez pas surpris d'apprendre que la dépense
de Marthe va jusqu'à sept cent cinquante
francs par an.
Mon Dieu, oui! sept cent cinquante
francs!... -1
Mais Marthe est, une bonne ouvrière. Elle
gagne cinquante sous par jour, et, comme
elle ne dépense guère que deux francs, elle
peut de temps en temps se reposér le diman-
che, et, quand arrive le jour de l'an, elle a
le plaisir de faire de jolis cadeaux à ses pe-
tites sœurs, qui demeurent avec le père, un ,
pauvre tailleur de la banlieue.
Marthe est une brave fille. Elle épousera
un ouvrier laborieux comme elle, et ce sera
une brave femme.
Marie et sa mère occupent en apparte-
ment de trois pièces, au quatrième étage.
Dans cet appartement, il y a un salon.
Les deux femmes ont été riches. En ne
conservant que la plu? petite partie, la par-
tie indispensable, de leur ancien mobilier,
elles sont encore forcées de payer un loyer
ide sept cents francs.
! Elles ne sont pas assez fortes pour monter
l'eau et le charbon ; la mère, qui marche à
peine, ne voudrait pas que sa fille sortit
seule ; on-a donc une femme de ménage è /
la journée.
C'est là le seul luxe du pauvre intérieur,'
où règne la plus stricte économie. Do la for-
tune passée, il est resté à la mère une petite
rente de quinze cents francs. Il s'agit de
toucher les deux bouts de l'année avec cotte
somme;
Do onze heures à cinq heures, les deux
femmes demeurent assises en face l'une de
l'autre, dans l'embrasure de la fenêtre. La
vieille tricote; la jeune, un petit métier de-
vant elle, fait de la tapisserie.
De temps en temps, la mère regarde bs
fille et soupire. Alors Marie se lève fet va
embrasser la vieille, qui se met à pleurer.
! C'est qu'elle pense à l'avenir.
La rente s'éteindra avec elle. Que devins-
dra Marie?...
La mère prend- de sa santé des soins mi-
nutieux; elle ne veut pas être malade; ell«
ne veut pas mourir : sa vie, c'est le pain de
son enfant!...
Mais qui frappe à la porte des deux fem-
mes? Un huissier! Il s'agit d'une vieille
dette. — Nous la payerons, monsieur,
comme nous avons payé toutes les autres.
Quand l'homme est parti.
— Bah! — dit Marie, — ne t'inquiéta
pas, ma bonne mère! Nous vendrons, toi ton
tricot, moi ma tapisserie...
— Trouverons-nous des acheteurs?... Ces
petits travaux-là se l'ont sur commande, mon
enfant; le marchand fournit la laine; il fout
le connaître, lui être recommandé...
— Oh! toi, tu t'alarmes toujours. Va dor-
mir sur tes deux oreilles. Je fais mon affaire
du marchand...
La mère se retire.
Marie reste seule :
— Je n'ai pas de sommeil, si je travail-
lais encore un peu? -
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
XCVII
S 8-7 e *
C'est chose commune à Cork, la petite ville
Irlandaise, de voir des gens à cheval traverser
aes rues au grand galop de ses poneys à tous
crins, qu'on monte sans selle ni bride. Les
paysans des environs viennent journellement
s'approvisionner à la ville, et ils s'attardent
volontiers dans les cabarets à boire du gin et
d6 l'eau-de-vie de pomme de terre.
Voit le namiîVo du Î3 juin 1869,
Aussi personne ne prit garde à M. Patterson
et à son guide.
Ils sortirent de Cork et se trouvèrent sur la
pente assez raide d'une colline.
Les petits chevaux galopaient avec peine.
M. Patterson était Anglais, et tout Anglais
de distinction, laïque ou clergyman, est bon
cavalier.
Son guide ne soufflait pas un mot.
Cependant, quand ils furent en haut de la
colline, ils s'arrêtèrent un moment.
La nuit était sombre et le brouillard com-
mençait à couvrir la mer au loin.
Derrière les voyageurs, au-dessus d'eux, la
ville, le port, déjà perdus dans la brume, n'é-
taient plus trahis que par les lueurs rougeâtres
du gaz.
Devant eux s'étendait une succession con-
fuse de plaines, de vallons, de forêts.
Tout cela noir, perdu dans l'obscurité, mys-
térieux comme l'inconnu. ' 0
— Il faut rester un moment icI, dit le faux
matelot.
— Pourquoi? demanda le révérend Pat-
terson.
— Parce que j'attends un signal.
— Ah ! et ce signal?...
— C'est M. Scotowe qui doit nous le faire.
Le révérend ne comprenait pas bien.
Aussi le faux matelot compléta sa pensée.
— M. Scotowe va nous faire signe d'avancer
ou de reculer, cela dépend.
— Comment?
— Nous avancerons si tout est prêt pour les
fouilles.
— Et si ce n'est pas prêt?
— Nous retournerions à Cork, en ce cas.
M. Patterson frissonna et se souvint de Sho-
king.
— Mais ce cas est improbable, ajouta 10
guide du révérend.
M. Patterson respira.
— M. Scotowe est donc tout près de nous?
dit-il. - *
— NDn. H doit être à plus de trois lieues
d'ici.
— Alors comment peut-il nous faire un si-
gnal ?
— Tenez, voyez plutôt...
Et le guide tendit la main vers la mer.
Une lueur brillait à l'horizon.
On eût dit une étoile perçant le brouillard.
Mais c'était bien réellement un feu alluma
par la main des hommes.
— Alors, nous pouvons avancer, dit le révé-
rend. *
— Pas encore.
-t Hein?
— Si un second feu s'allume tout auprès de
celui-là... ,
— Eh bien !
— Alors nous continuerons notre chemin.
— Ah ! fort bien.
— Mais si: dans un quart d'heure, ce feu-là
brille toujours seul, il faudra redescendre à
Cork.
^
M. Patterson prit sa montre, qui était à ré-
pétition, et la fit sonner.
- —Huit heures un quart, dit-il. Attends,?
. 5 cent, le numéro.
JOURNAL QUOTIDIEN .
1
1
5 cent. le numéro.
'ABT1.NN'EM}¡NTS. - Tî'o%tnmtlg sfonwîs t«a<
' paris S fr. © fr. 19 fr.
.."t Départements 6 Il un
Administrateur: BOURIWLLIAT.
i
| 5me année — DIMANCHE 3 JUILLET 1870 — N. 1536 1
Rêdxctevren Chef.- A. de î5,\t,\TEiBa-Ba\aBLOîTHi
BUREAUX D'ABONNEMENT: 9, rnsftronol
ADMINISTRATION : O, quai Voltaire.
PARIS, 2 JUILLET 1870
OUVRIÈRES EN FRANCE
III
Riert qa'â Paris, il y a plus de cent mille
4>u'fri kr-es. L'immense majorité des femmes,
en f Jrance, est contrainte — par la nécessité
l1u 'Balaire — à donner à une profession, ii
uri métier, au travail des champs ou de l'a-
t'tlier, le temps qu'elle devrait — pour obéir
It la nature — consacrer à son mari, à ses
fsftflnts, èt son ménage.
j Pas une de ces déshéritées qui n'ait quel-
* que plainte à formuler, quelque amélioration'
> k son sort à demander, quelque réclamation
à faire entendre. Eh bien ! elle pourra s'a-
'* dresser à nous.
7 La Petite Presse ne saurait se faire l'écho
il", chaque individualité, son format n'y suf-
firait pas ; mais elle recevra les lettres de
toutes les ouvrières. Ces lettres seront clas-
sées par corps d'état; chaque corps d'état
aura son dossier; mon travail, à moi, con-
1 sistera à prendre ce dossier et à le résumer
en un ou deux articles. ~ '
Est-il utile d'ajouter que je me ferai une
loi d't-Lre impartial?
Lorsqu'on souffre, on est disposé à voir
tout en noir. Les ouvrières, victimes pour
la plupart de l'insuffisance des salaires, se-
l'ont peut-être injustes quelquefois en par-
lant des patrons qui les emploient ou des
intermédiaires dont elles dépendent.
Aussi j'interrogerai les patrons, les auteurs
spéciaux, tous ceux qui se sont occupés et
%Ï'occupenl du sort des classes laborieuses.
!IO C'est avec le pour et ; contre' sous les
jtujc que je ferai le tableau de chaque pro-
lessics.
Le plan de cette série d'études est des
plus simples. Je prends la liste des travaux
exercés par les femmes, et je commence
mon enquête pnr l'ordre alphabétique.
) AinM, à. VA> je trouva :
/ Aiguilles,
1 *
A rneublerowst,. •
Amorce?,
AnreMX,
Apprêts, etc.
Mes premiers articles • auront donc trait
aux ouvrières dont le travail sa rattache à
Ces diverses industries.
1
A coup sûr, l'œuvre que je tente sera in-
complète: tantôt je manquerai de temps;
tantôt c'est la place qui me fera défaut.
Tout au moins aurai-je donné le bon
exemple et tenu les promesses du program-
me des petils journaux à un eou, qui doi-
vent, non-seulement distraire, mais encore
instruire, non-seulement donner des nou-
velles, mais encore répandre les idées bon-
nes et utiles.
Qui sait si de cette enquête faite en
famille, — mais dans une famille de 600,000
lecteurs, —il ne sortira pas un progrès si pe-
tit qu'il soit? A défaut de ce progrès, nous
aurons eu du moins la joie infinie de créer une
tribune où les plus humbles, les plus paù-
vres, les plus illettrés auront pu se faire en-
tendre, comme le font ailleurs les grands
personnage?, les riches et les savants. ,
Il ne faudrait pas croire, du reste, que
toutes les misères soient dans le peuple : il
y a des ouvrières de qualité.
Marthe habite une mansarde au sixième
élage.
Elle 5e lève dès que parait le jour, et il
paraît de bonne heure si haut. Elle ouvre sa
fenêtre ou allume le feu, suivant la saison,
fait son lit, met tout en ordre, se baigne le
visage et les bras et va s'asseoir à sa table
de travail.
Elle y demeure toute la journée.
i Aux heures de repas, elle relève une des
ailes de la table qui est restée baissée, étend
dessus un naperon et y dispose proprement'
son pauvre couvert.
A neuf heures, le matin, une vieille femme
qui demeure sur le même palier qu'elle lui
apporte de l'eau, un petit pain d'un sou,
pour un sou de lait. C'est le déjeuner.
! La vieille revient vers les cinq heures de
l'après-midi, avec un hareng, ou deux œufs,
ou une livre de viande qui dure deux jours.
Çl'est le dlner. '
Marthe boit de l'eau et ne se permet de
prendre une,tasse de café, ce nectar des cou-
turières, qu'une fois ou deux fois par an.
Elle donne à la vieille cinq francs par
mois. Son loyer lui coûte dix francs. Joi-
gnez à cela l'éclairage, le chauffage, si chers
à Paris, le blanchissage, quelques menus
frais, une robe de laine pour l'hiver, deux
robes d'indienne pour l'été, sans compter
un châle, un mantelet et un chapeau qu'il
faut renouveler de loin en loin, vous ne se-
rez pas surpris d'apprendre que la dépense
de Marthe va jusqu'à sept cent cinquante
francs par an.
Mon Dieu, oui! sept cent cinquante
francs!... -1
Mais Marthe est, une bonne ouvrière. Elle
gagne cinquante sous par jour, et, comme
elle ne dépense guère que deux francs, elle
peut de temps en temps se reposér le diman-
che, et, quand arrive le jour de l'an, elle a
le plaisir de faire de jolis cadeaux à ses pe-
tites sœurs, qui demeurent avec le père, un ,
pauvre tailleur de la banlieue.
Marthe est une brave fille. Elle épousera
un ouvrier laborieux comme elle, et ce sera
une brave femme.
Marie et sa mère occupent en apparte-
ment de trois pièces, au quatrième étage.
Dans cet appartement, il y a un salon.
Les deux femmes ont été riches. En ne
conservant que la plu? petite partie, la par-
tie indispensable, de leur ancien mobilier,
elles sont encore forcées de payer un loyer
ide sept cents francs.
! Elles ne sont pas assez fortes pour monter
l'eau et le charbon ; la mère, qui marche à
peine, ne voudrait pas que sa fille sortit
seule ; on-a donc une femme de ménage è /
la journée.
C'est là le seul luxe du pauvre intérieur,'
où règne la plus stricte économie. Do la for-
tune passée, il est resté à la mère une petite
rente de quinze cents francs. Il s'agit de
toucher les deux bouts de l'année avec cotte
somme;
Do onze heures à cinq heures, les deux
femmes demeurent assises en face l'une de
l'autre, dans l'embrasure de la fenêtre. La
vieille tricote; la jeune, un petit métier de-
vant elle, fait de la tapisserie.
De temps en temps, la mère regarde bs
fille et soupire. Alors Marie se lève fet va
embrasser la vieille, qui se met à pleurer.
! C'est qu'elle pense à l'avenir.
La rente s'éteindra avec elle. Que devins-
dra Marie?...
La mère prend- de sa santé des soins mi-
nutieux; elle ne veut pas être malade; ell«
ne veut pas mourir : sa vie, c'est le pain de
son enfant!...
Mais qui frappe à la porte des deux fem-
mes? Un huissier! Il s'agit d'une vieille
dette. — Nous la payerons, monsieur,
comme nous avons payé toutes les autres.
Quand l'homme est parti.
— Bah! — dit Marie, — ne t'inquiéta
pas, ma bonne mère! Nous vendrons, toi ton
tricot, moi ma tapisserie...
— Trouverons-nous des acheteurs?... Ces
petits travaux-là se l'ont sur commande, mon
enfant; le marchand fournit la laine; il fout
le connaître, lui être recommandé...
— Oh! toi, tu t'alarmes toujours. Va dor-
mir sur tes deux oreilles. Je fais mon affaire
du marchand...
La mère se retire.
Marie reste seule :
— Je n'ai pas de sommeil, si je travail-
lais encore un peu? -
ROCAMBOLE
(NOUVEL ÉPISODE)
LA CORDE DU PENDU
XCVII
S 8-7 e *
C'est chose commune à Cork, la petite ville
Irlandaise, de voir des gens à cheval traverser
aes rues au grand galop de ses poneys à tous
crins, qu'on monte sans selle ni bride. Les
paysans des environs viennent journellement
s'approvisionner à la ville, et ils s'attardent
volontiers dans les cabarets à boire du gin et
d6 l'eau-de-vie de pomme de terre.
Voit le namiîVo du Î3 juin 1869,
Aussi personne ne prit garde à M. Patterson
et à son guide.
Ils sortirent de Cork et se trouvèrent sur la
pente assez raide d'une colline.
Les petits chevaux galopaient avec peine.
M. Patterson était Anglais, et tout Anglais
de distinction, laïque ou clergyman, est bon
cavalier.
Son guide ne soufflait pas un mot.
Cependant, quand ils furent en haut de la
colline, ils s'arrêtèrent un moment.
La nuit était sombre et le brouillard com-
mençait à couvrir la mer au loin.
Derrière les voyageurs, au-dessus d'eux, la
ville, le port, déjà perdus dans la brume, n'é-
taient plus trahis que par les lueurs rougeâtres
du gaz.
Devant eux s'étendait une succession con-
fuse de plaines, de vallons, de forêts.
Tout cela noir, perdu dans l'obscurité, mys-
térieux comme l'inconnu. ' 0
— Il faut rester un moment icI, dit le faux
matelot.
— Pourquoi? demanda le révérend Pat-
terson.
— Parce que j'attends un signal.
— Ah ! et ce signal?...
— C'est M. Scotowe qui doit nous le faire.
Le révérend ne comprenait pas bien.
Aussi le faux matelot compléta sa pensée.
— M. Scotowe va nous faire signe d'avancer
ou de reculer, cela dépend.
— Comment?
— Nous avancerons si tout est prêt pour les
fouilles.
— Et si ce n'est pas prêt?
— Nous retournerions à Cork, en ce cas.
M. Patterson frissonna et se souvint de Sho-
king.
— Mais ce cas est improbable, ajouta 10
guide du révérend.
M. Patterson respira.
— M. Scotowe est donc tout près de nous?
dit-il. - *
— NDn. H doit être à plus de trois lieues
d'ici.
— Alors comment peut-il nous faire un si-
gnal ?
— Tenez, voyez plutôt...
Et le guide tendit la main vers la mer.
Une lueur brillait à l'horizon.
On eût dit une étoile perçant le brouillard.
Mais c'était bien réellement un feu alluma
par la main des hommes.
— Alors, nous pouvons avancer, dit le révé-
rend. *
— Pas encore.
-t Hein?
— Si un second feu s'allume tout auprès de
celui-là... ,
— Eh bien !
— Alors nous continuerons notre chemin.
— Ah ! fort bien.
— Mais si: dans un quart d'heure, ce feu-là
brille toujours seul, il faudra redescendre à
Cork.
^
M. Patterson prit sa montre, qui était à ré-
pétition, et la fit sonner.
- —Huit heures un quart, dit-il. Attends,?
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