Titre : La Petite presse : journal quotidien... / [rédacteur en chef : Balathier Bragelonne]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1868-09-06
Contributeur : Balathier Bragelonne, Adolphe de (1811-1888). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32837965d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 septembre 1868 06 septembre 1868
Description : 1868/09/06 (A3,N871). 1868/09/06 (A3,N871).
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k4717873k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-190
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/10/2017
LA PETITE PRESSE
S cent, le numéro
JOURNAL QUOTIDIEN
S cent, le numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois, Six mois. Un ID.
Paris <5 fr D 9 fr. 1.8 fr.
Départements.. fi il W$
Administrateur * E. DKLSATSX.
SIDtI année. - DIMANCHE 6 SEPTEMBRE 4863. — N° *74
Directeur- Propriétaire : J A N N 1 N .
Rédacteur en chef : A. DE -BALATHIER-BRACELot;Nt,
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9; rue Drouoa.
ADMINISTRATION *. 13, place Breda.
PARIS, 5 SEPTEMBRE 1868
SEPTEMBRE
HOMMES ET CHOSES DU PASSÉ.
septembre 1282, — Installation de
Maynard, duc de la Carinthie.
Les rois se sont toujours considérés C0mme
de grands propriétaires, auxquels il est per-
mis d'agrandir leur clos.. I
Rodolphe, empereur d'Allemagne, désirait
posséder l'Autriche. Mais Maynard, comte du
Tyrol, avait. des droits sur cette province. j
— CédeJz-moi ces droits, lui dit l'empereur,
et je vous donnerai la Carinthie.
Ce qui fut accepte.
Le comte du Tyrol nlla s'installer à Karn-
bourg, capitale de son duché.
Il y fut reçu suivant la coulums, qui est
assez curieuse pour être rappelée.
Un paysan, suivi d'autres paysans, se plaça
sur un monceau de pierres au milieu de la j
plaine; il avait à sa droite un bœuf noir et !
maigre, et à sa gauche une cavale maigre et
noire!
Le duc s'avança, vêtu en berger, une hou-
lette à la main.
Le paysan prit la parole
— Quel est cet homme qui s'avance d'un
air si fk'r?...
Le cliœm* répondit :
— C'est !e prince qui doit nous gouverner.
— Aimera-t-il la justice et tûchera-t-il de
faire le. bonheur de son peuple?
— Oui, s njs doute
— U semble qu'il veut me déplacer de des-
sus ces pierres ; de quel droit?
A Ge\le- troisième question, on offrit au
paysan soixante deniers,le bœuf, la cava!e,les
] : i h.. s du prince et. l'exemption de tout impôt.
— Alors, j'accepte de me retirer.
Et, donnant au prince un léger soufflet, il
lui 'cria sa place. Puis il alla au ruisseau voi-
s i n, v puisa de 1 eau dans son bonnet, et re-
v,n .,s du duc qui dut boire à cette singu-
iicie v'O U'O..
4 septembre 1630. — Mort du maréchal de
Le maréchal de Rantzau était un Hohtei-
nois au service de la France.
Il se distingua très-jeune par une bravoure
extraordinaire. Mais sa nri oioale originalité
■..consista surtout on ceci qu'il ne put jamais
Voir le feu sans être blessé.
, >11 îe f,¡t si sou vent qu'A sa mort, il n'avait.
puisqu'un œil, qn'unf nrl'illp., qu un bras et
:qp.'U':1f' jambe. Ce qui donna t'en à l'rpitaphe
s'usante :
/•
Du corps du grand lIu¡¡':.u!( tn n'as q'i'"'i''' ries
( paris;
L'autre moitié resta dar.s les plaints do -"f'?-s.
Il dispersa partout ses nombres et sn gloire;
Tout abattu qu'il fut. il demeura vainqueur :
Son sans i'ul eu peut, lieux prix dl' sn \')('!oiro,
Et Jfrtrtf ne lui Laissa rien d'-.'utie;' que le ecour.
9 septembre 1087. — Mort de Guillaume le
Conquérant.
Je vous ai raconté dernièrement comment
ce duc de Normandie, à la tête de quelques
milliers de gentilshommes et d'aventuriers,
avait conquis l'Angleterre.
Une fois roi, il revint se fixer dans son
domaine héréditaire. Il avait beaucoup en-
graissé et il tâchait, à force d'exercice, de
diminuer un peu son embonpoint. Le roi de
France, Philippe Ier, était de- tempérament
gouailleur.
— Quand donc ce gros homme accouchera-
t-il? dit-il en riant.
On reporta le propos à Guillaume.
— Eh bien ! répondez au roi de France que
j'irai j'aire mes reîevailles à Notre-Dame de
Paris avec dix mille lances en guise de
cierges!...
En effet, la guerre commença au-s tot.
Les Normands, ravageant tout sur leur
passage, s'avancèrent jusqu'à Mantes.
Là, le gros Guillaume tomba de cheval en
sautant un fossé. Ou le rapporta à Rouen, où
il mourut. Il (n^e.nterré à Caen.
Ses obsèques fuient signalées par un inci-
dent dont nos mœurs ne nous donnent au-
cune idée.
Comme on allait descendre le corps dans
Je tombeau, un homme s'avança et dit :
— Haro sur le corps du roi ! Ce terrain où
vous voulez l'inhumer appartenait à n'on père
Asseiin. Cut!!auiue. nïv.ant encore que duc
de Normandie. l'en dépoui')asans lui en payer
la valeur, et y fonda cctt.e abbaye; je requiers
et vous défends par les lois d'y enterrer son
corps!..
La cérémonie fut interrompue.
Le prince Henri. fils du feu roi, aborda le
Normand et se mit b débattre avec lui l'achat
du tert.'i.in.
On s'arrêta à cinquante eriiq comptant, et
cinquante après l'enterrement, qui put alors
être terminé.
18 septembre 1675 — Mort de Charles IV,
duc de Lorraine.
Il,i brpve prince, batailleur, amoureux,
tai lé en aventurier, qui ptt conquis ries Etats
s'il n'en avait pas eu, mais qui, en ayant, les
perdit. Louis XIV le dépouilla deux fois. A la
fin, pour vivre, il entretenait une armée de
.huit à dix mille hommes qu'il louait pour une
campagne au grand souverain le plus offrant.
Il sa maria je, ne sais combien de fois, trois,
je crois, eut des passions de roman et des
amourettes d'écrier,..
Quand il mourut, les poêles, séduits par
son originalité, le chantèrent à l'envi. L'un
d'eux, Pavillon, rima le testament de ce duc
fantaisiste. Cçs petits vers vous donneront
une idée de la chronique au dix-septième
sièote. ils ont un grand attrait de curio-
sité.
Sain d'esprit et de jugement
Et. proche do ma dernière ho're,
Je donne il l'emp; rem'', par ce, mien testament,
Le bonsoir avant que je meure.
Je destine à ma veuve un fonds de bons désirs,
Dont il sera fait invt,iitaii-l-; -
Pour sa demeure, un monastère;
Le, c''!ibat, pour ses menus plaisirs;
La pauvre!:e, pour son douaire.
Je laisse à mon neveu mou nom,
Seul bien qui m'est resté de toute la Lorraine ;
Si ce prince ue peut le porter, qu'il le traîne,
La France le trouvera bon.
Pour acquitter ma fcr nscicpcc,
En maître libéra!, je me sens obligé
De remplir de mes gens la servile espérance.
J'3 leur donne h tous leur congé ;
Qu'ils le prennent pour récompense.
Je nomme tous mes créanciers
Exécuteurs testamentaires,
Et consens de bon cœur que les frais funéraires
Se fanent aux dépends de leurs propres deniers.
Qu'on me tasse des funérailles
D gnes des princes de mon nom,
Et qu'on embaume mes entrailles
Avec de ia poudre à canon.
Que mon enterrement solennel et célèbre
Fasse bruit en tous les quarti"rs,
Et que le plus menteur de tous les gazetiers
Fasse mon oraison funèbre.
Que, durant l'espace d'un jour,
On m'expose sous une tente,
Et que l'épitaphe suivante,
5e lise à mon honneur sur la peau d'un tambour
Ci-gît un pauvre duc sans terres,
Qui fut, jusqu'à ses derniers jours,
Peu fidèle dans ses amours,
Et :::oins. fidèle dans ses guerres.
Il donna librement sa foi,
Tour il tour à chacrue couronne;
Il se fit. une étrange loi
De ne la garqer à personne.
II entreprit tout au hasard,
Se fit tout blanc de son épée;
Il fut. hrave co^ime Césnr,
Et malheureux comme Pompée.
Il se vit toujours maltraité
Par sa faute et par son caprice.
On le détrôna par justice,
On"lenterra par charité.
23 septembre 1738. — Mort de Boërnaave.
Herman Boërnaave, avant d être un grand
méd .,eiri, était un jeune homme studieux et
maladif. Il étudia pour se guérir lui-même
d'abord, puis il fit, profiter au'rui de ses étu-
des. A vingt arr,l'Université de Leyde, sa pa-
trie, lui décernait une médaille d'or. A vingt
et llQ ails, il était nommé tout à la ibis pro-
fesseur de inédecjne, de botanique et de chi-
mie. Les étrangers venaient en Hollande pour
écouler ses leçons ; le Pape et !e czar lui en-
voyaient des ambassadeurs ; l'Académie de
Paris et celle de Londres se l'assooiaient ; ses
ouvrages étaient lus, commentés, écoutés par
tout le monde savant. Jamais on ne fut grand
htftnme moins incognito.
Un mandarin lui écrivit un jour, avec cette
seule adresse :
A Boërhaave, en Europe
La lettre arriva.
Etant donné le temps, il y a là un veritable
phénomène de célébrité.
Quand Boërhaave 'Hoarut, ses compatriotes
lui élevèrent un monument, avec celle in-
scription.
Au génie sauveur de Boërhaave.
La doctrine de ce grand docteur a été l'esu-
mée par lui dans un moment de bonhomie et
de gaieté :
« Tenez-vous la tête fraîche, les pieds
chauds, le ventre libre, et moquez-vous des
médecins ! »
LA
FEMME IMMORTELLE 80 PAR
PONSON DU TER RAIL
PREMIERE PARTIE
XXXVII
L'eilfct'.'omoot du margrave était indicible.
Janinoéiai'. tu., Janine lui tenait la main ; T t-
nine n'avait point l'air dédaigneux et courroucé
comme tout a l'heure.
Au contraire, el'e lui souriait tristement." -
Fritz, lui dit-elle enfin, se servant du petit
nom--que la sorcière lui donnait jadis, an temps
de leurs amours, Fritz,tu as été ingrat avec moi,
et si je n'avais été immortelle, tu aurais eu ma
mort à te reprocher.
,'Voir les numéros parus depuis le "21 juin.
Et cependant je t'aimais, Fritz, et je t'aime
mccre!...
Et le margrave éperdu la re¿arb!t, et il se
sentait frissonner par tout le corps, et une émo-
jion, peut-être inconnue jusque-là pour lui, le
lominait. «
Janine était rayonnante de jeunesse et de
beauté, et elie e Plaçait presque la radieuse image
de Fatma, la fille d'Orient.
— Je t'aimais, poursuivit-elle de sa voix la
plus douce et la plus harmonieuse, et je t'eusse
fait plus riche et plus puissant encore, si tu
l'eusses voulu. Mais tu as cru que moi morte, tu
hérileirais de mon secret pour faire de l'or et tu
n'as. pu, pauvre fou, que me voler celui qui étai:
labriqué déjà.
La sueur inondait le front du margrave.
Plu.^ieurs fois il avait voulu dégager sa main,
mais elle le retenait doucement.
— Ecoute, poursuivit-elle, j'ai traversé pour
toi les mers.
Je suis revenue de l'autre hémisphère croyant,
dans ma naïveté d'immortelle,que tu étais resté
jeune et beau. Car je t'aimais encore, ingrat !...
Elle le baignait des magnétiques effluves de
son regard; elle pressait dans sa belle main
cette main ridée et sèche du vieillard.
— Hélas ! dit-elle encore, je me suis trompée.
Tu n'es plus c:u'!ln vieillard penché vers la tomba
et la mort te prendra bientôt, à moins que je ne
lui ordonne de reculer.
Ces derniers mots produisirent sur le margrave
un effet magique.
Ils triomphèrent de son épouvante et de son
angoisse ; ils brisèrent là paralysie qui l'étrei-
gnait par tout le corps ; il fit un brusque mou-
vement, sa langue collée à son palais se détacha
et articula nettement ces paroles :
— Tu pourrais me rendre jeune?
— Et immortel comme moi, si je le voulais.
— Oh !
Un sourire triste effleura les lèvres de Janine.
— Mais je ne le veux pas, dit-elle.
Et comme il jetait un cri :
— Ce n'est pas moi, du reste, c'est toi qui ne
le veux pas, dit-elle ; car je ne puis user de ce
nouveau rouvoir, fruit de nouvelles recherches
i et d'un long travail d'alchimie, qu'en faveur de
l'homme qui m'aimera.
Les yeux du margrave brillèrent.
— Eh bien ! je t'aime 1 dit-il.
Mais elle secoua la tête.
— Non, dit-elle, tu ne m'aimes pas.., tu ne
m'as même jamais aimée... Tu es un fourbe et
un méchant homme, Fritz... et si tu aimes
quelqu'un, ce n'est pas moi... c'est Fatma, la
fille d'Orient... la belle infidèle, aux pieds de
oui tu étais tout à l'heu"
— Oui, répondit le margrave, je la trouve
belle, mais elle est mains belle que toi, Janine.
— Si tu nous voyais l'une auprès de l'autre,
tu ne parierais pas ainsi.
— Eh bien1, api el-l.le-ia et tu verras...
Janine hocha la tète une seconde fois :
— Fatma est ici chez moi, et cependant eue
ne me connaît pas, elle ne m'a jamais vue, elle
ne sait même pas, que j'existe. Mais j'ai le pou-
voir d'évoquer un fantôme qui lui ressemble
traits pour traits, et puisque tu veux faire cette'
épreuve, sois satisfait.
Alors Janine frappa dans ses deux mains.
Soudain cette lumière éclatante qui, quelques
heures plus tôt avait couvert le mur du boudoir
de Fatma, la laissant apparaître, elle, Janine, aux
yeux du margrave, cette lumière baigna un des
murs de la salle et au milieu de cette lumière, le
margrave vit se dresser Fatma, calme et sou-
riante.
C'était bien la fille d'Orieot,à laquelle il avait
promis de la faire princesse.
— Regarde, dit alors Janine, la trouves-tu
plus belle que moi ?
— Non, dit le margrave.
Comme si ce mot eût été une condamnation
sans appel, la lumière s'éteignit et Fatma dis-
parut.
S cent, le numéro
JOURNAL QUOTIDIEN
S cent, le numéro
ABONNEMENTS. — Trois mois, Six mois. Un ID.
Paris <5 fr D 9 fr. 1.8 fr.
Départements.. fi il W$
Administrateur * E. DKLSATSX.
SIDtI année. - DIMANCHE 6 SEPTEMBRE 4863. — N° *74
Directeur- Propriétaire : J A N N 1 N .
Rédacteur en chef : A. DE -BALATHIER-BRACELot;Nt,
BUREAUX D'ABONNEMENT : 9; rue Drouoa.
ADMINISTRATION *. 13, place Breda.
PARIS, 5 SEPTEMBRE 1868
SEPTEMBRE
HOMMES ET CHOSES DU PASSÉ.
septembre 1282, — Installation de
Maynard, duc de la Carinthie.
Les rois se sont toujours considérés C0mme
de grands propriétaires, auxquels il est per-
mis d'agrandir leur clos.. I
Rodolphe, empereur d'Allemagne, désirait
posséder l'Autriche. Mais Maynard, comte du
Tyrol, avait. des droits sur cette province. j
— CédeJz-moi ces droits, lui dit l'empereur,
et je vous donnerai la Carinthie.
Ce qui fut accepte.
Le comte du Tyrol nlla s'installer à Karn-
bourg, capitale de son duché.
Il y fut reçu suivant la coulums, qui est
assez curieuse pour être rappelée.
Un paysan, suivi d'autres paysans, se plaça
sur un monceau de pierres au milieu de la j
plaine; il avait à sa droite un bœuf noir et !
maigre, et à sa gauche une cavale maigre et
noire!
Le duc s'avança, vêtu en berger, une hou-
lette à la main.
Le paysan prit la parole
— Quel est cet homme qui s'avance d'un
air si fk'r?...
Le cliœm* répondit :
— C'est !e prince qui doit nous gouverner.
— Aimera-t-il la justice et tûchera-t-il de
faire le. bonheur de son peuple?
— Oui, s njs doute
— U semble qu'il veut me déplacer de des-
sus ces pierres ; de quel droit?
A Ge\le- troisième question, on offrit au
paysan soixante deniers,le bœuf, la cava!e,les
] : i h.. s du prince et. l'exemption de tout impôt.
— Alors, j'accepte de me retirer.
Et, donnant au prince un léger soufflet, il
lui 'cria sa place. Puis il alla au ruisseau voi-
s i n, v puisa de 1 eau dans son bonnet, et re-
v,n .,s du duc qui dut boire à cette singu-
iicie v'O U'O..
4 septembre 1630. — Mort du maréchal de
Le maréchal de Rantzau était un Hohtei-
nois au service de la France.
Il se distingua très-jeune par une bravoure
extraordinaire. Mais sa nri oioale originalité
■..consista surtout on ceci qu'il ne put jamais
Voir le feu sans être blessé.
, >11 îe f,¡t si sou vent qu'A sa mort, il n'avait.
puisqu'un œil, qn'unf nrl'illp., qu un bras et
:qp.'U':1f' jambe. Ce qui donna t'en à l'rpitaphe
s'usante :
/•
Du corps du grand lIu¡¡':.u!( tn n'as q'i'"'i''' ries
( paris;
L'autre moitié resta dar.s les plaints do -"f'?-s.
Il dispersa partout ses nombres et sn gloire;
Tout abattu qu'il fut. il demeura vainqueur :
Son sans i'ul eu peut, lieux prix dl' sn \')('!oiro,
Et Jfrtrtf ne lui Laissa rien d'-.'utie;' que le ecour.
9 septembre 1087. — Mort de Guillaume le
Conquérant.
Je vous ai raconté dernièrement comment
ce duc de Normandie, à la tête de quelques
milliers de gentilshommes et d'aventuriers,
avait conquis l'Angleterre.
Une fois roi, il revint se fixer dans son
domaine héréditaire. Il avait beaucoup en-
graissé et il tâchait, à force d'exercice, de
diminuer un peu son embonpoint. Le roi de
France, Philippe Ier, était de- tempérament
gouailleur.
— Quand donc ce gros homme accouchera-
t-il? dit-il en riant.
On reporta le propos à Guillaume.
— Eh bien ! répondez au roi de France que
j'irai j'aire mes reîevailles à Notre-Dame de
Paris avec dix mille lances en guise de
cierges!...
En effet, la guerre commença au-s tot.
Les Normands, ravageant tout sur leur
passage, s'avancèrent jusqu'à Mantes.
Là, le gros Guillaume tomba de cheval en
sautant un fossé. Ou le rapporta à Rouen, où
il mourut. Il (n^e.nterré à Caen.
Ses obsèques fuient signalées par un inci-
dent dont nos mœurs ne nous donnent au-
cune idée.
Comme on allait descendre le corps dans
Je tombeau, un homme s'avança et dit :
— Haro sur le corps du roi ! Ce terrain où
vous voulez l'inhumer appartenait à n'on père
Asseiin. Cut!!auiue. nïv.ant encore que duc
de Normandie. l'en dépoui')asans lui en payer
la valeur, et y fonda cctt.e abbaye; je requiers
et vous défends par les lois d'y enterrer son
corps!..
La cérémonie fut interrompue.
Le prince Henri. fils du feu roi, aborda le
Normand et se mit b débattre avec lui l'achat
du tert.'i.in.
On s'arrêta à cinquante eriiq comptant, et
cinquante après l'enterrement, qui put alors
être terminé.
18 septembre 1675 — Mort de Charles IV,
duc de Lorraine.
Il,i brpve prince, batailleur, amoureux,
tai lé en aventurier, qui ptt conquis ries Etats
s'il n'en avait pas eu, mais qui, en ayant, les
perdit. Louis XIV le dépouilla deux fois. A la
fin, pour vivre, il entretenait une armée de
.huit à dix mille hommes qu'il louait pour une
campagne au grand souverain le plus offrant.
Il sa maria je, ne sais combien de fois, trois,
je crois, eut des passions de roman et des
amourettes d'écrier,..
Quand il mourut, les poêles, séduits par
son originalité, le chantèrent à l'envi. L'un
d'eux, Pavillon, rima le testament de ce duc
fantaisiste. Cçs petits vers vous donneront
une idée de la chronique au dix-septième
sièote. ils ont un grand attrait de curio-
sité.
Sain d'esprit et de jugement
Et. proche do ma dernière ho're,
Je donne il l'emp; rem'', par ce, mien testament,
Le bonsoir avant que je meure.
Je destine à ma veuve un fonds de bons désirs,
Dont il sera fait invt,iitaii-l-; -
Pour sa demeure, un monastère;
Le, c''!ibat, pour ses menus plaisirs;
La pauvre!:e, pour son douaire.
Je laisse à mon neveu mou nom,
Seul bien qui m'est resté de toute la Lorraine ;
Si ce prince ue peut le porter, qu'il le traîne,
La France le trouvera bon.
Pour acquitter ma fcr nscicpcc,
En maître libéra!, je me sens obligé
De remplir de mes gens la servile espérance.
J'3 leur donne h tous leur congé ;
Qu'ils le prennent pour récompense.
Je nomme tous mes créanciers
Exécuteurs testamentaires,
Et consens de bon cœur que les frais funéraires
Se fanent aux dépends de leurs propres deniers.
Qu'on me tasse des funérailles
D gnes des princes de mon nom,
Et qu'on embaume mes entrailles
Avec de ia poudre à canon.
Que mon enterrement solennel et célèbre
Fasse bruit en tous les quarti"rs,
Et que le plus menteur de tous les gazetiers
Fasse mon oraison funèbre.
Que, durant l'espace d'un jour,
On m'expose sous une tente,
Et que l'épitaphe suivante,
5e lise à mon honneur sur la peau d'un tambour
Ci-gît un pauvre duc sans terres,
Qui fut, jusqu'à ses derniers jours,
Peu fidèle dans ses amours,
Et :::oins. fidèle dans ses guerres.
Il donna librement sa foi,
Tour il tour à chacrue couronne;
Il se fit. une étrange loi
De ne la garqer à personne.
II entreprit tout au hasard,
Se fit tout blanc de son épée;
Il fut. hrave co^ime Césnr,
Et malheureux comme Pompée.
Il se vit toujours maltraité
Par sa faute et par son caprice.
On le détrôna par justice,
On"lenterra par charité.
23 septembre 1738. — Mort de Boërnaave.
Herman Boërnaave, avant d être un grand
méd .,eiri, était un jeune homme studieux et
maladif. Il étudia pour se guérir lui-même
d'abord, puis il fit, profiter au'rui de ses étu-
des. A vingt arr,l'Université de Leyde, sa pa-
trie, lui décernait une médaille d'or. A vingt
et llQ ails, il était nommé tout à la ibis pro-
fesseur de inédecjne, de botanique et de chi-
mie. Les étrangers venaient en Hollande pour
écouler ses leçons ; le Pape et !e czar lui en-
voyaient des ambassadeurs ; l'Académie de
Paris et celle de Londres se l'assooiaient ; ses
ouvrages étaient lus, commentés, écoutés par
tout le monde savant. Jamais on ne fut grand
htftnme moins incognito.
Un mandarin lui écrivit un jour, avec cette
seule adresse :
A Boërhaave, en Europe
La lettre arriva.
Etant donné le temps, il y a là un veritable
phénomène de célébrité.
Quand Boërhaave 'Hoarut, ses compatriotes
lui élevèrent un monument, avec celle in-
scription.
Au génie sauveur de Boërhaave.
La doctrine de ce grand docteur a été l'esu-
mée par lui dans un moment de bonhomie et
de gaieté :
« Tenez-vous la tête fraîche, les pieds
chauds, le ventre libre, et moquez-vous des
médecins ! »
LA
FEMME IMMORTELLE 80 PAR
PONSON DU TER RAIL
PREMIERE PARTIE
XXXVII
L'eilfct'.'omoot du margrave était indicible.
Janinoéiai'. tu., Janine lui tenait la main ; T t-
nine n'avait point l'air dédaigneux et courroucé
comme tout a l'heure.
Au contraire, el'e lui souriait tristement." -
Fritz, lui dit-elle enfin, se servant du petit
nom--que la sorcière lui donnait jadis, an temps
de leurs amours, Fritz,tu as été ingrat avec moi,
et si je n'avais été immortelle, tu aurais eu ma
mort à te reprocher.
,'Voir les numéros parus depuis le "21 juin.
Et cependant je t'aimais, Fritz, et je t'aime
mccre!...
Et le margrave éperdu la re¿arb!t, et il se
sentait frissonner par tout le corps, et une émo-
jion, peut-être inconnue jusque-là pour lui, le
lominait. «
Janine était rayonnante de jeunesse et de
beauté, et elie e Plaçait presque la radieuse image
de Fatma, la fille d'Orient.
— Je t'aimais, poursuivit-elle de sa voix la
plus douce et la plus harmonieuse, et je t'eusse
fait plus riche et plus puissant encore, si tu
l'eusses voulu. Mais tu as cru que moi morte, tu
hérileirais de mon secret pour faire de l'or et tu
n'as. pu, pauvre fou, que me voler celui qui étai:
labriqué déjà.
La sueur inondait le front du margrave.
Plu.^ieurs fois il avait voulu dégager sa main,
mais elle le retenait doucement.
— Ecoute, poursuivit-elle, j'ai traversé pour
toi les mers.
Je suis revenue de l'autre hémisphère croyant,
dans ma naïveté d'immortelle,que tu étais resté
jeune et beau. Car je t'aimais encore, ingrat !...
Elle le baignait des magnétiques effluves de
son regard; elle pressait dans sa belle main
cette main ridée et sèche du vieillard.
— Hélas ! dit-elle encore, je me suis trompée.
Tu n'es plus c:u'!ln vieillard penché vers la tomba
et la mort te prendra bientôt, à moins que je ne
lui ordonne de reculer.
Ces derniers mots produisirent sur le margrave
un effet magique.
Ils triomphèrent de son épouvante et de son
angoisse ; ils brisèrent là paralysie qui l'étrei-
gnait par tout le corps ; il fit un brusque mou-
vement, sa langue collée à son palais se détacha
et articula nettement ces paroles :
— Tu pourrais me rendre jeune?
— Et immortel comme moi, si je le voulais.
— Oh !
Un sourire triste effleura les lèvres de Janine.
— Mais je ne le veux pas, dit-elle.
Et comme il jetait un cri :
— Ce n'est pas moi, du reste, c'est toi qui ne
le veux pas, dit-elle ; car je ne puis user de ce
nouveau rouvoir, fruit de nouvelles recherches
i et d'un long travail d'alchimie, qu'en faveur de
l'homme qui m'aimera.
Les yeux du margrave brillèrent.
— Eh bien ! je t'aime 1 dit-il.
Mais elle secoua la tête.
— Non, dit-elle, tu ne m'aimes pas.., tu ne
m'as même jamais aimée... Tu es un fourbe et
un méchant homme, Fritz... et si tu aimes
quelqu'un, ce n'est pas moi... c'est Fatma, la
fille d'Orient... la belle infidèle, aux pieds de
oui tu étais tout à l'heu"
— Oui, répondit le margrave, je la trouve
belle, mais elle est mains belle que toi, Janine.
— Si tu nous voyais l'une auprès de l'autre,
tu ne parierais pas ainsi.
— Eh bien1, api el-l.le-ia et tu verras...
Janine hocha la tète une seconde fois :
— Fatma est ici chez moi, et cependant eue
ne me connaît pas, elle ne m'a jamais vue, elle
ne sait même pas, que j'existe. Mais j'ai le pou-
voir d'évoquer un fantôme qui lui ressemble
traits pour traits, et puisque tu veux faire cette'
épreuve, sois satisfait.
Alors Janine frappa dans ses deux mains.
Soudain cette lumière éclatante qui, quelques
heures plus tôt avait couvert le mur du boudoir
de Fatma, la laissant apparaître, elle, Janine, aux
yeux du margrave, cette lumière baigna un des
murs de la salle et au milieu de cette lumière, le
margrave vit se dresser Fatma, calme et sou-
riante.
C'était bien la fille d'Orieot,à laquelle il avait
promis de la faire princesse.
— Regarde, dit alors Janine, la trouves-tu
plus belle que moi ?
— Non, dit le margrave.
Comme si ce mot eût été une condamnation
sans appel, la lumière s'éteignit et Fatma dis-
parut.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 93.14%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 93.14%.
- Collections numériques similaires Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00"
- Auteurs similaires Balathier Bragelonne Adolphe de Balathier Bragelonne Adolphe de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Balathier Bragelonne Adolphe de" or dc.contributor adj "Balathier Bragelonne Adolphe de")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k4717873k/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k4717873k/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k4717873k/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k4717873k/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k4717873k
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k4717873k
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k4717873k/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest